Un frère, c'est un ami offert par la nature - [Cassandra Cain]

Métropolis, la Ville de Demain avait radicalement changé de visage depuis que les semblables de Kal-El avaient décidé, à deux reprises, d’en faire leur champ de bataille privilégié dans leurs tentatives de s’emparer de la planète bleu. Jadis, l’une des cité les plus moderne du monde et une de celle réputé pour sa qualité de vie… malgré les nombreuses super-menace dont devait s’occuper son protecteur attitré.

Mais même si la ville semblait être parvenue en grande partie à se reconstruire suite à ces deux agression de la part des Kandoriens, Damian pouvant d’autant plus le constater qu’il avait été présent, et aux premières loges, dans les deux cas, elle restait loin de s’être relevé. L’essentiel des destructions avaient été réparée ou étaient en cours de réparation. Mais la poigne du Général Lane, nouveau « Gouverneur de la Terre » n’était nulle part plus visible qu’à Métropolis. Celui-ci avait décrété la loi martiale en vue de la guerre avec les Kandoriens. Partout où Damian promenait son regard, il pouvait constater une présence militaire.

Le jeune homme avait quitté son territoire familiale de Gotham pour se rendre à Métropolis, mais c’était bien une affaire Gothamite qui l’amenait en cet endroit. Et à cause de cela, l’acolyte du Chevalier Noir répugnait à faire appel à un membre de la Maison des El malgré qu’il opérait dans leur territoire… mais depuis les premières attaques sur la cité de Superman, une partie des activités criminels de Métropolis s’étaient exporté à Gotham. Depuis maintenant des mois, Robin avait été plus d’une fois confronté aux tentatives de la pègre Métropolitaine de s’implanter au sein de la faune criminel de la ville de son père.

Profitant de l’obscurité nocturne et mettant à profit son entrainement dans l’art de l’infiltration, le jeune héros pouvait passer complètement inaperçu des patrouilles et des passants, se jouant de la vigilance des forces de sécurités. À ses yeux, tout cela n’était qu’une farce. La loi martiale avait bien un effet sur la criminalité, mais seulement la criminalité visible, le haut de l’iceberg. La présence de militaire intimidait certes les criminels, mais elle les poussaient surtout à se montrer plus discret, plus malin. Les rues étaient peut-être plus sûr, mais le crime organisé poursuivait ses activités, les assassins professionnels voyaient leur tâche légèrement compliqué mais pas entravée, la contrebande était temporairement désorganisé par les nouvelles mesures de sécurité, mais s’adapterait bien vite.

Le jeune homme poursuivit sa progression dans les rues de Métropolis s’arrêtant seulement pour empêcher un ou l’autre crime en cours. Il y était souvent venu avec Jon et les Supersons, mais cette Métropolis n’avait plus grand-chose à voir avec celle qu’il pouvait observer maintenant. Jadis, ville pleine d’espoir, l’atmosphère semblait chaque jours se rapprocher de celle du purgatoire terrestre qu’était Gotham. Ce n’était pas seulement la présence des militaires, il s’agissait d’un tout. Une misère bien plus apparente, des camps de réfugiés attendant de pouvoir retourner chez eux, des signes anti-Superman omniprésent, tournant ce qui fut jadis un symbole d’espoir en objet de haine et de ressentiment. Bien que tout cela était navrant, une part de l’esprit du jeune homme trouvait fascinant d’assister à un tel retournement.

Finalement, le jeune homme arriva à sa destination. Un des quartiers résidentiels de Métropolis où de nombreux immeubles à appartements. La personne qu’il était venu trouvé ici n’était autre que sa sœur adoptive, Cassandra Cain, anciennement Batgirl mais depuis en froid avec le reste du bat-clan. De nombreux évènements s’étaient déroulés qui n’avaient fait que creuser le fossé entre la fille de Dame Shiva et sa famille d’adoption. Cela avait toujours chagriné Damian qui avait entretenu un lien assez fort avec sa sœur du fait des similarités de leurs passés, de leurs éducations…. Le Fils du Batman n’avait jamais réellement compris les causes profondes qui avaient poussé Cassandra à ainsi leurs tourner le dos, et encore maintenant, ne savait pas réellement quel attitude il devrait adopter à son égard… ni même s’il devait encore lui faire confiance. Mais le fait était qu’il s’agissait probablement l’une des rares personnes vers lesquels il pouvait se tourner pour la mission qu’il s’était confié pour cette nuit.

Connaissant ses compétence ainsi que pour qui elle avait travaillé après son départ du Bat-clan, le jeune homme ne préférait pas prendre de risque. Il prit le temps d’inspecter à distance les lieux, ainsi que le voisinage, utilisant les différents spectres de vision inclut dans les lentilles de son masque ainsi que les plans du bâtiment qu’il avait récupéré. Il était étonné de ne trouver que des protections… basique, pas de système spécialement sophistiqué. Il décida cependant de jouer la sécurité. Planant jusqu’au sommet du bâtiment où résidait désormais sa sœur, Damian atterrit sans le moindre bruit. Il installa alors un dispositif près de l’une des antenne du bâtiment, un brouilleur qui permettrait de perturber les systèmes électronique de celui-ci pour quelques minutes… plus qu’il ne lui en fallait pour pénétrer à l’intérieur sans être repérer.

Mais avant d’activer le dispositif, Damian prit le temps d’observer le ciel. À Gotham, la pollution était si omniprésente qu’en-dehors du Manoir Wayne, il avait rarement l’occasion de voir un ciel nocturne dégagé. Métropolis n’était certes pas exempt de pollution nocturne mais la vue était indéniablement meilleur. Il pouvait admirer certaine constellation… dont celle de Persée, au sein de laquelle se trouvait Algol, l’étoile qui avait donné son nom à sa famille. Il pouvait aussi voir la planète Mars, désormais aux mains des Kandoriens…

« Tst, et dire que certains prétendent que notre destin est écrit dans les astres. » lâcha-t-il légèrement désabusé.

Damian repassa les étapes de son infiltration dans son esprit. Activer le brouilleurs pour que les caméra, systèmes d’alarmes et autres matériels électroniques soient brouiller pendant quelques minutes. Descendre jusqu’à la fenêtre de l’appartement de sa sœur grâce à son grappin, profiter de la fenêtre d’opération pour se créer une entrée, pénétrer à l’intérieur, et le cas échéant devoir composer avec les conséquences de ses actions. Cassandra était l’une des rares personnes sur cette planète qui pouvait percevoir sa présence dans les ombres et elle n’était pas toujours tendre avec les intrus…

L'appartement de Cassandra Cain et de Conner Kent réussissait le rare miracle d'être lumineux, cosy, aéré, en plein centre-ville et encore debout.

Quelque chose qui, au fil des attaques sur Metropolis, avait le mérite d'être à souligner.


L'immeuble regorgeait de ces particularités architecturales qui donnaient un style si particulier à Metropolis. On y sentait, comme en de nombreux autres endroits de l'horizon urbain de la ville de Demain une envie d'essayer, d'innover, d'égayer le regard du badaud. Le désir impérieux de lutter avec la force de l'urbanisme contre les puissances invraisemblables du cosmos qui, chaque semaine, faisait trembler la métropole ! Le témoignage permanent et quasiment quotidien du génie humain, qui rebâtissait plus grand, plus fort, plus beau et plus cocasse à chaque nouvelle catastrophe !


Le grand mystère demeurait comment un couple aussi mystérieux et débraillé était parvenu à s'offrir un tel îlot de tranquillité dans le climat actuel. Les rumeurs allèrent bon train à ce sujet, et plus encore depuis la disparition de l'homme : on pouvait imaginer une sombre affaire de blanchiment d'argent avec le garage qu'il faisait tourner en bas de la rue, mais son départ compliquait tout. Et le retour de la femme également. Disparue des mois durant, elle était revenue d'un voyage en Europe, paraissait-il. Et personne n'était venu réclamer de quittances de loyer pendant la vacance de l'appartement. Tout juste avait-on vu une Brésilienne y aller et venir de temps à autres. Probablement la femme de ménage !

Les rumeurs ne firent pas long feu : la boîte aux lettres arborait les noms de "Kent" et surtout, de "Wayne". Une simple recherche sur le net abreuvait le curieux d'innombrables photos de galas de la jeune asiatique taciturne. Cassandra Wayne, fille de l'excentrique Bruce Wayne. Fille qu'il devait avoir eu avec la femme chinoise qui se présentait régulièrement dans l'appartement et que l'occupante appelait "Maman". Probablement l'une de ces femmes-trophées dont les riches jouissaient avant de les jeter comme de vulgaires ustensiles usagés.

C'était la fille de Bruce Wayne, et son père devait généreusement l'arroser, elle et sa mère, pour faire taire les scandales. Et elle sortait avec un vulgaire garagiste comme une forme de révolte face à l'absurdité du monde qui l'avait vu naître. Oui. Voilà qui était sûr ! Elle avait d'ailleurs dû le dégager, cette racaille, puisque l'on ne le voyait plus ! Mais enfin, ça n'était pas plus mal, car la jeune femme était bien née, la pauvre, et raffinée : elle avait même aidé la petite voisine avec ses classes de ballet, pensez-vous ! Ce devait être une danseuse professionnelle, ou quelque chose.

Oui, car on y entendait souvent de la musique classique, dans cet appartement. De l'opéra ou du ballet. Des grognements aussi, des fois. Elle devait s'entraîner.

Enfin, le principal était que le saltimbanque s'en était allé. Bon débarras ! Oh, la pauvre petite avait l'air triste de ce départ, mais ça lui passerait ! Elle avait l'air d'être avec la femme de ménage Brésilienne, maintenant. Et quel boucan elles faisaient !
C'était qu'avoir une Wayne dans le bâtiment, ça lui faisait sa petite réputation ... Même si on aimerait éviter les frasques inspirées du paternel !

S'ils savaient ce que Cassandra faisait dans la vie, ils ne seraient pas déçus, ces nouveaux riches qui essayaient de lui pitcher des idées de start-up dans l'ascenseur !

Comme, d'ailleurs, la véritable signification derrière certains des morceaux qui résonnaient dans l'appartement, par moments.


Dès que les premières notes se firent entendre, sitôt Damian entré, les jeux étaient faits.

Toutes les sécurités modernes de l'immeuble, ces millions engouffrés dans des sociétés de gardiennage aux noms ronflants de héros mythologiques, ces caméras, ces alarmes, ces senseurs avancés ... Ils avaient été défait avec l'aide d'un seul bat-gadget. Un scalpel enfoncé profondément dans la pelote de ficelle. Un renard dans le poulailler.

Cassandra avait été Batgirl. Elle avait utilisé ce matériel. Elle savait à quel point toutes ces protections étaient vulnérables. Jusqu'à la disparition de Conner, elle n'en avait pas eu besoin.

... Et depuis, elle avait sa collection de boîtes à musique.
Une boîte à musique, un fil de pêche et un bout de chewing-gum.
Chaque fenêtre et chaque baie vitrée avait sa mélodie, et chaque fenêtre et chaque baie vitrée chantait, à chaque passage.
Sensible, rudimentaire, rapidement horripilant pour qui n'était pas habitué ...

Mais diablement efficace.

" Damian ?! "

Dans l'encadrement de la cuisine, un couteau prêt à être lancé à la main, Cassandra se tenait. Surprise.

Trahie par son corps, un bref instant.

Le temps d'identifier la menace.

Ou plutôt son absence.

" Y'a un interphone. " fit-elle remarquer laconiquement en rangeant le couteau dans son tablier " J'aurais ouvert. "

D'un signe de tête, l'ancienne Batgirl invita son frère à la rejoindre dans la cuisine, d'où provenaient une forte odeur de cannelle, de rhum et de pâtisserie fraîchement sortie du four.

Il ne fallut pas longtemps pour le Fils du Batman pour s’infiltrer à l’intérieur de l’appartement qu’occupait sa sœur adoptive. Cependant, il pesta intérieurement à l’instant même où il entendit une musique se déclencher quand il pénétra dans la pièce. Il ne lui avait fallut qu’une fraction de seconde pour comprendre que ce bricolage archaïque, mais ingénieux, constituait un système de sécurité qu’il n’avait pas anticipé. Mais qu’attendre d’autre de la part de « Celle qui est Tout », comme elle fut surnommé au sein des Ombres.

Sa présence par contre, sembla surprendre sa sœur qui ne put dissimuler sa surprise alors qu’elle faisait irruption depuis la cuisine prête à lancer un couteau. L’Héritier du Démon ne bougea cependant pas. Malgré que Cassandra fut probablement l’une des meilleurs au sein du Bat-clan, les chances qu’elle parvienne à le toucher avec une arme aussi mal équilibrée et les mains encore sale de ses travaux culinaires étaient infimes… à moins qu’il ne se décide à se mettre volontairement dans l’axe de tir.

« Tst, je ne vois pas l’intérêt de courir le risque qu’un de tes voisins aperçoive Robin poireauter devant ta porte et commencent à poser des questions. »

L’attitude corporel de Damian était… conflictuelle. D’une part, certains signes montraient clairement qu’il était content de voir sa sœur, mais il restait une certaines défiance en lui. Il ne savait pas réellement quelle comportement adopter par rapport à l’ancienne Batgirl, surtout après son départ du Bat-clan et tout ce qui en avait découlé. En réalité, il n’était même pas sûr que sa présence aurait été la bienvenue malgré leur lien car dès l’instant où Cassandra était apparue, pendant le temps d’un clignement d’œil, son corps s’était préparé à un potentiel affrontement.

Alors qu’il se dirigeait vers la cuisine, à l’invitation de la maîtresse des lieux, Damian prit le temps d’un peu observer l’appartement dans laquelle Cassandra vivait. Il n’avait jamais eut l’occasion de le visiter et le moins que l’on pouvait dire, c’était que cela tranchait grandement avec le style du Manoir Wayne. Le regard de Damian s’attarda sur plusieurs éléments, son instinct de détective cherchant presque par automatisme à rassembler des informations sur la vie que Cass menait à présent. Bien que l’on ne puisse pas dire que l’endroit soit désordonnée, on ne pouvait que constater un relâchement de la discipline ménagère en l’absence de la supervision d’Alfred.  Il regarda un peu les photos exposées, quelques unes montrant Cass en compagnie de Conner… le clone de Superman. Damian ne l’avait pas beaucoup fréquenté, mais ce fut rarement sous le signe de la bonne entente, ce dernier ayant été jusqu’à lui nier le droit d’être Robin à l’époque. Il remarqua également une salle qui semblait plus… bordélique, et qu’il déduisit appartenir à celle qui servait à présent de colloque à l’ancienne Batgirl si ses renseignements étaient correct.

Finalement, il resta à l’entrée de la cuisine, observant sa sœur en silence alors qu’elle lui proposait du gâteau qu’elle venait de préparer. Il resta, interdit, quelques instants… comme s’il hésitait à franchir le pas. Il pouvait sentir les odeurs de la cuisine, reconnaître presque chaque aliments qui avaient été utilisé.

« C’est la recette d’Alfred, n’est-ce pas ? » finit-il par demander sur un ton neutre tout en pénétrant enfin dans la cuisine pour rejoindre sa sœur.

Le jeune héros prit le morceau que lui tendit sa sœur, et prit le temps d’un peu l’inspecter avant d’y goûter. Dans une famille où la plupart des membres s’étaient, plus souvent qu’à leur tour, distinguer par leur incapacité à cuisiner un véritable plat, c’était presque surprenant de découvrir que l’une d’entre eux semblait être arrivé à se passer des service du majordome de la famille. Même si la pâtisserie n’était pas complètement au niveau de celles faites par Alfred, elle n’en restait pas moins des plus acceptable. Un sourire fugace apparut sur le visage de Damian alors qu’il mangeait le morceau de pâtisserie.

Les signaux du corps de Damian étaient… hésitant. Cela trahissait qu’il restait en plein doute concernant sa sœur, sur comment aborder la raison de sa venue. Il n’était évidemment pas venu uniquement pour prendre des nouvelles de sa sœur prodigue, même s'il y avait évidement un peu de ça. Cependant d’autres choses lui occupaient l’esprit. Et comme souvent, il peinait parfois à s’ouvrir.

« Je ne sais pas si tu t’en soucie encore après que tu aies quitté notre famille et tout ce qui s’est passé mais… père est porté disparu. Depuis quelques mois maintenant. J’ai pensé que tu méritais au moins d’être mise au courant. »

Malgré le fait qu’ils ne voyaient pas toujours les choses du même œil, l’absence de son père se faisait parfois durement ressentir chez Damian. Bien qu’Alfred soit toujours là pour veiller sur lui, le Manoir pouvait parfois paraître très vide. Le Fils du Batman était le dernier de sa fratrie à encore vivre dans cette immense bâtisse et en-dehors des patrouilles, il ne voyait ses frères et sœurs qu’au mieux de manière ponctuelle. C’était en partie de sa faute, il n’était pas du genre à aller de lui-même les retrouver, mais cela ne l’empêchait pas de parfois ressentir une grande solitude… réminiscente de son enfance au sein de la Ligue des Assassins. À l’époque, il était certes entouré de serviteurs, mais la seul personne qui comptait à ses yeux était sa mère et ses visites étaient parfois rares. Depuis qu’il avait rejoint son père, il s’était découvert une nouvelle famille, mais leur progressif éloignement ne s’en faisait que plus ressentir malgré la présence d’Alfred. Il lui restait certes ses amis des Supersons, ou ses camarades de l’Académie, mais la priorité de Damian restait toujours Gotham. Cette solitude était peut-être l’un des facteurs expliquant pourquoi le jeune homme semblait être venu renouer avec sa sœur adoptive.

« Pour le public, père est simplement parti en « voyage d’affaire ». Mais la vérité c’est qu’on a plus de nouvelles de lui. Même Pennyworth ignore sur quelle affaire il travaillait. Avec les autres… on s’efforce de compenser son absence. »

Une légère tension parcourut le corps du jeune homme à ces paroles. Il détestait avoir l’impression d’être ainsi systématiquement mit à l’écart des intentions de son père. De ne jamais savoir ce qu’il comptait faire et pourquoi il disparaissait. En plus, pour êtres honnête, si les différents membres du Bat-clan faisaient effectivement de leur mieux pour la protection de Gotham et poursuivre l’œuvre de Bruce Wayne, le manque de leadership claire nuisait à leur coopération. Drake avait plus ou moins unilatéralement décidé de s’occuper avec Lucius Fox des affaires des Wayne Enterprise, à la grande frustration de Damian qui estimait aussi avoir un droit de regard sur les affaires familiales malgré son jeune âge.

Chacun des Chevaliers de Gotham tendaient à s’occuper de ses affaires dans son coin, bien qu’au moins les échanges d’informations se poursuivaient...mais en cas de crise d’ampleur, à voir si cela suffirait. Ce n’était pas un manque de bonnes volonté de la part des membres du Bat-clan et des leurs alliés, mais plutôt le résultat d’années à avoir chercher après la directions du Chevalier Noir puis avoir chercher à échapper à son ombre. Dans leur esprit, consciemment ou non, le Batman restait celui aux commandes qu’importe la situation.


« J’oubliais. Brown a fortement insisté pour que je te donne ça quand elle a sut que je comptais aller à Métropolis. »

Damian sortit une enveloppe d’un repli de sa cape. À l’intérieur se trouvait une photos datant d’il y a bien des années en arrière. On pouvait voir dessus Cass et Steph en robe s’amusant à faire des grimaces à l’objectif de part et d’autres d’un Damian faisant la moue dans un costume de soirée et la coiffure déjà ébouriffée. Elle avait été prise par Dick juste avant un soirée de charité organisé par la Fondation Wayne, peu de temps après le retour de Bruce Wayne suite à son voyage à travers le temps. Il s’agissait de l’une des première fois depuis longtemps que toute la famille avait été réunit pour un évènement n’impliquant pas les affaires du Bat-clan et il avait tenu à immortaliser cela. En fond, sur la droite, on pouvait voir Tim discuter avec Alfred, visiblement inconscient d’être dans l’objectif. Le groupe se tenait lui-même sous un portrait de Thomas et Martha Wayne. Lorsque la photo avait été prise, les enfants Wayne étaient sensés se mettre en condition avant de se retrouver sur le tapis rouge pour les insupportable séances sous les flash des appareils photos avant de rejoindre les invités et devoir faire bonne figure. Damian avait toujours détesté ce genre d’évènements… surtout quand on le forçait à frayer avec les gamins des autres familles. À l’arrière de la photo, quelques mots étaient écrits.

« Salut Cass.
Je profite que le Gremlin postale passe dans ton quartier pour t’envoyer cette photo qui, j’espère, te rappellera de bon souvenir ainsi que ces quelques mots.
Si tu reçois cette lettre, c’est que son porteur aura décidé d’aller faire ses affaires sans moi, ce pour quoi il y aura des représailles à son retour. Si par contre tu lis cette lettre et qu’il ne te l’a pas donné en mains propres, tu as mon autorisation pour le cogner.
Je sais que tes liens avec la famille, et surtout le grand grognon en chef,se sont… refroidies avec le temps. J’espère encore qu’un jour on pourra passer au-dessus de ça, mais en attendant, ma porte te restera toujours ouverte.
Est-ce que tout va bien pour toi ? Surtout après ce qui s’est passé à Métropolis ? Si tu as besoin d’aide, tu sais que tu peux nous appeler.
J’attends de tes nouvelles par retour de Gremlin. Tu peux garder la photo par contre.


PS : Tu me manques.
PPS : Pour l’orthographe, j’ai fait relire par Alfie, s’il reste des erreurs, c’est sa faute.
PPPS : Est-ce que Dami a pris de tes nouvelles ? Il a intérêt à l’avoir fait, sinon je repeins tous ses uniformes en mauve.
Stéphanie »

A côté de la signature de Stéphanie, se trouvait aussi celle de Damian, bien que beaucoup plus discrète. Stéphanie l’avait surpris à préparer sa mission à Métropolis et avait absolument tenu à l’accompagner. Néanmoins, juste au cas où Damian décidait d’y aller sans elle, Steph lui avait fait promettre de porter cette lettre à Cassandra. Malgré que Damian aie un peu traîné des pieds à l’idée de jouer les pigeons voyageurs, il avait néanmoins accepté… ne serait-ce que parce qu’il avait toujours eut l’intention de rendre cette visite à sa sœur.

« Je… est-ce que tout se passe bien pour toi ? » finit par lâcher Damian pendant que Cass lisait la lettre. «  Je veux dire, est-ce que tu es apte pour une mission ? » se rattrapa-t-il, cherchant à rester professionnel.

La relation qui unissait Damian à son père n'était pas un secret au sein de la famille Wayne et de la communauté des porteurs de chauve-souris. C'en était même devenu un sujet pour le taquiner. Un de plus. Déstabiliser le jeune Robin était quasiment devenu une discipline sportive, en interne. Rien de méchant, évidemment ... C'était même la version locale d'une relation normale avec le "petit frère", si tant est que l'on puisse en parler ainsi.

L'un des innombrables sujets qui pouvaient faire sortir de ses gonds Damian. Ou tout du moins le faire passer sur la défensive. Lui faire sortir l'une de ses innombrables réflexions sur sa supériorité, son héritage, sa mission, sa destinée ... Il devait y avoir quelque part une liste des perles de Damian, constituée par Stephanie ou par Tim... Comme il en existait une pour Batman. Et une pour elle aussi. C'était de bonne guerre, remarquez. Le plaisir coupable de Cassandra avait longtemps été de faire sursauter Stephanie en se cachant dans des endroits improbables.

C'était quand elle se remémorait cela, quand elle voyait Damian ainsi, supputer la présence de Robin sur son perron que Cassandra en venait à regretter le passé. A regretter ses choix. A se demander si elle n'aurait pas dû rester à Gotham. Rester proche de Batman, des Wayne. Peut-être qu'elle avait surréagi... Mais c'était il y a longtemps, maintenant.

" En effet. " accorda-t-elle à son petit frère, en se préoccupant de découper le gâteau, " Mais ça me changerait des questions sur Conner. "

"Dites, Miss Wayne, Kent, comme Superman ?", "Est-ce que ce n'était pas lui Superman en fait, depuis le début ? Sa véritable identité secrète ? C'est pour ça qu'il est parti ? Vous êtes un peu jeune pour Superman, de toutes façons ... Enfin c'est mon avis !".
Oui, se voir servie des "Attendez, mais c'était pas le petit acolyte de Batman devant votre porte, l'autre jour, Miss Wayne ?", "Qu'est-ce qu'il est trognon, avec sa petite cape et son air bougon ! Vous lui donnez des cours de danse à lui aussi, Miss Wayne ?", ça la changerait. Ça la changerait en bien. Elle rigolerait de bon cœur, aussi. Elle donnerait le change, au moins. Elle ne se retiendrait pas de frapper.

Cassandra Wayne était très polie, très souriante, très gentille, de l'avis de ses voisins. Très froide, très renfermée et pourtant très attentionnée. Très bizarre, aussi, mais ça rajoutait à la mystique de la fille de bonne famille, de son éducation d'élite et de ses vices qui devaient l'être tout autant.

" Ils prennent déjà Maman pour l'ex-femme de Papa. " soupira-t-elle en organisant méthodiquement les parts, " Ils imaginent déjà des bêtises. "

Damian étant maintenant dans la cuisine, elle se retourna pour lui tendre une part de gâteau, dans une assiette couleur terre sans fioritures, du genre de celles que l'on trouve par cartons entiers dans les grandes chaînes de mobilier bon marché, entre les bureaux en kit et les commodes aux noms imprononçables. Une marque de plus de l'intense déconnexion qu'il existait entre l'opulence de l'appartement et l'incapacité de ses occupants à l'honorer. En cela, elle était bel et bien proche de son père adoptif.

" Mmh-hm. " hocha-t-elle, quand Robin s'enquit de l'origine de la recette.

Oui, elle venait d'Alfred. Alfred, de qui elle tenait beaucoup de choses également ... Et duquel il lui restait d'ailleurs pas mal à apprendre, si elle se fiait à l'expression de son frère.

Expression qui en disait beaucoup plus, d'ailleurs. Expression qui trahissait sa préoccupation pour quelque chose... mais des années passées à ... "subir" ses talents lui avaient appris à ne pas se risquer à brusquer Damian, et elle se contenta donc de venir placer les coudes sur le plan de travail. Le visage posé sur les poings, elle attendit donc la déclaration à venir du jeune homme. Une ouverture pénible pour lui, et pourtant inévitable.

Et même la maladroite oreille attentive qu'était Cassandra, à l'usage unique d'une poignée de ses proches, avec son expression figée et ses laconismes ...

" Oh. "

... laissa ses émotions percer sa carapace.

Batman et Batgirl avait eu leurs différends, Bruce et Cassandra ... Mais Cassandra n'était pas en monstre, en dépit du ressenti de la majorité de la communauté héroïque.

" Je ... "

Elle tenta bien, oui. Elle tendit une main rassurante ... Mais il fut plus rapide. Habitué probablement à esquiver les tentatives de personnes autrement plus expérimentées dans ce domaine.

Sa riposte fut une lettre, dégainée de sa cape.

A l'intérieur, une photo, vieille. Joyeuse. Impossible de se remémorer le jour précis, mais tout cela semblait lointain. Très lointain. Cassandra avait du mal à se souvenir d'une époque où elle avait été insouciante à ce point. Souriante à ce point. Vraiment souriante. Heureuse, oui. Elle l'avait été. Enfin. Elle l'imaginait. C'avait dû être le cas ... Mais souriante, innocente, comme ça ? Combien d'années étaient passées ?.. Et puis surtout, qu'est-ce qui était arrivé à l'adolescente de cette photo ?

Qu'est-ce qui était arrivée à la Cassandra à qui Stephanie avait écrit ?

Elle peina à déchiffrer les phrases d'une lettre qui, pour qui que ce soit d'autre, aurait probablement pris moins d'une minute. Elle fronça les sourcils, et elle répéta plusieurs fois les mots silencieusement comme une écolière. Elle souffla du nez, quand elle vit son autorisation de cogner. Elle fut préoccupée quand elle vit la mention de ses relations avec Batman.

Elle s'arrêta après le "Tu me manques", et posa la photo.

Avec tant d'efforts portés sur un assemblage de lettres, après des retrouvailles inattendues et des nouvelles qui l'étaient tout autant, ce qui devait arriver, et la carapace se fendit.


Damian lui avait posé une question. Une paire de questions. Il cherchait du sérieux, du formalisme. Sa langue avait fourché avec une question personnelle.

Il était affecté, aussi. Et il était inquiet. Ce n'était pas juste une visite innocente. Pas ce genre de visite innocente. Damian était le fils du Batman, et il était beaucoup plus direct quand il était seulement question de "travail". Il n'aurait jamais accepté de porter une lettre de Stephanie s'il n'avait pas voulu venir de lui-même.

Mais surtout, il avait fait la terrible erreur d'être trop près.

Alors Cassandra l'agrippa pour venir serrer Damian contre lui, tout à la fois trop fort pour s'en libérer facilement, et trop fébrilement pour être qu'une simple embrassade. Damian devait le savoir, Cassandra n'en servait de toutes façons quasiment jamais, de ce genre de démonstrations d'affection.
Elle lui embrassa le front, et elle lui caressa les cheveux.
Ce devait être l'une des toutes premières fois qu'elle s'aventurait sur le territoire d'une tendresse quasiment maternelle, face aux doutes et aux interrogations que Damian exprimait sans les formuler.

Elle n'était pas en mesure d'apporter les solutions nettes et précises qu'un Batman aurait eu face à une telle situation ... mais elle n'en choisissait pas moins avec un soin méticuleux les "mots" de son corps.

" Vous me manquez. " se contenta-t-elle de susurrer, en continuant d'enlacer son petit frère.

Une phrase qui prouvait, s'il en avait douté, qu'il pouvait lui demander ce qu'il voulait.

Bien qu’il avait affecté de ne pas y prêter attention, le jeune homme avait écouter les rares paroles de sa sœur adoptives… les rares nouvelles qu’il pouvait obtenir de la bouche de celle-ci sur la nouvelle vie qu’elle menait, loin de Gotham.  Le jeune homme fut aussi brièvement incrédule quand Cass évoqua les croyances circulant sur elle dans son immeuble… ne sachant pas s’il devait s’offenser à l’idée qu’on puisse croire que Shiva aie été l’une des anciennes conquête de son père et tout ce qui en découlait. Le jeune homme n’étant pas réellement familier avec le concept de « femme-trophée », cette rumeur le plongeait plus dans une légère confusion qu’autre chose.

Il fallait cependant reconnaître qu’il y avait une logique que nombre de rumeur courrent sur Cassandra Wayne, contrairement à des Dick, Jason ou Tim, il était presque impossible de trouver de traces de son existence précédant son adoption par Bruce Wayne, un peu comme pour Damian d’ailleurs. L’arrivée du Fils du Batman au sein de la famille Wayne avait alimenté nombres de ragots du fait de sa ressemblance très forte avec son père, du fait que contrairement au reste de sa famille, il avait été reconnu comme le fils du milliardaire et non adopté. Il était devenu de notoriété publique, pour qui s’intéressait à ce genre de sujet, que Damian était bien le fils biologique du « plus beau parti » de Gotham… mais le mystère autour de l’identité de sa mère et de la raison pour laquelle il fallut tant d’années pour que son existence soit dévoilé avait alimenté son comptant de rumeur.

Damian avait laissé Cass lire le message que Stéphanie l’avait chargé de remettre. Il ne l’avait pas lu mais, connaissant Brown, il avait une vague idée de ce qui pouvait y être écrit… c’était d’ailleurs bien pour cela qu’il ne l’avait pas lu au préalable. La lecture n’étant pas un exercice facile pour sa sœur adoptive et Damian se dit un instant que le plus efficace aurait peut-être été qu’il la lui lise… mais ce qui y était écrit était destiné à Cass et à elle uniquement, aussi il garda le silence pendant que l’ancienne Batgirl déchiffrait ce message.

Il l’observait attentivement en reposant l’assiette sur laquelle Cass lui avait servit sa part de gâteau. Pas comme il en avait l’habitude, pas comme lorsqu’il dévisageait son interlocuteur à la recherche d’une faille, mais vraiment parce qu’il se sentait sincèrement concerné par le bien-être de sa sœur. En venant ici, il ignorait si Cass allait vouloir avoir quoi que ce soit à faire avec quiconque était lié au Batman. Il s’était avéré que malgré le fossé qui s’était creusé, sa sœur ne semblait pas vouloir le repousser. Cela aurait put-être par simple courtoisie au regard du lien très fort qu’ils avaient jadis partagé, mais elle avait également exprimé de l’inquiétude à l’annonce de la disparition de leur père. Enfin, il était visible que les mots que lui adressait Steph semblaient avoir un fort effet sur la fille de Shiva.

Mais la surprise de Damian fut néanmoins complète lorsque, en lieu et place de répondre à ses questions, Cass le prit dans ses bras pour l’enfermer dans une démonstration d’affection à laquelle il ne se serait jamais attendu venant d’elle. Sa sœur était généralement beaucoup moins démonstrative, lui ébouriffant parfois les cheveux avec affection, le poussant gentiment à relever la tête… des gestes discrets mais jamais elle ne l’avait ainsi étreint dans ses bras.

Tout d’abord, ce fut la stupeur qui s’empara du jeune homme, ignorant comment réagir face à ce cas de figure. S’il se débattit bien un peu au début, il finit rapidement par se calmer et à profiter de cet instant privilégié avec sa sœur. Il n’avait plus cure des questions qu’il se posait à son égard, du fait qu’elle lui étalait de la pâte à patisserie sur son costume et dans ses cheveux. Pas plus que du fait qu’il n’était pas toujours à l’aise avec ce genre de marque d’affection, y compris avec sa famille, bien qu’il n’y soit pas non plus insensible.

Lorsque Cass murmura à son oreille qu’eux aussi, sa famille, lui manquait, Damian céda à son tour. Lentement, il retira son masque révélant ses yeux, à la teinte émeraude si particulière, à sa sœur. Son regard, son attitude corporel, tout tendait vers une seul question silencieuse « Pourquoi ne rentres-tu pas ? ». Mais le Fils du Batman ne le demanderait pas, pas à voix haute en tout cas, sachant bien, appréhendant même, que quelque soit la réponse à cette question, il ne l’aimerait pas.

Ensuite, il prit à son tour sa sœur dans ses bras pour signifier à celle-ci que le sentiment était partagé. La serrant aussi fort qu’il le pouvait, comme s’il craignait qu’elle s’en aille s’il la lâchait. Il tremblait même légèrement alors qu’il enlaçait sa sœur tant son état émotionnel lui échappait. Cassandra lui avait manqué… énormément. Même si sa fierté lui avait empêcher de le montrer, il l’avait toujours admiré. Autant pour sa perfection dans l’art du combat et pour sa capacité inégalé à ne pas être détecter que parce qu’il la considérait tout simplement comme « la meilleur d’entre eux », celle qui incarnait le mieux l’idéal du Batman dans ses actions. Cela, ajouté au fort lien qu’ils avaient tout deux tissé, avait rendu très difficile pour le jeune homme l’avènement du schisme qui avait éloigné sa sœur de leur famille. Damian était resté aux côtés de sa famille, mais avait longtemps pensé avoir perdu sa sœur.

Presque pudiquement, Damian enfouit son visage dans l’épaule de Cass. À ce moment précis, il peinait à contenir ses émotions, à contenir le soulagement qu’il ressentait de ne pas avoir perdu sa sœur, et il ne désirait pas qu’elle le voie dans un état qu’il considérait comme étant de la faiblesse. C’était probablement en vain, même sans sa capacité à lire le corps, l’ancienne Batgirl faisait partie des personnes capable de voir à travers la carapace qu’il érigeait autour de lui. Le reste de leur famille, Dick et Steph en tête, y étaient arrivés à force de bienveillance et surtout de patience, mais Cass y parvenait toujours presque naturellement. Les occasions où l’Héritier du Démon avait été capable de lui dissimuler quoique ce soit pouvait se compter sur les doigts de la main.

« Il est bon de te revoir… Cassandra Wayne. » murmura Damian, accordant l’insigne honneur d’appeler Cassandra par le paronyme qu’il considérait usuellement comme étant sien. Chose qu’il n’avait jamais fait auparavant pour aucun de ses parents adoptifs, bien qu’il les considérait aussi comme sa famille malgré l’absence de lien du sang.

Prolongeant cette étreinte fraternelle pendant encore quelques instants, ce fut finalement le jeune Wayne qui y mit fin. Lâchant sa sœur avant de doucement la repousser pour briser son étreinte. Bien que visiblement encore ému parce qu’ils venaient de partager, il avait un regain de professionnalisme, Cass n’étant pas la seul raison qui l’avait amené à Métropolis… mais aussi pour des affaires concernant Gotham. Frottant ses yeux une dernière fois pour en ôter l’humidité des larmes qu’il avait contenu, il remit son masque. Il était à nouveau le même que lorsqu’il avait pénétré dans l’appartement de Cass, les doutes concernant sa sœur en moins et de la pâte à crêpe plein les cheveux et le costume en plus.

« Je suis venu demander ton aide pour une affaire, Cass. Je… l’Intergang est en train d’armer les gangs de Gotham avec de la technologie extra-terrestre. » annonça-t-il.

Il ne savait pas si Cassandra se souciait encore ou non de ce qui se passait dans la ville de la Chauve-Souris. Mais, à présent, il savait qu’elle agirait au moins pour l’aider lui. Si le simple fait de lui demander son aide aurait put suffire à la convaincre de venir, le jeune héros estimait cependant qu’il devait lui fournir de plus ample explications de dans quoi il s’apprêtait à l’impliquer.

« Depuis que les Kandoriens se sont échappé et l’attaque de Métropolis, l’Intergang à rediriger une partie de ses opérations vers Gotham. Au début, ils se sont simplement intégré dans le marcher noir pour revendre de la technologie kryptonienne qu’ils ont récupéré en ville. Avec l’aide de Superman, père et moi avons réussi à capturer Mannheim. » Damian passa sous silence la confrontation avec les Néo-dieux d’Apokolips qui en avait suivit. « On a pensé dès lors que leurs opérations prendraient fin, d’autant plus que l’Intergang éprouvait des difficultés à s’intégrer dans notre faune criminel. Mais ils ont continué, ils ont même intensifié leurs opérations. Et ils ne se contentent plus seulement de vendre quelques pièces ponctuellement. Ils se taillent une place dans le marché noir où ils créent une nouvelle demande pour des produits qu’ils sont les seuls à pouvoir procurer. Ils les fournissent non seulement contre de l’argent, mais aussi des faveurs. Ils ont embrigadé des gangs locaux pour les aider à mener plusieurs attaques contre des sociétés et des laboratoires de technologie de pointe. »

Damian se souvenait d’un carnage auquel il avait assisté il y a un peu plus d’une semaine à Wayne Enterprise. Lui, Stéphanie et Tim étaient intervenu avec le soutien de Batwing, et avaient repoussé l’assaut, mais cela avait été insuffisant pour empêcher un carnage parmi le personnel présent et qui avait commencé avant qu’ils ne puissent arriver sur les lieux. C’est à partir de là qu’il avait décidé de préparer son opération à Métropolis.

« Bien sûr, l’essentiel de ce qu’ils vendent est en fait juste des outils de haute-technologie qu’ils font passé pour kryptonienne pour gonfler leurs prix. Mais avec leurs nouveaux alliés, ils s’en prennent à tout les laboratoire à Gotham qui abritent, stockent ou étudient la technologie kryptonnienne pour s’en emparer. Et je soupçonne aussi qu’ils arment les gangs de notre ville pour les mettre en confiance dans le déclenchement d’une guerre de gangs. Une guerre au cours de laquelle ils pourraient profiter du chaos pour se tailler une place importante dans la pègre de Gotham. »

L’Intergang faisait peut-être partie du crime organisé, ils fonctionnaient plus comme une entreprise que comme une famille mafieuse traditionnel. Seul le profit comptait à leurs yeux, pas les questions d’Omerta ou d’autre code de conduite de ce genre d’organisation. Ils ne prendraient pas le risque d’autant investir dans ces opérations s’ils n’avaient pas un objectif derrière. Et cela était sans compter les missions que Apokolips pouvait leur avoir confié.

« On a déjà dût plusieurs fois affronter des gangs disposant d’une technologie rivalisant ou surpassant la nôtre. Le dernier exemple en date sont les hommes de White Shark qui disposaient d’un laser capable de transpercer la Batmobile de part en part, en dépit de son blindage. J’ai décidé de contre-attaquer à la source pour stopper l’approvisionnement de nos ennemis. Mais dans le contexte, je ne peux pas mobiliser le reste de nos alliés en dégarnissant Gotham, et la maison des El a déjà bien assez de soucis sur les bras avec la crise Kandorienne. C’est pour ça que j’ai décidé de me tourner vers toi Cass. Parce que ton aide pourrait nous êtres précieuse et que tu connais déjà nos méthodes. »

Dans tout les cas, Damian aurait entreprit d’agir, même sans Cassandra. Mais il avait voulut utiliser cette opération comme excuse pour tenter de renouer avec sa sœur… ne serait-ce que pour savoir où ils en étaient. Damian activa l’interface holographique de l’ordinateur intégré à ses brassards pour montrer un plan d’un secteur de Métropolis en particulier : Bakerline pas loins du chantier naval, sur les bord de la baie d’Hob traversant la Ville de Demain.

« Si les informations que j’ai recueillit sont exact, l’un de leurs principaux centres logistiques est dissimulé dans des entrepôts que l’Intergang loue à la société Amertek. Ils sont lourdement gardés et utilisent une flottille de mini sous-marin pour transporter leurs armes à Gotham de nuit. Je compte m’infiltrer là-bas, récupérer les renseignements que je peux et si possible détruire les stocks qui y sont entreposés. Ce ne sont probablement pas leur seuls réserves mais ça pourra toujours nous offrir un répit. Est-ce que tu m’aideras ? »

Damian connaissait déjà la réponse de Cass, les actes de celle-ci étant claire sur la question. Mais il avait besoin de l’entendre le lui dire. Il avait cependant conscience de demander un gros service à Cassandra. Elle s’était écartée de la vie de justicier, elle s’était construit une vie en-dehors du Bat-clan. Et il arrivait pour lui demander de remettre les mains dans le bourbiers qu’étaient les affaires Gothamite. Elle aurait beaucoup de raison de se montrer hésitante.

Entre comprendre les sentiments et les exprimer, il y avait une large frontière que Cassandra avait toujours eu beaucoup de mal à franchir. Cette observation pouvait d'ailleurs probablement être également faite avec Damian Wayne qui, en dépit de son patronyme, n'en restait pas moins l'un des moins expansifs membres de la famille. Peut-être que cela venait de l'improbable mélange génétique entre la chauve-souris mutique de Gotham et la progéniture de son antagoniste le plus laconique, mais la réalité était probablement que la Ligue des Assassins ne vous laissait pas véritablement le loisir de vous former des relations "normales".

... Et pour ce qui était des relations "saines", elles étaient purement et simplement inenvisageables.

Mais le hasard avait voulu que leurs retrouvailles se trouvent probablement être l'exemple le plus concret de ce qu'une relation aussi "saine" qu'imaginable pour leurs personnes ait pu être. Avec une Cassandra qui ne put se retenir de sourire au fait d'être adoubée par celui qui était probablement le plus difficile à convaincre de leur étrange fratrie.

L'exposé qu'il lui fit de la situation en son absence, néanmoins, ne la rassura pas, et effaça même son sourire. Dans le cadre de ses opérations à l'ARGUS, Cassandra avait été mise au courant de certains des agissements de l'Intergang, mais il ne représentait pas son secteur d'activité principal ... Après tout, l'ARGUS s'occupait de menaces plus globales et autrement plus insidieuses, directement en rapport avec le monde super-héroïque dans tout ce qu'il avait de plus étrange, merveilleux et improbable. L'Intergang trouvait parfois sa place dans ce curieux assemblage, mais les cadres dirigeants de l'organisation avaient le bras long ... et l'intelligence de reconnaître la vertu qu'il y avait à être dans les bonnes grâces des agences gouvernementales américaines et mondiales.

Cassandra n'y avait pas trouvé grand chose à redire ... jusque-là.

Elle avait rejoint l'ARGUS par conviction, elle l'avait rejoint car elle pensait qu'elle pourrait trouver un sens à sa vie et à sa lutte permanent si elle l'incorporait au sein d'une organisation plus large et plus ... "légitime" que la Bat-Family. Ce n'était pas complètement faux... Mais même cela avait ses limites.

La hiérarchie supportait mal les louves solitaires de sa trempe, quelque puisse être ses capacités ou ses états de service. C'était bien pour cela qu'elle avait été suspendue après avoir réquisitionné un véhicule d'intervention sans autorisation pour se rendre au chevet de Martha Kent ... Et avait envoyé un paparazzi en réanimation.

Et pourtant, Cassandra était restée fidèle, envers et contre tout. On avait essayé de la débaucher, de la convaincre, de lui faire tourner casaque ... de la corrompre, même. Elle avait à chaque fois refusé, à des degrés divers.

Cole Cash avait probablement été celui qui était passé le plus proche de réussir, avec son offre de rejoindre le service d'une unité indépendante secrète financée par la HALO Corporation. Proche, mais pas assez.

Et Damian Wayne venait d'accomplir en quelques minutes à peine ce que d'autres avaient échoué à faire malgré des mois de tractations subtiles.

La Famille demeurait un moteur autrement plus efficace que l'Argent ou la capacité à ne pas "s'encombrer de bureaucratie".

Progressivement plus sérieuse à mesure que l'exposé avançait, l'ancienne Batgirl ne fit même pas l'affront à son petit frère de lui confirmer verbalement ce qu'il savait déjà. Elle fit plus concrète et plus pragmatique, en décrochant de son cou une petite pièce qu'elle portait en sautoir pour la lui tendre.

C'était la puce qui contenait ses accès au réseau interne de l'ARGUS. Ce qui devait être la dernière pièce nécessaire à la famille Wayne pour accéder à l'un des réservoir de renseignements les mieux protégés de la planète.

Elle posa ensuite un rouleau d'essuie-tout auprès du Robin avant de décrocher ses atours de cuisinière. L'ancienne justicière se rendit dans sa chambre pour aller y ouvrir une malle cadenassée, et en sortir un impressionnant arsenal extra-judiciaire de pointe gracieusement offert par les esprits les plus brillants du gouvernement. Des prototypes et autres matériels supposément inexistants, destinés aux opérations les plus secrètes ... et que Cassandra avait gardé pour elle.

L'un de ses nombreux écarts qui, mis bout à bout, lui avait finalement valu une inspection ... et une sévère bordée de sanctions disciplinaires à venir, si ce n'était même un procès.

Le peu de temps qu'elle mit à s'équiper confirma qu'elle n'avait ni perdu la main, ni le sens de la préparation teinté de paranoïa qu'une jeunesse entièrement voué au combat avait durablement imprimé dans l'esprit de la jeune femme.

A vrai dire, eût-ce été pour l'accumulation de barda bien plus militaire qu'à l'accoutumé, la carabine et son pistolet de service ... les nombreuses armes blanches et accessoires désespérément rustiques que Cassandra Cain embarquaient avec elle auraient tout aussi bien pu signifier le retour d'Orphan, de Black Bat, ou de quelque autre sobriquet qu'elle avait un jour accroché à sa personne.

La réalité n'était pas si éloignée de cela, en fait.

" Même à nous deux, il nous faut un plan. " nota finalement Cassandra, en venant claquer le levier d'armement de sa carabine du tranchant de la main, " Ils s'attendront à Superman. Pas à nous. Ils seront équipés lourdement. "

Cassandra avait toujours fait des actions son langage plus que les mots, cela s’illustra à nouveau lorsqu’elle fit don à Damian d’une puce d’identification. Le jeune homme savait qu’en faisant cela, sa sœur lui témoignait une immense marque de confiance. Il avait bien vu que la situation qu’il décrivait avait éveillé des inquiétudes chez l’ancienne Batgirl, mais en lui offrant rien de moins qu’un moyen d’accéder à l’une des bases de données les mieux protégées de la planète, elle prenait un risque. Si jamais ses supérieurs découvraient l’intrusion et surtout qu’elle avait été faite via les identifiants de Cass, celle-ci risquait gros. Le Fils du Batman était d’autant plus touché par ce geste.
 
Damian tendit une main pour prendre la puce que lui offrait Cass, et de l’autre prit un gadget à sa ceinture dans lequel il intégra la puce. Il ne pouvait pas conserver celle-ci indéfiniment donc il comptait en faire une copie, une fois de retour à la Batcave, il devrait s’appliquer pour créer une entrée dans le système d’ARGUS pour créer une backdoor pour le Bat-clan. Il serait en effet suspect s’ils se connectaient toujours avec les identifiants de Cassandra. Peut-être devrait-il demander à Barbara de l’aider sur ce coup. Il ne doutait pas de ses talents de hacker, mais il était bien obligé de reconnaitre la supériorité d’Oracle dans le domaine et il était important que cette organisation n’ait pas conscience de la faille dans leur sécurité.
 
Pendant que la technologie de son père faisait son œuvre, Damian prit des morceaux du rouleau d’essuie-tout pour se débarrasser de la pâte de pâtisserie qui s’était étalé sur son uniforme et dans ses cheveux durant l’embrassade avec sa sœur. Comme toujours, il s’appliqua scrupuleusement pour faire partir ces tâches. S’il réussit à le faire pour l’uniforme de Robin, il aurait définitivement besoin d’une douche en rentrant pour faire disparaitre la pâte de son cuir chevelu. Mais pendant qu’il s’appliquait à ce qu’il faisait, Damian observa sa sœur s’équiper. Elle possédait un arsenal particulièrement bien fournit et qui n’avait rien à envier à celui auquel elle avait accès à l’époque où elle était encore membre du Bat-clan.
 
Bien que l’Héritier du Démon n’était pas homme à se révolter à l’idée du recours à la force léthal contre les raclures qu’ils affrontaient même s’il essayait de correspondre aux attentes de sa famille en se réfrénant… mais il n’en continuait pas moins à penser que pour beaucoup d’entres eux, leur mort ne serait pas une grande perte. Mais il n’en trouvait pas moins que voir sa sœur adoptive s’équiper restait quelque chose de… perturbant à ses yeux. D’une part, parce qu’il se souvenait encore du temps où elle était la plus intraitable membre du Bat-clan concernant l’interdiction de tuer, la voir à présent équipé comme si elle s’apprêtait à participer à une guérilla urbaine restait une chose qu’il ne se serait jamais attendu à voir de la part de la Cass qu’il avait connu jadis.
 
S’il n’avait pas de soucis à voir sa sœur embarquer des équipements destinés à une finalité léthal, son regard connaisseur pouvant même apprécier la qualité de certains d’entres eux, l’usage d’armes à feux ne faisait qu’illustrer la profondeur du fossé idéologique séparant désormais Cass de l’idéologie de son père, la profondeur du schisme l’ayant séparé du Bat-clan. Même si Damian serait le premier à déclarer qu’une arme n’étant capable que de tuer témoignait surtout d’un manque de maitrise de la part de celui qui la manie, il ne pouvait s’empêcher de penser que la Cassandra qui lui faisait face s’approchait bien plus de celle que David Cain avait voulut produire que de la fille qui avait été la membre la plus dévoué parmi les protecteurs de Gotham. Mais fondamentalement, tant que Cass restait du « bon » côté, le Fils du Batman était prêt à faire avec.
 
Professionnel, Cassandra fit quelques remarques concernant l’opération, tout finissant de préparer sa carabine dans la foulée. Le Fils du Batman opina légèrement de la tête en entendant les paroles de « Celle qui est Tous » comme les Ombres l’appelaient. Il appréciait le laconisme dont l’ancienne Black Bat pouvait faire preuve, cette aptitude à ne se concentrer sur l’essentiel quand elle prenait la parole. Et elle avait raison. L’Intergang n’était pas une organisation criminelle comme les autres et le jeune homme avait prit soin de l’étudier en détail en prévision de cette opération. En interne leur hiérarchie était organisé sur le modèle d’une entreprise avec toute l’univers impitoyable que cela impliquait. Pas de liens de loyauté à une cause, pas de loyauté par les liens du sang, pas même de code moral, tout dépendait de l’influence et des résultats engrangé pour l’organisation. À tout moment, on pouvait se voir remplacer et écarter si on n’était pas juger assez performant et Damian ne comptait même pas le nombre de fois que le dirigeant de cette organisation avait changé depuis que son père gardait des dossiers sur l’Intergang. L’avantage étant que, comme nulle n’était irremplaçable, même la neutralisation d’un des principaux chefs, comme Mannheim, ne provoquait pas d’important vide de pouvoir.
 
Ensuite, l’Intergang, bien que ne possédant pas la férocité dont pouvait faire preuve certains gangs de Gotham, constituait une entité qui s’était montrée très adaptative, surtout en considérant le challenge que représentait la présence de Superman dans la cité où se trouvait le cœur de leur organisation. Qu’importait les efforts du Protecteur de Métropolis, l’Intergang avait sut se maintenir en activité. Entre les moyens que possédaient l’organisation et sa capacité à se procurer de la technologie alien, l’Intergang était particulièrement bien équipée.
 
Enfin, et le plus inquiétant, l’Intergang possédait de longue date des liens, voir un partenariat avec les Néo-dieux d’Apokolips. Celui-ci se matérialisait par le fait que l’Intergang constituait souvent l’agent privilégié pour les plans que les dieux de l’Anti-vie avaient pour la Terre. En échange, ils offraient pouvoirs, influence et richesse aux dirigeants de l’Intergang et surtout un soutien technologique. L’Intergang était donc un adversaire dangereux, disposant d’un armement avancé et parfois même inédit, préparé à affronter ce que les héros avaient de plus puissant à leur envoyer et surtout suffisamment sans scrupule pour vendre leur propre monde au nom du profit.
 
« Ils se seront préparés contre Superman sans aucun doute. Mais à force de se focaliser sur l’Homme d’Acier, ils ont tendance à nous sous-estimer. J’ai pu le remarquer à Gotham, beaucoup de précautions qui paraissent évident à nos ennemis leurs sont totalement étrangers. Et pour leurs armes, si lourdes soient-elles, elles sont inutiles s’ils n’ont pas de cibles sur lesquels tirer. J’ai des explosifs pour détruire au moins une partie de leurs réserves, mais la priorité reste de trouver un moyen de les empêcher d’envoyer ces armes sur le marché noir de Gotham. Il serait cependant pas inutile de préparer quelques diversions au cas où notre présence serait soupçonnée. »
 
Damian avait encore à l’esprit les tactiques que la Ligue lui avait apprit, souvent des versions plus brutales que celles utilisé par son père. Mais dans les deux cas, insuffler la peur chez l’ennemi était un pas important sur le chemin de la victoire. Un ennemi paniqué commet des erreurs, un ennemi terrifié est une proie facile. Les Ombres en profitait pour éliminer leurs ennemis, le Batman seulement les neutraliser, mais l’un comme l’autre venait à bout d’adversaires supérieur en nombre par cette technique… dans le cas de la Ligue, ça pouvait préfigurer un assaut frontal parfois. Mais peu de gens pouvaient se targuer de pouvoir passer inaperçu aussi bien que Cassandra Cain et Damian Wayne. Mais cela restait mince comme plan.
 
 
« Je sais comment l’Intergang s’y prend pour envoyer ses marchandises à Gotham, grâce à des mini-sous-marins qui traversent la baie de nuit, usuellement quand ils ont la confirmation que Superman est occupé ailleurs. Il faudra trouver un moyen de les empêcher de continuer. Pour ce qui est du bâtiment lui-même, il est Superman-proof, les kryptoniens ne peuvent ni voir à travers ses murs, ni entendre ce qui s’y dit. Cela pourrait sembler suspect, mais ça fait longtemps que la LexCorps n’est plus la seule institution de Métropolis à vouloir se garantir un peu d’intimité face aux El. Par contre, ils ne peuvent pas en faire de même de leurs transports. Même l’Intergang ne peut agir ouvertement sous le nez de Superman et dans une ville sous loi martiale. Bien que je soupçonne qu’ils aient déjà placés leurs pions au sein de la Garde Nationale, je parierai qu’ils ont trouvé un autre moyen…  peut-être le réseau d’égout, certaines parties du réseau sont doublé de plomb. » continua Damian essayant d’envisager les possibilités.
 
Damian fit apparaitre le plan de l’entrepôt, il avait effectué ses recherches mais ne doutait pas que leurs ennemis avaient aménagé les lieux selon leurs besoins. Il pointa un endroit sur la carte de l’entrepôt. Une salle isolée du reste de l’entrepôt, en hauteur.
 
« Si j’étais eux, c’est ici que j’installerai un poste d’observation. Il y aura probablement des patrouilles à l’extérieur et à l’intérieur, mais cet endroit à la meilleurs vue dégagé sur l’entrepôt. Mais j’ignore si c’est encore le cas maintenant. Il faudrait aussi que l’un d’entre nous trouve où sont les quartiers du responsable de l’opération autant pour neutraliser celui-ci que pour dénicher d’autres données sur leurs agissements. »
 
Damian éteignit son ordinateur. Il regarda sa sœur et fouilla dans sa ceinture pour en sortir son lance-grappin. Il révéla aussi deux disques métalliques qui se déployèrent, des aéro-disques des Néo-dieux qu’il utilisait parfois comme moyens de transport. Il tendit son lance-grappin vers Cass. Bien qu’il s’agissait du modèle le plus récent produit par le Bat-clan, plus ergonomique et encore moins encombrant, son design restait résolument semblable aux modèles que Cassandra avait put utiliser à l’époque.
 
« J’ignore si tu en as encore accès à ce genre de chose, donc je peux te confier celui-ci. Bakerline n’est pas tout près mais il serait peut-être préférable de s’assurer de passer inaperçue. » dit-il.
 
Peut-être que Cassandra allait préférer un autre moyen de transport, mais Damian était venu avec le sien. Devant sa sœur, il déploya les deux aéro-disques et posa ses pieds dessus avant de légèrement s’élever dans les airs.
 
« J’ai quelques nouveauté dans mon équipement. » dit-il avec un sourire amusé.

Cassandra hocha la tête. Tout cela semblait pertinent.

Elle hocha également la tête devant le grappin et les aérodisques.

" Pas mal. " apprécia-t-elle, tant à l'égard des aéro-disques que du grappin nouvelle génération.

La famille continuait d'avancer sans elle, comme elle l'avait fait avant elle, comme elle le ferait après elle. C'était une entreprise bien rodée, après tout.

" Je prendrais ma voiture. " se contenta-t-elle d'ajouter, en attrapant les clés du garage de Conner.


" Les gars ? Il y a une voiture louche sur le parking ... Probablement pas une caisse de flic mais ... C'est une bagnole de sport. Un vieux coupé "


" Ca va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? "


" Euh ... Ok. Je fais ça ... "


Le comportement du second malfrat aurait pu paraître désorganisé... suspect, même. Il l'était.

" Vous ne savez pas à qui vous vous attaquez ! "

Le couteau venait de quitter sa glotte, et il recommençait de plus belle, pensant être à l'abri. En sûreté. Après tout, l'Intergang représentait la marque d'autorité la plus légitime de côté sombre de la Loi, non ? Tous les criminels et tous les vagabonds ployaient le genou devant elle. Toutes les forces de police et les agences gouvernementales les respectaient ... Les Héros les plus puissants ne pouvaient rien faire d'autre qu'observer son irrésistible attention ... Et ceux qui étaient suffisamment inconscients pour se dresser contre elle étaient écrasés ...

Normalement ?

" Si Superman n'a pas réussi à nous dégager d'ici, qu'est-ce qui vous fait croire que vous allez réussir ? Hein ?! "

Cassandra n'avait pas revêtu sa tenue de Batgirl. Elle n'avait plus sa tenue de Batgirl et, du reste, elle n'était plus Batgirl depuis des années. L'eût-elle fait, la conversation aurait pris un tournant bien différent.

Même l'Intergang traitait différemment avec la Bat-Family.

Il était de notoriété publique qu'elle ne tuait pas, certes ... Et pourtant. Et pourtant, ce qu'elle faisait aux criminels les laissaient avec le sentiment qu'il aurait été probablement préférable de passer l'arme à gauche.

" Tu es morte ! Morte ! On va te retrouver ! On va retrouver ceux pour qui tu bosses ! Vous allez tous y passer ! "

C'était comme ça, avec l'écosystème du crime. Vous pouviez entrer chez eux et leur démontrer à quel point ils étaient surclassés ... Si vous ne portiez pas un "S" sur la poitrine ou une chauve-souris, il était inutile d'essayer de les raisonner. Parce qu'ils étaient les meilleurs, les plus forts, les plus riches, les plus intelligents ... les plus méchants.


Il suffisait de voir la réaction à l'entrée de Cassandra. Le criminel avait coopéré tant qu'il avait eu une lame sous la gorge, tant qu'il savait que sa survie immédiate en dépendait ... Mais cela n'irait pas plus loin. Pas sans un interrogatoire avancé extrêmement douloureux pour lequel Cassandra n'avait ni le temps, ni l'envie.

Il fallait y aller vite. Il fallait y aller fort. Pour cela qu'elle était passée en premier, d'ailleurs. Elle était apparue sur les caméras et avait été vue par plusieurs lascars surarmés de l'Intergang, qui l'avait d'ailleurs instantanément regretté ...

Mais c'était Orphan qui avait été vue. Une silhouette noire et or qui n'évoquait rien, puisque contrairement à Batgirl, elle n'avait jamais cultivé sa réputation ... La Ligue la connaissait. La Ligue la connaissait suffisamment bien pour ne même plus essayer de l'aborder ... Mais allez essayer d'apprendre à l'Intergang pourquoi une secte millénariste écoterroriste suffisamment folle pour affronter Batman fuyait devant une femme en sweat cagoulée en sweat à capuche.

Elle aurait pu citer le nom de Shiva, également, mais à quoi bon ? L'Intergang pouvait la redouter, mais comme ils redoutaient Cheshire ou Deadshot ... Quand ils y étaient directement confrontés.

Orphan était un fantôme. C'était même pour cela qu'elle était passée devant. Pour que Robin ne laisse aucune trace dans le système...

Mais cela avait le terrible désagrément de compliquer toute recherche d'information d'origine humaine.

" Et tu crois que ça me fait peur, le numéro de dure-à-cuire silencieuse ? Et tu te prends pour qui ? Tu peux me buter, hein ! Je dirais rien ! "

Chaque instant passé loin de la certitude de la mort établie par sa lame l'engaillardisait. Chaque mot de plus énervait Cassandra un peu plus.

Elle attrapa l'arme de l'un des mafieux qu'elle avait laissé inconscient au sol pour mitrailler l'installation de contrôle du bâtiment ... Le vacarme tonna comme un ouragan dans la cahute, l'écho se répercutant dans tout l'entrepôt.

Il fallut quelques secondes pour que les acouphènes du gaillard ligoté se calment ... Mais il était hilare.

Tout le bâtiment avait été plongé dans le noir ... Remplacé très vite par la lueur rouge sanguine des redondances.

Et le mafieux était ... mort de rire, faute de meilleur terme. Une formulation intéressante, d'ailleurs, qui donna des idées à Cassandra.

" Bravo, génie ! Ils savent tous que tu es là, maintenant ! Tu penses que tu vas pouvoir t'en sortir, hein ? T'es ... tellement foutue ! Haha ! "

" Mmh-mm. " acquiesça-t-elle, en se dirigeant vers la table où elle avait trouvé la vigie en train de jouer aux cartes.

Dans une main, elle avait le micro utilisé pour passer les annonces dans l'entrepôt. De l'autre, elle fouilla le fatras de jetons, de chips, de canettes vides et de mégots pour en ressortir une carte.

" On se prend pour Batman, hein ? Tu crois qu'on a pas vu pire, hein ? Haha ! T'es tellement dans la merde !.. "

" Je vais te laisser dire une dernière chose à tes copains. " communiqua simplement Cassandra en venant lui placer la carte sur le genou, " Utilise ton cerveau. "

Il baissa le regard vers la carte.



Et Cassandra alluma le micro.

Le résultat ne se fit pas attendre, avec un membre de l'Intergang soudainement beaucoup plus expressif ... dans sa terreur :

" BARREZ-VOUS ! COUREZ ! ILS VONT TOUS NOUS BUTER ! C'EST ... C'EST ... C'EST ... AueyArghglgh- ... "

Cassandra écrasa la micro ensanglanté sous son talon.

Voilà qui devrait simplifier l'opération.

" Orphan à Robin. Matériel de surveillance éteint. Électricité sur les générateurs de secours. " passa-t-elle à Damian par son communicateur, en récupérant la carte, " Ils sont en panique. Ça devrait être facile. "

Orphan souffla du nez en regardant la carte.

Tout était plus facile, avec les bons instruments:

Cassandra ayant choisit de prendre la voiture comme moyen de transport, Damian prit son envol. Ayant au préalable quitté l’appartement de sa sœur d’une façon moins voyante pour ne pas attirer l’attention, il décolla depuis un toit voisin grâce à ses aérodisques, un trophée acquis de haute-lutte il y a de cela quelques mois. Dans le noir de la nuit, ceux-ci permettaient au Jeune Prodige de se rendre à grande vitesse jusqu’à son objectif et en toute discrétion. Il n’émettait pas de lumière, pas de bruit qui pourrait attirer l’attention, il volait loin au-dessus des rues éclairées, loin au-dessus des patrouilles de la garde nationale qui gardaient Métropolis suite à la seconde attaque des Kandoriens.
 
Si au début, Damian avait parfois eu du mal avec ce moyen de locomotion, il avait depuis gagner en maitrise. Il n’avait plus de problème d’équilibre durant les vols et commençait même à parvenir à contrôler ces engins à des vitesses de plus en plus élevées. Pourtant, le Fils du Batman préférait toujours privilégier les moyens de déplacements plus traditionnels du Bat-clan, et ne conserver ces disques comme un as dans sa manche en les utilisant avec parcimonie. Alors qu’il progressait dans le ciel de Métropolis, le jeune héros gardait un œil sur l’avancée de sa sœur, réduisant volontairement sa vitesse pour ne pas prendre trop d’avance. Il était content qu’elle ait accepter de le soutenir sur cette opération, car son efficacité aiderait grandement à favoriser la réussite de celle-ci… et aussi parce que cela faisait bien longtemps que sa sœur et lui n’avaient plus fait équipe sur le terrain.
 
 
Quand ils furent sur place, l’Héritier du Démon prit le temps d’étudier la structure du bâtiment qu’ils allaient avoir à infiltrer. Il s’agissait d’entrepôt de la société Amertek, une entreprise spécialisée dans la production d’armes et d’équipements militaires aux procédés douteux, qui se trouvait sur les quais du district de Bakerline.
 
Damian avait atterri deux pâtés de maisons auparavant pour finir la route à coup de grappin. Si les aérodisques était un bon moyen de se déplacer rapidement et sans attirer l’attention en ville, mais il avait préféré éviter d’effectuer un raid aérien dans un lieu qu’il devait infiltrer. Depuis les ombres dans lesquels il se fondait, il observait les sécurités en place. Les gardes effectuaient des rondes régulières et étaient lourdement armés… trop pour que ce soit honnête. Il y avait également quelques drones qui patrouillaient dans le périmètre de sécurité, mais rien qu’il ne puisse pirater grâce aux petits trucs que Barbara lui avait apprit.
 
Orphan avait déjà initié son infiltration de l’entrepôt, saisissant et provoquant son opportunité avec l’efficacité qui lui était coutumière. Le jeune Wayne avait suivi avec attention le parcours de celle-ci, attendant qu’elle créé une ouverture à exploiter pour faciliter sa propre infiltration. Patiemment, il compta les explosifs à sa disposition. Il n’en avait probablement pas assez pour détruire chaque chargement individuellement et il était hors de question de créé une bombe à partir de la technologie kryptonnienne qu’il pourrait trouver au risque de souffler au moins tout le quartier. Une fois à l’intérieur, il allait devoir penser de manière stratégique sur la meilleure manière de faire usage de son équipement pour gêner les opérations de l’Intergang.
 
Cela lui faisait mal de l’admettre, mais Cassandra était peut-être la seule personne au sein du Bat-clan à le surpasser dans l’art de se déplacer sans être vu. Tout deux avaient été formé à la fois par les enseignements de la Ligue des Assassins et ceux du Chevalier Noir de Gotham, tout deux avaient été forgé inlassablement pour devenir la quintessence de l’idéal meurtrier des Ombres et tout deux avaient trouvé chez le Batman une façon d’utiliser leurs compétences pour venir en aide aux autres plutôt qu’en les détruisant. Le Fils du Batman savait cependant que son instinct était toujours celui d’un tueur. Que s’il ne se réfrénait pas, nombres de ses ennemis connaitraient l’étreinte glacée de la mort, parfois sans même savoir d’où était venu le coup. Cela ne s’étendait pas seulement à la faune costumée de Gotham, mais aussi aux hommes de mains, aux simples malfrats… la miséricorde était encore une notion qui n’allait pas de soi pour le jeune héros. Alors quand il avait vu la conviction avec laquelle, jadis, sa sœur adoptive avait adopté la ligne de conduite de son père, sachant à quel point lui-même devait lutter pour s’y plier, il ressentait une sorte d’admiration… pour cela et aussi pour les incroyable talents de Cass qu’il rêvait d’égaler ou de surpasser.
 
 
Il laissa cinq minutes à sa sœur avant de commencer à son tour à s’infiltrer. Ayant prit soin de repérer les positions des gardes, celle des caméras, des alarmes et ayant pirater les senseurs des drones, ce fut un jeu d’enfant pour l’Héritier du Démon de passer inaperçu pour entrer par effraction dans le bâtiment. L’entrepôt était immense, des rangées d’étagères remplit de caisses et de containers s’étendaient presque jusqu’au plafond et ce à perte de vue. Beaucoup d’endroit où se dissimuler et échapper à la vue des patrouilles. Les gardes de sécurités étaient anormalement lourdement armés, mais ne semblaient pas spécialement professionnel. Probablement des simples employés de l’Intergang à qui on avait offert un uniforme et l’instruction de veiller sur les marchandises.
 
Ces types constituaient la main d’œuvre de base de l’organisation et n’avait souvent aucune idée des tenants et aboutissants de leurs actions, ils étaient payés pour faire ce boulot, à point c’est tout et ne faisaient nullement partie des cercles d’initiés aux secrets de l’organisations. Si ce n’était leur employeur, ils ne différaient en rien de la raclure commune qui hantait les rues la nuit tombée. La pensée traversa l’esprit de l’Héritier du Démon qu’il serait si simple de les égorger depuis les ombres sans qu’aucun de leurs camarades ne soupçonne sa présence. Mais il n’était plus censé être ce genre de personne, il devait faire en sorte d’éviter que quiconque perde la vie… même s’il s’agissait de brutes qui faisaient du malheur des autres leur business.
 
Lorsque les lumières s’éteignirent d’un seul coup, plongeant tout l’entrepôt dans une pénombres uniquement rompu par quelques lueurs rougeâtres ainsi que les lampes torches de certains des vigiles, Damian avait déjà commencé à placer des explosifs sur différentes caisses… de manière à provoquer le maximum de dégâts et de désordre lorsqu’ils seraient activés. Mais il avait aussi noter que l’agencement du bâtiments ne correspondait pas du tout à celui des plans qu’il avait trouvé. L’Intergang devait l’avoir réaménagé en profondeur… à moins qu’Amertek n’aie jamais fournit les véritables plans.
 
Damian continua sa progression. Il avait dû rester particulièrement prudent jusque-là pour éviter de trahir sa présence. Maintenant que les ombres avaient envahit l’endroit, il était davantage dans son élément. Le chaos envahit alors l’entrepôt lorsqu’une voix paniqué hurla dans le micro pour alerter ses semblables avant d’être violement interrompu. Profitant de la confusion entre les gardes cherchant à sauver leur peau et ceux cherchant au contraire à réagir de manière plus discipliné, le Jeune Prodige en profita pour sonner l’un ou l’autre adversaire. La voix d’Orphan dans son oreillette ne tarda pas à confirmer ce qu’il avait d’emblée soupçonné.
 
« Boulot impeccable, Orphan. Je commence l’entreprise de sabotage, mais il nous faut encore trouver comment ils apportent le matériel à leurs sous-marins. Et une fois l’opération terminée, il faudra que tu me raconte comment tu as fait pour lui insuffler une telle terreur. » répondit à voix basse le Jeune Prodige.
 
La dernière phrase avait été dit sur le ton de la plaisanterie… ou ce qui s’en rapprochait le plus venant de Damian, mais ce dernier était en fait préoccupé. Il savait que sa sœur avait changé suite à son départ de leur famille, mais il ne pouvait que supposer à quel point. Mais sur le coup, il préférait faire confiance à Orphan sur le fait qu’elle n’utilisait pas de procédé que la Bat-clan réprouverait… à défaut qu’il ne les réprouvent lui-même. Il reprit cependant immédiatement sa fouille pour trouver les endroits où utiliser ses explosifs. Il les avait placés non pas de manière à tout détruire, il n’en avait pas les moyens, mais de manière à empêcher l’évacuation de ce matériel d’ici l’arrivée des autorités. Il conservait le reste pour neutraliser les moyens de transports de l’Intergang.
 
C’est alors qu’un bruit sourd se fit entendre, suivit d’un grondement continu. L’axe centrale de l’entrepôt, l’un de ceux prévu pour accueillir des véhicules en vue d’un chargement, commença à s’affaisser, révélant une rampe assez grande pour faire passer des blindés et donnant sur des tunnels. Mais s’en extraire des figures en uniformes sombres et armés. Leurs armes étaient loin d’être conventionnels selon les standards terrestres. D’un simple coup d’œil, Damian savait qu’il s’agissait entre autres d’armes lasers de haute intensité. Si aussi bien Cass que lui-même avaient déjà eut l’occasion d’être confronté à ce genre d’arsenal, ça restait une arme peu commune pour des militaires sur Terre.
 
  
Utilisant la vision nocturne de son masque, le Jeune Prodige pouvait compter un peu moins d’une dizaines de ces individus qui se déployaient avec efficacité en direction des différents points stratégique de l’entrepôt à la recherche d’intrus. La moitié du groupe cependant se chargea de ramener la discipline dans les rangs de l’Intergang… en exécutant brutalement une série des gardes qui avaient cherché à quitter les lieux.
 
 
(OI) « Si d’autres parmi vous souhaitent déserter, ils connaitront le même sort. L’Intergang n’a pas de place pour les faibles. Qui que soient ces intrus, ils seront traqués et neutraliser. Maintenant au boulot messieurs ! Le regard de nos maîtres est fixé sur nous. » fit d’une voix forte l’officier.
 
Des insignes de l’Intergang étaient visibles sur leurs uniformes. Ces soldats semblaient appartenir à une milice privée au service de l’organisation et, s’il en jugeait de la réaction des autres, elle inspirait une grande peur aux autres larbins de l’organisation. Le Fils du Batman n’était pas si surpris de rencontrer ce genre de mercenaires au service de l’Intergang, hormis qu’ils semblaient animés par une ferveur quasi-religieuse quand ils s’exprimaient. Rapidement et brutalement, ils forcèrent les gardes à partir à la recherches des intrus, et plus particulièrement d’Orphan. Ils ne l’avaient bien entendu pas identifier comme tel, mais ils avaient par contre identifier de où l’appel qui avait déclenché cette pagaille, l’un de soldats accompagné de plusieurs larbins était déjà occupé à se diriger vers la dernière position connu de Cass.
 
Et pour parachever le tableau, deux drones furent déployés pour aider aux recherches, des drones noirs d’un modèle que Damian n’avait jamais vu et qui semblaient conçut pour le combat. Et pour couronné le tout, Damian était incapable de les pirater, il était incapable même de se connecter à eux. Ils devaient être fabriquer à la base d’une des technologies xénos que l’Intergang aimait utiliser. Mais de quelle origine ? Le jeune homme n’en avait aucune idée.
 

« Orphan, ces raclures en ont après toi. As-tu besoin d’une diversion ? » communiqua-t-il à sa sœur tout en tenant le détonateur dans ses mains. C’était peut-être trop tôt pour l’utiliser, mais Damian était prêt à le faire pour aider Cass.

Cassandra porta la main à son oreille pour répondre, mais n'en eut pas le loisir.

Un garde était entré. Il lui faisait face. Il l'avait pris par surprise.

C'était à croire qu'elle perdait la main. Une mauvaise habitude. Une horrible constatation.

Il leva son arme vers elle en hurlant à ses comparses ; elle était passé sous sa garde, les premières balles partant dans le mur. D'un coup de son talon, comme une danseuse s'aidant du recul de l'arme, elle envoya en l'air le fusil d'assaut du malfrat dans les airs, que la sangle ramena dans son dos. Le regard outré, il vit deux bras surgir comme pour l'étreindre, et un genou lui remonter en plein visage.

Son binôme épaula en rentrant et en mitraillant à tout-va dans les roues arrières de l'espèce de ballerine qui venait d'allonger son collègue, avant de se faire immobiliser son arme contre le mur par un couteau lancé en pleine cabriole. Lui aussi avait trahi par la sangle qui aurait dû l'empêcher de se faire désarmer.

Le reste de la colonne observa médusé leur homme de tête ressortir du poste de contrôle en titubant, avant de basculer par-dessus la rambarde. Au sol, il n'y avait qu'un carton de sucre en poudre couvert de sang. Ils ne se firent pas prier et défouraillèrent à travers le mur de tôle pour essayer d'atteindre leur assaillante. Pas plus de succès : des bolas magnétisés vinrent les attacher à la rambarde.

" C'est réglé... " se contenta-t-elle de prononcer, avant de se raviser : des lasers vinrent abattre les gardes qu'elle avait neutralisé, tranchant avec une netteté chirurgicale à travers la chair et les vêtements.

D'autres gardes, en armure. Plus déterminés. Mieux équipés. Pas des gardes. Des zélotes.

" ... Oublie. Fonce. J'ai des monstres en visuel. Je vais régler définitivement la situation... " Le ton était distinctement plus agressif, plus rauque qu'à l'accoutumée. Les émotions perçaient sous la carapace de l'ancienne Batgirl. La rage, bouillonnante, dirigée contre les fous à lier en armure qui n'avaient eu aucun scrupules à éliminer leurs collègues. Sans merci, sans recours et sans véritable raison.

Il y avait déjà longtemps qu'elle avait quitté la Bat-Family. Il y avait eu un clivage entre elle et le patriarche. Un coin dans la règle la plus sacrée du Chevalier Noir. Quelque chose qui lui avait fait quitté la famille, pour ne pas se retrouver à la déchirer de l'intérieur. Pour ne pas salir le symbole. Quelque chose que ces hommes réveillaient, comme tant d'autres, partout où l'ARGUS l'avait envoyé. Une abysse dévorante qu'elle contemplait depuis des années. Une ombre plus insatiable depuis la disparition de Conner.

Le monstre que Bruce Wayne gardait caché sous le masque, au plus profond de ses entrailles, enfermé dans une contre-allée à ruminer sur la dépouille de ses parents.

Celui qui, pour Cassandra, restait les yeux rivés dans l'incompréhension de sa première victime suffocante, à 8 ans.

" Ces drones vont poser problème. Je n'ai pas de matériel pour. " admit-elle finalement, sans laisser véritablement de temps à Damian pour considérer une solution.

Car elle avait sauté, genou en avant, dans la visière du premier zélote en armure. A la surprise générale.

Elle rentrait dans le tas d'une bande de soldats équipés pour lutter contre des Kryptoniens. Une erreur, assurément.


Le premier avait été renversé. Le deuxième se retournait, surpris. Cassandra en profita pour dégainer son arme et le cribler d'une rafale à la tête.

Il chancela sous la force des balles, mais même la force d'une paire de balles perforantes des arsenaux expérimentaux du gouvernement ne suffit pas à vaincre la résistance de l'armure.

Désagréablement surprise elle-même, Cassandra dut basculer sur le côté pour se réfugier derrière le soldat à terre, qui encaissa en grognant une paire de décharges énergétiques destinées à Cassandra. Il lui fallut dégoupiller une grenade sur sa première victime et la lancer vers le deuxième mafieux pour qu'il daigner se jeter à couvert ; l'occasion pour s'acharner au couteau sur la gorge de son bouclier humain.

Le reste se déroula exactement comme les prévisions l'annonçaient : Cassandra dut prendre en charge toute l'escouade.

Et pour la première fois depuis longtemps, elle se demanda si elle n'était pas dépassée par les événements : ses balles n'étaient que de simples distractions pour les mafieux, reléguées au rang de simples abeilles énervantes forçant ses adversaires à se couvrir les yeux pour ne pas être aveuglés par les fissures de leurs masques. Ses fumigènes n'étaient d'aucun secours, pas plus que ses couteaux, sinon lancées entre les interstices improbables de pièces d'armures extraterrestres dont elle ne percevait que difficilement les faiblesses.

Elle dut en pendre un. En ligoter un deuxième pour le piéger dans une presse industrielle. Il y en eût qu'elle dut aveugler avec une bombe de peinture avant de le forcer à tirer dans une citerne d'azote ... Elle dut en frapper un jusqu'à ce que la visière cède ... Ou plutôt, jusqu'à ce que le visage en-dessous abandonne avant la résistance de l'armure, ou la folie furieuse de son assaillante.


Et ce n'était que les plus évidents.

Mais elle finit par s'asseoir dans un conteneur, à l'abri, victorieuse. Bourreau de chacun d'entre eux. Exténuée. Complètement vidée de ses forces et de ses munitions. A bout de souffle. A esquiver les drones qui n'avaient cessé de lui donner la chasse.

Le pire était un trou dans son armure. Une blessure douloureuse, instantanément cautérisé. Elle avait été frappé par un tir. Comme une amateure.

" Je ... vais ... besoin d'aide. " grogna-t-elle, résignée, à sa propre surprise. L'impensable.

Elle était celle à qui Damian était venu demander de l'aide. Et elle se voyait ployer le genou. Face à de simple vermines assoiffés de sang, dont le seul avantage était une poignée de jouets de pointe.

" J'ai été touchée... "

Le Fils du Batman n’aimait pas l’idée de laisser sa sœur seule, alors que de toute évidence sa position était compromise. Les forces de l’Intergang qui étaient arrivés en renfort étaient d’une toute autre trempe que les habituels hommes de mains que l’organisation employait. Certes, l’Intergang avait toujours eut des unités paramilitaires à ses ordres, cela faisait longtemps également qu’ils avaient accès à des équipements extraterrestres, mais ces hommes semblaient habités par une conviction qui manquait à la plupart des hommes présent dans cet entrepôt.
 
Il ne s’en faisait pas pour la capacité d’Orphan à venir à bout de ses adversaires. Elle était incontestablement la meilleure combattante parmi ceux qui avaient fait partie du Bat-clan. Même lui était obligé de concéder sur ce point. Il avait donc bien du mal à imaginer que l’une des nuisances qui leur faisait face soit seulement en mesure d’offrir une quelconque difficulté. Et pourtant, quelque chose en lui sentait que les choses pourraient, cette fois, mal tourner. La présence de ces soldats high-tech dans les rangs de l’Intergang, le fait que l’alerte était maintenant enclenché, la rage qu’il pouvait percevoir dans les paroles de Cassandra… tout cela pouvait ma tourner très rapidement.
 
« Bien compris, j’y vais. » répondit-il avant de profiter de la confusion pour se mettre en mouvement.
 
La confusion provoquée par la fusillade aidait grandement l’Héritier du Démon dans sa progression. Restant tapit dans les ombres, il n’en émergeait uniquement pour neutraliser l’un ou l’autre ennemi en un assaut éclair avant de s’y replier et de poursuivre sa progression. Le vrai problème restait cependant les drones, ils semblaient alertés dès qu’un des hommes de l’Intergang touchait le sol et Damian ignorait toujours comment cette organisation s’y était prit pour rendre ces engins totalement imperméables au piratage.
 
Finalement, le Fils du Batman parvint à atteindre l’entrée par laquelle les soldats de l’Intergangs avaient pénétré. Il s’agissait essentiellement d’une longue route s’enfonçant dans le sol jusqu’à un embranchement qui menait à un embranchement. Sur les côtés, il y avait deux salles, le jeune homme fut confronté par un garde qui était resté sur place. Esquivant les tirs avec agilité, il se jeta au corps-à-corps. Après une brève lutte, bien que son ennemi ait prouvé être un combattant aguerri, le jeune homme était parvenu à le sonner. Cela lui avait prit plus longtemps que prévu du fait de la résistance des protections de son adversaire mais, prit individuellement, ils n’étaient définitivement pas à la hauteur de l’entrainement des protecteurs de Gotham.
 
 
Alors que le jeune homme observait avec attention ce qu’il avait sous les yeux, le combat se poursuivait dans l’entrepôt. Avec zèle et efficacité, Cassandra se chargeait de ses ennemis les uns après les autres. À un point que les voyous de l’Intergang semblaient désormais craindre davantage cette mystérieuse assaillante que les soldats en armure noirs. Ces derniers, en revanche, ne semblaient nullement impressionné par les prouesses de leur ennemie, l’assaillant encore et encore. Sans se préoccuper le moins du monde de leur propre sécurité… et encore moins de celles de leurs collègues. Damian pouvait le voir sur les moniteurs de la salle où il se trouvait.
 
« Tien bon, j’arrive !! » hurla-t-il littéralement en réponse à la dernière communication de sa sœur. Une pointe de panique se faisant entendre dans sa voix.
 
 
C’est à ce moment qu’un bruit se fit entendre derrière lui. Sans réfléchir, le jeune homme frappa l’air avec sa cape pour désorienter son assaillant potentiel, mais à la détonation qui s’en suivit, un laser transperça littéralement sa cape avec une facilité troublante, allant même jusqu’à effleurer son épaule, laissant une trainée de chaire brûlée dans son sillage. Les alliages qui composaient les différentes pièces de son uniforme étaient étudiés pour lui fournir une protection maximale contre une grande variété de danger. Les lasers restaient une bonne option pour le transpercer, mais le costume devait, en théorie, en amoindrir les effets. Sans se poser de question, ignorant la douleur qu’il ressentait, le jeune homme entama une série de cabrioles pour esquiver la pluie de tirs qui s’abattit sur sa position. L’un de deux drones l’avait trouvé et pris pour cible. Détachant sa cape, il l’utilisa comme leurre pour distraire l’attention de sa cible pendant qu’il cherchait un angle d’approche.
 
« Voyons si tu apprécie les EMP tas de ferraille ! »
 
Le jeune héros jeta un dispositif qui se colla au drone avant de lâcher un onde électro-magnétique. La chose sembla à peine en être désorienté, mais c’était plus que suffisant pour que le jeune assassin puisse trouver un autre angle d’attaque. Les drones, comme tout engins volants, possédaient un point faible par le moyen qui leur permettait de rester dans les airs. Ces endroits ne pouvaient, le plus souvent, pas être protégé par du blindage. Utilisant les quelques explosifs qui lui restait, l’actuel Robin les jeta sur les réacteurs de vol du drone qu’il fit ensuite exploser. L’engin tomba au sol dans un fracas sonore, toujours actif, mais immobilisé.
 
Le jeune homme serait bien resté pour s’assurer que l’engin ne lui causerait plus d’ennuis, mais il était pressé. Il avait déjà perdu un temps précieux pour sauver sa sœur. Ignorant la douleur qu’il ressentait à l’épaule Damian dégaina son épée et couru en direction de la position d’Orphan. Il n’allait pas avoir le temps, sauf s’il trouvait un moyen de diversion. Appuyant sur un bouton, le Fils du Batman enclencha les explosifs qu’il avait disséminé à travers l’entrepôt. Tous n’explosèrent pas en même temps, mais à intervalle régulier. D’une part, cela permettait d’accentuer la confusion de l’adversaire qui penserait avoir affaire à des attaques dans plusieurs directions, de l’autre, cela détruisait les équipements au fur et à mesure… ainsi que plusieurs éléments de l’infrastructure de l’entrepôt qui causerait son effondrement progressif. Damian n’avait définitivement pas l’équipement pour détruire tout ce qui se trouvait entreposer ici… donc il avait opté pour le principe de l’y bloquer, le temps que la police de la ville rapplique pour confisquer ce matériel.
 
« Qu’est-ce qui se passe ? » Hurla l’un des truands de l’Intergang
 
Une nouvelle fois, la panique commença à s’immiscer dans les rangs des hommes de l’organisation criminels. L’Intergang payait bien, mais visiblement pas assez. La défaite des hommes en armures face à Orphan, suivit des explosions, des tirs touchèrent le second drone qui commença à répliquer dans leur direction, et enfin Robin qui surgit sabre au clair au milieu d’un écran de fumée pour trancher dans la foule, nombres d’ennemi décidèrent de mener un courageux retrait tactique. Damian neutralisa plusieurs adversaires, veillant à garder ses instincts sous contrôle pour ne pas tuer ses ennemis, et se fraya un chemin jusqu’à sa sœur.
 
« Il faut qu’on y aille !! » lui dit-il en l’aidant à se relever « Appuies toi sur moi. »
 
Damian tendit à sa sœur une série de batarangs pour qu’elle puisse les envoyer sur leurs ennemis pendant qu’il leur ouvrait un chemin. Une étagère complète de caisse s’écroula suite à une autre déflagration, enfouissant le second drone sous les débris. Damian guida sa sœur à travers le chaos, pas en direction d’une des sorties mais bien en direction de l’entrée vers le complexe souterrain… il s’agissait de la sortie la plus proche de leur position… mais aussi de la plus dangereuse. Cependant, la mission n’était pas tout à fait terminée. Le Fils du Batman guida sa sœur jusqu’à la salle de garde, une pièce à côté de la salle de surveillance où il avait laissé le drone. Celle-ci était… minimaliste. Un endroit où stocker l’équipement, une sorte d’autel étrange, et c’était tout. Pas le moindre élément de confort, pas le moindre accessoire de divertissement, pas même un jeu de carte. Damian n’avait pas pris le temps d’inspecter l’autel, il n’en avait pas eu le temps. Pour l’instant, sa priorité restait de s’assurer que sa sœur allait bien.
 
« Ils n’ont pas l’air de nous avoir suivit. » constata-t-il. « Le tunnel semble mener à un complexe souterrain et probablement à l’endroit par lequel ils expédient la marchandise à Gotham. »
 
Damian expliquait cela en bonne partie pour garder l’esprit de Cassandra occupé. D’un geste, il sortit le nécessaire de premier secours de sa ceinture. Il avait de quoi traiter les blessures de Cass, au moins le temps qu’ils trouvent un lieu mieux équipé pour cela si elles étaient graves. Le Fils du Batman faisait de son mieux pour le cacher, mais le fait qu’Orphan aie put être mise en difficulté le troublait. Il avait toujours mis sa sœur sur une sorte de piédestal, bien que se gardant de le reconnaitre ouvertement, à cause de son talent pour le combat et pour sa capacité à rester hors de vue de l’ennemi. Ce qui s’était passé aujourd’hui, que de la simple vermine aie été en mesure de la surprendre et de la blessé… cela l’inquiétait.
 
« Dans la pièce d’à côté, j’ai laissé un garde assommé et un drone immobilisé. Je ne sais pas comment, mais l'Intergang a l'air d'avoir sacrément amélioré l'équipement à sa disposition. »

Ce n'était pas tout à fait vrais, l'Intergang avait toujours eut accès à ce qui se faisait de mieux technologiquement ainsi que plusieurs technologies extra-terrestre. Mais ces armures, ces soldats fanatisés, ces drones impossible à pirater et résistant aux EMP ? Ce n'était pas les moyens communs de l'Intergang.

Cassandra s'appuya sur son frère, ravalant tout l'orgueil que sa blessure ne lui avait pas arraché. Il y eût un cri de surprise lorsqu'un batarang vint faucher un gangster qui pensait pouvoir aligner un tir propre et net. D'autres à sa suite se mirent à couvert.

Couvert dont ils sortirent pour s'enfuir, à mesure que les explosions se rapprochaient ... Et les pans de charpente de plafond avec eux !

Le décor était maintenant apocalyptique, rappelant bien plus Gotham que Metropolis.

Bien que ni Cassandra ni Damian n'auraient été du genre à s'arrêter sur de telles considérations architecturales. C'était un champ de bataille comme un autre. Tout au plus un champ de bataille qui les avantageraient, puisqu'ils avaient depuis longtemps arrêté de paniquer au moindre départ d'incendie au milieu d'une fusillade, eux.

Damian finir par emmener sa sœur dans un local chichement meublé, à la praticité consommé.

D'elle-même, Cassandra se posa près de l'autel, détachant en partie son armure pour laisser le Robin constater la plaie. Elle pouvait lire l'inquiétude sur son visage, et même dans ses mouvements.

Et Cassandra détestait cela.

" ... Égratignure. " commenta-t-elle, dans l'espoir que cela suffirait à le rassurer.

Elle n'émit d'ailleurs aucun son, ni ne fit la moindre mimique durant l'inspection et les premiers soins. Pas que l'effort ne coûte beaucoup à Cassandra, probablement trop habituée à la douleur pour une femme de son âge, mais elle y fit tout particulièrement attention cette fois-ci.

Car Damian ne s'inquiétait pour personne. Tout du moins, il ne l'exprimait jamais aussi ... ouvertement.

Cassandra se sentait ... faible, inutile. Pire. Elle entraînait Damian avec elle. Il allait commettre des erreurs, à la laisser le ralentir.

" ...Ce qui m'inquiète: l'ARGUS n'est pas au courant. " se contenta de rajouter l'ancienne Batgirl, en venant chiper une seringue de stimulants dans la ceinture de son frère.

Avant qu'il ne puisse émettre une protestation face aux contre-indications qu'un tel cocktail pourrait présenter au regard de ses blessures, Cassandra s'était déjà poignardée la jambe pour y vider le contenant de sa substance aux reflets de jade.

Ses pupilles se dilatèrent, et elle ne put s'empêcher de tousser, cette fois-ci.

" Il faut... Sortir d'ici. Prévenir ... d'autres. "

Cassandra se releva, tant bien que mal, et étira sa jambe boiteuse dont la motricité lui aidait revenu ... par l'entremise de quelque affreux bat-miracle.

" Ce qui se prépare ... Trop gros pour nous seuls ... "

L’Héritier du Démon prit le temps d’inspecter la blessure de sa sœur et à y appliquer les premiers soins. La blessure n’était pas si grave mais gênerait les mouvements de Cassandra un temps… et le jeune homme s’y connaissait assez pour savoir que, malgré les dires de son interlocutrice, ce genre de plaie était douloureuse. En temps normal, l’actuel Robin n’était guère une personne prompt à montrer son inquiétude, à laisser parler ses émotions librement. Mais en ce moment précis, alors qu’il venait de renouer avec une sœur qu’il pensait avoir perdu, une partie de lui craignait de la voir lui être arraché à nouveau.

Tout deux avaient été élevé pour être des guerriers, des armes même. Issue de la volonté d’eugénisme des Ombres, leur éducation avait été conçue pour leur donner la capacité de vaincre l’ennemi, qu’importait les obstacles, pour ignorer la souffrance jusqu’à ce qu’ils aient accomplis leur tâche… et même après, à ne pas exposer leurs faiblesses. C’était presque un miracle qu’ils puissent encore se sentir… ne serait-ce qu’humain après cela. Dans un autre monde, il aurait dirigé la Ligue, devenant l’héritier que son grand-père avait si longtemps cherché, et Cassandra aurait probablement été son agent le plus redoutable… leurs amis d’aujourd’hui auraient été leurs cibles, les vies qu’ils cherchaient à défendre auraient été autant de cible à soumettre ou détruire.

Mais ils avaient échappé à ce destin… du moins jusqu’à maintenant. Au fond de lui-même, le Fils du Batman n’était pas certain qu’il ne pourrait jamais complètement répudier l’héritage des Assassins, qu’un jours il parviendrait à rejeter les convictions que son grand-père lui avait inculqué. C’était une des choses qu’il avait secrètement admirés chez sa sœur, le fait qu’elle soit parvenue à se redéfinir, à se consacrer à une noble cause après s’être libéré de l’emprise des Ombres et qu’elle ne semblait pas regarder derrière elle, là où il était lui-même encore tiraillé entre la Ligue et le Bat-clan. Du moins, c’est ce qu’il avait longuement pensé. Le schisme qui était apparu entre Cass et leur père, la violence qu’elle semblait libérer quand elle se battait… Damian n’y retrouvait pas la retenue dont elle faisait jadis preuve.


« Il l’ignore ? Ou trouve son compte à fermer les yeux des… ? » répliqua le jeune homme avant d’interrompre sa question quand Cass en profita pour lui voler, d’un geste leste, un objet à sa ceinture.

En temps normale, même si la Fille de Shiva était particulièrement rapide, le Fils du Batman n’était pas mauvais à ce jeux non plus et il aurait pût tenter de l’empêcher de s’injecter ce produit. Mais en parlant, le jeune homme s’était retourné un instant laissant son regard trainé dans la salle, intrigué par la disposition quasi-religieuse des lieux, bien loin des tables où la vermine jouait au poker ou buvait des verres d’alcool pour tuer le temps. Le jeune homme tenta bien d’empêcher sa sœur de passer à l’acte, de protester, mais peine perdue. L’instant d’après, Cassandra avait planté la seringue de stimulant dans les veines de sa jambe et injecter la totalité du contenu.

Le jeune homme ne fit pas de commentaire, cela ne servirait à rien. Et même si son attitude révélait une certaine désapprobation, mais il comprenait néanmoins… d’une certaine manière. Il en aurait fait autant si les rôles avaient été inversé, car ce n’était simplement pas dans leur nature de laisser quelque chose d’aussi insignifiant qu’une blessure les arrêter. Et le Fils du Batman avait déjà prouvé être prêt à pousser son corps très loin pour obtenir la victoire. Il se contenta donc d’acter et d’observer avec une certaine appréhension sa sœur se relever.

« Pardon !? » s’exclama-t-il en entendant la proposition de l’ancienne Black Bat.

Partir, fuir, abandonner… voilà une perspective qui ne lui plaisait pas. Il avait l’impression de laisser la victoire à l’ennemi en faisant cela. Cela lui était d’autant plus insupportable que, malgré l’équipement qu’ils avaient à leur disposition et un apparent changement dans leur paradigme, ces types restaient aux yeux de l’Héritier du Démon rien d’autre que la vermine de l’Intergang. Des raclure à peine différents de ceux qu’il affrontait à Gotham. Pas des adversaires devant lesquels son talent, ou celui de « Celle qui est Tout », ne devrait s’incliner. Tournant le dos à sa sœur quelques instants, Damian ravala l’amertume que lui causait cette pensée.

Posant les mains sur l’autel, il réfléchit quelques instants. Les symboles qu’il voyait sous ses yeux lui étaient familier, mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Il était néanmoins certains de les avoirs déjà vu, et pas à Métropolis. Une sensation étrange le parcouru, comme un pressentiment, et qui alla peu à peu chasser la colère qu’il éprouvait à l’idée de partir. Définitivement, il y avait quelque chose de pourri au royaume des Intergangster… plus que d’habitude.

« Tst… » finit-il par lâcher de dépit. « Tu as sans doute raison. De toute manière, ils doivent être occupé à sécuriser le reste du complexe avec l’entrée que nous avons fait. » concéda-t-il.

Cela ne servait à rien de se mettre davantage en danger pour des gains qui risquaient d’être négligeable. S’enfoncer davantage dans le complexe serait risqué, surtout sans plans et avec toute la base en alerte. Retourner en arrière, ce serait passé dans le chaos qu’ils venaient de provoquer à grand renfort d’explosion, avec potentiellement une incendie en cours… mais au moins, ils avaient les moyens de sortir rapidement.

Passant la main dans son dos, il attrapa les aéro-disques qu’il déploya devant lui. Ces engins étaient rapides, maniables, peu détectable et difficile à viser… même s’ils n’étaient pas conçus pour avoir des passagers. Grimpant dessus devant Cassandra, Damian assura dans un premier temps son équilibre sur ce moyen de transport… inhabituel. Cela faisait plusieurs semaines qu’il les utilisait et commençait à maitriser la technique, mais ça n’était pas aller sans son lot de gamelle. Finalement, il se tourna vers Cass.

« Je te dépose ? » se contenta-t-il de dire en l’invitant à s’accrocher à lui.

Ce qu’ils allaient s’apprêter à faire était assez hasardeux. Être à deux sur les aéro-disques changeait complètement les centres de gravités et il fallait aux deux passagers une certaine coordination pour ne pas se déséquilibrer l’un l’autre. Cassandra était peut-être la seul personne avec qui le Fils du Batman tenterait l’expérience, d’une part grâce à son équilibre exceptionnel, mais aussi sa capacité à anticipé les actions des autres.

« Je conduis, tu nous ouvre le chemin. »

Le jeune homme fit décoller les aéro-disques les faisant, lui et Cass, retourner par là où ils étaient venus. Le chaos qu’ils avaient causé était toujours en cours, les membres de l’Intergang cherchant à sauver ce qui pouvait l’être et ne faisant plus réellement attention à eux. Sans un bruit, attentif à ne pas effectuer de mouvement brusque, l’Héritier du Démon prit de la hauteur. Passer par les portes de l’entrepôt était hors de question, ils se feraient immédiatement repérer. La solution, serait de passer par l’une des fenêtre à l’étage, mais concentré sur la stabilité du vol, il laissa le soin à Cassandra d’aménager une ouverture.

Quand ce fût fait, ils sortirent tout les deux à pleine vitesse de la zone des hostilités. Visiblement, les explosions n’étaient pas passées inaperçu. Métropolis restait sous loi martiale suite à l’assaut des Kandoriens et des militaires étaient déjà en route pour s’enquérir de ce qui se passait. Mais un regard en passant suffit à leur révéler que l’Intergang disposait d’au moins certains officier dans sa poche et qu’il y avait fort à parier qu’aucune enquête sérieuse ne serait menée.


Damian poursuivit son vol quelques minutes avant de s’arrêter au-dessus d’un toit à une distance raisonnable. Même s’il ne dit rien, il était évident qu’il n’était pas satisfait de la façon dont la mission s’était terminée. Mais intérieurement, il se promettait déjà qu’il n’en resterait pas là. Au fond de lui, il hésitait même à y retourner en solo, mais abandonna bien vite l’idée. Atterrissant à son tour sur le toit, il se tourna vers Cassandra, l’observant un instant.

« Je sais que père et toi avez vos différents. Mais j’espère que tu sais que si tu as besoin d’aide… notre famille répondra à l’appel. » finit-il par affirmer.

Il ne le dirait pas ouvertement, même à une personne aussi proche de lui que ne l’avait été Cassandra. Mais une partie de lui voulait lui demander de rentrer, de revenir à Gotham malgré ce qui s’était passé. La disparition du Batman, les assauts des Kandoriens, les ingérences de l’Intergang et de ses maitres Néo-dieux… tout cela n’annonçait rien de bon. Et le jeune homme préférerait nettement affronter la tempête à venir avec sa famille réunie que chacun de leur côté.