Les Docks de Gotham City sont plus qu’un quartier, ou une aile de la ville.
Ils sont quasiment une cité en soi.
Ils sont… immenses. Particulièrement étendus. Dotés de quantités de bâtiments, notamment des entrepôts, des sièges de sociétés plus ou moins fictives, des zones de chargement et de déchargement.
Les Docks font la taille d’une petite ville américaine ; ni plus, ni moins. Le Responsable des Docks est une sorte de Maire, ou plutôt un petit Roi. Qui décide de l’essentiel, de l’ordre des arrivées, de l’ordre des départs, du nombre d’agents chargés de vérifier telle cargaison.
Son pouvoir est immense. Sa mainmise est totale. Sa corruption est grande – mais il y a pire. Mais il y a plus avide, plus cruel, plus mauvais.
Les Docks tiennent, car son petit Roi sait qu’il ne faut pas trop tirer sur le fil.
Il sait surtout qu’il est surveillé, pour que les Docks ne posent pas de problème – pour que les Docks continuent le va-et-vient constant des marchandises, pour assurer le commerce et la présence des biens en ville.
Il est surveillé pour cela, oui.
Par les autorités. Par la police. Par la pègre.
Par le maître de l’Iceberg Lounge – cette salle de jeux, cet espace de divertissement flottant, situé à quelques miles des Docks.
Le petit Roi des Docks sait qu’il est, en soi, un vassal du Pingouin… et ça lui va. Il fait avec, plutôt.
Il fait le dos rond quand des choses se passent à l’Iceberg Lounge, et ça permet de tenir le coup.
Il sait surtout se faire discret, le soir, quand du commerce illicite intervient ici… ou quand des ombres glissent dans la nuit.
Comme ici. Comme maintenant.
Comme ce soir.
Une forme passe ainsi au cœur des Docks, pour rejoindre l’Iceberg Lounge – et son maître. Un chef criminel, mais surtout un informateur de renom.
Oswald Coblepott sait tout, sur tout ; ou sait comment obtenir l’information qui lui manque.
C’est certainement ce que vient chercher l’homme entraîné, puissant, intense mais troublé, qui s’avance discrètement. C’est sûrement ce qui justifie sa venue ici.
… et celle d’un autre, qui arrive sur les Docks avec moins de discrétion.
Sans faire rugir son moteur ; mais sans cacher son arrivée non plus, au volant d’un véhicule sublime et peu discret.
Une Aston Martin.
Un véhicule rare, qui ne correspond guère à l’ambiance des Docks, qui va attirer l’attention ; et c’est le but.
Le conducteur avance, dépasse l’homme des ombres, et se gare peu après. Il sort, alors.
Il sort… difficilement.
« Hughn. »Il grogne. Il souffle. Il souffre. Il peine.
Chaque mouvement est une douleur. Chaque membre est marqué, gêné, blessé.
Chaque respiration est accélérée, chaque battement de cœur est intense.
Il a mal. Il a très mal. Il devrait se reposer.
Il continue.
« Hrm. »Il sort, finalement. Il s’extrait du véhicule. Il claque la porte. Il fait claquer une canne au sol.
Il se redresse. Il soupire.
Il fige un regard noir sur les ombres – et parle, d’une voix rauque ; plus difficile qu’avant. Plus éteinte qu’avant.
Pas plus douce qu’avant, oh non.
« Même si tu veilles à cacher ta présence, et tes déplacements, depuis des mois… un travail correct m’a permis de t’identifier.
Je sais que tu es là. Je sais que tu m’observes. Je sais… par Ray Palmer, je sais ce qui te concerne.
Je sais que tu es là. Sors et parlons… Slade. »Wilson. Alias Deathstroke. Alias le Terminator.
Soldat. Assassin. Mercenaire. Guerrier.
Pas un monstre, mais pas un homme bien.
Un homme mort, surtout. Un homme mort… ici.
Mais celui-ci ne vient peut-être pas d’ici – et c’est pour cela, pour en savoir plus que Bruce Wayne a forcé son corps blessé depuis des mois, pour sortir et venir le confronter !