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La forêt des murmures | Inscription : 03/07/2019
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La forêt des murmures Mar 20 Juin 2023 - 21:45 | |
| Nick achevait de secouer la chemise froissée qui lui servirait bien une journée encore. C'était une bonne chemise, solide, qui respirait assez pour supporter l'asphyxie de la chaleur de l'été naissant et assez blanche pour aller avec globalement le reste de sa penderie ; à savoir des pantalon de toile perchés quelque part sur des radiateurs, des chaussures au cirage patiné qui attendaient dans l'entrée et une veste mi-saison pendue sur un crâne de bouc.
Il boutonna son vêtement en replongeant brièvement dans les notes qui s'étalaient sur la table de salon. Autant de feuillets imprimés depuis un courriel reçu de la faculté des science de Star City signé Irwin Ignisson. S'il s'était attendu à ce genre de courrier... Zaren Zara attirait une foule d'individus autour de lui depuis que le procès avait mis en avant de son pseudonyme. Les différentes fiches, notes et compte-rendus ainsi disposés formaient la fresque d'un début de mystère qui avait piqué la curiosité du sorcier qui s'ennuyait. Or, il n'existait sans doute rien de pire qu'un praticien des arts occultes qui s'ennuyait... Mieux valait pour lui comme le reste du genre humain qu'il se trouve une occupation. Celle-ci d'ailleurs, l'inquiétait légèrement.
Pour commencer par le commencement, le professeur Irwin Ignisson de la faculté des science de Star City était un scientifique dont la renommée attendait son heure. Autant dire qu'il n'existait socialement que dans un cercle très restreint d'initiés. Ses articles scientifiques sur l'impact de l'activité ésotérique, sa façon très personnelle de mélanger la méthode scientifique dans l'observation des phénomènes qualifiés de "magiques" représentait un potentiel que le doyen de la faculté souhaitait cultiver - secrètement pour démontrer que tout ceci était une mascarade et que la magie pouvait se réduire à des équations quantiques. A l'inverse, Irwin, lui, était persuadé que tout ceci était vrai et attendait une théorie unificatrice qui puisse donner corps à sa vision de la magie.
Siégeant dans une ville qui avait vu du jour au lendemain apparaître en son cœur une forêt en forme d'étoile contre toutes les lois de la Nature et de la physique, battant en brèche les plus réticents des chercheurs, la faculté des Sciences cherchait à comprendre le "comment" mais aussi le "pourquoi". La forêt qui s'enracinait profondément dans l'humus de bâtiments en friches et de béton rendu verdâtre était l'objet de bien des fantasmes et de mystères, entre histoires de loups garous, d'arbre prodigieux et de luminescence étranges se mélangeaient de sordides aventures comme celles de groupes hermétiques qui s'adonnaient à des rituels abscons sans autre effet que de ridiculiser leurs membres. Parfois la police y retrouvait les victimes de quelques meurtres lorsqu'elle ne servait pas de refuge à des sans-abris soucieux de se faire oublier d'une société parfois trop zélée. Cette forêt, aussi inquiétante fut-elle était devenue une partie à part entière de cette ville, pour le meilleur comme pour le pire.
Cette étendue étonnement giboyeuse était une énigme sur laquelle planchait le professeur Ignisson et son équipe pour le moment très réduite. En effet, la ville se refusait à financer officiellement ce genre d'aventure, idem pour l'état ou le gouvernement fédéral et les fonds privés qui acceptaient de financer leurs opérations refusaient généralement d'indiquer la provenance de leur liquidité ce qui les rendaient indésirables pour le contrôleur budgétaire. On faisait donc avec les moyens du bord, profitant ça et là de quelques financements épars de l'A.R.G.U.S. Rien de plus hélas.
Heureusement, l'équipe du professeur était motivée, novatrice et ne craignait pas de sortir des sentiers battus pour mieux arpenter les tortueux chemins de la magie. Ce qu'ils n'avaient pas en moyen, ils l'avaient en enthousiasme. Leur petit groupe aurait pu rester à l'état embryonnaire de délire farfelus d'universitaires un peu trop portés sur la littérature d'imagination si un soir d'été la forêt de Star City n'avait fait une chose extraordinaire qui allait les projeter sous les feux des interrogations.
Dans l'aile de physique de la faculté des Sciences, deux doctorants qui achevaient de rédiger des rapports d'étude avaient eu un hoquet de terreur unanime lorsque leurs instruments, à vingt-deux heures vingt-deux exactement, s'animèrent. Leur surprise fut d'autant plus total que les instruments n'étaient pas allumés et l'un des deux n'était d'ailleurs même pas relié à une source d'alimentation. A peine avaient-il pu se saisir de leurs téléphone portable pour prendre une vidéo de la fin du phénomène. L'étrange message, incompréhensible n'était pour eux qu'une succession de grésillements et de crépitements, comme si une centaine d'insectes voyageait dans les ondes.
Ce même jour à vingt-deux heures vingt-deux tout aussi précisément, un dog-sitter qui promenait un joyeux groupe de cinq chiens indiqua sur le fil d'actualité de son réseau social préféré que ses "pensionnaires" s'étaient immobilisés soudainement avant de hurler à la mort, une longue minute puis de vouloir s'enfoncer violemment dans la forêt en aboyant.
Au même moment, à l'autre bout de la ville, dans l'hôpital central de Star City, l'intégralité des patients plongés dans le coma s'éveilla et prononça des propos qui, une fois les témoignages des différentes équipes de soin réunis, s'avérèrent être les mêmes. A savoir : "Noir, tout est noir. L'eau a la saveur du terreau. Les ongles. Les ongles." Après une minute de litanie, ceux-ci se rendormirent profondément. Le lendemain, même les cas jugés irrécupérables se réveillèrent comme s'ils n'avaient jamais été malades et sans souvenir des évènements de la veille.
Un S.D.F. arrêté pour ivresse sur la voie publique en train de fuir la forêt à vingt-deux heures quarante raconta une histoire que la police ne daigna pas écouter et qui se résumait selon un détenu dans la cellule de dégrisement au fait que sa "maison" avait été ravagée par des ombres. "Partout. Des ombres partout qu'il disait", acheva le détenu interrogé.
Il n'en fallut pas plus à Irwin Ignisson pour se jeter sur ce mystère et la presse locale de soutenir cette initiative avec des gros titres tapageurs "La Faculté des Science affronte le Mystère" ; "Les Scientifiques face à la Forêt de Star City" ; "Canular ou Magie Véritable ?". Le conseil municipal se refusa à tout commentaire, le doyen souligna le besoin des citoyens à avoir des réponses que la science saurait apporter et les journalistes s'écharpèrent ainsi pour toujours plus de spectaculaire sur fond d'informations lacunaire.
Conscient que l'on attendait beaucoup de lui, Ignisson décida de faire appel à quelques spécialistes supplémentaires grâce au fond très exceptionnel - et très secret - que lui débloqua le conseil municipal. Parmi eux le très célèbre Ray Palmer dont on ignorait pas la capacité à toujours repousser les limites du vraisemblable et du compréhensible ainsi que le mystérieux Zaren Zara dont le nom avait un moment défrayé la chronique avec l'affaire du jeune Joey Wilson.
En somme, les pistes les plus sérieuses que le professeur avait pour tenter de percer un mystère de cette nature.
Nick se grima avec un artifice simple mais efficace, modifiant quelques traits, ajoutant ici une moustache, altérant là la couleur de ses cheveux. Cela suffirait à berner des gratte-papiers qui ne connaissaient le monde qu'au travers de leurs équations et de leurs modélisations statistiques et franchement, pour le reconnaître encore aurait-il fallu le connaître...
Dans son taxi, Nécro assemblait comme il le pouvait les quelques pièces du puzzle qu'on lui avait fourni, espérant qu'il ait sur place plus d'informations.
Espoir vain.
Après un accueil autour d'une machine à café plutôt minable mais dont le café avait le mérite de tenir éveillé, Irwin et Zaren échangèrent quelques paroles stériles et des amabilités diverses. Certains collaborateurs du professeur demandèrent, mine de rien, quelques éléments sur la magie, sur comment on lançait des sorts ou si les esprits existaient bel et bien, autant de sujets que Zaren esquivait poliment en soulignant qu'il serait ravi de les aider plus tard mais que la forêt était une priorité.
Plus qu'une dérobade, c'était le réflexe de l'ancien traqueur de phénomènes étranges qui parlait. Nick pouvait jouer les durs, il avait la cruauté vissé au corps et une moralité déviante dont il assumait totalement les excès, mais sa prime éducation, le travail qui avait composé l'essentiel de sa jeune vie avait gravé en lui des réflexes. Derrière ces éléments anodins, il le ressentait, pouvait se cacher une menace plus grande qui, si elle n'était pas traitée en temps et en heure, pouvait devenir terrible.
- Le professeur Palmer ne devrait plus tarder non plus, souligna Irwin avec un sourire aimable alors que Zaren se replongeait dans les dossiers des scientifiques.
Zaren ravala le juron qui voulut instinctivement se former dans sa gorge.
- Palmer... Atom vous voulez dire ? toussa-t-il.
- Nous lui avons en effet transmis tout le dossier et espérons de sa part une façon d'orienter au mieux nos recherches. Je suis sûr qu'avec deux talents comme les vôtres nous n'aurons aucun mal à percer le mystère, s'il y en a bien un... |
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Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: La forêt des murmures Mer 21 Juin 2023 - 14:31 | |
| Star City n’est pas une ville comme les autres. Déjà, c’est une ville qui a changé de nom – prenant d’abord celui de Fort Plymouth, lors de sa création, puis celui de Starling City. Le Colonel Jeb Star l’a fondée en 1797, pour créer une structure afin d’accueillir les colons, en les protégeant du froid et d’une nature inhospitalière. La cité a pris de l’ampleur en se développant économiquement, en devenant une plaque tournante des prospecteurs d’or et des marchands en route vers le Canada. Elle a également profité du chemin de fer pour incarner un carrefour commercial incontournable, créant une immense activité économique qui n’a jamais cessé de fonctionner.
Les autorités et la population décidèrent ensemble de changer le nom, déjà transformé en Starling City pour son côté clinquant, en Star City après le grand incendie de 1797. La volonté d’aller de l’avant et d’incarner un espoir, de marquer l’Histoire et les cieux comme une étoile, a mué ainsi la cité, pour devenir autre chose.
Star City est bien autre chose, depuis. Une ville riche. Une ville dynamique. Une ville puissante. Une ville qui accueille d’immenses entreprises, comme Queen Consolidated – mais aussi une ville qui bénéficie de super-héros, comme souvent en Amérique. Green Arrow, Speedy, Black Canary et tant d’autres ont accompagné son Histoire… même si, aussi, leur présence a transformé la ville – dans un sens comme dans l’autre.
Négativement, aussi. Hélas. La forêt le prouve.
La forêt a été établie sans raison, sans explication – par Magie. Quand le pire est arrivé. Quand le super-vilain Prometheus s’en est pris à Star City, a anéanti des millions de vies ; en les prenant, ou en détruisant leur quotidien. Quand l’apocalypse s’est abattue sur la ville, et qu’un phénomène mystique est intervenu pour forger cette étrangeté, cette zone qui échappe à toute explication, et toute loi.
La forêt interpelle, et questionne, et intéresse, et intrigue ; et inspire. Parfois trop. Comme Irwin Ignisson, que l’on va sûrement critiquer pour son excès de curiosité – qui semble provoquer des dégâts, et causer des conséquences qui risquent de coûter cher à la ville. Il réagit, alors.
Irwin Ignisson réagit, et appelle à l’aide… en sollicitant des spécialistes, là où il est à l’aise. Dans la Faculté des Sciences de Star City.
Dans une aile discrète, où Irwin reçoit déjà l’un de ses invités. Zaren Zara. Un homme étrange. Un homme troublant. Un homme intriguant, qui pose des questions – et semble commencer à s’inquiéter, de l’autre personne sollicitée aujourd’hui. Un autre qui ne manque pas de venir, aussi ; dès maintenant.
Dans un style bien caractéristique… quand, là où il n’y avait rien, quelque chose apparaît. Quelque chose qui n’y était pas avant, et qui est soudain… Grand.
Un vaisseau. Une sorte de vaisseau spatial, aux couleurs rouge et bleu – qui attire l’œil, mais qui rappelle surtout une allure, une combinaison. Un costume. Un symbole. Atom ; d’où son nom : l’Atomobile. Ne riez pas. « Hey, Irwin. Il paraît que tu es au coeur des ragots croustillants entre scientifiques… c’est cool, ça change des débats sur le côté moulant de mon ancien costume. Mais… tu ne voulais p’têt pas cette popularité, mmh ? »L’interpellation intervient quand la porte s’ouvre – et un homme, en civil, en sort, avec un léger sourire. Ray Palmer. « Salut… et bonjour. »Il sourit à Irwin – puis tourne un visage plus fermé vers Zaren Zara, qu’il ne connaît pas mais qui le trouble. Sans savoir pourquoi. « Je m’appelle Ray. Enchanté. »Il s’avance, présente sa main et entend rester dans le respect et le calme. Non sans se tourner vers Irwin, pour enchaîner. Sans attendre. « Bon, j’ai eu les données que tu m’as envoyées… et ça m’interpelle. Tu peux me dire autre chose ? Développer le contexte ? »C’est mieux – il déteste se lancer dans l’inconnu. Et déjà qu’il déteste la Magie… |
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Re: La forêt des murmures Mar 18 Juil 2023 - 22:24 | |
| L'arrivée, toujours spectaculaire de l'atom-mobile avait ravi les scientifiques à la curiosité débordante. Irwin affichait le même sourire qu'un enfant à Noël. Seul Zaren restait interdit face au spectacle. Il n'aimait pas les justiciers. Déjà jadis, les super-slip ne lui avaient jamais arraché que des ricanements hautains ou des crachats refoulés de dégoûts. Il avait toujours mené une guerre souterraine aux limites de la raison et de la rationalité, là où toutes les belles valeurs de ces samaritains modernes étaient bien vaines. Les "Justice League", les "Société de Justice" ou les francs-tireurs n'avaient jamais représenté d'avantage qu'une diversion face aux véritables problèmes, ceux qui se réglaient dans une ruelle sombre, à la lumière de couteaux sacrificiels ou dans l'interstice gélatineux qui séparait les mondes.
Ray Palmer donc, arrivait. Il était visiblement à l'aise, sans doute fier de son arrivée. Nick allait devoir se forcer un peu tandis que celui avec qui il allait devoir faire équipe lui tendait une main amicale.
Zaren avança sa main, Nécro ravala sa fierté. Sa poignée fut ferme, comme toujours, question de style, de rapport de force. Dans le monde magique, bien plus que dans le monde "normal", les apparences, les rites et les symboles importaient. Une main molle vous reléguait au rang de proie. Nick n'en était pas une.
- Quelle entrée, lança-t-il en guise de salutation. Zaren Zara, pour vous servir.
Le sorcier affichait un sourire aimable quoi que légèrement troublé par un nuage de réserve précautionneuse. De l'extérieur, on l'eut certainement qualifié de gêné, sans doute une légère propension à l'agoraphobie.
Palmer s'adressa ensuite à Ignisson qui eut léger tressaillement, presque le saut sur place de l'enfant heureux de montrer sa dernière réalisation.
- Bien sûr ! Suivez-moi ! Nous avons fait de nouveaux relevés très intéressants sur les phénomènes récents !
Et l'équipée de suivre le professeur pour s'entasser dans une salle de recherche où il y avait clairement plus de paillasses et d'établis que de chaises. Zaren se posa contre une table, croisa bras et jambe pour se caler comme tout habitué des longues attentes dans une position statique. Héritage de la rue et des filatures. La dernière étincelle d'affabilité jouée qui avait animé son regard fut noyé dans une concentration grave. Nick n'avait jamais été un comédien de talent et sa concentration tenait d'avantage de l'instinct que de la maîtrise absolue.
Irwin ralluma son ordinateur et profita de la séquence d'allumage pour s'adresser à ses deux "invités".
- Je vous renouvelle mes remerciements, en mon nom et celui de mon équipe, vous n'imaginez pas le plaisir que nous avons à travailler avec vous.
" Dans quelques instants, j'aurais le plaisir de vous montrer une carte satellite de la forêt de Star City pendant les évènements dont je vous ai transmis les rares éléments que nous avons. Cette carte nous a stupéfié et épaissi un mystère que les enregistrements de nos collègues, encore indéchiffrables avait planté.
" De même, suite au témoignage d'un S.D.F., nous sommes allés faire un tour dans la forêt, à l'endroit où il y était sensé y avoir eu son campement eh bien, les clichés sont déroutants.
L'ordinateur afficha un fond d'écran décoré d'une photographie de l'équipe du professeur au grand complet. Irwin chercha dans ses multiples dossiers plusieurs photographies.
- Tout d'abord, les clichés de notre visite du "squat".
S'en suivi le diaporama d'une clairière à l'herbe grisâtre et aux arbres morts fichée dans un coin de forêt pourtant verdoyante, comme si un incendie ou une maladie avait frappé cet endroit précis. Des amas de ce qui devaient avoir été des planches et des matelas grisaient en une forme fongoïde comme si une moisissure dopée à la speedforce avait décidé de s'offrir une petite fringale.
- Enfin, voici le relevé satellite des température. D'abord avant l'indicent.
La forêt formait une tâche, légèrement plus fraiche que le reste de la ville, logique, comme une tâche orangée au milieu d'un océan de relevé rouge vif.
- Maintenant au moment des fait, 22h22 très précisément, fit-il en changeant l'image.
La forêt était devenue soudainement une tâche bleutée de températures basses avec des zones carrément blanches. Le curseur de la souris vint entourer un endroit noir.
- Ici, aucune donnée, le satellite n'est pas parvenu à faire un relevé exact, comme ici, il montra une autre tâche.
- Nous avons plusieurs hypothèses sur le phénomène, intervint un chercheur, ou le satellite n'a pas pu effectuer le relevé à cause d'un évènement hors des capacités de ses senseurs, ou les algorithmes ont déduit des données du satellite des résultats aberrants ou hors des limites de leur application. Dans tous les cas, les données du satellite n'ont pas pu être enregistrées, seule une observation sur place nous permettrait d'y voir plus clair.
Zaren resta de marbre. Les informations s'enchaînaient en un tout qui tentait d'être cohérent, mais quelque chose l'intriguait. Comme tout mystique, il cherchait toujours un symbole, un lien, une signification hermétique qui aurait pu le faire passer pour un fou obsessionnel. Là où les scientifiques cherchaient une corrélation avec une quelconque théorie thermodynamique, lui cherchait à tracer d'invisibles traits entre les points, tentait à faire passer des cercles imaginaires entre eux. Pour le moment rien.
Il paraissait manquer quelque chose.
- On peut avoir une copie de votre carte ? demanda-t-il sans faire grand cas de la politesse.
L'équipe ne se formalisa pas, la plupart devait de toute façon représenter ce que l'université avait de plus marginale. Irwin se contenta de hocher la tête en espérant qu'une illumination frappe le mystique. Sitôt son impression obtenue, Zaren l'observa en la faisant tourner.
- Le promeneur de chien, il était où ? continua-t-il, plongé dans la contemplation des zones rouges et bleues de la carte.
L'équipe parut un peu surprise. Un jeune professeur farfouilla dans le dossier numérique et trouva une zone approximative que Nick marqua sur la carte, c'était à distance d'un point "sans donnée".
- Et le clodo ?
Cette fois-ci, il y eut une petite gêne. Une chercheuse se racla la gorge et tapota une zone intégralement noire.
- Ah-ah, ça c'est intéressant, répliqua un Nécro en pleine réflexion. Et l'hôpital ?
On lui indiqua une direction, hors de la carte. Irwin projeta une carte de la ville et montra la localisation de l'hôpital. Nick orienta le plan de la forêt pour coller avec celle de la ville.
- Donnez un plan papier, ordonna-t-il en griffonnant au dos du relevé satellite.
On étala un plan sur le sol. Frénétiquement, Nick reporta les différents points d'intérêt dessus. Puis il s'arrêta. Il replia la carte.
Nick était un solitaire, le reste du monde gravitait autour de lui et, majoritairement, l'emmerdait. A l'époque où il faisait équipe avec Zee et John, il avait adopté la méthode d'apprentissage "sur le tas" aussi appelée "marche ou crève". Pas ou peu d'explication, on prouvait d'abord que l'on tenait le rythme et alors l'enseignant daignait expliquer deux trois trucs. cependant, lorsque le silence devint pesant et les regards insistants, il comprit que l'on attendait quelque chose de lui.
- On doit rechercher toutes les corrélation possibles, expliqua-t-il en articulant soigneusement chaque mot. L'évènement mystique qui a provoqué ces phénomènes est calé sur 22h22 mais aussi sur un point précis. S'il s'agit d'un rituel, il doit y avoir un point névralgique. La baisse de température laisserait plutôt songer à une apparition d'un ectoplasme, pareil pour le coup du campement dévasté, ça guide vers un esprit frappeur.
" Reste à connaître l'origine du phénomène pour identifier la cause. Résurrection foireuse ? Esprit dérangé ?
Un vague mouvement d'épaule accompagna ses dernières interrogations. Irwin fit un pas en avant, ses yeux brillaient.
- Vous... vous croyez, un esprit ? Vous voulez dire... un... enfin... un vrai ?
Il y avait beaucoup trop d'espoir dans la voix du chercheur, beaucoup trop pour son propre bien. Nécro sentait que l'équipe de scientifiques était un groupe d'ignorants qui cherchaient des cas beaucoup trop compliqués pour leur compréhension actuelle. Ils se brûleraient les ailes et provoqueraient assurément plus de problèmes qu'ils n'en résoudraient. Instinctivement, Zaren tourna son regard vers Ray Palmer, espérant y trouver un peu plus de stabilité.
Chasser les spectres impliquait d'être au clair avec ses bons comme ses mauvais côtés, les esprits se modifiaient, s'alimentaient et se repéraient avec les émotions qui se battaient chez les vivants. En résumé, se promener dans une zone potentiellement hantée avec un type à l'esprit aussi sûr qu'un ressort remonté à bloc revenait à danser dans une piscine remplie de piranhas.
- Si c'est le cas, balança-t-il, il va falloir vous munir de deux-trois trucs...
Il établit rapidement une liste qui donnait d'avantage l'impression de disperser le groupe que de réellement préparer un paquetage de chasseur de spectres. Le téléphone sonna, éloignant enfin le professeur Irwan.
Nick s'approcha de Palmer et lui posa une main sur le bras comme pour l'inviter à l'accompagner un peu plus loin encore de l'agitation fébrile des crétins en blouse blanche.
- Ils sont inconscients du danger, jugea-t-il froidement. J'ai des doutes sur leur capacité à accepter de rester en retrait sur un coup pareil.
Il jeta un regard morne sur la carte toujours pliée entre ses mains.
- Vous avez une sacrée réputation, poursuivit-il comme pour justifier qu'il s'adressait à lui en connaissance de cause. Quoi qu'il se passe là-bas il faut y mettre rapidement un terme, si c'est pas déjà trop tard pour éviter le pire. Je sais pas encore s'il faut un exorcisme ou un truc plus costaud mais on doit aller faire des repérages et si possible sans la bande de gamins qui joue avec le feu.
Il plongea son regard dans celui de Palmer. Le regard sérieux d'un professionnel qui sait qu'il va devoir replonger dans la bataille. Il n'y avait, dans l'attitude de Nick, aucune malice, il n'était pas inquiet mais connaissait trop bien les symptômes d'une déstabilisation pour y rester insensible. Si dans son cerveau quelques circuits se connectaient pour échafauder le moyen de s'en servir à son avantage, il n'y avait pour l'instant que de la préoccupation, la préoccupation de celui qui, malgré sa moralité déviante refusait de laisser au cœur d'une ville humaine ce qui pourrait être un portail vers l'Outre-monde et tout le bordel que ça pouvait impliquer.
- Est-ce que je peux compter sur vous ? demanda-t-il sans autre détour.
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Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: La forêt des murmures Lun 24 Juil 2023 - 18:14 | |
| « Mmh-mmh. »Quelques souffles et bruits de nez s'échappent de Ray Palmer. Guère plus. Rien de plus, en fait. Il est concentré, clairement. Il se concentre, pleinement. Il lance son formidable esprit sur les données transmises par ces étonnants scientifiques – un peu originaux, un peu déviants ; complètement marginaux. Il les aime bien, mais s'en méfie aussi.
Il ne dit rien, cependant. Il lit et réfléchit, en ayant récupéré les informations via le Cloud qu'il a hacké – rapidement, un peu trop même – et qu'il projette via l'un des gants d'une Armure ATOM. Il aime bien, c'est plus pratique. Ça permet aussi de se la raconter, aussi. Il aime encore plus.
Il évacue cependant bien vite cet ego-trip, alors que les données défilent... et l'inquiètent. Les scientifiques en parlent, les commentent ; parce qu'ils ne supportent pas le silence. Parce qu'ils veulent meubler le vide. Parce qu'ils pensent avoir mal fait. C'est bien. Ils comprennent vite, au moins.
Le Magicien prend la parole, ensuite. Ray fait tout pour ne pas lever les yeux au ciel. Il y arrive ; presque. Le Magicien, pff. La Magie, re-pff. Il n'aime pas ça. Il ne supporte pas ça. Et il ne supporte pas ceux qui la pratiquent. Bon, okay, Zatanna est super et cool... et jolie, il faut l'avouer. Mais les autres... oui, okay, les Docteurs Fate passent, mais... ils sont bizarres, non ?
Bizarres. Pour quelqu'un qui peut changer de taille et de masse. Ouais, on aura tout vu. Mais... quand même. Ray n'est pas à l'aise avec la Magie – même s'il a suffisamment d'expérience pour savoir quand celle-ci peut, et donc doit être impliquée. Hélas.
Ça sent mauvais, ici. Ça pue, même. Ça pue... et ça rappelle les coups fourrés d'un John Constantine. Qu'il connaît peu, mais assez pour savoir qu'il est lié au pire. Il ne serait pas surpris que le Britannique intervienne, ici. Comme avec Joseph Wilson. Qui... bref. Bref.
Ses pensées se recentrent cependant, quand le Magicien – c'est quoi son nom ? Zaza le Zozo ? pas loin, sûrement – lui parle. Palmer se concentre, reste silencieux. Il acquiesce. Le visage grave. « Oui. »Sa voix est lente, mais sûre. « Ils... manipulent des forces et des concepts qu'ils ne maîtrisent pas. Ils ont voulu toucher des forces qui leur explosent au nez. S'ils continuent de s'impliquer... ils n'en reviendront pas. Et si je suis adepte de la pédagogie punitive... ce serait un peu trop, quand même. Et illégal. Et en dehors de mon Académie, surtout. »Un sourire narquois accompagne ses mots. « Bon... il faut gérer ça, et vite. Laissez-moi faire. »Le scientifique coupe l'écran holographique de son gant, attire les regards en se chauffant la voix – et se lance. Avec un ton qui ne demande aucune contradiction. « Bon, merci pour tout ça. Très clairement, les phénomènes évoqués révèlent des changements dans l'équilibre de la Réalité. Le changement de température le confirme : c'est un signe d'une modulation des forces qui nous entourent. Par exemple, un vortex du Multivers créé une chaleur absolue, autour de lui, avant et après le phénomène. Là... un refroidissement global laisse envisager une autre cause. La Magie. »Il ne retient pas sa grimace. Oh non. « Et, très clairement... vous n'êtes pas formés pour ça. Non, ne contestez pas : vous seriez ridicules. C'est une affaire lourde et dangereuse, qui demande du professionnalisme – et j'avance moi-même en territoire obscur, même si j'ai croisé la Magie déjà. Hélas. »Ray retire lentement sa veste de travail, puis ses vêtements – pour révéler un costume, en dessous. Une combinaison bien connue de ceux qui l'entourent et qui, quand même, créé quelques étoiles dans leurs yeux. « Vous nous suivrez à distance. Vous serez en contact radio constant. Vous nous transmettrez les données, et les évolutions. Vous serez prêts à appeler les secours, aussi. Okay ? »Cela ne souffre pas d'un refus, clairement. L'on sent l'autorité de l'ancien chef des Teen Titans, et surtout de la Justice League. « Nous... on va y aller, et voir ce que ça donne. Okay ? »Le scientifique a toujours allié un esprit d'universitaire et un sens du terrain – comme l'a confirmée sa première utilisation de ses capacités de rapetissement, quand il a dû sauver des écoliers coincés dans une montagne après un éboulement. Des écoliers qu'il avait amenés là, par goût pour la découverte. Sans attendre, Ray passe son masque, et souffle. Tout surpris de se revoir en costume.
Tout content de le retrouver, après des mois de coupure. « Bon, M'sieur le Magicien... je vous suis ! »Il lui laisse la main – c'est rare. C'est une preuve de confiance. C'est un acte fort. C'est une erreur... mais il ne le sait pas encore. |
| | Re: La forêt des murmures | |
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