Forever [Jade]

Julian était avec elle aujourd'hui. Il faisait beau et elle avait décidé de ne pas recourir aux services de la nounou payée par la ville pour s'occuper de son "enfant" (en fait celui de feue sa jumelle issue d'une dimension parallèle). Jade s'en voulait, à vrai dire. En acceptant de s'occuper de Julian, elle n'aurait pas envisagé qu'elle aurait si peu la fibre maternelle. Elle l'aimait, c'était son gosse, ça oui ! Mais...

... Jade ne pouvait se départir de l'idée que son mode de vie était totalement incompatible avec l'attention nécessaire que l'on devait porter à un enfant.

Peut-être qu'elle aurait été dans une relation stable avec un mec que tout cela aurait été mieux ? Après tout, les Infinitors étaient tous - plus ou moins - des rejetons de super-héros. Du moins pour Hec'. Et... euh... ça lui avait pas réussi plus que ça !

Il n'y avait qu'à voir dans quel état était aux dernières nouvelles la pauvre Lyta...

Jade se mordit les lèvres et observa avec affection Julian qui jouait dans son parc. Fils de Kyle² et d'elle-même². Pas le fruit de l'amour de ses père et mère, pas le fruit de cette époque, pas le fruit de ses entrailles à elle... pauvre gosse !

Elle soupira. Ça sonnait à la porte. La nounou qu'elle avait oublié de décommander ou qui passait "au cas où", affichant un léger mépris pour le peu de capacités éducatives de Jade...

... elle grimaça et voyait déjà les titres dans la presse-people : "La protection de la jeunesse retire à une super-héroïne fille-mère la garde de son fils : "elle n'était jamais là !" déclare la nourrice de l'enfant".

Jade se saisit d'un peignoir qu'elle enfila, histoire de pas ouvrir en nuisette ("... et en plus, elle se baladait dans des tenues indécentes, on aurait dit une prostituée ou une cocotte") et ouvrit, sans regarder à travers le judas...

... et à propos de Judas...

"Ray" maugréa-t-elle entre ses dents.

Elle ne pouvait dire s'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise surprise. Disons que l'apparition de Ray, ce jour, dans l'encadrement de sa porte, était comme la boite de chocolats de Forrest Gump : une surprise mais une surprise dont on ne connaissait pas encore le goût !

Et à entendre ce qu'il racontait, le goût était douteux mais reconnaissable entre mille : c'était le goût amer de la trahison, de l'ironie inhérente à son existence, celle qui lui ressemblait de plus en plus comme un chemin de croix, façon marathon, avec une croix en fonte sur les épaules et à devoir avancer à genoux dans du verre pilé, pendant que tous ses ex lui flanquaient des coups de pieds aux fesses pour la faire avancer !

Jade encaissa la nouvelle en fronçant les sourcils. OK. Ray venait lui dire qu'il couchait avec sa nouvelle pote, Jessica. OK, c'est cool mais... pourquoi venir le lui dire en personne, chez elle ? Il voulait la voir pleurer pour se sentir un mec ? Il...

"Je savais pas pour Jessica mais merci de me l'apprendre. Ça va illuminer ma journée. Mais j'imagine que Jessica a la chance de pas détruire le monde, comme moi, avec ses fesses si elle s'approche un peu trop de toi..."

Le ton était glacial, limite polaire. Un regard fou apparaissait dans les yeux de Jade. S'il y avait un anneau de Red Lantern dans les parages, il aurait été pour elle. Et elle aurait anéanti Ivy Town d'un coup, juste histoire d'être sure que personne ne survive : ni Ray, ni Jessica-Judas, ni elle.

"Bon, je crois que tu devrais te barrer : après tout, je suis sure qu'il y a des gens qui voudront anéantir notre fichue planète si on se parle trop longtemps à l'encadrement de la porte. Bref. Vis une belle vie avec Donn... euh... Jessica et n'oubliez pas de ne pas m'inviter au mariage !"

Elle était hors d'elle, elle persiflait, elle se sentait être une grosse dinde que tout le monde pouvait gifler, juste pour le plaisir, à domicile.

Jade devrait se reconvertir dans le sado-masochisme. D'ailleurs, quand on était super-héroïne, on avait déjà tout le matériel vestimentaire pour ça.

Et puis...

Il parla de Julian.

La colère de Jade s'effaça pour laisser place à une immense peur.

Non.

Ça ne pouvait pas être ENCORE ça ?

Sa vie ressemblait maintenant à un accident de chemin de fer au ralenti. L'avion était en flammes et les masques à oxygène ne voulaient - décidément - pas tomber.

Et elle le vit... Fate. Fate-Julian ? Ou Fate-Fate ? Pas Fate-Junior... mais ?

"Oh non..." dit-elle en tombant à genoux et en se recroquevillant, comme une vieille ivrogne, contre le mur. Elle enfouit son visage dans ses mains pour ne plus voir le monde, pour ne plus les voir les deux Rois-Mages qui venaient les mains vides voir l'Enfant. Qui venaient le lui reprendre. Ou le tuer. Ou...

"Non, par pitié, non..."

La peur avait cédé la place aux larmes.

Et la colère, la rage et la haine attendaient patiemment sur les starting-blocks le moment ou bien le mot qui allaient les voir fondre contre Ray et Fate !

Ray marmonnait des excuses et Jade n'écoutait pas. Il marmonnait des excuses et elle ne l'écoutait pas. Elle était injuste et elle le savait au fond d'elle. Elle n'avait aucun droit sur son existence à lui et le Destin (Fate ?) s'était mis en quatre pour leur pourrir la vie.

Et si elle avait quelqu'un à qui il fallait en vouloir, c'était clairement le type là haut auprès de qui elle avait investi - visiblement à fonds perdus - pas mal de prières.

Mais elle n'écoutait pas. Ça bourdonnait dans sa tête. Ray, Jessica, tout cela ce n'était rien. Rien de plus que la poussière qu'elle avait l'habitude de mordre à chaque rencontre un peu brutale avec la vie. C'était ni plus, ni moins que le remake de sa vie sentimentale passée. Comme si elle mettait en place une systématique stratégie de l'échec, comme si "heureuse" et "pour toujours" étaient des mots qui ne pouvaient être contenus dans la même phrase...

"Maislaissemoipleureretbarretoi" pensa-t-elle très fortement. Et...

... d'un seul coup les mises sur la table augmentèrent. Ray était clairement sorti de l'attention de Jade quand Fate enleva son masque et révéla qui il était...

... Julian, lui-même. Le Julian qu'elle avait déjà rencontré dans le futur (?). Celui qui avait grandi et était devenu cet homme au crâne rasé qui était devant elle. Celui qui...

"Non !" hurla-t-elle, perdant tout contrôle sur le volume de sa voix.

Non, c'était trop horrible ce qu'il lui demandait. Non, car cela voulait dire qu'il était devenu ce qu'il était non pas parce qu'elle lui avait donné des soins / de l'attention / de l'amour mais simplement parce qu'il s'était extirpé de ses pattes et qu'elle l'avait laissé partir.

Non. Elle était sa mère. Et non, elle ne le laisserait pas partir dans cet endroit qui ne pouvait être qu'un endroit terrible : le futur. Un endroit où elle n'était que souvenirs de la poussière qui avait été jadis elle. Un monde où ne résonnerait pas les petites chansons futiles et débiles qu'elle lui chantonnait en se penchant sur son parc. Un monde où elle ne pourrait plus jamais rien lui apporter. Un monde sans elle.

Non. Car il y avait tous ses jouets. Et le parc qui serait vide, à tout jamais. L'appartement qui ne laisserait plus entendre son rire et ses gazouillis. Et elle ne serait plus qu'une femme-qui-marche, sans but, sans intérêt, sans direction. Une femme qui se tient debout mais tout juste. Une femme dont la fausse-sœur n'était déjà plus qu'un souvenir. Une femme sans rien. Que l'on prive de tout ce qu'elle a en vertu d'un décret divin.

Elle finirait comme Todd. En taule ou à l'asile. Elle finirait comme leur mère. La psyché brisée en deux, jusqu'à l'auto-destruction finale. La folie coulait dans les veines de sa famille, tout comme la sève de la Starheart. Ellle pensait vite/tropvite/etlemondetournaitdanssatêtencoreetencore...

Jade avait eu un mouvement de recul quand le Grand Julian s'était approché d'elle. Elle ne se tenait pas debout. Elle rampait au sol, comme un animal apeuré, les bras crispé contre son corps, sans conscience qu'elle n'appartenait même plus au règne des vertébrés...

"J... Julian, non.... Je... Je veux pas. Tu es... Tu es trop petit" essaya-t-elle dès qu'elle put être un minimum articulée.

Puis, elle continua sur un autre registre :

"Je... Je ne me suis pas bien occupée de toi ? Tu..."

Mais elle avait peur de la réponse alors elle n'insista pas.

"Tu... Ou alors, emmène-moi avec lui... J'veux dire on peut pas séparer une mère de son enfant, non ?"

Jade savait que tout cela était impossible. Elle le savait. Comme elle savait qu'un Seigneur de l'Ordre, fut-il son fils d'un univers parallèle, ne se déplacerait pas à travers le temps et l'espace, dans son appartement, pour repartir les mains vides. Elle le savait.

Mais elle était désespérée. Elle fit un truc qu'elle s'était jurée de jamais faire. Oubliant ses propres conceptions de la dignité et, à quatre pattes, elle rampa en direction de Ray :

"Ray, le laisse pas prendre Julian... Je t'en supplies, fais quelque chose, le laisse pas prendre Julian..."

Le reste était parfaitement inaudible. Jade s'était enfouie la tête entre les bras. Ses sanglots hachaient sa voix. Elle grognait plus qu'elle ne pleurait. Elle aurait voulu mourir. Ici et maintenant. Telle était sa prière souterraine.

La main de Fate sur sa joue lui fit l'effet d'une décharge.

Perdu dans le temps et l'espace, il avait été un tout petit bébé et il était devenu... quoi ?

Sans elle, sans amour, il était devenu cet homme avec cette main et ce gant. Et elle réalisa qu'il ne resterait plus rien d'elle que quelques souvenirs, une affection soutenue uniquement par le souvenir d'un lien vaguement biologique, par le souvenir de quelques souvenirs...

Jade savait qu'il ne resterait rien de sa vie commune avec Julian. Rien.

Darkseid. La catastrophe et l'apocalypse à venir. Pas assez fort. Trop mou. A cause d'elle ? A cause du fait qu'elle ne veut pas en faire un guerrier ? Qu'elle veut lui offrir ce qu'elle, elle a eu ? Une enfance / Une adolescence normale. Choyée. La petite princesse à son papounet. Son vrai père, celui qui l'a élevée. Pas Alan Scott. Lui... c'était plus compliqué.

Une boule au ventre se forma en elle, elle cessa de sangloter stupidement, elle grogna un petit peu. Mais elle se calmait.

Inspire. Expire.

Inspire. Expire.

Comme au théâtre. Comme au moment d'entrer en scène et de jouer une folle shakespearienne. De faire une Ophélie, toute en amour, toute en désespoir. De marcher sur le fil, avant de se noyer dans l'étang.

Il y avait dorénavant deux Jade. L'une était une créature pathétique qui s'accrochait désespérément à son ex, espérant que Ray - subitement investi mentalement par elle de la connaissance universelle et d'une omnipotence toute divine - saurait quoi faire.

L'autre planait au dessus de la première. C'était l'esprit de Jade. Qui comprenait que - rationnellement - cette journée ne pouvait se finir que dans les larmes.

Elle n'écoutait pas la voix du Julian-qui-l'avait-oubliée. Elle n'écoutait pas ce que se disaient les garçons. Elle n'écoutait pas. Jusqu'au moment où...

"Ray ?"

Elle l'avait entendu prendre son parti. A elle. Lui donner raison contre la Raison. Préférer son bonheur égoïste à la survie de l'univers. Lui qui avait TOUT sacrifier. Il lui tendait la main et l'aidait à se relever. Il...

Des larmes inondèrent son visage. C'était encore pire. L'amour contenu dans les paroles de Ray - au moins pour le souvenir de la femme qu'elle avait été - était comme de la glace : il lui brûlait les poumons, il lui faisait du mal à respirer car...

... c'était pire, bien pire.

Tout reposait sur ses épaules à elle.

"Je... Ray..."

Elle était comme asthmatique. Le souffle court. Un sentiment d'oppression pesant sur sa poitrine.

Elle s'assit d'elle-même, sans lâcher la main de Ray, ne pleurant plus, ne haletant plus...

"Je... Merci, Ray"

Jade était reconnaissante. Mais tout cela était pire. Bien pire. Car maintenant, la décision finale - n'en déplaise à Fate - lui appartenait. A elle. Et son choix, évident, ne pouvait condamner l'humanité entière.

La créature de raison qu'elle était pleurait et compatissait à la souffrance de la créature d'émotions. Mais son drame intime était bien plus grand que le chagrin torrentiel de sa part émotive. Car elle, en connaissance de cause, allait devoir consentir à la remise - à tout jamais - de l'enfant.

Abraham, sacrifiant Isaac. Et pas d'Ange du Seigneur en vue pour interrompre tout cela.

Elle était frêle. Elle était diaphane quand elle prononça ses paroles, apaisées :

"Tu... Tu te souviens de la chanson que je te chantais ?"

Elle l'avait demandé à Fate, son cœur sur le point de s'arrêter, sa main tremblant dans celle de Ray. C'était la dernière volonté de la condamnée. Sa dernière cigarette, son dernier caprice...

"Mon Dieu, c'était celle-là, oui... C'ét..."

La fin de la phrase se perdit dans un sanglot. Le Julian qui gazouillait dans la pièce à côté et l'homme qui était en face d'elle était le même. Pire. Il se souvenait. Il ne l'avait pas oublié. Et ça lui faisait autant mal à lui qu'à elle, sinon plus.

La vie se concentra dans les mains réunies de Jade et de son fils. La vie en raccourci. La vie en concentré. Comme l'autre fois avec Ray, quand une unique nuit vint tenter de combler une existence commune qu'ils ne pourraient avoir.

Là, Jade ferma les yeux et s'élança mentalement dans ce qui aurait pu être. Le premier jour d'école de Julian. Son premier gros chagrin d'enfant. Faire du vélo sans les petites roues. Les déguisements à carnaval. Les dessins et les colliers de nouille faits pour elle, à l'école...

La vie en condensé. La vie en raccourci.

Mais la vie devant soi.

Jade écrasa une larme et ses mots se perdirent, à nouveau, dans sa bouche. Elle était paralysée, terrorisée par l'immensité de la tâche à accomplir.

Son fils allait disparaître dans le temps et l'espace. Et c'était elle qui allait couper le cordon et le laisser s'en aller au loin. Et le pire... elle se souviendra toujours, mais lui aussi.

"Je... Je..."

Elle leva un dernier regard suppliant vers Julian-Fate avant de détourner la tête vers la pièce où se repose l'enfant.

"Je... Je suis désolée que tout cela finisse ainsi. Je..."

Jade perdait ses mots, perdait les pédales. Son choix était fait. Irrévocable, logique, un choix qu'elle ne pouvait pas ne pas faire.

Mais ses muscles ne répondaient plus. Elle refusait de se lever. Elle...

"Je... Ces quelques jours risqueraient de compromettre l'univers, j'imagine. Je... Tu le sais, je le sais. Mais..."

Elle avala péniblement sa salive.

"Merci d'avoir essayé de me mentir. Merci"

Et c'était sincère.

Elle passa ses mains contre ses yeux et les frotta. Puis, elle termina d'une voix étonnamment assurée. Sombre et grave :

"N'oublie pas son canard musical. C'est son... enfin, c'était ton préféré"

Jade ne pouvait se relever. Elle ne pouvait dire adieu. Elle ne pouvait regarder.

Au fond d'elle tout n'était plus que ruine et désolation. Mais, maintenant qu'elle avait compris qu'IL SE SOUVENAIT, elle ne voulait pas le torturer plus que de raison.

Les parents devaient assumer. Même le pire. C'était leur rôle.

Et, avant de fermer les yeux, de se les cacher pour ne pas voir, elle lança :

"Par pitié fais vite et..."

Jade sourit à son fils adulte.

"... on se reverra le moment venu. Fais attention à toi dans le futur. Et..."

Elle eut un petit rire étranglé.

"Dr. Fate ? C'est impressionnant, tu as certainement du beaucoup plus travailler que ta pauvre mère pour en arriver là..."

Et elle se referma sur elle-même, laissant Fate procéder à ce qu'il avait à faire.

Le destin. La fatalité. Elle n'y pouvait dorénavant plus rien. Et il ne lui resterait plus qu'à combler l'immense vide qui était dorénavant en elle...

Dévastée.

Elle est comme une lande dévastée.

Mais quel destin lui réserve le grand barbu farceur là haut ? Quelles horreurs, quelles souffrances ?

Elle est la lande dévastée et si la faucheuse venait au devant d'elle pour étendre ses grandes ailes et l'emporter, elle tomberait à la renverse, comme éblouie par une clarté trop vive, souriant légèrement et ne tremblant pas : car sa vie était fichue, la vie... quel goût pouvait-elle avoir après ces indicibles douleurs, ses insurmontables tourments ?

Une lande dévastée.

Et son visage était froid & fou & furieux & elle le sentait comme frappé par un vent mauvais, ses larmes séchant à la commissure de ses lèvres gercées, stoppées nettes dans leur fabrication par un regard mort.

Elle n'avait plus qu'à regarder vaillamment vers le futur, vers l'au-delà, vers tous ces endroits où Julian était et où elle ne pouvait être.

Si le Diable franchissait la porte pour l'emporter avec ses grandes ailes, elle se laisserait faire - de même - vendant son âme pour deux secondes d'abrutissement et d'oubli.

Elle était morte à l'intérieur. Telle une lande dévastée, ravagée par plus fort et plus puissant qu'elle.

Si Dieu venait à franchir le seuil de son appartement, elle ne pourrait que lui opposer un regard courroucé et perplexe. Pourquoi s'acharnait sur elle ? Pourquoi ? N'était-elle pas une humaine convenable ? Une servante consciencieuse qui récitait ses prières et tentait de faire le bien autour d'elle, à sa modeste hauteur, à sa hauteur de femme ?

Mais ni la Mort, ni le Diable, ni même Dieu ne vinrent. Le monde était un endroit tout vide et glacial. Et dans les bras de Ray - lui aussi ramené à hauteur d'homme - elle sanglota longuement, jusqu'à ce que les lumières baissent, jusqu'à se retrouver dans une pénombre qui ne pouvait aller qu'en s'avançant, dans cette obscurité qui ne pouvait plus qu'être celle de son âme pétrifiée...

... avec pour seule lumière dans cette nuit appelée simple existence quelques notes offertes par un fils à sa mère...