L'architecture, c'est ce qui fait de belles ruines.

Gotham avait bien changé ces dernières semaines. Suites aux évènements qui avaient eut lieu en Australie, une vague d’hystérie émotionnelle s’était emparé de la planète, poussant de nombreuses personnes à avoir des comportement aberrant, défiant toutes logique parfois. À Gotham, ces extrêmes s’étaient manifestés par des troubles à travers toutes la villes, des troubles qui avaient dégénéré rapidement en une série d’affrontements violents entre citoyens et forces de l’ordre. Certaines traces étaient encore visibles. Dans ces moments, Damian regrettait de ne pas avoir été présent à Gotham ce jours-là.

« Sérieusement, je n’aurais pas pensé que Gotham puisse craindre encore davantage. » fit remarquer Maya alors qu’elle suivait Damian.

Les deux jeunes héros évoluaient dans les ombres de l’un des quartiers du vieux Gotham, une zone regroupant plusieurs monuments, et emplacements historiques de la ville. Ils avaient été obligés de faire un détours pour éviter un barrage monté par les hommes du BatCorp. Cette milice privée avait su tirer son épingle du jeu lors du désordre, ses membres ayant intervenu sur plusieurs site pour ramener un semblant d’ordre, ce qui leur avait valût de voir la mairie étendre leurs prérogatives. À présent, ils étaient en droit d’établir des postes de contrôles sur les grands axes de la métropole et même d’interdire l’accès à des quartiers entiers pour « raisons sécuritaire ».

Le Jeune Prodige se tourna vers la jeune fille qui le suivait. Maya était juste revenue d’Europe, tout juste une semaine auparavant. Cela faisait plusieurs mois qu’elle était partie là-bas à la recherche d’une trace de son grand-père, le tristement célèbre chasseur d’homme, Henry Ducard, l’un des anciens mentors de son père. Une fois qu’elle eut réussi à le retrouver, ce dernier avait accepter de la former, de lui en apprendre plus sur leur famille… un sujet sur lequel Maya avait refusé de s’en ouvrir à Robin. Par contre, elle avait accepté de l’aider cette nuit, sans la moindre hésitation. Sans dire un mot, le Fils du Batman lui fit signe de rester silencieuse alors qu’ils approchaient de leur destination.

Tout deux se tinrent immobiles dans la nuit froide de Gotham s’assurant que personne ne les suivait. Jetant un coup d’œil pour être certain que personne ne les voyait avant de se diriger vers une plaque d’égouts. Celle-ci disposait d’un symbole bien particulier gravée à même le métal… ce qui n’était pas une chose qui devait attirer tant que ça l’attention. Gotham avait toujours été une ville disposant d’un flair pour le dramatique, pour recréer une ambiance digne de celle du « vieux monde », par delà les océans. Parmi ces habitudes, l’une d’entre elle était de gravée les plaques d’égouts de certains symboles… notamment les armoiries de la famille, de l’organisation ou du maire ayant financé cette portion des égouts… ça et d’autres décorations inspirée du folklore gothamite.

Mais certaines plaques du vieux Gotham disposaient d’un symbole très spécifique, un mystère pour de nombreux spécialistes de la cité… un mystère dont le jeune Wayne connaissait la réponse. Il s’agissait d’un sceau très ancien de la Ligue des Ombres, un sceau qu’il n’avait vu qu’une seul fois à l’époque où il était encore le Prince des Assassins et qui montrait le chemin vers l’une des « cités parfaite » de la Tête de Démon. Au cours de l’existence millénaire de ce dernier, il avait en plusieurs occasion tenté de fonder une cité qui correspondrait à sa vision du monde qu’il réservait pour l’humanité. Toutes avaient échoué car les hommes « n’étaient pas prêts », mais leurs secrets demeuraient. C’était un secret de la famille al-Ghul dont Damian n’avait jamais parlé ni à son père, ni à sa famille… car ne se sentant pas encore prêt à complètement trahir son autre famille. Mais à Gotham, les plaques ayant ce sceau indiquait qu’elle constituait le début de la route menant à la légendaire Wonder City.

« Visiblement, je me trompais, ça peut craindre davantage. Rappelle-moi pourquoi tu m’entraine dans les égouts Robin ? » Chuchota Nobody avant de l’y suivre.

Une fois à l’intérieur des égouts, les deux jeunes justiciers activèrent la vision nocturne de leurs masques respectifs. Il existait de nombreuses légendes urbaines concernant ce qui vivait dans le dédale de galerie sous la cité… et de l’expérience de l’Héritier du Démon, la plupart étaient vraies. Il ouvrit néanmoins la voie à son amis, avançant d’un pas rapide vers sa destination.

« Il y a quelques semaines, j’ai… découvert un projet sur lequel travaillait mon père. Pas un projet concernant sa croisade contre le crime, mais bien toute la ville. Je crois qu’il cherchait un moyen de la guérir. » expliqua-t-il à son amie tout en cherchant des points de repère du regards pour s’assurer qu’ils se rendaient dans la bonne direction.

« Fascinant… et comment tu as fait au juste pour trouver ce projet si ton père s’était gardé de t’en parler ? » Le questionna Maya, toujours prompte à noter quand quelque chose ne collait pas.

« Tst, que t’importe ? » lui répondit sèchement le Jeune Prodige.

Damian était peu désireux d’aborder ce sujet. La vérité était que si son géniteur avait bien travaillé sur ce projet des « Nouvelle Gotham », ce n’était pas en fouillant au hasard les dossiers du Bat-ordinateur que Damian l’avait découvert. Mais à travers une vision de son futur, un futur sombre, sans espoirs, dans lequel il avait succédé à son père dans une Gotham damnée. Il y avait vu une version plus aboutie du projet de son père et avait par la suite découvert que celui-ci existait bien… une vision pour le futur de Gotham dans laquelle Bruce Wayne avait tenté de concevoir une Gotham qui améliorerait la qualité de vies de tout ses habitants. Mais, hormis Raven à qui il s’en était ouvert, Damian n’avait jamais évoqué cette vision à qui que ce soit d’autre. Pas même à une coéquipière aussi proche que ne l’était Maya. Cette dernière n’était pas dupe, elle savait que le Jeune Prodige dissimulait une partie de la vérité, mais elle le connaissait depuis suffisamment pour savoir qu’il ne lui en révélerait pas plus.

« Avec la disparition de père, je suis peut-être le seul à pouvoir encore donner vie à son rêve. Mais le plan est incomplet et surtout perfectible. » continua-t-il, arrachant un roulement d’yeux de la part de Maya. « Je… je veux savoir si ce projet peut réconcilier mes deux héritages… » finit-il par avouer.

« Et bien sûr, comme tu es le « seul » à pouvoir mener cette tâche à bien, je suppose que tu n’en as pas parlé à tes frères. Après tout, leur aide te serait « sans intérêts», n’est-ce pas ? » rétorqua-t-elle avec une pointe de sarcasme dans la voix face à l’égocentrisme de certaines des affirmations de Damian. « Mais je sais aussi que c’est important pour toi. Donc, même si je n’approuve pas, tu peux compter sur moi, Robin. »

Damian lui répondit avec un simple sourire en coin. Même s’il leur arrivait d’être en désaccord, Maya faisait partie des rares personnes pleinement consciente du déchirement permanent que le jeune homme ressentait entre ses deux héritages, cherchant vainement à les concilier, à se montrer à la hauteurs des attentes de ses deux familles… tout en sachant ce combat perdu d’avance. Damian était un al-Ghul autant qu’il était un Wayne… deux familles puissantes, deux familles disposant de fort standards moraux, mais deux familles aux méthodes irréconciliables. Et le jeune homme était incapable d’en renier une au profit de l’autre.

La suite du trajet se fit dans le silence. Les deux alliés étant à l’affût du moindre bruit suspect pouvant laisser présager une menace. Le dédale de Gotham était tel qu’il semblait parfois avoir été conçu par un dément, une légende voulant qu’il ait été conçu de telle manière à ce que les esprits maléfiques restent piégées dans les profondeurs et ne puissent venir hanter les vivants. Mais Damian arrivait encore à se repérer grâce aux plans dont disposait le Bat-clan… probablement les plus à jours possible.

Une crainte secrète de Damian était que Wonder City soit à nouveau occupé, que la Ligue y soit installée et ne nuise à ses recherches. C’est pour cela qu’il avait fait appel à Maya et pas aux autres Supersons. Elle avait une vrais expérience de la Ligue des Ombres et serait probablement plus à même de s’en sortir en cas de problème. Finalement, au bout d’une dizaine de minutes, les deux Supersons entrèrent dans une galerie dissimulée aux yeux des profanes qui leur permit d’émerger à l’intérieur de Wonder City.

Gotham est une ville étrange, mystérieuse ; dangereuse.
Quantité d’histoires résonnent sur son origine, sur les événements qui ont jalonné l’existence de ceux et celles qui y vivent, qui y ont souffert. Beaucoup plus sont tues, oubliées, abandonnées dans des mémoires brisées, ou des démences apaisantes pour des âmes torturées par les drames vécus.

Gotham est telle Janus, comportant constamment deux visages – positif pour les opportunités qu’elle propose constamment, pour survivre, s’améliorer, réussir et sortir de la fange ; négatif pour les dangers qu’elle impose aux inconscients qui osent tenter de la dompter.
Personne ne peut ainsi pleinement connaître Gotham. Personne ne peut réellement la saisir dans son entièreté.

Personne ne connaît tous ses secrets.
Notamment ceux cachés, dans les méandres de la ville. Dans ses artères souterraines, dans les ruines de plusieurs quartiers disparus, dans les projets de métro abandonnés, dans les catastrophes qui n’ont jamais été pleinement réparées.

Nobody et Robin essayent, cependant. Les deux jeunes héros défient Gotham et son Histoire, ainsi que son destin contraire, pour l’impossible.
Réussir. La sauver. La libérer du Mal.
La dompter ; elle et ses monstres. Elle et ses secrets, aussi. Ceux qui les mènent dans les égouts, sombres et inhospitaliers.


Ils avancent, cependant.
Ils parlent, échangent ; se rassurent l’un l’autre, au fond, et se donnent du courage. Damian Wayne mène, bien sûr. Il dirige. Il devance. Il gère.
Il assure. Notamment en l’absence de son père et, au fond, de toute figure de direction. La famille formée autour du Batman est réelle, et grande ; mais la personnalité de ce dernier est telle que ceux qui la composent sont plus habitués à suivre et réagir, qu’à oser le leadership.

Damian est différent.
Il a accepté la tutelle de son père, pour bénéficier de ses conseils – mais aussi par amour.
Mais il demeure différent des autres. Il mène. Il gère. Il prend les choses en main.
Il essaye ; de bien faire. Bonne chance à lui, au vu de sa lignée, de son futur possible… et de son environnement.

Notamment l’environnement dans lequel le duo arrive.
Wonder City.


Une ville sous la ville. Un quartier oublié, abandonné. Un projet de révolution industrielle et technologique, à la naissance d’un siècle passé, avec des promesses d’amélioration du quotidien et de soulagement des tâches ménagères.
Belle idée. Merveilleux espoir.
Abominable révélation d’une tactique terrifiante, pour s’emparer de Gotham et lui nuire, dans une approche machiavélique d’un esprit retors, fourbe, brillant mais particulièrement cruel.

Wonder City, oui.
Damian Wayne pénètre dans Wonder City… le projet de son grand-père, Ra’s al Ghul.
Vive la famille.

Le quartier a été fermé à tous du fait de la dangerosité des automates qui devaient y servir la population, et le niveau est désormais souterrain du fait de travaux d’urbanisme ayant augmenté la localisation de Gotham.
Cela a été oublié, oui. Mais préservé, dans une sorte de cocon hors du Temps ; seules les araignées et quelques nuisibles demeurent ici, dans un silence irréel et terrible.
Oppressant. Envoûtant, aussi, avec l’impression d’une photographie en dehors de toute époque.

Ce qui rend l’interpellation, la voix qui résonne et vise directement Maya et Damian, particulièrement dérangeante… et mal placée.

« L’heure du coucher des enfants est déjà passé. Votre présence ici n’est ni requise, ni indiquée. »

Une forme émerge soudain des ombres, en approchant de manière rapide… et suffisante.
Une forte arrogance s’échappe de l’homme distingué qui rejoint Maya et Damian, avec l’aura de celui persuadé d’en savoir plus et mieux que quiconque.


Ce qui n’est pas pleinement faux – en tout cas sur le nombre de connaissances contenues par l’homme élégant devant eux, qu’ils reconnaissent assurément.
Jason Blood.
Un homme doté d’un passé… compliqué. D’un esprit riche, d’une histoire extrêmement intense, de capacités extraordinaires…

« Allons, du vent, la marmaille ! Ce n’est pas un lieu pour vous, et surtout si vous portez de telles couleurs. Les vôtres sont appelés dans les cieux, à mener vos guéguerres contre les sots costumés.
A nous… à moi… le véritable travail… »

… et d’un caractère fort peu agréable, aussi. Et c’est peu de le dire.

Le première chose qui frappa l’Héritier du Démon en pénétrant dans la cité oublié, ce fût le silence. Celui-ci était assourdissant à plus d’un titre. Wonder City, la cité fondé par son grand-père sous Gotham même, semblait en grande partie intact, quelque peu délabrée, mais intact. Les vitrines des magasins disposaient encore d’articles datant d’une époque où l’âge de l’industrie n’en était qu’à ses balbutiement. Où l’homme pensait que son dominion sur la nature se ferait sans qu’il ait à en subir les conséquences. Désuet… inutile à présent.
 
Les maisons semblaient avoir été laissé telle qu’elle, comme si les habitants avaient simplement disparu d’un seul coup. De fait, il s’agissait ici d’un exemple de cité fantôme. Le rêve mort d’un vieil homme qui espérait encore permettre à l’humanité et à la nature de vivre dans un certain équilibre. Mais, à présent, seul le silence de la tombe régnait ici… ça et une odeur de renfermée multi-séculaire.
 
« Je dois avouer que… cet endroit est incroyable, même s’il me fout la chaire de poule. » admit Nobody en observant les environs avec la vision nocturne de son casque.
 
Maya était particulièrement troublée par la présence des automates gardiens. Pour ce que lui en avait raconté Damian, une telle technologie n’aurait pas dût exister à l’époque où Wonder City avait été bâtie. Et ce n’était pas le seul élément qui semblait incongrue dans ce décorum. Initialement, elle avait été dubitative quand son ami lui avait avoué vouloir trouver de l’inspiration pour Gotham en ce lieu… mais après tout, peut-être y avait-il des éléments dans la ville des morts que le benjamin des Wayne pourrait récupérer pour améliorer le sort de la cité des vivants.
 
Une voix retentit soudainement, surprenant les deux jeunes héros. Sans perdre un instant, tout deux dégainent leurs lames prêt à faire front face à une éventuelle menace. Maya et Damian n’étaient pas de simples enfants, tout deux avaient été formé pour être des tueurs, pour être en mesure de vaincre leurs ennemis rapidement avant de disparaitre… enfin, cela est surtout vrais pour l’Héritier du Démon. Sa coéquipière n’avait encore jamais pris une vie, mais son entrainement n’en demeurait pas moins une réalité et elle était déjà passé par bien des épreuves lui ayant permis de s’endurcir.
 
Néanmoins, l’homme qui émergea des ombres n’était pas vraiment le genre de menace auquel ils s’étaient attendus à faire face. Un homme mystérieux, à l’allure élégante et à l’âge indéfinissable. Il ne semblait être ni une espèce de psychotique costumé, ni un professionnel entrainé mais davantage à une sorte d’érudit, fréquentant davantage les salons et les brocantes que les champs de bataille. Il émanait néanmoins de cet être une aura certaine que même des profanes tel que Damian et Maya pouvait ressentir… peut-être grâce à leur sensibilité à la magie qu’ils s’étaient découvert durant leurs cours de Magie à la JLAcademy. Mais il y avait fort à parier que même sans cela, aucun des deux n’auraient confondu leur interlocuteur avec un homme du commun.
 
 
« Jason Blood. » finit par articuler, resserrant son emprise sur le manche de son arme.
 
Il s’agissait d’une longue lame droite, tranchante uniquement d’un côté, longue d’un peu moins d’un mètre et dépourvut de garde, mais néanmoins richement décorées. Le Fils du Batman avait opté pour une flissa, une épée comme celle que maniait les guerriers Kabyles en Algérie. Une arme noble, bien qu’il ne l’aurait pas choisi pour un duel, elle avait l’avantage d’infliger des plaie profonde tout en lui garantissant une maniabilité qui empêcherait qu’elles deviennent léthales. Face à un groupe d’ennemi, cette arme ferait des dégâts.
 
Mais s’il tenait bon face à la présence imposante de l’occultiste, il ne pût empêcher une certaine appréhension monter en lui. De son côté, Maya avait reculée d’un pas, prête à activer son module d’invisibilité si besoin. Contrairement à l’actuel Robin, elle ignorait tout de l’identité de cet homme mystérieux, mais pressentait qu’il valait mieux ne pas faire partie de ses ennemis. Un geste de la main, le Jeune Prodige indiqua à son alliée de baisser son arme.
 
« Je suppose que ça veut dire que tu le connais, Robin. S’il-te-plait, dis-mois que c’est un gentil. » répondit nerveusement Nobody.
 
« Je le connais, oui. L’une des rares personnes plus âgé que mon grand-père et un occultiste vers qui père et le reste de ses… collègues, se tournent quand il est question de démons et autre saleté du genre. Et usuellement, le rencontrer hors de sa demeure est annonciateur de mauvaises nouvelles. » expliqua le jeune homme d’un ton sérieux sans lâcher Blood des yeux, détaillant chaque mouvement de celui-ci.
 
Au non, Jason Blood était ce qu’on appelait un oiseau de mauvaise augure, un corbeau de tempête, un être qui ne venait vous voir que parce que les choses s’apprêtaient à empirer. Damian n’avait eu que peu d’occasion de le fréquenter, mais savait que son géniteur le tenait en haute estime… bien qu’usuellement, sa présence signifiait que son père demanderait à ses acolytes de se retirer et de les laisser seul. Visiblement, un être que le Chevalier Noir ne tenait pas à voir ses héritiers le fréquenter. Rengainant son arme, Damian finit par l’apostropher.
 
« Il me semble que ta présence en ces lieux et aussi questionnable que la nôtre, vieil homme. » Clama-t-il, dissimulant sa nervosité derrière son arrogance coutumière. « Je suis à la recherche de connaissance appartenant à mes ancêtres et certaines réponses se trouvent ici. Mais je ne suis pas certain d’apprécié de t’y voir rôder, toi et ton ombre… surtout par les temps qui court ».
 
L’Héritier du Démon faisait référence à la perturbation de la magie que connaissait les manieurs de sort partout sur la planète suites aux agissements de Merlin. Damian avait déjà pu découvrir de première main le danger que cela pouvait représenter, y compris de la main d’un allié. Il ne tenait pas réellement voir quel effet cela aurait sûr l’autre moitié de son interlocuteur si celui-ci venait à être invoquer.

Jason Blood se fige, à quelques mètres de Nobody et de Robin.
Sans rien dire.
Droit, parfaitement droit, comme nul être vivant ne peut se tenir aussi droit sans avoir subi pendant des années, en un temps reculé, les leçons cruelles de gouvernantes acharnées à lui inculquer les manières nobles, il demeure. Son regard est figé sur les deux jeunes êtres devant lui, abusivement enfantins dans leurs allures et dans leurs langages.

Il n’a que mépris pour leur présence ici.
Pas pour eux, cependant. Il sait reconnaître la valeur d’autrui, et a conscience du grand courage qui est le leur, de braver les interdits et de plonger dans les secrets dangereux de cette ville viciée et maudite.
Il les estime, et estime leur projet de venir ici – mais ne valide guère le fait qu’ils puissent réussir. Il attribue cela à la paresse et à l’incompétence d’environnements familiaux défaillants, et d’une éducation globale ayant fait les mauvais choix, en laissant à la jeunesse le soin de se décider pour elle.

« Humf. »

Un souffle plein de suffisance accompagne ainsi ce regard lourd et sombre.
Jason Blood les juge, oui.


Et… le verdit n’est pas en leur faveur, du haut de son pupitre de juge, jury et bourreau.

« Jeunesse rêve, vieillesse décompte, a-t-on dit.
L’héritier de la fortune salie de Gotham et de l’esprit avili de Ra’s al Ghul dit vrai, dans son évocation sobre, directe et synthétique de ma personne.
En effet, mes… sorties sont générées par des moments difficiles, des dangers tellement opaques qu’ils imposent une intervention précise et compétente. Au-delà des petites capacités des pseudos héros de ce temps décadent. »

Son ton est arrogant, évidemment. Sa posture le demeure également.

« Je prends acte de votre… recherche, d’un savoir alléchant mais qui n’a guère vocation à vous être donné.
A ce stade de vos vies et de vos esprits.
Je… ne saurais souffrir le tutoiement, venant d’un pré-pubère, et je n’accepte en rien de m’expliquer, devant un être dont la biologie n’est en rien terminée. Allons, du vent ! N’avez-vous guère quelque histoire de bonne femme à vous raconter, sous la couette ? Ou quelque nuisible costumé à frapper, pour votre amusement cruel ? »

Jason soupire, et grimace ; visiblement crispé et lassé de leur présence, et du discours incisif de Damian.
Cela veut dire que ce dernier a visé juste.

« Les temps qui courent… imposent des actions précises et adéquates. La Magie est troublée par les événements récents, et les sortilèges de votre idiot de grand-père se transforment, et transforment ce lieu. Il faut agir avant que quelque chose se déclench… »

Il se fige. Il s’arrête. Il s’interrompt.
Il est interrompu, en fait.
… par un crissement. Un crissement mécanique. Venu d’une forme qui émerge soudain d’un tournant, et se présente à eux.


Une forme métallique ; et mécanique.

« Par… la barbe de Merlin ! Cela a déjà commencé ! Ces… abominations de métal et de charbon sont vivantes à nouveau ! Les sortilèges reprennent ! »

Jason fronce les sourcils, et se crispe.
Par réflexe, ses doigts cherchent une lame à son flanc – mais ne trouvent que le vide. Il grogne, s’emporte, puis se tourne vers Damian en voyant sa propre arme.

« Damoiseau ! Ta lame, donne-la-moi ! Je saurais en faire meilleur usage, face à cette… chose ! »

Un androïde, vieux d’un siècle et qui les fixe… puis se détourne d’eux.
En crissant. En bougeant, lentement.
En se tournant, se retournant… et en partant donc. Au cœur de l’étonnante zone de Wonder City…


… où d’autres formes métalliques et mécaniques s’animent. Où la lumière s’allume.
Où la Vie… reprend…

Une certaine tension était dans l’air. Le Fils du Batman était un être fier qui appréciait assez peu la condescendance dont son interlocuteur faisait preuve leur égard. Et encore moins les insinuations concernant sa famille. Bien que dissimulé sous son masque, ses sourcils se froncèrent dans un signe de mécontentement. Une part de lui le poussait à répondre à ces « provocations » pour le remettre à sa place, mais même s’il n’avait eu que peu d’occasion de travailler avec Jason Blood, il en savait assez sur son compte pour savoir qu’il n’était certainement pas là pour la beauté du décor… et que donc la raison de sa présence en ces lieux ne devait pas être le fruit du hasard.
 
Et le Jeune Prodige écouta, sans rien dire dans un premier temps, mais déjà énervé par l’attitude de son interlocuteur. C’était le discours d’un vieil homme, qui semblait avoir bien plus en commun avec son grand-père si on devait croire ses réflexions sur l’état de décadence de ce monde, particulièrement en ce qui concernait l’éducation de sa jeunesse. Même s’il n’était pas totalement en désaccord avec cette analyse, il trouvait cela risible de la bouche d’une personne qui, quelques phrases auparavant, faisait état de son mépris de Ra’s al-Ghul ou de la fortune de la famille Wayne. Il ne put néanmoins réprimer l’un de ses « Tst » méprisant lorsque l’occultiste s’en prit à lui et son attitude. Il n’y avait aucune chance que le jeune homme accepte d’accéder à sa demande après cela, car le vouvoyer signifierait reconnaitre sa supériorité.
 
« Les sortilèges… ? » s’étonna l’Héritier du Démon juste avant que le sorcier ne s’immobilise comme ayant sentit un danger.
 
Le jeune homme savait que la Tête de Démon possédait des connaissance relativement poussé dans le domaine de l’Alchimie, de la sorcellerie et, plus généralement, dans divers savoirs d’ordre ésotérique. Après tout, une bonne partie des connaissances sur la magique que possédait l’actuel Robin lui venait directement de son grand-père. Mais ce dernier n’avait jamais évoqué l’utilisation d’autre chose qu’une science avancée dans la création de Wonder City les rares fois où il en avait parlé. Ce n’était pas un sujet sur lequel le Maitre des Ombres s’était beaucoup épanché avec son héritier. Mais à aucun moment, ni dans ce qu’il avait put en apprendre au sein de la Ligue, ni ce qu’il avait put en découvrir à Gotham, il n’avait été question d’un usage de la magie.
 
« Euh… les gars ? » émit Maya en pointant du doigt l’un des automates que commençait à s’animer.
 
En un clignement d’œil, le Fils du Batman s’était retourné, en position de combat, prêt à se battre. La manière dont il tenait son arme et répartissait son poids sur son corps trahissant immédiatement un escrimeur entrainé. L’une des création de son grand-père était en mouvement, se déplaçant d’un pas lourd, mécanique, dont l’écho donnait quelque chose de sinistre à la scène. Ces êtres qui avaient été conçu pour protéger cette ville et ses habitants, et qui étaient, selon l’histoire officielle, responsable d’un bain de sang. Pourquoi s’éveillait-il ? Pourquoi maintenant ? Et surtout… pourquoi ce robot semblait les ignorer ? Sa fonction n’était-elle pas de protéger ce lieu de TOUT les intrus ?
 
Damian se tourna l’espace d’un instant vers le démoniste, l’air interdit lorsqu’il lui demanda de lui donner son arme. Durant une fraction de seconde, le jeune homme chercha une raison d’accéder à cette demande. Il avait dû mal à faire confiance à ce type malgré l’estime que son père avait pour lui, et son attitude ne donnait guère envie de lui obéir. Mais finalement…
 
« Soit ! » déclara l’Héritier du Démon en jetant son arme vers Blood. « J’espère que tu sais t’en servir au moins. » Rajouta-t-il d’un ton sarcastique.
 
Qu’est-ce qui l’avait poussé à accéder à la demande de son interlocuteur ? Le pragmatisme. Après tout, ils étaient dans le même camps et Damian possédait des alternatives pour pouvoir se battre sans son épée. Les équipements de sa ceinture et de son costume, couplé à son entrainement, devrait pouvoir lui permettre de compenser ce désavantage… surtout qu’il était venu équiper pour ce cas de figure. Mais surtout, le Jeune Prodige ne tenait pas à voir l’autre facette de cet « allié » se manifester.
 
« Maya ! Règle tes gants soniques sur la longueur d’onde 417. Ça devrait être suffisant pour leurs causer des dommages internes s’ils s’en prennent à nous et déloger certains de leurs composant. » lui ordonna-t-il comme il en avait l’habitude en opération.
 
« Et vous liquéfier les entrailles si je vous touche par erreur, mais sinon, tu sais que j’adore travailler sous pression Robin. » lui répliqua-t-elle avec une ironie certaine. « Et pour le champ de camouflage ? »
 
« Données insuffisante, malheureusement. J’ignore jusqu’où porte leur spectre visuel, mais il ne doit pas être si perfectionné. » répondit Damian.
 
« Merveilleux. » se contenta de dire Nobody.
 
En plus de sa capacité à rester discrète, l’armement sonique de cette dernière était l’une des raisons pour laquelle Damian lui avait proposé de venir. L’armature de ces androïdes était solide, et probablement capable d’encaisser sans broncher les coups d’un hommes moyens, mais les composants mécaniques internes de ces engins, étaient une autre histoire. Les vibrations provoqué par un choc sonique avait des sens de déplacer certaines pièces, pouvant provoquer des dysfonctionnements, voir la désactivation de ces unités.
 
D’un geste, Robin signifia à Nobody de se mettre en position de part et d’autre de l’occultiste. Il se passait des choses ici, et il était peut-être le seul à avoir une vague idée de ce qui se passait ici. Et même s’il ne voulait pas de leur aide, ni Damian, ni Maya n’étaient du genre à simplement fuir le danger en laissant à d’autres le soin de régler les problèmes. L’un comme l’autre allèrent se dissimuler dans les ombres de la cité, alors que les lumières de la villes s’allumaient à nouveau, pour la première fois depuis longtemps.

Les événements s’accélèrent.
Jason Blood, arrivé dans les tréfonds de Gotham City du fait de la résurgence d’éléments, d’énergies, d’auras dans la nécropole oubliée de Wonder City, y a trouvé deux jeunes gens, qui se disent héros alors qu’ils ne connaissent guère le prix qu’un tel statut exige.
Il tente de les rejeter, de les chasser… de les protéger, de leurs ambitions trop dangereuses pour eux ; en vain.

Autant Nobody que Robin restent.
Malgré sa demande. Malgré son ordre. Malgré ses sommations.
Jeunesse indigne !
L’ancien chevalier se crispe, grogne – mais en prend acte, et s’empare de la lame adressée par Damian Wayne. Qui se révèle ainsi certes têtu, trop pour son propre bien… mais capable de discipline et de bon sens, face au danger immédiat.
C’est déjà cela.

« Damoiseau, ma lame est plus habituée à la lame qu’un ancien aux cuillères qui ont hanté toute sa vie pour sa maigre pitance.
User de cette lame, plutôt équilibrée, ce qui m’étonne pour ce temps pathétique, ne sera guère une difficulté – mais déterminer comment en sera une. »

Le visage de Jason se ferme, en effet ; encore plus qu’avant.
Autour de lui, Nobody et Robin se positionnent, se préparent… tandis que, à proximité, la Vie reprend dans Wonder City.
Plusieurs Gardiens Mécaniques s’animent. Quelques bâtiments s’allument. Et même…

Même les robots eux-mêmes sont happés, hantés, gorgés d’une lueur étrange et troublante.


Jason en grimace, et reprend d’une voix lente, suffisante ; mais qui fournit, au moins, quelques explications.

« Ils… vivent, à nouveau. Ton grand-père avait offert ces… abominations mécaniques à Gotham, dans une reprise grossière mais efficace du stratagème d’Ulysse à Troy. Cependant, son plan final de contrôle et destruction de la ville n’a pu aller au bout – car les énergies qu’il manipulait ont dépassé sa compétence. »

Piètre compétence, veut-il dire ; mais il n’en fait rien.
Il… respecte Damian, pour lui avoir transmis la lame, qu’il manipule avec fluidité et discrétion, sans la lever encore abusivement. Il fait ici un geste, en ne dénigrant pas Ra’s al Ghul.
Pas vraiment, du moins.

« Ce… pouvoir qu’il avait intégré aux… machines avait une origine scientifique – et magique. Seuls des sortilèges ont permis cette union insensée, et…
Et je crains que la Magie, troublée récemment hélas, à Atlantis, provoque cette résurgence.
Qu’il faut stopper. Immédiatement. »

Il se tourne vers les deux jeunes héros, et les fixe.
Pendant un temps… certain.


Il hésite. Il réfléchit. Il raisonne.
Il ne veut pas les intégrer à tout ceci, mais… ils s’imposent ; et ils vont rester. La jeunesse se croit immortelle jusqu’à ce qu’elle découvre la cruelle vérité du monde.
Il soupire. Il ne le veut pas… mais le Temps passe trop vite pour s’attarder. Et Wonder City menace.
Au pire… au pire, ils feront une bonne diversion.

« Il faut déterminer l’origine de cette résurgence. Suivez-moi ! »

Sans attendre, sans accepter leur présence, mais en les dirigeant, Jason Blood fait signe aux deux jeunes gens et se précipite.
Discrètement.
Il glisse entre les ombres, passe en dehors des champs de vision des Gardiens Mécaniques – et grimace, en découvrant d’autres entités.


D’autres abominations, selon lui, pour lesquelles il n’a que mépris et rejet.
Il grogne et maugréé à voix basse, et continue.
Il pénètre dans un bâtiment éclairé, passe aux côtés des Gardiens Mécaniques – et aboutit, à sa propre surprise, dans une zone plus grande. Bien plus grande.

Immense, même.


Avec, au loin, des bourdonnements. Des vibrations.
Des machines s’activent.
Gigantesques, sûrement. Puissantes. Dangereuses

Wonder City se réveillait. Toute la cité souterraine semblait s’extirper peu à peu de son sommeil multiséculaire. Au fur et à mesure, les automates sans vies, protecteur de cette ville fantôme, étaient réactivé par une force mystérieuse… de même que les mécanismes de la cité.
 
Ce spectacle avait quelque chose de terrifiant et de stupéfiant pour le Jeune Prodige. D’une part, il était impressionné par le fait que son grand-père ait pût produire une cité à ce point en avance sur son temps. Ces robots surveillants les rues et les habitants, cette ville qui semblait en grande partie automatisée pour répondre aux besoins de sa populations, le tout en veillant à ne pas trop pomper sur les ressources naturelles… même aujourd’hui, ce genre de projet restait de l’ordre de la science-fiction. Alors qu’il ait pût créer un prototype de ville-intelligente il y a plus de deux siècles de cela.
 
Par contre, Damian était également horrifié de voir que cette cité… semblait à ce point dépourvut de vie. Cela n’était pas seulement dû au fait du manque d’habitant mais pour la comparer à Gotham…. Cette dernière était peut-être une sorte de purgatoire terrestre, un cloaque de misère et de crime dans lesquels ses habitants nageaient dans le désespoir, mais si noire soit son âme, elle en avait une. Gotham était une ville vivante, par les actions de ses habitants, elle évoluait, s’adaptait, se transformait avec me temps. Wonder City, pour ce que l’Héritier du Démon avait pût en voir, était quelque chose de mécanique, dépourvut d’existence propre hormis celle de l’objectif, quel qu’il soit, pour lequel elle avait été conçut. Quelque chose en lui espérait qu’il en verrait plus, que son grand-père n’avait pas désiré tout contrôler au point de piéger ses habitants dans une sorte de stase où ils se contenteraient de vivre une vie sans jamais tenter de la changer.
 
« Je serai curieux de voir cela. » répliqua-t-il d’un ton amusé quand l’occultiste l’assura de sa capacité à manier la Fissa qu’il lui avait donné.

« Robin, il serait peut-être sage d’attendre la fin de la mission avant de lui proposer de faire un assaut. » lui chuchota Maya, sachant pertinemment ce que son ami avait en tête.
 
Il était vraiment que, quelque part de dans l’esprit du jeune héros, se trouvait le désir de mesurer son talent à celui de son interlocuteur, surtout après les affirmations de ce dernier. Damian faisait partie des plus fines lames de la Ligue des Ombres, avec la Tête de Démon lui-même et peut-être une poignée d’individus pouvant prétendre le surpasser dans ce domaine. Mais Jason Blood était un homme, un chevalier de l’ancien temps, qui avait cumulé presque un millénaire d’expérience. Aussi, le Fils du Batman était curieux de voir qui de son talent ou de l’expérience de Blood l’emporterait. Mais cela n’allait certainement pas le distraire de sa mission.
 
Le groupe progressa dans les ruelles de Wonder City, restant dissimulé dans les ombres et évitant d’attirer l’attention des gardiens mécaniques de la ville. Nobody était visiblement nerveuse, observant régulièrement ce qui l’entourait et le corps tendu prêt à bondir en cas d’imprévu. Il était évident qu’elle ne demanderait rien de mieux qu’être loin de cet endroit, mais elle était restée pour Damian, parce qu’elle savait qu’il était important pour lui de trouver des réponses à ses questions… de trouver s’il était possible de rendre compatible ses deux héritages sur au moins une chose.
 
Le Jeune Prodige remarquait également que son amie était plus méthodique dans sa façon de rester vigilante, que sa surveillance était moins erratique… à traquer le moindre bruit mais plutôt à déceler les endroits d’où le danger pouvait venir… l’entrainement que le grand-père de Maya avait fait passer à cette dernière semblait porter ses fruits. Pour sa part, le Fils du Batman affichait une attitude bien plus calme, concentrée sur la route à suivre. Il avait depuis longtemps apprit à se fier à ses autres sens pour l’avertir en cas de danger et pouvait donc se concentrer sur ce qui se trouvait devant lui. Son ouïe, son odorat… même simplement les mouvements de l’air lui offraient nombres d’informations utile sur ce qui l’entourait.
 
Mais ce qui l’inquiétait davantage, c’était les automates, la lueur qui émanait d’eux avait quelque chose de familier. Une lumière spectrale, irréelle. Le jeune homme avait tourné lentement son regard vers le démonologue lorsque ce dernier évoqua les projets de son grand-père… on ce qu’il en savait.
 
« Grand-père a toujours clamé avoir créé cette ville par la science du Lazare. Qu’il avait voulut offrir à l’humanité une alternative à l’industrialisation de masse et la destruction de la nature qu’elle impliquait. » répliqua l’Héritier du Démon, légèrement cassant.
 
C’était ce qui lui avait été conté lorsqu’il était le Prince des Assassins : Wonder City, l’expérience du grand Ra’s al-Ghul pour offrir un avenir à l’Homme, pour le détourner du chemin que l’industrialisation, le capitalisme et l’impérialisme le faisait emprunter. Mais que les hommes n’étaient pas près pour ce don. Damian avait du mal à comprendre… ou peut-être ne voulait-il pas comprendre, ce que son grand-père aurait eut à gagner en tentant de détruire Gotham à l’époque. Quand Gotham n’était qu’une ville parmi d’autre sur la côte Est du continent américain. Quand elle n’était ni ce lieu de ténèbres où les mauvaises pulsions des hommes prenait forme, ni encore l’incarnation de cette société moderne qu’il méprisait tant.
 
Et pourtant, le spectacle qu’il avait sous les yeux avait quelque chose de sinistre. La cité était bien plus grande qu’il n’avait pût l’imaginer. Et elle était remplie des création mécanique de son grand-père. Ce dernier avait-il joué aux apprentis-sorcier en tentant de mêler magie et science dans une union impie ? Est-ce que son expérience avait réellement échoué à cause des habitants de ce lieu ? Ou son plan était-il voué à l’échec dès le départ ? Même les années passées auprès de son père, le Chevalier Noir de Gotham, n’avait pas pût ôter la conviction du jeune homme que l’idéal de Ra’s al-Ghul était noble, que ce dernier souhaitait au final le bien de l’humanité autant que celui de la planète… même si Damian n’approuvait plus les méthodes qu’il employait pour y arriver.
 
Mais le spectacle de Wonder City lui révélait qu’il ignorait encore tellement de chose par rapport à son grand-père, aux rêves qu’il avait nourrit pour l’avenir de ce monde. Il était venu ici, espérant trouver ici, dans le modèle de cité que son grand-père avait expérimenté, des éléments qu’il pourrait utiliser pour perfectionner le projet que son géniteur avait rêvé pour Gotham. Une façon de prouver que les Wayne et les al-Ghul pouvait s’unir sur certains points… ne serait-ce qu’une fois. Il avait espéré que la « technologie du Lazare » mit au point jadis par son illustre ancêtre, pourrait contribuer à soigner Gotham. Mais il devait à présent reconnaitre que… il ignorait même la nature de celle-ci.
 
« Robin… ? Tu es avec nous ? » lui murmura Maya en lui posant la main sur l’épaule.
 
Bien que les traits de son visages soient dissimulés par son masque, il était évident que Nobody était inquiète. Damian s’arracha à sa rêverie, alors que la cité semblait plus active que jamais et que ses immenses mécanismes rentraient en actions pour un objectif mystérieux. Damian jeta un dernier regard, visiblement dégoûté, à une statue représentant une chouette ornant la façade d’une des résidence désormais vide. Cela lui rappelait que, déjà à l’époque, la Cour des Hiboux hantait Gotham, comme une tumeur grandissante… mais ce genre de symbole était très courant dans le folklore de Gotham, encore aujourd’hui. Retournant auprès de Jason Blood, Damian resta un instant silencieux, perdu dans ses pensées, mais néanmoins toujours attentifs à ce qui se passait.
 
« Pourquoi ? » finit-il par demander. « Vous dites qu'il a utilisé ces... choses, comme cheval de Troy. Mais quel était l’objectif de la Tête de Démon en bâtissant tout ceci ? » Il savait que la réponse ne lui plairait pas. Une part de lui souhaitait simplement ignorer les élucubrations de ce vieil homme… mais il ne voulait pas se contenter de rester prisonnier d’une seule version de l’histoire. Il fallait qu’il comprenne.

Ils avancent.

Ils avancent au cœur des bas-fonds de Gotham City, dans les sous-sols de la ville, dans ses niveaux désormais inférieurs mais qui, jadis, étaient tout en haut. Au faite de sa force et de sa gloire.
Les choses changent ; grandeur et décadence, peut-on dire.
Damian Wayne peut commencer à en prendre conscience, alors qu’il découvre la taille de Wonder City – ainsi que les secrets de sa famille, les vérités enfouies ou détournées… et même les informations biaisées données par son guide involontaire, qui l’amène avec Nobody dans des zones sombres et lourdes.


Ils sont discrets. Ils sont efficaces.
Ils ne sont ni vus, ni détectés. Ils passent derrière les Gardiens Mécaniques, ils passent à proximité de machines immenses, vieilles de plusieurs décennies – mais qui fonctionnent. Mais qui refonctionnent, plutôt.

Ils avancent. Ils poursuivent leurs découvertes, et… Robin se perd, un peu.
Dans ses pensées. Dans ses doutes.
Dans ses craintes, et dans ses espoirs. Nobody le remarque, l’interroge. Damian tente de faire avec, et… il cède.

Il cède à l’envie. Il cède à la pulsion. Il cède au besoin.
De savoir.
Il demande, alors. Il se tourne vers Jason Blood… et demande, en osant se confronter aux réponses qui pourraient intervenir – et changer une partie de sa vision de lui-même, et des siens.

« Mmh. »

Son interlocuteur souffle, alors. Il grogne, un peu. Il grimace.
Il avance d’un pas rapide, et n’apprécie guère de devoir s’arrêter, là. Il est pressé, il a une crise à gérer, il… il se fige, cependant.
Il voit. Il voit Damian. Il voit… l’enfant, qui lui parle ; qui l’interroge.


Il soupire, légèrement.
Il se fixe sur Damian, et… s’apaise, quelque peu. Il voit le trouble, il sent la pression du jeune homme. Il comprend, un peu.
Ses besoins. Ses envoies. Ses pulsions.
De réponses. De lever les mystères.
Lui aussi a eu cela… et a rencontré des portes fermées ; des interlocuteurs refusant de l’éclairer. Il a fini par trouver lui-même, et… il s’en est mordu les doigts.

Il ne veut pas que d’autres subissent cela.
… même si cela doit lui faire perdre du temps. Hélas.

« Fortune et gloire. Evidemment. »

Sa réplique est froide ; très froide.
Il s’en rend compte, et module sa voix pour la rendre un rien moins désagréable. Un tout petit moins.

« J’ignore… ce que tu sais de ce lieu. Permets-moi un résumé rapide.
Durant le XIXe siècle, Ra’s al Ghul a visité le continent nord-américain et a débarqué dans la ville de Gotham, déjà rongée par la pègre et le crime. Il aurait pu, il aurait dû ne pas y demeurer – mais un élément l’a fait poser ses guêtres en ces terres.
Un être, aussi. Un élément, un être, un lieu.
La tragique histoire de Cyrus Gold, cet être fourbe et mauvais qui, lors d’une chute organisée durant son assassinat dans le Slaughter Swamp, a été pris dans un maelstrom d’éléments chimiques présents naturellement dans le marais… modifiés, transformés, modulés par la puissance électrique pure d’une nuit d’orage, dont les éclairs ont frappé la zone.
Cyrus Gold est mort ; Solomon Grundy est né.
Ra’s al Ghul a été… frappé par cet événement, et les liens avec les Puits de Lazare. Il a décidé de s’installer ici, certainement pour tenter de se constituer une réserve dans les cas où les Puits seraient vides. »

Il acquiesce gravement. Cela correspond pleinement aux stratégies habituelles de la Tête de Démon, en effet.

« Et il y est parvenu.
Cependant, il avait besoin de demeurer ici, pour rester au contact du marais et surveiller ses découvertes. Il a alors acquis auprès des autorités lâches et corrompues de Gotham la zone de Wonder City, et… ses rêves de grandeur l’ont dépassé.
Ra’s al Ghul a voulu dompter le crime de la ville. Il a voulu prouver, se prouver, qu’il pouvait parvenir à stopper le crime dans Gotham – en disciplinant la cité.
Il a alors mis en œuvre des moyens scientifiques, pour… dompter la puissance du marais et de l’orage. C’est là où je parle, j’évoque les sortilèges – car je ne vois que la Magie, et notamment la Magie Noire, pour parvenir à mobiliser ainsi une telle puissance.
Il a construit une Tour, puis le quartier de Wonder City. Il a dompté cette force impie, afin de la transmettre à ses sbires automatiques, et… »

Jason Blood se fige, encore ; et grimace, lourdement.

« Cela s’est mal passé. Evidemment. Et… je crains que tout cela recommence, aujourd’hui. »

Il lève le bras – et pousse ainsi une paroi, un mur qui s’ouvre.
Quelque chose se révèle, derrière.

Une autre salle obscure, souterraine.


Remplie d’éléments chimiques, de mixtures, de formules…
Et tout est actif.
Tout est à nouveau actif, au cœur de Wonder City !

Le Jeune Prodige écouta attentivement les réponses que lui fournissait Jason Blood. Cela ne l’empêchait nullement de monter une garde vigilante, surveillant les mouvements des gardiens mécaniques de la cité. Lui, tout comme Maya, étaient prêts à intervenir dès l’instant où l’un de ces automates poserait le regard dans leur direction. Après tout, Wonder City semblait remplie de ces choses, et en combat frontale, leur groupe pourrait être rapidement submergé.
 
Le Fils du Batman fixa un moment son interlocuteur lorsque ce dernier évoqua le sort peu enviable de Cyrus Gold. L’histoire de ce dernier n’était pas inconnue du jeune héros, bien qu’il connaisse davantage cet être sous le nom de Solomon Grundy. Mais le fait que l’existence même de ce zombie des marais puisse être la raison première de la présence de son grand-père dans l’ancienne Gotham… commençait à lui faire entrevoir la vérité. Mais si cela était bel et bien lié à la nature des puits de Lazares… se pourrait-il que… ? Damian préféra le garder le silence, éviter de sauter sur des conclusions hâtives.
 
« Comme quoi, il y a des trucs qui ne changent jamais, surtout à Gotham. » commenta Nobody lorsque l’occultiste eut terminé son récit.
 
Il était vrai que, d’après les dires de leur interlocuteur, il semblait que Gotham et ses autorités avaient déjà une triste réputation plus d’un siècle avant la mort des grands-parents de Damian… qui était souvent marqué comme l’instant fatidique incarnant le basculement de la cité dans son « âge sombre »
 
Pour sa part, l’Héritier du Démon demeurait pensif, analysant les informations qu’il venait de lui être donnée. Le démoniste situait la venue de Ra’s al-Ghul à Gotham au début du XIXème ce qui le plaçait soit à l’époque où Solomon Wayne était juge et jetait les bases de la Gotham moderne, soit à celle d’Alan Wayne et du maire Théodore Cobblepot.
 
Ce dernier était encore aujourd’hui vu comme le plus important dirigeant de l’histoire de la ville, celui à l’ombre duquel tout les autres doivent mesurer leurs accomplissements. Le maire Cobblepot s’était allié à Alan Wayne ainsi qu’aux familles Kane, Elliott et Crowne pour former une alliance entre les cinq familles fondatrices de la ville et initier la période qui était perçu comme l’âge d’or de Gotham. L’époque où la cité était devenue une métropole industriel et l’un des cœurs économique de la côte est. L’époque où elle avait surpassé sa ville jumelle, Blüdhaven, qui avait pour sa part échoué à négocier le virage de la révolution industriel et n’était resté qu’un port de pêche dans l’ombre de Gotham. Elle avait aussi surpassé son autre ville sœur, Métropolis, qui devrait attendre deux siècles et l’émergence de la LexCorp pour prendre à nouveau l’ascendant sur Gotham.
 
Et bien que cette période marquait également le premier accrochage connu des Wayne avec la Cour des Hiboux le portrait que dressait Blood de cette période semblait étonnamment sombre. Peut-être que c’étaient les actions du juges Solomon Wayne, puis celles des « Cinq Grandes Familles » qui avaient permit à Gotham de revenir de cette période durant laquelle la Tête de Démon s’était installée sur le Nouveau Monde ? Peut-être aussi que l’obsession qu’éprouvait son auguste grand-père pour Gotham tenait autant de ce qu’elle incarnait, en tant que parangon de ce monde moderne qu’il abhorrait, que le fait que cette ville incarnait pour lui l’un de ses plus grands échecs ? Cela mériterait réflexion.
 
 Une fois qu’il eut finit, l’ancien chevalier arthurien activa un mécanisme qui révéla un passage secret. Celui-ci débouchait sur une salle sombre, éclairé uniquement par la lueur maladive d’une eau étrange contenu dans un immense bassin. De nombreuses machines semblaient puiser leur énergie directement dans celui-ci, mais ce n’était pas ce qui interpellait le plus le Fils du Batman.
 
« Un puit de Lazare primordiale ? Ici, à Gotham ? » s’étonna-t-il à voix haute.
 
Les puits de Lazares, le secret de la longévité et de la puissance des al-Ghul. Nombres étaient ceux qui avaient tenté d’en percer les secrets, peu y étaient arrivé, et aucun n’avait survécut à la Ligue des Ombres. Ces puits contenant un pouvoirs tel qu’ils pouvaient ramener un mort à la vie si on y émergeait le cadavre, soigner les blessures les plus graves, rajeunir le corps et l’esprit, doter l’individu immergé des capacités supérieurs à celles de l’espèce humaine. Mais qui en prélevait également un prix sur la santé mentale… et peut-être même l’âme de quiconque faisait appel à leurs pouvoirs.
 
Damian tourna la tête vers ses compagnons du moment, visiblement partager sur ce qu’il devait révéler. Mais Maya était l’une des personnes pour lequel il éprouvait la plus grande confiance quant à Blood… disons que l’Héritier du Démon lui devait quelques explications en remerciement de celles qu’il avait daigner lui donner.
 
« La plupart des puits de Lazares qu’utilise la Ligue sont issue du savoir alchimique de ma famille. C’est un procédé complexe, nécessitant une très grandes maitrise et qui doit être fait en des lieux et des moments précis en fonctions de l’alignements de certains corps célestes et des courant telluriques de notre planète. » commença-t-il à expliquer. « Mon grand-père met un point d’honneur à en produire dès que les conditions sont réunies puis s’applique à les dissimuler et les faire protéger par la Ligue. Mais usuellement, cela ne produit qu’un puit à usage unique, aussi cherche-t-il à préserver secrète leur location autant que possible. »
 
Cela était vrais. Son propre père avait un temps chercher à traquer et détruire ces puits dans une croisade personnelle contre la Tête de Démon. Il en avait certes scellé quelques-uns mais il était très loin de tout ceux que Ra’s al-Ghul avait pût produire dans son millénaire d’existence. Malgré tout, le Lazare était définitivement une ressource que la Ligue n’était pas disposée à gaspiller inutilement ni à partager avec quiconque.
 
« Cependant, et je m’apprête à vous révéler un secret encore mieux garder que l’existence de ces puits, il existe un poignée de puits de Lazare « Primordiaux ». Il s’agit de bassins comme celui-ci, mais qui n’ont pas été fait par la main de l’homme. C’est le hasard de la nature qui les à créé et il en résulte de puits de Lazares particulièrement rare et puissant. Non seulement, leur pouvoir ne disparait pas après une seule utilisation, mais ils disposent chacun de propriétés uniques et parfois dangereuse. Aussi, la Ligue préfère les utiliser pour d’autres usage que ceux que peut remplir un puit « classique ». » finit-il d’expliquer.
 
Certains donnaient accès à des savoirs innées d’une très grandes valeurs, d’autres effaçaient la mémoire de ceux qui s’y baignaient, certains étaient sensé offrir une sorte « d’invincibilité », d’autres n’étaient que de puissantes réserves de magies… il était très compliqué de déterminer ces propriétés uniques et le prix qu’il fallait payer pour celles-ci. Souvent, les légendes de jadis étaient la meilleurs source d’informations mais elles étaient souvent déformées à force d’être répétées trop souvent par trop de bouches différentes. Toujours était-il que même le Batman ignorait l’existence de ces « puits primordiaux » et ce même s’il en avait déjà croisé sans le savoir.
 
« Tout cela est très intéressant… mais d’un, est-ce que tu saurais quel est le rôle de ce bassin en particulier ? Et de deux, il serait peut-être bon qu’on se bouge. C’est peut-être une coïncidence, mais les boites de conserve sont d’un coups très agitée. » fit remarquer Nobody d’un voix qui laissait passer son inquiétude alors qu’elle avait activé son champ de camouflage.
 
Tandis que Blood et Damian s’étaient engagé dans le passage menant au puit, Maya était restée en arrière garde pour conserver un œil sur les gardiens de Wonder City. Et elle avait remarquer que ces derniers étaient devenus d’un coups très actif à l’instant même où Blood avait ouvert la porte de la chambre secrète.

Jason Blood reste silencieux, alors que Robin encaisse ses révélations – et les confirme, les nourrit même avec ses propres observations, ses explications.
Par respect.
Il a conscience de l’ego de la famille de Damian Wayne. Il a déjà croisé, combattu et débattu avec Ra’s al Ghul ; un homme intense, autant estimable que méprisable. Il sait que les informations complémentaires libérées ainsi par le jeune homme lui sont difficiles, car il est intégré dans son éducation et son essence de conserver les secrets en famille.

Il est… agréable pour Jason de découvrir que Damian sait s’extraire de la tradition de sa famille maternelle, pour s’ouvrir à ses alliés.
Cela surprend, cela détonne ; également via ce qu’il sait de sa famille paternelle.
Peut-être… peut-être, alors, que ce jeune homme peut définitivement sortir de la fange où ses familles se sont abandonnées au fil des années, des âges. Peut-être qu’il peut être meilleur.

Peut-être qu’il peut être digne de foi.
Peut-être.
En tout cas… en tout cas, Jason Blood apprécie ces révélations, et cet échange. Il acquiesce gravement, avec un visage froid – mais légèrement moins agressif qu’avant, cependant.


« Des éléments… intéressants, en effet. Merci, jeune homme, pour cet éclairage. Il est heureux de voir un héritier de la Tête du Démon et de la Chauve-souris qui transmet des informations, plutôt que de les retenir. »

Il hoche la tête ; dans le jugement, encore. L’on ne se refait pas.

« Je rejoins cependant ta bonne amie : aussi enrichissante que soit notre visite ici, nous ne pouvons pas demeurer plus longtemps dans la découverte des secrets anciens de ta famille.
La situation empire. Les Gardiens Mécaniques s’animent, et… il est certain que l’essentiel de leurs actions se concentre dans le cœur de Wonder City. »

Jason relève les yeux vers l’une des rares ouvertures de ce laboratoire souterrain. Une fenêtre, un soupirail même, donnant au cœur de Wonder City – et montrant l’un des éléments les plus hauts, les plus imposants, les plus épatants de la zone, du quartier.
Un bâtiment. Un immeuble.


Une tour.
Qui soudain s’anime. Qui soudain se révèle. Qui soudain s’électrise.
Qui soudain porte une lumière imposante, étouffante sur Wonder City.

« La Wonder Tower est le cœur de cette ville dans la ville. Nous avons identifié ici le laboratoire du Puits de Lazare… je pressens que les moteurs qui raniment la cité souterraine sont dans la Wonder Tower.
Quelqu’un s’y trouve, cependant. Une intelligence est à l’œuvre, et active les Gardiens Mécaniques.
Nous devons nous presser. »

Il se met en marche.
Sans un regard en arrière, sans une hésitation. Jason Blood quitte le laboratoire impie, passe dans des couloirs sombres – et émerge dans les ruelles de Wonder City.
Avec la fluidité de l’habitude ; de l’homme qui sait.

Il ralentit sa cadence rapide, cependant, et grimace. En levant sa main vers Nobody et Robin.
Par réflexe.

« Ils… ils s’animent, en effet. Tous. »

Tous les Gardiens Mécaniques.


Même ceux figés dans les ombres. Même ceux bloqués… pour leur dangerosité.

« Nous devons nous hâter. Vite ! »

Il court, alors. Il court.
Au cœur de Wonder City. Au cœur des ruelles brisées. Au cœur des avenues détruites.
Vers la Wonder Tower… et ses secrets !

« Je fais usage des informations à ma disposition selon les besoins de la mission. C’est ni plus, ni moins ce que l’on m’a apprit. » réagit le jeune homme au commentaire de l’occultiste concernant après qu’il ait partagé les informations qu’il avait.

Même si son interlocuteur l’avait probablement entendu comme un compliment, ce commentaire revenait à critiquer son père ET son grand-père, les deux personnes auxquels l’actuel Robin aspirait le plus à ressembler. Et même s’il savait que l’un et l’autre étaient fondamentalement avares en information, y compris avec leurs alliés les plus proches, le jeune homme voulait continuer à croire qu’ils le faisaient bien à dessein et non pas pour une sorte de culte maladif du secret. Même si cette attitude à son égard l’avait toujours frustré, il en avait conclut qu’il n’avait simplement pas encore suffisamment fait ses preuves pour avoir leur confiance.
 
Mais la vérité, malgré ce qu’il venait d’affirmer, c’était que même si on l’avait bel et bien initié au principe « que le savoir était le pouvoir », à l’importance de conserver ou révéler des informations selon les besoins de sa quête… et toujours de manière parcimonieuse, il en avait révélé plus qu’il ne l’aurait voulut. Le choc de la découverte à laquelle il venait d’assister l’avait quelque peu secouer… et maintenant il venait de révéler l’un des secrets les mieux garder de la lignée des al-Ghûl. Et même s’il n’en laissait rien paraitre, intérieurement Damian se maudissait cet instant de faiblesse.
 
Actant les déclaration de Nobody, le groupe se remit en marche, Jason Blood les guidant toujours plus profondément dans les entrailles de la cité. D’un signe de tête, le Jeune Prodige signifia à son amie qu’ils continuaient. Maya aurait volontiers soutenu la proposition d’un replis stratégique avant qu’ils ne soient définitivement encerclé, mais il était hors de question qu’elle laisse le Jeune Prodige se démerder tout seul.
 
L’Héritier du Démon était néanmoins parfaitement conscient du danger et n’avait aucune intention d’être prit de court. Fouillant dans sa ceinture, il en sortit une série de petites billes qu’il montra d’un geste discret à Nobody. Puis, durant leur progression, il les jetait en plusieurs endroit d’un geste expert. Ces petites billes étaient en fait des détecteurs. Ils lui permettrait de savoir en permanence si des ennemis marchaient sur leurs pas, leur coupant la retraite. Wonder City était un lieu bien plus dangereux qu’il ne l’avait initialement anticipé… mais pas assez pour le faire reculer pour peu que ce soit possible.


Bientôt, ils furent en vue du bâtiment au cœur de de la cité dissimulée, la Wonder Tower.

« La Wonder Tower ? C’est pas cette espèce de tour Eiffel qui sert d’attrape touriste à Sheldon Park ? » interrogea Nobody à voix basse.
 
« Ils y ont récemment installé un restaurant sur la promenade panoramique, mais en effet. Une sorte de relique que la ville à conserver de son exposition universelle. » répondit le jeune homme.
 
L’exposition universelle de Gotham, un vrais épisode de l’histoire Gothamite source de nombre d’histoire rocambolesque. Les Chronique de la ville évoquait notamment la tentative d’un certain « Maitre du Future » de perturber l’évènement et de s’en prendre à la ville, mais sans guère de détail. Cela avait donné quelques airs populaire et ce « Maitre du Future  » avait même été présenté comme l’antagoniste de plusieurs œuvre se passant à Gotham. Avec ce qu’il avait apprit, le Fils du Batman se demanda si ce « Maitre du Future » Pourrait en fait être une des identités revêtu par son grand-père à travers les siècles.
 
Toujours était-t-il que la Wonder Tower était une relique du passé… mais peut-être constituait-elle le lien avec la surface de Wonder City, l’antenne lui captant l’énergie nécessaire à son fonctionnement. Il était vrais que cet endroit avait souvent attiré les amateurs de mystères, curieux des étranges mécanismes présent dans l’édifice, et dont personne ne semblait connaitre l’utilité.
 
« Et je suppose que vous avez des soupçons sur l’identité de la personne derrière tout cela ? » devina Damian, veillant toujours à rester aussi dissimuler que possible dans les ombres.
 
Les candidats les plus plausible étaient bien entendu les membres de sa propre famille. Ra’s était le concepteur de cette endroit, probablement l’être à en connaitre tout les secrets. Il faisait donc un suspect crédible. Sa mère pouvait également être impliquée, Ra’s lui ayant révélé bien des secrets de son passé, ce pouvait-il que Wonder City en fasse partie ? Au fond de lui, le jeune espérait qu’il n’aurait pas une nouvelle fois à croiser le fer avec les siens, ce genre de rencontre étant toujours très lourde émotionnellement pour lui. Mais ils étaient les suspects les plus évidents.

Certes, il en existait d’autres. L’homme-mystère notamment. Nygma avait déjà, par le passé, fourrer son nez dans les affaires de la Ligues, utilisant même un puit de Lazare sans que les Ombres ne le découvre. Amateur d’énigme comme il l’était, Wonder City devait représenter tout autant un beau casse-tête à résoudre qu’une opportunité à saisir. La Cour des Hiboux hantait Gotham depuis presque sa fondation, et se dissimulait derrière chaque pierre de la cité. Il y avait des chances réel qu’elle ait connaissance de cet endroit, peut-être même que Ra’s ait dût composer avec cette vermine.
 
Dans tout les cas, et qu’importe l’identité du responsable, Wonder City se réveillait. De plus en plus de ses mécanismes reprenaient vie, tandis que ses gardiens mécaniques envahissaient les rues toujours plus nombreux. Il était plus qu’évident qu’ils allaient devoir se battre s’ils voulaient sortir d’ici.

Ils arrivent, ainsi.
L’étonnant trio, improvisé et formé à contre-cœur avec un Jason Blood qui continue de considérer l’intervention des deux jeunes super-héros comme inadéquate, même s’ils se révèlent utiles et pertinents, arrive à destination.
La Wonder Tower.
L’immense structure, qui trône au cœur de Gotham City, et défie tous les autres immeubles, tous les bâtiments conçus via une architecture étrange et impie, dépasse même Wonder City.


Les gens la connaissent encore.
Sans savoir son lien avec Wonder City.
Les gens voient dans cette tour un des éléments de Gotham, une des curiosités de la ville. Des événements y sont toujours organisés – des réceptions, des anniversaires, des visites générales.
Les gens y viennent. Les gens passent devant, devant ce qu’ils pensent être l’entrée, la base de la tour. Ils se trompent.

La base de la tour est en bas.
Dans les profondeurs. Dans les sous-sols. Dans les niveaux anciens de Gotham.
Dans Wonder City.
Où les piliers, les fondations même de la Wonder Tower existent… et continuent de tenir le bâtiment.

Le trio y arrive.
Les deux jeunes super-héros et Jason Blood parviennent à l’un des piliers de la Wonder Tower, en ayant évité les Gardiens Mécaniques et leurs comportements erratiques, dangereux.


La structure métallique est intense, épatante ; troublante.
Jason Blood se fige devant, et acquiesce gravement aux mots, demandes d’un Damian Wayne discret dans sa volonté de laisser des détecteurs et capteurs ; sans cependant échapper au regard acéré de l’immortel, qui a intégré l’idée et la considère même pertinente. Sans le lui dire, bien évidemment.

« Des pistes. Des hypothèses. »

Sa voix est lente, froide. Son regard est figé sur le pilier de la Wonder Tower.
Il glisse ses mains dans les poches, et inspire ; parlant doucement, mais laissant surtout son sens de l’observation intégrer ce qu’il voit, et chercher des indices.
Pour agir. Vite et bien.


« Il est… pertinent de considérer que la résurrection de Wonder City ne peut venir que d’une personne ayant les connaissances pour.
Déjà, cette personne doit connaître Wonder City ; ainsi que son fonctionnement, le cheminement de sa mécanique.
Cela… réduit le champ des possibles. »

Il soupire, lentement. Lassé, vraiment, de devoir évoquer l’évidence.

« Je ne pense pas que votre grand-père, ou votre mère, soient responsables. Nous le saurions déjà. Nous le sentirions déjà.
Cependant… ah.
Vous n’êtes pas sans ignorer que… Ra’s al Ghul a eu plus que Talia comme enfant. Et si celle-ci a toujours eu sa préférence, les autres… les autres demeurent avides de l’attention et de l’affection de la Tête de Démon. Au point de vouloir ressusciter et finaliser une expérience passée… »

Jason se tourne vers Robin et Nobody, et acquiesce froidement.

« Cela le confirme. Ils… le confirment. »

Ils ? Oui.
Des êtres émergent, dans le pilier de la Wonder Tower. Des formes. Des hommes.
Des… ninjas.


Des ninjas, dont l’allure ressemble à celle de la Ligue des Ombres – mais avec une tenue différente. Une tenue blanche !
Ce sont… des ninjas blancs qui se présentent, et approchent agressivement de l’étonnant trio !

L’ancien magicien évoqua ses propres hypothèses concernant l’identité celui qui était responsable de l’éveil de la cité enfouis. Le jeune homme fixa un instant son interlocuteur d’un air interdit. Si ce dernier semblait écarter la possibilité que sa mère ou son grand-père soit à l’œuvre ici… c’était surtout le fait qu’il semblait faire échos aux propres pensées du Jeune Prodige. L’espace d’un instant, Damian envisagea sérieusement la possibilité que Jason Blood soit occupé à lire dans son esprit, élevant instinctivement ses défenses mentales pour tenter de prévenir cette intrusion. Cela faisait bien longtemps qu’on lui avait apprit à faire cela, autant pour se protéger d’éventuels psychique que parce qu’il s’agissait d’une manière de renforcer son esprit. Mais dans l’idéal, un séance de méditation préalable permettait des résultats plus probant.
 
Cependant les dernières paroles du démoniste éveillèrent l’intérêt de Damian. Il évoquait le fait que Talia, sa mère, n’était probablement pas l’unique progéniture que la Tête de Démon aurait créer durant sa très longue existence.

« Tst, bien sûr que je le sais. Je connais l’histoire de ma famille. » répliqua Damian sans réellement désirer épiloguer sur la question… et surtout, reconnaitre qu’il en connaissait surtout la version officielle qu’on lui avait conté et qui différait probablement de la vérité.
 
L’exemple le plus tristement célèbre était celui de Nyssa Raakto, sa tante. Elle avait jadis occupé une position semblable à celle de sa mère, comme enfant favorite de la Tête de Démon. Il lui avait même confié des secrets que même sa mère ignorait et Nyssa était connu pour son expertise concernant les puits de Lazare. Elle s’était néanmoins détournée de son géniteur et avait cherché à mener une vie loin de la Ligue. Par la suite, victime du cauchemar concentrationnaire du Troisième Reich, elle était sortie métamorphosée de cette épreuve. Revenant avec un savoir que même la Tête de démon ignorait… celui de réutiliser un puits plusieurs fois. Damian en ignorait les détails, il savait seulement qu’elle s’en était prit à sa mère, qu’elle l’avait forcé à rallier sa cause, pour ensuite s’en prendre à Ra’s al-Ghul lui-même. Néanmoins, sa mère avait toujours dissimulé son existence à sa sœur, craignant qu’elle ne tente de l’éliminer.


Un autre cas était celui d’Arkady Duval. Ce dernier était un fils de Ra’s al-Ghul à l’époque de la conquête de l’Ouest Américain. Son histoire était surtout contée en avertissement, car ce membre de la lignée des al-Ghul avait bien mal fini. Brutal, cruel, zélé… bien qu’il ait tout fait pour tenter de plaire au maitre de la Ligue, ce dernier fût davantage dégoûté par la faiblesse morale de son fils. Arkady n’hésitant jamais à abuser de son pouvoir et étant connu pour certains goûts que son propre père réprouvait. Finalement, il fût abandonné par Ra’s lorsqu’il échoua à contrer quelques héros venu à sa poursuite... mettant fin aux plans de la Ligue de s’emparer d’une partie du continent américain.


Ce n’était là que deux exemples parmi les dizaines d’enfants que Ra’s avait eût. Cette engeance qu’il avait tour à tour utilisé pour ses plans, tenter de façonner pour assurer l’avenir de sa Ligue et de sa lignée. Parfois chéris, parfois méprisé. Parfois loyaux jusqu’à donner leur vie, parfois fourbe et espérant lui arracher le pouvoirs, parfois désabusé et essayant d’échapper à son emprise, parfois simplement heureux de contribuer à ses plans. Mais aucun n’était jamais parvenu à fournir à Ra’s l’Héritier qu’il cherchait pour prendre sa place. Aucun d’entre eux ne semblait suffisamment trouver grâce à ses yeux pour qu’il lui donne la possibilité de prendre sa suite.
 
Il en était néanmoins un qui se distinguait des autres. L’un de ses enfants qui lui était resté loyal durant plusieurs siècles sans jamais tenter de se retourner contre lui. Un des enfants du Démon que ce dernier avait daigner garder à ses côtés tout au long des décennies, écoutant ses conseils et l’autorisant à faire usage de puits de Lazare pour prolonger son existence. Il avait été aux côtés du Maitre des Ombres durant certains des évènements les plus importants de l’histoire de la Ligue. Mais il était sensé être mort à présent, le Fils du Batman en était presque sûr.
 
« Aloors… si je peux me permettre, ça fait plutôt froids dans le dos tout ça. » s’exprima soudainement Maya à l’idée de davantage de al-Ghul. « Mais même si tu es comme un frère pour moi, Robin… j’espère vraiment que tu es un modèle unique. » blagua-t-elle.

« J’aurais aimé qu’il en soit le cas. » répondit froidement Damian, se caressant machinalement l’emplacement où se trouvait la cicatrice marquant la blessure qui l’avait jadis tué. « Mais ma famille n’en a pas décidé ainsi. »
 
Damian avait fini par découvrir que sa mère l’avait fait cloner, en grand nombre. L’immense majorité de ses clones avaient servit à lui fournir des organes de remplacement, au cas où ses blessures exigeaient une greffe qui soit ainsi parfaitement compatible. Elle était même allée plus loin, faisant en sorte que chaque organes qui était remplacé par son fils soit plus performant que celui qu’il remplaçait. Et au moins un de ses clones fût utiliser pour devenir le nouveau champion des Ombres… l’Hérétique, son clone, son meurtrier.
 
Soudainement, Damian s’immobilisa, faisant un signe pour avertir ses compagnons. Nobody réagit juste après, ayant elle aussi perçu ces présences qui s’approchaient d’eux. Indéniablement, les shinobis qui apparurent à ce moment étaient doués, car leur présence n’avait été repéré presque au dernier moment. Visiblement, l’avertissement qui arriva à ce moment démontrait que Jason les avait aussi repérés.
 
L’Héritier du Démon et Nobody se placèrent de façon à couvrir mutuellement leurs arrières. Ils étaient prêts à se battre s’il le fallait. Malgré leur jeune âge, l’un comme l’autre était de redoutable combattants, aguerri par des années à mener des missions ensemble. Néanmoins, la bataille ne leur amènerait pas davantage de réponse, et le Jeune Prodige avait reconnu les uniformes des assassins qui les entouraient. Il s’agissait des « Cendres du Démon », les hommes du Fantôme Blanc en personne.
 
Le Fantôme Blanc agissait toujours comme l’un des plus proches conseiller de la Tête de Démon. Il était celui à qui Ra’s al-Ghul confiait les missions dont le reste de la Ligue ne devait pas entendre parler. Le rôle du Fantôme Blanc était de se tenir aux côtés de son maitres et d’attendre de connaitre sa volonté pour ensuite la faire exécuter. Quant aux « Cendres du Démon », il s’agissait d’un ordre d’assassins d’élites aidant le Fantôme Blanc dans sa mission.
 
Les soupçons de Jason Blood résonnaient dans la tête du jeune homme. « les autres demeurent avide de l’attention et de l’affection de la Tête de Démon », et maintenant les hommes du Fantôme Blanc étaient présents. Tout les indices convergeaient vers cette conclusion, mais il ne pouvait en être certain. Après tout, la personne en question était sensée être morte et un autre avait réclamer son titre.
 
« Je suis Ibn Al-Xuffasch. » Clama-t-il soudain, en faisant usage de son ancien titre. « Hafid al-Ghul, Damian al-Ghul. »  continua-t-il en s’avançant d’un pas décidé vers les Ninjas blanc. « Et j’exige de connaitre le nom de votre maitre. » les intima-t-il.

Littéralement, il venait de s’identifier comme un al-Ghul auprès de ses opposants, comme le Fils de la Chauve-Souris et le Petit-Fils du Démon. Le Jeune Prodige savait parfaitement que son autorité ne lui permettrait pas de soumettre ses ennemis à sa volonté, il en avait perdu le pouvoir en quittant la Ligue et les assassins avaient autorisation de l’affronter s’il se mettait en travers de leur route. Néanmoins, il n’avait jamais été désavoué par sa famille, ni excommunié par la Ligue. Il restait donc un al-Ghul, un membre de la famille auquel chaque Ombre avait juré allégeance. Et en tant que tel, selon les usages de la Ligue, il pouvait encore exiger de connaitre la vrais identité de son ennemi. Et Damian devait en avoir le cœur net.
 
Quoi qu’il en était, il était prêt à se battre. Chacun de ses muscles étaient prêt à réagir dès l’instant où l’un de ses ennemis tenterait quoique ce soit. Ses sens étaient aux aguets, à l’affût du moindre mouvement. Il était confiant en sa capacité à surpasser ses adversaires. Car il était Damian Wayne al-Ghul, dans son sang étaient liés les gênes de certains de plus grand combattant de l’existence, en lui vivait l’Héritage de deux des familles les plus influente de l’humanité. Il avait été conçu, avant même sa naissance, pour être le combattant et le dirigeant parfais. Il n’échouerait pas.

Ils se positionnent.
Autour d’eux. Autour du pilier de la Wonder Tower, vers lequel l’étonnant trio a convergé afin de comprendre, découvrir et stopper la réactivation de Wonder City.
Autour de Nobody, Jason Blood… et Robin.
Qui ne se présente pas comme tel. Qui, pour une fois, à Gotham, ne se met pas en avant comme le Fils de la Chauve-souris, comme l’héritier du grand et terrible justicier local. Qui s’identifie comme… Ibn Al-Xuffasch ; Hafid al-Ghul.

Fils de Talia. Petit-fils de Ra’s.
L’héritier.
Le descendant. Certes, le fils du Détective – mais, surtout, celui destiné à reprendre la Ligue, et à poursuivre les projets aussi sombres qu’intenses de Ra’s al Ghul.

Les ninjas, les hommes, les guerriers, les sbires l’entendent.
Et se positionnent.
Avec respect – mais sans déférence. Et sans se soumettre, surtout.


Ils les entourent.
Ils forment un cercle, une ronde ; un périmètre.
De contrôle. De gestion.
De surveillance.
Les armes ne sont pas sorties ; mais les doigts sont sur les manches. Les corps sont prêts. Les esprits sont affutés.
Les guerriers sont sur des murs, des toits, des postures. Une stratégie classique, d’étouffement et de préparation.

Au cas où. Au pire.
A l’attaque.

Damian Wayne doit le savoir, le comprendre. Cela peut le crisper, l’interroger.
Pas l’inquiéter – mais le vexer, sûrement.
Jason Blood voit, aussi. Jason Blood comprend, bien sûr. Mais Jason Blood… se tait.

Il observe. En silence.


Conscient de ce qui se joue.
Ayant identifié des éléments, des pistes, des indices… pour saisir qui sont ces ninjas ; ces sbires d’une Ligue que Damian reconnaît peut-être, et que lui a déjà vus.
Les Cendres du Démon.
Un groupe, une entité, une faction de la Ligue… à la solde du Fantôme Blanc. Un être étrange, particulièrement suspect et troublant dans l’organisation opaque de cette Ligue.

Jason sait et sent que la confrontation approche.
Il demeure en retrait, alors.
Par respect. Par estime de Damian, pour le laisser mener ses propres combats ; et subir ses propres désillusions.
Par stratégie, aussi. Pour se faire oublier… avant de frapper, plus tard.
Quand le besoin se fera sentir.

« Une exigence légitime, mais qui ne correspond guère aux habitudes de la Ligue – et des Cendres.
Celles-ci ne répondent qu’à une voix. Celle qui porte les ordres du Maître.
Es-tu cette voix ? Non. Es-tu le Maître ? Non.
Pour eux… pour nous… tu n’es rien, alors. »

Un être émerge lentement des ombres du pilier de la Wonder Tower, et s’avance.
Au milieu des quelques ninjas disposés devant la structure.
Au-devant de Nobody, Jason… et Damian.
Une forme gracieuse, frêle ; faible, en apparence. Un corps rachitique, à l’apparence faisant craindre une faible alimentation. Une peau tirée, étirée ; pâle, abominablement pâle. Des yeux injectés d’un sang non pas rouge, mais quasiment bordeaux ; usé, malade.
Des vêtements amples, dans lequel il flotte. Des cheveux et une barbe longs, cassants, presque transparents.

Il avance. Etonnamment rapidement, alors qu’il semble donner l’impression de pouvoir périr à chaque seconde.


Le Fantôme Blanc.

« Je sais qui tu es, et je ne te demanderais donc pas qui tu penses être pour nous ordonner de la sorte – mais tu as tort.
Tu penses être digne de t’adresser à nous ainsi – mais tu as tort.
Tu gênes notre avancée. Tu brouilles notre action. Tu contrecarres notre destinée.
Et nous… agissons sur demande du Maître. Que tu n’es pas.
Fuis, alors ! Pars ! Sors ! Echappe-toi ! Et prie tes dieux, et ton cher géniteur, que je daigne ne rien dire au Maître… »

Un sourire mauvais glisse sur son visage. Il semble clair qu’arranger Damian n’est pas dans ses projets, oh non…

L’Héritier du Démon observait calmement ses adversaires se déployer autours de lui. Visiblement, les Cendres du Démon l’avaient reconnu. S’ils se déployaient autour d’eux, se préparant à l’affrontement, on pouvait observer un changement notable dans leur attitude. Là où l’instant d’avant, ils étaient prêts à se jeter sur les intrus armes à la main, ils affichaient à présent une certaine retenue.

Bien sûr, le Fils du Batman n’attendait nullement d’eux qu’ils se soumettent à son autorité et qu’ils disparaissent sans opposé de résistance, il n’était pas naïf. Et s’il y avait bien un trait de caractère que le jeune homme n’avait jamais été autorisé à développé durant son éducation, c’était la naïveté. Et il savait également que ses opposants avaient une mission à remplir et que, qu’importe son statut, leur loyauté irait d’abord à la Ligue. Mais même s’il était resté auprès de sa famille maternelle, en tant que successeur désigner de la Tête de Démon, son autorité ne s’appliquerait probablement pas aux Cendres du Démon. Ces derniers étaient le plus souvent chargés de missions particulièrement importante, et seul le Fantôme Blanc et Ra’s al-Ghul lui-même avaient le pouvoir de les commander.
Néanmoins, cela n’avait jamais été l’intention du Jeune Prodige. Ce qu’il voulait, c’était pousser leur chef à se révéler. La Ligue des Assassins avait prêté allégeance à la lignée des al-Ghul. Quelque soit l’identité de celui-ci, même s’il avait quitté les Ombres, les assassins lui devait le respect… à moins bien entendu qu’il n’ait été officiellement excommunié. Si celui que servait les Cendres refusait de répondre à cette convocation directe, cela pourrait être interprété comme un acte d’irrespect envers Damian, et à travers lui le reste du clan. Et bien que Damian doutait que cela soit suivit de la moindre conséquence pour le fautif dans ce cas précis, mais ils seraient bien peu à vouloir courir le risque.
 
Le maitre de Cendres tarda néanmoins à se montrer, laissant ses hommes refermer le cercle autour des intrus. S’ils conservaient une distance de sécurité en attendant l’éventuelle arrivée de l’ordre qui lancerait les hostilités, ils en étaient pas moins prêt pour la bataille. Au loin, on entendait les engrenages de la cité s’activer, les gardiens patrouillant à nouveau après des siècles de sommeil. De son côté, Nobody ne restait pas inactive. Elle avait l’habitude de travailler avec le Fils du Batman, elle savait comme il fonctionnait… la plupart du temps. Damian leur faisait gagner du temps, il cherchait des réponses tout en leur donnant l’opportunité à se préparer à faire une percée pour briser la ligne ennemie. Elle avait déjà de quoi produire une attaque sonique qui devrait pouvoir neutraliser plusieurs de ces ninjas blanc, elle n’attenait plus que le signal de Damian.
 
C’était dans ce genre de moment que Maya aurait bien aimé avoir le reste des Supersons avec elle… plus particulièrement Kathy et sa capacité à lier leurs esprits ensemble. Même si elle avait l’expérience d’opérer et se battre aux côtés de Damian, la coordination est tellement plus simple quand toute l’équipe partageait un lien mentale leur permettant de percevoir immédiatement les pensées de leurs coéquipiers. Dans ce genre de moment, les Supersons agissaient comme s’ils n’étaient qu’un seul être, mû par une même volonté. Dans ce genre de moment, ils avaient réellement l’impression de ne faire qu’un.
 
Les secondes s’écoulaient, lentement, alors que les Cendres du Démon resserraient leur étaux, attendant le signal. Damian restait là, imperturbable, stoïque, n’adoptant pas même une position de combat pour montrer qu’il ne les craignait pas. Il affichait la même assurance qu’il avait toujours avant le début d’un affrontement, certain de sa supériorité. Il ne perdait cependant rien des mouvements de ses ennemis. Si discret soient-ils, peu d’entres eux parvenaient complètement à échapper à sa vigilance maintenant qu’il était au courant de leur présence. Il se souvenait bien de ces combattants, il les avait déjà affrontés alors qu’il n’était qu’un enfant, la dernière fois étant le jours même où il avait quitté les Ombres pour rejoindre son père.
 
Une voix se fit entendre, une voix doucereuse mais ferme, une voix qui imposait une autorité résolue bien que marquée par le passage des ans, une voix que le pinacle de la lignée des al-Ghûl connaissait bien. Damian serra son poing en l’entendant ainsi le narguer, lui faire la leçon comme s’il n’était encore qu’un morveux n’ayant pas dix printemps à son actif. Comme il le faisait déjà à l’époque.
 
« Tst, il m’avait bien semblé reconnaitre ton parfum d’huile d’embaumement. Toujours aussi décrépit, oncle Dusan ? » répondait d’un ton narquois le jeune homme lorsque son interlocuteur sortit à son tour des ombres.
 
Dusan al-Ghul, le Fantôme Blanc, le fils qui n’avait pas réussi à trouver grâce aux yeux de la Tête de Démon, mais que ce dernier avait néanmoins garder à ses côtés pour récompenser son inébranlable loyauté. Il apparaissait régulièrement dans les chroniques du clan al-Ghûl, toujours aux côtés de la Tête de Démon, toujours dans son ombre à accomplir son devoir… mais presque jamais sous son nom. En effet, uniquement son titre était cité, si bien qu’il était difficile de savoir depuis combien de temps Dusan al-Ghul parcourait le sol de cette planète. Tout ce qui était certain, c’était qu’en dehors de la Tête de Démon elle-même et du Sensei, aucun autre al-Ghul en vie n’était plus ancien que son interlocuteur.
 
« Comme d’habitude, tu te méprends oncle Dusan. Si âgé, et pourtant si aveugle. Je n’ai jamais eu l’intention de donner le moindre ordre à toi ou tes hommes, pas plus que de perdre mon temps à vous conjurez d’abandonner vos projets. Je suis parfaitement conscient que tel ne sont pas, et n’ont jamais été, mes prérogatives. Tout ce que je voulais, c’était de te faire sortir de ton trou et te forcer à paraitre devant moi, à ma portée. » répliqua-t-il.

À cet instant précis, les lames jaillirent des gantelets. Même en ayant fait don de son arme à Jason Blood, il était loin d’être désarmé. Son regard était fixé sur Dusan, sur ce vieil homme qui avait eut si longtemps l’oreille de son grand-père. Cet oncle qui s’était montré prévenant durant ses premières années, l’aidant à comprendre les devoirs d’un al-Ghul et s’effaçant dès que sa mère ou son grand-père apparaissait. Cet homme qui n’avait pourtant jamais vu en lui qu’un objet, une autre arme dans l’arsenal de la ligue, et avait de moins en moins prit la peine de le cacher avec le temps. Cet être qui avait tenté de tout lui arraché, jusqu’à son âme.
 
« De bien grande parole de la part de l’homme qui a fait perdre à la Ligue son Héritier légitime par simple jalousie ou incompétence. » asséna le jeune homme sarcastiquement. Bien que son ton dissimulait une certaine aigreur.
 
C’était suite au complot du Fantôme Blanc qu’il avait dût quitter la Ligue. Dans une période où le Fils du Batman était tiraillé entre sa loyauté à la Ligue et l’admiration naissante pour son géniteur, Dusan al-Ghul avait décidé de mettre en place ses plans pour permettre le retour de la Tête de Démon, passer de vie à trépas il y a plusieurs années de cela. Et pour cela, il avait planifié d’offrir Damian en tant que nouvel hôte pour l’âme de Ra’s al-Ghul… ce qui l’aurait non seulement tué, mais potentiellement voué son âme au néant. C’est à partir de ce moment que même Talia s’était rangée à l’idée que son fils serait plus en sécurité sous la garde de son père qu’au sein de la Ligue, à partir de ce moment là qu’il avait rallié la voie de la Chauve-Souris.
 
D’une certaine manière, Damian devrait peut-être le remercier, sa vie s’étant considérablement amélioré depuis qu’il vivait avec son géniteur par rapport à l’ambiance fanatisée et violente de la Ligue, où chacun était un ennemi potentiel pour lui et son statut. Mais malgré tout, il lui en voulait, pour l’avoir arraché à sa mère, pour l’avoir forcé à abandonner le clan alors qu’une part de lui nourrissait encore un sentiment de loyauté pour celui-ci… bien que celle-ci passait désormais derrière celle qu’il vouait à la famille qui l’avait accueilli.

« Je n’aurai donc qu’une seule question à te poser. » déclara-t-il juste avant de libérer un nuage de fumée au sol.


Tel était le signal que Nobody attendait. Projetant plusieurs disques soniques aux pieds des assassins tout de blanc vêtu, ceux-ci libèrent une série d’onde sonique qui perturbait l’oreille interne de ceux qui se trouvait dans leur aire d’effet. Leurs sens et leur équilibre s’en trouvait compromis, plus vulnérable à la contre-attaque… plus vulnérable aux assauts d’une Nobody qui avait activé son champ d’invisibilité et protégée de ce genre de désagrément par son casque.
 
De son côté, Damian avait bondi à l’assaut des guerriers leur faisant face. Sa vitesse d’action était tout bonnement impressionnante, largement supérieur en agilité, en vitesse et en force que ce qu’il était quand il avait quitté la Ligue, il y a de cela cinq années. Son objectif était le Fantôme Blanc, il possédait les réponses qu’il cherchait, mais ne les donnerait pas librement… et le Fils du Batman gardait un compte à régler avec lui. Il assomma d’un coup de genoux le premier membre des Cendres à s’interposer, blessa le suivant avec ses lames… évitant les organes vitaux, parant le suivant et repoussant son adversaire contre un autre opposant. Toujours, il se rapprochait de son oncle.
 
Il aurait aimé pouvoir simplement discuter avec lui, pouvoir échanger sur la nature de cet endroit, sur les projets que Ra’s nourrissait pour celui-ci… sur comment utilisé la technologie du Lazare pour améliorer Gotham, pour la rapprocher du rêve de son père et des idéaux de son grand-père. Pour en faire une ville en harmonie avec la planète plutôt que le monstre urbain qu’elle était. Mais son oncle ne lui révélerait absolument rien. Et Damian savait qu’il n’avait pas grande estime pour lui.

L’instant est tendu.

Plusieurs membres des Cendres du Démon entourent l’étonnant trio formé par Nobody, Robin et Jason Blood.
Ils attendent ; silencieux et immobiles. Prêts à agir – prêts à frapper, même.
En vérité, ils ne sont pas les seuls : Nobody et Jason sont dans une posture similaire, témoins et spectateurs de l’échange vif entre Dusan al Ghul et Damian.

Les mots sont durs, acerbes ; violents.
Le fils de Talia attaque franchement, pique directement son oncle, et le provoque. Plusieurs de ses ninjas tiquent d’entendre de telles brimades verbales, et surtout sont surpris de voir que le Fantôme Blanc ne réagit pas.

Il reste silencieux, en effet.
Immobile, aussi. Figé. Calme ; en apparence, seulement.


Intérieurement, il boue.
Intérieurement, il enrage. Intérieurement, il explose.
… mais il se retient.
Il sait que son père tient à cet enfant, ce bâtard indigne qui ne cesse de le provoquer, de générer des troubles et nuisances au sein de la Ligue. Dusan a renoncé depuis longtemps à comprendre les choix de Ra’s al Ghul, mais ne peut que les déplorer… et tenter de les compenser, en menant au mieux ses missions et en s’en prenant, discrètement, aux avantagés et aux préférés.

Damian est l’une de ses cibles ; mais il est trop voyant, trop… en avant.
S’en prendre à lui ne serait pas accepté par son père. Cela lui serait reproché, durement. D’autant que Ra’s considérerait, à raison, que Dusan hait directement Damian… et son père nourrit essentiellement du mépris pour la haine pure, bête et méchante.
Dusan doit se contrôler. Dusan doit se gérer.

Dusan doit se débarrasser de Damian, et de ses sbires.
Vite. Et bien.
Pour réussir la mission. Pour répondre à la demande de son père. Pour… lui prouver qu’il est dig…

Il n’en aura hélas pas le temps.

Ses pensées et ses plans sont interrompus, quand Damian le provoque – et se lance.
Dusan est pris de vitesse.
Robin déclenche un nuage de fumée, s’en prend aux Cendres du Démon ; qui réagissent, aussi.

Les ninjas se lancent.


Beaucoup nourrissent des doutes, sont troublés dont la façon dont l’héritier de la Tête de Démon s’en est pris au Fantôme Blanc… et son manque de réponse.
Est-ce qu’il a peur ? Est-ce qu’il se soumet ? Est-ce que eux, membres des Cendres du Démon, doivent le suivre ? Que faire, alors ?
Doivent-ils se battre, ou…

« Tuez-les. »

La voix froide de Dusan al Ghul s’élève, dans le fracas des premiers coups.
Il s’éveille. Il se réveille.
Plein de rage – et lassé de ses plans, et de devoir se soumettre à cet enfant inutile et insupportable.


« Tuez-les… tous ! TOUS ! Jusqu’au dernier ! Je… »

Dusan al Ghul hésite, encore une fois – puis cède.
A la colère. A la rage.
A la haine.
A l’envie, qui le dévore vis-à-vis de Damian… et la violence que cela déclenche.

« TUEZ-LES TOUS !! »

Le Fantôme Blanc s’arme aussi – mais il n’est pas le seul.
Damian agit. Nobody aussi.
Et Jason Blood…

Jason Blood quitte son rôle de spectateur passif, pour stopper un ninja ; et s’emparer de sa lame.
Pour l’utiliser.


Et rappeler à tous que, avant d’être un immortel acariâtre, insupportable, arrogant et maudit… il était et demeure un chevalier de la Table Ronde.
Et l’un des plus redoutables, une arme à la main…

La mêlée était lancée. Les Cendres du Démon avaient dégainé leurs armes et devaient à présent encaisser l’assaut des trois héros qui étaient sensés être à leur merci. Les hommes du Fantôme Blanc font cependant partie des combattants les plus redoutable au service des Ombres, des vétérans aguerris de nombreuses missions et fanatisé par une vie au service de la puissante et prestigieuse lignée des al-Ghul. Qu’importe la puissance de l’assaut, ils paniqueront pas et se battront tant qu’ils n’auront pas reçu l’ordre de se replier.
 
Néanmoins, malgré leur entrainement et leur expérience, ils restent des êtres humains, avec toutes les limites que cela implique. Ceux qui sont victimes des attaques soniques de Nobody ont beau utiliser les techniques mentales à leur disposition pour ignorer la douleurs qui leur vrille les tympans et leur transperce le crâne, ils n’en subissent pas moins les effets. Leurs mouvements se font plus pataud, leurs réflexes s’émoussent grandement alors que leur oreille interne se dérègle. Ils sont alors à la merci de Nobody, incapable d’user de leurs autres sens pour identifier sa présence alors qu’elle est dissimulée par son champ d’invisibilité.
 
Elle frappe, elle tente de neutraliser ses adversaires rapidement, pour diminuer leur nombre. Que ce soit en les assommants d’un coup bien placé, en leur infligeant des blessures handicapante avec son katana, ou en les envoyant valdingué d’un soc sonique produit par ses gants… elle fait de son mieux pour ne pas tuer. Elle est peut-être la fille d’un des assassins les plus redoutable de la planète, elle ne veut pas devenir comme lui, elle ne veut pas tuer de sang-froid. À moins d’y être absolument obligée, pour défendre sa vie ou celle d’une personne qu’elle aime… elle se refuse à prendre une vie, pas si elle peut l’en empêcher. Pas si elle dispose de suffisamment d’avantage tactique pour prévenir cela.
 
D’autres Cendres doivent croiser le fer avec Jason Blood. Ce dernier manie la Fissa que le Fils du Batman lui a donner avec dextérité et assurance, parvenant sans peine à affronter plusieurs adversaires au combat sans que ceux-ci ne parviennent à le surclasser. Jason Blood n’a peut-être pas subi un entrainement aussi rigoureux que celui auquel s’astreigne les initiés de la Ligue, mais il cumule plus d’années d’expérience que tout les individus présent en ce lieu réuni. Sans compter qu’il était déjà l’un des meilleurs Chevaliers de la légendaire Table Ronde, dont les exploits des membres ont pourtant traversé les millénaires et sont encore conter aujourd’hui.
 
Quant à l’Héritier du Démon, celui-ci faisait preuve de tout le talent qui était le sien dans le feu du combat. Fils de certains des plus redoutables individus de la race humaine, perfectionné physiquement et génétiquement par les savants de la Ligue pour devenir le pinacle de sa lignée, façonné par les meilleurs précepteurs et mentors que la Ligue pouvait fournir… le jeune homme était un guerrier-nés qui avait été forgée en une véritable arme vivante. Faisant déjà partie des meilleurs guerriers de la Ligue dès l’âge de 10 ans, le jeune homme n’avait fait que s’améliorer durant son exile, et bien que les Cendres faisaient parties des meilleurs serviteurs du Démon, peu d’entre eux ne pouvaient même prétendre rivaliser avec l’Héritier du Démon lui-même.
 
Lorsque le Jeune Prodige eut renversé toute opposition sur son chemin, il fondit sur son oncle, prêt à en découdre. Les lames intégrées à ses gants crissèrent en rencontrant le métal de l’épée du Fantôme Blanc. Ce dernier n’était pas un combattant à sous-estimer, Damian en avait parfaitement conscience. Dusan al-Ghul avait subit l’entrainement des Ombres, perfectionné son art au cours de ses siècles d’existence… sans compter que ses immersions répétés dans le Puit de Lazare avaient grandement amélioré ses capacités physiques et mentales malgré son apparente fragilité.
 
Rapidement, les deux al-Ghul croisèrent le fer. Le Fantôme Blanc dispose d’un avantage en termes d’allonge, les lames des gantelets de Damian étant bien plus courtes que son épée. Mais le Fils du Batman était rapide, agile, et ne laissait que peu d’ouverture à son oncle pour contre-attaquer tant il multipliait les assauts. Lorsque Dusan frappait, c’était avec la vitesse du cobra, mais presque à chaque fois, sa lame ne rencontrait que le vide tandis que Damian se dérobait à ses coups. Quand le Jeune Prodige attaquait, son adversaire détournait l’attaque d’une botte habile. Les deux combattants cherchaient à prendre l’avantage, l’Héritier du Démon tirant partie de sa meilleurs mobilité, pour forcer son ennemi à devoir se défendre de tout côté, mais ce dernier n’était pas sans ressources… ni alliés.
 
Le son des lames qui s’entrechoquent, les grognements d’efforts et les gémissements de douleurs ne tardent pas à emplir ce lieu oublié des hommes. Les sang coule et les combattants redoublent d’efforts pour prendre l’avantage. Le combat est acharné, et même si le choc initiale s’est passé en faveurs des protecteurs de Gotham, les Cendres sont déterminés à reprendre l’avantage en jouant toutes les cartes à leur disposition. Qu’importe si la moitié, ou plus, de leurs membres doivent le payer de leur vie, la volonté de la Tête de Démon sera accomplie. Rapidement, les combattants en tenues blanches commencèrent à se regrouper.
 
« Vous êtes combien au juste ? » s’étonna Maya qui commençait à remarquer un changement de tactique chez l’adversaire.


Elle fût d’ailleurs la première à subir la contre-attaque. Son invisibilité ne la rendait nullement intangible. Les Cendres en tirèrent partit, utilisant leurs bombes fumigènes pour la repérer avec la fumée qu’elle déplaçait à chacun de ses déplacement. Même si elle restait invisible, ses ennemis étaient désormais en mesure de d’identifier sa position et donc d’attaquer. Rapidement, Maya se retrouva obligée de lutter pour sa vie. Et malgré son talent, ses ennemis parvinrent rapidement à lui infliger quelques plaies en frappant à sa position présumée.
 
Du côté de Jason Blood, les Cendres durent recourir au travail d’équipe. Conscient qu’ils ne pouvaient rivaliser avec lui au face-à-face, ils commencèrent à faire en sorte de le placer dans des situations où leurs tireurs pouvaient décocher leurs traits sur le démonistes. Certains se sacrifiant pour tenter de l’occuper, pour l’attirer dans la ligne de tires des tireurs, pendant que d’autres frappaient à distance, de préférence dans son dos. Et même dans ce genre de confrontations, ceux qui attaquaient au corps-à-corps préféraient rompre le combat dès que possible pour se retirer dans les ombres et reprendre l’assaut plus tard, lorsque leur ennemi dévoilait une faille dans sa défense.
 
« Sans vouloirs te bousculer dans tes histoires de famille, Robin… dépêche-toi ! » s’exclama Nobody en contrant une nouvelle attaque pour ensuite répliquer d’un choc sonique.
 
Le combat entre Damian et son oncle Dusan s’était poursuivit. La vitesse des assauts échangés était réellement ahurissante, faisant passer des escrimeurs de niveau olympique pour de vulgaires gamin jouant aux mousquetaires. Tout deux étaient le fruit du mortel savoir-faire de la Ligue des Ombres, tout deux avaient été formé à tuer dès leur plus jeune âge ainsi qu’à parfaitement contrôler chaque muscle de leur corps. Les deux al-Ghul étaient parfaitement apte à soutenir un effort intense pendant une durée de temps assez allongée sans perdre en précision ni en force. Et tout deux maniaient leurs armes avec une expertise consommée.
 
En réalité, un observateur averti pouvait clairement dire que le Jeune Prodige dominait le combat, et que seul l’expérience étendue du Fantôme Blanc permettait à ce dernier d’anticiper les coups de son neveu. Si ce dernier avait disposé d’une arme avec une meilleur allonge, peut-être que le combat serait déjà terminé. Néanmoins, malgré leur talent respectif, les deux adversaires portent les marques de plusieurs coups ayant réussi à percer leur défense. Bien que ce ne soit que des blessures superficiels. De temps à autre, le Fils du Batman était obligé de composer avec les attaques des plusieurs des Cendres cherchant à venir en aide à leur maître, mais il arrivait usuellement à promptement les repousser… laissant souvent leur corps meurtrit par ses contre-attaque.


En entendant l’appel de son amie, l’Héritier du Démon relâcha brièvement sa concentration. Le Fantôme Blanc en profita, infligeant une estafilade au bras droit du jeune Wayne. Damian frappa instinctivement pour forcer son ennemi à se retirer avant d’en faire de même. Il supprima mentalement les signaux de douleurs pour qu’ils ne le gênent pas. Il se maudit pour s’être laisser distraire ainsi, mais Maya avait raison, il fallait qu’il écourte cette rencontre.


« Tst, tu sais oncle Dusan. Quand j’étais petit, j’avais la naïveté de croire que tu étais l’une des personnes vers qui je pourrais me tourner pour savoir comment mieux servir Grand-Père. » énonça-t-il en fouillant dans sa ceinture, laissant une vrais ouverture dans sa défense.
 
Le Fantôme Blanc ne se fit pas prier pour tenter de l’occire, lui portant une estoc, que le jeune homme esquiva d’un bond, avant d’asséner un brutale coup de pied à son parent et l’envoyant rouler plus loin. Pendant ce temps, lui-même se rétablissait en position de combat, des Batarang dépassant de ses doigts.
 
« Je te croyais sincèrement dédié à son idéale, le fidèle parmi les fidèles… » Continua-t-il en armant son tir. «  Alors qu’en vérité, tu n’es qu’un être aigri et jaloux. Trop faible pour t’attirer ses faveurs, trop timoré pour définir un but qui t’es propre. » Il projeta à ce moment les projectiles en direction de son ennemi.
 
Les paroles de Damian n’avaient pas pour but de se livrer, mais bien d’énerver son ennemi. Celui-ci ne se laisserait probablement pas prendre au piège en attaquant inconsidérément l’Héritier du Démon, mais il se focaliserait sur lui, délaissant le reste du champ de bataille. Le Fantôme Blanc para plusieurs des Batarangs volant vers lui sans difficulté, en attrapant même un au vol et laissant ceux qui avaient manqué leur cible passer sans s’en préoccuper. Le Jeune Prodige fit un pas en arrière pour éviter un coup de lance d’une des Cendres, avant de le sonner d’un violent coup de paume dans la mâchoire. Un sourire mauvais se dessina sur le visage du jeune homme.


« Tout ce que tu as jamais eu pour toi, c’est la loyauté d'un toutou, attendant désespérément un signe d'approbation de son maitre. » conclu Damian en retirant un objet de sous sa cape.
 
Damian chargea alors directement son oncle, ignorant les tentatives des Cendres de l’intercepté. Il ne lâchait pas Dusan du regard, et plongea à l’instant où ce dernier tenta de le pourfendre du tranchant de sa lame. Effectuant une roulade sur le flanc gauche de son ennemi, Damian concentra sa volonté pointant l’objet en direction d’un point derrière le Fantôme Blanc. L’un des batarang qu’il avait envoyé avait percé une conduite dans lequel circulait le liquide du Puit de Lazare circulant à travers Wonder City… et à présent, le jeune faisait usage du Waterbearer dont la reine Mera lui avait fait don pour plier le liquide verdâtre à sa volonté.
 
L’eau du Lazare fila en direction du Jeune Prodige, se reformant en une lame sur la poignée de l’artefact Atlante. Le jeune Wayne pouvait le sentir, la puissance qui se dégageait de sa nouvelle arme, mais aussi l’instabilité de celle-ci. Cela lui demandait un véritable effort de maintenir la structure de la lame, aussi n’hésita-t-il pas à frapper. D’un coup, d’un seul, il infligea une profonde blessure à son oncle, alors que ce dernier tentait de se retourner pour lui faire face, lui entaillant profondément le tronc.
 
Se relevant immédiatement, il ne laissa pas le temps à son adversaire de comprendre ce qu’il lui arrivait. Il frappa à nouveau, écartant sans ménagement l’épée de son ennemi, puis administrant un violent coup de poing au Fantôme Blanc, envoyant ce dernier au sol. La seconde qui suivit, Dusan pût sentir la lame du Waterbearer sur sa gorge.
 
« Malgré ce que tu m'as fait, malgré ta haine envers-moi, je n’ai aucune envie de faire couler le sang de notre famille. Pas si je peux l’éviter. Mais je te conseil vraiment de ne pas pousser ta chance. » déclara-t-il avec détermination.

Damian avait beaucoup changer depuis son départ de la Ligue. Tuer ne faisait plus partie de ses méthodes. Mais ce serait faux de dire qu’il n’en était plus capable. À l’instant, il ressentait l’appel de son instinct qui lui commandait d’enfoncer sa lame. Comme à chacun de ses combat, il devait se battre avec lui-même pour ne pas céder à cette pulsion et ainsi respecter les enseignements de son père. Néanmoins, il savait que contrairement à lui, il tuerait sans hésiter si cela lui permettait de sauver la vie d’une personne à laquelle il tenait.
 
« Rappel tes hommes. Maintenant !! » Commanda-t-il avec toute l’autorité qu’on lui avait apprit à mobiliser, poussant sa lame davantage contre la gorge du Fantôme Blanc.
 
Dans ce genre de moment, il arrivait qu’une lueur intense se mette à scintiller à travers son regard émeraude. Un trait que sa mère assurait qu'il avait en commun avec son grand-père. Son masque la dissimulait en ce moment, mais elle apparut brièvement à travers sa lame qui semblait se composer d’un feu liquide.

L’affrontement est violent ; et intense.
Si Damian Wayne, alias Ibn Al-Xuffasch, alias Hafid al-Ghul, affronte Dusan al-Ghul en duel, une évidence au vu de leur lien de parenté, autant Nobody que Jason Blood combattent les Cendres du Démon, ces sbires et ninjas acharnés et déterminés.
Les coups sont rudes. Les attaques sont brutales. Les frappes sont sèches, et si la jeune fille tente de limiter les dégâts sur ses cibles au maximum… tel n’est pas le cas de l’immortel, qui conserve une réserve très flegmatique, mais n’hésite pas à abattre ses adversaires. Avec un minimum d’effort, et un maximum de létalité.

La bataille avance vers sa fin, cependant.
Dusan al-Ghul a tout donné – mais cela n’a pas fini. Très vite, il est devenu silencieux, ne répondant guère aux mots, répliques, piques et autres dialogues de son neveu.
Moins par manque de réponse… que parce que tout son corps, tout son être est concentré sur le combat, l’affrontement ; parer, stopper, attaquer, répliquer.
En vain.

Robin est plus fort.
Tous ici s’en rendent compte, tous ici le voient. Par eux-mêmes, les Cendres du Démon limitent leurs coups, ralentissent leurs attaques.
Même s’ils sont dédiés à la Ligue, ils reconnaissent aussi la valeur de chacun – et le Fantôme Blanc révèle ici sa faiblesse, face à Damian Wayne.

Dusan lui-même doit s’en rendre compte.
Blessé, touché, marqué, surtout en son for intérieur, il cherche de la dignité en se redressant, en se levant ; pour répondre, froidement, mais en étant debout.
En restant debout, au moins.


« Tu… te crois honorable, en m’épargnant ? Tu ne fais que révéler la traîtrise qui est la tienne.
Ceci n’est en rien la voie de la Ligue… du grand Ra’s al-Ghul !
Tu te révèles, en le trahissant. Tu te condamnes, en rejetant ses méthodes et sa philosophie. Tu te confirmes indigne de tes titres, mais… »

Dusan grimace.
Il se force à ne pas baisser le regard ; à rester digne, comme il l’espère.

« L’honneur m’impose de reconnaître ma… défaite.
CENDRES DU DEMON ! Cette… escarmouche… s’arrête maintenant. Le… soi-disant… Héritier du Démon a su profiter de… ses avantages indus, de ses gadgets et armes avilissantes, pour… me vaincre.
Qu’il en soit ainsi ! Qu’il soit acté que… nous cessons le combat. »

Ses hommes suivent ses ordres.
Les lames sont baissées. Les bras retombent. Les postures demeurent défensives, mais sans aucune agressivité.
L’ordre est donné, et suivi ; car il est juste, et fondé.

« Mais… ce sera tout ! Tu n’auras rien de plus ! Tu n’auras rien de moi ! Le plan, le projet, te resteront inconnus ! Tu ne sauras r… ACK ! »

Le discours lénifiant de Dusan cesse, soudain. Il s’interrompt.
Un râle l’interrompt, en s’échappant de ses lèvres crispées – de son visage figé.


« Q… qu… »

« Trop long. Je ne saurais souffrir une telle attente, pour si peu. »

Dusan bégaye, peine, souffre.
Grandement – car une lame est plantée dans son dos ; dans un équilibre parfait, pile entre des éléments vitaux.
Juste assez pour faire mal. Idéalement pour menacer de mort… mais sans le tuer, pour l’instant.

Il faut des années de pratique des épées et de la guerre, pour réussir cela.
Jason Blood a eu bien plus que son compte, pour cela.

« Il ne parlera pas… et nous avons à faire. »

Sans un mot de plus, sans explication, Jason lève les yeux – vers la Wonder Tower.
Vers la structure immense, ancienne, qui prend ses racines ici, dans Wonder City… mais la dépasse, et atteint Gotham.
Ils voient Gotham, d’ici, d’en bas. Ils la voient, et voient… ce qui anime la Wonder Tower.

Une lumière. Une lumière est allumée, et projette quelque chose depuis la Wonder Tower.


Un signal. Le signal.

« C’est… un appel. J’entends y répondre, même si je ne suis pas visé, et je suis sûr que vous serez bien plus déterminé que moi.
Laissons-là ce triste sire, et ses sbires… qui sauront l’amener chez quelques femmes savantes, pour le soigner ; ou le ressusciter, que m’importe ! »

Arrogant, suffisant, méprisant ; mais doué.
Jason Blood se détourne de Dusan, des Cendres du Démon, ainsi que de Nobody et Robin. Il pénètre dans la Wonder Tower, pour monter… et trouver qui a lancé ce signal, et ce qu’il se passe pleinement ici…

Lorsque le Jeune Prodige vit le regard que lui lança le Fantôme Blanc, il sût que certaines choses ne changeaient jamais. Damian avait épargné la vie de son oncle moins par respect pour le credo de son père que par le fait que ce dernier était un membre de sa famille… et également, parce qu’il espérait obtenir quelques réponses de sa part. Mais à sa miséricorde, son adversaire n’avait répondu que par le mépris et l’amertume, crachant son venin à la face du Fils du Batman.


La fierté, à la fois la force, la prérogative et la faiblesse des al-Ghul. Tout les al-Ghul étaient des êtres fier. Ils étaient du sang de la Tête de Démon, ils étaient membre d’un clan qui influençait le destin de toute l’humanité depuis mille ans, ils étaient ceux qui sauverait ce monde de sa propre folie… tels était l’image qu’on leur inculquait tout au long de leur éducation, tel était l’explication avancé pour expliquer qu’ils devaient faire preuve de force morale, mentale et physique, parce que ce monde était leur royaume et ils devaient être à la hauteur pour assurer sa protection. Cette fierté qui les faisaient avancé contre vents et marées, défiant la mort elle-même comme une simple contingence parmi tant d’autre, dans le but de l’accomplissement de leurs objectifs, mais aussi qui les rendaient trop souvent aveugle et arrogants, incapable de reconnaître leurs erreurs.


Damian connaissait parfaitement tout cela, il était lui-même un être dont la fierté et l’orgueil faisaient intrinsèquement partie de son être… et pourtant, il était parvenu à se remettre en question la voie qu’on avait bâtie pour lui. Mais il espérait sincèrement ne pas être à ce point bouffie d’orgueil comme son oncle qui, même défait, était incapable de reconnaître que l’Héritier du Démon ne l’épargnait pas par mépris, mais bien parce qu’ils faisaient partie d’une seule famille, que cela ne leur plaise ou non. Sa poigne se resserra sur le manche de sa lame, s’apprêtant à devoir frapper si cela ne suffisait pas. Se retenant de jeter au visage de son oncle que Ra’s al-Ghul en personne enseignait que les Ombres ne devaient pas prendre de vie gratuitement, pas si ces morts étaient inutile à l’accomplissement de la mission ou de la Cause elle-même. Et la perspective de la mort du Fantôme Blanc lui paraissait bien vide d’intérêt.


Il n’eut néanmoins pas à en arriver là. Malgré le mépris qu’il avait pour le Fils du Batman, Dusan al-Ghul donna l’ordre aux Cendres du Démon de cesser le combat, de se replier. D’un simple coup d’œil, le Jeune Prodige pût voir Nobody pousser un soupir de soulagement avant de se détendre. Les guerriers du Fantôme Blanc ne seraient plus un problème. Mais avant que son adversaire ne puisse ajouter autre chose, se moquant de la vacuité de la victoire de l’Héritier du Démon… un autre décida de couper court à la conversation.



« NON !! » Ne pût s’empêcher de s’exclamer le Fils du Batman lorsqu’il vit Jason Blood transpercer le corps de son oncle avec cette même lame qu’il lui avait prêter.


Alors que l’ancien Chevalier commentait laconiquement son geste, Damian s’accroupit auprès de son oncle. L’espace d’un instant, il ressentit des émotions contraires se bousculer en lui et ce, malgré le contrôle qu’il s’efforçait d’exercer sur celles-ci. D’une part, il ressentait de la colère, aussi bien envers l’occultiste qu’envers son parents : Le premier pour avoir fait couler le sang d’un des siens avec sa propre lame, le second pour être cette espèce d’imbécile orgueilleux, incapable de mettre sa jalousie et sa frustration de côté. Il ressentait également de la tristesse, non pas pour Dusan lui-même mais pour la fille de ce dernier, sa cousine, Mara.


Avec cette dernière, les rapports étaient compliqués. Ils avaient été rivaux, mais possédaient également une certaine compréhension réciproque car étant les seuls membres de la jeune génération des al-Ghul, ils comprenaient mieux que quiconque ce que l’autre pouvait ressentir. Si leurs chemins se croisaient, nulle doute que sa cousine tenterait de le tuer, et pourtant, Damian en était venu à se faire du soucis pour elle… pour ce que les Ombres lui avait réservé. Dusan était loin d’être un père exemplaire, mais s’il devait mourir, l’Héritier du Démon ne doutait nullement que sa cousine en serait dévastées. Il ressentait aussi un soulagement de ne pas avoir été celui qui avait fait taire le vieil homme… et de la frustration d’avoir donner raison d’une certaine manières aux insultes de son oncle. Dissimulée sous son masque, il sentait des larmes commencer à se former .


Rapidement cependant, Damian constata que la lame n’avait touché aucun organe vitale. La blessure était douloureuse, mais pas mortel… du moins s’il était amené rapidement à un guérisseur. D’un geste, il stoppa Maya qui s’était apprêté à intervenir après le geste de Jason Blood alors que ce dernier se dirigeait déjà vers la suite. Le Chevalier avait raison, ils devaient continuer, rester ici ne servirait à rien, pas plus que de l’apostropher.


Sous le regard inquiet de son amie, l’Héritier du Démon se releva reprenant la marche. Son visage avait reprit sa contenance et son esprit se concentrait sur l’épreuve à venir. Il n’accorda pas un regard en arrière, il savait que les Cendres avaient déjà disparut, emportant leurs morts et leurs blessés.


« Ton père tolère vraiment de travailler avec lui ? » interrogea Maya « Il me semblait qu’il était du genre à ne pas tolérer qu’on prenne une vie sous ses yeux. » commenta-t-elle en référence à la série de cadavre que Jason Blood avait laissé dans son sillage.


« Je l’ignore. Je sais que père le tiens en haute estime, mais il n’est pas là en ce moment. Nous si, et Gotham a peut-être besoin de nous. » répondit le jeune homme.  


Il était par contre claire que Damian ne savait guère sur quel pieds danser avec leur compagnon du moment. Il avait toujours dût combattre son instinct, retenir ses coups pour ne pas ôter la vie de ses ennemis tandis qu’il opérait auprès de sa famille. Au fond de lui, le jeune homme restait un tueur endurcis et il restait convaincu que la vie de ses ennemis étaient une chose bien inutile à préserver. Mais il avait accepter de jouer selon les règles de son père tant qu’il porterait ses couleurs. Mais cela ne semblait pas être le cas de Jason Blood, le démoniste semblait faire peu de cas des règles édictés par le Chevalier Noir et auxquelles il se tenait.  


« Je suppose que je ne vais pas aimer ce qui nous attends là-haut. » lança le Jeune Prodige à l’adresse du démoniste.


Selon toute vraisemblance, la présence des Cendres et du Fantôme Blanc prouvait l’implication de la Ligue des Assassins… probablement la présence de certaines personnalités importantes. S’il avait été le seul aux commandes de l’opération, Dusan n’aurait pas cédé aussi facilement. S’il l’avait fait, cela signifiait qu’il estimait que sa défaite ne changerait rien.


En levant les yeux, Damian observa le Bat-signale projeté dans les cieux de la ville. Le symbole du Chevalier Noir, le symbole de sa famille, le symbole de son père. Cela constituait de toute évidence un défi ouvert. La logique voudrait que ce soit son grand-père, peut-être sa mère qui soient responsable de cela. Mais Damian espérait secrètement ne pas avoir à affronter d’autres membres de sa famille. Ces combats représentait toujours des fardeaux émotionnelles dont il se passerait volontiers.


Mais qu’importait ce qui l’attendait, il y ferait face comme un vrais guerrier, comme al-Ghul, comme un Wayne, comme un héros… comme Robin. Il s’élança à la suite de Blood, avec la ferme intention de faire ce qui devrait être fait. Il aurait le temps de relâcher la pression quand il serait de retour au manoir.

Ils montent.
Ils abandonnent les pieds, la base, le pilier de la Wonder Tower. Ils y laissent les Cendres du Démon, ces ninjas, ces guerriers, ces soldats entourant un chef, leur chef, qui les a déçus ; qui souffre, qui peine, qui lutte, mais qui les a déçus.
Cela marquera. Cela restera. Cela jouera, contre Dusan al-Ghul – et cela nourrira encore sa haine, sa fureur, son ressentiment et sa jalousie envers Damien Wayne.

Ce dernier le sait sûrement – mais avance, encore.
Parce qu’il le faut. Parce qu’il le doit.
Parce que quelqu’un a déclenché Wonder City, a réactivé le projet étrange et dément de Ra’s al-Ghul, et… il faut savoir. Il faut identifier. Il faut comprendre.
Il faut stopper cela, aussi.

Nobody interroge Robin en montant, en gravissant lentement mais sûrement les longs et terribles escaliers de métal de la Wonder Tower. Celle-ci a été construite il y a des décennies, un temps long qui n’a guère eu d’influence sur les choses, car l’ensemble demeure en très bon état ; mais daté.
La structure donne l’impression d’être un fantasme de fan de Steampunk, ce courant culturel se projetant sur une uchronie où la vapeur a remplacé l’électricité comme source principale d’énergie. Beaucoup y voient, y collent, y calent une fixation sur l’œuvre de Jules Verne – et il y a de cela ; mais pas que cela.

La Wonder Tower est un chef d’œuvre, oui, et son allure surprend.
Mais…
Mais toujours moins que les mots, graves et lourds, prononcés par Jason Blood, qui devance les deux jeunes super-héros, et prononce des paroles sans se retourner.

« Il n’est pas mort par ta faute. »

Sa voix est froide, dure. Comme le regard qui l’anime et qui, heureusement, demeure fixé devant lui ; alors qu’il pourrait sûrement déclencher l’ire de Damian, s’il le croisait.


« Déjà, car vous auriez dû tous deux le supprimer bien avant mon intervention. Je connais les liens qui vous lient, Damian, mais il incarne une menace définitive, pour tes deux familles. En cela, il méritait un châtiment direct et immédiat.
Surtout, jeune fille, tu avais identifié le meneur de nos adversaires. Il te revenait de le supprimer, pour limiter le danger.
Il aurait dû mourir, et il vit à cause de vous ; de votre inaction. Et… »

L’immortel soupire, et se fige un instant. Il grimace, avant de reprendre, en retrouvant aussi sa marche vers les hauteurs.

« Parce que j’ai eu la faiblesse de penser à toi, Damian. Parce que j’ai conscience que tu nourris encore des sentiments envers tes familles, et… ah.
J’ai abandonné cela depuis longtemps ; sans regret réel. Et j’entendais libérer le monde de Dusan al-Ghul, bien que les habitudes familiales l’auraient sûrement ramené.
Ce fut pour toi, Damian. Pour toi, et… »

Et quoi ? Et quoi d’autre ?
Jason ne sait pas. Il a agi d’instinct, il a frappé Dusan volontairement, et… c’est son instinct, aussi, qui a guidé son acte.
De ne pas le tuer. De frapper sans tuer.
Cela le surprend ; le gêne, même, et l’interroge.

Il fait avec, cependant – et profite de leur avancée, pour une diversion réelle.
Ils arrivent, ainsi.


Ils arrivent devant… une porte.
Un ultime escalier, menant aux hauteurs de la Wonder Tower, qu’ils ont fini par gravir. Avec une porte, ouvrant sur l’extérieur – et le signal allumé, et les réponses.
A moins que celles-ci soient déjà là.

« Bonsoir. »

Une voix douce, lente, féminine et mélodieuse s’élève, alors qu’une forme se détache des ombres.
Devant la porte. Assise, sur le sol.
Une femme, oui.


Une femme connue comme Nyssa al-Ghul – mais qui fixe son attention sur Jason plutôt que Damian, afin de prononcer des mots étranges, troublants… et terribles, surtout.

« Bonsoir, mon aimé. Cela fait fort longtemps que l’on ne s’est vus ; et j’ai cessé de t’attendre sur l’autel, comme tu le vois. »

Une annonce cocasse, des éléments intimes qui pourraient faire sourire dans un autre contexte… mais ici connotent bien étrangement l’intervention de Jason Blood, et les suites à venir !

Le Jeune Prodige restait silencieux alors qu’il gravissait les étages de la Wonder Tower. Une part de lui restait secoué par ce qui venait de se passer. C’était la première fois qu’il recroisait la route du Fantôme Blanc depuis le complot que celui-ci avait mené à son encontre… il n’avait aucune raison de lui vouloir le moindre bien. Et pourtant, lorsque la lame de Blood, la lame qu’il lui avait lui-même confié, avait transpercer cet oncle qui avait juré sa perte, il avait ressenti un sentiment de détresse.


Le jeune homme avait toujours essayé de prouver sa valeur aux yeux des siens… sa mère, son grand-père, son père, ses frères… cela lui avait toujours semblé important. Peut-être parce qu’on lui avait inculqué dès la naissance que tout ce qu’il aurait, tout les privilèges, toutes les marques d’affections qu’il obtiendrait, il devrait les mériter. Au plus profonds de lui, et ce même s’il nierait être sujet à quelque chose d’aussi puérile, le jeune homme nourrissait une profonde terreur… celle que ses proches l’abandonnent s’il venait à faillir. Il savait que Dusan al-Ghul le détestait, il savait qu’il tenterait encore et encore de provoquer sa chute… mais l’Héritier du Démon ne pouvait toujours pas se résoudre à prendre la vie d’une personne à laquelle il était lié par le sang. Mais même comme ça, il ne s’était pas attendu que ça le secoue à ce point.


Au loin, le Fils du Batman pouvait entendre des cliquetis métalliques. Les gardiens mécaniques de la cité continuaient de se déployer, s’approchant de la Tour comme attirée par elle… ou par eux. Si les Cendres du Démon avaient bel et bien lever le camp, cela ne faciliterait que peu leur replis. Le jeune homme ferma les yeux un moment lorsque son visage perçu une bouffée d’airs frais venant du sommet de la tour. Celle-ci menait donc bien à la surface. Cette sensation offrait un contraste bienvenu avec l’air oppressant des rues de la cité souterraine.


La poigne du Fils du Batman serrait toujours la poignée du Waterbearer… bien que la lame constituée de l’eau du Lazare s’était dissoute depuis longtemps. Cela lui demandait un véritable effort de concentration d’invoquer une lame à partir de l’élément liquide. Il s’agissait là d’un acte de magie que l’actuel Robin parvenait à invoqué… mais manquait singulièrement d’entraînement pour l’utiliser de manière prolongé. Même si le Jeune Prodige s’était découvert une sensibilité à la magie il y a de cela quelques mois, il n’avait pas encore eut l’occasion d’exploiter et maîtriser ce potentiel… potentiel qui l’effrayait un peu mais qu’il était déterminer à dompter. Malgré tout, cet atout se révélait pratique pour surprendre ses ennemis.


Alors que Jason Blood les devance, et prend la parole, Damian et Maya étaient déjà occupé à discuter. Employant un langage de signes qu’ils avaient mit au point avec les Supersons, ils débattaient de la stratégie à adopter lorsqu’ils rencontraient une nouvelle opposition, comme ce que les paroles du Fantôme Blanc laissait présager. L’Héritier du Démon avait suggéré à son alliée de prendre un peu de recul, pour pouvoir activer son invisibilité avant que l’ennemi ne la repère. Ce à quoi, Maya avait opposé qu’il y avait des chances qu’en cas d’embuscade, ils soient trop isolé si le groupe se morcelait même sur une courte distance.


Damian n’accorda cependant pas même un regard à l’occultiste, continuant de le suivre, mais restant silencieux tout du long. Mais il écoutait. Il écoutait les explication de l’ancien chevalier, celui-ci essayant, à sa manière de décharger le jeune homme du fardeau qu’il semblait porter. Et à ces paroles, le Fils du Batman sentait des émotions conflictuelles se battre en lui.


D’une part, il comprenait l’idée. D’un point de vue purement objectif, le Fantôme Blanc était un adversaire retord, un être qui ne reculerait devant rien pour le détruire lui et les siens s’il n’y avait la volonté de la Tête de Démon pour le retenir. Il ne pouvait pas être ramener à la raison et ne serait jamais son allié. L’éliminer, même temporairement était une bonne tactique. Et Damian savait que s’il laissait son instinct dicter sa conduite, s’il de devait pas lutter sans cesse pour faire taire cette envie de voir le sang de ses adversaires se répandre sur le sol, il appliquerait cette approche sur beaucoup des ennemis de sa famille, il débarrasserait les rues de Gotham de nombres des pire prédateurs hantant ses rues et pourrissant la ville à laquelle son père avait dédié son existence. Mais concernant sa propre famille…


« Je suis ce que je suis, Blood. » se contenta de répliquer Damian sur un ton froid. « Même si je ne peux qu’approuver votre approche, au moins sur le principe tactique,… je ne peux pas me résoudre à prendre la vie d’un des miens et ce même s’il ne me retourne pas l’intention. Peut-être est-cela qui fait de moi un faible dans les yeux de nombres de membres de mon clan… mais j’ai trop de respect pour les miens pour faire couler leur sang si je peux l’éviter. » continua-t-il d’un ton sombre, presque peiné.


Maya mit sa main sur l’épaule de son ami, de ce garçon qu’elle considérait comme s’il était son propre frère. Elle avait depuis longtemps compris une chose à son propos. Damian avait toujours dût se battre pour réussir à se lier avec les autres. Parfois contre lui-même, contre son caractère, sa méfiance, son instinct. Parfois parce qu’il se mettait une pression énorme pour rester digne aux yeux des gens auxquels il tenait, ceux dont il guettait l’approbation, sans comprendre que parfois… l’affection d’une personne ne dépendait pas du mérite. Damian avait toujours dût lutter pour établir des liens avec les autres, et c’était pour cela qu’il craignait tant de perdre ceux-ci. Le Jeune Prodige tourna légèrement la tête pour lui adresser un simple signe, pour l’assurer qu’il allait bien.


« Néanmoins… je suppose que dois me montrer reconnaissant… pour votre intention à mon égard. Oncle Dusan m’en portera certainement rigueur de ne pas avoir suivit les voies de la Ligue tel qu’il les interprète… mais ça fait longtemps que l’avis de ce fossile ne compte plus à mes yeux. » continua-t-il.

Dusan al-Ghul le voyait comme un faible, comme indigne d’hériter du trône du Démon. Sa fille, Mara, avait grandie dans la même jalousie que celle de son géniteur et aussi dût vivre avec un cousin qui lui était supérieur dans la plupart des domaines. Son arrière grand-père, le Senseï, n’avait jamais fait mystère du fait qu’il considérait Damian comme bien trop tendre, trop sensible, pour un al-Ghul bien que l’Héritier du Démon aurait été bien incapable de deviner si c’était un simple constant du moment ou un avis déjà tranché à l’époque… ce qui était sûr, c’est que ses choix de vie n’avaient certainement pas adoucis son jugement.


C’était un fait, même si Damian restait en son cœur un al-Ghul autant qu’il était un Wayne… il ne pourrait certainement pas jurer que sa famille maternelle l’accueillerait à bras ouvert s’il décidait de retourner à la Ligue… bien que tous se soumettraient à la volonté de Ra’s al-Ghul en la matière.


Les pas du groupe les menèrent toujours plus haut dans la Tour Wonder. En contrebas, la ville continuait à reprendre vie, ses mécanismes grinçant, l’eau du Lazare s’écoulant dans ses conduits telle le sang dans les veines du corps, les gardiens se rassemblaient au milieu de tout cela. Wonder City reprenait vie, ou plutôt un simulacre de vie. Finalement, ils arrivèrent face à la porte qui devait leur permettre de quitter Wonder City pour retourner à la surface… lorsqu’une voix se fit entendre.

Maya se tourna immédiatement, prête à engager le combat. Le Jeune Prodige, pour sa part, ne tressaillit pas d’un pouce. Cela faisait un moment que ses sens l’avait alerté. Il n’avait pas été capable d’identifier la menace, ni d’où elle proviendrait, mais il avait sentit une présence près d’eux. Les Ombres étaient capables de tromper les sens de la plupart de leurs adversaires… ils apprenaient donc à leurs initiés à faire confiance à leur intuition pour déjouer les embuscades, et l’Héritier du Démon avait expérimenter cette sensation familière qui l’avertissait qu’un danger approchait.


La voix ne lui évoquait pas grand-chose, par contre, lorsqu’il vit le visage de leur interlocutrice, ses muscles se tendirent. Il reconnaissait ce visage et, surtout, il reconnaissait ce regard. Cette femme était une al-Ghul, partageant le même regard émeraude unique à leur famille, héritage d’une lignée qui s’était intimement mêlée aux eaux du Lazare. Ce regard qui était d’une teinte émeraude si particulière qu’on ne pouvait pas le retrouver dans la nature, ce regard qui semblait contenir une flamme intérieurs dont l’éclat intense avait quelque chose de fascinant et d’intimidant, ce regard qui pouvait plonger jusque dans votre âme et semblait en déceler les plus noirs secret.


« Toi ? » réagit Damian en se mettant en position de combat.


Nyssa Raakto, autrefois Nyssa al-Ghul. Sa tante, la sœur aîné de sa mère. Elle avait jadis servit la Tête de Démon avant de se détourner de lui… et lui d’elle. Damian était encore jeune lorsque Nyssa avait fait son retour au sein des Ombres, détrônant et tuant son grand-père pour prendre la tête de la Ligue des Assassins. Mais surtout, elle avait capturer et torturer sa mère encore et encore la brisant mentalement pour la convaincre de rallier sa cause. Si sa génitrice n’avait jamais été une mère comme les autres, ayant déjà mit en place ses projets eugéniste pour son fils et nourrissant les plus grand desseins pour lui… après le retour de Nyssa, cela tourna à l’obsession.


Les graines de la folie de Talia qui la mènerait jusqu’à cloner et faire tuer son propre fils, avaient été planté à ce moment-là… et seul la mort l’en avait purgé. Néanmoins, son amour pour son fils était resté suffisamment fort pour qu’elle dissimule l’existence de l’Héritier du Démon à sa sœur… de peur que Nyssa ne juge plus prudent de se débarrasser de ce rivale potentiel. Damian n’avait donc jamais rencontré sa tante jusqu’à aujourd’hui. Il était même sûr qu’elle était sensé être morte. Mais il savait que c’était sa faute si sa mère avait sombré au point de ne le voir que comme un outils pour le pouvoir.


La révélation que sa tante et le démoniste avait nourrit une relation le déconcerta quelque peu. Maya également d’ailleurs, car elle lança un regard en coin à Jason, l’interrogeant presque silencieusement à ce sujet. Pour sa part, le Fils du Batman resta concentré sur Nyssa, cherchant à savoir si elle serait un adversaire ou non. Si sa tante n’avait pas connaissance de son identité, elle serait par contre parfaitement capable de reconnaître dans l’attitude de Damian, celle d’un initié des Ombres, d’une personne que la Ligue avait formé. Même si cette personne se battait à présent avec les couleurs de l’un des plus fervents ennemis de la Ligue.


« Qu’est-ce que tu fais là, Raakto ? » L’interrogea-t-il sur ses gardes.

Ils n'avaient probablement pas le temps pour échanger des politesses. Quelque chose était à l'oeuvre et ils ne pouvaient se permettre d'attendre. Néanmoins, parmi les Ombres, le subterfuge et la ruse règnait en maître aux côtés du talent et de la dévotion à leur idéal. Il y avait fort à parier que Nyssa avait plus d'un as dans sa manche. Aussi, Damian avait appliqué au préalable, avant de se retourner et d'identifier leur interlocutrice, de la pâte explosive sur la porte... pour en faire exploser le verrou s'il envoyait le signal.

Nyssa Raatko entend les mots froids et directs de Damian Wayne.
En fixant toujours Jason Blood, elle réplique elle-même ; d’une voix dure et même brute, au fond.

« Ne me traite pas ainsi. Je mérite mieux que cela, malgré tout ce que l’on t’a dit sur moi. »

Elle interpelle, en fait. Elle agresse. Elle attaque.
Elle se redresse.

« Beaucoup ont médit sur moi. Beaucoup ont menti. Bien peu me connaissent. Bien peu pourraient me comprendre… mais toi, si. »

Elle s’avance, lentement. Elle approche.

« Nous sommes proches. Nous avons… tant de points communs. Nous pouvons nous comprendre. Nous pouvons nous aider. Nous pouvons… »

Elle se fige.
Elle fixe un regard intense, plein d’émotions, plein d’espoirs sur le destinataire de ses mots, l’objet de son attention.


… mais ce n’est pas son neveu, Damian Wayne.

« Mon aimé. »

Un sourire triste et déchirant accompagne sa voix presque brisée, à peine un souffle ; guère plus qu’un murmure.

« Tu… m’as tellement manqué. J’ai voulu… j’ai essayé de te retrouver, mais… je sais ce que l’on t’a dit… ce qu’ils t’ont dit, sur moi, et… et je… »

Nyssa lève une main tremblante, hésitante vers Jason Blood – mais ce dernier recule.

« Non. »

Sa voix, à lui, est faible aussi… et troublée.

« Pas ça… plus ça. Plus maintenant. »

Il fige sur elle un regard marqué par sa vision, par ce qu’elle rappelle chez lui. Son visage entier semble hanté par des sentiments intenses, qui paraissent former bien des douleurs en son être.


Il frissonne, lève lui-même sa main – mais la retient ; mais se retient, surtout.
Il souffle, fortement, et secoue la tête.

« Non. »

Il acquiesce, gravement.

« C’est terminé… et tu sais pourquoi. Tu sais… tu sais, oui. Et… ceci n’est pas le lieu, ni le moment, pour rappeler… une idylle terminée.
Et dont tu t’es remise, je le sais. »

Il recule, encore. Et tourne un regard sec, bien que gêné, vers Damian et Nobody.

« Mes… connaissances de ta famille sont profondes, et anciennes – et diverses.
Ce n’est pas le lieu, définitivement, pour évoquer cela… et ton neveu attend une réponse, surtout. »

Le rejet est rude.
Surtout venant d’une ancienne flamme.
… surtout en public. Notamment des jeunes, dont un membre de sa famille.

Nyssa Raatko encaisse cela, et soupire.
Lourdement, théâtralement.
Elle laisse son regard glisser sur Jason Blood, confirmant qu’elle n’oubliera pas une telle insulte. Elle se détourne ensuite de l’occultiste, et fixe Damian de profil – en enlevant, soudain, sa cape retenant son haut.

Elle révèle ainsi ce qu’il y a en dessous.
Un vêtement ; et des armes.


« Je fais ce qui doit être fait, neveu. »

Sa voix est froide, dure ; âpre, même.

« Oui, neveu… je n’ai pas attendu que ce mécréant évoque notre lien pour le connaître. Je suis certes exilée de ce nid de vipères qu’est notre famille, de sang, mais je dispose de forces, d’informateurs pour suivre ce qu’il s’y passe.
Je te connais. Je t’ai suivi. Et… »

Un sourire sombre glisse sur son visage.

« Je fais ce qui doit être fait : j’enclenche ces machines infernales, pour attirer à moi les sbires de mon géniteur… afin de les anéantir.
Pour ensuite anéantir ses engins.
Pour ensuite remonter jusqu’à lui… et en finir. D’abord avec ses créations, ses réussites, ses espoirs – et enfin avec sa vie ! »

Et celles de tous ceux qui l’accompagnent, l’aident ou l’aiment.
Et cela risque de ne pas plaire à Damian…

Le corps du Fils du Batman se tendit tout entier en constatant comment leur interlocutrice avait choisit de superbement l'ignorer. Son visage se crispa légèrement, laissant paraitre l'énervement qu'il ressentait. L'éducation du jeune homme ne l'avait jamais habitué à ne pas obtenir l'intention quand il l'exigeait. Que ce soit en tant que Prince des Assassin, en tant qu'héritier du nom des Wayne ou en tant que Jeune Prodige, Damian avait apprit à commander et à diriger et savait se faire entendre.
 
Mais tout cela semblait bien insignifiant pour sa tante qui semblait toute entière absorber par son flirt avec Jason Blood. Vu de l'extérieur, il semblait que rien d'autre au monde ne comptait pour Raakto que ce moment de retrouvaille avec "son aimé", mais pour l'œil entrainé de l'Héritier du Démon, il était évident qu'il n'en était rien. Sa tante était consciente de son environnement, prête à réagir en cas de menace. S'il l'attaquait maintenant, il ne bénéficierait de nulle effet de surprise. Même après toutes ces années, elle restait une al-Ghul, une assassin entrainée depuis la naissance et l'une des représentante de la plus terrible lignée de ce monde. Et ce, en dépit qu'elle ait renier son clan et quitter les Ombres.
 
Néanmoins, malgré cela, Nyssa Raakto semblait conserver bien plus de points communs avec sa sœur qu'elle ne serait prête à le reconnaitre. Elle partageait la même passion enflammée qui semblait la consumer toute entier de l'intérieur, la même détermination dans le regard, la même tendresse qui transpirait dans sa voix pour l'homme qu'elle aimait… au point de se demander si ce n'était pas une caractéristique familiale des al-Ghul. Mais cette constatation n'aidait en rien le jeune homme à gérer la frustration qu'il ressentait. Tout cela était inutile et les ralentissait. De plus, l'Héritier du Démon se demandait qu'elles étaient les chances de croiser ainsi deux membres de sa famille supposément mort et aux buts aussi radicalement différent.
 
Alors que l'Occultiste répondait d'un ton hésitant, signe qu'il devait lutter pour rejeter les avances de la Fille du Démon, Nobody attira l'attention de Damian. Sa sœur d'arme pressentait que les choses allaient probablement bientôt déraper et préférait être prête pour cette éventualité. Rapidement, ils échangèrent quelques gestes. Trop court pour une conversation, toute au plus, se mettant d'accord sur un des plans qu'ils avaient préétablit à l'avance pour ce genre de situation. Et cela fût heureux, car ils n'eurent guère beaucoup de temps pour se décider.

Le regard de Damian se porta à nouveau en direction de sa tante au moment où les paroles de l'ancien chevalier signifièrent son refus face à l'amour qu'elle lui professait. Le Jeune Prodige n'était peut-être pas très expérimenté dans le domaine, mais il savait déjà que blesser les sentiments d'une femme était un jeu dangereux, encore plus lorsqu'il s'agissait d'une personne aussi fière qu'une al-Ghul. Dans le domaine, sa mère restait le principale exemple qui lui venait à l'esprit. Il se souvenait des extrêmes qu'elle avait été prête à atteindre pour punir "son aimé" de ne pas l'avoir rejoint, et pour avoir éloigner leur enfant d'elle. Instinctivement, le jeune homme se laissa aller à l'un des très rares tics nerveux dont il n'arrivait pas à se défaire… celui de caresser machinalement la cicatrice que lui avait laissé l'Hérétique, son clone, son meurtrier. C'était un élément qu'il ne pouvait réprimer lorsqu'il devenait nerveux à une pensée… un réflexe qui le prenait dans ce genre de moment.  
 
À l'invitation de Blood, Nyssa sembla enfin reconnaitre la présence du Jeune Prodige. Néanmoins, le son de sa voix était beaucoup moins chaleureux que ce qu'elle avait réservé à Blood quelques instant plus tôt. Bien qu'il parvint à le dissimuler derrière un masque impassible, le fait que sa tante ait été au courant de son existence constituait un choc pour l'Héritier du Démon. À l'époque où Nyssa était parvenu à s'emparer de la tête de la Ligue, elle avait réussi à obtenir le ralliement de Talia en la brisant par des jours de tortures amenant la mère de Damian aux portes de la folie. Cependant, si les méthodes de Nyssa étaient parvenues à outrepasser l'intense loyauté que Talia éprouvait pour son père, elles s'étaient révélées insuffisantes pour venir à bout de l'amour qu'elle éprouvait pour son enfant. Craignant que la vie de Damian ne soit en jeu si Nyssa avait connaissance de l'existence de l'Héritier du Démon, Talia avait fait en sorte de dissimuler l'existence de son fils. Le fait que Nyssa ait été au courant de son identité pouvait impliquer de nombreuses choses pour Damian… mais ce qui était certain, c'est que son interlocutrice ne nourrissait guère d'affection à son égard.
 
Et le fait qu'elle révèle ainsi ses armes ne laissait que peu de doute sur son message ou ses intentions. Ses paroles en révélèrent davantage. Sa cible était une nouvelle fois Ra's al-Ghul, mais pas seulement lui. Tout ce qu'il avait bâtit, tout ce qu'il avait aimé… et les implications de telles paroles n'étaient pas pour rasséréner l'Héritier du Démon. Il avait bien compris qu'elle utilisait Wonder City comme un appât, mais pourquoi avait-elle allumé le Bat-signal ? Jusqu'où comptait-elle étendre ses destructions pour atteindre le maître de la Ligue ? Qu'impliquait-elle par "ses créations, ses réussites, ses espoirs…" ? Sa vie, celle de sa mère, de sa cousine étaient probablement menacées. Peut-être même celle de son père, pour lequel Ra's avait longuement caresser l'espoir de le voir prendre sa suite…
 
" Ce qui est nécessaire… tst. Tu sonnes exactement comme grand-père, ma tante." Se contenta-t-il de répliquer avant de s'avancer d'un pas décider vers son interlocutrice. "Lui aussi à tendance à se réfugier derrière ce genre de phrase pour justifier ses actions les plus questionnable." Continua-t-il sur un ton calme.
 
Damian avança. Suivant l'exemple de sa tante, il détacha sa propre cape la laissant choir contre le sol. Cette dernière n'était pas qu'un élément de son uniforme là pour la déco, elle était une pièce d'équipement à part entière. Que ce soit pour planer dans les cieux de Gotham, pour impressionner les adversaires, dissimuler ses mouvements, se protéger ou même l'utiliser pour déstabiliser un opposant au combat… ces capes avaient plus que prouver leur utilité.  Mais face à une guerrière du niveau de Nyssa Raakto, celle qui avait précédé sa mère en tant que bras droit de la Tête de Démon, cela serait inutile et pourrait même constituer une gêne.
 
" Si tu m'as suivi, comme tu dis, tu sais que je ne peux pas te laisser faire ça. Je ne peux pas te laisser accomplir ton plan au risques que des milliers d'innocents en paient le prix. Pas plus que je ne peux te laisser t'en prendre à Mère, à Grand-Père, à Mara, ou aux autres. Même si j'ai rejeté les méthodes de Grand-Père et de la Ligue, je demeure fidèle à l'idéal qu'ils défendent. Mais au moins, eux en ont un qui ne se limite à une simple vengeance." Asséna-t-il d'une voix ferme en fixant son regard d'émeraude dans celui de sa tante.
 
Même après toutes ces années à se battre sous la tutelle de son géniteur, l'actuel Jeune Prodige n'avait jamais pût se résoudre à complètement renier ses racines. Il ne cautionnait certes plus les tentatives de génocides du Ra's al-Ghul, mais il restait fondamentalement d'accord avec son analyse de l'état du monde… et une part de lui aspirait toujours à voir se réaliser l'utopie que la Ligue prêchait pour l'humanité. Raakto, pour sa part, avait toujours nourrit des desseins plus nihilistes lorsqu'elle s'était retrouvé à la tête de la Ligue, probablement à cause des traumatismes qu'elle avait vécut dans l'enfer concentrationnaire.
 
" Et pourquoi ici ? Pourquoi Gotham ? Pourquoi allumer le bat-signal comme un défi à moi et mes proches si Grand-Père est ta cible?" l'interrogea-t-il bien que n'attendant nulle réponses.
 
Damian s'arrêta à quelques pas de sa tante, plantant solidement ses pieds dans le sol. Il l'observa silencieusement un bref instant. Curieusement, si tout le corps du jeune homme était prêt à réagir à la menace, il ne semblait avoir adopter aucune posture de combat, se laissant ainsi complètement vulnérable à une attaque. Il pouvait sentir, dans son dos, le regard inquiet de Maya, cette dernière se tenant probablement prête à agir… que ce soit pour suivre le plan ou pour se porter à son secours si cela tournait mal.
 
" Depuis presque aussi loin que je me souvienne, notre clan a toujours eut une tendance autodestructrice. J'ai beau avoir toujours éprouvé de la fierté à être un al-Ghul, d'avoir toujours espérer prouver ma valeur aux nôtres… et même si je n'en n'étais pas conscient à l'époque, plus le temps passe, plus je constate que nous n'avons de cesse de nous entretuer, de nous torturer, de nous faire du mal les uns aux autres bien davantage que nous ne nous sommes solidaire avec ceux de notre sang… si ce n'est lorsque l'autorité de l'un des notre est jugée incontestable. En cela, tu es une véritable al-Ghul, Raakto." Continua-t-il en la fixant davantage dans les yeux.
 
Damian avait beau se considérer comme un al-Ghul également, il n'avait jamais souhaité faire du mal à ses proches. Des années durant, s'il se considérait bien comme l'Héritier légitime du Démon, il avait toujours vu ses parents comme de nobles guerriers qui portaient l'idéale des al-Ghul et œuvraient à l'ultime salut de ce monde et de l'humanité. Il n'était certes pas aveugle aux jeux de pouvoirs se déroulant au sein de la Ligue, mais fondamentalement, il restait animé par une féroce loyauté envers ses parents. Par contre, il ne pouvait nier qu'il possédait une part de ces ténèbres en lui. Après tout, il avait déjà tué pour assurer son statut au sein de la Ligue durant son enfance. Il avait également tenté de mettre Drake à mort à l'époque où il le percevait comme un rival… et tout cela lui avait toujours semblé naturel.
 
" Et pour être honnête, je suis fatigué de toujours avoir à combattre mes parents. Alors je vais te donner l'opportunité de me frapper. Un coup, un seul contre lequel je ne me défendrai pas. Une occasion de détruire celui que la Tête de Démon à désigner comme son successeur… et en échange, tu ne t'en prendras pas à MA famille." Offrit-il
 
Le jeune homme avait insisté sur ce point. SA famille, et non pas LEUR famille. Il parlait des Wayne, il parlait des acolytes de son père, de ses frères et sœurs. Certes, Damian n'avait nulle intention de perdre la vie, mais sa tante devait s'attendre à ce qu'il l'affronte directement… il s'efforçait donc de la prendre de court, de la forcer à révéler son jeu. Tout serait donc une affaire de bluff et de timing.

Elle se fige.

Nyssa Raatko, fille de Ra’s al Ghul, héritière du Démon… rebelle de la Ligue des Ombres. Adversaire de son géniteur. Combattante des frasques de l’organisation qu’elle considère occulte, et que sa famille dirige depuis tant de générations.
Elle se fige, oui. Et fixe un regard ravageur, sur le visage d’un Damian Wayne qui lui lance un défi terrible et brutal.


Il ose, pense-t-elle.
Il ose dire cela. Il ose lui parler ainsi. Il ose la provoquer.
En public ! Devant eux !
Devant ceux qui l’accompagnent, devant… Jason. Une ombre de fureur passe encore dans son regard, en songeant à cet amour perdu ; arraché, encore, par la famille.
Et Damian s’en moque. Et Damian en joue.

Il ose. Il ose ! Il… mérite ce qu’il va advenir, alors.

« Tes… tentatives pour me pousser à bout vont échouer. Je suis d’un autre bois que mon géniteur. »

C’est faux : Nyssa subit les mêmes affres, les mêmes pulsions de rage et de possessivité qui sont celles de Ra’s al Ghul.
Elle refuse cependant de le voir. Hélas.

« Les méthodes… sont celles adaptées à la situation. Pour affronter les Ténèbres, il faut les épouser – une maxime évidente, populaire, dans laquelle beaucoup se complaisent. Ton propre père accepte de commettre des illégalités, pour lutter pour la loi.
Ne viens pas, ainsi, me former quelque leçon à ce titre. L’hypocrisie coule dans nos veines, évidemment. »

Elle se retient de grimacer, de colère ; mais c’est difficile.

« Et… il est évident que je suis de la famille, cher neveu. Mon géniteur y a toujours veillé, en me prenant toutes mes tentatives pour sortir du giron.
Qu’il l’assume, alors ! Qu’il subisse les méthodes qui sont les siennes, et… ah.
Pourquoi ici ? Pourquoi Gotham ? Mais… c’est évident, voyons. Je suis déçue que le fils du détective ne le comprenne guère. »

Elle glousse. Elle se moque. Elle provoque, aussi.

« Mais… je ne suis pas donneuse de leçons, comme ton grand-père. Je vais t’éclairer, bien sûr – nous allons t’éclairer, même ! »

Du mouvement intervient, dans les ombres.
Des formes. Des personnes.
Des femmes.
Des guerrières, qui rejoignent Nyssa. Ses troupes, définitivement.


« J’ai souhaité agir ici… parce que cette ville incarne la résistance à Ra’s al Ghul. Parce que Gotham s’est toujours refusée à lui ; de manière contemporaine, mais également dans le passé. Parce que ton père l’a vaincu, surtout.
Gotham lui a résisté ! Gotham l’a stoppé !
Et Gotham… Gotham est devenue une fixation, pour lui. Gotham l’obsède. Gotham le charme. Et alors…
Autant en finir. Autant lui prendre cela ; avant de lui prendre la vie. »

Le plan est étrange ; proche de la démence.
Mais peut-on en demander plus à une femme qui a tant souffert, qui a tant perdu ? Peut-être. Mais l’esprit de Nyssa Raatko gère mal toutes les années vécues, subies ; et les drames, et les horreurs.
Elle en veut à son père. Elle en veut au monde. Elle en veut à l’univers.
Et elle veut… faire payer cela ; à tout le monde. A tous, et notamment ceux qui s’en sont pris à Ra’s al Ghul – sans réussir à le vaincre, jusque-là.

« Quant à ta proposition… soit ! Il faut donner… il faut savoir donner aux enfants un peu, pour leur contentement ! »

Elle se jette, alors.
Nyssa se jette sur Damian, bien plus rapidement et follement qu’elle ne le voudrait.
Elle se perd. Elle se perd dans son geste, dans son… attaque.


Elle attaque. Elle se jette. Elle frappe.
… elle gifle.
Nyssa gifle Damian, un acte fort et dégradant – troublant.

Au point même de choquer ses guerrières, qui cependant restent à ses côtés.
Au point, surtout, de tendre Jason Blood, qui ne goûte guère de tels actes. Son visage se referme, et son cœur aussi.


Ses remords et hésitations s’évaporent, alors. Nyssa n’est plus un amour brisé, mais… une femme dangereuse, folle, qui en vient à former des actes dégradants envers des êtres nobles ; ici, Damian.
Et face à la folie et à l’impolitesse, Jason Blood a des habitudes et réponses anciennes.
Des destructions. Des anéantissements.
… par le feu, bien souvent…

Le Jeune Prodige était resté impassible tandis que sa tante répondait à ses paroles. Damian avait réussi à taper exactement là où ça faisait mal, lui rappeler à quel point elle n'était pas si dissemblable de son chère père, ou du reste de leur famille, en termes de méthodes. Qu'importe à quel point elle essaie de s'autoconvaincre du contraire, cela est visible dans ses paroles autant que dans ses actions.

Cette passion qui enflamme l'âme des al-Ghul et les emmène sur un chemin d'où ils ne dévieront probablement plus. Cette fierté qui les poussent à ne jamais abandonné, à renverser tout les obstacles se dressant sur leur route. Cette orgueil qui les empêches d'abandonner en dépit de leurs erreurs. Et une volonté d'acier, confinant parfois au fanatisme, qui les poussent dans tout les extrême pour accomplir leurs objectifs.

Damian connait bien ce genre de tourments, il les a subit aussi. La seule chose qui le différencie des autres al-Ghul, c'est d'avoir d'autres figures puissantes vers lequel se tourner que celle de sa famille maternelle. C'est d'être l'héritier de non pas une, mais de deux prestigieuses lignées dont il cherche à se montrer digne autant envers l'une que l'autre. Il a découvert un monde hors de la Ligue, sans pour autant la renié, il a découvert des figures-modèles qui lui ont enseigné une autre voie sans pour autant qu'il n'oublie d'où il vienne… mais le fait est qu'il a eut l'opportunité de s'écarter du destin qui lui avait été tracé.

Nyssa aussi a eut l'occasion de s'écarter de cette voie, et l'a saisie. Mais lorsque les choses tournèrent mal pour elle, c'est contre Ra's al-Ghul qu'elle dirigea toute sa haine. À présent, tout comme la Tête de Démon était prêt à tout pour sauver ce monde qu'il aimait tant, tout comme Talia al-Ghul était prête à brûler ce même monde pour ceux qu'elle aimait, Nyssa al-Ghul était prête à détruire tout ce à quoi son géniteur tenait en mémoire de ceux qu'elle avait aimé… dans les trois cas, peut importait le sort des innocents qui devraient en payer le prix.

L'Héritier du Démon réprima sa fierté lorsqu'elle répondit à ses propos par des insultes. C'était à prévoir, et même si son sang bouillait il était prêt à les encaisser. Enfin, elle révéla ses intentions pour Gotham… de manière lapidaire mais c'était suffisant pour en comprendre ses intentions. Elle n'avait rien de moins que l'intention de détruire la cité du Batman dans le simple but de contrarier son père. À cette instant, le jeune sût que tout espoir de résoudre pacifiquement la situation était mort et ce dès le début.

L'assaut de sa tante fût vif et sans merci. La claque qu'elle asséna au Fils du Batman résonna à travers toute la salle. Un geste humiliant qui atteignit davantage le jeune homme dans son orgueil que dans sa chaire. Mais la réaction ne se fît pas attendre. Nyssa al-ghul était indubitablement rapide, et elle était parvenue à surprendre Damian… mais ce dernier restait néanmoins un guerrier qui avait affuté ses réflexes durant toute son existence et, surtout, le jeune homme avait été perfectionné génétiquement dès sa conception. La vitesse d'action du jeune homme restait presque inégalé chez les simples mortels et, avant même que Nyssa ne puisse terminer son geste, la poigne de l'Héritier agrippa le poignet de sa parente.

"Tu as définitivement besoin d'aide, ma tante." Déclara-t-il en resserrant sa prise.

L'instant d'après, sans laisser l'opportunité à sa parente de se ressaisir, le jeune homme administra un puissant coup de pied pour la repousser loin de lui. Au passage, avec sa main libre, il s'était emparé de la lame de Nyssa, celle-ci trônant encore dans le fourreau attaché au dos de sa propriétaire.

"Détruire la cité qui incarne la résistance à l'influence de grand-père ? Celle pour laquelle la famille de père s'est tant sacrifié ? C'est ça ton plan pour contrarier la Tête de Démon, Nyssa ? Détruire ses opposants les plus acharnés ? Tu n'épouses plus les ténèbres… tu te laisses dominer par elle !! Et je ne peux pas laisser ta folie détruire autant d'innocents." Déclara-t-il en pointant la lame vers son interlocutrice.

D'un geste, il appuya sur un bouton à son brassard. La seconde d'après, une explosion se fît entendre. Le gel explosif que le jeune homme avait appliqué sur la porte tandis que Nyssa cherchait à obtenir l'attention du démoniste. Une onde choc se fit sentir, faisant flotter au vent la cape du Jeune Prodige l'espace d'un battement d'œil. Un nuage de fumée opaque s'éleva dans son dos, dissimulant la présence de ses alliés, accompagné du pesant bruit métallique de la porte s'écrasant contre le sol.

 "Allons-y" chuchota Maya à l'occultiste avant de s'engouffrer dans la brèche.

Nobody n'avait pas laisser passé cette occasion. À l'instant même où elle avait compris que Damian allait appliquer leur plan, elle avait activé l'invisibilité de sa tenue, disparaissant littéralement aux regards. Elle s'était ensuite élancé dans le couloir derrière la porte, son objectif étant de découvrir la manière dont Nyssa al-Ghul voulait détruire Gotham tandis que Damian devait retenir sa tante et ses fidèles. Le rôle de Jason Blood dans l'affaire était plus floue, n'ayant pas eût l'occasion de se concerter avec lui au préalable. Il pouvait aussi bien mener le combat aux côtés du Fils du Batman qu'assurer le succès de l'opération en accompagnant Nobody pour identifier le danger qu'il était venu chercher. De son côté, Damian nota qu'il n'avait pas entendu les pas de son amie alors qu'elle partait… ce qui était habituellement le moyen qu'il avait pour repérer sa position à coups sûr. Elle s'améliorait indéniablement avec le temps.

Sans hésiter, le jeune homme s'interposa de manière à interdire l'accès au couloir à Nyssa et ses hommes. Armé de la lame de sa tante, il contra les premiers assauts en faisant preuve de la virtuosité qui lui était coutumière avec une lame. Son niveau était telle qu'il avait déjà prouvé sa supériorité dans le domaine de l'escrime à sa propre mère et qu'il était même capable d'offrir une prestation honorable contre le terrifiant Ra's al-Ghul lui-même. L'éclat de l'acier s'entrechoquant ne tarda guère à raisonner alors que le fer était croisé.

" Tu veux connaitre le plus navrant, chère "tante"?" interrogea Damian sans cesser de se battre. "C'est que si ton but avait simplement été de contrer grand-père, si tu n'avait pas céder à nos plus sombres pulsion et te montrant prête à provoquer la mort de millions d'innocents pour ton seule désir de vengeance… j'aurais été prêt à t'accueillir parmi les miens." Avoua le jeune homme, une certaine amertume dans la voix. "J'aurais été prêt à essayer de tout faire pour te permettre de retrouver une vie loin de l'ombre de grand-père. Mais il a fallut que tes intentions consistent en détruire ma nouvelle maison… tout cela en espérant atteindre la Ligue ? Je suis sûr que tu ne comprends même pas à quel point tu joues son jeux. "asséna-t-il en assénant un violent coup de coude à l'un des fidèles de Nyssa.

Damian faisait preuve d'une indéniable maitrise du combat. Même si ses adversaires étaient de redoutables combattants, aucun d'eux n'était Ibn al Xuffas'ch. Chacun de ses mouvements étaient contrôlé, chaque coup qu'il donnait, minutieusement maitrisé. Il semblait littéralement dansé parmi ses adversaires, se jouant de leurs attaques les rares l'atteignant ne faisant que quelques blessures superficiels. Il n'hésitait pas à faire usage de sa cape pour déstabiliser ses opposants, à esquiver prestement les assauts de l'adversaire pour ensuite frapper dans des contre-attaques brutale. Il y avait une certaine grâce à le voir bouger au milieu de l'affrontement… car pour lui, le combat n'était pas qu'une question de survie, c'était bien un art qu'il connaissait parfaitement.
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En quatre minutes, le doubles des alliées de Nyssa gisaient au sol. Deux avaient des blessures non-mortelles, mais incapacitante, trois autres avaient été assommés tandis que le reste avaient été neutraliser grâce aux gadgets qu'utilisait le Jeune Prodige. Un ligoter par des bolas, un autre entravé par une mousse collante, et enfin le dernier neutraliser par un puissant somnifère que le Fils du Batman lui avait injecté au moyen d'une fléchette.