L'As de coeur (Libre)

Alors que d'immenses navires conçus pour la guerre et les massacres glissaient dans le vide interstellaire vers notre House Sector en ruine, tout partait à vau-l'eau. Les évènements se précipitaient alors qu'un piège grossier s'était refermé sur nous. Chose que je haïssais par dessus tout. Barg, Aftermath, Lobo, peu m'importait finalement la liste, tous allaient avoir à m'expliquer deux trois trucs.

Soudainement, un flash lumineux et une déchirure. Une silhouette arriva parmi nous et déblatéra quelques paroles visiblement riches de sens, mais pour lui seulement.

Et une poignée de vilains en moins, une !

Je n'eus pas même le temps de réagir que notre visiteur repartait de plus belle avec deux criminels arrêtés plus tôt. Une caution... super. MA-GNI-FI-QUE !

Bon, ne restait plus qu'à laisser tout ce beau monde retourner sur Terre avec...

... un green Arrow qui décida de tirer un trait à sa façon sur mon injonction et s'installa dans le véhicule : direction le Remote Sector. Le Space Cabbie se réinstalla à son siège, conscient qu'il y avait une véritable tempête électrique entre la ferme résolution de l'archer et mon regard assassin.

Soudain, la House Sector fut secouée par un tir. Tir de semonce vus les bâtiments de guerre qui s'approchaient et l'artillerie qu'ils embarquaient. Les forces de Blackfire voulaient sans doute éviter de fâcher les éventuels Green Lantern qui se trouvaient là en disloquant leur commissariat spatial.

Plus de temps à perdre.

Je donnais un léger coup dans la vitre du conducteur pour qu'il parte, j'allais suivre en volant et lui dégager le passage au besoin.

Au moment où nous sortîmes, des chasseurs, légers et rapides, étaient déployés par les plus lourds tonnages de la flotte et commencèrent à converger vers nous...



Barrer Wot était à côté de moi, en smoking vert arraché, visage tuméfié. Son image trouble devint de plus en plus nette à mesure que mes esprits sifflants revenaient.

Vertigo, torse nu ricanait sur un rocher en applaudissant la mer qui léchait une plage de sable fin. L'eau était bleue, magnifique. Un vent iodé balaya les cheveux de Donovan qui était dans une tenue qu'un biker n'aurait pas renié, inconsciente. Un costume de panda pelucheux détrempé et déchiré par endroit reposait sur la plage non loin, à l'intérieur un Hilton commotionné. Le Gordanien, visiblement dans les vapes, pendait dans un arbre proche, sa puissante carrure sortant un peu partout d'un uniforme de garde d'une armée que je ne parvenais pas à identifier. Il grognait d'indistinctes paroles.

Arbre de type tropical en tout cas.

Mes oreilles hurlaient de douleur alors que l'une de mes mains prenait appui sur le sable jaune et chaud. Lopez, dans les vapes, se réveilla en sursaut lorsque l'eau vint refroidir les restes de sa robe de soirée dont dépassaient ses deux jambes masculines.

Kraken était allongé sur un rocher proche, encore dans le royaume de Morphée, dans une robe blanche digne de marylin monroe.

Une fois debout, je portais une main visiblement dans un gant blanc rendu poisseux par l'eau salé jusqu'à mon front. Mais qu'est-ce qui se passe ici ?

J'étais en queue-de-pie noir plutôt austère même si je sentais une partie de mon costume d'héroïne en dessous.

En retrait, je découvris Green Arrow vers lequel je m'approchai instinctivement. Je voulus ouvrir la bouche pour lui parler. Mais rien ne sortit. Il me fallut quelques secondes pour remettre de l'ordre dans toutes mes pensées. Pensées qui étaient bien moins complètes que je l'aurais voulu.

Je m'assis à proximité de lui et soupirai.

- Je me souviens de rien...

Et pourtant, loin de cet astre terrestre qui effectuait une rotation dans un univers indifférent à sa simple marche, aù-delà des limites que mêmes les téléscopes les plus perfectionnés de l'espèce humaine ne pouvaient atteindre, dans un chaos d'improbabilité et les écheveaux les plus étranges d'une géopolitique qui reléguait celle de l'Humanité à une querelle de voisinage, il s'était produit quelque chose.

Quelque chose qui perturba l'univers.

Quelque chose qui balafra la réalité.

Quelque chose dont ne gardions aucun souvenir...