Le mariage de Jessica Cruz et Ray Palmer [Jessica / Patty / Carter]

« Tu ne veux pas… » commença Sara, avant de s’interrompre et de conclure d’un vague geste de la main.

« Je ne veux pas quoi ? » demanda Jessica.

Elle se détourna du grand miroir qui occupait toute la largeur du mur des lavabos, dans les toilettes pour femmes de la marie d’Ivy Town. Elle était encore essoufflée à cause de ses explications déblatérées à toute vitesse quand Simon et Sara avaient débarqué ; mais pas seulement. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine et ses poumons n’arrivaient pas à contenir l’air qu’elle forçait dans sa trachée mais elle ne s’en formalisait pas.

Sara aussi avait l’air essoufflé, et comme c’était de famille, cela se traduisait par une légère roseur sur ses joues. Seulement, son manque d’air à elle s’expliquait par l’uniforme de football qu’elle portait toujours et par son allure échevelée. Quand Jessica avait demandé à Simon d’aller récupérer Sara et de venir à la mairie d’Ivy Town le plus vite possible, il l’avait sortie d’un match particulièrement intense (selon les dires de sa sœur) que ses coéquipières ne pourront pas gagner sans moi alors j’espère que tu sais ce que tu fais !

Mais c’était justement ça, le truc. Jessica savait parfaitement ce qu’elle faisait. Elle savait que les ecchymoses, résultats des attaques de Woodrue, sous son haut en coton continueraient à lui faire mal quelques jours de plus. Elle savait aussi que Simon faisait actuellement les cent pas de l’autre côté de la porte des toilettes. Elle savait que Sara désapprouvait, qu’elle ne comprenait pas. Elle savait qu’Ivy Town serait de nouveau attaquée, un jour. Elle savait qu’elle serait là pour faire face, cette fois-là et toutes celles qui suivraient. Elle savait que le monde serait en danger le lendemain, la semaine d’après, le mois qui viendrait… et elle savait qu’elle le défendrait aux côtés de Ray, de ses amis, des héros de la Terre. Mais plus que tout, plus clairement que le reste, elle savait, sans équivoque, exactement ce qu’elle faisait.

Sara continua la dévisagea un long moment, et Jessica la laissa faire, un léger sourire aux lèvres.

« Tu n’as pas peur ? » finit-elle par demander, d’une voix plus douce, presque hésitante.

Ah, devina Jessica. Elles s’approchaient du cœur du problème.

« Non, » dit-elle avec simplicité, car c’était tout ce qu’elle pouvait faire pour convaincre sa petite sœur.

Sara ne cessa pas de la dévisager pour autant, mais quand Jessica lui tendit son tube de rouge à lèvres, elle le récupéra sans broncher.

« Merci d’avoir pensé à attraper ton sac à main avant de te faire embarquer par Simon, » reprit Jessica. « Et merci de toujours avoir un rouge à lèvres sur toi, j’imagine. »

Sara laissa échapper un son qui tenait à la fois du grognement et de l’éclat de rire. Elle jeta un bref regard à son propre reflet, poussa un petit soupir et rangea son rouge à lèvres dans son sac, ce dernier posé sur le meuble à lavabos.

« Je te pardonnerai jamais pour la tête que je vais avoir sur les photos que tu prendras, mana, » grommela Sara.

« Je sais, » répliqua Jessica, tout sourire.

Elle tendit la main pour attraper celle de sa sœur qu’elle serra dans la sienne un bref moment avant de finalement s’écarter des miroirs pour se mettre en route vers la porte. Le rouge à lèvres faisait une jolie touche additionnelle à sa tenue – qui était le genre de tenue qu’elle portait tous les jours, ce qui faisait du dit rouge sur ses lèvres son seul accessoire en guise de mariée. Mais ça lui allait. La longue robe blanche qu’elle avait choisie serait prête pour la fête qu’ils feraient avec tout le reste des invités, un autre jour. Pour ce qu’elle était sur le point de faire, elle n’avait pas spécialement besoin d’un attirail particulier. Quand on parcourt des dizaines d’années lumières par minutes, qu’on sauve des planètes encore non répertoriée dans les bases de données de la NASA, on devient un genre de professionnel en ce qui concerne les costumes en tout genre, et on sait surtout, mieux que personne, quand il est important de ne pas en porter.

« Hey attends, » l’interpella Sara. Jessica se retourna vers elle, un sourcil haussé. « Tu… tu es en jean, Jessi. »

« Il te plaît ? C’est un des préférés de Ray. »

Sara reprit son examen intense du visage de sa sœur avant de se laisser aller à un nouveau soupir des plus dramatiques.

« Donne-moi encore cinq minutes avant de courir hors de ces toilettes et d’aller épouser l’homme de tes rêves, comme l’héroïne d’une comédie romantique stupide, tu veux ? Faut faire quelque chose avec tes cheveux. »

Et quelque chose dans la formulation de sa phrase, ou dans l’air complètement exaspéré et désespéré qu’arborait sa sœur fit éclater de rire Jessica qui, aux prises avec sa soudaine hilarité, subit remontrances après remontrances tandis que sa sœur essayait de la coiffer tout en la suppliant d’arrêter de bouger, estupida.



Cinq minutes plus tard (et pas une de plus), Jessica, ses longs cheveux ramenés en un chignon bas-tressé dans lequel Sara avait glissé les fleurs récupérées au parc, se tenait aux côtés de Ray. Elle était toujours essoufflée. Son cœur battait si fort qu’elle avait l’impression de manquer la moitié de ce que le Maire leur disait. Elle savait qu’elle le regretterait vaguement, plus tard, quand elle prendrait pleinement conscience de la chaleur de ce dernier et du discours complètement adapté à Ray et elle qui leur offrait, mais pour le moment, elle était bien trop prise avec son propre émoi pour penser à quoi que ce soit d’autre.

Tu n’as pas peur ? avait demandé Sara.
Et Jessica avait répondu, du tac au tac. Non.

Elle pensa à ce jour fatidique ou la fenêtre de son salon s’était brisé pour laisser entrer un anneau entouré de lumière verte et à la perte de contrôle qui avait suivi, à la terreur qui avait suivi.
Elle pensa aux bras de Ray autour d’elle tandis qu’il la soulevait dans les airs tout en essayant de la calmer, de la pousser à reprendre le dessus.
Elle pensa à Lyssa Drak et à la sensation de froideur qui s’était emparée d’elle quand elle avait compris qu’elle était en train de mourir.
Elle pensa à la première chose qu’elle avait vue, la première chose qu’elle avait pensé quand elle était revenue. Ray.

Tu n’as pas peur ?
Son cœur battait tellement fort. C’était à peine si elle arrivait à respirer, désormais.
Tu n’as pas peur ?

Ray prit la parole en premier et de nouveau, le cœur de Jessica s’emballa. Il manqua plusieurs battements, fit remonter une dose d’adrénaline bien trop importante dans son cerveau et poussa son estomac à se serrer et se tendre. Quand Ray vint chercher ses mains, Jessica les lui offrit sans hésiter. Quand il les serra, elle serra les siennes en retour, le tout sans jamais le lâcher du regard, parce que lui non plus ne la lâchait pas. Respirait-elle au moins encore ? Elle n’en avait pas l’impression parce que l’air lui manquait et sa poitrine était en feu.

Tu n’as pas peur ?

Elle se rapprocha légèrement de Ray quand il expliqua, d’une voix si douce et lourde d’émotions, celui qu’il avait été avant elle. Elle se rappelait, évidement, de leurs premiers échanges, des doutes, des angoisses, des regrets et de la culpabilité. Elle se rappelait de l’envie tellement prenante qu’elle avait toujours eu de se glisser toujours plus près de Ray, de faire de son espace vital le sien à elle également, histoire d’être mieux placée pour le défendre contre ce genre de pensées. D’être avec lui quand il irait mal. Que lui soit avec elle quand elle irait mal.

La voix de Sara résonnait toujours dans sa tête, mais elle avait pris un caractère presque générique désormais. Les mots étaient toujours aussi simples.
As. Tu. Peur ?

Elle écarta ses doigts de ceux de Ray, afin de pouvoir les enrouler autour de ses poignets et diriger ainsi ses mains vers sa poitrine, et elle les y serra-là, contre son cœur qui ne battait plus, elle en était convaincue. Il parlait comme il parlait toujours ; convaincu qu’il ne savait pas comment s’exprimer alors qu’il choisissait des mots avec une extrême justesse. Quand il se stoppa finalement, elle vit que lui aussi était à court de souffle et cela la fit sourire doucement, car si elle devait succomber à sa suffocation, tout sembler porter à croire qu’il la suivrait de lui-même.

Malheureusement, on ne peut parler si on ne respire pas, et elle devait parler. C’était son tour.
Elle ferma les yeux, amena les mains de Ray à ses lèvres et les embrassa en oubliant complètement le rouge à lèvres de sa sœur et l’empreinte qu’elle laisserait sur la peau de son fiancé. Elle entrouvrit ensuite les lèvres, inhala une bouffé d’air tremblante et rouvrit les yeux pour les relever vers ceux de Ray.

Elle s’y accrocha et y resta, sans faillir.
As-tu peur ?

« Je sais ce que c’est de se réveiller le matin et de ne pas réussir à sortir de son lit. Je sais ce que c’est de faire une crise d’angoisse à chaque bruit dans le couloir de son immeuble. Je sais ce que c’est d’oublier les jours, les mois, d’oublier le monde et tout ce qui n’est pas pensées, angoisses et terreurs. Je ne suis pas médecin, pas ingénieure ni encore scientifique de grande renommée… » elle s’autorisa un petit sourire. « … Mais je sais certaines choses. Grâce à toi, j’en sais bien d’autres maintenant. »

Elle serra un peu plus les mains de Ray contre sa poitrine.

« Je sais ce que ça fait, d’être tellement amoureux qu’on se réveille parfois en pleine nuit rien que pour avoir le plaisir de se rendormir dans les bras de l’autre. Je sais ce que c’est d’avoir juste envie d’exister, dans le calme et le silence, aux côtés de l’autre. Plus de pensées, plus de but, juste… Juste un même air à respirer et un même calme à apprécier. Je sais ce que c’est de voyager dans tout l’univers, de voir merveille après merveille et de penser que rien de tout ça n’arrivera jamais à la cheville de celui qui vous attend, à la maison. Mince, je sais même ce que c’est d’avoir un foyer, maintenant. »

Elle sourit et essuya machinalement la larme qui avait menacé de couler depuis le discours de Ray et qui s’était enfin laissée aller.

« Je sais ce que c’est de croire en un futur à deux, de vraiment y croire. D’en être persuadée, en fait. D’être convaincue que tant le monde tournera, je serai là, et toi aussi, et tout ira bien. Je sais ce que c’est de me réveiller et de ne pas réussir à sortir de mon lit… mais de ne plus être seule quand ça m’arrive. Je sais ce que c’est d’aimer, pleinement, sans ombre ou hésitation, sans… sans crainte. »

As-tu peur ?
Elle n’arrivait pas à respirer. Son cœur s’était transformé en lave dans sa poitrine, et pas besoin d’être docteur pour savoir que ça n’était pas normal. Tôt ou tard, le sang dans ses veines se transformerait en lave, et elle brûlerait sans aucun espoir de retour.
As. Tu. Peur ?

Elle dévisagea Ray, ses doigts serrés autour des poignets de ce dernier.

As. Tu. Peur ?
Non.
Ca n'était pas de la peur. C'était tout, sauf de la peur. Du bonheur. Juste... leur bonheur.

« Je sais ce que c’est… de ne plus avoir peur, » dit-elle finalement. Elle déglutit, et reprit. « Je n’ai pas peur, Ray. Ici, avec toi, je n’ai pas peur. »

Elle esquissa un petit sourire tremblant puis leva une main pour la poser sur la joue de Ray. Elle suivit avec son pouce le relief de sa pommette, et hocha doucement la tête.

« C’est oui, pour moi aussi. Ca a toujours été oui, et ça le restera pour toujours. Oui. Sans hésitation. »

Hawkman en avait connu des mariages au court de ses millénaires d'existences... Mais celui-ci devait bien faire parti des plus rapides et expéditifs. Au moins les vilains n'auraient pas eut le temps de préparer un sale coup et n'aurait donc pas le temps d'intervenir... Mais tout de même. A peine avait-il reçu le sms de Ray que Jessica était arrivée avec la criminologue amie du p'tit gars. Il avait juste eut le temps de laisser un mot à sa femme, qui était sortit promener Isis, pour expliquer son absence. Un mot écrit, les deux hawks avaient encore du mal avec les téléphones portables.

Jessica leur avait donc expliqué le topo en court de route... Ray et elle se préparaient pour le mariage qui devaient normalement avoir lieu avant de se faire attaquer. Cette attaque leur avait apparemment fait prendre conscience de la fragilité de l'existence, de la rapidité avec laquelle tout pouvait s'écrouler en l'espace de quelques minutes dans le monde où ils vivaient. Et ils avaient donc décidé de ne plus attendre pour vivre le plus beau jour de toute leur vie.
Merci les criminels ayant fait des leurs, faudrait-il supposer ?

-P'tit gars, tu peux te vanter de m'avoir pris par surprise sur ce coup. J'aime bien cette mairie en tout cas. Elle vaut pas certains bâtiments du vieux monde, mais elle est intéressante.

Hawkman avait discuté un peu avec son ami, vérifiant s'il était bien prêt. S'il était bien décidé. Et la réponse était oui apparemment. Il s'était donc contenté de rester à ses côtés et de veiller à ce qu'il ne parte pas dans une crise de stress comme on pouvait en avoir dans des moments aussi important. Et de faire semblant de se plaindre parce qu'il n'avait même pas eut le temps de se changer avant de venir.


Patty aussi n'avait pas eut le temps de se changer... En fait, elle avait tout juste eut le temps d'emprunter un rouge à lèvre à une collègue, et avait suivit Jessica et Sara dans les vestiaires pour dames. Elle était restée aux côtés de son amie jusqu'à ce que le moment vienne.

-Il n'y a vraiment que des héros pour pouvoir se permettre une chose pareille.

Elle aurait bien plaisanté sur le mariage entre Barry et Iris mais la tragédie qui avait suivit et l'état actuel du couple l'en empêchèrent. Mieux valait ne pas remuer les affaires tristes en ce moment joyeux. Les quatre témoins de ce mariage secret et surtout complètement improvisé se réunirent lorsque le moment fut venu pour les mariés de prononcer leurs vœux. Des discours pleins d'émotions, pleins de sentiments... Qui laissaient sentir le parcours très difficile, très douloureux de ces deux êtres qui avaient bien pataugé avant d'en arriver-là.
Et qui risquaient de le faire durant un bon moment encore.

Jessica et Ray avaient vécus beaucoup d'aventures, souffert tout autant et avaient même failli se perdre plusieurs fois... Mais ils avaient survécus. Ils avaient triomphé de tous les obstacles et avaient mérité le droit à ce bonheur fou et simple. L'émotion était palpable et s'était transmise à ceux qui participaient à l'événement. Même le maire semblait avoir du mal à garder sa contenance. Il finit par se reprendre d'une voix vibrante d'émotion.

-Vous... Vous pouvez vous embrasser.

Jessica ne lâcha pas la main de Ray quand il se rapproche d’elle pour l’embrasser. Elle ne la lâcha pas non plus quand ils durent s’écarter, forcés par les règles de bienséance, et encore moins quand ils se tournèrent vers leurs amis, le sourire aux lèvres.

Pour tout dire, elle ne lui lâcha pas non plus la main quand ils furent engloutis par l’embrassade de Simon, qui semblait avoir décidé d’arrêter de faire semblant d’être bougon, et qui maintenant se réjouissait plus bruyamment que Carter, Patty et Sara réunis. A une époque, il aurait détesté l’idée même que Jessica et Ray se marient. Mais, à une époque, il n’avait pas encore traversé l’univers tout entier à la recherche d’une légende pour ramener sa meilleure amie avec comme seul compagnon Raymond Palmer. Des liens avaient été forgés, et parfois, il aimait à faire croire qu’il aurait toujours les intérêts de Jessica à cœur, plus que quiconque d’autre, mais cette dernière n’était pas dupe. Le respect et l’affection que Simon ressentait pour Ray allaient bien au-delà des échanges de politesse. Mais elle appréciait, malgré tout, qu’il se laisse enfin aller sans complexe ni prétendu à cette amitié. Ce serait son cadeau de mariage, décida-t-elle tandis que Simon s’écarter pour ensuite reprendre Ray, et seulement Ray, dans ses bras.

Parce que oui, se dit-elle en baissant les yeux vers la main de Ray qu’elle tenait toujours fermement, ils étaient mariés.

Elle tourna la tête vers Patty et Sara et leur sourit, les yeux pétillants de bonheur. Elles auraient été superbes dans les robes de demoiselles d’honneur que Jessica leur avait choisi, et elles le seraient, quand ils fêteraient tous leur mariage, mais elle n’avait aucun regret. Les avoir à ses côtés, qu’elles soient en civils, en uniforme de foot, ou en robe de soirée, était tout ce qui importait.

« Félicitations, mana, » soupira Sara en prenant sa sœur dans ses bras.

Jessica glissa une bras dans son dos – un seul bras, car l’autre était toujours tendu sur le côté pour lui permettre de garder la main de Ray dans la sienne.

Il faudrait plus qu’une cérémonie réussie et une fête pour prouver à Sara que tout irait bien, que Jessica était sûre de ce qu’elle faisait, elle en était consciente. Elle ne pouvait le reprocher à sa petite sœur, pas quand cette dernière avait dû subir les années d’angoisses de Jessica, mais elle finit par la convaincre et la rassurer. Elle le savait. Tout irait bien.

Sara baissa les yeux vers les mains toujours liées de Jessica et Ray, puis releva la tête vers ce dernier. Un nouveau soupir suivi d’un sourire malgré elle plus tard et elle serrait ensuite Ray dans ses bras.

Mais Jessica ne lui lâcha pas la main pour autant.

Elle ne le lâcha pas, non plus, quand Simon les invita tous à aller boire un verre. Elle ne le lâcha pas quand les discours s’enchaînèrent, quand les éclats de rire augmentèrent en volume. Elle se servit même de son point de contact avec lui pour l’attirer vers elle un grand nombre de fois, la plupart du temps pour l’embrasser, parfois pour se blottir contre lui et aussi, une fois, un peu avant trois heures du matin, pour lui murmurer à l’oreille de regarder Simon et Sara. Les joues rosies par la chaleur du bar, les yeux brillants à cause de l’alcool et de la bonne humeur, Sara riait aux éclats, une main sur le bras de Simon tandis que ce dernier se tenait à son épaule à elle.

Tout cela passa si vite. La seule constante resta la chaleur de la main de Ray contre la sienne. Même quand les invités finirent par s’en aller, l’un après l’autre. Elle le tira à sa suite dans la rue, et ensemble, ils s’arrêtèrent au parc pour replanter les fleurs dans ses cheveux et enfoncer les graines offertes par Ivy dans la terre sombre et fraîche.

Ensuite, elle lui reprit la main.
Elle s’efforça de manger de la main gauche quand ils se décidèrent à un petit déjeuner aux aurores dans un dinner’s ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et franchement, elle n’était pas si mauvaise.
Et puis ça lui plaisait, de lui tenir la main, comme un couple d’adolescents.
Ca lui plaisait tellement que même après qu’ils soient rentrés dans l’intimité de leur appartement, elle continua.

Elle continua, jusqu’à ce que sa conscience ne s’effrite et qu’elle ne sombre dans le sommeil. Elle eut une dernière pensée claire et sensée avant de se laisser happer par l’obscurité dans leur chambre, alors qu’Ivy Town s’éveillait de l’autre côté de leurs murs.
Elle pensa…
Elle pensa, je lui tiendrai la main demain, encore.
Elle pensa, Madame Jessica Cruz-Palmer.

Puis, elle arrêta de penser.