Ombres et Révélations

Ombres & Révélations

Le casque rouge bien ajusté sur sa tête, il se déplaçait avec l'agilité et la furtivité d'un prédateur. Les toits étaient son domaine, un terrain de chasse où il traquait ses proies sans relâche. Mais ce soir, sa cible n’était pas n’importe qui. C’était le Joker. Le souvenir de ce sourire dément, du rire macabre résonnant dans ses oreilles, était gravé dans sa mémoire, brûlé dans chaque fibre de son être. Jason avait survécu à l’impensable, mais la haine qu'il nourrissait pour le Clown du Crime ne s'était jamais estompée. Au contraire, elle grandissait chaque jour.

Ce n'était pas seulement le Joker qui l’avait brisé, c’était aussi Bruce, le soi-disant Batman. L’homme qui l’avait formé, qui lui avait promis une famille, une sécurité, mais qui, au final, n’avait pas été là quand il avait le plus besoin de lui. Bruce, avec sa morale inébranlable et ses principes rigides, avait été trop faible pour le sauver. Trop englué dans ses idéaux pour faire ce qui devait être fait. Jason se souvenait encore de ce sentiment d’abandon, de l’agonie et du désespoir alors que la vie le quittait sous les coups du Joker. Il avait hurlé, supplié pour une aide qui n'était jamais venue. À force de refuser de briser ses précieuses règles, il s’était brisé lui-même. La justice n’était plus son affaire. C'était à Jason de prendre la relève, de faire ce que Batman n’avait jamais eu le courage de faire. Dans ce monde pourri, il ne restait plus de place pour les demi-mesures. C’était soit tuer, soit être tué. Et pour Jason, le choix avait été fait depuis longtemps.



Il n’avait qu’un seul objectif en tête : mettre la main sur celui qui l’avait envoyé six pieds sous terre.




Mais pour cela, il avait besoin d’informations, et la seule personne capable de les lui fournir, c’était Oracle. Il n’avait pas de temps à perdre à essayer de la convaincre avec des mots. Jason savait que Barbara Gordon, l’invisible Oracle, était la clé. Ses réseaux, ses contacts, sa connaissance approfondie de Gotham étaient inestimables. Mais il y avait un hic : elle n'avait aucune idée de qui se cachait sous le masque de Red Hood.

Il avait parcouru la ville en long et en large, cherchant les signes de sa présence, mais sans succès. Son impatience croissait, et avec elle, une colère sourde. Elle avait toujours été trop prudente, trop cachée. Comment la convaincre de lui donner ce qu’il voulait sans révéler son identité ? Il n'avait jamais voulu que ses anciens alliés sachent qu’il était encore en vie, encore moins qu’il était devenu celui qu’ils considéraient comme une menace.

Jason s'arrêta sur le toit d'un immeuble, surplombant une rue qu'il savait être un des repaires secrets de Barbara. Il connaissait ses habitudes, ses cachettes, toutes les petites planques où elle pouvait se réfugier pour surveiller Gotham. Il scruta les alentours, ses yeux perçant l'obscurité, cherchant le moindre mouvement. Puis, il descendit en rappel le long de la façade, se fondant dans les ombres.

Il n'y avait aucun signe de vie dans le bâtiment en contrebas, juste le silence oppressant des lieux abandonnés. Mais il savait qu'elle était là, quelque part, derrière un écran ou une vitre teintée. Il s’avança jusqu’à une vieille porte de service qu'il força facilement. À l'intérieur, le couloir était plongé dans l'obscurité, mais Jason n'avait pas besoin de lumière pour se repérer. Il marcha prudemment, chaque pas calculé, jusqu'à une petite pièce au fond du couloir, une salle qu'il avait vue autrefois. C’était une vieille salle de surveillance, l’endroit parfait pour un opérateur comme Oracle.

Il murmura d’une voix basse mais ferme, sachant qu’elle pouvait l’entendre s’il avait vu juste.

"Je sais que tu es là."

Le silence lui répondit, mais il sentit une présence, une tension dans l’air. Puis, une lumière vacillante illumina la pièce. L’écran d’un ordinateur portable s’alluma, projetant une lueur bleutée sur les murs délabrés.