Close of eternal curse (?) [Hawkgirl, Atom, Wonder Woman]

L’heure avait sonné pour la conclusion de l’histoire de Shiera et Carter – une histoire qui durait depuis des millénaires et qui n’avait encore jamais connu de fin heureuse. Les yeux parcourant ce qu’elle voyait du parc – et elle en voyait beaucoup – Diana se demanda combien des incarnations de ses deux amis avaient déjà appelé à l’aide. Combien d’amis s’étaient tenus à leurs côtés, combien de promesses avaient été faites ? Cette scène s’était peut-être déjà passée, quelque part ailleurs, à une autre époque, un autre monde. Elle croyait fermement au destin et aux manifestations d’un univers qui aime à placer ses pions au bon endroit au bon moment, mais il y avait dans la malédiction qui hantait les existences de Shiera et Carter de quoi décourager le plus fervent des croyants. C’était, se dit-elle alors, certainement là le but d’une malédiction. Mais peu importait, au final. Peu importait les boucles, les répétitions et les mauvais coups du hasard qui avaient précédé ce moment précis. Shiera et Carter n’avaient jamais eu Atom à leurs côtés. Ils ne l’avaient jamais eu elle non plus. Elle avait fait la promesse de les aider, et elle tiendrait cette promesse. Pour Carter. Pour Shiera. Pour Isis.

Carter était camouflé par les bosquets, et elle pouvait voir le métal étincelant de son armure de là où elle se tenait. Atom était déjà en place, déjà en pleine action, et Shiera servait le rôle qu’elle s’était elle-même attribuée avec entêtement et détermination. Diana, elle, avait choisi une approche plus en douceur… pour le moment. Elle était une femme parmi des dizaines d’autres dans le parc, camouflée par la banalité de sa tenue et de sa coiffure, et pourtant, elle veillait sans ciller.

Pour l’œil non préparé d’un civil, l’avancée de la nouvelle arrivante dans le parc serait passée inaperçue – au pire totalement dénuée d’intérêt à cause de son caractère aléatoire. Mais Diana était prête, elle. Il y avait du bon à prendre dans toute cette histoire de répétitions sanglantes : c’était qu’Hath Seth était confiant, assuré par les nombreuses victoires qu’il avait déjà eues et son égo, ici, était des plus évidents. Elle en aurait presque souri si l’heure n’avait pas été aussi grave.

Elle jeta un regard vers Carter et constata, sans surprise, que ce dernier avait aussi repéré la cible. Shiera continuait de jouer son rôle avec brio bien que Diana put déceler, sous ses airs calmes et posés, une certaine tension quand elle posa sa main sur son ventre. Elle ne pouvait voir Atom mais elle devina que, lui aussi, s’était déjà lancé.

Elle se tourna vers le sac à main qui était posé près d’elle, sur le banc sur lequel elle avait pris place à quelques mètres de Shiera, et fit mine de fouiller à l’intérieur. Ses bracelets pointèrent le bout de leur nez sous les longues manches de son manteau et elle sentit le Lasso contre ses hanches. Son épée et son bouclier attendaient patiemment qu’elle vienne les récupérer dans les arbustes derrière Shiera, mais pour lancer la première attaque, elle n’en aurait pas besoin.

Un dernier regard entre les mèches de cheveux qui avaient cascadé sur son visage lui apprit que la femme s’était encore plus rapprochée de Shiera. Elle voyait une insulte dans cette forme étonnante. Hath Seth avait choisi l’apparence la plus adaptée selon lui, celle qui ferait oublier la menace réelle qu’il représentait le plus longtemps possible. Grand bien lui fasse. Il désenchanterait rapidement.

Ses doigts se refermèrent sur sa tiare dans le sac à main, et ses yeux se firent perçants et brûlants, bien que toujours cachés par ses cheveux.

L’heure avait sonné.

Hath Seth était venu préparé, mais eux aussi. Et s’il croyait ne serait-ce qu’une seconde que ses semblants de renforts suffiraient à lui assurer une énième victoire, il se trompait. Son travail de reconnaissance n’avait été fait qu’en surface et c’est ce qui lui coûterait cher - très cher. S’il avait fait ses recherches un tant soit peu plus sérieusement, il aurait compris que ce qui l’embêtait n’était pas une mouche mais quelque chose de bien plus dangereux qu’un banal insecte. Il aurait aussi su qu’une volée de flèches ne suffirait jamais à stopper Diana. Il s’en rendrait compte bien assez rapidement ceci dit. Tant pis pour lui.

La main toujours dans son sac à main, fermée sur sa tiare, Diana attrapa les bretelles en cuir et décrivit un arc dans l’air avec le sac pour se protéger de la salve de flèches. Elle se releva avant même que les flèches ne tombent au sol. Son premier réflexe fut de se précipiter vers Shiera, mais son regard se posa sur Ray Palmer déjà présent et de toute évidence prêt pour le combat. Shiera n’était pas seule, comme Diana lui avait promis. Et s’ils voulaient la moindre chance, il fallait que Carter se tienne à ses côtés.

Elle fit donc volte-face et redirigea son attention sur Carter et la horde d’assassins enragés qui tentaient de la garder au sol. Diana prit un court instant pour viser puis lança la tiare avant de se précipiter à sa suite. L’ornement qui n’avait du bijou que l’apparence et de l’arme possédait tout le coupant fila à toute vitesse et sectionna les tendons à l’intérieur du poignet de l’homme qui se tenait le plus proche de Carter. Elle décrivit un arc de cercle parfait dans les airs, revint vers Diana qui la saisit et s’en servit comme poignard de fortune pour mettre hors d’état de nuire un autre homme.

« Carter ! » cria-t-elle pour attirer l’attention de son ami.

Elle glissa au sol, passa entre les jambes d’un troisième homme et lui asséna un puissant coup sur chaque cheville avec les bracelets de métal cachés sous les manches de son manteau. Une roulade lui permit de se relever rapidement et d’ainsi lancer sa tiare une seconde fois, directement sur les gros paquets de glue qui retenaient les ailes d’Hawkman.

Elle se retourna juste à temps pour éviter une attaque par derrière – une attaque de lâche – et attrapa le responsable par le col de sa chemise pour le jeter plusieurs mètres plus loin.

« Vas-y, je m’occupe d’eux ! »

Ils étaient nombreux, mais contre elle ? Pas assez. Contre eux tous, ils n’avaient aucune chance.

Diana stoppa plusieurs balles grâce à ses bracelets puis repassa à l’attaque. Il n’en restait plus beaucoup debout, et une fois que le dernier serait tombé, elle retournerait auprès de ses amis, là où elle avait promis qu’elle se tiendrait pour cet ultime combat.

Les assassins n’avaient pas fait long feu, mais l’égo de Diana était bien loin de s’en repaître. Contre de simples humains, aussi entraînés étaient-ils, elle aurait toujours le dessus. Mais contre les créatures que Hath-Seth venait de faire surgir du sol ? La balance avait été renversée, et si Shiera et Carter avaient prévu leurs propres renforts, il était désormais évident qu’Hath Seth s’était, lui aussi, préparé à une telle éventualité. Cela ne voulait pas dire que le combat était perdu ceci dit – et même, la vérité était tout autre. Ce serait juste plus long. Plus compliqué. Mais personne ne baissait les bras.

Pas Carter qui se jetait corps et âme dans un affrontement contre une de ces momies particulièrement féroce.
Pas Atom – Ray Palmer qui venait de rattraper le temps qu’il avait pu perdre avec brio et dont la puissance de l’attaque venait d’assurer à Shiera les secondes précieuses dont elle avait besoin pour mettre son plan en place.
Shiera, donc, qui était elle aussi tout aussi déterminée, et peu encline à ne servir que d’appât.
A la voir s’envoler de la sorte, Diana ne put retenir un léger sourire. Elle lui avait offert une armure forgée par les meilleurs de ses sœurs, et Shiera n’aurait pu se montrer plus Amazone qu’à cet instant précis.

Et Diana serait fière, comme elle le lui avait déjà dit, de se tenir à ses côtés.

Elle plongea vers les arbustes derrière lesquels elle avait caché le reste de ses armes, propulsa une momie au sol une fois son bouclier et son épée récupérés et lui coupa promptement la tête en utilisant le bas de son bouclier. Elle se propulsa ensuite dans les airs pour rejoindre son amie dont les ailes déployées projetaient d’immenses ombres au sol. Se faisant, elle raccrocha son bouclier dans son dos et glissa son épée dans son fourreau. Quelque chose lui disait que Shiera avait déjà un plan tout prêt en tête, et que pour ce genre de plan là, elle n’aurait pas tout de suite besoin de force brut.

Pour le moment, en tout cas.

Elle s’arrêta dans les airs, face à son amie et un bref coup d’œil suffit pour lui confirmer ce qu’elle savait.

« Répartissons les tâches, » lui dit alors Diana. « Ils gèrent les créatures au sol. Allégeons leur fardeau, qu’en penses-tu ? »

Elle avait détaché son Lasso tout en parlant, et elle conclut finalement en l’agrippant de telle à pouvoir le lancer en suivant.

« Je crois qu’il est temps qu’on ait une petite discussion avec ce prêtre. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, elle lança son Lasso en direction de Hath Seth et serra la boucle autour de ce dernier afin de bloquer ses mains qui étaient sans aucun doute primordiales dans la magie si néfaste qu’il pratiquait. Elle enroula rapidement son bras autour du Lasso et tira vivement, violemment même, afin d’amener le prêtre jusqu’à elles.
Jusqu’à elle, plutôt.

Et Diana se tiendrait à ses côtés pour la soutenir et la protéger, comme elle l’avait promis.

Le coup du Destin était terrible, mais l’ironie n’en échappait pas à Diana. Si bien que, alors que le parc se vidait sur un fond de cris de panique et d’ordres criés par ceux qui osaient se mettre en avant, alors que la lumière du soleil semblait se flétrir et que l’ombre recouvrait le sol jusque-là si vert et intense, alors que tout semblait basculer dans l’horreur et le désespoir, Diana, elle, resta un instant dans les airs, le Lasso toujours en main. Juste le temps d’un sourire. Un sourire sans joie, certes. Un sourire un brin amer, oui. Mais un sourire malgré tout. Les Dieux… Les Dieux, encore et toujours.

Mais comme elle l’avait décidé récemment… plus maintenant.
Pas cette fois, et plus jamais.

Elle ne semblait pas être la seule à en avoir décidé de la sorte, parce qu’alors que Carter et Shiera se rassemblaient et courbaient l’échine face aux menaces du Dieu canin, Ray Palmer, lui, répliqua immédiatement. La vision de ses amis ainsi mis à terre par une simple vision lui brisa le cœur. Ce n’était pas par manque de courage, elle le savait, mais par peur, par désespoir. C’était le poids d’une existence dont ils n’avaient jamais vraiment eu le contrôle et qui s’évertuait à les séparer, encore et toujours. Ils avaient eu espoir, et maintenant, une main divine comptait le leur arracher.

Mais non. Plus maintenant. Plus jamais.

Si elle aperçut les portails s’ouvrir en périphérie de son champ de vision, elle ne put cependant pas en apprécier tout le spectacle car il était temps pour elle aussi de rejoindre le combat. Tandis que la cavalerie venait rejoindre les amants maudis, elle se tournait vers Hath-Seth qu’elle tenait toujours et qui n’était pas prêt de se libérer, parole d’Amazone.

« Ton moment viendra, prêtre maudit, » lui dit-elle, les yeux brûlant. « Tâche de ne pas trop t’impatienter. »

Elle plongea vers la ligne d’arbres derrière les Hawks, sa prise toujours en main. Une fois dans l’ombre des bosquets, elle pressa une main sur l’épaule du prêtre pour le forcer à s’asseoir et une fois ce dernier en position, elle dégaina son épée et la brandit avant de porter son coup sans hésitation. Hath-Seth était toujours étroitement ligoté par le Lasso, un Lasso contre lequel sa magie ne pouvait rien faire et qui ne se desserrerait pas même s’il venait à réussir à l’empoigner à deux mains. Mais, grâce à l’épée de Diana et à la force qu’elle avait utilisée pour l’enfoncer dans le sol, il était également figé sur place, la lame entre son dos et le Lasso.

Diana ne lui adressa même pas un autre regard. Elle reprit son envol et se propulsa au-dessus des Hawks pour finalement atterrir devant eux avec tant de force que le sol se craquela sous ses pieds. Autour d’eux les derniers portails se refermaient et Ray Palmer grondait, terrible et menaçant. Sa voix se propageait autour d’eux avec force, presque palpable et suffisamment puissante pour faire s’envoler les feuilles les plus fragiles des arbres à proximité.

Diana se redressa, son regard rivé sur Anubis et les yeux noirs. Ainsi postée devant Shiera et Carter, elle réaffirmait ce qu’elle avait déjà promis. Elle se battrait avec eux. Pour eux.
Elle en fit le serment, sur le Styx. Sa vie était désormais en jeu également.

« Il suffit, » dit-elle finalement. Sa voix n’était pas aussi forte que celle d’Atom, mais elle grondait de la même colère. L’ironie ne lui avait pas échappé, en effet, et ça ne l’amusait pas. « Assez des Dieux qui exigent et n’offrent rien. Assez des Dieux qui pensent pouvoir tout contrôler comme bon leur semble. » Son visage fut traversé par un éclair de colère. « Assez ! »

Elle serra les poings si fort que ses jointures en blanchirent et elle bondit à son tour pour se mêler à l’assaut de l’aide appelée par Ray Palmer, sauf qu’elle n’alla pas jusqu’au bout. Elle ancra ses pieds dans le sol et frappa ses deux bracelets l’un contre l’autre, le fracas métallique résonnant dans son oreille, étrangement harmonieux et plein d’écho. L’onde de choc qui se libéra l’aveugla brièvement.

Les combats faisaient rage, et le danger était présent, mais si l’arrivée d’Anubis avait soulevé une vague de désespoir certaine, l’échec ne semblait plus si inévitable que ça. Les Anubites ne faisaient pas le poids, que ce soit contre Diana ou contre les multitudes d’Atoms qui s’étaient abattu sur le champ de bataille improvisé. Elle devait bien reconnaître que Ray Palmer avait fait preuve de génie avec cette manœuvre-là, et s’ils remportaient la victoire, il y serait pour beaucoup. Ils avaient tiré leur force du fait qu’ils soient quatre jusque-là, et Ray leur avait offert encore plus d’espoir, encore plus de courage. C’était efficace, sans aucun doute. Les Anubites tombaient et d’ici quelques instants, ils seraient redevenus poussières – sans aucun doute. Mais le plus grand danger restait le Dieu plus que les pantins, le Dieu qui les surplombait de toute sa hauteur et dont le regard carnassier brûlait de rage et d’indignation. Diana était malheureusement bien placée pour savoir qu’un Dieu furieux est un Dieu terriblement dangereux.

Anubis céda donc à la colère et à l’affront qu’il subissait et il balaya la scène à ses pieds d’un geste méprisant de la main. Un geste à peine esquissé mais qui eut un effet du diable sur eux tous car une onde de choc, semblable à celles que Diana pouvait provoquer, les envoya tous voler. Elle ne dérogea pas à la règle, bien qu’elle profita du souffle pour éliminer l’Anubite qu’elle avait en face d’elle. Elle l’agrippa par le bras juste avant de se faire expulsée et s’arrangea pour que ce dernier s’empale sur une branche d’arbre avant d’elle-même s’écraser contre le tronc. La poussière noircie par la magie d’Anubis lui cascada dessus et elle essuya son visage du revers de la main, une grimace agacée au visage.

Grimace qui se changea en expression de surprise puis de peur quand elle réalisa la position dans laquelle elle avait laissé son amie.

« Shiera ! »

Elle prit appuis pour s’élancer, prête à se jeter entre Shiera et le bâton d’Anubis s’il le fallait, mais elle ne put jamais prendre son envol parce qu’un Anubite surgit de derrière elle et la plaqua au sol. Elle laissa échapper un grognement et lui envoya promptement son coude dans la figure pour pouvoir se libérer. Elle roula en arrière pour glisser sur la créature et lui brisa la nuque avant qu’il ne puisse répliquer. Tout cela n’avait pris que quelques secondes, mais considérant l’état dans lequel elle avait laissé Shiera… ces quelques secondes pouvaient avoir été terriblement décisives…

Ceci dit quand elle releva la tête, elle découvrit une toute autre vision que celle qu’elle avait eut peur de trouver. Elle s’était tenue en présence de bien des Dieux, grecques ou pas, et si Anubis dégageait la même puissance que les autres, il émanait d’Isis une toute autre sorte de force. Quelque chose de bien plus pur, de bien plus divin que tout ce qu’Anibus pourrait évoquer – quelque chose qui ramenait Diana à sa foi d’antan, à celle qui avait bercé son existence sur Themyscira avant que tout ne change.

Des claquements de voix sur la droite de Diana attirèrent son attention. Hath-Seth brandissait son épée et cette vision la répugnait. Carter lui faisait face et, très vite, Atom se montra à son tour. Le combat était partout, mais la place de Diana… La place de Diana était aux côtés de Shiera. Aux côtés d’Isis.

Elle baissa les yeux et enfonça ses doigts dans la terre humide.

« Laisse-moi combattre en ton nom, » murmura-t-elle en grec ancien, tout en relevant la main. Elle dirigea ses doigts poussiéreux vers son visage. « Laisse-moi acter en tant que gardienne, comme tu gardas jadis les Athéniens. » Elle baissa les paupières et dessina de grands cercles autour de ses yeux avec la terre. « Accepte mes prières et laisse-moi porter ton nom jusque dans le cœur de la bataille. »

Elle se redressa et riva son regard sur Anubis, déjà pris d’assaut par Isis, et elle s’élança à son tour. Les formes sur son visage, pourtant grossières à cause du médium utilisé, évoquait pourtant sans aucun équivoque les traits d’une chouette, animal sacré d’Athena.

Diana laissa à Carter et Ray le loisir de récupérer son épée des mains du prêtre. Un duel semblait déjà se mettre en place. Pendant ce temps-là, elle prenait place aux côtés de Shiera. D’Isis. Déesses contre Dieu. Lumière contre ténèbres.

« Justice ! »

… contre injustice.

Diana lança son Lasso droit vers le cou d’Anubis. Quand il se tendit, signe qu’il se refermait sur sa prise, elle serra et ancra ses pieds au sol afin d’empêcher Anubis de s’écarter tandis qu’Isis organisait sa première attaque également.

Isis était comme bien des Déesses : forte, déterminée et lumineuse. Sa puissance ne pouvait pas être remise en cause, car elle faisait de sa présence seule une menace déjà mortelle pour Anubis. Diana suivit le combat comme elle le pouvait, accompagnant là où elle pouvait accompagnant et ouvrant autant de manœuvres qu’elle le pouvait. Elle était fille des Dieux et Déesses elle aussi, et à voir Shiera porter en elle la volonté d’un grand nom de son Panthéon, Diana sut qu’elle n’était pas la seule. Ses propres croyances subissaient épreuves après épreuves ces derniers temps, et les Dieux de l’Olympe… Elle n’était pas sûre qu’Athéna ait entendu ses prières. Pas sûre non plus que la chouette sacrée vienne à ses côtés, mais il y avait du bon à cette alliance avec la Déesse égyptienne. C’était… c’était presque naturel pour elle. Alors elle se laissa emporter par les codes et les signaux du combat qu’elle assistait du mieux qu’elle pouvait.

Si bien que quand Anubis battit en retraite et qu’Isis reposa les pieds au sol, baignant dans sa lumière à la fois interne et externe et confirmant aussi leur victoire, Diana n’éprouva aucune surprise. Non pas par égo ou fierté mal placée, mais parce qu’il lui avait semblé qu’ils empruntaient le chemin destiné à Shiera et Carter. Leur présence, à elle et Ray Palmer, le parc qui leur servait de décor de fond même – absolument tout semblait avoir été placé là pour une raison bien précise. Et cette raison, dans la lumière d’Isis, c’était facile de l’imaginer être la victoire des Hawks. Enfin. Quand on baignait dans la divinité, il était plus aisé de … et bien, croire.

Elle accompagna Isis jusqu’au prêtre qui était désarmé et maintenant au sol. Recouverte de la poussière de l’armée d’Anubites qui était partie en fumée, elle récupéra son épée avec un regard noir en direction de la femme qui renfermait le cœur vile de Hath-Seth. Elle se tourna ensuite vers Ray et lui sourit, reconnaissante de s’être battue à ses côtés. Il était rare de rencontrer des hommes aussi déterminés et ingénieux que Ray, aussi bons et altruistes, mais c’était toujours un plaisir. Elle voulut le remercier, mais Isis se tourna vers eux et détourna ainsi leur attention.

Les mots qu’elle eut pour elle touchèrent Diana profondément. Elle inclina la tête en pressant son poing sur son cœur.

« Tout comme j’aurais été fière de me battre pour la Puissante Lionne d’Egypte, » répondit-elle en égyptien ancien.

Le reste ne lui appartenait pas, alors elle se contenta de servir de témoin à cette scène si spéciale. Ils avaient réussi. Ils avaient aidé à offrir un avenir à Shiera et Carter. L’espoir… l’espoir était si fort qu’il en était palpable, et Diana sut dès lors qu’à jamais elle se rappellerait de ces instants, qu’ils seraient, d’une certaine façon, toujours ancrés en elle. Quand Horus cria haut dans le ciel et qu’Isis s’extirpa sans un bruit du corps de Shiera, elle leva les yeux, pensant ainsi voir les deux divinités quitter ce plan d’existence, mais un mouvement attira son attention sur le côté et c’est alors qu’elle la vit. La chouette perchée au sommet d’un des rares arbres qui n’avaient pas été touchés par la violence de leur combat. Son cœur se stoppa net dans sa poitrine. Les deux yeux ronds de la chouette étaient rivés sur elle, profonds et inébranlables.

Pendant quelques courtes secondes qui lui parurent durer une éternité, Diana se plongea dans l’ambre doré de ce regard, prise d’assaut par des vagues d’émotions. Aide-nous, lui disait la Chouette. Crois en nous à nouveau, protège-nous… reviens chez toi. Et, prise de court, Diana ne pouvait que la regarder et l’écouter, le cœur gonflé dans la poitrine…

… Jusqu’au moment où elle entendit le cri de douleur de Shiera qui la ramena à la réalité. Elle se détourna, surprise, et quand elle jeta un regard par-dessus son épaule par réflexe, la chouette avait disparu.

Mais elle avait bien plus important à faire, de toute façon.

Ray avait déjà pris les devants, et c’était pour le mieux. Bien qu’elle ait été également entraînée par les guérisseuses de Themyscira, ces dernières avaient vu bien trop peu de grossesses pour en avoir transmis la moindre connaissance à Diana. Ray était l’homme de science et celui qui disposait des moyens et de l’aide nécessaire. Il avait d’ailleurs déjà dispatché certains de ses acolytes avec une urgence et une vitesse de réaction qu’on ne pouvait que louer.

« Que puis-je faire ? » demanda-t-elle, crispée par une inquiétude qui gagnait en force.

Elle avait fourni son armure à Shiera car elle croyait que cette dernière avait le droit de choisir de participer à la bataille autant que Carter.
Elle l’avait encouragée dans cette voie, lui avait apporté son soutien dans sa détermination à prendre sa décision seule.
Diana avait … elle n’avait pas Althéa. Elle en souffrait encore. Elle en souffrirait toujours.
Elle ne pouvait laisser la même chose arriver à Shiera.

« Hathor, » murmura-t-elle. Elle frôla les dessins à moitié effacés des yeux de chouette qu’elle avait sur son visage. Aucune déesse ne devait manquer à l’appel en ce jour. « Hathor, veille sur Shiera, je t’en conjure… »

Elle releva les yeux vers Ray.

« Il faut la bouger jusqu’au musée. Vite. »

Ce n’était pas un ordre. Pas même une remarque. Une demande, plus. Il était le seul capable d’agir.