Écouter la forêt qui pousse plutôt que l'arbre qui tombe [Garfield Logan]

Cela faisait une poignée de jours que le fils du Mormaer* des Orcades était parvenu à s’échapper des geôles du Roi-Mercenaire de York. Cela avait en grande partie été possible grâce à l’intervention de Rose, la benjamine du clan Wilson qui était venu en aide au jeune homme parce qu’elle avait eut des visions qu’il pourrait peut-être venir en aide à sa grande sœur, disparut depuis bien des années, à l’avenir. Elle l’avait même accompagné dans son évasion et maintenant il devait veiller sur elle alors qu’ils tentaient d’échapper aux guerriers qui avaient été envoyer à leurs trousses.

Les premiers jours, ils avaient avancé à pieds, évitant les axes fréquenté et privilégiant les chemin au couvert des arbres. Damian tirait d’ailleurs parti de ses connaissances de pisteurs pour dissimuler leur piste contre leurs éventuels poursuivants, montrant au passage quelques ficelles à la jeune fille. Le jeune noble insista d’ailleurs sur l’importance qu’ils continuent à pieds les deux premiers jours pour que le roi-illégitime de Northumbrie n’apprenne que le plus tard possible la direction vers laquelle ils s’étaient échappés. Damian avait d’ailleurs fait le choix d’aller vers le sud, sud-ouest. Si l’enquête du père de Rose était aussi avancé qu’il le craignait, alors son ennemi avait déjà compris que Damian venait des terres au-delà du mur d’Hadrien, de la fier et indomptable Alba**. La logique voudrait que l’héritier des Orcades retourne vers le nord pour se rapprocher des territoires sur lesquels régnait son père ou les alliés de celui-ci, ou alors qu’il se rende à l’est pour atteindre la côte et trouver un moyen de transport. Mais le jeune homme avait fait le choix du sud, et du royaume d’Angleterre, obstacle principale aux ambitions de l’ancien mercenaire. Si les routes étaient trop surveiller, Damian envisageait la possibilité de bifurquer à l’ouest, vers les nombreux royaumes Gallois, une autre destination crédible pour échapper à leurs poursuivants.

Finalement, après deux jours de marche, quand il estimât que les forces du maître de la Northumbrie s’étaient suffisamment disperser aux quatre horizons à leur recherche, Damian avait finalement été voler des montures pour accélérer leur progression. L’annonce de ce vol attirerait certainement l’attention, ils allaient donc devoir avancer rapidement pour se rapprocher autant que possible des frontières du royaume avant qu’une patrouille ne puisse les prendre en chasse.

La situation devenait aussi compliquée par le fait que Rose commençait à être affectée par de forte fièvres. Le bains forcée qu’elle avait subit, l’inconfort du voyage, le climat pas forcément clément, la fatigue… tout cela commençait à faire beaucoup pour une fillette même pas âgée de 10 ans. Durant le trajet, leur voyage ensemble n’avait pas toujours été facile à vivre au quotidien. Aussi bien Rose que Damian possédait des caractère fort et il n’en fallait pas beaucoup pour qu’une dispute éclate. Néanmoins, le jeune homme en était venu à apprécié cette gamine et faisait de son mieux pour veiller sur elle. Quand ils le pouvaient, Damian faisait de son mieux pour la former pour qu’elle puisse se débrouiller de manière autonome… que ce soit pour lui apprendre à manier un couteau correctement ou pour reconnaître les plantes, racines et champignons comestible dans la forêt. Leur nourriture quotidienne se composait de ce qu’ils pouvaient trouver et ce n’était pas toujours suffisant. La nuit, Damian prenait usuellement la charge de surveiller les environs pour permettre à la gamine de se reposer davantage… mais lui-même commençait à sentir la fatigue s’accumuler et il avait l’habitude de ce genre de rythme de vie… il n’osait pas vraiment imaginer ce que Rose devait subir.

Lorsque la fillette montra les premiers signes d’affaiblissement, ce fut une journée réellement pourrie. Ils avaient dût bifurquer totalement vers le sud à cause d’une présence accrue de troupes adverses sur l’itinéraire que Damian avait prévu. Plus tard dans la journée, il s’était même avéré qu’au moins une patrouille ennemie semblait êtres sur leurs traces. Ils ne pouvaient donc même pas s’arrêter pour permettre à Rose de récupérer. Sacrifiant l’une de leurs deux monture en l’envoyant sur un autre chemin pour créer une fausse piste, Damian et Rose partirent à bride abattue sur le cheval qui leur restait. Le nouveau but de Damian, atteindre la forêt de Sherwood au sud de leur position. À l’intérieur, ils pourraient potentiellement trouver un abris le temps que Rose récupère en espérant au passage y semer leurs poursuivant. Soit ceux-ci ne parviendraient pas à retrouver leurs traces dans la forêt, soit l’héritier des Ombres pourrait profiter de l’avantage que ce terrain lui procurerait pour les y éliminer. Cela dans le cas où leurs ennemis osaient seulement s’y aventurer… après tout, de nombreuses légendes couraient sur la forêt de Sherwood, et même à la cour de son père, le jeune homme en avait entendue certaines.

Lui ne craignait pas de les défier, le clan Wayne était confronté aux horreurs les plus sombres déchaîner par les maléfices de la Reine-Sorcière Morgawse. Cette ennemie du roi Arthur était également la mère du preux Gauvain et du maudit Mordred… mais surtout, elle fut l’une des plus redoutable pratiquante de la magie noire et de la sorcellerie. Ses sortilèges avaient libéré nombres de serviteurs des ténèbres ou de créatures issues des âges légendaires qu’elle avait asservit ou auxquels elle s’était alliée dans sa guerre contre Camelot. Bien des siècles plus tard, le clan Wayne poursuivait son devoir sacré de protéger Albion contre le mal que leur sombre ancêtre avait libérer. Ce n’était donc pas les petites légendes de forêt enchantés qui allait l’intimider.

Alors qu’il entraient sous les frondaisons de la forêt. Damian sentit que Rose était à bout de force. Elle était brûlante de fièvre et suait abondamment. Lui-même sentait la lassitude dans ses muscles, payant le prix des mauvais traitement qui lui avait été infligé pendant des jours et des jours et de l’absence de repos véritable qu’il avait eut jusqu’à présent. Descendant du cheval, le jeune homme prit le temps de passer sa propre cape par-dessus celle que Rose avait déjà pour la maintenir au chaud puis de solidement la fixer à la selle pour éviter qu’elle n’en tombe. Ensuite, il passa un peu de temps à calmer le cheval qui venait de courir depuis plusieurs heure, lui parlant calmement tout en lui offrant quelques baies à manger. Quand cela fut fait, il prit les rênes de sa monture et commença à la guider à travers les bois. Sa priorité était de trouver un refuge où ils pourraient prendre du repos le temps que Rose guérisse. Un endroit où les mercenaires du roi-illégitime ne pourraient les trouver facilement.

« Tien bon, petite. On va bientôt pouvoir se reposer. Je te le promet. » dit-il doucement.

Encore une fois, il devait lutter contre la fatigue que ressentait son propre corps. Le temps du repos était encore loin d’être arrivé pour lui. Il continuait d’avancer, ses sens aux aguets. Guettant la présence d’ennemi… ou même d’un quelconque danger. Il avait l’impression d’être observé depuis qu’il avait passé l’orée du bois, mais ne voyait rien qui semblât représenter un danger. Il ne pouvait cependant se permettre de partir en repérage en laissant Rose et sa monture derrière lui. Sa priorité restait donc de trouver un endroit où ils pourraient se réfugier.

* Mormaer :Titre écossais désignant un seigneur régional souverain.
** Alba : Terme dérivé de celui d'Albion utiliser pour désigner les terres au nord du mur d'Hadrien

Voilà des années que Garfield vivait dans la forêt, auprès des druides. Enfin, quand il restait auprès d'eux, parce que celui que l'on appelait Changelin avait, à mesure que les années passaient, de plus en plus de mal à rester longuement dans un même endroit. Si le camp des druides avait longtemps été son lieu de loisir et de vie, il en était rapidement sorti et avait trouvé un nouveau terrain de jeu : la forêt elle-même. Sherwood était grande et profonde, peuplées de divers animaux en lesquels le polymorphe avait prit coutume de se métamorphoser. S'ensuivait ensuite toute une série d'expériences et de découvertes qui ravissaient à chaque fois le garçon vert, suffisamment pour qu'il mette des jours à rentrer. Ses gardiens avaient fini par prendre leur mal en patience, se contentant d'espérer que leur protégé ne sorte jamais des confins des bois. Et ils avaient raison de s'inquiéter, parce que Garfield avait tendance à se rapprocher de plus en plus de la lisière de la forêt.
C'est là qu'il les vit.

Changelin avait l'habitude des humains. Déjà il connaissait les druides. Et il voyait souvent passer quelques voyageurs marchands ou soldats traverser les bois avec plus ou moins de conviction et restant bien sagement sur les quelques sentiers existants. Parfois, il voyait même de jeunes enfants s'aventurer dans les bois en quête de quelques fruits ou voulant simplement découvrir un espace nouveau, libres qu'ils étaient des peurs des adultes. Garfield aimait bien s'amuser avec ces humains, sans jamais se montrer. Au grand jamais. C'était interdit, il ne le devait pas. Et même si le duo qui avait récemment abordé Sherwood l'intriguait

Un jeune garçon et une petite fille un peu plus jeune. En s'approchant d'eux sous la forme d'une musaraigne tapie sous les feuilles, Garfield les avaient observer, restant prudemment hors de portée des sabots de leur monture. Il flairait la maladie, mais aussi la souffrance et l'épuisement. Ces deux-là malgré leur jeune âge avait dû traverser de sacrées épreuves et avançaient malgré leur état de fatigue. Mieux valait les laisser tranquille, ils n'étaient pas en état de subir des farces. Ils lui faisaient même pitié.

La gerbille s'éloigna donc du duo et devint un écureuil qui grimpa aux arbres avant de disparaître entre les feuilles de ses branches. Damian et Rose purent peut-être apercevoir une petite silhouette étonnamment verte filer. Mais l'écureuil songea soudain qu'il ne pouvait pas les laisser comme ça. Autant les aider un peu... Se glissant à travers les feuilles qui couvraient le chemin qu'empruntaient Damian et Rose, Garfield se montra, son étrange poil un peu caché par les feuilles des arbres.

-Encore un petit kilomètre et vous trouverez un vieil arbre, un chêne sur un terrain dégagé. Vous pourrez tous les deux vous y reposer, toi et ta sœur.

Quel spectacle étonnant sans doute pour ces deux petits humains bien loin de chez eux et mal en point. D'autant plus que l'écureuil avait pris une pose bien peu naturelle pour... Eh bien un membre de sa prétendue espèce. A-t-on déjà vu l'un de ces petits animaux avachit comme il l'était sur le sol ? Et c'est qu'il continuait à leur poser des questions en plus.

-Vous vous êtes perdus ?

Lors de leur progression dans les bois, Damian ne s’arrêta qu’en une seul occasion. Il venait de repérer de la menthe poivrée près de l’endroit où ils se trouvaient. Arrêtant le cheval, lui intimant de rester tranquille, le jeune noble s’approcha de ces feuilles vertes qui exhalaient un fort parfum. Il entreprit alors d’en récolter une belle quantité avant de revenir et d’en tendre une poignée à Rose.


« Je sais que tu ne te sens pas bien, petite, mais je vais te demander de te frotter avec ces feuilles. Des chiens pourraient flairer notre piste. Le parfum de la menthe est forte, cela pourrait troubler leur odorat. »


Rose acquiesça faiblement et commença à entreprendre de faire ce que Damian lui avait dit, bien que grimaçant au contact quelque peu frais des feuilles. L’écuyer entrepris d’un peu l’aider avant de fourrer des feuilles dans les replis de la cape. Ensuite, il commença à un faire la même chose sur lui et même sur le cheval.


En vérité, le meilleurs moyen pour faire perdre la piste à un chien consisterait à traverser un champs de menthe ou d’une autre variété de plantes dont la fragrance serait suffisamment puissant pour couvrir leur odeur. Dans l’état actuel, les chiens seraient un peu ralentit à cause de l’odeur de menthe qui pourrait les mettre dans l’erreur, mais qui finiraient par retrouver la piste s’ils étaient correctement entraîné. Le principale but de la manœuvre restait de rassurer Rose, lui faire garder le moral en pensant que tout irait bien. Le jeune homme s’y connaissait en chiens, l’élevage de tels animaux pour la guerre ou la chasse faisait partie des traditions fortement ancrées dans les coutumes des Orcades, une tradition à laquelle Damian avait pleinement souscrit. Il ne s’était d’ailleurs pas contenter d’élever et entraîner un seul chien, mais il avait même à ses ordres toutes une meute… qu’il avait malheureusement dût laisser au château de son géniteur. Il connaissait donc bien les capacités de la race canine et notamment leur incroyable odorat.


Une fois ce court interlude passé, ils reprirent leur progression, inconscient de la présence d’un petit être au teint verdâtre et aux capacités de métamorphose unique. Certes, Damian avait le sentiment d’être observer, mais où que ses sens le porte, s’il parvenait à percevoir une présence, il était incapable de déceler la localisation de celle-ci. Aussi, ignorant s’il avait affaire à homme, bête, ou un adversaire d’une autre nature, il se résolut à rester sur ses gardes. Rose, pour sa part, eut le temps d’apercevoir la forme d’un écureuil sautant de branche en branche… mais le pelage de celui-ci semblait tellement irréelle qu’elle conclut elle-même qu’elle était en train de délirer à cause de la fièvre. Elle n’osa cependant pas s’en ouvrir à Damian, de peur que celui-ci ne la rabroue pour lui faire perdre son temps.


Arriva finalement le moment où Garfield se révéla à Rose et Damian, leur indiquant qu’ils pourraient bientôt trouver un endroit où s’arrêter. Vif comme un serpent, le jeune homme sortit son Sgian Dubh*, un poignard à lame noir manier par les guerriers écossais, qu’il se tenait prêt à abattre sur la personne qui venait de parler. Cette arme constituant un bon compromis car pouvant aussi bien servir dans un affrontement au corps-à-corps qu’il pouvait servir de lame de jet. Son regard se promena encore un bref instant avant de se fixer sur le rongeur à la crinière émeraude.


S’il était surpris de voir un tel être, il le cacha bien. Il était prêt à passer à l’action, il étudiait son interlocuteur pour déterminer s’il représentait un danger. Damian était vif, même malgré la fatigue, et surtout semblait semblait être sur les nerfs, conséquences du stress causer par leur condition de fugitif. La fille aux cheveux blancs par contre, dissimulait beaucoup moins sa surprise, observant les yeux écarquillées la présence du changelin tout en resserrant sur elle ses couvertures. Damian se plaça entre l’écureuil vert et Rose, agissant vraiment en protecteur.


« Qu’est-ce que tu es ? Un esprit de la forêt ? Un membre du peuple féerique ? Ou juste un étrange rongeur ? » Demanda-t-il, ignorant souverainement la question que venait de lui poser son inoffensif interlocuteur.


Damian était méfiant, il avait trop l’habitude que les êtres magiques soient autres choses que ce qu’ils semblent aux premiers abords pour relâcher sa vigilance. Les esprits de ce genres pouvaient aussi bien sincèrement vouloir aider les voyageurs que tenter de leurs jouer des tours, parfois cruels… souvent même.


« Dam... »


Un geignement suivit d’une quinte de toux venant de Rose rappela le jeune homme à la réalité. Le fille du Roi-Mercenaire était réellement au plus mal. Ils auraient dût s’arrêter pour lui permettre de récupérer depuis des heures, mais Damian avait tenu à continuer pour trouver un endroit sûr et la jeune fille avait courageusement tenu bon. Mais elle arrivait au bout de ses forces. Damian poussa un profond soupir. Qu’importait sa méfiance concernant leur nouvel « allié », il allait devoir en faire fi si cela permettait de trouver un endroit où Rose pourrait reprendre des forces. Il remit son couteau dans son fourreau.


« Mes excuses, maître écureuil. Pour répondre à votre question, nous ne sommes pas perdu, pas encore du moins, nous somme en fuite. Cela… me rend un peu nerveux à la longue. Je m'appelle Damian, et elle c’est Rose. Quand au cheval, j’ignore son nom, mais en attendant je l’ai baptisé Morvac’h**. Avez-vous vous même un nom ? »


Damian veillait à ne pas donner trop d’informations, se gardant de révéler leur véritable identité tant qu’il ignorait les intentions de cet être étrange… tout comme il se garda de réfuter les suppositions de celui-ci sur la nature du lien existant entre lui et Rose.


Continuant leur route, en compagnie de Garfield, Damian fit de son mieux pour rester courtois, à défaut d’agréable. Il ne savait pas quoi penser de cela, il ne savait pas s’il devait risquer de se lier avec un être de nature à priori magique sans en savoir plus. Finalement, Damian vit l’imposant chêne*** dont avait parlé Garfield. Il était impressionnant, fier. Et au vue de son emplacement au cœur d’une forêt difficile d’accès dans une zone où il était facile d’installer un camp, l’esprit stratégique du jeune homme vit immédiatement les avantages militaire d’un tel lieu. Une troupe mobile, légèrement équipée pourrait facilement s’y installer pour lancer des raids dans la région puis se replier à l’abri des arbres sans que les troupes des seigneurs locaux ne soient en mesure de déjouer leurs embuscades. Avec une cinquantaines des guerriers écossais de son père… ou d’assassins de la Confrérie des ombres, Damian pourrait aisément perturber les lignes de communication du comté. Cinquante de plus, et ce serait toute la région qui serait à sa merci. Il devrait retenir l’idée s’il avait l’occasion d’aller porter un nouveau coup au roi-illégitime.


« Cet endroit fera une halte acceptable. Nous vous en remercions. Y-aurait-il des règles auxquels nous serons tenu pour la durée de notre séjour ? »

*Sgian Dubh = signifie littéralement "lame noir" en gaélique. Les guerriers écossais avaient l'habitudes de se battre, durant l'antiquité et le début du moyen-âge, avec des lames non-polie leur donnant un aspect noir sources de crainte auprès de leurs ennemis. Par la suite, le terme fût utilisé pour désigner un couteau faisant partie intégrante des tenues traditionnel écossaises.
**Morvac'h: Nom d'un cheval légendaire du folklore celtique de couleurs noirs et capable de courir sur l'eau.
***Le Major Oak trônant au milieu de la forêt de Sherwood est réputé dans le folklore britannique pour avoir servit de repaire à Robin des Bois et ses Joyeux Compagnons.

C'est fou ce qu'ils avaient l'air d'un jeune chevalier et de sa dame à protéger tous les deux. Enfin, le garçon n'était pas assez vieux pour être chevalier si Garfield croyait aux histoires qu'on lui avait raconté. Alors disons qu'il était écuyer. Mais l'écuyer était belliqueux, il avait brandit son arme dés que le polymorphe s'était montré et le petit animal s'était replié sur lui-même lorsqu'il l'avait vu faire... Avant de s'apaiser quelque peu en voyant qu'il ne souhaitait pas attaquer. Il se détendit suffisamment pour que quelque chose ressemblant à un sourire apparaisse sur son visage lorsqu'il regarda en direction de Rose.

-Faut pas avoir peur m'amzelle, je ne fais pas de mal aux gens qui osent s'aventurer dans ces bois.

La petite demoiselle aux cheveux blancs paraissait bien malade, se reposer auprès du vieux chêne pourrait lui faire du bien, du moins il l'espérait. Ils se remirent donc en route, Garfield sous sa forme d'écureuil trottinant à côté du cheval en faisant de son mieux pour rester à sa hauteur. Tout en les guidant, il répondit aux questions que Damian lui avait posé.

-Je ne suis pas un esprit, ah ça non. Mais un étrange rongeur tu as raison. Moi, je n'ai jamais vu d'écureuils comme moi dans la forêt. Je n'ai jamais vu de personnes comme ta sœur non plus d'ailleurs.

Rose avait les cheveux aussi blancs que ceux de certains druides, ceux parmi les plus âgés. Garfield conduisit le groupe à destination, évitant de répondre à la troisième proposition de Damian. En fait, même si on l'appelait parfois Changelin personne ne savait réellement s'il en était un. Ses pouvoirs étaient inhabituels certes, magiques même. Mais pourquoi les fées ne seraient jamais revenu chercher leur enfant s'il en était bien un ? Donc s'il n'était pas une créature magique, un enfant-fée, c'est qu'il devait être un être humain. Bref la question restait sans réponse, du coup il ne pouvait pas dire si oui ou non il était une créature surnaturelle. Il marqua une nouvelle hésitation lorsqu'on lui demanda son nom.

-Vous pouvez m'appeler Gar... Oui, Gar.

Il n'arrivait pas à se décider à révéler son prénom complet, on lui avait trop appris à rester discret, caché. Et en général il ne se présentait pas aux voyageurs qui parcouraient Sherwood, évitant donc de se confronter à ce genre de problème. Mais ce surnom là irait, non ? Une fois qu'ils furent arrivés et descendus, Garfield alla se percher sur l'épaule de Rose et commença à lui chatouiller le visage avec sa queue.

-Oui, il y a des règles, mais la plupart sont habituelles. N'utilisez pas plus de bois et de nourriture que nécessaire, faites gaffe aux bêtes sauvages. Si les loups, les renards et les ours ne sont pas affamés, ils se contenteront de vous ignorer. Oh et, vous devrez danser trois fois autour de l'arbre chaque nuit de votre séjour, lorsque la lune sera à son zénith, c'est à dire à minuit.

L'écureuil se tordit littéralement de rire et chuta de l'épaule de Rose pour atterrir sur l'herbe tendre. Le fou rire indiquait bien que l'animal plaisantait pour son dernier conseil. L'animal fini par se calmer, rire lui avait fait du bien. Mais il devait se souvenir que pour l'instant, Rose et Damian avaient besoin d'aide. Maintenant ils avaient un abri, mais ça n'allait pas suffire.

-Vous avez besoin d'autre chose ?

Le jeune guerrier était attentif aux informations que lui donnait leur nouveau compagnon. Il ne relâchait pas sa vigilance pour autant, restant à l’affût du moindre signe de danger pouvant émerger des bois. Il ne savait pas encore s’il pouvait faire confiance à ce curieux animale à la fourrure émeraude, mais il savait qu’il ne se sentait pas forcément à l’aise dans une forêt aussi profonde qu’il n’avait pas encore prit le temps d’explorer, un forêt où le danger pouvait surgir de nulle part à tout moment. Instinctivement, les doigts de Damian allèrent caresser le pommeau de son épée. Beaucoup de gens avaient pour habitude de toucher des objets inanimé, souvent en métal ou en bois selon la région, pour conjurer la malchance, mais ce n’était pas le cas du jeune homme, il ne cédait pas à ce genre de superstition… cela le rassurait simplement de savoir qu’il avait sa lame à portée de main après cette longue période dans les cachots du Roi-Mercenaire où il en avait été séparée.

Cette épée, la Rouge-gorge ne valait pas certainement pas celle de son père Caledfwlch*, la même épée qu’avait jadis manier le preux Gauvain et qui se transmettait à chaque chef du clan depuis des générations, mais elle était constitué à partir d’un morceau de métal venu du ciel, forgé encore et encore jusqu’à en extraire toute impureté par les meilleurs forgerons du clan sur ordre de son père, puis façonner pour devenir le chef d’œuvre qu’elle était maintenant. Plus solide que la plupart des aciers sans pour autant peser plus lourd, parfaitement équilibré et ne craignant que peu l’usure du temps et du climat. Bien que d’une qualité exceptionnel, cette lame ne disposait pas de propriété magique, en tout cas pas à la connaissance de son possesseur. Elle lui avait été remise par son premier propriétaire, un ancien écuyer du Mormaer des Orcades, parce qu’il semblait juste pour celui-ci que cette arme revienne à l’héritier du clan alors que l’âge de devenir écuyer approchait. Quand il passait ses doigts sur le pommeau, il se souvenait des sensations qu’il avait éprouvé en maniant pour la première fois une telle lame. De tout ce qu’il aurait put perdre durant sa captivité chez le roi-illégitime, la perte de la Rouge-gorge aurait probablement été l’un des coups les plus dur qu’il aurait put recevoir.

Leur nouveau compagnon s’appelait Gar, d’après ses dires. L’hésitation qu’il avait montré en se présentant semblait indiqué qu’il ne s’agissait peut-être pas de son vrais nom, mais Damian n’irait pas creuser plus loin, après tout, il n’avait pas été complètement honnête non plus dans sa présentation. De plus, s’il s’agissait d’un être d’origine magique, la connaissance de son nom véritable pourrait revenir à leur donner un moyen de le soumettre. Rose posa néanmoins une question d’une voix trahissant sa fatigue alors que Damian l’aidait à descendre du cheval.

« Tout les écureuils ont-ils un nom, Gar ? Ou cela est réservé aux animaux parlant la langue des hommes ? »

Gar semblait visiblement l’avoir prit en affection, alors qu’il grimpait sur l’épaule de la petite fille à la chevelure blanche pour venir lui chatouiller le visage du bout de la queue. Cela arracha un petit rire de la part de Rose avant qu’elle ne soit reprit d’une quinte de toux. Damian posa ses affaires au pieds de l’arbre avant d’indiquer à Rose de venir se reposer. Pendant que la petite fille, emmitoufler dans sa cape et dans celle de Damian, s’asseyait contre le chêne, luttant contre le froid la faisant grelotter, Damian écouta les instructions de l’écureuil parlant, tout caressant le cheval pour lui indiquer qu’il pouvait aussi se reposer à présent. Damian afficha cependant un visage interdit à l’égard de la plaisanterie de Gar, presque comme s’il se demandait s’il devait prendre l’information au sérieux ou non. Cela contrastait avec le sourire amusé de Rose, bien qu’elle commençait à avoir du mal à garder les yeux ouvert.

« Même s’il ne fera pas beau, le temps n’a pas l’air de vouloir se gâter pour cette nuit. Nous disposons d’encore un peu de nourriture pour ce soir, la priorité reste donc l’eau et de quoi réchauffer Rose. » Lista le jeune homme sans se départir de son sérieux.

Pendant que Damian donnait ses instructions, Rose tendit la main vers le rongeur pour le caresser. Pour l’écuyer, ça signifiait que sa protégée aurait au moins quelque chose pour s’occuper l’esprit s’il s’absentait le temps de ramener du bois et de trouver un endroit où remplir leurs outres. Il reprit sur un ton assez autoritaire.

« Je me charge d’aller chercher de quoi allumer un feu. Quant à toi petite, tu te reposes. Si tu n’arrive pas à dormir, tu peux toujours préparer l’emplacement où l’on allumera le feux comme je te l’ai apprit. Mais dans tout les cas, interdiction de t’éloigner du chêne ! »

« Ne me ménage pas, je ne suis pas en verre Damian... » se révolta mollement Rose, dont les yeux semblaient déjà se fermer tout seuls.

Damian ignora complètement la réplique de la petite fille et se tourna vers Gar.

« Te concernant Gar, je te remercie déjà pour nous avoir amener ici. Si tu veux encore nous aider, tu peux tenir compagnie à Rose et veiller sur elle en mon absence. Ou alors... » Damian marqua une pause, réfléchissant à ce qu’il allait dire. « Il se peut que des types suivent notre piste. Je ne pense pas qu’ils pénétreront dans la forêt, mais cela te dérangerait d’aller t’en assurer ? »

Damian se leva pour s’apprêter à partir. Il laissa l’essentiel de ses affaires ici, ne prenant que son arc et ses flèches, une des deux outres, laissant l’autre à Rose, et un couteau. Pour l’instant, il ne comptait pas chasser, mais il préférait être armé aux cas où des hommes du Roi-Mercenaire seraient dans les bois. Il comptait aussi profiter de sa corvée pour aller brouiller les pistes.

« Oh, j’oubliais. L’interdiction de fouiller dans mes affaires est toujours d’actualité. »




* Caledfwchl : Il s'agit de l'un des ancien nom sous lequel était désigner Excalibur dans les légendes Gaéliques (signifie, "Dure-Entaille"). Dans ces même légendes, Gauvain, qui était le champion d'Arthur, maniait souvent l'épée du roi en son nom. Gauvain étant l'un des rares chevaliers emblématique de la Table Ronde a ne pas avoir d'épée nommée, j'ai prit la liberté de donner l'un des anciens nom d'Excalibur à la lame sensé lui avoir appartenu dans le cadre de cet Elseworld.

La petite Rose avait peut-être des cheveux blancs, mais elle était drôlement mignonne avec ses questions. Garfield aimait bien s'amuser à la taquiner, mais il ne pouvait pas l’embêter beaucoup. La pauvre petite était bien malade et sa toux paraissait coriace. Elle avait effectivement l'air d'avoir besoin de repos, pas question de l'obliger à danser autour de l'arbre à minuit, elle devrait dormir à cette heure-là. L'autre par contre... D'autant plus que Damian n'avait pas l'air d'avoir bien compris qu'il s'agissait d'une simple farce. La priorité selon le petit écuyer était donc de prévoir de l'eau et de quoi réchauffer leur jeune protégée. Protégée qui n'était pas en verre.

-Ah oui ? Tu n'es pas une petite princesse échappée de son château ?

Il reste contre le cou de la jeune fille pour lui procurer un peu de chaleur à ce niveau-là. Malheureusement le petit corps d'un écureuil ne pouvait pas réchauffer beaucoup. S'il avait sût, il serait venu à eux en ours... Quoique le cheval aurait détalé dés qu'il l'aurait vu. Ou Damian l'aurait attaqué à vue. Ou les deux. Les tâches étaient distribuées, et Garfield devait donc surveiller et aider Rose ou explorer les alentours voir si leurs poursuivants étaient à leurs trousses. Alors qu'ils avaient été laissés seuls, Rose s'adressa à la créature émeraude qui était finalement descendue de son épaule.

-Gar, qu'est-ce que tu es véritablement ?

-Juste un être qui vit dans la forêt. Tu penses pouvoir te débrouiller toute seule quelques minutes ?

La petite fille acquiesça avant d'être reprise par une autre quinte de toux, et de se lever vaillamment pour s'occuper de préparer l'endroit pour le feu. Garfield s'éloigna de l'enfant et se transforma en oiseau une fois qu'il fut hors de sa vue. Il se dirigea vers un groupe d'oiseau réunis dans la cime d'un arbre et parvint à les convaincre de partir en éclaireur pour surveiller la zone et les alerter si des hommes pénétraient dans la forêt et se rapprochaient de l'arbre où se trouvait Rose. Puis, il revint près de sa petite protégée qui était parvenue à faire ce que Damian lui avait demandé et s'était endormi à cause de l'épuisement.
Ce serait le moment idéal pour regarder là où on lui avait interdit de regarder, non ?

L'écureuil vert s'approcha donc des affaires que Damian avait dû laisser derrière-lui, curieux de savoir ce qu'il allait y trouver. Mais au moment où il allait pouvoir commencer à assouvir sa curiosité, Rose fut prise d'une violente quinte de toux qui le fit se retourner vers elle. Même dans son sommeil la pauvre enfant ne parvenait pas à se reposer correctement. Alors, Garfield retourner se positionner sur l'épaule de la jeune fille et enroule sa queue autour de son cou pour lui fournir un peu de chaleur.

Pendant un bref instant, Damian s’immobilisa en entendant la réflexion de Gar. Le regardant d’un air interdit, l’écuyer se posa la question de si cet étrange écureuil pouvait être au fait de l’identité réelle de Rose. Les paroles de Gar semblaient dangereusement proche de la réalité. Rose était la fille du roi-illégitime de Northumbrie et après qu’elle aie aider Damian à s’évader des geôles de son géniteur, celui-ci avait accepté de l’emmener à la recherche de sa sœur disparue.


Mais il décida de ne pas relever cela, ne serait-ce que cela ne ferait que soulever des doutes. Rose pour sa part était trop fatiguée. Damian se leva alors et parti d’un pas décidé en direction de la forêt, laissant Rose sous la garde de Gar ainsi que du cheval. Le jeune homme avait pensé prendre ce dernier avec lui pour ramener assez de bois pour tenir quelques jours en un seul voyage, mais ce serait inutile. Pour commencer, leur monture avait besoin de se reposer. Ensuite, lorsque Damian irait faire de la reconnaissance, il n’avait pas besoin que l’équidé créé des pistes supplémentaire à suivre pour ses poursuivants.


S’enfonçant dans les bois, Damian commença par se rendre à la source d’eau la plus proche, il l’avait repéré au son en se dirigeant vers le grand chêne. Une fois sur place, il commença par boire une grande lampée de l’eau s’en écoulant en utilisant ses deux mains. Elle était fraîche, rafraîchissante et apaisait sa soif. Il reprit une lampée pour se la mettre sur le visage, non pas pour se rafraîchir, mais pour se réveiller. Il pouvait faire de son mieux pour rester vigilant, il commençait à ressentir le manque de sommeil. Même ses technique de méditation, lui permettant de se reposer tout en conservant une conscience de son environnement, ne pouvaient remplacer totalement une véritable période de sommeil, et cela faisait trop longtemps qu’il se refusait de s’accorder un tel luxe. Mais il ne pouvait pas encore s’accorder de repos. Rose malade, il ne pouvait compter sur elle pour s’acquitter des tâches qui leur restait à faire, cela lui incomberait donc.


Ouvrant l’outre et la plongeant dans la source pour commencer à la remplir, le jeune guerrier attendit patiemment que l’outre se remplit d’eau. Ils devaient rester hydrater pour pouvoir récupérer leurs forces. Il restait cependant attentif aux bruits qui les entourait. Il restait vigilants aux bruits de la forêt. Son attention fut attiré par le vol d’un oiseau qui passa au-dessus de lui, accomplit un cercle avant de repartir. Il avait eut l’impression que le volatil l’avait surveiller l’espace d’un instant, mais ne s’attarda pas davantage sur la question.


« Tst, espérons que cette forêt soit assez touffue pour que les larbins de l’autre Ibn al Kalb* s’y perdent. »


Mais comme Damian n’était pas du genre à compter sur la chance ou une éventuelle intervention divine pour régler ses problèmes, il allait s’assurer lui-même de la situation. Quand l’outre fut remplie, l’écuyer la reboucha puis, après s’être assurer qu’elle ne perdait pas d’eau, la mit sur son épaule avant de reprendre sa marche. Reconnaissant des repères visuels pour se retrouver dans les bois.


Il remontait sa propre piste, effaçant les traces, créant de fausse piste pour dérouter les pisteurs. Même avec ses compétences poussé dans l’art de la traque de ses proies, cela prenait du temps et nécessitait de la concentration de sa part. Il récupérerait du bois pour le feu sur le chemin du retour, mais actuellement, il devait faire attention de ne pas révéler plus d’indice sur sa position. Toujours, il avait l’impression de repérer des oiseaux qui étaient trop calme, trop attentif même pour que cela ne lui semble pas suspect. Mais il ne semblait pas être l’objet de leur surveillance.


Finalement, Damian était remonté assez loin vers l’orée de la forêt pour estimer pouvoir faire demi-tour. C’est alors qu’il perçut des bruits de pas, des pas lourd s’enfonçant dans la boue, accompagné de jurons issue d’une langue qu’il reconnaissait comme du Norvégien. Se dissimulant dans l’ombre de la végétation, il vit deux soldats, lourdement équipé, marcher sous les frondaisons. Ils étaient visiblement inquiet et de mauvaises humeur. Probablement quelques mercenaires au services du seigneur de ces terres.


La main du jeune homme se porta vers son arc. Il était tenté d’en finir rapidement avec eux. Mais se ravisa. Tant qu’ils ne trouvaient pas de trace de leur passage, le doute était son meilleur allié. Il tendit alors l’oreille attentif à leur conversation. Il ne maîtrisait pas la langue des Seigneurs des Mers à la perfection, mais nombres de scandinaves faisaient partie des sujets de son père et il avait apprit a maîtriser leur idiome tout comme ceux des autres communauté constituant les sujets de son père.


« J’en ai marre de cet endroit. Pourquoi est-ce qu’on rentre pas au camp Thorstein ? Tu vois bien que personne n’est passé par ici. »
« On fait ce pourquoi on a été engagé, Egill. Le Roi de Jorvik** paie bien nos services et jusqu’à présent, il est usuellement victorieux. De bon combat, une bonne paie, du butin… peut-être même que notre clan finira par obtenir des terres pour s’installer. »
« Justement, toutes les garnisons du royaume ont été mit en alerte pour l’évasion d’un prisonnier. Comment un seul prisonnier peu susciter un tel bordel ? » maugréa Thorstein.
« Qu’est-ce que j’en sais. Il y a même une récompense importante qui est promise pour sa capture pour ce que j’ai entendu. Quoi qu’il aie fait, si on lui met la main dessus on sera à l'abri du besoin pour un bon moment. »
« Rêve pas, c’est Kay qui les aura. Si ce bouseux de ceorl*** n’a pas rêvé, quelqu’un est allé se caché dans cette forêt à l’approche de notre patrouille. Kay à l’air déterminé à organiser une battue. »
« Raison de plus pour qu’on fasse bien notre reconnaissance. S’il découvre qu’on a négligé des pistes, on sera plus de la viande froide pour molosse. »


Les deux guerriers poursuivirent leur marche, cherchant après des traces de passage. La situation était préoccupante. Si ces deux mercenaires n’étaient pas inquiétant, ce qu’ils avaient révéler dans leurs discussions, alors leurs poursuivants ne semblaient pas avoir renoncer à les suivre dans les bois de Sherwood… ils se préparaient simplement à le faire de manière organiser. Il y avait fort à parier que ledit Kay rassemblait des hommes pour la battue, mais aussi pour patrouiller autour de la forêt. Dans la situation, Damian ne pouvait pas simplement éliminer ces deux intrus, cela révélerait sa présence dans la forêt.


Il attendit encore plusieurs minutes après que les deux lames à louer eurent disparut de son champ de vision, avant de se décider à quitter sa cachette et retourner vers le grand chêne. Il avait deux possibilités, soit faire le mort et espérer que leurs poursuivants estiment être sur une fausse piste, soit se tenir prêt à contre-attaquer, au risque d’avoir à quitter les lieux rapidement. Autres point préoccupant, les populations vivant dans où aux alentours de la forêt risquait d’en payer faire les frais. Il devrait discuter de la situation avec ce Gar… mais ne risquait-il pas de les vendre pour préserver sa forêt ? Le jeune homme caressa les deux doigts qui avaient été mutilé par le Roi-Mercenaire, cruel rappel de ce qu’il risquait s’il était attrapé. Et ce tic démontrait aussi un fait que le jeune homme savait ne pas aimer. Une part de lui craignait à présent le roi-illégitime de Northumbrie.


Rose avait dégagé une zone pour faire le feu, comme Damian lui avait apprit, et délimiter celle-ci avec des cailloux qu’elle avait trouvée, et parfois même déterré, se salissant complètement les mains. Cela permettrait de garder le feu parfaitement sous contrôle en évitant qu’il ne se répande et en conservant le bois à l’intérieur. En réalité, Rose n’était pas dupe. Damian ne lui avait donné cette tâche que pour qu’elle s’occupe en attendant son retour. Mais elle le fit néanmoins, Damian ayant prit sur lui l’essentiel des tâches à cause de sa maladie, elle voulait montrer qu’elle pouvait aider. Elle alla même jusqu’à se traîner pour ramasser un peu de petit bois mort autour du camp.


Mais quand Gar revint, tout ces efforts avaient eut raison de l’énergie de la fillette aux cheveux blanc. Elle se blottissait contre le chêne, les yeux fermée, emmitouflée dans les capes mais pourtant grelottante. Elle tressaillit un peu lorsque Gar s’installa pour aider à réchauffer son cou, mais continua un sommeil entrecouper de quinte de toux. Mais même sans cela, elle semblait subir un sommeil… déplaisant. Il était visible qu’elle faisait de mauvais rêves. Une de ses mains vint alors se poser sur Gar, semblant se détendre au contact de la fourrure de l’étrange rongeur.


« J’ai dormi combien de temps ? » Demanda Rose, ouvrant de petit yeux et constatant que Damian n’était pas encore revenu.


Un peu plus loin, le cheval noir qui les avait transporté continuait à brouter. Semblant parfois relever la tête pour observer les environs mais restant calme. Soudain, un oiseau arriva en piaillant pour se poser sur les branches du chêne, au-dessus de la position de Gar. Conformément à ce que l’étrange résident de la forêt leur avait demander, les oiseaux avaient commencer à surveiller la forêt, à l’affût d’éventuels étranger. L’oiseau venait avertir Gar que, si pour l’instant aucun approchait, des hommes étaient en train de fouiller la forêt. Rose regarda l’oiseau, dont les piaillement achevait de la réveiller. Elle ignorait tout du langage de ceux-ci et pensait juste avoir affaire à un volatile qui semblait décider de faire du bruit juste au-dessus d’elle. Baillant longuement, elle tourna un visage baigné de sueur vers Gar.


« Gar ? Je me demandais...est-ce que tu as une famille ? » interrogea Rose.


Le petite fille s’était demandé si leur nouvel ami avait des personnes semblable à lui avec qui il vivait. Ou s’il vivait dans la solitude dans cette forêt. Elle était reconnaissante pour l’aide que le petit écureuil vert leur apportait, mais, s’il menait une vie solitaire, elle anticipait un peu le sentiment d’abandon qu’il pourrait ressentir lorsque Damian déciderait qu’ils devraient poursuivre leur route.


« Je ne suis qu’un fardeau. Si je n’étais pas là, Damian serait déjà en Angleterre… en sécurité. Je ne fais que le ralentir. »


Ces paroles… traduisait la peur de Rose que Damian finisse par décider de la laisser derrière malgré sa promesse. Elle avait trahis son père en l’aidant à s’évader en échange de sa promesse qu’il retrouve sa sœur disparue. Mais même si Damian ne lui avait pas donné de raison de douter de sa parole, elle avait bien vue qu’il était parfois excéder par les retards qu’ils prenaient dans leur fuite. Même si Damian n’avait jamais exprimé le désir que Rose parte, les délires de la fièvre la faisait exprimer cette peur qu’elle avait d’être abandonnée. Un hennissement se fit alors entendre, le cheval noir commençant à piaffer en sentant l’arrivé d’un autre être humain dans la clairière.


Damian avait ramasser une quantité importante de bois mort, de quoi tenir la nuit. Il s’inquiétait sur la sagesse d’allumer un feu en sachant qu’ils étaient poursuivit. Sa fumée pourrait se voir de loin… et sa lumière encore plus une fois la nuit tombée. Malheureusement, il allait devoir courir le risque. L’état de Rose devenait préoccupant et si on ne lui donnait pas l’occasion de se reposer et surtout de se réchauffer, celui-ci pourrait bien devenir critique.


Sur le chemin du retour, Damian avait trouvé quelques racines qui pourrait peut-être un peu soulager sa protégée… à défaut de la guérir, et avait entrepris d’en récolter quelque unes. L’écuyer avait ensuite poursuivit son chemin, les bras chargé par plusieurs fagots de bois. Sur le chemin, il avait veillé à ne pas laisser plus de trace derrière lui, privilégiant de marcher sur des surface dur, ou loin des sentier de marche. S’il le désirait, le jeune homme était parfaitement capable de ne laisser aucune trace, mais cela aurait nécessité qu’il ne soit pas encombré par son chargement, aussi, faisait-il de son mieux pour compliquer la tâche d’éventuel pisteur. L’éloignement de la clairière par rapport à l’orée pourrait peut-être leur gagner un ou deux jours si leurs ennemis ne trouvait pas leur piste et en étaient réduit à fouiller la forêt de manière systématique.


Son entrée dans la clairière fut accueillit par le hennissement du cheval. Damian marcha rapidement en direction de Rose et Gar avant de déposer le bois qu’il avait récolté. Après avoir jeter un coup d’œil au travail de Rose, et surtout à ses affaires qui ne semblaient pas avoir été dérangé, l’héritier du Mormaer des Orcades se porta au chevet de la jeune Rose. Sans dire un mot, Damian posa la main sur le front de sa protégée. Celui-ci était brûlant. Il conservait cependant un air impassible, se contentant de prendre son outre pour l’ouvrir et la porter aux lèvres de Rose.


« Bois, tu as besoin de rester hydrater. » Il se tourna ensuite vers Gar « Je suppose que tout s’est bien passé en mon absence ? »


Pendant que Rose buvait silencieusement à l’outre, et que Gar donnait éventuellement des nouvelles. Damian entrepris de sortir les racines, d’en ôter l’écorce et de les découper en morceau avec son couteau. Même s’ils auraient été plus efficace en infusion, le groupe ne possédait pas de récipient pour faire bouillir de l’eau. Une fois terminé, Damian tendit les morceau à Rose.


« Mâche ça. Cela apaisera un peu les effets de la fièvre. »
« Tu as besoin d’aide avec le feu ? »
« Je m’en sortirai. »
« Mais, je... »


Une nouvelle fois, Rose avait voulut se révolter d’être mise à l’écart. Mais sa maladie l’avait rattraper. Une nouvelle quinte de toux particulièrement fort la prit, sa respiration devenait lourde, laborieuse.


Damian ne semblait pas s’être arrêté pour cela. Il était tout entier occuper à préparé le feu. Empilant le bois mort de manière à ce qu’il parte le mieux possible. Avec un peu de chance, le vent pourrait pousser la fumée vers les bois pour qu’elle ne monte pas directement dans le ciel depuis leur position. Une fois cela fait, le jeune homme entreprit d’allumer le feux avec un silex, de l’amadou et une lame métallique pour faire l’étincelle. Le tout sous le regard d’une Rose qui semblait bouder sous les capes lui servant de couverture… si elle partageait un point commun avec Damian, c’était qu’elle détestait se sentir impuissante ou inutile.



*  Ibn al Kalb: "Fils de chien" en arabe. Ici, en l'occurrence, Damian fait référence au seigneur Slade
** Jorvik: Nom scandinave donné à la ville de York, sur laquelle règne Slade
*** Ceorl: dans la société anglo-saxonne, il s'agit de la classe sociale la plus basse de la société parmi les hommes libres. Elle regroupe usuellement les paysans.

Pendant le sommeil de Rose, Garfield avait reçu des rapports de quelques unes de ses sentinelles ailées. Comme ils avaient bien compris qu'ils devaient lui signaler tout individu se trouvant dans la forêt, quelques uns lui rapportèrent la présence de Damian. Et comme le Changelin était parfaitement au courant de cette présence, il ne fit aucun commentaire, après tout Damian n'était pas l'objet de cette surveillance. Par contre, les volatiles repérèrent bien un groupe d'individus suspects. Des hommes armés, malheureusement les oiseaux étaient incapables de lui en dire plus. Mais c'était suffisant pour alerter le garçon vert, car il pouvait autant s'agir de chasseurs que des fameux types qui suivraient la piste des deux jeunes gens. Et vu la réputation de la forêt la seconde hypothèse était plus raisonnable que la première.
Mais pour l'instant, il ne pouvait pas faire grand chose. Juste surveiller via se alliés à plumes.

-Tu as dormi pendant une bonne heure. Et oui, j'ai une famille. Avec pas mal de vieillards barbus dedans. Mais ils ne font pas de mal aux petites filles ou aux écuyers bougons.

La question le prenait au dépourvu, il ne pensait pas que l'on pourrait s'intéresser aussi rapidement à lui. Après tout il ne les connaissaient que depuis quelques heures à peine et devait juste les aider à passer quelques jours ici. Mais à force de passer du temps auprès d'eux, il allait finir par s'y attacher. Mais est-ce qu'il s'agissait vraiment d'une mauvaise chose ? Même si on l'avait toujours mis en garde contre le monde extérieur et la brutalité humaine, ces deux-là lui feraient-ils réellement du mal s'ils apprenaient qu'il était bien plus qu'un simple écureuil à poils verts ?

-Rose a dormi un peu, mais elle a encore besoin de se reposer. Personne ne s'est approché du campement en ton absence en tout cas.

L'écuyer était rentré, et s'était occupé d'entretenir le feu, mais l'état de Rose ne s'améliorait pas. On pouvait même dire qu'il avait tendance à empirer. C'était une erreur de la laisser sans soins. Malheureusement, Garfield avait sécher les leçons de soins et ne pouvait donc pas faire grand chose. Les seuls qui pourraient l'aider étaient ces personnes dont il avait parlé à Rose. Mais il allait devoir aller les chercher et leur expliquer ce qu'il avait fait. Ou emmener les deux jeunes gens au campement. Dans les deux cas, il se ferait sans doute gronder pour ce qu'il avait fait.

-Damian, nous devrions peut-être emmener Rose ailleurs. J'espérais qu'un peu de repos l'aiderait mais... Il y a des druides qui vivent aussi dans la forêt, ils pourront peut-être la soigner et l'aider à aller mieux. Je peux aller les chercher, ou vous conduire à eux si vous voulez.

Il se tourne vers la jeune fille aux cheveux blancs.

-Dit-moi Rose, comment est-ce que tu as attrapé cette toux ?

Damian avait réussit à faire partir le feu, bien que celui-ci n’émettait pour l’instant que quelques flammèches fragiles, il allait bientôt créer des braises qui produiraient la chaleur dont ils auraient besoins pour se réchauffer.

Maintenant qu’il savait que leurs ennemis étaient sur leurs traces, il aurait préféré pouvoir se passer de feu pour diminuer les chances que leurs poursuivants ne repèrent leur position, mais l’état de sa protégée lui imposait de courir le risque. Dans le pire des cas, il aurait à se frayer un chemin au fil de son épée… mais avec la fatigue qu’il ressentait, il n’était pas sûr d’en être capable. La fatigue de leur fuite commençait aussi à prélever son tribut sur sa personne, et bien que son entraînement et son âge lui offrait une meilleur capacité à y résister, ça faisait bien longtemps qu’il n’avait plus eut l’occasion de vraiment se reposer.

L’écuyer ne réagit pas immédiatement à la suggestion de Gar, se contentant d’opiner pour signifier qu’il avait saisit ce qu’il avait dit. Même si c’était bien trop tôt pour déterminer si la condition de Rose pouvait s’améliorer par un peu de repos, il fallait admettre qu’elle était en ce moment au plus mal… et qu’en l’état elle constituait un fardeau. Cependant, Damian répugnait à l’idée d’impliquer ces druides, ignorants tout du Nyfed* de Sherwood. Il avait déjà rencontré des druides, bien qu’ils se fassent rare dans les royaumes insulaires depuis que les Romains les avaient persécuté et détruit leur sanctuaire d’Ynis Mon**, la présence des Anglo-saxon par la suite n’avait certainement pas contribuer à aider au retour des druides, mais d’une manière où d’une autre leur enseignement avait survécut. Ils étaient encore présent partout où les populations celtiques subsistaient comme l’Écosse ou l’Irlande, mais se faisaient rare au sein de royaume d’Angleterre. Le grand ordre des druides n’existant plus en tant que tel, chaque congrégation subsistait à une échelle locale, avec ses règles, ses pratiques, et ne maintenant que des liens ténus avec leurs semblables.

En ignorant quel était la nature des croyances des druides de cet endroit, Damian était réticent à confier Rose à leurs soins… et également à les impliquer d’une quelconque manière dans leurs affaires de craintes qu’ils ne les trahissent… ou subissent les conséquences de leurs avoir prêter assistance, le Roi-Mercenaire n’hésiterait probablement pas à tous les faire massacrer s’il apprenait qu’ils les avaient aider.

Par contre, Damian se raidit soudainement lorsque la question que Gar posa à Rose parvint à ses oreilles. Il ne savait pas encore s’il pouvait ou non faire confiance à cet étrange rongeur pour lui confier leurs identités réelles, mais Rose par contre semblait s’être rapidement attaché à cette boule de poils verdâtre. La fille aux cheveux blanc jeta alors un regard vers Damian, guettant une approbation ou désapprobation de sa part, puis prit la parole.

« Je… on a dû nagé de nuit. » elle toussa d’une toux sèche avant de reprendre « … pour échapper à ceux qui...sont après nous.  » elle conclut en reniflant un grand coup.

Damian s’approcha alors de Rose pour l’aider à se lever et la rapprocher du feu. La jeune fille était faible, elle tremblait de froid malgré les couches qu’elle portait et la contribution de cet étrange écureuil. Quand elle fut installé, Damian passa doucement sa main sur le front de Rose pour sentir l’évolution de sa fièvre… elle était brûlante.

« Le fait qu’on ne se soit jamais réellement arrêté depuis n’a probablement pas aidé. Dans l’idéal, on aurait dût trouver un endroit où se reposer dès qu’elle a commencé à se sentir mal, mais ce n’est pas comme si on en avait eut l’occasion avant aujourd’hui. » Conclut Damian en remettant du bois sur le feu.

L’attitude de Damian était… conflictuelle. Il n’aimait pas se retrouver ainsi coincé et il n’avait aucune envie de risquer de retourner dans les cachots du père de Rose. Mais d’un autre côté, même si elle constituait à présent un fardeau pour lui, il ne pouvait se résoudre d’infliger un nouveau voyage à la jeune fille dans l’état dans laquelle elle était… et même sans prendre en compte le serment qui la liait à elle, il avait finit par s’attacher à cette gamine. Il se tourna enfin vers Gar.

« Tu as raison sur le fait qu’on doit faire quelque chose pour son état de santé. Cependant, je reste réservé sur l’idée d’imposer notre présence à ces personnes à cause du fait que nos poursuivants pourraient décider de s’en prendre à eux pour nous atteindre. Le mieux à faire, c’est encore que tu aille les contacter pour leur expliquer la situation. Ils décideront eux-même s’ils veulent prendre le risque de nous aider ou non. » proposa le jeune homme.

Le jours était en train de toucher à sa fin, et Damian n’avait aucune envie d’avoir à faire voyager Rose au milieu de la forêt dans l’obscurité. De plus, le jeune noble aux yeux vert gardait une grande méfiance quant à la présence de ces druides et souhaitait avoir l’occasion de préparer son esprit à d’éventuel investigation de leur part.

Quand leur mystérieux allié parti aller chercher les druides, Damian sorti les réserves de nourriture qu’ils avaient prit avec eux. C’était leurs dernières, à partir de demain, le jeune noble allait devoir trouver de quoi reconstituer leurs stocks. Il s’installa à côté de Rose et commença à partager les rations avec Rose qui les mangea doucement, tout deux profitant du spectacle qu’offrait les flammes ainsi que de leurs chaleurs.

« Je l’aime bien. » dit doucement une Rose fatiguée, emmitouflé dans les capes.

« J’avais remarqué. Au moins, tu as eut le réflexes de ne pas tout lui révéler. » répondit Damian en lui tapotant doucement la tête.

« Tu crois qu’on ne devrait pas lui faire confiance ? » demanda Rose un peu interloqué.

« Je ne sais pas. Il n’a pas l’air malintentionné. Mais ça ne veut rien dire. Je serai plus tranquille quand tu seras en état de reprendre la route. »

Rose fut à nouveau prise d’une quinte de toux. Damian leva les yeux aux ciel d’agacement face à la situation mais resta patiemment à attendre que Rose soit à nouveau en état d’avaler quelque chose. Rose finit par se calmer et adressa un regard inquiet vers Damian.

« Dami… tu crois qu’on aurait dût continué ? » bredouilla-t-elle incertaine… inquiète d’être vu comme un poids.

« Dans ton état ? Dis pas de bêtises. Et puis, si je dois retrouver ta sœur, je préfère autant avoir une gamine bien vivante à lui présenter que ta tombe. » évoqua Damian sans vraiment prendre de gants.

Il jura intérieurement en voyant Rose baissé la tête. En temps normale, elle se serait probablement offusqué du manque de tact du jeune noble et ils auraient commencer à se disputer, mais elle semblait vraiment trop faible pour ce genre de conversation. Le jeune guerrier resta silencieux un moment avant de passer le bras autour de Rose pour la rapprocher de lui.

« On t’as déjà raconté l’histoire de Scáthach*** ? Il s’agit d’une reine-guerrière des îles au large d’Alba… ma terre. Sa légende commence quand elle avait à peu près ton âge... » commença le jeune homme.

Il n’était pas aussi doué que les bardes pour raconter les légendes de ces îles, mais si cela pouvait permettre à sa protégée de penser à autre chose ce serait toujours gagner. Et puis, cela permettrait à son esprit d’un peu se revenir à la période de sa vie qu’il avait passer à la cour de son père… un temps qu’il commençait à regretter.



Lorsque Gar s’approcha du campement où résidait usuellement les druides, il put immédiatement percevoir des sons inhabituels, des voix qu’il ne connaissait pas, des grognements menaçant, le cliquetis d’objets métalliques s’entrechoquant. Quand il approcha, il vit un groupe de guerriers en armes qui se tenaient face aux druides. Ils étaient visiblement des hommes habitué au business de la guerre et étaient équipé en conséquences. Bien qu’on puisse repérer chez certains d’entre eux quelques signes d’appréhension quant à la situation, ils étaient suffisamment discipliner pour ne rien laisser paraître de leurs éventuels craintes vis-à-vis des druides. À leurs côtés, se trouvaient un trio de chiens à l’air féroce, équipé d’armures et reniflant les environs. Gar pouvait voir que ces animaux étaient des tueurs, entraîné à se jeter à la gorge de leurs proies sur un simple ordre de leur maître. Il s’agissait de chien loup venu d’Irlande, une race de de chien de grande tailles souvent entraîner pour la chasse ou pour la guerre.


L’un des druides faisait face au groupe d’homme en grande discussion avec eux. Soudain, il sembla sur le point de se faire malmener par un membre de cette soldatesque visiblement peu satisfait des réponses qui lui étaient données. Mais au moins où le mercenaire saisit le druide par la barbe, un voix rugit un ordre auquel l’homme ne put qu’obtempérer. Droit sur son cheval, un autre guerrier s’avança, visiblement le chef de cette troupe et, au vue de comment les chiens avaient à présent leur regard fixer sur lui, aussi le maître. des canidés de combats les accompagnant. Ce guerrier était assez impressionnant, portant un heaume en forme de molosse, son armure arborait plusieurs charmes visiblement druidiques, impliquant qu’il avait été initié à au moins certains mystères de cet ordre ancien… ou du moins qu’il disposaient d’allié parmi eux.


« Je vous prie d’excuser mon subordonné, l’ancien. Il peut avoir le sang chaud quand il croit que ses interlocuteurs ne comprennent pas la gravité de la situation. Je suis parfaitement conscient que vous ne désirez pas vous retrouver impliqué dans les affaires extérieur à vos bois, mais le fait est qu’un fugitif recherché ainsi qu’un de ses complices ont trouvé refuse dans ceux-ci. Du moins, nous le soupçonnons. Nous n’avons nulle désir de troubler l’harmonie des lieux plus longtemps que nécessaire. Mais votre aide nous serait très utiles dans cette traque. » énonça le guerrier à tête de chien, visiblement très à l’aise dans la situation. Ne craignant nullement les pouvoirs de ses interlocuteurs.

Pendant qu’il faisait son discours, l’un des chiens tourna la tête en direction de l’endroit où se trouvait Gar. Il commença à renifler dans sa directions et d’approcher en grondant. Cependant, la chaîne le retenant se tendit et le garde en charge des chiens le tira pour le ramener. Mais le chien de guerre ne détourna pas le regard de la position de Gar.

« Par contre, si nous découvrons que vous leurs donnez l’asile. Vous vous exposez non seulement à mon mécontentement mais aussi au courroux du seigneur Slade de Jorvik. Et croyez-moi sur parole, dans ce cas de figure, le sang, le feu et le fer seront les seuls fin à ce chemin. À vous de choisir, mais choisissez prudemment. »

Le guerrier ne craignait pas de menacer directement les druides. À côté de sa monture, un homme, tranchant avec le reste de la troupe, déglutit. Il s’agissait d’un charbonnier d’une communauté exploitant les bois à l’orée de la forêt dans le but d’en faire du charbon de bois. Usuellement, ils vivaient en bonne entente avec les druides, mais celui-ci en particulier était connu pour ne pas partager ce genre de relations, toujours le premier à accuser les druides quand des choses sortant de l’ordinaire se passait. C’était aussi visiblement lui qui avait conduit ces mercenaires ici… et peut-être même lui qui leur avait parlé des druides.




*Nyfed: plus connu sous le terme de Nemeton en France, ce terme désigne aussi bien des lieux, que nous supposons, sacrés où les druides menaient des rites religieux, que des rassemblement de druide d'une même région. le terme Nyfed est le pendant breton insulaire.
** Ynis Mon:aujourd'hui l'isle of Anglesey au Pays de Galle. Cette ile est très associé à la résistance druidique face à l'expansion romaine et servit même d'ultime bastion à celle-ci lorsqu'elle fut conquise et détruite par les Romains en 60 après J-C. On suppose qu'il s'agissait d'un lieu très important de la religion druidique insulaire (un peu à l'image de la forêt des Carnute pour la Gaule)
*** Scáthach: reine guerrière et sorcière de la mythologie celtique. Résidant sur l'ile de Skye avec d'autres vierges guerrières, elle joue un grand rôle comme mentor des héros celtiques, en particulier l'irlandais Cú Chullain

Nager en pleine nuit... Ils devaient être sacrément désespérés et déterminés à échapper à leurs poursuivant pour faire une chose pareille. Mais Garfield comprenait donc mieux d'où venait la maladie qui tuait à petit peu la pauvre Rose. Elle aurait vraiment besoin de se reposer... Et pendant un petit moment. Chose qui allait être impossible s'ils continuaient à être exposés ainsi. Mais où les cacher ? Dans le camp des druides ? Plus il y réfléchissait, plus Changelin pensait que c'était la meilleure solution. Qui iraient chercher deux jeunes fugitifs chez ces adorateurs des forces de la Nature ? S'ils ignoraient l'état de Rose, ils penseraient plutôt qu'ils se dirigeraient vers la sortie de la forêt non ? Mais Damian ne semblait pas de cet avis, et préférait rester, ici avec Rose.

-Si c'est ce que vous voulez.

Changelin était un peu déçu de devoir les quitter tout de suite. Mais au moins, Rose pourrait se reposer un peu. Et Damian aussi, parce que derrière ses airs de dur il devait être épuisé avec leur fuite et leur séance de natation nocturne pour échapper à leurs poursuivants.

-Si tu veux te rassurer, n'hésite pas à faire la danse autour de l'arbre dont je t'ai parlé tout à l'heure. On est pas dans Brocéliande, mais cette forêt a aussi sa propre magie. Peut-être se manifestera-t-elle.

Neal disait souvent cela en tout cas. Garfield grimpa dans un arbre et commença à sauter de branche en branche, filant vers le campement des druides qui se situait à une ou deux bonnes heures de marche d'ici. Et au vu de l'état de Rose, le trajet aurait pu prendre un peu plus de temps. Le bestiamorphe rapide et souple atteignit sa destination. Et il eut la peur de sa vie lorsqu'il vit que des soldats armés étaient arrivés jusqu'au camp. Ses poils de rongeurs se hérissèrent et il alla se dissimuler dans le feuillage pour observer les individus et leur molosse de guerre. Et pour la première fois depuis qu'il les avait rencontré, Garfield se demanda sérieusement qui étaient les deux individus qu'il avait aidé. Parce que malgré sa méconnaissance du monde extérieur, il voyait bien que ces gens-là étaient de vrais guerriers. Des personnes habituées à se battre et à obéir aux ordres. Et ces chiens...
Par les dieux, qui étaient donc Damian et Rose en vérité ?

Cette question s'introduisit dans son esprit tandis qu'il observait le groupe. Une effluve de sang et de danger émanait tout particulièrement des animaux, et étant transformé en une créature faible Garfield sentait vraiment la menace qu'ils représentaient. Un des soldats attaqua Neal, mais le chef de la soldatesque intervint juste à temps avant que ça ne dégénère.

Changelin resté dissimulé dans ses feuilles d'arbres, observant avec un mélange de curiosité et de crainte l'homme au masque étrange qui ne semblait pas étrangers aux rites druidiques. L'homme confirma sans le savoir à Garfield que lui et sa troupe étaient bien ceux qui pourchassaient ses deux jeunes protégés, ceux-ci étant en plus recherchés par un certain Slade de Jorvik... Un noble ? La petite particule semblait l'indiquer. Et ça expliquait les soldats déployés pour les retrouver.
Et par dessus le marché, l'un des chiens l'avait repéré.

Neal se tenait face aux soldats. C'était un homme d'une cinquantaine d'année à longue barbe rousse. Ses problèmes de jambes auraient dû le contraindre à rester assis, mais sa magie lui permettait de rester debout et de tenir ferme même face à l'agression du soldat. Il planta son regard dans celui masqué de celui qui semblait être le chef des soldats et répondit d'un ton égal.


-Notre communauté est pacifique et ne cherche aucunement à entrer en conflit avec les intérêts du monde extérieur... Y compris ceux de ce Slade de Jorvik. Tant que vous ne causez aucun dommage à notre groupe et à la forêt, nous ne ferons rien contre vous. Mais pourquoi voudriez-vous de notre aide ?

Discrètement, Garfield changea de position, le regard canin le suivant malheureusement du regard. C'est alors que l'un des druides les plus impulsifs et sanguins qui n'avait guère goûté à l'attitude du soldat tout à l'heure s'interposa entre Neal et l'homme masqué. Le druide ressortait parmi ses pairs parce qu'il était plus grand et plus baraqué que la moyenne.

-Ouais, pourquoi aiderions-nous ce Slade de Jorvik que nous ne connaissons pas ? Qui sont ces deux personnes pour qu'il envoie ses chiens de guerre jusqu'ici ?

Neal lui intima l'ordre de se taire d'un mouvement de main sec.


Un bruissement dans les fougères et les racines pu attirer l'attention de Damian. Sans doute même. Si Rose pouvait s'être endormie, l'écuyer montait peut-être la garde. Et en se retournant, il verrait qu'ils ne sont plus seuls. Qu'ils ont été repérés. Mais pas par un garde, non. La femme qui les observaient n'avait strictement rien d'une guerrière ou d'une soldate. Son habit rappelait au contraire les druides dont Gar avait parlé aux deux égarés de la forêt.


-N'ai crainte, enfant. Je ne te veux aucun mal à toi ou à ta compagne.

Elle balaya le maigre campement du regard et s'arrêta plus longuement sur le foyer, cherchant visiblement quelque chose. Puis, elle reposa les yeux sur Damian, une lueur dans le regard. Margharitha s'interrogeait sur cette présence incongrue.

-Toutefois, je ne peux m'empêcher de me poser une question : que faites-vous ici ? Les forêts sont dangereuses, surtout la nuit.

Elle plissa les yeux.

-Je me demande...

[hrp les 4 principaux membres de la Doom Patrol version Moyen-Âge
Neal = Niles Caulder (le Chef)
Margharita = Rita Farr (Elastigirl)
Cloud = Cliff Steele (Robotman)
Laurence = Larry Trainor (Negative-Man)]

L’Edling des Orcades n’était peut-être pas aussi talentueux que les bardes de la cours de son père, ou alors un scalde qu’on pouvait trouver dans les cours scandinaves ou anglo-saxonne, dans l’art de conter les histoires, mais il avait néanmoins assister à suffisamment de représentation de ces légendes pour être capable de les narrer de manière convaincante.


Il n’eut cependant pas à poursuivre l’histoire de Scáthach jusqu’à sa conclusion car sa protégée ne tarda pas à tomber dans les bras de Morphée. Au moins, elle se reposerait un peu… en espérant que sa toux ne la maintienne pas éveillée. Rose était brûlante de fièvre et grelottait emmitoufler dans les capes lui servant de couverture. Damian remit du bois sur le feu pour s’assurer qu’il continuerait à fournir de la chaleur, puis se leva pour se diriger vers le cheval qui les avait conduit jusqu’ici. La nuit était fraîche, ce qui était normale pour la saison mais qui ne ferait pas leurs affaires. S’ils devaient rester davantage en attendant le rétablissement de Rose, il faudrait construire un abris pour au moins les protéger du vent et d’éventuels pluies…. Mais ce ne serait pas une bonne chose selon le jeune guerrier. Les hommes du père de Rose étaient sur leurs traces… bien trop près pour qu’il puisse se sentir à l’aise avec la situation.


Dans l’idéal, il aurait dût emmener sa protégée avec lui dans la nuit pour tenter d’échapper aux patrouilles et piquer droit vers le sud jusqu’à atteindre la protection des murs anglais. La frontière entre le royaume de Northumbrie et celui d’Angleterre n’était pas si loin que cela. Mais Rose était définitivement pas en état de voyager, au vue de son état, c’était déjà impressionnant qu’elle aie tenue jusqu’à présent. Leur meilleur chance résidait donc dans l’aide que les druides de la forêt pourrait leur offrir. Damian n’aimait vraiment pas l’idée d’avoir à compter sur des personnes dont il ignorait tout des motivations.


« Je suppose que tu apprécies l’herbe du coin. Il n’y a pas beaucoup de tes congénères pour te la disputer. » dit le jeune homme en s’adressant doucement au cheval pour lui signaler sa présence.


Le jeune homme avait toujours eut une aisance naturelle à se lier avec des animaux, a les dresser également. Il avait à leur égards une patience qu’il n’arrivait pas à appliquer à ses congénères. Il savait également que, ayant voler ce cheval, il devait encore établir un lien de confiance avec celui-ci pour venir à bout des inquiétudes de l’animal qui évoluait dans un environnement et avec des humains qui ne lui étaient nullement familier. Et le lien se construisait doucement depuis le jours où il avait prit ce cheval pour monture. C’était loin d’être un destrier de chevalier, plutôt un animal d’un petit propriétaire terrien et il n’irait certainement pas charger des adversaires même si le jeune homme le lui ordonnait. Mais il faisait une monture pas moins vaillante face l’effort qui avait permit de bien progresser malgré la maladie de Rose.


Damian caressa longuement l’équidé à la robe noir à la croupe sur le chanfrein pour l’amadouer avant de le guider plus près du feu de camp. Il sait que le cheval n’est pas à l’aise avec les flammes, mais a suffisamment vécu avec les hommes pour ne pas en être terrifié. Près de Rose, il fait se coucher la monture, pour qu’elle serve de protection contre au moins une partie du vent mais également que sa chaleur corporelle réchauffe la fille du roi-illégitime de Northumbrie.


Une fois cela fait, Damian s’éloigna à nouveau. Il allait monter la garde. Il se sentait las, fatigué. Les privations qu’il avait subit dans les cachots de Jorvik, la fuite et les nuits sans sommeils qu’il avait accumulé commençaient à prendre leur tribut. Il était conscient qu’il ne pourrait pas faire une nouvelle nuit de veille, mais il allait quand même surveiller les environs quelques heures, le temps que Gar revienne avec des nouvelles. Il observa les environs, puis le ciel, et enfin l’arbre. Il dégaina alors son épée, Rouge-gorge, ainsi que son poignard à lame noir, et resta pensif, en repensant aux paroles de Gar.




Les druides semblaient prêt à tenir tête aux hommes d’armes. Lorsque l’un d’entre eux s’interposa entre le doyen du Nyfed et le groupe de mercenaires. Immédiatement, il fut accueillit par les aboiements agressifs des molosses accompagnant la compagnie, prêt à se jeter sur le druide pour le réduire en charpie. Plusieurs mercenaires resserrèrent même leur prise sur leurs armes au cas où les chose s’envenimèrent. L’homme qui avait guidé ce groupe jusque chez les druides recula prudemment, prêt à s’enfuir. Mais tout s’arrêta lorsque l’homme au casque de chien leva la main d’un geste sec, stoppant nette les velléité de ses hommes et attirant l’attention des chiens de guerres qui turent leurs aboiements mais continuaient à grogner de manière menaçant, ils avaient sentit les odeurs de la peur et anticipaient le sang qui pourraient couler bientôt. Le chef s’adressa directement à Neal pour répondre.


« Évitons donc de chambouler les habitudes de votre communauté. Slade de Jorvik a conquis par la grâce du ciel le droit d’être le nouveau roi de Northumbrie, et règne sur les terres s’étendant depuis ici jusqu’aux murs du nord. Cela fait plusieurs années maintenant que les terres environnant votre forêt l’ont reconnu comme souverain. Bien qu’il ne souhaite nullement troublé votre mode de vie, mais votre devoir serait de lui venir en aide pour qu’il puisse rendre justice. » expliqua le chef de la troupe, d’une voix calme, mais avec une menace sous-entendu.


Le chien qui avait repéré Gar continuait de fixer l’endroit où ce dernier était caché. Il commençait à montrer les crocs, son regard dévoilait son désir d’attaquer. Quoi qu’aie vécut ces animaux, ils étaient rien d’autres que des fauves assoiffées de sang. Il commença à tirer sur sa chaîne avec force, et le garde qui la tenait dût tirer de toutes ses forces pour forcer le molosse à rester à sa place.


«  Les raisons que vous avez d’aider mon seigneurs sont multiple : il est le seigneur et maître de ces terres et si vous vous opposez à lui, vous encourez son courroux… et le mien au passage. » déclara-t-il menaçant en dégainant calmement son épée. « Enfin, ces deux personnes sont des criminelles. L’un d’entre eux a tenté d’assassiner le roi et provoquer la mort de plusieurs dizaines de personnes dans sa tentative, quant à l’autre, il s’agit d’une pauvre enfant manipuler pour qu’elle l’aide à échapper à la justice royale. Ma mission est de les ramener devant la justice. » continua-t-il d’une voix calme mais ferme.


L’homme prit le temps de détailler les différents druides, réfléchissant jusqu’où il pouvait pousser son avantage. Il sembla finalement en venir à décider qu’il valait mieux éviter de braquer les druides en tentant de les convaincre par la force. Finalement, il aboya un ordre à ses hommes qui commencèrent à quitter les lieux, traînant les chiens de guerre avec eux.


« Je ne vous demande pas la permission de traquer ces deux personnes dans votre forêt. Avec ou sans votre aide, je les trouverai. Je ne suis venu vous voir que par simple courtoisie et pour vous donner l’opportunité de venir en aide à la justice royale. Mais si vous refusez de nous aider, alors gardez vous d’interférer si vous ne voulez pas partager le châtiment qui s’abattra sur eux. »


Le guerrier éperonna sa monture sans ménagement avant de partir avec ses hommes dans la nuit laissant les druides à leurs réflexions.

Malgré leurs armes, leurs menaces et leurs gros chiens, les guerriers n'avaient pas suffisamment intimidés les druides pour que ces derniers abandonnent l'idée de leur tenir tête. Après tout, même s'ils n'étaient pas aussi armés que leurs opposants, ils avaient quand même de quoi leur tenir tête. Mais ils devaient rester prudent, le seigneur Wilson n'apprécierait pas forcément que ses sujets se rebellent aussi frontalement contre lui. Un roi ? C'était un grand chef c'est ça ? Ce Slade de machin-truc se promenait donc avec une couronne sur la tête ?
Pas étonnant qu'il ne soit pas venu lui-même, ça doit être dur à porter à la longue une couronne d'or fichée sur le crâne.

Toujours à l'abri, Garfield en apprit des belles sur les deux personnes qu'ils recherchaient. Damian et sa protégée seraient des criminels ? C'était impossible, le garçon avait l'air de savoir se battre mais il était à peine plus âgé que lui ! Il ne pouvait pas avoir commis de crimes si graves pour être poursuivit par la justice royale... Si ? Et la fille était malade, faible et s'était montrée gentille avec lui. Il ne les imaginait vraiment pas en train de faire ce dont les accusaient. Enfin, si Rose avait bien l'air d'être une victime mais Damian un meurtrier ?

Toujours face à son interlocuteur, Neal ne bougeait pas et ne laissait pas paraître beaucoup d'émotions. Tout ce que le soldat pouvait laisser voir était qu'il prenait en compte ses paroles et qu'il les analysaient. Quel en serait le résultat ça, nul à part lui pouvait le dire. Le regard du chef des druides se posa sur le chien qui réagissait si mal à la présence cachée de Garfield.

-Nous n'interviendrons pas... Si vous tenez vos molosses en laisse. Nous ne tolèrerons aucun meurtre inutile d'animal, quel qu'il soit.


Margharita avait haussé un sourcil amusé à la réponse que lui avait fait le jeune Damian. Un rongeur à poils vert, sérieusement ? Elle n'était pas dupe et se doutait fort bien de l'identité du rongeur, mais qu'il le lui ai lancé aussi simplement à la figure était une chose.

-Te rends-tu comptes, enfant, que pour beaucoup de monde cette parole serait vide de sens ? Je devine que tu sais que nous le connaissons.

Mais pas pour elle, oui. Le Changelin de cette forêt était donc passé par-ici. Et il les avaient pris sous son aile. Son regard se pose sur la jeune fille aux cheveux blancs qui toussait non-loin d'eux. Elle farfouilla dans sa besace qu'elle portait à l'épaule. Elle ne les connaissait pas forcément, mais puisque Garfield avait voulu les aider

-Ton amie a besoin d'être soignée, dans les plus brefs délais. J'ai de quoi soulager sa toux.

Elle avait donc fouillé sans plus se préoccuper de Damian et de son éventuelle réaction en la voyant chercher ainsi quelque chose dans ses affaires.


Le polymorphe ne devrait pas... Après tout si c'était vrai. Et même dans tous les cas, intervenir reviendrait à contrevenir aux désirs de ce Slade. Et il ne devait pas être du genre franchement rigolard quand on voyait la tête de son armée. Mais d'un autre côté, il ne pouvait s'empêcher de vouloir faire confiance aux deux jeunes gens qui se reposaient plus loin dans les bois. Il n'empêche que Cloud dirait que c'était une crétinerie absolue et qu'il aurait absolument raison.

Il était retourné dans végétation... Et s'était transformé en loup. Bousculant encore davantage l'instinct des quadrupèdes et plus particulièrement celui qui semblait avoir une belle dent contre lui. Les animaux avaient commencé à vouloir échapper à l'emprise de leur maître et s'ils y parvenaient... Ils entraîneraient les soldats à leur suite, loin du camp des druides, mais aussi à l'opposé de l'endroit où se trouvaient Damian et Rose que le bestiamorphe avait donc choisi de protéger et de couvrir. Mais encore fallait-il que les chiens décident de se lancer à sa poursuite.

Alors que la troupe de mercenaire s’éloignait du camps des druides, suivit par le changelin, les chiens accompagnant cette troupe commençaient à s’agiter. D’abord, ce fut des grondements menaçant dans la direction d’où ils sentaient l’odeur de leur proie, puis ce fut des aboiements et des grognements. Ils avaient senti la présence du loup, et ils avaient envie d’en découdre. Avec leur entrainement et leur taille, s’ils mettaient les pattes sur Gar, ce serait un bain de sang dont le changeforme ne pourrait espérer s’en échapper.
 
La troupe poursuivait sa marche sous la pénombre des arbres, uniquement éclairé par les torches qui parsemaient la colonne en mouvement. Guider à travers les bois par le même guide qui les avaient mené jusqu’au campement des druides, la silhouette à cheval de leur chef se détachait clairement du reste de la troupe. En entendant les aboiements de ses molosses, le guerrier se tourna sur sa selle pour identifier les raisons de ce vacarme. Il put voir ses chiens tirer sur leurs chaines avec force, les babines retrousser et les crocs apparents. Ils avaient senti quelque chose de toute évidence.
 
« Garder les chiens en laisse ! Ne vous avisez pas de les laisser partir ! » aboya-t-il à ses hommes sur un ton presque aussi agressif que les hurlements de ses cerbères.
 
Deux gardes vinrent en aide à celui qui retenait à grands peines ces monstres qui servaient de chiens pour les empêcher de détaler dans la forêt à la poursuite de Gar. Ils tentèrent de les calmer, mais en vain, donc ils durent jouer des muscles pour qu’ils n’échappent pas à leur emprise. L’un des mercenaires, celui qui avait directement menacer le chef des druides, trottina pour rattraper son chef.
 
« Vous êtes sûr, sir Kay ? Un peu d’exercices ne leur ferait pourtant pas de mal, et ils semblent avoir sentit la présence d’une proie dont ils se feraient un plaisir de la réduire en charpie. » Commenta-t-il avec un sourire mauvais.
 
Le guerrier le toisa un instant depuis sa monture avant de prendre la parole.
 
« Juste après que ces demeurés de druides nous ont fait comprendre qu’ils nous laisseraient agir tant qu’on massacrait pas les animaux de cette forêt ? Es-tu sot ou simplement stupide Sigvard ? » répondit-il avec une mauvaise humeur qui força son second à reculer d’un pas.
 
Derrière eux, les chiens gagnaient en agressivité, tirant de plus en plus sur leurs chaines en humant l’air en direction de la position de Gar qui, sous sa forme de loup, continuait de les suivre. Déjà plusieurs des mercenaires avaient également perçu les mouvements dans les fourrés et tendaient leurs torches dans cette direction dans l’espoir de mieux voir de quoi il retournait.
 
« C’est juste que… cela ne vous ressemble pas d’ainsi céder aux conditions de ces vieux barbus. J’aurais cru que… »
 
« J’avais espérer qu’ils auraient la présence d’esprit de comprendre ce qu’ils avaient à perdre en s’interposant, tout ce que j’ai obtenu d’eux c’est leur inaction dans notre affaire. » expliqua-t-il sur un ton plus calme mais toujours emprunt de mauvaises humeurs « Ne sous-estime pas les pouvoirs des pratiquants de l’Ancienne Tradition, elle est peut-être en train de disparaitre, mais elle reste puissante. Dans un premier temps, on se plie à leurs règles pour qu’ils évitent de nous mettre des bâtons dans les roues. »
 
Les molosses redoublaient de vigueurs pour partir à l’assaut, tout trois avaient leur regard fixer sur la position de Gar. Des yeux fou, injecté de sang. Ils ne voulaient pas donner la traque par fin, par peur ou par instinct territoriale, ils voulaient juste une occasion de déchainer leur violence sur une cible.
 
« Dans un premier temps… ? »
 
« J’en envoyé un messager au seigneur Slade pour lui demander du renfort. D’ici trois ou quatre jours, des troupes supplémentaires arriveront, et si sa majesté prend en compte mon avis, peut-être même que son sorcier sera présent… et nous n’auront alors plus à nous soucier de l’avis de ce cercle druidique. En attendant, notre priorité est de nous assurer que les fugitifs ne quittent pas cette forêt et de réduire la zone de recherche… »
 
Les explications furent interrompues par un cri de surprise. L’un des mercenaire qui tenait fermement la chaine d’un des chiens de guerre venait de tomber à la renverse, les anneaux de la chaine ayant céder sous pression exercer par la bête qui était à présent libre. Bondissant de toute la force de ses pattes, la bête féroce fondit vers la position de Gar, prêt à se jeter à la gorge du loup vert. Cet bête dominait en terme de poids et de taille son adversaire et semblait plus que prêt à planter ses crocs dans le loup lui faisant face.
 
 
 
 Damian resta de marbre face à la réflexion de son interlocutrice. Cela était autant dû à la fatigue qu’il ressentait qui l’empêchait de plus en plus de garder les idées claire qu’au fait que les paroles de la druidesse ne l’amusait pas. Toujours la l’épée à la main, il baissa néanmoins sa lame vers le sol. Avant de répondre d’un ton fatigué.
 
« Il nous a dit qu’il allait demander de l’aide au cercle des druides de cette forêt. J’assumais que votre présence était due à cette initiative. » répliqua-t-il peut-être plus brusquement qu’il ne l’eut voulu.
 
Mais malgré son épuisement, il ne quittait pas la femme des yeux, cherchant à déceler tout élément qui pourrait lui apprendre à qui ou quoi il avait affaire. Il avait assumer que c’était cet étrange écureuil vert appeler Gar qui leur avait envoyer cette femme, mais à en juger par ses paroles, il ne semblait que ce ne soit pas le cas bien qu’elle le connaissait. Mais dans ce cas, il n’avait aucun moyen de savoir si elle était une alliée ou un danger, bien que sa posture ne semblait pas trahir d’intentions hostiles….
 
Une quinte de toux soudaine venant de derrière lui détourna son attention. Rose, bien qu’endormie, était sujette à une nouvelle série de toussement sec. Même d’ici, il pouvait entendre sa respiration rauques. Ses se serrèrent quand son interlocutrice prit la parole, constatant l’état pitoyable dans lequel se trouvait sa protégée et offrant de soulager aux moins une partie de ses maux.
 
« Tst. » fit l’edling des Orcades avec résignation et une pointe d’énervement. « Faite donc. » déclara-t-il en s’écartant pour lui laisser la place.
 
Pas que cet accord fit que le jeune guerrier relâche le moins du monde sa surveillance. Damian avait été formé dans l’art d’utiliser les plantes pour guérir… et surtout tuer, et il comptait bien garder à l’œil les actions de cette femme. Il alla néanmoins se porter aux chevets de Rose, mettant sa main sur son front. La fièvre avait encore monté, de cela il en était sûr.
 
 « Dam…? » fit faiblement la fillette aux cheveux blanc en entrouvrant les yeux.
 
« Je suis là, petite lame, je ne bouge pas. Une amie de l’autre rongeur est là pour aider. » fit-il sur un ton apaisant.

Il n’était pas sûr de si ses paroles étaient vrais, mais la dernière chose dont sa protégée avait besoin, c’est de s’inquiéter. Damian détestait être à ce point impuissant à l’aider et d’avoir à se reposer sur d’autre, des individus à qui il n’avait pas accorder sa confiance, pour le faire. Mais dans la situation présente, il n’avait guère le choix. Il ne savait pas combien de temps Rose pourrait encore tenir, mais elle ne tiendrait certainement pas éternellement. Il laissa donc la druidesse faire son œuvre, l’observant avec attention tout en restant aux côtés de la jeune fille.
 
« Je devine qu’il vaudrait mieux la transporter dans un endroit où il sera plus aisé de la soigner. Qu’attendez-vous que je fasse. » finit-il par demander à voix basse à la druidesse.
 
Malgré son état d’épuisement physique, Damian était prêt à encore prendre sur lui si ça permettait la guérison de sa protégée. Et pour cela, il allait devoir faire confiance à cette inconnue.
 
 
Après que le premier chien de guerre se soit libérer, il ne fallut pas longtemps pour que les mercenaires libèrent les deux autres molosses pour qu’ils aillent en aide à leur frère de chasse. Les trois bêtes féroces fondirent en direction de Gar, leurs gueules écumant de baves, leurs yeux comme posséder par l’envie de tuer, déchiqueter et déchirer.
 
Leurs férocités n’était pas naturelle. Contrairement à des prédateurs classiques, ils étaient prêt à se mettre en danger pour une chance de mettre en pièce leur proie. Maintenant qu’ils étaient en chasse, ils aboyaient peu, sauf pour donner un signal à leurs compères. Ces chiens étaient des machines à tuer, des animaux qui avaient été brisé pour devenir de véritables machines de guerre, et Gar était leur proie. Chacun d’eux était des berger irlandais, dépassant en taille un loup classique de plusieurs centimètres et pesant presque deux fois plus lourd. De plus, cette race de chien était élevée à la base spécialement pour tuer les loups. Les affronter tout les trois relevait du suicide.

 
Mais au bout de longues minutes pour Gar, un évènement survint. Un son strident se fit entendre, perçant les tympans des canidés présents et stoppant nette les assauts des trois chiens. Un second sifflement se fit entendre, toujours aussi désagréable mais il eut pour effet que les trois clébards retournèrent vers leurs maitres, non sans avoir gratifier Gar de quelques grognements menaçants supplémentaire. La ruse de Gar avait été dangereuse pour lui, mais avait fonctionner dans une certaine mesure, il avait éloigné la troupe de la position des druides et de celles de ses deux protégés. Mais si le maitre de ces chiens n’avait pas décidé de les rappeler, il aurait peut-être payer le prix fort. Au loin, il entendait les cris de la troupe.
 
« Remettez ces animaux sous bonnes gardes, je ne veux plus d’incident de ce genre. Et trouvez-moi ce qu’ils traquaient comme cela. »
 
« d’après les traces, il me semble que c’est un loup monseigneur. »
 
« UN LOUP ?! COMMENT CETTE BESTIOLE A PUT OSER APPROCHER SI PRÈS DE NOUS AU POINT D’EXCITER MES CHIENS ? »
 
« c’était pas un loup naturel monseigneur, je crois l’avoir aperçu et il était vert comme les fourrées. »
 
« Un loup vert ? cette forêt pourrait s’avérer plus intéressante que je ne le pensais. Qu’importe, on retourne au camp. Demain, je veux que les hommes soient prêt à patrouiller, hors de question qu’ils nous échappent. »

L'idée au départ avait parue réellement et sincèrement très bonne. Se transformer en loup pour exciter les chiens et ainsi pousser les soldats à se désintéresser des druides, voire même les amener à quitter le campement pour une raison ou une autre. Simple. Au pire les humains se seraient lancés sur ses traces avec leurs molosses et il n'aurait eut qu'à courir pour les semer et se transformer ensuite en petit animal pour aller se dissimuler dans un terrier de lapin. Ou de blaireau. Un endroit où ses poursuivants n'aurait pas pu le suivre quoi. Sauf qu'il avait sous-estimé la férocité des molosses de Slade. Des créatures avides de sang qui ne demandait qu'à se ruer sur leur cible pour la déchiqueter toute crue.

Changelin était sagement resté dans sa cachette, faisant le moins de bruit possible. Il aurait pu se transformer tout de suite pour détaler. Une souris ou quelque chose comme ça. Mais les paroles des gardes l'interpellèrent. Des renforts étaient en train d'arriver. Ils seraient-là dans trois jours minimum. Ce qui était peu. Rose était malade et il ne savait pas combien de temps mettrait la jeune fille pour se remettre. Des murmures outrés se firent entendre lorsque le général Kay parla de l'arrivée d'un sorcier. L'inimitié entre les types de magie n'était pas étonnante.

-Sachez que notre demande précédente vaudra aussi pour ce sorcier de malheur. S'il commet le moindre impair, il ne faudra plus compter sur nous !

Neal émet un sifflement réprobateur à l'égard de Cloud, mais trop tard. La tirade était sortie. Et les chiens avaient commencé à foncer vers le pauvre Garfield qui avait dû prendre la fuite face à cette menace canine. L'un d'entre eux avait d'abord cédé à ses instincts sanguinaires et d'autres avaient suivit. Une course poursuite s'était enchaînée et le polymorphe s'était bien gardé de les affronter au corps à corps. La poursuite se poursuivit pendant de longues minutes, et le bestiamorphe se transforma en lapin pour se dissimuler dans un petit trou.
Juste à temps, car une mâchoire le frôla de très près. Trop.

Épuisé par cette course poursuite, il n'avait pas l'habitude de courir aussi vite et aussi longtemps, Garfield resta un moment couché, immobile et tremblant sous sa forme lapine. Un cor retentit, rappelant les monstres auprès de leurs propriétaires et le jeune garçon eut un temps de répit.


-Nous avons dû nous manquer.

Ce fut la seule réponse de Margherita à la première phrase de Damian. Elle se demanda bien ce qui avait pris à celui qu'elle considérait comme son fils adoptif de s'approcher d'inconnus. Mais Garfield n'en n'avait jamais fait qu'à sa tête et ce n'était pas prêt de changer. Malheureusement, elle ne pouvait pas se lancer à la recherche de son protégé, car une autre âme avait davantage besoin d'elle. La 'petite Lame' était vraiment mal en point et avait suffisamment attendu.

-Emmenons la rapidement au campement des druides. Tu as l'air épuisé petit, alors je vais la porter. Suis-nous avec ton cheval.

Elle lui demandait de faire un gros effort, celui de lui faire confiance. Suffisamment pour lui laisser une petite jeune fille malade et épuisée. Bien entendu, la druidesse n'avait aucune intention de la blesser, mais Damian pouvait très bien se poser des questions. Elle lui laissa le temps de rassembler ses affaires et s'agenouilla auprès de la jeune fille pour se présenter et la rassurer. A l'écoute de sa respiration sifflante, elle sortie une petite fiole de sa besace et la déboucha avant d'en verser le contenu dans la bouche de la malade.

-Bois. C'est un remède composé d'ail et d'anis. Cela te soulagera un peu.

Elle n'en n'avait qu'une petite quantité, mais il faudrait bien que cela suffise pour le moment. Une fois Damian prêt, elle prit Rose dans ses bras et commença à le guider à travers la forêt. Ils esquivèrent les soldats, mais ne purent esquiver un petit rongeur... Qui n'était plus l'écureuil que Damian et Rose avaient rencontré. Garfield avait oublié de se transformer, et était toujours sous sa forme de lapin.

-Mamaï ! Mamaï ! Il faut que tu viennes !

-Pas maintenant Gar. Je dois amener tes amis au campement.

-Hein ? Ah, ils sont là. Rebonjour !

L'animal fit ce qui ressemblait à un sourire, pour peu qu'un lapin puisse le faire. Mais ce n'était pas un animal ordinaire après tout. Et Garfield réalisa que les deux jeunes étaient également présents. Et qu'ils devaient se poser des questions sur la présence d'un lapin vert dans cette forêt, alors qu'ils avaient d'abord vu un écureuil de cette couleur. Rita mena tout le monde dans sa cabane, située à l’extrémité du campement. Elle déposa la malade sur une couchette et indiqua à Damian un endroit où il pouvait attacher son cheval. Puis, elle retourna soigner Rose.

-Damian, tu devrais peut-être aller dormir non ? Les soldats sont venus, mais les druides ont refusé de les aider. Ils sont repartis. Le danger est passé.

Ou presque. Parce qu'il y avait encore le délai de trois jours minimum. Il allait falloir trouver un moyen d'évacuer les deux jeunes rapidement. D'ici demain ou après-demain sans doute.

-Ne t'inquiète pas, Rita est une très bonne soigneuse. Rose va guérir maintenant qu'elle est avec elle.

Dire que la situation plaisait à l’Edling des Orcades serait mentir. Même si la présence de la druidesse pouvait être vue comme une bénédiction, l’écuyer sans mentor ne lui faisait pas entièrement confiance. Mais la réalité demeurait la même, il n’avait tout simplement pas le choix. Bien que toujours un peu réticent, le jeune homme hocha la tête pour signifier qu’il acceptait de suivre les instructions de son interlocutrice.
 
Doucement, presque avec tendresse, Damian caressa le cheval, lui parlant calmement à l’oreille pour le réveiller en douceur. Bien entendu, l’équidé ne fut nullement satisfait d’être ainsi tirer des bras de Morphée, mais il se contenta d’exprimer vocalement son mécontentement en soufflant. Lorsque le cheval fut debout, Damian lui accorda de se restaurer en broutant l’herbe pendant qu’il ressemblait ses affaires pour les empaqueter sur la croupe de sa monture. Il en profita pour retirer deux bracelets dont il équipa ses avant-bras. Il s’agissait d’outil directement issue de la Confrérie des Ombres, des bracelets lui permettant d’à la fois protéger ses bras et dissimulant des lames qu’il pouvait faire jaillir… bien que seul, elles soient presque inutiles au combat.
 
À plusieurs occasions, il avait observé les actions de la druidesse, à l’affût d’un signe qui pourrait trahir ses intentions.  Masi rien de ce qu’il ne vit ne sembla aller dans ce sens. Une fois qu’il eut terminé de rassembler ses affaires et celles de sa protégée, il signifia à leur nouvelle alliée qu’il les suivait et prit soins d’éteindre les restes du feu qu’ils avaient allumé, enterrant les cendres sous d’épaisses mottes de terres humidifiées. Cela tenait autant du souci d’éviter le risque des braises puisse débuter un feu que pour effacer autant que possible les traces derrières eux.
 
Puis, tenant son cheval par la bride, il suivit la druidesse en silence. L’écuyer luttait contre la fatigue, il était visible qu’il arrivait au bout de sa résistance à la fatigue. Ses techniques de méditations, les siestes rapides qu’il pratiquait de temps à autre, sa volonté… tout cela atteignait leurs limites. Ses pas, d’habitude assurés et vif, étaient lourds, presque penaud. Pourtant, il continuait à se forcer à rester éveillé, à forcer son corps à se mouvoir, à forcer son esprit de rester en éveil. Même si la druidesse était sur son terrain, elle portait Rose. Si une attaque subvenait, ce serait à lui de s’interposer. Sa main libre se posa sur le manche de son Sgian Dubh, son poignard à lame noirs traditionnel, prêt à l’utiliser au moindre signe de menace. Son épée serait plus efficace s’ils étaient attaqués par des hommes, mais il serait une gêne en cas d’assaut d’une bête sauvage.
 
Il pouvait entendre Rose, de temps à autre, elle avait des propos incohérents, elle semblait par moment délirer, mais le jeune homme n’était pas en état de comprendre ce que disait sa protégée. Toute l’attention qui lui restait était tournée vers la forêt qui l’entourait. Le jeune homme n’était pas du genre à sursauter au moindre bruit que la forêt pouvait produire la nuit, il avait été entrainer à les reconnaitre bien que, il devait l’admettre, il n’avait encore jamais évolué la nuit tombée dans une forêt aussi profonde que celle-ci. Il calqua ses mouvements sur ceux de leur guide, Damian se chargeant de garder le cheval silencieux en mettant une main sur son naseau quand cela était nécessaire. L’ennemi n’avait pas abandonné la traque bien que visiblement ces hommes préféreraient être dans leur camps plutôt qu’à crapahuter dans ces bois. Il pouvait reconnaitre à leurs dialectes que certains étaient des Saïs*, d’autres des nordiques, probablement danois.
 
Soudain, une cavalcade se fit entendre. Sans réfléchir, l’aspirant-chevalier dégaina son poignard et se tourna vers l’origine de ce vacarme. C’est alors que surgit de fourrés un lapin. Si la pénombre empêchait le jeune homme de percevoir la couleur verte du pelage de l’animal, le fait qu’il parle lui mit immédiatement la puce à l’oreille. Il resta cependant un instant, interdit, le poignard dégainé. Cela venait autant du fait que le fait de tomber sur un second rongeur parlant le laissait circonspect que parce qu’il attendait d’être certain que rien d’autre ne leur tomberait dessus.
 
« Gar… ? » murmura faiblement Rose, la jeune fille reconnaissant la voix de leur nouvel allié, mais gardait les yeux fermée.
 
Ce simple effort semblait l’avoir épuisé. Damian fixa un instant sa protégée, comme pour s’assurer qu’elle respirait encore. Puis, il tourna son regard vers le rongeur, le peu de lumière qui perçait la pénombre faisant presque luire ses yeux émeraudes. Au bout d’une longue seconde, Damian remit d’un geste fluide son poignard dans son fourreau.
 
 
« Il est déjà peu commun de trouver un rongeur au pelage vert et qui parle, mais il s’avère que tu cachais davantage de surprises, Gar le changelin. » murmura le jeune homme sur un ton qui laissait son épuisement transparaître.
 
Il n’avait pas qualifié son interlocuteur de changelin par hasard. Le clan Wayne interagissait depuis des siècles avec les habitants de l’Autre-Monde, que ce soit amicalement ou par hostilité en fonction de la situation. Ils avaient accumulé énormément de savoirs, de récits, des légendes, sur les êtres magiques qui parcourait ce monde et celui des mortels. Et le jeune homme connaissait la légende des changelins, ces esprits changeformes qui parfois prenait la place d’enfant. Il ignorait si son interlocuteur en était un, mais ses pouvoirs le faisait indubitablement penser à eux.
 
Ils auraient peut-être put en débattre davantage, mais la druidesse reprit sa route et ils lui  emboitèrent le pas. À la fin, ils atteignirent une cabane  dans laquelle elle installa Rose tout en indiquant à Damian un endroit où attacher sa monture. Le jeune homme prit le temps de s’assurer que Morv’ach se faisait à son nouvel environnement, lui parlant calmement pour lui signifier qu’il allait pouvoir se reposer. C’est à ce moment que Gar vint  le trouver, lui annonçant la rencontre qui s’était tenu entre leurs poursuivants et les druides.
 
« Ils reviendront. Ce genre d’engeance ne lâche pas facilement. Et la prochaine fois, ils seront là en force. »
 
Le cheval avait fini par s’affaisser pour replonger dans le sommeil duquel Damian l’avait tiré. Le jeune homme s’installa à son tour, alors que Gar tentait de le rassurer sur le fait que Rose était entre de bonne main. L’expression du visage de Damian ne trahit cependant pas ses pensées, car de la manière dont il jugeait la situation, lui et Rose était entrain de se retrouver coincé dans un terrier à attendre que leur poursuivant les débusques.
 
De la main gauche, il brandit le fourreau dans laquelle son épée était rangée, de la droite, il la dégaina. Cette lame, la « Rouge Gorge » avait été forgée à partir d’un métal météorique tombé il y a bien des années sur les terres de son père. Il s’agissait d’une arme d’une solidité exceptionnelle, et d’une très grande qualité sur lesquelles des motifs complexes avaient été gravé. Elle avait d’abord appartenu au premier écuyer que son père avait prit sous son aile qui lui en avait par la suite fait don, estimant qu’elle revenait à l’héritier du Mormaer. Le jeune homme commença à inspecter la lame de l’épée, s’assurant que la qualité n’avait pas été entamé.
 
« En restant ici, nous mettons ta vie et celle de tes proches en danger. J’avais espéré que nos ennemis abandonneraient et iraient chercher ailleurs, mais ils semblent décider à continuer leurs recherches. »
 
Cela faisait longtemps que son arme n’avait pas goûter le sang d’un ennemi, mais quelque chose disait au jeune guerrier que cela ne durerait plus. Mais il sentait aussi qu’il ne pourrait pas tenir très longtemps. Rangeant son arme, il s’allongea contre le flanc du cheval, se laissant envahir par la chaleur de l’animal. Ses yeux commencèrent à se fermer.
 
« Cette Rita… qu’est-elle pour toi ? » interrogea l’aspirant-chevalier.
 
Il était évident qu’il y avait un lien entre les deux, mais l’Edling ne voulait pas s’avancer sur la nature du celui-ci, ni sa force. Il écouta patiemment le rongeur verdâtre lui donner des réponses, mais son esprit utilisait déjà ses derniers instants de lucidité pour réfléchir à son prochain coup. Il se… piéger, comme dans un terrier où ils n’avaient plus qu’à attendre que leurs poursuivants les débusques. Il était aussi inquiet pour l’état de santé de sa protégée, la meilleure chose à faire, ce serait de la laisser entre les mains des druides pour qu’elle puisse guérir… mais ils n’en n’auraient pas le temps. Peut-être pourrait-il tenter de forcer seul le chemin jusqu’au royaume d’Angleterre, d’essayer d’attirer leurs ennemis à sa suite ? Mais il n’aimait pas l’idée de laisser Rose derrière et surtout, il y avait un risque réel qu’il se fasse attraper. Sa monture était vaillante, mais il s’agissait avant tout d’une bête de ferme et non pas d’un destrier tailler pour la course. Et s’il se faisait attraper, il y avait gros à parier que les hommes du Roi-mercenaire ne tarderaient pas à comprendre que Rose était encore à Sherwood, probablement sous la garde des druides.
 
 
Mais pour l’instant, il dormait. Il laissait enfin à son corps l’opportunité de récupérer. Son esprit n’était pas tranquille pour autant. Il était… inquiet. Cette situation, la responsabilité qu’il ressentait vis-à-vis de sa protégée, le sentiment d’impuissance qu’il éprouvait… tout cela n’augurait pas un sommeil réparateur.
 
 
 
Au bout de plusieurs heures, Rose, qui jusque-là avait semblé s’apaiser grâce aux soins de Rita. Mais soudainement, elle commença à hurler. Ses cris attirèrent immédiatement l’attention de Damian qui se releva pour se précipiter à l’intérieur pour voir de quoi il retournait. Il vit Rose, toujours sur la couchette, en sueur alors qu’elle convulsait, les yeux révulsés alors qu’elle hurlait comme si on la marquait au fer rouge (le jeune homme connaissait bien cette douleurs). Entre deux hurlements, elle bredouillait des propos incohérent.
 
« Du calme, je suis là ! Je suis là. » commença Damian en essayant de la retenir. « Je suis là, petite lame. »
 
Le jeune homme serra Rose contre lui pour tenter de la réconforter, mais il fallut une intervention extérieure pour réellement la calmer. Elle finit par sortir de l’espèce de transe dans lequel elle était. La fille cadette du roi-illégitime possédait un don pour percevoir le futur, de cela, elle s’en était ouverte à Damian. Mais celle-ci lui avait dit que cela ne lui arrivait qu’en rêve, pas que ceux-ci étaient aussi violent. Finalement, Rose se réveilla tremblante, grelottante.
 
« J’ai vu, je l’ai vu. On est en danger… toute la forêt est en danger ! » commença-t-elle à articuler.
 
Elle regardait frénétiquement autour d’elle, désorienté. Damian s’approcha, s’accroupissant près d’elle, parlant d’une voix calme, mais ferme.
 
« Qu’as-tu vu ? »
 
« Une dame… une dame pourpre. Elle cherchait quelque chose, je n’ai pas compris. Un crâne je crois. Tout était si sombre, si noirs. » des larmes commençaient à couler sur ses joues. « Il y avait des chiens aussi, des gros chiens et un arbre… et … et un crâne, un crâne dans les racines. Je crois que c’est ce qu’elle cherchait la dame. Ça faisait mal, le crâne… il me faisait mal rien qu’en me regardant. Je…. » d’un coup, Rose éclata en sanglot, elle venait visiblement de subir une épreuve éprouvante.
 
Damian lui passa la main dans les cheveux, mais il ne savait pas réellement quoi faire pour la consoler. Jusque-là, Rose avait toujours été forte, c’est ce qu’il appréciait chez elle. Mais de la voir désemparer comme cela, il se rendait compte à quel point il était impuissant dans ce genre de situation.
 
« Je suis là, petite. Tant que je n’aurai pas tenu ma promesse, je ne laisserai rien t’arriver. » il se tourna vers les autres personnes dans la cabane.« L’un d’entre vous à la moindre idée de ce à quoi elle fait allusion ? »


* Saïs: terme utilisé par les populations celtiques des iles britanniques pour désigner les Anglo-saxons. Le terme signifie littéralement "étranger".

Rose avait reconnu Garfield malgré la fièvre et la maladie, et le polymorphe était content. Par contre on pouvait se demander ce que son protecteur au tempérament inquiet penserait de cette découverte à laquelle il ne devait pas s'attendre. Rita était parvenue à gagner sa confiance, suffisamment pour qu'il la laisse s'occuper de la jeune malade. C'était déjà un bon point. Et le jeune écuyer compris bien vite la nature de Garfield. Très vite même. Mais il le prenait plutôt bien. Ce qui étonnant. Ce n'était pas conforme avec ce qu'on avait longtemps raconté à la créature. Garfield avait entendu de nombreuses histoires sur ce qui arrivaient aux êtres en lien avec la magie qui tombaient aux mains de personnes que l'on pouvait considérer comme 'normales'.

-Et c'est rare de voir des humains sans pouvoirs acceptent aussi bien de rencontrer quelque chose qu'ils ne maîtrisent pas. Je croyais qu'ils brûlaient systématiquement.

Ou du moins qu'ils se mettaient à crier de terreur. Mais Damian ne paraissait pas être le genre de personne à hurler. Enfin à hurler de rage peut-être. Mais pas de peur. La discussion devait s'arrêter là le temps que Rose soit emmenée en sécurité. La druidesse les avaient laissé tous les deux Damian et lui, et bien entendu le jeune garçon avait des questions. Mais étonnamment pas sur Garfield lui-même, mais sur Rita et son lien avec elle.

-C'est ma mamaï. Enfin celle qui m'a élevé. Mais c'est tout comme si elle était réellement ma mère.

Les druides ne lui avaient jamais dit ce qu'avaient voulu faire ses parents une fois qu'ils avaient constaté son étrangeté, ils lui avaient juste dit qu'il avait été séparé de ses parents très jeune. Et Garfield ne pouvait que les croire puisqu'il n'avait réellement aucun souvenir de ses géniteurs. Pour lui, ils pouvaient tout aussi bien être morts d'une maladie ou autre. Sa famille, c'était le camp des druides de la forêt de Sherwood. C'était aussi simple que ça.

-Il faudra vous faire sortir de la forêt tous les deux rapidement. Mais on va déjà attendre demain, voir comment Rose se remet après les soins de Rita. Peut-être qu'elle commencera à bien se remettre. Suffisamment pour sortir d'ici.

Garfield et Rita restèrent avec les deux jeunes pour les soigner et les aider. Pour l'instant, les autres druides étaient restés à l'écart. Ainsi, ils n'étaient que tous les quatre lorsque Rose eut son cauchemar. Rita était restée à l'intérieur au cas où sa protégée aurait besoin de ses soins. Mais elle ne pu rien faire face au cauchemar de la jeune fille. Lorsqu'elle se réveilla de sa transe, Garfield transformé en écureuil alla se serrer contre son épaule. Elle était trempée de sueurs et il pouvait sentir son pouls battre follement dans sa gorge. Il resta ainsi, espérant que sa présence finisse par calmer Rose, tandis que la druidesse paraissait très soucieuse.

-Une dame pourpre, je me demande... Garfield, va me chercher Neal.

-Hein ? Maintenant ?

-Oui. Si c'est ce que je pense, la petite a raison, nous sommes en grand danger. Dépêche toi.

Rose était théoriquement en sécurité avec Damian et Rita. Ainsi, l'écureuil détala aussi rapidement qu'il le pouvait. Pendant son départ, Rita paru très soucieuse mais ne dit aucun mot. Elle se contenta de vérifier l'état de la jeune fille et de s'enquérir de comment elle se sentait. Avait-elle envie de tousser ? Mal quelque part ? Ses préoccupations médicales furent interrompues par l'arrivée de Garfield et de Neal, un druide aux cheveux roux. Ce dernier se dirige vers Rose et Damian et s'agenouille auprès d'eux.

-Jeune fille, Garfield ici-présent a commencé à me raconter mais... Peux-tu s'il te plaît me décrire ton rêve. Seulement si tu t'en sens capable. Précisa-t-il à l'intention de Rita qui avait ouvert la bouche pour protester.

La question que Damian avait posé à Gar concernant ses liens avec Rita n’était pas dû au hasard. S’il n’était pas compliqué de deviner que son interlocuteur n’était pas un animal comme les autres, le fait qu’il ait prouvé être capable de polymorphie prouvait définitivement qu’il s’agissait d’un être d’origine magique, probablement venu de l’Autre Monde. Même si l’Edling des Orcades avait deviné juste en l’appelant changelin, il n’était pas encore parfaitement sûr de la nature du thérianthrope. Le fait que sa « mamaï » ne soit pas sa mère biologique semblait indiquer que Damian n’était pas en train de confier la vie de sa protégée à une Sidhe, ces êtres venu du « Beau Peuple » aux pouvoirs incroyables mais aux intentions imprévisibles.
 
La condition de Gar ne le choquait pas réellement, tout au plus l’interrogeait mais cela pourrait attendre plus tard. En réalité, Damian avait été en contact avec la facette « merveilleuse » du monde depuis sa naissance. Le al-Ghul s’étaient assurés qu’il serait un bon héritier en faisant appel à leur savoir occulte, la magie du Lazare coulait littéralement dans son sang et il avait été initié à nombres de savoirs connu par la Confrérie des Ombres. Quand il avait rejoint le clan Wayne, il avait été confronté aux réalités de ce clan. Descendant du preux Gauvain, ayant prêté le serment de combattre les créatures des ténèbres libérées sur le monde par les manigances de leur ancêtre, la maudite reine-sorcière Morgwause, les membres du clan Wayne étaient confrontés aux créatures d’origine magique de manière bien plus régulières que beaucoup d’autres. Ils savaient que ces êtres pouvaient constitués des alliés aussi bien que des ennemis et avisaient en fonction… et Gar n’avait pas montré être une créature malintentionnée.
 
 
Mais malgré cela, l’écuyer sans mentor était bien incapable de savoir comment réagir face à la vision que venait d’avoir Rose, et surtout la détresse dans lequel cela avait semblé la plonger. Le jeune guerrier avait relâché sa protégée pour laisser le soin à la druidesse d’accomplir son travail sans être gênée. Cette dernière semblait néanmoins inquiète parce qu’elle venait d’entendre et envoya Gar aller chercher un certain Neal.
 
Damian n’aimait pas l’idée d’impliquer encore plus d’étranger dans cette affaire, mais il savait qu’il n’était désormais plus maître des opérations. De plus, la vision de Rose semblait éveiller certaines craintes chez Rita ce qui ne présageait rien de bon. Il resta néanmoins silencieux, au chevet de la paillasse dans laquelle une petite Rose tremblait tout autant de froid qu’à cause de la vision qu’elle avait vu. Elle pleura pendant encore quelques minutes avant de se calmer, des pleurs entrecoupés par des quintes de toux. Sa fièvre semblait avoir baissé cependant et les quintes de toux étaient moins fortes que la veille. Peu à peu, Rose semblait reprendre le dessus.
 
Lorsque Neal fit son entrée en compagnie de Gar, Damian porta, par réflexe, la main sur le manche de sa lame. Il l’en éloigna rapidement mais il restait tendu. Il n’avait pu se reposer que quelques heures et cette histoire ne le mettait pas à l’aise. Il détailla le druide qui entrait, le fixant de toute l’intensité de son regard aux nuances émeraudes irréelles, pendant que l’homme aux cheveux roux s’agenouillait face à eux. Il ne perdit pas de temps à interroger Rose sur son rêve. La fille du Roi-Mercenaire, toujours emmitouflée dans les capes et couverture pour rester au chauf, fixa quelques instants Neal, visiblement un peu intimidée et fatiguée, avant de tourner la tête vers Damian, lui demandant silencieusement sur l’attitude à adopter. Pour toute réponse, le jeune homme se contenta de poser une main protectrice sur l’une des épaules de Rose.


« Si vous avez prit la peine de venir, je suppose que vous considérez que ce rêve est plus qu’un simple cauchemar. Je me trompe ? » Commença le jeune homme, adoptant une mine sévère.
 
Il ne révéla pas que Rose était capable de voir l’avenir. D’une part car ce n’était pas à lui de révéler les secrets de sa protégée, mais aussi parce qu’il ne savait pas si ses interlocuteurs ne chercheraient pas à tirer parti de ce don. L’écuyer restait farouchement protecteur envers sa protégée, dont il se sentait responsable. Il avait déjà accepté de baisser sa garde avec la druidesse car Rose avait alors besoin de soin, mais cela ne signifiait pas qu’il faisait confiance à ces personnes. Mais quand il reçut la réponse, il se tourna vers la jeune fille pour lui signifier d’un hochement de tête qu’elle pouvait leurs parler.
 
« Je… j’ai… » commença Rose de manière malaisée, en serrant contre elle les couvertures aussi fort qu’elle le pouvait.
 
Il sembla un instant que la jeune fille aux cheveux blancs allait refuser de révéler quoique ce soit car se souvenir de son rêve semblait visiblement être une expérience vraiment pénible pour elle. Elle resta silencieuse, fixant les flammes du foyer d’où s’échappait la chaleur qui enveloppait la cabane. Puis son regard se promena sur les visages de chacune des personnes présente dans la pièce, les dévisageant un par un, avant de s’arrêter sur le visage de Gar qu’elle sembla observer plus longuement. Elle ferma alors les yeux, se résignant.
 
« C’était dans la forêt, je ne sais pas où, mais je sais que c’était dans cette forêt. Je crois qu’il y avait un grand arbre, sur une colline et des rochers… avec des signes gravés dessus dans la colline. Il faisait nuit. J’avais peur. » elle s’interrompit à cause d’une quinte de toux « J’entendais les hurlements de chiens, des gros chiens. Ils courraient parmi les arbres… il y avait des morts, mais je ne sais pas de qui il s’agissait. Il y avait aussi des gens avec des armes. Tous courraient dans la forêt… mais je me souviens surtout des chiens. »
 
Rose se tût alors. Se couchant sur la paillasse, elle claquait des dents, frissonnant de tout son corps. Damian adressa un regard inquiet vers Rita, puis approcha sa main du front de Rose pour prendre sa température. Soudain, une des mains de la fillette sorti pour agripper celle de Damian et la serrer aussi fort qu’elle le pouvait. Ce contact sembla l’apaiser, un peu.
 
« Il y a alors des gens qui se sont approchés de l’arbre. Ils sont entrés dans la colline, remplit des racines de l’arbre. » elle toussa à nouveau « Je ne me souviens pas bien de ce à quoi ils ressemblaient. Mais je me souviens de la femme qui les guidait. Ses vêtements étaient pourpres…et elle n’avait pas de visage…. Je veux dire, ils n’étaient pas dissimulés, mais son visage n’avait simplement pas de traits. »
 
Des larmes recommencèrent à couler des joues de la fille alors qu’elle serrait d’autant plus fort la main de Damian qui la laissa faire. Elle était visiblement secouée, et fournissait un gros effort de volonté pour continuer.
 
« Qu’as-tu vu d’autre ? » demanda doucement Damian.
 
Le regard du jeune homme quitta le visage de sa protégée pour observer le druide. Son regard était d’un coup plus dur, comme s’il signifiait qu’ils avaient intérêt à ce que les souffrances de Rose ne soit pas en vain. 
 
« Il faisait sombre… si sombre. La lumière semblait fuir l’arbre. J’avais si froid… j’avais mal… comme si on… m’enfonçait des aiguilles. La Dame… elle a enfouis ses mains dans les racines… elle en a sorti un crâne… un crâne avec un signe gravé. J’avais mal… je… » un hoquet l’interrompit. « Le crâne… il me voyait, il me faisait mal. Je n’étais pas là, mais il me faisait mal… j’ai senti que la forêt avait peur, que le crâne voulait la détruire. J’ai eu peur, et le crâne à parlé. Je … je ne me souviens pas de ce qu’il a dit, mais il a parlé et des ombres sont venues autour de lui. Et il me faisait mal… je voulais partir, mais je ne pouvais pas. Les chiens hurlaient, les gens criaient. La violence… la peur… partout. »
 
Elle se tût soudainement, allant se blottir contre son protecteur, essayant de retenir les pleurs qui lui arrivait avec les souvenirs du récit. L’écuyer fut un instant décontenancé, mais finit par l’enserrer dans ses bras.
 
« Tu as été courageuse, petite lame. Reposes-toi maintenant. Je prends les choses en main. »
 
Il attendit que les sanglots de Rose se calment, que la fatigue reprenne le dessus. Terrassée par la fatigue, par le chaos émotionnel qu’elle avait ressenti et par la fièvre, elle ne tarda pas à s’assoupir. Le fait que Rita lui aie fait boire un peu de sa décoction apaisante l’aida. Une fois qu’elle fut à nouveau dans les bras de Morphée, Damian la posa délicatement sur sa couche et s’éloigna vers la porte de la cabane pour observer la pénombre, comme si ses yeux pouvaient voir au travers.
 
« Je l’ai déjà demandé, mais est-ce que ce qu’elle a vu vous évoque quelque chose. Et si ce crâne existe, ou cette dame pourpre, où peut-on les trouver ? »
 
Le ton de l’écuyer était dur. Malgré la fatigue qu’il ressentait lui-même, ses muscles étaient tendus. Sa main se tenait fermement sur le manche de son épée. Il était prêt à partir sur le champ traquer le mal que Rose avait vu dans sa vision s’il le fallait. Il était un membre du clan Wayne, ce genre de quête était de celle que son père et ses vassaux les plus proches entreprenait pour accomplir le serment de leurs ancêtres. Mais aussi, s’il s’agissait bien d’une vision du futur de Rose, Damian allait devoir soit neutraliser cette menace, soit conduire sa protégée loin de celle-ci pour avoir une chance d’accomplir le serment qu’il avait prêté à la fillette aux cheveux blanc.

Non, ce rêve n'était pas qu'un simple cauchemar sinon le chef des druides n'aurait pas pris la peine de se déplacer en pleine nuit. Et de toute façon il n'aurait jamais été dérangé puisque Rita n'aurait jamais envoyé le jeune protégé des druides chercher leur doyen. L'écureuil vert s'était placé aux pieds de Neal et attendit patiemment que Rose se mette à parler. Des gens avec des armes et des chiens ? Ça ressemblait fichtrement aux soldats du seigneur Wilson. Les deux druides avaient aussi fait le lien avec leurs visiteurs de plus tôt. Une étrange assemblée qui se dirigeait vers un arbre, guidée par une femme sans visage. C'était possible ça ? Et après la scène avait tourné au cauchemar. Garfield était très mal pour la jeune fille qui était contrainte de revivre son cauchemar alors qu'elle était malade et épuisée. Il reprit donc forme humaine et alla s'asseoir à côté de Rose, à l'opposé de Damian.

-Merci, jeune fille. Tu as été bien courageuse. Je ne t'en demanderais pas plus ce soir.

-Rose, ça va aller. Tu peux dormir, on est là pour te protéger. Si le crâne vient je me transforme en ours et puis *PAF*. Je le casse.

Rose avait fini par s'endormir au grand soulagement du polymorphe. La pauvre avait eut une sacrée journée entre la fuite, sa maladie et maintenant son cauchemar. Il espérait qu'à présent elle pourrait dormir paisiblement et se reposer.

-Le crâne... Oui, je pense savoir de quoi elle parle. Jadis, nous n'étions pas seuls à habiter cette forêt. Il y avait un sorcier. Un mage noir très puissant et maléfique. Grâce à ses sorts il pouvait pervertir les habitants de la forêt et les utiliser. Nous, les druides, sommes parvenus à le stopper il y a plusieurs années, un peu avant l'arrivée de notre Changelin. La lutte fut terrible.

Neal se tût pendant quelques instants, en proie aux souvenirs de ce combat que la confrérie des druides avaient dû mener contre leur adversaire. Garfield se rappelait que lorsqu'il était plus jeune, certains druides semblaient très affaiblis. et marqués par quelque chose. Presque malades. Sans lui donner plus de détails, les autres lui avait dit qu'ils étaient ainsi à cause d'un combat qu'ils avaient dû livrer.

-Jane et les autres qui semblaient si fatigués...

-Ils sont morts, à cause de lui. Il leur a lancé un sort contre lequel nous ne pouvions rien. Nous avons vaincu le mage et l'avons enterré à un endroit qui correspond à la description donné par la fillette. Nous devrions la faire partir. Maintenant.

-Elle doit se reposer Chef. Cette enfant est malade et affaiblie. Son corps pourrait ne pas supporter un transport trop long.

-Mamaï a raison Neal. Et puis, il est facile de se perdre dans la forêt de nuit. Nous pourrions faire de mauvaises rencontres avant d'être sortis de là.

-Alors demain, quand elle sera réveillée. Car même sans la menace du sorcier, vous êtes aussi menacé par ces gardes il me semble. Pendant ce temps... Non, vous n'avez pas besoin de le savoir.

Et sans plus de cérémonie, Neal s'en alla, laissant implicitement la charge des deux fugitifs à Garfield et à Margherita. Cette dernière soupira et invita Damian à se recoucher. Lui aussi paraissait très fatigué et il devait se reposer s'il ne voulait pas tomber malade à son tour.

-Je reste avec eux. Comme ça si quelqu'un vient, je pourrais intervenir.

-Gar... Si c'est la dame qui vient... ?

-Ben je la mords. Allez, rendors-toi. Et Damian fait pareil.

Et sans laisser le temps à Damian de protester ou d'approuver, Garfield se coucha sur une couchette en paille située non-loin, décidé à rester à l'intérieur de la maison. La druidesse adressa un regard d'avertissement à l'écuyer pour l'inciter à se coucher. Elle sentait la force de caractère du garçon et son courage, il n'était pas un adolescent comme les autres. Mais elle était une guérisseuse et entendait bien veiller sur la sécurité de ses protégés. Le jour viendrait bien assez vite, et ils pourraient décider de ce qu'ils voudront faire à ce moment-là.


Mais alors que les jeunes se reposaient dans le campement des druides, dans celui des gardes c'était une autre paire de manches. Les molosses avaient été réveillés subitement par une intrusion et leurs aboiements avaient retentis dans le campement. Pour quelques instants seulement. Les chiens s'étaient ensuite couchés, les oreilles plaquées contre le crâne sur le passage de la dame vêtue d'une cape rouge. Étrangement, aucun garde ne l'avait vu arriver et n'était capable de l'arrêter. Elle se présenta devant la tente du meneur du groupe et attendit que ce dernier vienne à elle.

-J'aimerais vous parler, général Kay.

Une aura étrange l'entourait, mauvaise mais attirante également. Elle gardait la tête baissée pour que l'autre ne voit pas son visage. Mais son attitude n'était pas du tout docile, elle imposait sa présence par un quelque chose qui échappait aux humains lambdas.

-Je pense... Que je pourrais vous aider.

Le changement de Gar en sa forme humaine avait quelque peu surpris tout autant l’écuyer que sa protégée. Mais cette dernière n’en avait pas moins poursuivi le récit de son cauchemar devant le chef de ce cercle druidique. Damian put cependant noter que leur allié conservait sa peau verdâtre et même quelques traits animaux sous forme humaine. Une origine féérique semblait se confirmer. Mais ce n’était pas le plus important. En ce moment, ils venaient d’apprendre qu’une autre menace venait de faire son apparition, celle d’un adversaire ancien de ce cercle qui s’apprêtait, sans doute, à revenir à la vie.
 
La chose qu’il devrait logiquement faire, c’est d’emporter Rose avec lui et de laisser les druides se charger de ce problème. Après tout, ils avaient déjà vaincu cet être une fois, ils pouvaient recommencer. Mais si Rose avait eu cette vision, c’était probablement que les choses n’en iraient pas ainsi et en tant que guerrier du clan Wayne, il était de son devoir de traquer les serviteurs des ténèbres en tout lieu. Les Wayne portaient les serments de leurs ancêtres, ils continuaient la quête qui avait été imposé à leur lignée après la chute du royaume des Pendragon en attendant le retour du Roi de Jadis et de Demain*. Leur ancêtre, la reine-sorcière Morgwause ayant libéré de grands maux sur Ynis Prydain**, le clan Wayne s’étai donné pour mission la traques des êtres maléfiques. Chaque Cymbrogi*** affilié au clan était tenu par serment de poursuivre la mission qu’avait jadis confié le Haut-Roi à leur ancêtre.
 
Damian était encore trop jeune pour cela, il n’avait pas encore juré d’accomplir cette tâche et n’aurait pas à le faire avant d’être devenu un chevalier à part entière. Mais en tant qu’héritier du clan, il prenait déjà très à cœur ce serment. Aussi, était-il difficile pour lui de rester à ne rien faire dans cette situation. Mais visiblement, Neal, le chef des druides, ne désirait pas leur aide dans cette affaire.
 
« Mais… » s’apprêta à protester le jeune guerrier.
 
Pour lui, il fallait agir sans attendre. Surtout s’ils savaient où se trouvait le crâne en question. Leurs ennemis n’attendraient pas paisiblement qu’ils agissent pour faire avancer leurs pions. Il n’eut cependant pas l’opportunité de défendre son point de vue que le chef des druides prenait congé. L’edling des Orcades le regarda disparaitre dans la nuit. Son attention fut ramenée vers le fond de la cabane où Gar s’occupait de rassurer Rose. Damian doutait que le plan de Gar fonctionne si la dame en question se pointait. Ce n’était probablement pas pour rien qu’elle occupait une place si importante dans cette vision et elle n’en était probablement que plus dangereuse. Mais peut-être valait-il mieux laissé croire à la fillette qu’elle était en sécurité pour qu’elle puisse récupérer.
 
 
L’écuyer caressa un instant l’idée de partir de son côté, de prendre les choses en main à sa façon. Il ne craignait pas la forêt même au cœur de la nuit, pas plus qu’il ne craignait les hommes envoyés à leurs trousses. Si ce n’était l’état de Rose, il n’aurait jamais accepté de les mettre ainsi à la merci du bon vouloirs des druides de cette forêt. Pendant un long instant, il soutint le regard que lui lança la druidesse. Malgré la fatigue qui marquait chacun de ses traits, Damian trouvait encore la force en lui de défier silencieusement l’autorité de Margherita. Mais au final, il accepta le fait qu’il avait besoin de repos.
 
« Demain, nous allons devoir parler. » lâcha-t-il avant d’aller se coucher à son tour.
 
Oh oui, ils allaient avoir une discussion sur cette affaire. Que ce soit à cause de sa nature ou de son statut, le jeune écuyer n’avait pas l’habitude d’être ainsi laissé dans l’ignorance, de ne pas savoir ce qu’il en retournait. Mais il allait devoir faire avec. Le jeune homme alla s’installer près de l’entrée de la cabane, gardant une main sur le manche de son poignard pour pouvoir le dégainer en cas d’intrusion. Il s’installa aussi confortablement que possible et ferma les yeux… bien qu’il ne dormirait que d’une oreille cette nuit.
 
 
***
 
Au lendemain, alors que le soleil se levait et que les rayons de l’astre naissant illuminaient peu à peu la forêt et que les animaux émergeaient de leur sommeil. Rose était encore assoupie. La nuit avait été rude, ponctué de crise de toux et de phases de grelottement, mais à cet instant, elle semblait apaisée.
 
Par contre, l’Edling des Orcades avait déjà disparut de la cabane, il n’était même plus dans les environs de celle-ci. Dès les premières heures de l’aube, il s’était réveillé et s’était éclipsé à pas de loups. Au bout de quelques minutes de marche, il avait trouvé un endroit près d’un ruisseau pour se rincer le visage, puis initié son entrainement.
 
Se délestant de son équipement, torse à l’air, il s’employa à reproduire les exercices qu’on lui avait apprit que ce soit pour renforcer son corps. Il n’était pas au mieux de sa forme à cause des privations endurée par son séjour dans les geôles des Jorvik ou lors de sa fuite avec Rose, il sentait qu’il allait devoir travailler pour récupérer ses pleines capacités… et il en aurait besoin. Ses sens étaient à l’affût, au cas où un intrus approchait de sa position. Les tatouages entrelacés traditionnels qu’il avait reçut au cours des quatre dernières années étaient visible, marquant son appartenance aux peuples vivant par-delà le mur d’Hadrien.
 
L’écuyer ramassa ensuite son arc et encocha une flèche. À partir de cet instant, il se figea, attendant patiemment de trouver une cible. Première flèche, il fendit un gland en deux. Deuxième flèche, il frappa une feuille qui s’était détacher de l’arbre dans laquelle il se planta. Troisième flèche encoché… il se tourna soudainement après avoir perçu une présence.


« Oh, c’est toi. » fit-il en voyant Gar.
 
Doucement, il détendit la corde de son arc. Observant son interlocuteur.
 






* Arthur Pendragon
** Ynis Prydein: terme celtique pour désigner la Grande-Bretagne, signifie "l'ile des braves"
*** Cymbrogi: équivalent gaélique des chevaliers, terme parfois utilisé dans la culture galloise pour désigner Arthur et ses compagons. Signifie "Frère d'épée".

Marguerita avait eut gain de cause et le jeune écuyer avait fini par céder au sommeil et à la fatigue. Garfield avait reprit sa forme humaine devant lui sans trop réfléchir alors qu'on lui avait souvent conseillé de ne pas le faire, que c'était le meilleur moyen pour avoir des problèmes. Mais Damian savait déjà ce qu'il était, ou du moins ce qu'on disait qu'il était. Parce que Garfield n'était pas certain d'être un Changelin, un enfant-fée. Il avait l'impression d'être un humain tout ce qu'il y avait de plus humain, si on omettait sa couleur vert feuille.

Rita avait veillé sur ses trois protégés toute la nuit, restant aux aguets au cas où la Dame en rouge qu'avait vu la jeune Rose dans son sommeil décide de se montrer. Demain, les druides allaient devoir discuter eux-aussi. L'arrivée de ces deux enfants et cette Dame qui semblait lié à l'un de leurs anciens ennemis n'était pas sans rapport. Et cela laissait présager des jours sombres pour la forêt et les humains qui y vivaient. Finalement, elle finit par s'endormir alors que le jour pointait et que le danger s'éloignait avec la nuit.

Lorsque Changelin s'éveilla à son tour, tout était calme. Rose avait cessé de tousser et de grelotter, signe que les remèdes de sa Mama avaient bien fait leur office. Malheureusement, avec les hommes de Slade qui étaient à ses trousses, elle n pourrait pas rester tranquille bien longtemps. Lorsqu'il voulu s'approcher d'elle, Rita le chassa. Pas question de prendre le risque qu'il la réveille. Oui Garfield ne voulait pas, mais elle les connaissait, lui et ses bêtises.

-Si vous partez aujourd'hui, il lui faut le plus de repos possible. Va plutôt rejoindre le garçon.

-Je croyais que les humains voudraient forcément me tuer s'ils me voyaient.

-Ses origines sont peut-être spéciales. C'est la première fois que je vois un enfant de son âge voyager seul et se comporter ainsi. On oublierait presque qu'il n'est pas adulte.

Changelin laissa donc Rita et Rose ensemble, la jeune fille devant se reposer. Il mit quelques minutes à retrouver Damian, conservant son apparence humaine pour cette fois. Il trouva le jeune écuyer

-Oui, je suppose. Rose est calme, on devrait lui laisser toute la matinée au moins. Elle va en avoir besoin.


Autant ménager la petite autant que possible.

-Bien dormi toi ? L'aube s'est levé depuis peu.

Si Damian avait été surpris de découvrir Gar sous sa forme humaine et non plus comme un animal à fourrure verte parlant, il n’en laissa rien paraitre, son visage conservant une expression très neutre alors qu’il observait son nouvel interlocuteur. Sans l’indice que lui donnait la peau verte, il était plus que probable que l’Edling des Orcades aurait conservé son arc en joue jusqu’à ce que son interlocuteur soit en mesure de lui fournir une preuve de son identité.
 
 
Le jeune écuyer gardait cependant le visage fermé. Se contentant d’hausser la tête lorsque l’enfant-fée lui apporta des nouvelles de l’état de Rose. Apparemment, cette dernière allait mieux, son état s’était amélioré durant la nuit. C’était une bonne chose, ça le soulageait un peu de savoir que sa protégée était en train de se remettre de sa fièvre. La question était, est-ce qu’elle serait sur pied suffisamment vite pour qu’ils aient l’opportunité d’échapper à l’étaux des hommes du Roi-Mercenaire qui se resserrait à chaque heure qui passait. Retournant à ses cibles d’entrainement, Damian ramena son esprit à son exercice, vidant celui-ci, ne le concentrant que sur la tâche à accomplir la cible à atteindre. Il encocha la flèche, bandit son arc, stoppa sa respiration et ajusta sa visée. Puis, il décocha la flèche qui fila dans les airs pour aller se planter dans une pomme de pin qui vola en éclat.
 
« Ce sommeil a été… réparateur. Et oui, je l’ai vu se levé. » répondit-il en se retournant.
 
Sur son torse étaient visibles les tatouages qui avaient été dessiné par son clan. Beaucoup étaient composé de formes non-figuratives, sensé représenter des concept abstrait telle le courage, la loyauté ou l’honneur et servir de rappel à leurs porteurs, d’autres étaient des marques claniques signifiant son appartenance au clan Wayne. L’une d’entre elle signifiait même son statut d’héritier du clan pour ceux qui savait déchiffrer ce genre de marques. Il s’agissait d’une tradition hérité des pictes, ce peuple qui avait autrefois dominé les étendues de la Calédonie et dont maintenant il ne restait plus quelques tribus réparties dans les territoires les plus reculées des terres du nord. Mais les Orcades du clan Wayne faisaient partie de ces lieux où certains clans vivaient encore et étaient de fidèle sujet des Wayne. Certaines de leurs traditions se perpétuait ainsi. Son corps portait également son lot de cicatrices, une sensation inhabituels pour le jeune homme dont la magie qui vivait en lui guérissait la plupart des blessures sans laisser de traces… signe de la gravité des traitements qu’il avait reçu dans les cachots de Jorvik.
 
 
« Je suppose que tu n’en sais pas plus sur ce dont Rose parlait ? » Interrogea-t-il son interlocuteur sans trop y croire. « Visiblement, tes compagnons druides semblaient en savoir long. »
 
Damian n’aimait vraiment pas l’idée d’être ainsi tenu à l’écart. Ce n’était ni dans sa nature, ni dans son éducation. Il avait toujours été mêlée aux cercle proche de son père et de son grand-père. Il avait l’habitude qu’on réponde à ses questions plutôt que d’être laisser dans l’ignorance. Cela le frustrait d’autant plus qu’il avait la sensation qu’il s’agissait de quelque chose d’important, de typiquement le genre de choses que les chasseurs du clan Wayne traquaient pour respecter le serment prêter par leurs ancêtres. Pour respecter la promesse qui poussait son père et ses fidèles à envoyer leurs meilleurs guerriers de par les routes pour traquer les créatures des ténèbres où qu’elles se cachent. Mais visiblement, les druides de cette forêts n’étaient pas disposer à partager leur savoir.
 
« Tu es quoi au juste ? J’ai beau avoir une certaine expérience du peuple caché, je n’ai pas souvenir avoir déjà croiser d’être comme toi. » interrogea le jeune écuyer. « Tu sembles être un Changelin, de par ta capacité à te métamorphoser, mais pour ce que j’en sais, ton engeance n’est que rarement aussi… altruiste avec les mortels. »
 
Dans les terres d’écosses, les membres du peuple magique, qu’il s’agisse de fées, d’elfes ou de lutin ou autres esprits liés à la magie, étaient moins farouche qu’au sud du mur. Ces terres n’avaient pas subi de plein fouet l’influence civilisatrice de Rome et le petit peuple craignait moins de se montrer, que ce soit pour interagir ou tourmenter les mortels. De par leur lignage et leur mission, le clan Wayne avait plus qu’à son tour croiser la routes de ces êtres et avait donc put accumuler une connaissance, compléter par celles de nombreux de leurs sujets, sur ces entités lié à la magie, parfois noble, parfois cruels, parfois alliés fidèles, parfois ennemis implacable. Mais surtout, souvent de nature changeante. Traiter avec eux n’était pas pour autant avoir affaire avec des êtres incohérents, mais on ne pouvait que difficilement prédire les choix qu’ils feraient.
 
« Je suppose que depuis le temps que nous sommes là, tu as aussi des questions. »
 
Damian devinait que lui, et les druides aussi, se posaient des questions sur qui ils étaient réellement lui et Rose. L’aspirant chevalier n’était pas convaincu d’avoir envie de révéler leurs véritables identités et les raisons qui les avaient amenés jusque dans ces bois, mais la situation évoluait, et elle évoluait vite. S’il ne faisait rien, il se pourrait que Rose et lui soient bientôt à nouveau à la merci du Roi-Illégitime de Northumbrie… et cette fois, Damian n’aurait peut-être pas l’opportunité de s’échapper. Il allait donc peut-être devoir lâcher un peu de lest pour gagner la confiance de ses hôtes, mais il comptait bien rester prudent avec ce qu’il leur révélerait.
 
Il retourna à ses affaires, rangeant son arc et revêtant ses vêtements. L’entrainement était terminé pour l’instant. Il était obligé de se ménager pour regagner ses forces et ce même s’il enrageait intérieurement. Il enrageait de voir à quel point il avait perdu dans ses capacités suites à son emprisonnement.
 
 
 
Rose était endormie dans la cabane de Marguerita, son petit corps blottie dans les couvertures, fatiguée de cette bataille interminable contre les fièvre. Elle se sentait encore faible, mais apaisée. Elle avait encore froid, mais ne grelottait plus, sa toux était calmée.
 
Pourtant, elle n’avait pas bien dormi. Sa vision, son cauchemar, était revenue la hanter durant la nuit. Moins intense, moins intrusif, mais néanmoins présent. Même si les souvenirs étaient flous désormais, évanouit dans son besoin de repos, la peur était demeurée présente dans son esprit. Jusqu’à présent, toutes ses visions s’étaient réalisées, et celle-ci avait, de loin, été la plus horrible qu’elle avait expérimenté.
 
Elle se retourna cherchant à grapiller un peu de repos où elle le pouvait. Elle entrouvrit les yeux un instant, avant de se relever soudainement, regardant autour d’elle.
 
« Damian ? Gar ? » appela-t-elle faiblement, presque craintivement.
 
Rose n’avait que peu de souvenir de la nuit dernière, délirante qu’elle était dans sa maladie. Elle se souvenait à peine avoir été transportée. Même l’instant où elle s’était réveillée suite à sa vision était confus. Elle se souvenait vaguement qu’il y avait eu des gens qu’elle ne connaissait pas autour d’elle et Damian. Elle se souvenait de Gar essayant de la conforter, mais le reste était confus. Mais surtout, elle s’était attendue à se réveiller dans la même clairière où ils s’étaient arrêtés, et voir Damian ayant encore veillé toute la nuit lutter contre le sommeil. Elle ne s’attendais certes pas à se retrouver à l’intérieur d’une maison avec une femme qu’elle ne connaissait pas.
 
« Qui… qui êtes vous ? Ou suis-je ? » demanda-t-elle en se dissimulant à moitié derrière les couvertures, sa main droite cherchant le couteau que Damian lui avait donné pour pouvoir se défendre.
 
 
Pendant ce temps, au milieu des arbres, d’autres s’affairaient. Kai n’avait pas attendu plus loin que l’aube pour relancer ses recherches. Des patrouilles de ses hommes en armes et accompagné de plusieurs des chiens de sa meutes étaient occupé à fouiller les bois. Leur pas lourd, leurs grognements et leurs jurons, le cliquetis métallique les accompagnant ainsi que les aboiements des chiens résonnaient à travers les bois.
 
Encore la veille, le traqueur du Roi-Mercenaire aurait hésité sur la marche à suivre. Il ne disposait pas d’assez d’homme pour à la fois s’assurer que les fugitifs ne pourraient pas quitter cette forêt et en plus mener des fouilles efficace. Il avait certes réquisitionné des hommes dans les hameaux environnant pour suppléer ses hommes, mais il doutait qu’ils soient d’une grande utilité. Il avait dans un premier temps envisagé de se contenter de mettre la forêt sous surveillance avec des patrouilles, attendant les renforts promis pour agir.
 
Seulement, il avait reçu une visite inattendue cette nuit. Une femme, une druidesse à première vue était venue lui proposer son aide, lui assurant que sa magie pourrait les aider à localiser dans quelle partie de ces bois les deux fugitif auraient trouvé asile. Cela avait intrigué le maitre-traqueur, surtout après le refus de coopérer des druides de la forêts. En échange de ses services, la femme avait exigé un prix… relativement modique en apparence, ce qui avait éveillé sa méfiance.  Mais ce fut surtout la réactions de ses chiens qui l’avait poussé à accepter. Ceux-ci, d’ordinaire si agressif, surtout envers les étrangers, et ne se soumettant qu’à lui, s’étaient montrer docile face à cette femme, ce qui semblait confirmer son pouvoir… et surtout confirmer qu’il ne valait mieux pas pour lui offenser cette druidesse.

Ah oui il l'a vue se lever. On disait souvent que Garfield était impossible et une tête brûlée, il avait apparemment réussi à trouver une autre personne comme lui. Malgré les jours et les nuits difficiles qu'il avait dû avoir, Damian avait réussi à se lever avant l'aube elle-même. Ce gamin était incroyable. Et Garfield se demanda pourquoi il avait été enlever la fille de Slade. Qu'est-ce qui avait poussé ces deux personnes à fuir, ensemble, un type qui dressait ses chiens et ses soldats comme des bêtes sauvages. Il ne le savait pas. Il savait juste qu'il voulait les aider... Même si, les druides qui l'avaient recueillis se retrouvaient à présent en difficulté.

-Je sais juste, qu'ils ont affronté quelqu'un autrefois. Peu avant mon arrivée. Un ennemi redoutable qu'ils ont vaincu. Mais c'était si terrible qu'ils refusent de m'en parler, même si je ne suis plus un enfant.

Il se rappelait juste des regards épouvantés des quelques survivants qu'il avait pu croiser avant que ceux-ci ne se suicident ou ne meurent d'un mal qui les rongeaient intérieurement. Lorsqu'ils étaient morts, Rita avait tristement conclu qu'il valait peut-être mieux qu'ils soient partis et Cliff avait maudit un foutu sorcier qu'il espérait voir rester dans sa tombe encore longtemps.

Évidemment, Damian se posait des questions, et Garfield s'en posait également sur l'étrange duo que Rose et lui formaient. Qu'est-ce qui l'avait poussé à les sauver ? Il était sensé se comporter autrement ? Les druides lui avaient toujours dit de fuir les humains parce que eux pouvaient le blesser. Mais il n'aurait pas imaginé

-Je n'ai jamais connu d'autres membres de mon espèce. Il n'y a pas de faes par ici, ni de fées. Je ne sais pas comment je suis sensé me comporter.

Un changelin, il en serait donc un. Mais...

-Je suis peut-être un humain vert. Les changelins meurent après avoir été rejeté par leurs parents humains ou sont récupérés par les fées. Il n'y a jamais eut de cas de changelin élevé dans le monde des hommes jusqu'à l'âge adulte. Enfin, pas que je sache.

Puis, l'enfant-fée passa à ses propres questions.

-Et toi... Tu m'as dit que tu fuyais Slade, avec Rose. Qu'est-ce que vous avez fait pour qu'il vous pourchasse jusque dans cette forêt ?

L'un des soldats Jorvik avait insinué que Damian était un criminel... Quelqu'un ayant essayé de tuer Slade. Quant à Rose, elle serait manipulée par le jeune garçon. Mais, ces deux-là semblaient bien s'entendre, et Rose n'avait pas l'air particulièrement manipulée. Et puis, vu comment le seigneur Jorvik avait dressé ses chiens pour en faire des bêtes de guerre, le Changelin aurait tendance à penser que ce Slade n'était pas forcément une bonne personne. Il voulait entendre ce que Damian aurait à lui dire.

-Et vous comptez aller jusqu'où ?


Pendant ce temps, Rita était restée à veiller sur la jeune malade. Celle-ci avait passé une sacrée nuit, mais devrait aller mieux. La druidesse se releva lorsqu'elle vit sa patiente remuer dans son sommeil et lui offre un sourire qui se veut rassurant. Elle voit bien la crainte de la jeune fille et se dirige lentement vers le lit où elle se repose.

-N'ai pas peur, je m'appelle Marguerita. Mais tu peux m'appeler Rita. Je suis une druide amie de Garfield. Il vous a amené ici, ton ami et toi, pour que je puisse te soigner.

La femme continue d'avancer vers la malade et est presque rendue au chevet du lit. Mais ne souhaitant pas provoquer une réaction violente, elle préféra stopper sa progression.

-Est-ce que ça va ? Tu ne tousses plus, mais puis-je vérifier ta respiration ?

Les oreilles de l’Edling du clan Wayne étaient aux aguets en attendant les réponses que pouvait lui apporter son interlocuteur. D’après ce que ce dernier en disait, il ne pourrait pas lui donner des réponses aussi précises qu’il l’espérait. Gar avait bien entendu parlé d’évènements, d’un ennemi redoutable affronter par ce nemeton de druides, mais tout cela s’était déroulé avant son arrivée et il semblait que les membres de ce cercle druidiques avaient jugé préférable de me maintenir dans l’ignorance.
 
Cela soulevait une série de questions. Visiblement, leurs hôtes gardaient un grand secret, un secret entrevu par la vision de Rose et qui, selon toute vraisemblance, se préparait à ressurgir. L’ennui, c’était que même s’il estimait que joindre ses forces aux protecteurs de ces bois était le moyen le plus efficace pour empêcher cette vision de se produire. Il n’avait pas encore eu l’occasion de mettre cela à l’épreuve, mais la fille du Roi-mercenaire lui avait assuré que ses visions se réalisaient à chaque fois… et son intuition était portée à la croire. Dans ce cas, les pouvoirs, et surtout la connaissance du terrain des locaux seraient des atouts vitaux pour vaincre la monstruosité qui hantait les ténèbres de cette forêt, qu’il s’agisse de ce crâne ou de cette femme rouge sans visage. Si les druides en savaient davantage, chaque information aurait put lui permettre de déceler d’éventuels points faibles exploitable, comme les assassins de la Confrérie des Ombres et les chasseurs du Clan Wayne le faisaient. Mais la collaboration ne semblait pas être la voie privilégier par ces druides.
 
Alors qu’il réajustait les sangles de sa ceinture, l’aspirant chevalier fit une pause en entendant son étrange interlocuteur avouer ses doutes concernant sa vrais nature. Il n’avait, en effet, lui-même qu’une connaissance très partiel de la nature des enfants-fées qu’étaient sensés être les changelin. Il se souvenait vaguement d’histoires parfois contradictoires. Certaines rapportaient que l’enfant-fée était destiné à périr jeune, ou du moins peu de temps après que leur secret ne soit éventé, les parents n’ayant plus qu’à faire leur deuil. D’autres que ces êtres, naturellement tourné vers le chaos, jouaient des tours aux mortels, les mettant à l’épreuve par leur humour cruels, mais qui en même temps étaient un cadeau assurant aux parents que leur véritable enfant serait bien traité par les fées…. D’autres encore que le changelin était un enfant-fée laisser par le beau peuple pour lui donner l’occasion de vivre parmi les mortels et les comprendre d’une manière dont eux-mêmes en étaient incapable. Mais la vérité, c’était que ses connaissances sur la question précise des Changelins était assez lacunaire, hormis sur les façons de les affronter. L’écuyer sorti de son fourreau son Sgian Dubh, son poignard à lame noir, qu’il envoya se planter aux pieds de Gar.
 
« Il y a un moyen assez simple de connaitre ta nature. Saisit la lame du poignard. Si elle te brûle au contact, c’est que tu es bien une créature féérique, sinon, c’est que tu es un humain vert. » expliqua-t-il en observant la réaction de son interlocuteur.
 
Le Clan Wayne traquait les créatures des ténèbres, mais cette définition demeurait vague et s’appliquait donc à toutes les créatures s’en prenant aux hommes. Il leur était donc arrivé d’avoir à affronter des créatures du peuple caché… peut-être plus souvent qu’ils ne l’auraient voulu. De même, ils s’étaient parfois lié d’amitiés avec d’autres membres de ce peuple. Mais dans tout les cas, ils en avaient appris beaucoup sur leurs forces et faiblesses… et une qui revenait souvent était une sorte d’intolérance au contact du fer. Celui-ci, par sa nature froide, était sensé infliger de grandes souffrances aux êtres féérique, et même affaiblir leurs pouvoirs dans une certaine mesure. Bien entendu, cette sensibilité variait d’un être à l’autre, mais ne disparaissait jamais entièrement. Le poignard de Damian, possédait une forte signification symbolique, ce qui pouvait parfois aussi impacter les êtres magique.
 
Bien sûr, il ne forçait pas Gar à se prêter à ce test, il lui donnait seulement un moyen simple de comprendre, au moins partiellement, ce qu’il était. De toute manière, à la fin, il récupérerait son arme. Cela lui laisserait aussi le temps de réfléchir à ce qu’il révélerait à Gar par rapport à ses autres questions.
 
Au début, le réflexes de l’Edling des Orcades fut de se méfier, de vouloir privilégier une rétention importante des informations dont il disposait. Après tout, il n’avait pas d’obligations à révéler quoi que ce soit à Gar. Mais à la réflexion, ce dernier en savait déjà plus qu’il n’aurait voulut lui en révéler, et il aurait besoin de son aide s’il voulait que Rose et lui échappent à leurs poursuivant. Ne pas répondre, pourrait pousser leur allié à se méfier à son tour et à se montrer plus réservé dans le soutien qu’il leur apporterait. Damian dégaina son épée, prenant le temps d’examiner la lame.
 
« J’ai été l’écuyer du seigneur Cyril du Wordenshire, un fief se trouvant quelques miles au sud du mur. Les terres de ce dernier ont été la cible des déprédation de ce Slade de Jorvik qui les a envahis ainsi que le château de mon mentor et tuer celui-ci. » expliqua-t-il, faisant le choix d’expliquer la situation à Gar, tout en omettant les détails sur son identité et celle de Rose. « Le seigneur Cyril était non seulement mon parrain* mais également un ami personnel de mon père. Je ne pouvais me résoudre à retourner devant lui sans au moins avoir tenter de venger la mort de Cyril. C’est ce que j’ai fait. J’ai traqué le roi-illégitime et son armée pendant plusieurs jours, puis j’ai tenté de l’assassiner. »
 
Damian effectua quelques mouvements dans les airs avec son épée, Rouge-Gorge, une lame faite en acier météorique, ce qui lui donnait une solidité exceptionnel, et surtout une lame que lui avait offert Richard, le premier écuyer de son père. C’était une épée d’une grande qualité, finement ouvragé et gravée avec le nom que son prédécesseur lui avait donné. Damian appréciait le contact de la poignée de cette lame dans sa main, maîtrisant ses coups avec habileté. Mais il se souvenait également du combat qu’il avait mené contre le roi-mercenaire et de sa défaite.
 
« Je l’ai affronté avant qu’il ne retourne se terrer dans son repaire de Jorvik. Mais ce Slade est juste… inhumain. Il a la force de faire voler en éclat le plus puissant des murs de bouclier, il endure les pires coups sans broncher et il est plus rapide que l’attaque d’un serpent. Je me suis fait vaincre et j’ai été jeté dans ses cachots où il m’a torturé pendant des jours entier. J’ai encore des souvenirs de ces séances. » fit-il en montrant les deux doigts de sa main droite raccourci d’une phalange, une blessure que même la magie du Lazare coulant dans ses veines ne pouvait guérir.
 
Il lui faudrait probablement des semaines d’entrainement pour récupérer sa maitrise des armes malgré cette mutilation. Mais ce n’était qu’un exemple parmi les privations, les supplices imaginés par les larbins de ce Slade et la solitude à laquelle il avait été soumis. Mais il n’avait jamais rien révélé à son ennemi, pire, cela n’avait fait qu’alimenter le brasier de la haine qu’il éprouvait pour lui.
 
« Quant à Rose… elle m’a aidé à m’échapper de cet endroit en échange d’un serment. Tu as probablement compris qu’elle n’était pas comme les autres. Et bien, il semble que dans une de ses visions, elle m’ait vue comme celui qui lui permettrait d’être réunie avec sa sœur disparue. »
 
Jusque-là, Damian avait dit la vérité. Il omettait simplement le fait qu’il était le fils d’un des seigneurs les plus puissants d’Écosse et que Rose était la propre fille du seigneur de Jorvik. C’était des informations… dont il n’estimait pas nécessaire d’en informer le Changelin. Après tout, sa loyauté n’était pas encore garantie à ses yeux.
 
« Quant à notre destination… loin de Jorvik et de son maitre. Nous espérons atteindre les frontières du Royaume d’Angleterre, à une demi-journée à cheval au sud d’ici. En tout cas, s’il n’y a pas trop de patrouilles sur notre chemin. Le roi Constantin et Slade sont en guerre. Les troupes du roi-mercenaire ne pourront nous y suivre sans risquer d’y être attaquer. Une fois là-bas… nous aviserons. » déclara-t-il sur un ton laissant transparaitre sa lassitude.
 
Damian était en effet fatigué d’avoir à fuir. Mais aussi, fatigué d’avoir à encore s’éloigner davantage des terres sur lesquelles son clan régnait. Mais Damian avait choisi cette route car c’était celle qui leur donnait les plus grandes chances de survie tout autant que parce qu’il ne voulait pas retourner à la cours de son géniteur sans être parvenu à devenir chevalier. Il avait déjà suffisamment de détracteur qui souhaitaient voir un autre candidat que lui succéder à son père, il ne comptait pas leurs donner davantage d’argument en donnant l’impression que son premier réflexe était de se réfugier sous la protection de son illustre père.
 
Une fois au royaume d’Angleterre, il espérait pouvoir retrouver certains des alliés de son père pour se mettre sous leur protection, voir se trouver un nouveau mentor, mais la priorité resterait de remplir la promesse qu’il avait fait à Rose.
 
« Mais pour ce que cela vous concerne, toi et les tiens, je suppose que le mieux serait surtout que nous nous mettions d’accord sur la façon dont Rose et moi pourrions quitter ces bois. Une fois qu’ils se rendront comptes que nous ne sommes pas ici, ils devraient vous laissez tranquilles. »
 
 
 
Rose se montra d’abord un peu craintive face à Marguerita. Les souvenirs de la nuit dernière se bousculaient dans sa tête, confus, sans formes. Elle fixa la druidesse sans dire un mot en s’appuyant autant que possible contre le mur le plus proche. La fille du Roi-mercenaire n’avait pas, à proprement parlé, peur. Mais le fait de se retrouver dans un environnement qui ne lui était pas familier et en l’absence de son protecteur la rendait peu sûr d’elle. Elle avait enfin réussi à retrouver le couteau que Damian lui avait donné… et malheureusement, il n’était pas sur elle. Pour l’aider à mieux dormir, on l’avait délesté du superflue, et ses affaires trainaient dans un coin de la pièce.
 
Elle regarda attentivement Rita, qui se tenait proche d’elle, tout en la laissant conserver une certaine distance, ne cherchant pas à la brusquée. Doucement, Rose sembla légèrement se détendre bien que restant sur ses gardes. Elle se contenta de hocher la tête pour signifier son accord à laisser cette femme vérifier son état.
 
Elle allait bien mieux, c’était indéniable, mais restait fatiguée. Sa respiration s’était grandement améliorée depuis la nuit dernière, bien qu’il restait quelques lourdeurs, signes qu’elle ne s’était pas totalement remise. Progressivement, alors que Rita l’examinait, la jeune fille se détendit baissant peu à peu sa garde.
 
« Pourquoi vous nous aidez ? » finit-elle par demander avec une note d’appréhension dans la voix. « Vous ne savez même pas qui nous sommes. »
 
La jeune fille n’était peut-être pas d’un naturel aussi méfiant que son compagnon mais, elle n’était pas naïve non plus. Elle et Damian étaient en fuite, ils étaient arrivés dans cette forêt pour espérer échapper à leurs poursuivants et surtout parce que son état de santé avait empiré. Elle savait que Damian aurait préféré poursuivre leur route jusqu’aux terres du royaume d’Angleterre s’il l’avait pu et que c’était à cause de sa faiblesse qu’ils étaient à présent dans une situation aussi difficile. Les gens d’ici n’avaient aucun intérêt à les aider, si ce n’est celui de risquer de subir les conséquences de ce choix des mains des hommes de son père.
 
« Et… je suppose que si vous êtes là, alors la vision que j’ai eu cette nuit n’était pas qu’un simple cauchemar. »
 
Elle se souvenait que très confusément de cet épisode, de s’être réveillée en pleures avec pleins de gens tout autours. Elle avait espéré, du plus profond de son être, que ça n’avait été qu’un mauvais rêve et qu’elle se serait réveillée dans la même clairière où elle s’était endormie. Que cette vision qu’elle avait eut, la plus terrible qu’elle ait expérimenté, n’avait été qu’un horrible songe qui n’aurait eut d’autre conséquence que celui de lui avoir fait passer une mauvaise nuit.
 
Elle fouilla de nouveau la pièce du regard, espérant y voir Damian ou Gar, des visages qu’elle connaissait, mais en vain. Soudain, un hennissement sonore se fit entendre. Il s’agissait de celui de Mor’vach, le cheval que Damian et elle avaient volé pour pouvoir fuir plus vite. Il se trouvait à l’entrée de la cabane et semblait hennir en réaction à quelque chose. Quelques secondes plus tard, le cliquetis d’objets en métal s’entrechoquant au rythme de la marche se firent entendre.
 
 « J’aurai vraiment pas penser tomber sur un canasson ici. T’as vu ce bled Cerdic ? Même les mendiants de Snotingham** ne voudraient pas de ces cabanes. » commenta une première voix d’un ton bourru.
 
« Mouais, étrange. Bah dans tout les cas, les ordre du seigneur Kai sont claires, on fouille tout ce qui se trouve dans ce coin de la forêt. » fit la seconde, plus circonspect.
 
Des hommes de Kay, l’homme qui traquait Damian et Rose étaient parvenu jusqu’ici. Cela faisait des heures qu’ils s’étaient levés sur l’ordre de leur chef et avaient reprit la fouille avant même que le soleil de ne se lève. Leurs instructions étaient claires, fouillé chaque recoin où leurs proies pouvaient se dissimuler. Ils avaient marché encore et encore jusqu’à arrivé à ce petit village improvisé. Rita allait devoir agir rapidement si elle ne voulait pas risquer que ces hommes ne voient Rose.
 
 
Damian se retourna brusquement, les sens en alerte. Il lui avait semblé percevoir quelque chose, comme des bruits de courses. Le jeune homme avait l’habitude de surveiller tout signes trahissant la présence d’un ennemi, et souvent, ces signes tenaient moins de l’ennemi lui-même que des réactions des animaux croisant sa route. Il ne fallut pas longtemps avant qu’une nuée d’oiseau ne passe au-dessus de leurs têtes, bientôt suivit de deux daims qui firent irruption dans la clairière et passèrent à côtés des deux jeunes gens sans leurs prêter la moindre attention.
 
Damian rengaina immédiatement son épée. Quelque chose avait effrayé ces animaux suffisamment pour qu’ils passent outre leur peur de l’homme en les croisant. Rangeant son épée, il récupéra son arc et encocha une flèche avant de le tendre à moitié, suffisamment pour pouvoir tirer rapidement, mais pas assez pour que la tension lui demande un effort à maintenir.
 
« Tiens toi prêt. » donna-t-il comme instruction à Gar alors qu’il commençait à opérer un repli stratégique vers les frondaisons.
 
Il devint vite évident que d’autres personnes approchaient. Le bruits de leurs pas alourdit par l’équipement, les craquements des branches sous leurs pieds, les ordres donnés à voix basse. Damian estimait leur nombre à une demi-douzaine. Mais le pire, c’était le grondement menaçant qu’il entendait.
 
Soudain, l’un des immenses chiens de Kai surgit des buissons, s’élançant droit vers Damian et Gar. L’écume aux lèvres le regard, injecté de sang, cet animal était là pour tuer. Sans hésiter, l’écuyer banda son arc, ajusta son tir, et libéra la flèche alla se planter dans le flanc du molosse. Ce dernier s’effondra avant de se tordre de douleurs, essayant de retirer le traits de sa chaire. D’autres hommes émergèrent des bois, tous en armes.
 
« Avertissez le seigneur Kai, nous avons trouvé quelque chose. » hurla l’un d’eux.
 
L’un des gardes porta une corne à ses lèvres dont s’éleva un son rauque résonnant à travers la forêt l’espace d’un instant pour ensuite s’étouffer lorsqu’une seconde flèche de Damian alla se planter dans la gorge de son utilisateur. Ce fut le début des hostilités, les gardes sortirent leurs armes et passèrent à l’attaque, bouclier levé pour se protéger des flèches. Pendant ce temps, le molosse de guerre s’était relevé, refroidit par sa blessure mais toujours assoiffé de sang, il s’apprêtait à rejoindre la curée.





* Le chevalier désigné pour veiller à l'instruction d'un écuyer est parfois désigné comme étant son parrain
** Snotingham : nom de la ville de Notthingam avant l'invasion de Guillaume le Conquérant

Le bestiamorphe resta muet un instant, ne sachant pas si Damian plaisantait. Puis, il se rappela que le jeune garçon ne lui donnait pas l'impression d'être quelqu'un aimant la plaisanterie et en conclu donc qu'il était on ne peut plus sérieux. Damian était bien en train de lui proposer de toucher une lame pouvant potentiellement lui faire du mal pour vérifier sa véritable nature. Il ne le forçait pas et ne l'attaquait pas avec, c'était donc qu'il avait véritablement le choix. Mais Garfield ne pouvait pas s'empêcher de craindre cette lame. Et si elle révélait qu'il était réellement une créature surnaturelle ? Et non pas un humain comme une part de lui-même le pensait. Et le poignard lui sembla encore plus dangereux qu'il ne l'était de base. Mais étais-ce réellement le cas ou juste une impression ?

-Et ça changerait quoi ?

Damian lui raconta ensuite son histoire. Écuyer d'un chevalier mort à cause de Slade de Jorvik, il avait suivit ce seigneur jusqu'à son fief pour lui faire payer le sort qu'avait subit son maître. Garfield n'avait aucun mal à imaginer Slade tuer des chevaliers pour envahir leur territoire. La faute aux chiens, aux soldats aussi mais aux chiens surtout. Des bêtes aussi féroces ne pouvaient avoir été élevées par une bonne personne. C'était impossible. Et du coup, Damian serait donc un brave garçon qui s'est lancé sur les traces de l'assassin de son maître pour le venger.

Mais ça c'était mal fini. Si les molosses humains et animaux de Slade de Jorvik paraissaient de prime abord terrible, leur maître lui-même détenait des capacités terribles même pour un simple humain. Et encore plus pour un... Jeune garçon. Quelqu'un à peine entré dans l'adolescence. Garfield afficha un air choqué devant le sort que Slade avait réservé à son adversaire.

-Ton Slade... Il maîtrise la magie surtout. Ce que tu décris, ça ressemble à ce que certains des druides sont capables de faire. Et ils sont bien humains eux.

Et ça il en était persuadé. Garfield ne savait pas lui-même qu'il était, mais il était certain que les druides qui l'avaient élevé depuis des années étaient bel et bien de simples humains. Changelin apprit ensuite qui était Rose, une fille que Damian avait rencontré sur son chemin et qui en avait fait son allié à l'aide d'un serment. Celui de les réunir, sa sœur et elle.

-Tu sais, ton histoire elle pourrait inspirer des bardes si tu la leur racontait. Répondit le bestiamorphe avec une pointe d'humour et une pointe de sérieux.

Les paroles qu'avaient prononcé les soldats de Jorvik le jour précédant l'avaient perturbées oui. Mais il avait davantage envie de faire confiance aux deux adolescents qu'il avait mené jusqu'au camp des druides qu'aux soldats qui avaient menacé sa famille d'adoption. L'espace d'un instant, Garfield eut même l'envie de se joindre au groupe. De les aider à atteindre la cour du roi Constantin. Mais non, il ne le pouvait pas. Il devait rester dans cette forêt.
Il devait rester cacher des autres.

-Le plus tôt sera peut-être le mieux. Comme ça vous pourrez gagner le plus de temps possible pendant que ces types vous chercheront partout. Et... Peut-être qu'il vaut mieux que Rose s'éloigne d'ici. A cause de cette Dame en Rouge.

Mais il n'empêche qu'il aurait envie de les suivre.


Margarita faisait toujours face à la jeune fille effrayée et heureusement inoffensive. La druidesse répondit aux questions de sa protégée en croisant les bras et en fronçant les sourcils.

-Vous êtes deux jeunes gens égarés dans la forêt, et poursuivit par des personnes... Peu amicales de ce que j'ai pu voir. Et Garfield vous a protégé. Pour ces deux raisons, je ne peux que vous aider en retour. D'autant plus que...

Margerita décroisa les bras et soupira.

-D'autant plus que tu as raison. D'une manière ou d'une autre...

La druidesse fut interrompue par les éclats de voix. Des hommes inconnus s'approchaient de la maison. Et elle n'avait rien pour les en éloigner. Sans prévenir, elle se précipita vers Rose et la recouvrit de la couverture tout en l'obligeant à se rallonger. Priant Belisama pour parvenir à faire tout ça en restant aussi discrète que possible afin de ne pas attirer l'attention des soldats.

-Reste immobile. Tout ira bien.

Un vœu pieu, une espérance pour que tout aille effectivement bien. La druidesse rajouta une cape en peau d'ours sur Rose, puis alla s'accroupir juste en-dessous de l'une des fenêtre. Elle sorti une sorte de petit appeau dans lequel elle souffla. L'engin ne produisit aucune musique, mais uniquement un son très aigu. Impossible pour une humaine humaine de le percevoir, mais des oiseaux situés plus loin piaillèrent comme pour répondre au son.


Garfield a grimacé en voyant le chien s'effondrer. Il n'aimait pas ça, il n'aimait pas voir les animaux souffrir, il avait l'impression d'avoir autant mal qu'eux. Ou davantage encore. Même si cette bête était une ennemie. Une ennemie tellement entraînée à tuer et traquer qu'il n'était même pas sûr de pouvoir communiquer avec elle. Caché dans le feuillage d'un arbre, Changelin vit Damian assaillir ses ennemis avec ses flèches. Et les soldats ne tardèrent pas à se protéger par leur bouclier. Mais cette protection leur bouchait en partie la vue... Si bien qu'ils ne virent pas l'énorme poids lourd qui s'affaissa sur leurs malheureuses carcasses, les faisant chuter au sol.

L'ours brun-vert écrasa les soldats de tout son poids... Mais rata le molosse. Ce dernier pourrait avoir tout le loisir de s'en prendre à l'ursidé, malgré la blessure que la flèche lui avait infligée. L'ours se releva, écrasant une nouvelle fois les humains au passage, et poussa un grondement sonore dans le but de peut-être réussir à intimider son adversaire canin.

Le changelin n’avait pas tenu à passer le test que l’écuyer lui avait proposé, se retranchant derrière la réflexion que, dans le fond, la réponse ne changerait rien. Sur ce point, Damian pouvait le rejoindre. Qu’importait la nature véritable de son interlocuteur, il avait jusque-là prouvé être un allié et, même si l’Edling des Orcades ne lui faisait pas encore réellement confiance, il pensait qu’il ne les trahirait pas.
 
 
Lorsqu’était venu le moment du combat, le changeforme s’était éclipsé l’espace d’un instant, laissant le jeune homme seul face à leurs ennemis. Le molosse les accompagnant était déjà blessé, et l’un des mercenaires gisait sans vie sur le sol, une flèche en travers de la gorge. Ce tir avait déjà refroidi les ardeurs de ses ennemis, et le suivant, se jouant des tentatives précipitées des guerriers d’origines scandinaves pour se protéger, ne fit que confirmer le danger que Damian représentait en allant se ficher profondément dans l’épaule de celui qui semblait être le chef.
 
Et rictus moqueur s’afficha sur le visage de Damian alors que, à la vitesse de la foudre qui frappe, il encochait sa troisième flèche. Mais ses adversaires étaient loin d’être des incompétents. C’était des guerriers entrainés et aguerris par des années à passé de champ de bataille en champ de bataille. S’ils avaient été surpris par la dangerosité d’un opposant qui entrait tout juste dans l’adolescence, ils n’avaient pas tardé à récupérer leur sang froid. Deux des guerrier joignirent leurs boucliers pour ériger une protection devant leur chef qui continuait à rugir des ordres malgré sa blessures. Pendant ce temps, les deux autres guerriers, toujours protégé par leurs propres boucliers, contournaient en courant Damian sur chacun de ses flancs. Décochant son trait, celui-ci ne rencontra rien d’autre que la résistance du bois.
 
Pestant, sachant qu’il n’aurait pas le temps d’encore réduire le nombre de ses opposants, Damian jeta son arc au sol et dégaina son épée. Contrairement à ses adversaires, il ne disposait ni de boucliers, ni de cottes de mailles pour assurer sa protection. Mais il avait été entrainé à l’art du combat par les meilleurs précepteurs qu’on put trouver. Sans perdre un instant, l’aspirant-chevalier prit l’initiative et se rua à l’attaque de l’adversaire à sa gauche. Il devait l’éliminer avant d’être submergés et s’arranger pour n’affronter ses ennemis qu’en nombre réduit.
 
D’un mouvement agile, le jeune homme fit un bond de côté pour esquiver le coup de lance qui lui fût asséné. Profitant de l’ouverture, il frappa et passa par-dessus la garde du bouclier de son opposant, le frappant à la tête. L’acier de son épée s’entrechoqua avec le métal composant le casque du mercenaire, préservant ce dernier d’une blessure mais le sonnant légèrement. Par instinct, son adversaire chercha à frapper, balayant devant lui avec sa lance. L’idée de ce réflexe n’était pas tant d’occire son ennemi que de le forcer à reculer pour se laisser du temps de récupérer. Damian s’attendait à ce genre d’assaut et bloqua la hampe de la lance avec sa propre arme tout en en faisant peser son poids sur le bouclier de son ennemi, forçant celui-ci à baisser un peu le rond de bois qui lui servait de protection, révélant sa gorge à l’ennemi. Saisissant l’ouverture qui lui était offerte, le fils du Mormaer des Orcades et du Lothian frappa.
 
Un seul coup, rapide comme l’attaque d’un serpent, donné par la main libre du jeune guerrier, et le mercenaire tomba à la renverse d’un seul coup. Le temps d’un bref clignement d’œil, il était possible d’entrapercevoir un éclat, une lame qui avait surgit de sous le poignet du jeune homme avant d’y disparaitre. Le scandinave s’étala de tout son long, s’étouffant dans son propre sang alors qu’une plaie béante laissait couler le sang depuis sa gorge. Son épaisse barbe rousse cachait ce fait à la vue des autres, mais elle ne tarderait pas à se colorer de rouge.
 
Sans perdre un instant, Damian se retourna, juste à temps pour éviter le coup de hache de son deuxième ennemi. Un duel sans merci s’engagea. L’adversaire que Damian affrontait était sans conteste un vétéran qui ne se laisserait pas tromper aisément. Cependant, l’écuyer conservait l’avantage dans ce combat… mais il perdait du temps.
 
Le changelin se manifesta à nouveau à ce moment. Profitant de l’occasion, il s’était glissé dans les arbres au-dessus de leurs ennemis. Puis, lorsque deux des guerriers resté en arrière reçurent l’ordre d’aller prêter main-forte à leur camarade, il se métamorphosa en ours et leur fondit dessus de toute sa masse. Profitant de la diversion, Damian frappe, blessant gravant son adversaire d’un coup d’estoc précis.
 
« Bien joué… » réplique-t-il à Gar avant d’être interrompu
 
Le molosse, celui que Damian avait blessé, s’est relevé. Il grogne, charge et bondit vers l’ours, sautant droit sur la carotide de l’ours verdâtre, y plantant ses crocs. L’animale à été entrainé pour tuer. Il n’aboie pas pour donner un avertissement, mais pour exprimer son envie de planter ses crocs dans la chaire d’une proie, il ne cherche pas à s’en prendre aux membres de sa cible pour la ralentir et l’handicapée, il cherche à la tuer. Sa mâchoire se referme dans la chaire de l’ours, secouant violement la tête pour tenter de déchiqueter muscles et tendons. Ce chien-loup Irlandais n’est plus un animale, mais une arme vivante.
 
Profitant du chaos, le chef du groupe, toujours blessé à l’épaule par la flèche de Damian, en profite pour battre en retraite dans les bois, cherchant du renfort. Le descendant du Preux Gauvain le voit, mais il voit aussi la situation de son allié. La décision est vite prise. Laissant son épée plantée dans le sol, il dégaine son poignard à lame noir, le même qu’il avait proposé d’empoigner à Gar, et cours à toute jambe vers la mêlée. Dans la lutte qui se mène entre le molosse et le changeforme, son épée l’aurait plus gênée qu’autre chose, il aurait risqué de blesser son allié du moment. Dès qu’il est à porté, Damian empoigne violement le cerbère, tirant de toute ses forces pour le forcer à lâcher.
 
L’animal se débat, enragé par sa blessure, rendu fou par le goût du sang, il tente de mordre, de griffer, de blessé. L’écuyer tien bon, il sait que s’il lâche, son adversaire canin aura l’opportunité de s’en prendre à lui. Il sent la pression de la mâchoire sur ses brassard, mais son équipement le protège. Sans hésiter, il poignarde son ennemi qui hurle de rage et de douleurs se démenant de plus belle pour se libérer maintenant qu’il sent la mort arriver. Damian tien bon, encaissant comme il peut les tentatives du monstre. Il l’a frappé mortellement et ce n’est qu’une question de seconde avant que la créature ne laisse partir son dernier souffle de vie, une lueur apeurée s’éteignant dans son regard. Lorsqu’enfin le molosse se relâche, le jeune homme lâche prise, cherchant à rependre son souffle. Il est à présent recouvert du sang du chien.
 
« Il faut qu’on s’en aille avant que les renforts n’arrivent. Est-ce que tu arriveras à marcher ? »
 
 
Ils n’ont pas beaucoup de temps. Déjà, au loin, ils peuvent entendre de l’agitation, une cavalcade. Des individus à cheval qui approchent. Le jeune homme se jette sur son pasquetage, récupérant son équipement en urgence. Ils vont devoir disparaitre dans les bois rapidement.
 
 
Du côté de Rose et Margarita, les deux mercenaires intrigués par la présence du cheval, avaient manifestement l’intention d’investiguer dans la cabane. Ils étaient tout deux armés jusqu’aux dents et n’avaient pas l’air commodes. À l’initiative de Margarita, Rose fût dissimulée sous les couvertures, une mesure quelque peu désespérée face à ce qui se préparait. À l’instant même où la druidesse eut terminé, alors qu’on entendait au loin les piaillements des oiseaux réagissant au son de l’instrument qu’elle avait utilisé.
 
L’instant qui suivit, des coups sourds furent portés à la porte de la cabane, raisonnant dans celle-ci. Les hommes entrèrent sans ménagement, ne s’arrêtant qu’un bref instant pour regarder autour d’eux. Leurs regards s’arrêtèrent sur Margarita, puis l’un des deux hommes fit un signe de tête à son camarade qui sortit pour surveiller les environs.
 
« Je me nomme Cerdic, et voici Steinvald. » fit-il les présentation d’un ton bourru avec cependant un dialecte indiquant qu’il était un saxon et non un scandinave. « Nous sommes à a recherche de fugitifs et ils se pourraient qu’ils aient chercher à se réfugier dans cette zone de votre forêt. Je suppose que vous ne les avez pas vu ? »
 
Tout en parlant, il commença à marcher à travers la pièce. Jetant des coups d’oeils ci-et-là à l’affût du moindre élément suspect. Leur chef, Kai le Maître-Chien, avait bien comprit que les druides du coins et leurs fidèles ne lui apporteraient aucune aides, aussi avait-il instruit ses hommes sur la possibilité que les locaux puissent dissimuler les proies qu’ils traquaient.
 
« J’avoue que moi et mon compagnon avons été surpris de voir un cheval devant votre hutte. Même si ce n’est pas une belle bête, il me parait surprenant que vous ou vos semblables en disposiez d’un. Vous l’avez depuis longtemps ? » continua-t-il en observant les ustensiles qui trainaient sur la table et que Margarita avait utilisé la nuit dernière pour concocter des mixtures pour aider à la guérison de Rose.
 
Cette dernière se tenait, pétrifiée, sous les couverture, n’osant pas bouger d’un muscles, osant à peine respirer de peur de trahir sa présence. L’homme se rapprochait à chaque pas de sa position et elle ignorait quoi faire. Elle n’avait pas la dague que Damian lui avait confié pour se défendre celle-ci lui ayant été retirée pendant qu’elle récupérait… ce type était même occupé à l’inspecter, surpris de voir une arme de cette qualité chez une « fille des bois ». Elle espérait que cet homme ne penserait pas à regarder sous les couvertures, que la femme qui veillait sur elle n’aurait pas à payer de sa vie pour avoir tenté de l’aider. Une partie d’elle souhaitait hurler, hurler à plein poumon en espérant que Damian ou Gar l’entendrait et viendrait l’aider.
 
 
Alors que le Cerdic s’approchait du tas de couvertures commençant à s’y intéresser, un son attira soudainement son attention. Une note, grave, brève, qui retentit à travers la forêt avant d’être soudainement interrompue. Immédiatement, l’homme se dirigea vers la sortie pour voir avec son compagnon s’il l’avait également entendu.
 
 
Kai était resté aux côtés de la « Dame Rouge ». Cette femme lui donnait la chaire de poule pour une raison qu’il ne pouvait s’expliquer. Mais il préférait cependant la garder à l’œil. Sur son instruction, il avait envoyé sa troupe de mercenaires fouiller une zone précise de la forêt, celle-ci lui assurant que les fugitifs étaient réfugiés là-bas. Une magie de druide… il était sûr de l’avoir reconnu, il en avait déjà rencontré et c’était même eux qui lui avaient apprit à dresser ses chiens en de véritables bête de guerre. Mais il y avait définitivement quelque chose de différent avec elle.
 
La Dame Rouge les avaient guidé dans une autre partie de la forêt un lieu à l’écart de tout où l’air semblait plus pesant. Depuis, elle était occupée avec une incantation pour « libérer un vieil allié qui pourrait les aider ». Kai n’aimait pas cela, mais toute aide serait bonne à prendre… surtout si le cercle de druide se décidait à s’opposer à lui.
 
Il entendit également le son du cors. Quelques minutes plus tard, un cavalier vint à sa rencontre, lui assurant qu’une des patrouilles avaient rencontré de la résistance… et que le survivant assurait que l’un des deux ennemis rencontré correspondait au signalement du meurtrier… quant à l’autre, il semblait parler d’un être vert pouvant se changer en ours.
 
« Peste !! Ils se sont trouvés des alliés !! » enragea-t-il.
 
« Ne t’avais-je point prévenu que les druides leurs viendraient en aide ? Ils n’ont que faire de ton autorité ou celle de ton seigneur et saisiront toutes occasions de contester ses prétentions sur leur forêt. »
 
Kai lança un regard assassin à la femme. Sa main gantée se porta sur son talisman druidique. Il était assez lucide pour savoir qu’il n’avait plus le contrôle de la situation à présent. Mais surtout, maintenant, les choses allaient s’accélérer.
 
« Tu te méfies de moi, je le sais. Tu es sage en ce sens. Nous nous entraidons uniquement parce que nos intérêts convergent en ce moment. Aussi, en preuve de bonne volonté, vais-je te faire un présent. L’un de tes petits compagnons est tombé sous la lame de celui que tu poursuis. Mais grâce à cet ancien esprit que j’ai rappelé, Phobia, je peux le faire revenir et lui faire reprendre la traque. Cela l’empêchera d’échapper à nouveau à tes hommes, surtout s’il est aidé. » proposa-t-elle, un sourire mauvais sur son visage.
 
« Et en échange, que demanderas-tu ? » répliqua le maitre-chien.
 
« Rien d’autre que tu tiennes ta part du marché que nous avons conclu. Considère cela comme un acompte à la récompense qui te sera offerte quand j’aurai obtenu ce que je cherche. »
 
D’un geste, l’air s’enroula autour de Kai, faisant voler feuille et branche autour de lui. Les sens du Maitre-Chien étaient en alertes, il sentait le danger tout autour de lui sans pouvoir l’identifier, il sentait la peur s’emparer de lui… ses pires cauchemars se matérialiser dans la brume…. Puis, soudainement, tout s’arrêta, l’énergie semblant se réfugier dans son talismans, un collier de crocs qu’il avait récolté sur chacun de ses chiens. L’une d’entre elle se noircit… soudain. Mettant la main sur celle-ci, il ferma les yeux, se concentrant. Ce collier lui permettait de voir par les yeux des ses chiens s’il le désirais et ce qu’il vit l’interpella. 
 
« Préparez mon cheval. Nous partons en chasse. Quant à toi, druidesse, je tiendrai ma promesse. Les druides n’interrompront pas ton rituel. »
 
 
Dans la clairière où Damian et Gar avaient affronté leurs ennemis ne restait plus que des cadavres. Les hommes de Kai gisaient mort, ou bien trop fortement blessé pour pouvoir se relever. Il en était de même pour l’impressionnante carcasse du molosse qui les avait accompagnés.
 
Soudainement, une lueur jaune se forma dans la clairière avant de s’engouffrer dans le corps du molosse. Ses yeux éteints de rallumèrent d’une flamme spectrale. La créature se releva, transformé. Son apparence subit d’atroces modification, se renforçant mais rendant palpable, visible même, le monstre qu’il était. De son corps semblait exalter les flammes même de l’enfer.
 

Il sentit dans son esprit la présence de son maitre, il ressentait en lui sa volonté. Retrouvant l’odeur qu’il avait suivit, la créature parti d’un terrifiant hurlement et se mit en chasse de ses proies délaissant la clairières et tout ce qu’elle contenait. Un cauchemar vivant était à présent en chasse de Damian et Gar.