Sam & Max Police Freelance (1987-1998)

Sam & Max est un comics qui a eu une carrière particulière : d'abord le fruit de l'imagination des frères Purcell dans leur prime jeunesse, les personnages de Sam & Max ont été repris par, l'un des deux, Steve Purcell, et ont eu leur premier comics en 1987, chez Fishwrap Productions (?), suivi en 1989 par un autre numéro publié chez Comico, par deux autres numéros chez Epic en 1992 et quelques histoires courtes publiées jusqu'en 1998... Et ce sera tout (à l'exception d'un webcomic de 12 pages publié entre 2005 et 2007) ! Soit un total d'environ 190 pages...


Il faut dire que Steve Purcell n'est pas QU'UN auteur de comics. D'ailleurs quand on voit sa fiche wikipedia, on se rend compte qu'il ne s'agit pour lui que d'une activité parmi tant d'autres... On le retrouve dans le dessin animé (sur Ratatouille, notamment) et surtout dans le jeu vidéo (chez Lucas Art, essentiellement). Aujourd'hui, Purcell se concentre surtout à la gestion des licences des personnages de Sam et de Max.

Alors pourquoi tant d'engouement au sujet de personnages créés par un illustre inconnu qui n'a, au fond, que très peu produit (un peu à la manière de Dave Stevens mais avec un graphisme bien moins sophistiqué) ? C'est que Sam & Max, même si pas grand monde n'a lu leurs aventures, beaucoup de gens ont joué au jeu vidéo Lucas Arts "Sam & Max hit the road", sorti en 1993... Ben ouais, graphiste dans le département jeux vidéos de la boite de George Lucas, Steve Purcell, qui avait travaillé sur à peu près tous les projets "click & point" de la compagnie (notamment sur Maniac Mansion, Zak McKraken, Indiana Jones & the Last Crusade, Secret of the Monkey Island...), s'est vu offert la possibilité d'adapter les aventures de ses personnages (qui étaient devenus un peu les mascottes de Lucas Arts d'ailleurs) en jeux vidéos...


... vous imaginez ? Cet illustre inconnu de Purcell se voit proposer, par la boite qui détient les droits d'exploitation sur les licences Indiana Jones & Star Wars, de sortir un jeu vidéo sur son univers !

Il y aura aussi un dessin animé dans les années 2000 que je n'ai point vu.

Bref, Sam le chien fringué à la H. Bogart et Max le lapin psychopathe ont eu, par ces biais détournés, une couverture publique assez exceptionnelle, alors même que leurs aventures en BD demeuraient assez confidentielles...

Une intégrale, sortie en 2015 en France (chez Onapratut) et comprenant l'ensemble des comics paru à ce jour de Sam & Max, à l'exception du webcomic "The Big Sleep", répare cet oubli.


Alors que faut-il savoir sur Sam & Max avant de se plonger dans leurs aventures ? Ce sont des policiers freelance, c'est à dire qu'ils font gratuitement le boulot de la police, juste pour le fun. Autrement dit, ils font n'importe quoi et en dépit de leurs airs tout mignons sont de véritables dangers sur pattes. Max, notamment, sort assez souvent son Parabellum Luger pour s'en servir - de manière tout à fait gratuite et irresponsable - dans des endroits habités. Ainsi, ils vont avoir des aventures décalées, souvent sans queue ni tête, voir totalement absurdes...

Le dessin est cartoonesque et très détaillé. De petites surprises se cachent dans la plupart des cases ! Et les dialogues participent assez souvent du commentaire de l'oeuvre elle-même : Sam & Max assument leur statut de personnages de comics et interpellent directement le lecteur.

Bref, c'est plutôt fun à lire, si vous adhérez à ce type d'humour. Il n'y a aucune critique sociale, rien à dénoncer, aucun message...


Dans ce recueil, nous avons :

- une histoire qui emmène Sam & Max aux Philippines, pour "enquêter" sur une sorte de culte sataniste
- les règles d'un jeu idiot, présenté par Sam & Max, consistant à taper dans des canettes de bière avec des bâtons pour les faire exploser
- une histoire de vengeance impliquant des mafieux voulant faire la fête à Sam & Max, sauvés de justesse par un chimpanzé détective en couche-culotte (Detective Chimp ?)
- les conseils de Sam & Max pour s'évader de taule
- la grande histoire "Sur la route" où Sam & Max sont priés de se faire oublier et décident de se faire un road trip à travers les USA : ils rencontreront (et massacreront) des bikers, des fantômes, des pirates voulant se marier avec des lamantins (!!!), la plus grosse marmotte d'Amérique, et tout un tas d'autres absurdités... Purcell indique qu'il s'est inspiré des voyages en voiture qu'il faisait avec ses parents, étant gamin ! Il y a effectivement un petit brin de nostalgie dans cette histoire (nostalgie que l'on peut retrouver, à un autre degré bien sur, dans le "Ghost World" de Dan Clowes quand les héroïnes refont un voyage qu'elles avaient faites étant gosses, ou dans l'arc "Wigwam Bam" de Love & Rockets quand Maggie se rappelle d'un voyage similaire fait avec sa copine d'enfance)
- "Notre univers étonnant" est une planche "hommage" aux encarts éducatifs que l'on pouvait trouver dans les vieux comics (ou dans les magazines français Lug ou Semic, genre Strange, Titans ou Nova), du style "le Saviez-vous ?"... Mais sauce, Sam & Max (où l'on apprend que si l'on se moque d'un sanglier, il y a de grandes chances que ce dernier s'en aille et que ça soit bien fait pour sa gueule !)
- le plateau de jeu de l'oie "Sam & Max sur la Route" ^^
- une aventure de Sam & Max sur la Lune, où ils rencontrent les habitants de la Lune qui sont des rats et des cafards géants, où Max meurt électrocuté et - à la façon de Deadman - se manifeste dans le corps de Sam (qui utilise la dépouille de Max pour en faire une marionnette) !
- une aventure avec un rayon de supermarché hanté


- une double-page pour faire des paperdolls avec Sam & Max et les habiller n'importe comment (j'adorais ce genre de trucs ^^)
- Sam & Max à la fête foraine
- Sam & Max à Noël
- Sam & Max enfants
- Sam & Max en silhouettes animées (vous découpez toutes les petites images de cette double page, vous les agrafez dans l'ordre et vous faites défiler - rapidement - les pages... et vous avez un dessin-animé ! J'adorai ces trucs étant petite ^^)
- une autre page de faits intéressants
- une page sur la customisation de jouets pour créer des jouets à l'effigie des héros qu'on aime (spéciale dédicace à Mister Miracle à qui j'ai fortement pensé en lisant cette historiette)
- Sam & Max sont projetés dans un futur où ce sont les enfants qui dominent le monde
- Sam & Max humilient des gens sur le plateau d'un talk show
- Sam & Max remontent le temps pour combattre des extraterrestres dans l'Egypte antique
- Sam & Max luttent contre un vampire bouffeur d'enfants le soir d'Halloween


+ en bonus, outre pas mal de pages d'illustrations, ce volume nous gratifie de l'intégrale des pages de Sam & Max publiées de 1990 à 1996 dans The Adventurer, le bulletin consacré aux produits Lucas Arts. Les gags sont très orientés en fonction des sorties de jeux de cet éditeur : ainsi, on retrouve Sam & Max dans l'univers d'Indiana Jones, Monkey Island ou Star Wars ^^ (d'ailleurs, Purcell, en tant que graphiste sur la plupart des jeux Lucas Arts, s'arrangeait souvent pour planquer un Sam & Max quelque part dans le jeu... Ainsi dans Indiana Jones and the Last Crusade, Sam & Max apparaissent sous la forme d'un totem dans le bureau d'Indiana Jones, au début du jeu ^^).


Sam & Max est un comics qui me parle énormément : parce que d'un côté, c'est une publication "adulte" (en raison de son côté absurde, de son humour un peu ras les pâquerettes [mais où Max peut-il bien ranger son Luger quand il ne s'en sert pas, vu qu'il n'a pas de fringues ?]), et d'un autre, ça me fait l'effet d'une madeleine de Proust. Rien qu'en chroniquant Sam & Max, je ne peux m'empêcher de penser aux longues heures d'enfance passées à jouer avec des poupées en papier ou à lire d'un œil distrait les "Faits intéressants de la nature" ou autres encarts éducatifs qui devaient être présents dans les publications pour la jeunesse (en échange d'un taux de TVA réduit)... [d'ailleurs, je trouve ça génial que Purcell continue à utiliser des personnages qu'il a créé alors qu'il était jeune ado ^^]

Bref, pas le comics qui va renverser le monde, mais un bon moment pour une belle lecture...