Je ne voulais pas venir.
Je voulais m'éviter tout cela.
Les regards tristes qui fixent le bout de leurs chaussures.
Les soupirs de lassitude et de désespoir.
Les larmes de chagrin, de remord, d'angoisse.
Car si Métropolis panse ses plaies, ses habitants sont loin d'avoir tourné la page. Nombre d'entre eux sont en proie à des terreurs nocturnes, de violents cauchemars et tressaillent à chaque bruit un peu trop fort à leurs oreilles.
Alors non... je ne voulais pas assister à tout cela.
Et pourtant je suis là. Parce que ça aurait été égoïste de ma part. Parce que je devais être là.
Je suis restée relativement éloignée cependant. Assez pour que l'on m'aperçoive, mais pas suffisamment proche pour que l'on vienne s'adresser à moi. Du haut d'un immeuble, ce serait relativement difficilement pour la plupart des gens à vrai dire.
Je suis là et pourtant... Je ne peux pas te suivre sur ce coup là, Kal-El, Clark, Superman, ou qui que tu aspires à être.
Je ne cautionne pas ce que tu es en train de faire. Car tu le fais surtout pour toi. Pour apaiser ta conscience. Pour tenter de calmer tes remords. Mais les gens qui sont tous amassés face à toi... ce que tu es en train de faire... ne leur apporte pas le moindre réconfort. C'est plutôt le mal aise qui s'installe au coeur de la foule lorsque l'oeuvre est dévoilée.
Je ferme les paupières en extirpant un soupir.
Pour autant, je comprends vraiment son intention et je sais qu'elle est louable. Dans un sens... il n'a pas tort. Mais pas maintenant. Pas encore. C'est bien trop tôt.
Comment peut-on demander à tout un peuple de saluer un hommage qui s'adresse, non pas à leurs concitoyens tombés sous une injuste bataille qui ne les concernait même pas, mais bien à ceux qui ont provoqué la quasi destruction de leur ville.
Quelle idée a bien pu te passer par la tête... pour faire ça maintenant... ici...
Car il convient de ne pas s'y tromper. Kara fait beaucoup d'efforts pour aider certains Kandoriens à s'adapter et à côtoyer les humains. Mais le chemin sera laborieux et pour un temps qui risque d'être fort long encore, Kandor ne sera synonyme que d'une seule chose sur cette planète : la destruction et la souffrance.
Les applaudissements sont timides, sans réelle surprise.
Ils sont cependant violemment interrompus par une voix qui tonne dans les airs. Une fois encore, mes paupières se ferment brièvement. Pas besoin de la voir pour savoir de qui il s'agit, et pour cause... je la reconnaitrais entre mille. Barbara.
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Ça suffit Barbara. Dis-je d'une voix forte mais à la lassitude bien présente, alors que mon lasso s'enroule autour du poignet d'une Cheetah déchaînée prête à frapper Kal-El qui est au sol.
J'extirpe un soupir.
Les ennuis continuent de défiler comme l'on enfilerait des perles sur un collier qui ne trouverait jamais de fin. Malheureusement... et jamais je ne le lui dirai... en ce qui concerne aujourd'hui, il a bien cherché les ennuis.
Dommage que ce soit elle qui se dévoue pour les causer.
Ou pas peut-être... Car Barbara, autrement dénommée Cheetah aujourd'hui, a deux passe-temps dans la vie. Chasser et me chasser. Si elle refuse de se calmer, je l'attirerai ailleurs. Elle se fera une joie de me pourchasser, comme d'habitude.
Je jette un bref coup d'oeil vers Kal-El qui ne semble vraiment pas dans son assiette. Etrange... Je ne l'ai pas vu souvent dans un état de faiblesse de la sorte, et la majorité du temps c'était bien souvent à cause de la Kryptonite.
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Je comprends ce que tu ressens et tu n'as pas tout à fait tort. Mais crois-tu vraiment que ce soit le moment ? Ici qui plus est ? Tu fulmines parce que tu estimes que l'hommage rendu aurait du être tout autre, mais regarde ce que tu es en train de faire. Regarde autour de toi.Je m'adresse à elle avec une voix tellement détachée que cela me surprend moi-même. Et, de mon bras libre, j'embrase l'espace qui nous entoure. Les gens fuient, hurlent. Leur comportement est irrationnel et pour cause. Des héros qui se battent contre des vilains ou d'autres menaces, ils ont l'habitude depuis longtemps maintenant. Un face à face est toujours impressionnant, mais la réaction qu'ils adoptent tous à cet instant va bien au-delà. C'est la panique totale et rien n'a de sens.
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Ils sont terrorisés et tu n'aides en rien. Je te le répète... ça n'est pas le moment. Mais si tu tiens tant que ça à te battre, allons ailleurs. Ces gens ont en effet assez souffert.Et durant tout ce temps, je n'ai jeté qu'un oeil furtif vers lui. Rien de plus.