Hirondelle en fâcheuse posture ~ Clark

Assise dans la cellule que j'occupe depuis quelques jours, je remonte mes jambes pour poser mon menton sur mes genoux. Le temps est long, le soleil s'est déjà couché trop de fois... Je pousse un soupir, épuisée mais surtout agacée de ne pas trouver de solution pour me sortir de cette position. Alors qu'encore une fois, les rayons de lune viennent éclairer le sol, je pose ma tête contre le mur de pierres froides. Les yeux qui se ferment, j'essaie de ne pas penser au fait que demain, la même journée se répétera encore et encore. Je passe une main dans mes longs cheveux bruns et me mets à fredonner quelques notes... Forcément, ça ne plaît pas et des bruits de pas ne tardent pas à se faire entendre... un cliquetis de clefs, des bottes lourdes, une voix rauque.

- LA FERME SALE CHOUETTE !

Je me redresse, me remets debout et reste collée contre le mur. Le dirigeant de la prison me fixe avec son air sournois et son ventre bien trop plein.

« Hirondelle je vous prie. »

Et comme pour le narguer, je lui adresse une rapide révérence avant de me redresser. Je fronce les sourcils, plisse les yeux alors que derrière l'homme, un animal court dans sa direction, filant caché dans l'ombre. J'esquisse un sourire... la voilà ma clef pour sortir de là.

Sans quitter l'homme des yeux, je me remets à siffloter et ça a l'effet escompté. Il s'agace, s'avance encore un peu plus vers moi et ne prête même pas attention à tout ce qui l'entoure. Il ne fait pas attention du tout et quand il s'élance vers moi pour m'en coller une, le petit animal s'accroche à son trousseau et le fait tomber de sa poche. Moi, pour parer le coup et éviter de m'en prendre un, je réagis vite et attrape la première chose qui me tombe sous la main... L'assiette en bois donnée le midi avec le repas encore dedans. De toutes mes forces je viens frapper l'homme et ce dernier s'écroule dans le mur après avoir pris l'assiette dans la tête.

« Olsen, je crois qu'il est temps pour nous de quitter cet endroit... »

Sans attendre, je ramasse les clefs et le petit écureuil roux grimpe sur mon épaule.

Rapidement, nous voilà dehors, sous le clair de lune. Je ne perds pas de temps, je m'élance dans les rues sans vraiment s'avoir où je vais... ça ne tarde pas mais l'alerte et rapidement donnée... j'entends crier, la cloche sonne... vite, je ne dois pas perdre de temps !

Je cours dans les ruelles, à en perdre mon souffle, me cache dans le noir dés que j'entends des bruits de pas. Après avoir attrapé un drap étendu, je me cache dedans et vite, j'entre dans la première bâtisse que je trouve... Une abbaye...

Une fois derrière la porte, le souffle court, je m'adosse à la porte et ferme les yeux quelques secondes. Doucement, je finis par baisser ma capuche et avance de quelques pas jusqu'à lever les yeux vers une immense croix. D'un geste rapide, j'esquisse un signe de croix et baisse la tête, les mains jointes pour prier alors que dehors, la cloche ne cesse de sonner...

AVENGEDINCHAINS

Les mains jointes, la capuche tombée en arrière et la tête baissée, je ferme les yeux et prie à demi-mots... Je prie pour qu'on me laisse rester ici quelques heures, je prie pour qu'on m'apporte de l'aide... Cheveux en bataille, encadrant mon visage aux traits tirés par l'inquiétude, je grimace en entendant le son des cloches de l'alarme qui continuent de s'approcher de moi... Ils vont me trouver et ce que je risque est bien plus qu'un séjour dans les geôles... Je me mords les lèvres alors qu'à mi-voix, je continue d'implorer Dieu de me laisser la possibilité, le droit de rester ici. Je suis croyante et pratiquante et au fond de moi, j'ose croire que mes prières seront entendues.

Olsen toujours sur mon épaule, enfouie sous la cape, ose à peine bouger tandis que moi, je continue de prier... Les doigts entremêlés, j'implore sa clémence... Au même moment, des bruits de pas dans ma direction. Je sursaute, je ne pensais pas trouver quelqu'un ici et lorsque je me retourne vers la personne qui me parle, je plisse les yeux quelques secondes avant de réaliser que je ne suis plus seule ici. Je déglutis, impressionnée par la carrure de l'homme habillé d'une bure et ai même un mouvement de recul.

« Je... » Je m'apprête à m'excuser pour le dérangement que ma présence peut occasionnée mais je ne le fais pas. Je ne le fais pas parce que je finis par entendre sa question, entendre ce qu'il me demande. « Comment ? » Dans la rue, l'alarme sonne de plus en plus fort et je comprends que je n'ai pas le temps d'attendre. « Oui... Je demande le droit d'asile. »

Tête baissée comme pour appuyer ma demande, je ferme une nouvelle fois les yeux alors que mon coeur s'emballe en entendant les bruits de pas des gardes se rapprocher. Dieu m'a peut-être entendue et va m'apporter son aide... J'ose y croire.

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Le droit d'asile... Je sais que c'est ma seule chance de pouvoir me sortir de cette situation alors oui, je tente, j'ose le dire... La réaction de l'homme de foi ne se fait pas attendre et après quelques secondes d'hésitation, il finit par me demander de le suivre. Sans rien dire, sans hésiter, mes pas suivent les siens... Il marche vite mais j'arrive à suivre la cadence, toujours emmitouflée dans la longue cape... tout est silencieux, il n'y a pas âme qui vive dans les couloirs ce qui n'est pas plus mal... Je veux rester la plus discrète possible même si je me doute bien que d'ici quelques heures, toute l'Abbaye risque d'être au courant de ma présence.

Alors que je suis l'homme de Dieu dans les couloirs, mon regard se pose, par hasard sur son visage. La capuche a légèrement glissé, laissant entrevoir une partie de son visage... Un visage carré aux traits parfaits... Je suis obligée de secouer la tête pour arrêter de penser à ça, pour me sortir tout un tas de pensées de la tête.

Au bout de quelques minutes, nous finissons par arriver prés d'une porte dérobée. Alors qu'il me fait savoir qu'on va ici, m'offrir de quoi me nourrir, me changer et surtout me cacher, mon coeur s'en trouve un peu plus léger... Je baisse la tête, respectueusement, les mains jointes mais je n'ai pas le temps de dire ou faire quelque chose.

Dans mon dos, une voix résonne et je comprends qu'il s'agit un des gardes à ma suite. Dans un premier temps, je ne bouge pas, faisant le choix de rester cachée sous la cape et sa capuche.

Le Clerc se redresse, fait face au garde tandis que moi, je reste immobile, tête baissée, priant intérieurement qu'il ne s'intéresse pas à moi... mais malheureusement, ma prière doit arriver trop tard puisque le garde comprend assez vite qu'il s'agit de moi et ne traîne pas pour le faire savoir. Je redresse la tête et me tourne vers lui avant de doucement baisser la capuche.

« En voilà une façon de s'adresser à une dame ! Votre mère doit terriblement être déçue ! »

La provocation, une de mes marques de fabrique. Je sais que c'est un jeu dangereux mais je ne peux pas m'en empêcher... et même si mon coeur bat à vive allure de peur, je ne le montre pas et fixe le garde droit dans les yeux.

« Pas ici... pas dans la maison de Dieu. »

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En temps normal, je n'ai pas peur de dire les choses, au grand damne des gens qui me connaissent... Mais là, alors que je vois le visage de ce garde se déformer de colère et de rage, je ne peux pas m'empêcher de faire quelques pas en arrière, toujours derrière le clerc. Ma gorge se serre, ma respiration se fait de plus en plus rapide alors que ma peur me tiraille les entrailles. Je déglutis, me mords les lèvres tandis que l'homme m'hurle littéralement dessus. Je n'ose pas respirer et encore moins bouger de peur de me prendre un coup au moindre faux pas que je pourrais faire.

Ces hommes sont de véritables rats puants et je sais parfaitement ce qu'il a en tête... je sais ce qu'il compte me faire s'il met la main sur moi et ça me donne la nausée. Les mots qu'il emploie à mon encontre sont ignobles et j'essaie tant bien que mal de détacher ces pensées de mon esprit. Malheureusement, je sais de quoi ils sont capables pour en avoir parlé dans mes chants.. et je ne veux pas être une nouvelle de leurs victimes bien trop nombreuses maintenant.

Je sursaute alors qu'il hausse encore le ton et me colle contre le mur derrière moi, le regard apeuré semblable à celui d'une proie acculée.

Mais devant moi, l'inconnu prend la parole d'une voix calme mais ô combien puissante et froide. Je frémis, toujours collé à mon mur de pierres froides. En tout cas, s'il voulait que le garde me quitte des yeux, c'est chose faite... Ce dernier le fixe, sans rien dire, tout aussi surprise que moi par l'intonation de la voix. Il recule même et là où j'aurais probablement fait une réflexion, je préfère ne rien dire...

Et alors que le clerc parle sans ciller, assumant ses propos, je m'aperçois qu'il me fait signe de quitter l'endroit sur le champ. Un rapide coup d'oeil en direction de la porte et je constate qu'elle est légèrement entrouverte... mais si je pars d'ici en courant et entre ? qu'adviendra t'il de cet inconnu ?

Je prends une inspiration et sans attendre, je me précipite vers la porte et m'engouffre dans l'ouverture. Dans la panique, je la referme derrière moi, me prends les pieds dans la cape et tombe au sol. Je me redresse, assise, et recule aussi vite que je peux pour aller me cacher dans un coin, recroquevillée, à l'affût du moindre bruit...

Les traits de mon visage sont tirés par la peur alors que je réalise que par ma faute, l'homme d'église risque la mort...

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Il fait sombre, il fait froid et je me retrouve dans cet endroit, lieu sacré, après avoir demandé le droit d'asile... Je suis complétement perdue, j'essaie de me convaincre que tout finira probablement par s'arranger, que ma vie pourra reprendre son cours normal mais je n'arrive pas vraiment à m'en convaincre. Accroupie dans le coin, je fixe la porte quelques secondes, essaie de voir si j'entends quelque chose mais rien... tout semble calme... du moins en apparence.

Je n'ai aucune idée de ce qu'il peut se passer derrière la porte mais je ne peux pas m'empêcher de me faire du soucis pour le clerc... et alors que les minutes s'égrainent, alors que je ne bouge pas, un bruit se fait entendre... des bruits de pas... je me raidis, prise d'une angoisse viscérale et surtout prête à me défendre avec tout ce que je trouverais à me mettre sous la main.

Je me plaque contre le mur derrière moi et lorsque la porte s'ouvre, par réflexe, je place mes deux mains devant mon visage, pour me défendre. Le silence s'installe le temps de quelques secondes et lorsque je finis par rouvrir les yeux, je m'aperçois qu'il s'agit de l'homme d'église qui se trouve devant moi.

Il sourit légèrement, je peux apercevoir son sourire... Je fronce les sourcils alors qu'il m'avoue avoir réussi à convaincre le soldat de me laisser tranquille... je tente d'apercevoir quelque chose au travers de la porte mais rien...

Sans attendre, je finis par me remettre debout. Rapidement je réajuste ma cape et la capuche et et relève les yeux vers mon hôte.

« J'espère qu'en utilisant des arguments massifs, vous n'avez pas trompé votre Dieu. »

Sans rien dire de plus, je le suis dans le dédale de couloirs. Alors que je suis placée derrière lui, j'en profite pour observer... Il est grand, sa carrure est tout de même assez carrée et sa démarche, bien que rapide, est complétement calculée. Je ne parle pas, bien entendu, de son sourire... Je secoue la tête pour chasser ces pensées de ma tête et sursaute presque lorsqu'il s'adresse une nouvelle fois à moi pour me demander si j'a faim. A ces mots, mon ventre gargouille et je sens Olsen s'agiter dans la poche.

« Je ne veux pas abuser... vous avez déjà fais beaucoup pour moi... »

En acceptant ma demande d'asile, il vient tout simplement de me sauver la vie... et ça, je ne sais pas s'il en a conscience....

« Ai-je le droit de vous demander votre nom ? »

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Le pas rapide, je suis mon sauveur et dans son attitude, je me rends compte que j'ai probablement dit quelque chose qu'il ne fallait pas car son air se renfrogne. Silencieuse, je grimace, faisant le choix de rester silencieuse tant qu'il ne s'adresse pas à moi. Enfoui sous la cape, Olsen ne fait pas un bruit non plus et je l'en remercie. Après ce qu'il vient de se passer, il vaut mieux qu'on reste les plus discrets possible tous les deux.

En tout cas, une chose est sûre je déteste le silence et je fais un effort assez important pour ne pas l'assommes avec mes questions. Je suis curieuse, peut-être un peu trop et alors que mon regard se pose un peu partout autour de moi, je ne peux pas m'empêcher de parler finalement. Je réponds à sa question me demandant si je veux manger quelque chose et grimace en lui faisant savoir que je ne veux pas abuser alors qu'au même moment, mes entrailles se mettent à faire du bruit... Il faut dire qu'à la prison, les repas se limitaient à un par jour et ils n'avaient rien d'appétissant... Oh j'ai l'habitude de ne pas beaucoup manger mais à en croire mon estomac, un bon repas lui ferait du bien. Alors que mon ventre laisse échapper un nouveau gémissement, je grimace et plaque mes mains dessus dans l'espoir d'étouffer ses cris.

L'homme de foi me fait alors savoir que pour moi, ses frères et lui se priveront de nourriture et je ne peux pas m'empêcher d'ouvrir la bouche, quelque peu en désaccord avec l'idée. Décidément, cette soirée va être pleine de surprises..

« Je m'en voudrais qu'on se prive par ma faute... »

Mais rien ne sera dit de plus à ce sujet puisque nous entrons à présent dans ce qui semble être la cuisine de l'abbaye. Les odeurs de charcuteries, la soupe qui attend sagement dans la marmite au dessus du feu... Plein d'odeurs toutes aussi alléchantes les unes que les autres. Moi qui avais peur qu'ils meurent de faim à cause de moi, je réalise que je me suis fourvoyée.

Invitée à m'installer, j'obéis et vais m'asseoir silencieusement sur l'un des banc. Mon hôte me demande ce que je veux en mentionnant du pain, du fromage et du vin... J'hésite un peu, mon ventre gargouille de nouveau et me contente seulement d'acquiescer d'un signe de tête comme pour lui dire que finalement, un petit peu de chacune de ces choses m'ira parfaitement.

L'inconnu, tout en préparant à manger, se présente et c'est avec concentration que je l'écoute. Doucement, je retire ma capuche et ma cape, dévoilant ainsi mon camarade rongeur qui vient se poser, sur le banc, attendant une autorisation pour participer au dîner. Je passe une main dans mes cheveux et observe Clark alors qu'il finit de préparer ce qu'il faut... Les traits de son visage, ses cheveux mi-longs... et ses yeux.. c'est bête mais l'espace d'un instant, j'ai l'impression d'avoir rencontré un ange tout droit tombé du ciel.

« Lois... » Je me racle la gorge pour arrêter de penser et revenir sur terre.« C'est comme ça que je m'appelle. »

J'esquisse un sourire et mes yeux marrons fixent une nouvelle fois Clark.

« Merci... pour tout... »

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L'espace de quelques secondes, j'ai un peu de mal à revenir à la réalité... Je sais que ça ne se fait pas mais je suis dans l'incapacité de détacher mon regard du clerc. Cela ne me ressemble pas en temps normal mais là, c'est comme si quelque chose de différent émanait de lui... Ce n'est que lorsqu'il revient vers moi, avec toute la nourriture, que je reprends peu à peu conscience. Alors qu'il vient prendre place à table, j'entends son soupir et vois à son visage qu'il a l'air contrarié par quelque chose. Je ne dis rien, essayant tout de même de ne pas me perdre dans son regard une nouvelle fois.

Sans un mot, il vient sortir quelque chose de sa bure et je réalise qu'il s'agit de la Bible. Je baisse la tête alors que le regard de mon hôte se perd quelques instants, mélancolique. Je prends une nouvelle inspiration, toujours silencieuse et faisant le choix de lui laisser le calme qu'il semble chercher.

Ce n'est que lorsqu'il brise le silence que je relève la tête pour poser mes yeux sur son visage. Osant à peine bouger, je ne dis rien alors qu'il me fait savoir qu'il a quelques questions. Le clerc fuit mon regard, comme si tourner son visage vers moi lui coûtait beaucoup mais je ne dis rien et une fois qu'il a posé la question, je tente d'essayer de capter son regard.

« Oh.. je... n'ayez crainte, je n'ai tué personne.... » Je marque une pause et esquisse un sourire pour tenter de détendre un peu l'atmosphère. « Disons que je ne suis pas appréciée pour mon franc parler... »

Ce qui est la vérité. Mon arrestation, le fait que je me sois retrouvée en prison... tout ça c'est parce que j'ai fais connaître les agissements d'un Seigneur de la région... Je détourne la tête quelques secondes et finis par me lever du banc.

« Ecoutez, je ne veux pas vous causer du tort ou des ennuis. Merci pour votre aide et l'asile que vous m'avez accordé... » Je réajuste ma cape et replace la capuche. « Je vous prie d'excuser mon intrusion et je suis navrée de voir que ma présence ne vous est pas agréable. »

Je fais un pas en arrière, incline poliment la tête, attrape une pomme et m'apprête à reprendre le chemin inverse pour sortir de là... oh je sais qu'une fois dehors, je risque de me faire cueillir sans attendre mais peu importe... qui suis-je pour m'imposer à cet homme.

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Olsen se précipite sous ma cape et alors que je fais volteface pour quitter la pièce, la capuche replacée sur la tête, le clerc m'interpelle et me demande clairement de ne pas partir. Je m'arrête, lui tournant le dos quelques secondes avant de tourner légèrement la tête pour qu'il puisse apercevoir mon profil. Je prends une profonde inspiration alors qu'il me désigne, de la main, la table sur laquelle se trouve tout un tas de choses à manger... tout un tas de choses qu'il a pris la peine de me ramener. Il me demande de rester, de revenir m'asseoir et de manger. Je me mords les lèvres, ne sachant pas trop comment réagir... Au bout de quelques secondes, je finis par me retourner vers lui au moment même où il m'adresse un sourire plein de charme et de tendresse. Je le fixe quelques secondes, réalisant que je viens encore de me faire avoir par son joli minois. Je souffle une nouvelle fois et je dois faire un effort important pour sortir de ma torpeur. Je m'avance lentement vers le banc sur lequel j'étais assis il y a encore quelques minutes.

Clark en profite pour me faire savoir qu'il s'excuse et me demande de lui pardonner. Je ne dis rien, me laisse doucement tomber sur le banc, mon regard toujours dans le sien, alors qu'il me fait part de son ressenti, de ce qu'il connaît ou non... A mon tour, je souris et viens retirer la capuche sur ma tête.

« Je... d'accord... »

Assise de nouveau face à lui, je n'arrive toujours pas à détacher mon regard du sien et cette situation me met dans un état que je ne connais pas... C'est fou mais à chaque fois qu'il me regarde, à chaque fois que moi je le regarde, j'ai l'impression que mon coeur s'affole... Du coin de l'oeil, je vois qu'il repose sa bible sur la table et ne semble plus avoir besoin de la garder près de lui comme un peu plus tôt. J'esquisse un nouveau sourire qui disparait alors qu'il me demande quelle peine a été retenue contre moi. Je baisse les yeux et inspire profondément avant de replonger mon regard dans le sien pour répondre.

« Je... j'attendais mon jugement... ils m'ont déjà arrêtée plusieurs fois et voulaient, cette fois, faire de moi un exemple. »

Je détourne le regard une nouvelle fois et frémis avant de reprendre.

« Et pour être franche, je n'avais pas envie d'attendre de voir ce qu'ils allaient me faire. »

Je déglutis et mon sang se glace alors qu'au même moment, un homme entre dans la cuisine. Un autre prêtre, bien moins agréable que Clark et surtout qui m'inspire beaucoup moins confiance. Assise sur le banc, mon corps entier se crispe alors que je sens quelque chose de mauvais s'échapper de cet homme...

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L'homme qui vient d'entrer dans les cuisines est loin de m'inspirer confiance. Il dégage quelque chose de toxique, de dangereux, de malsain même... Je reste immobile comme une proie qui aurait été vue par son prédateur. Je ne bouge pas, ose à peine respirer et alors que tout semble joué pour moi, tout s'arrête. Je n'en ai pas conscience bien évidemment mais le temps s'arrête. Les secondes deviennent des minutes et un battement de cils prend un temps beaucoup plus conséquent. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, je ne m'en rends pas vraiment compte en fait et ce n'est peut-être pas plus mal. Tout va beaucoup trop vite pour que je comprenne ce qu'il se passe. Clark s'approche de moi, me prends dans ses bras mais je ne vois rien et rapidement, il s'élance pour quitter la pièce.

Lorsque le temps reprendra son cours normal, l'autre frère réalisera que nous ne sommes plus là.

Collée contre Clark, les yeux fermés, je ne peux pas crier... J'en suis incapable comme si la vitesse m'ôtait toutes mes capacités. Alors que tout défile bien trop vite autour de moi, tout semble reprendre une place normale comme si.... comme si nous ralentissions... Tout s'arrête, mes oreilles émettent d'étranges sons, comme des bourdonnements et alors que Clark me lâche, je titube, obligée de me rattraper au bord d'une table pour ne pas tomber.... mais une fois stable, je suis prise d'un haut le coeur.

« Oh mon Dieu... je vais vomir... »

Et ça ne loupe pas. Alors que j'essaie de me retenir, je ne tiens plus et dois vomir dans un coin de la pièce pour me sentir un peu mieux... enfin, même après ça, j'ai la sensation que tout mon corps n'est plus à sa place... comme si je m'étais déplacée bien trop vite et que tout le reste avait du mal à suivre. D'un revers de la main, je m'essuie la bouche et me redresse, l'air hagard. C'est à ce moment là que j'aperçois l'autre homme dans la pièce. Je fais un mouvement de recul avant de réaliser que ce n'est pas celui aperçu il y a quelques secondes. Je fronce les sourcils et tente d'essayer de comprendre alors que mon regard se pose sur Clark.

Ce dernier parle vite, beaucoup trop vite. Je m'appuie contre le mur derrière moi. Le vieil homme se tourne alors vers Clark et dans son regard je peux voir toute la gentillesse et la bienveillance qui l'habitent. Je grimace alors que mon estomac émet un bruit étonnant et lorsqu'il parle de moi en faisant savoir que je vais comprendre plus que Clark ne le souhaite, je fronce les sourcils.

« Il se passe quoi ici ? il est où ? enfin je veux dire il était là mais PFIOU.... Il a disparu ! Il est où ? Que... oh mon Dieu... Mille excuses ! il faut vraiment que j'arrête de jurer... Oh non... je vais encore vomir... »

Et ça ne loupe pas. Encore une fois, je suis prise de nausées et ça me semble compliqué de les arrêter...

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Je ne me sens pas bien, vraiment pas bien et j'ai beaucoup de mal à retrouver l'équilibre sur mes deux jambes. je prends de profondes inspiration j'essaie de me calmer et surtout de calmer les nausées qui ne font que persister. Derrière moi, Clark a l'air complétement affolé lui aussi et à en croire l'expression sur son visage tandis qu'il me regarde, je comprends que mon état l'inquiète. J'essaie de lui sourire pour lui faire comprendre qu'il ne doit pas s'inquiéter mais je n'y parviens pas. J'entends la voix de l'autre frère qui demande au clerc de se calmer et de reprendre ses esprits.

Ma vue se brouille encore quelques secondes et de nouveau, je dois faire un effort surhumain pour empêcher les nausées de prendre le pas sur mon état. Les yeux fermés, j'essaie de me concentrer uniquement sur les voix des deux hommes pour me recentrer... Lorsque le second frère s'adresse à moi, je me redresse, encore un peu vaseuse et pose mon regard sur lui. Je me tiens au dossier d'une chaise et inspire une nouvelle fois alors qu'il vient poser ses mains sur mes épaules... Je ne saurais comment l'expliquer mais ce contact semble m'apaiser et surtout calmer mon état nauséeux. Je tourne mon visage vers lui et mon regard vient croiser le sien. Les mots qu'il prononce m'apaise... mais je ne peux pas cacher mon étonnement alors qu'il me fait savoir que l'effet de la vitesse va s'arrêter.

« Je... »

Mais je ne peux rien dire de plus puisque le frère m'interroge une nouvelle fois. Je fronce les sourcils quelques secondes avant de comprendre ce qu'il est en train de me dire. Je ramène une méche de cheveux derrière mon oreille et inspire une nouvelle fois.

« Je... Non... Mais je ne veux pas vous causer de soucis... Vous avez déjà fais beaucoup... »

Je ne peux pas m'empêcher de poser un regard sur Clark pour le remercier... Même s'il a fait ce qu'il a fait, même si rien était normale, je lui suis redevable. Je continue de le regarder et viens esquisser un sourire avant de prendre doucement sa main.

« Merci... pour tout... »

Je me dis que je devrais avoir peur après ce qu'il vient de se passer mais je n'y arrive pas... Je ne sais pas comment l'expliquer mais cet homme dégage une aura qui n'a rien de mauvais...

AVENGEDINCHAINS

Je ne saurais pas l'expliquer mais depuis que nous avons rejoint le frère Jonathan, j'ai la sensation de ne pas du tout être à ma place... j'ai la sensation de les mettre mal à l'aise tous les deux, de m'immiscer dans leurs vies calmes... et ça me met mal à l'aise... je ne peux pas m'empêcher d'éprouver une certaine culpabilité... Depuis que j'ai mis les pieds ici, j'ai la sensation de leur avoir apporter plus de soucis qu'autre chose. Je prends une nouvelle inspiration et alors que je m'apprête à quitter cet endroit, le frère Jonathan me fait savoir que je n'ai pas à les remercier, qu'ils ont juste fait ce qu'ils devaient... Je noue mes doigts et baisse légèrement la tête, en signe de total respect pour lui... pour eux...

Il vient poser ses mains sur mes épaules, je prends une profonde inspiration avec la sensation étrange de ressentir son aura, quelque chose de doux et de rassurant. Je lève mon regard vers lui et croise le sien. En quelques secondes, mon regard n'est plus posé sur Clark mais sur frère Jonathan qui me demande de la suivre. J'obéis, je ne dis rien et avance à sa suite dans le long couloir. Tout est calme, silencieux et là où en temps normal le silence me met mal à l'aise, je le trouve appréciable en cet instant.

Au bout de quelques minutes, nous arrivons devant une porte. Le frère l'ouvre et me laisse apercevoir la chambre qui m'est à présent réservée. Je prends une nouvelle inspiration et lorsqu'il m'y invite, entre à l'intérieur. Je regard tout autour de moi... alors oui, c'est spartiate mais de mémoire, je crois que c'est le meilleur endroit pour dormir que j'ai pu avoir. Je me tourne alors vers lui et retire ma capuche.

« Non... ça ira... merci... je vais... oui... je vais me reposer... »

Je baisse la tête quelques secondes et mon regard va croiser, une nouvelle fois celui de mon hôte.

« Bonne nuit... »

Et une fois la porte fermée, je viens m'installer sur le lit, les yeux fixant le plafond, essayant de me sortir le regard de Clark de la tête... et essayant aussi de comprendre pourquoi il me trouble à ce point là...

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Je n'y arrive pas... Dans ma tête, tout se bouscule, toutes mes pensées se mélangent à ce que je ressens... Je perds pieds, lentement mais sûrement et je ne suis pas du genre à aimer perdre le contrôle... En arrivant ici, je pensais juste trouver un endroit où passer quelques jours, le temps que la situation dehors se calme... j'étais loin de m'imaginer que ma route croiserait le chemin d'une personne aussi étonnante et surprenante que le Clerc Clark. Je prends une profonde inspiration et lâche un long soupir, tournant et tournant encore dans le lit. Couché, emmitouflé dans la cape que j'ai soigneusement pliée, Olsen émet de légers sifflements signe que lui, il n'a eu aucun soucis pour s'endormir.

Dehors, tout semble calme... malgré la pluie dehors... La nuit est là, bien installée et je peux deviner les étoiles qui viennent scintiller, derrière les nuages, dans le ciel. Mon regard cherche l'une d'elle, je ne peux pas m'empêcher de sourire comme une idiote... Tournée sur le côté, je prends appui sur mon coude et pose ma tête dans le creux de ma main. Encore une nuit passée dans un endroit qui n'est pas le mien... Encore une nuit à fuir... mais peu importe... D'ici, j'ai la plus belle vue qui soit et c'est tout ce qui compte. J'ai toujours aimé regarder le ciel, il a toujours su m'apporter un peu de réconfort et me tenir compagnie. Je prends une nouvelle inspiration et alors que je me recouche sur le dos pour tenter de prendre exemple sur Olsen, une ombre se dessine sur le mur qui fait face à la fenêtre. Au début, j'ose à peine respirer puis la curiosité finit par prendre le dessus...

Doucement, sans faire de bruit, je m'assois sur le bord du lit et plisse les yeux quelques secondes. Je penche la tête légèrement sur le côté et mes yeux s'écarquillent alors que je m'aperçois qu'il s'agit d'une personne... d'un homme... La réaction normale aurait probablement été la peur mais je ne saurais expliquer pourquoi, cette silhouette ne m'effraie pas...

Lentement, je me lève du lit et m'avance vers la fenêtre. En m'approchant, je comprends... Ces yeux... je les reconnais. Une fois au bord, je pose les mains sur le rebord et lève la tête vers Clark.

« Clark... je... qui êtes vous ? »

Une question légitime puisque toute à l'heure, j'ai pu constater à quel point il pouvait se déplacer rapidement... mes entrailles s'en souviennent encore... Mon regard posé sur lui, encore une fois, je suis comme envoûtée par ce que je vois et ça me fait perdre tous mes moyens... Le regard éclairé par les quelques rayons de la lune qui arrivent à percer sous cette pluie battante.

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La tête légèrement penchée sur le côté, je continue de fixer Clark alors que la question qui me brûle les lèvres depuis toute à l'heure parvient enfin à sortir... Il n'est pas comme nous... et étrangement, je l'ai senti dés que je l'ai vu.... ce qu'il dégage... c'est une force que je n'ai jamais vue auparavant. Les mains toujours sur le rebord de la fenêtre, je crispe mes mains et viens serrer l'encadrement de pierre... et ce qu'il y a d'étrange en lui c'est qu'au delà de cette force, il y a cette gentillesse, cette bonté d'âme que je sens chez lui lorsque je le regarde droit dans les yeux.

Clark tourne sa tête vers moi et sous la capuche qui le couvre, je peux sentir son regard posé sur moi. Il parle, répond à mon interrogation et moi, je reste silencieuse, l'écoutant avec attention. Il est marqué, attristé par ses paroles et mon coeur se serre lorsqu'il fait l'aveu de devoir s'éloigner de moi. Je ne dis rien, continue de l'observer alors que quelques rayons de lune arrivent à passer les nuages. L'espace de quelques secondes, mon regard reste accroché au sien et je ne saurais expliquer pourquoi, mais au fond de moi, j'ai cette sensation que nos vies sont liées.

Alors, lorsqu'il tourne le dos pour partir tout en me faisant savoir qu'il continuera de penser à moi, il ne me faut quelques secondes pour briser mon silence et murmurer quelques mots, la gorge nouée.

« Laissez moi vous accompagner... »

J'inspire une nouvelle fois avant de parler de nouveau, sur un ton un peu plus haut.

« Laissez moi venir... ne me laissez pas... »

Je ne sais pas à quoi m'attendre en faisant ça... je ne sais même pas s'il va m'entendre et accepter ma demande... Je ne sais pas pourquoi je lui demande ça... c'est comme si quelque chose de puissant me pousser à lui demander de le suivre. Je me mords les lèvres, inspire une nouvelle fois et baisse les yeux alors que je vois sa silhouette qui continue d'avancer, à l'opposé... Il pleut à torrent et après quelques secondes d'hésitation, je réveille Olsen, enfile la cape, place ma capuche et entreprend de descendre en passant par la fenêtre... j'ai dit que je voulais le suivre alors soit.

AVENGEDINCHAINS