Un engagement pour la vie [PV Barbara Gordon]

Assise sur le canapé, j’étouffe un bâillement. La télécommande dans la main, j’appuie, machinalement, sur les boutons et regarde défiler les images sans grande conviction. Il y a encore une heure, j’étais bien décidée à me regarder un film mais la lassitude et l’impatience l’ont emporté et me voilà complètement incapable de tenir en place. Pourquoi je fais ça ? Pour m’empêcher de regarder mon téléphone toutes les deux minutes en espérant voir s’afficher un message de Dick. Normalement, ce soir, il rentre de sa mission avec la JSA et je dois dire que je l’attends avec une certaine impatience.

Je suis presque sur le point de m’endormir lorsque la caméra de la porte de la Tour détecte quelque chose. Je passe une main dans mes cheveux et pose les yeux sur l’écran de mon portable qui vient d’afficher en direct l’image de ce qu’il se passe en bas. Un sourire au coin des lèvres, je n’ai pas vraiment de mal à reconnaître la silhouette de la personne qui vient de se présenter devant la porte.

Comme une gamine, je trépigne d’impatience sur le canapé et lorsque j’entends sa voix, mon sourire se fait encore un peu plus large. Sans rien dire, je me contente de tourner la tête vers lui et sans attendre, je quitte le canapé pour me précipiter sur lui et lui sauter dans les bras, faisant ainsi tomber le bouquet de fleurs au sol. Mes jambes entourent sa taille alors que je viens déposer un baiser sur ses lèvres.

- Jamais de la vie !

Je reste ainsi de longues secondes avant de finalement me détacher de lui pour retourner m’asseoir sur le canapé, le regard posé sur lui.

- Alors, comment c’était ? Raconte-moi !

Sourire sur le visage, je croise les jambes et tapote le canapé prés de moi pour qu’il vienne s’installer à mes côtés.

- Je veux tout savoir.

En tailleur sur le canapé, je suis Dick des yeux et avant même qu’il ait dit quoi que ce soit, je vois très bien qu’il est blessé. Je ne dis rien mais je ne peux pas retenir une grimace alors que je l’aperçois se crisper tandis qu’il se baisse pour ramasser le bouquet au sol. J’ai un petit geste dans sa direction mais je me ravise… Je pense le connaître assez pour savoir que si j’agis en voulant l’aider, son égo risque d’en prendre un léger coup… Alors je prends sur moi et le laisse faire, la tête légèrement penchée sur le côté, le suivant du regard alors qu’il se rend à la cuisine pour s’occuper des fleurs. Il ne tarde pas à revenir, pose sa veste et viens me rejoindre.

Là encore, ses mouvements sont un peu saccadés et loin d’être aussi fluides qu’à l’accoutumée. Je grimace une nouvelle fois mais ne dis toujours rien et bon sang, c’est un effort surhumain que je fais… Je prends sur moi là, vraiment. Je tourne mon visage vers lui et l’écoute avec attention alors qu’il commence son récit. Plus il parle, plus ma tête se penche sur le côté et plus je fronce les sourcils.

- Une curieuse jeune femme… allons bon…

Jalouse ? moi ? Un petit peu, dire le contraire serait mentir. Je me mords les lèvres et lorsqu’il relève son tee-shirt, je ne peux pas m’empêcher de grimacer une nouvelle fois, pas vraiment étonnée. Après tout, quelle mission ne se finit pas avec des bleus ou pire ?

- Juste des bleus… oui…

Mais Dick en profite pour changer rapidement de sujet. Je croise les bras, l’écoute alors qu’il me parle de ce voyage qu’il nous a réservé, à la montagne. Bon oui, je suis contente qu’on parte tous les deux, mais je m’inquiète un peu quand même. Je me mords de nouveau les lèvres et sans rien dire, je me dirige vers la salle de bain puis la cuisine. Je farfouille quelques minutes pour réapparaître avec des petites poches de glace et de la pommade. Je pose le tout sur la table basse et reviens m’assoir sur le canapé.

- Enlève ton tee-shirt.

Je ne dis rien, me contente seulement de le regarder faire et une fois torse nu, je l’invite à s’appuyer contre le dossier du canapé. Je viens déposer délicatement les petites poches de glace sur ses bleus et je reste là à le regarder droit dans les yeux.

- Interdit de bouger… Je marque une nouvelle pause et esquisse un sourire. - Donc en gros, tu me fais comprendre que si je dis non, tu ne seras pas remboursé ? Intéressant. je viens déposer un baiser sur son nez. - Tu as de la chance, j’aime la montagne… par contre, deux jours c’est court pour faire en sorte que les autres s’organisent si on est pas là… Combien de temps ?

Avec précaution, j’applique les compresses sur les bleus qui parsèment le torse de Dick. Je fais toujours en sorte de ne pas lui faire mal mais lorsque je le sens qui se crispe, je retire rapidement ma main, tout en grimaçant. Une à une, je pose les poches de glace là où il a mal et quand il me fait savoir qu’en temps normal, c’est plutôt Alfred qui s’occupe de tout ça, je hausse les épaules et réponds, sans même le regarder droit dans les yeux.

- Et bien si tu veux, je peux l’appeler pour qu’il vienne s’occuper de toi…

Je le fixe quelques secondes, hausse un sourcil et reprends mes soins, tout en restant douce, mes doigts effleurant à peine sa peau. J’esquisse un sourire lorsqu’il rajouter qu’il préfère que ce soit comme ça, que ce soit moi qui le soigne pour aujourd’hui.

- Je préfère ça…

Le sujet change ensuite et je m’interroge sur ce qu’il va se passer si Dick et moi nous partons pour une semaine en montagne. Je n’ai jamais vraiment laissé la ville aussi longtemps et encore moins entre les mains de Damian. Alors, oui je lui fais confiance, aveuglément, mais je dis juste que s’il lui arrive quelque chose alors que nous ne sommes pas là, je m’en voudrais toute ma vie. Dick me fait savoir que Damian est au courant, qu’il a même donné sa « bénédiction » et que de toutes façons, il ne sera pas vraiment seul puisque Stef et Jason seront là tout comme Oliver et Dinah. Lorsque Dick me demande si j’ai récemment revu la blonde, je secoue la tête.

- Je ne l’ai pas vue depuis un moment en fait.

Il faudrait peut-être que je songe à l’appeler… Je suis sortie de mes pensées par le baiser de Dick au coin de mes lèvres et souris légèrement alors qu’il se remet correctement en place.

- Oh tu sais, la routine habituelle. Je marque une pause, retire ma main alors que j’ai fini de poser les poches sur ses zones douloureuses. La tête penchée sur le côté, je rajoute. - Agressions, braquages de banques et j’en passe... le traintrain quoi.

Je me laisse tomber sur le canapé, la tête posée contre le dossier et laisse échapper un soupir. En réalité, mes jambes montrent des faiblesses depuis quelques jours mais je préfère ne pas lui en parler pour le moment… je suis sûre que ça va s’arranger… oui, ça s’arrange toujours n’est-ce pas ?

Le silence s’est installé, le temps de quelques secondes alors que je continue de soigner, de soulager les bleus sur le corps de Dick. Doucement, je passe la crème là où les bleus sont visibles, du bout des doigts, en essayant de ne pas trop appuyer dessus. Les minutes passent, les coups d’œil s’échangent et j’ai ce sourire au coin des lèvres que je n’arrive pas à quitter.

Au bout de quelques minutes, Richard se redresse et me prends les poches de glace des mains pour venir les poser sur la table basse. Sourcil haussé, je le regarde faire et pousse un léger cri lorsqu’il vient prendre par la taille pour venir me placer sur ses jambes. Mes bras viennent s’enrouler autour de son cou et je viens poser mon front contre le sien. Je frémis lorsque je sens ses bras glisser autour de moi. Je ferme les yeux sans rien dire et l’écoute alors qu’il me fait part de son ressenti, de ce qu’il pense de tout ça, de cette situation.

Je me presse un peu plus contre lui, le front toujours posé sur le sien et le laisse parler. Oui, Gotham compte pour moi, malgré tout ce qu’elle peut abriter comme crasse et comme voyous. J’ai grandi ici et je suis prête à tout sacrifier pour cette ville… J’ai bien failli perdre la vie une fois pour elle d’ailleurs. Je me mords les lèvres, inspire profondément et me redresse alors que Dick m’avoue que si je le lui demande, il pourrait arrêter de porter le costume de Nightwing. Sa main glisse dans mes cheveux, j’en fais de même et je viens délicatement frôler sa joue.

- Et tu sais très bien que je ne te demanderai jamais ça…

Il est comme moi, cette ville c’est son oxygène… on est tous comme ça dans cette famille… pas un soir ne se passe sans que nous fassions une sortie dans nos costumes… et puis, je ne suis personne pour lui demander d’arrêter, je n’ai aucun droit là-dessus. Il remet une mèche de cheveux derrière mon oreille, je souris et mes doigts viennent caresser ses cheveux, à la naissance de sa nuque.

- Je n’ai pas donné de réponse claire, il est vraie mais comme tu dis, il est hors de question que je te laisse partir seul alors me voilà dans l’obligation de t’accompagner… Si la proposition tient toujours bien évidemment. Je marque une pause, souris et rajoute. - File à la douche, je vais nous commander italien, cela fait longtemps.

Je finis par quitter ses jambes pour me mettre sur le canapé, toujours près de lui. Le coude posé sur le dossier du canapé, la tête appuyée dans la paume de ma main, je souris une nouvelle fois avant de me lever pour me placer devant lui et lui tendre la main pour l’aider à se lever du canapé.

- J’ai hâte de savoir.

Je crois que les surprise de Dick sont les seules que je suis capable de tolérer. Je n'ai jamais vraiment aimé qu'on me fasse des surprises et je ne l'ai jamais caché... Seulement là, depuis qu'il est revenu, depuis qu'il a refait apparition dans ma vie, on dirait bien que je suis prête à faire quelques concessions pour lui faire plaisir et les surprises en font partie. A sa dernière phrase, avant de se rendre à la salle de bain, je lui souris une nouvelle fois et lorsque je me retrouve seule dans la grande pièce, je m'empresse de nous commander à manger pour ce soir.... Italien... oui, c'est une bonne idée. Je profite pour que Dick soit à la douche pour commander et une fois chose faite, je retourne m'assoir sur le canapé tout en essayant de devenir où est-ce qu'il a l'intention de m'amener.

Les minutes passent et alors que je suis toujours en pleine réflexion, Dick revient, propre et changé. Je tourne ma tête vers lui et alors que je pense qu'il va me rejoindre, il me fait savoir qu'il doit prendre contact avec Cassandra Sandsmark. Je fronce les sourcils quelques secondes et mon regard le suit tandis qu'il prend place dans le fauteuil devant l'ordinateur. Une nouvelle fois, il se retourne vers moi et avant que j'ai le temps de lui dire si oui ou non j'ai les coordonnées, il m'indique qu'il va fouiner dans l'ordinateur de Bruce. Je laisse échapper un léger soupir et prend une profonde inspiration avant de me lever du canapé pour aller le rejoindre. Je me place près de lui, une main sur le dossier du fauteuil et je le regarde faire.

La liste des "supers" contacts de Bruce défile et je ne peux pas m'empêcher de sourire lorsqu'il fait la remarque concernant l'adresse de Manhunter.

- Faut croire que le mail est le moyen le plus simple pour communiquer n'importe où dans l'univers.

Dick finit par trouver le nom de Cassandra et lui envoie alors un message. En même temps, il m'explique pourquoi et une fois le message envoyé, je m'écarte alors qu'il tourne le fauteuil pour me faire face. Je croise les bras sous ma poitrine tandis qu'il me fait savoir que Donna est censée être là-bas et que la Reine elle-même lui a donné la permission de se rendre sur Themyscira.

- J'espère que tu réussiras à l'aider en tout cas...

Je souris pour lui faire comprendre que je n'ai pas à lui donner l'autorisation ou non d'aller voir une amie. Alors que je m'apprête à lui dire que je nous ai commandé italien pour ce soir, il tend sa main pour que je vienne m'asseoir prés de lui afin qu'il me fasse voir où nous allons nous rendre. J'obéis, prends sa main et viens m'installer sur l'accoudoir, sa main toujours dans la mienne.

- Voyons voir...

Assise sur l'accoudoir du fauteuil, ma main toujours dans celle de Dick, je fixe l'écran de l'ordinateur sur lequel la destination choisie par ce dernier ne tarde pas à s'afficher. Un sourire se dessine au coin de mes lèvres et je finis par me tourner vers lui.

- Si tu veux tout savoir, la dernière fois que je suis allée dans ce genre d'endroit, j'étais qu'une gamine...

Nouvelle pause, je dépose un baiser sur son front.

- Alors c'est parfait !

Après avoir appris on nous allions et après avoir réceptionné le repas commandé, Dick et moi on a passé une bonne partie de la soirée à regarder des films, à parler de tout et de rien... comme avant... et c'est plutôt sereine et bien dans ma vie que je suis allée me coucher.

Les jours qui ont suivi et qui ont précédé le départ, Dick et moi avons mis en ordre certaines choses, fait en sorte que tout se passe bien le temps de notre absence. Tout aurait pu être parfait si cette fichue douleur au dos et aux jambes n'était pas revenue. La dernière fois, j'avais mis ça sur les entraînements un peu trop poussés... sauf que cette fois, je ne m'étais pas entraînée plus que d'habitude et je ne pouvais pas non plus mettre ça sur le dos de l'humidité... Comme à mon habitude, j'ai préféré ne rien dire, prendre sur moi et tout cacher, bien décidée à profiter de ce petit séjour organisé par Dick.

La nuit d'avant le départ, Dick et moi sommes allés patrouiller mais je n'ai pas finis le tour. Prétextant des derniers détails à régler pour notre départ, j'ai préféré rentrer à la Tour avant que la douleur ne devienne trop insupportable... Et c'est après un bon bain chaud que je suis allée me coucher. Je n'ai pas du tout entendu Dick rentrer et encore moins se lever au petit matin.

J'étouffe un bâillement, étire mon bras et viens poser ma main de son côté du lit. Il n'est pas là.. Je me redresse quelques secondes, repousse quelques cheveux et regarde autour de moi, encore un peu dans les vapes. Je frotte mes yeux, m'étire dans le lit et décide de me lever. Doucement, j'enfile un sweat par dessus mon tee-shirt et mon short avant de me rendre compte qu'il appartient à Dick et que par conséquent, il me couvre les jambes jusqu'à mi-cuisses. Pieds nus, j'entre dans la grande pièce et m'arrête net lorsque je vois Dick assis devant l'ordinateur, faisant défiler des photos de la troupe de ses parents. Je grimace, me mordille les lèvres et m'avance doucement vers lui. Une fois dans son dos, je viens glisser mes bras autour de son cou quelques secondes avant de venir prendre place sur ses genoux le visage enfouit dans son cou, les yeux fermés, pour finir de bien me réveiller.

- Ils seraient fiers de toi...

Je ne parle pas ce qui, quand on me connaît bien, est quelque chose d'assez étonnant. Je ne parle pas, je me contente seulement de rester là, blottie dans les bras de Dick, mon visage enfoui dans son cou, essayant de lutter contre le sommeil manquant. Lorsque Dick me fait savoir qu'il n'a pas voulu me réveiller parce que je dormais bien, je prends une profonde inspiration et colle encore un peu plus contre lui, mes bras entourant toujours son cou

Je finis par m'écarter de lui lorsqu'il me tend sa tasse de café que je viens prendre, un sourire fatigué sur le visage. Sans rien dire, je bois une longue gorgée, savourant la boisson chaude quelques secondes avant de la reposer sur le bureau. Je me tourne une nouvelle fois vers Dick et viens déposer un baiser sur le coin de ses lèvres avant d'étouffer, une nouvelle fois, un bâillement. La douleur est encore présente ce matin même si plus supportable que celle ressentie durant la nuit... Je n'y pense pas, du moins j'essaie et surtout, je continue de faire comme si tout allait bien... et ça, je sais plutôt bien le faire...

Le silence s'installe une nouvelle fois et j'en profite pour jeter quelques coups d'oeil en direction de l'écran sur lequel est encore affichée la photo. Je note que Dick a les yeux de sa mère et je ne peux pas m'empêcher de sourire. Finalement, il rompt le silence en me faisant savoir qu'il nous reste du temps avant le départ et qu'il aimerait en profiter pour aller rendre visite à Alfred. Je m'écarte de lui, sourire sur le visage et passe une main dans ses cheveux avant de poser mon front contre le sien.

- Il se demandait quand est-ce que tu allais enfin te décider à lui rendre visite...

Je souris une nouvelle fois, le majordome a toujours eu une longueur d'avance sur nous tous et on a jamais réussi à connaître son secret ce qui, quelques fois, peut s'avérer frustrant. Je finis par me redresser.

- Laisse moi juste le temps de me réveiller et de me préparer et on peut y aller.

Nouveau baiser sur le front, je prends sa tasse de café, lui adresse un clin d'oeil et m'en vais en direction de la salle de bain.

Sous la douche, il me faut quelques minutes pour réussir à me détendre la colonne et les jambes même si à chaque craquement, j'ai la sensation que tout va rester bloqué. Heureusement, l'eau chaude fait rapidement passer cette sensation et il me faut seulement quelques minutes de plus pour finir de me laver et de me préparer. J'enfile une tenue confortable, ramène mes cheveux en queue de cheval et qui finalement la salle de bain pour rejoindre la pièce principale où Dick m'attend, prêt à quitter la Tour pour aller au manoir. Je finalise rapidement la valise, met en place le système d'alarme de la Tour et avec Dick, on finit par quitter la maison pour rejoindre le Manoir.

Alors qu'on avance dans la grande allée centrale, je ne peux pas m'empêcher d'avoir le coeur qui se serre... comme à chaque fois que je mets les pieds ici... La dernière fois que je suis venue c'est lorsqu'Alfred m'a appelée pour que je vienne l'aider avec Damian... Et cette fois là, j'avais encore et toujours la sensation que Bruce était dans les murs, que partout où on allait, on allait le voir au détour d'un couloir... J'ai du mal à me faire à son absence, comme tous d'ailleurs, mais je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'il n'est plus là.

Nous montons tout juste le grand escalier lorsque Alfred fait son apparition, tout sourire et nous salue avec son flegme légendaire. A sa question en voyant nos valises, je ne peux pas m'empêcher de sourire et je m'avance vers lui pour déposer un baiser sur sa joue. J'attends tout naturellement qu'il nous invite à entrer et lorsque Dick demande si Damian est ici, je me tourne vers Alfred pour lui sourire.

Une fois dans le grand hall, je frémis, avec encore cette impression qu'il peut apparaître à tout moment en haut des escaliers ou dernière l'horloge qui sert de passage vers la batcave. Je me frotte les mains et regarde rapidement autour de moi. Cet endroit... je ne compte plus les heures et les jours que j'ai passés ici... plein de souvenirs, biens ou mauvais mais les plus importants sont ceux que je me suis faits avec ma famille...

Je reprends mes esprits lorsque j'entends Dick demander à Alfred s'il peut aller dans la batcave. Je le regarde quelques secondes, fronçant les sourcils avant de me tourner vers Alfred qui vient de me demander si je souhaite aller préparer du thé avec lui. Je finis, contrainte et forcée, par détacher mon regard du jeune homme et me tourne vers le majordome.

- Allons y Alfred. Montrez moi comment le thé se fait par chez vous...

Je ne montre rien, comme à mon habitude, mais savoir que Dick est allé à la batcave sans dire pourquoi, ça fait tourner mon esprit de curieuse à mille à l'heure et il faut que je m'occupe pour ne plus penser à toutes les options qui peuvent s'offrir à moi.

Maître Bruce serait content.

Debout, prés d'Alfred dans la cuisine, je me tourne vers lui, les bras sous ma poitrine et avant même que je demande pourquoi, il continue sa phrase, toujours en préparant son thé.

Vous et Maître Richard.

Pas besoin qu'il en dise plus... Ma gorge se serre alors que je repense à cette phrase que Bruce m'avait dite au sujet de ma relation avec Richard. Je serre un peu plus mes bras autour de moi et retient un sanglot qui vient mourir dans ma gorge.

- Il faut croire qu'il savait comment ça allait se terminer... Je marque une pause et me tourne vers le majordome, essuyant une larme au coin de mon oeil. - Il me manque... vivre ici me manque... Vous me manquez...

Alfred qui d'habitude sait garder une certaine distance, vient tout simplement poser une main sur mon épaule et m'adresse son plus beau sourire.

Vous êtes toujours les bienvenus. La porte ne vous sera jamais fermée.

Je ne dis rien et me contente de continuer la préparation, sans un mot, pensive et surtout nostalgique de toute cette époque où nous étions tous réunis.

Le silence s'est installé dans la cuisine entre Alfred et moi... ce n'est pas un silence pesant ni un de ceux qui peuvent mettre mal à l'aise mais plutôt un silence respectueux, un silence en mémoire de celui qui a au moins le mérite de tous nous avoir réunis. Je m'affaire à aider le majordome anglais à finaliser la préparation du thé et alors que nous posons le tout sur la table de la cuisine, Dick refait son apparition et je vois de suite à sa tête que quelque chose le préoccupe. Je fronce les sourcils, jette un coup d'oeil à Alfred qui lui, étrangement, ne semble pas tellement étonné par ce qu'il se passe.

Lui comme moi, on émet aucune opposition lorsque Dick nous demande de nous asseoir. Moi par contre, ça se voit que je n'aime pas trop ce qu'il se passe... Je ne dis rien, prends place sur une chaise et croise mes bras sous ma poitrine. Dick, ne dit rien de plus et se contente seulement de poser son téléphone sur la table devant nous et de se placer derrière Alfred et moi. Là encore, dans ma tête je me pose mille et une questions mais je laisse faire et lorsqu'il lance une vidéo, mon coeur se serre immédiatement.

Sur l'écran, le visage de Bruce apparaît et il me faut quelques secondes pour entendre et surtout comprendre ses paroles. Je fixe l'écran du portable, prise de frissons, ne sachant pas trop quoi penser et prés de moi, Alfred, lui, esquisse un sourire.... à croire qu'il était au courant de tout ça.

La vidéo se lit, je ne dis pas un mot et lorsque le message se termine, j'essuie rapidement les larmes qui coulent sur mes joues. Il est en vie. Je le savais, je le sentais... On faisait fausse route depuis le début... Alfred se lève, la bouilloire dans la main.

Bien... je vais faire réchauffer l'eau.

Je suis sonnée, je ne comprends pas vraiment tout ce qu'il se passe et je finis par tourner le visage vers Dick, le fixant intensément, les yeux humides de larmes.

- Il est vivant ?

Tout ces longs mois à lutter contre le chagrin... tout ces longs mois à penser que j'avais échoué... Il est vivant, caché mais vivant.

Pour quelqu'un qui aime tout comprendre du premier coup et avoir le contrôle sur ce qu'il se passe, rien ne se passe comme il faut... Assise à table, les mains posées sur le rebord de cette dernière, j'essaie de comprendre ce qu'il vient de se passer alors qu'Alfred, lui, semble ne pas être atteint plus que ça par ce qu'on vient d'entendre. Je secoue la tête, tente de remettre mes idées en place et fixe, sans rien dire, le téléphone dont l'écran noir semble me narguer. Prés de moi, Dick s'approche alors que je demande, aussi clairement que possible s'il est bien vivant, si Bruce est vraiment vivant... La réponse de Nightwing ne se fait pas attendre et sans cesser de regarder le téléphone, j'écoute ses mots... Mon coeur se serre, à la fois soulagé et en colère... Soulagé de savoir qu'il est en vie, furieux parce que nous étions au courant de rien... Je serre les points et les pose sur la table et prends une profonde inspiration avant de tourner le visage vers Dick. Ce dernier me demande de sécher mes larmes mais c'est plus fort que moi, je suis dans l'incapacité de les contenir. Quand on a pour habitude de tout garder au fond de soi, de prendre sur soi pour ne pas s'écrouler devant les autres parce qu'on a ce devoir, ce besoin de les protéger... et bien, quand finalement tout fini par ressortir, il est compliqué de tout canaliser. Je serre les dents alors que derrière moi, la voix d'Alfred se fait entendre.

Les deux hommes échangent quelques mots alors que moi, je commence tout juste à sortir de ma torpeur.

- Je vais le tuer. Je marque une pause, fixe un point droit devant moi, de la détermination dans le regard. - Oui. Je vais le tuer. Je vais lui infliger mille souffrances. Je vais le tuer, c'est aussi simple que ça.

Comme à son habitude, Bruce s'amuse à nous faire des cachotteries et je dois dire que plus le temps passe, moins je suis fan de ce genre de petites surprises. Je laisse échapper un lourd soupir et me lève de ma chaise. Je me mets alors à faire les cent pas dans la cuisine avant de me tourner vers Dick et Alfred.

- Vous... Vous deux, je vous interdis de me faire ce genre de blague vous entendez ?! Rhaaaa cette famille va me rendre complétement folle !

Alors que je fixe Alfred et Dick, les suppliant presque du regard de ne pas me laisser tomber et de ne pas disparaître comme Bruce l'a fait, je réalise que je leur demande probablement l'impossible mais peu importe. Debout, face à eux, les poings serrés, j'ai cette colère qui bouillonne en moi. J'en veux à Bruce de ne pas nous avoir prévenus plus tôt alors que, tous, on pleurait sa mort et on se sentait coupable de tout ce qu'il s'était passé. Je ferme les yeux, serre les dents et prends une profonde inspiration avant de revenir à la réalité alors qu'Alfred nous demande quand est-ce que nous avons notre vol.... Mince, avec tout ça, j'ai complètement oublié ce voyage. Je me tourne vers Dick qui réagit lui aussi et après quelques secondes, il s'éclipse juste le temps de passer un coup de téléphone.

Seule avec Alfred, je me laisse tomber sur la chaise tandis que le majordome, tente, comme à son habitude de me remonter le moral. Je souris, je ne peux pas m'en empêcher... il a réussi, avec ses quelques mots, de faire en sorte que tout aille mieux. Oui, chaque chose en son temps... je n'ai pas le droit de gâcher le séjour prévu par Dick. Je finis par me lever de ma chaise et m'approche du majordome que je viens serrer dans mes bras, comme je l'ai toujours fais avec lui.

- Merci Alfred... Merci pour tout...

On reste quelques secondes dans les bras l'un de l'autre puis la voix de Dick se fait de nouveau entendre. Je l'écarte alors d'Alfred après avoir déposé un baiser sur sa joue et me tourne alors vers Richard.

- Et bien, allons y.

Je m'approche de lui et prends sa main dans la mienne avant de la serrer doucement.

- Hâte de voir ce que tu as prévu.

Le trajet vers l'aéroport se passe dans le plus grand des silences. La tête posée sur la vitre de la voiture, ma main ne quittant pas celle de Dick une seule seconde. Je repasse en boucle dans ma tête le message de Bruce et essaie de ne pas lui en vouloir mais c'est compliqué... Je sais que c'est une habitude chez lui ce genre de choses mais cette fois, je crois que c'est la fois de trop... Mais pour le moment, je préfère ne pas trop y penser de peur de ruiner ces vacances que Dick a pris soin de nous organiser.

Assez vite, nous arrivons à destination et une fois les bagages récupérées, il est temps pour nous de nous enregistrer et attendre patiemment l'embarquement. Assise sur un des nombreux sièges, les mains posées sur mes jambes, je joue nerveusement avec mes doigts sur mes cuisses jusqu'à ce que la voix de Dick me fasse revenir à la réalité. Je fronce les sourcils quelques secondes puis tourne mon visage vers Dick avant de répondre.

- Ne t'excuse pas pour ce que LUI a décidé de faire. Je sais que ce n'est pas la première fois qu'il fait ce genre de chose mais je crois que cette fois, c'était la fois de trop pour moi. Je marque une pause puis finis par poser ma main sur celle de Grayson. - Enfin, ne parlons plus de ça tant que nous sommes en vacances. Je n'ai pas envie que ça vienne ruiner ton programme.

Au même moment, la voix dans les hauts parleurs appelle les voyageurs du vol qui nous concerne. Sans attendre, je me lève, prends sa main dans la mienne et le tire doucement en direction de la porte d'embarquement. Nous sommes dans les premiers à monter dans l'avion et en m'installant, je ne peux pas m'empêcher de ressentir une boule de stress se former... Le comble quand on est le genre de nana à se balancer de toits en toits avec seulement un grappin. Une fois assise, je ne traîne pas pour attacher la ceinture et là encore, ma main cherche celle de Dick.

- Je crois que je n'ai jamais vraiment aimé les avions finalement...

Pas beaucoup de monde dans l'avion, quelques enfants agités mais rien d'insurmontable. Finalement, le pilote fait son annonce et les hôtesses leurs petits rappels sur la sécurité etc et rapidement, trop à mon goût, l'avion entame la phase de décollage. Sans m'en rendre compte, mes doigts serrent plus fort ceux de Dick à chaque seconde qui passe et c'est seulement lorsque l'avion a atteint sa vitesse et sa hauteur de croisière que je me détends. Sourire désolé sur le visage, je me tourne vers Dick et passe une main sur sa joue.

- Tu sais que je t'aime toi.

Le vol se passe sans trop de soucis, à part quelques turbulences qui me stressent un peu mais rien de bien grave. Je finis par m'endormir, la tête posée sur l'épaule de Dick et entame le meilleur dodo de ma vie, jusqu'à l'aterrisage de l'appareil...