Les bonnes personnes s'impliquent [pv Sideways]

Metropolis était une ville agréable. Malgré tout ce qu’elle subissait, les cataclysme et les destructions, Metropolis se reconstruisait, Metropolis rayonnait, mais surtout ses habitants gardaient espoir. Oui, Metropolis était une belle ville, et c’est probablement pour cela que les parents de Jon l'y avaient laissé vadrouiller avec Robin, préférant le laisser agir dans un cadre définis, plutôt qu’il le fasse en secret dans leur dos.
Il était évident que Jon avait besoin de connaître ses limites, de contrôler ses pouvoirs, mais surtout, d’être lui-même l’espace de quelques heures. Pour un enfant, devoir constamment brider ses capacités et se cacher aux yeux des autres était fatiguant. Même si dans un premier temps, le coup des lunettes et de la casquette l’avait amusé, très vite l’immense champ qu’ils avaient à Hamilton avait commencé à lui manquer. Pour Jon, ça avait été un des rares endroit où il pouvait être lui-même sans se soucier de rien. Metropolis était une ville incroyable, mais pour un petit garçon en manque d’espace, elle pouvait certain jour paraître étouffante et contraignante.

Est-ce à cause de ça que Jon avait accepté de suivre Robin, quand ce dernier avait proposé qu’ils aillent à Gotham ? Cela ferait un meilleur terrain d’entraînement, avait-il argumenté, quand Jon avait semblé indécis face à la réputation de la ville du Batman. Finalement, après un débat qui n’en avait pas vraiment été un – comme si on pouvait débattre avec Robin – les deux garçons s’étaient retrouvés à Gotham alors que la nuit finissait de tomber.
Jon était presque sûr qu’il aurait du envoyer un message à sa mère pour la prévenir qu’il avait changé de ville, mais il s’était vite ravisé en se disant qu’elle aurait pu lui dire de rentrer, et ce quand bien même il restait trois bonnes heures avant le couvre-feu. Oh, Lois allait le savoir, c’était certain. Sa mère savait toujours tout, c’était son "super-pouvoir" de reporter, disait papa, mais Jon préféra se dire qu’il aurait tout le temps de penser à ce problème plus tard. En vrai, même si Gotham l’inquiétait, le garçon était curieux de voir si il pouvait être utile à la "ville du crime".
... Un braquage plus tard, alors qu'il retenait la voiture des braqueurs de ses deux mains, Superboy eut sa réponse. Très franchement et avant ce soi, Jon ne savait pas qu’il y avait encore des gens qui braquaient des banques régulièrement, cela semblait tellement démodé à ses yeux et inefficace, qu'il n'aurait pas imaginé que c'était si fréquent à Gotham. Il faut croire que l’argent facile attirait toujours le mal...

Les occasions de faire quelques exploits ne manquèrent pas à Gotham, mais après une petite heure, les garçons firent une "Gargouille dog’s", ce qui consistait vulgairement à manger des Hot-dogs posés une gargouille. Oui, c'est Jon qui avait insisté pour donner un nom à ce nouveau "super" rituel, et tandis que l'un débriefait sur les dernières missions avec un sérieux protocolaire, l'autre adulait les hot-dogs et la variété incroyable de condiment qu'on pouvait manger avec...

C’est exactement à ce moment précis que le batsignal décida de s’allumer, sous le regard épaté de Jon qui en avala sa bouchée de travers. C'était la première fois qu'il le voyait si proche, et après avoir toussé son bout de pain mal avalé, il leva les yeux au ciel pour l'admirer.

Drôle de façon d’appeler un héros, quand même, pensa-t-il avec amusement, mais il fallait avouer que ça en jetait. Un instant plus tard, Robin reçut une transmission à son tour, et sans plus de cérémonie, décida de laisser Jon en plan, alors que ce dernier attaquait son deuxième hot-dog - parce que un, ça se mange beaucoup trop vite - le stoppant net dans sa tache. L'enfant aurait pu être surpris, mais ce n’était ni la première fois, ni la dernière fois que Damian l’abandonnait pour aller faire quelque chose de "plus important". Jon essaya bien de faire entendre qu’il pourrait l’accompagner, mais comme toujours, la jeunesse et l’inexpérience de superboy fut l’argument imparable pour décider qu'il valait mieux qu'il reste sur les missions de seconde, voir de troisième zone. Sur quelque chose de plus sérieux, au mieux il gênerait, au pire il deviendrait une cible. Débattre ne servait à rien, Jon savait qu'il disait vrai, même si cela lui en coûtait...
Malgré l’habitude, ça n’empêcha pas Jon de se rabougrir, vexé d’être ainsi mis de coté. Si Robin part c’est sûrement que c’est important, essaya-t-il de se convaincre, mais malgré tout, l’amertume resta. D’abord son père, maintenant lui. Allaient-ils tous le laisser en arrière sans lui demander son avis ?

Bon... Il ne lui restait plus qu’à rentrer à la maison. C’était la règle, Jon n’avait pas encore l’autorisation parentale pour jouer les héros en solo, aussi, sans la présence de son coéquipier, il ne se voyait pas rester à Gotham. Enfreindre une règle par omission était une chose, en enfreindre une délibérément en était une autre. Jon pouvait certes se montrer un peu bravade à l’occasion, mais pas à ce point. Pas envie d’être privé de sortie une nouvelle fois…

Certains jours, Jon avait l’impression que devenir un super-héros était à porté de main, qu’il pouvait sentir frémir du bout de ses doigts tout l’héroïsme qu’il rêvait de voir embraser sa vie. Mais aujourd’hui n’était pas un de ces jours, non, aujourd’hui était un jour où Jon allait encore finir sa soirée devant la télé, avachi dans le canapé. Au moins, ses parents n’étaient pas là ce soir, ce qui lui laissait l’occasion parfaite pour finir le pot de crème glacée que sa mère avait essayé, en vain, de sauver de son addiction au sucre. Maigre consolation, mais consolation quand même.

En parlant d'embrasement, quelque chose était en train d'arriver: avant qu’il n’ait atteint les limites de Gotham, une sirène de pompier attira l'attention de Jon, son ouie surhumaine la repérant à travers les bruits de la ville. Prenant de l'altitude en sautant en haut d'un immeuble, observant mieux la ville, cela ne lui pris alors pas longtemps à remarquer un immense nuage de fumée noire qui s’élevait de l’autre coté de la cité, tandis qu’une vive lumière brûlante éclairait le ciel de ses flammes. Un immeuble entier était en proie aux flammes.

Peut-être devrait-il y aller ? Gotham semblait déjà avoir sa pléthore de héros, pensa-t-il pour se refréner, en enfant sage... Cependant, quelque chose en lui disait qu’il devait y aller, qu’il devait agir. Superman ne disait pas que c’était là ce que faisaient les bonnes personnes ? Convaincu par lui-même, changeant de direction, superboy fit demi-tour et sauta - a défaut de voler - à toute vitesse vers l’épicentre du l’incendie bien décidé à faire son premier acte héroïque solitaire...
Plus qu’à croiser les doigts pour que sa mère ne l’apprenne pas.

Peut-être était-ce parce que son premier acte super ayant été d’ouvrir une poignée de portes à travers les flammes, mais Jon avait très vite développé une absence de peur face au feu. Pour autant, savait-il comment lutter contre un incendie ? Absolument pas, mais il avait déjà vu son père le faire néanmoins, et se disait, de fait, que ça ne devait pas être si compliqué d’absorber des flammes... Si ? Au pire, il improviserait une fois sur place, car il ne doutait pas que les occasions d’aider ne manqueraient pas.
Sautant de toits en toits et au-dessus de la ville, il ne fallut pas longtemps à superboy pour arriver sur les lieux de l’incendie, au même instant qu’une équipe de pompiers descendait à toute vitesse pour se mettre en place. A la vue de la panique provoqué par les flammes ardentes et le fait que le temps jouait contre eux, personne ne remarqua le gamin qui venait de se rajouter au secouriste.

« J’peux aider ? La petite main tirant sur son manteau fit tourner les yeux du pompier, qui fut surpris de voir un enfant présent si proche de l’incendie.
- Reste pas là petit, on s’en occupe, va te mettre à l’abri
- Mais je suis- » Cependant Jon n’eut pas le temps de finir ses explications, que le pompier le confia à un de ses collègues pour qu’on l’éloigne des lieux, continuant ensuite à s’occuper des flammes qui menaçaient la ville.
Il l’avait pris pour un simple enfant. Jon mentirait s’il disait que cela était la première fois que cela arrivait, mais force est de constater que Jon n’avait pas encore ce qu’il fallait pour que les gens comprennent en un instant qu’ils avaient affaire à un "super". De plus, le nouveau Superboy n’était pas encore très connu, surtout hors de Metropolis. Jon comprenait bien qu’il y avait sujet à méprise, mais tout de même… Que c’était frustrant.
Bon, il lui fallait revoir son approche.

Malgré le bruit de brasier qui grondait devant eux, Jon arriva à entendre, sa super-ouïe aidant quelque peu à cela, la discussion entre les pompiers arrivés en même temps que lui et leur chef. Restant derrière un des camions de pompier, ne voulant pas être repéré et une nouvelle fois amené loin de l’incendie, il se fit le plus discret possible. Heureusement, la pénombre l’aidait quelque peu.
« Quelle est la situation ?
- Pas bonne du tout, on n'a pas assez d’effectifs. Ce feu est clairement criminel, et il se propage vite.
- Des civils ?
- On a réussi à évacuer la plupart des appartements avant que les étages ne commencent à s’effondrer, mais il y a encore une famille bloqué au quatrième, on prépare le trampoline.
- Bien, je pense qu’on devr- » Mais Jon cessa d’écouter, ayant repéré l’information qui l’intéressait. Des civils étaient coincés dans ce brasier ? À peine entendit-il cette information que le jeune garçon releva les yeux vers l’immeuble en flamme, se concentrant pour essayer de localiser l’appartement de la femme du quatrième.
Son ouïe aurait pu l’aider à repérer sa cible, c’est vrai, il y avait trop de sources parasitaires, en plus du feu : les griffes d’un chien grattant désespérément une porte, les miaulements d’un chat apeuré et oublié, les couinements douloureux d’un chiot blessé. Il les sauvera tous, parole de Kent, mais avant tout, il devait trouver la famille coincée par les flammes. S’aidant de sa vision aux rayons X, il put ainsi scanner l’immeuble en faisant abstraction des flammes, et remarqua bien vite une silhouette d’adulte proche d’une fenêtre, de l’autre coté de l’immeuble. Bien, plus qu’à aller la chercher.

« C’est une mission pour superboy... » Dit-il à voix basse pour lui-même, tout en utilisant sa super-vitesse pour aller "discrètement" de l’autre coté de l’immeuble, dans une zone moins envahis de pompiers, histoire de ne pas être interrompu une nouvelle fois dans ses élans héroïques. Calculant rapidement sa trajectoire, pliant les genoux, plissant les yeux et tirant la langue dans l’effort, Jon s’élança pour atterrir au quatrième étage à travers une des vitres déjà cassées par les flammes. Bien, encore quelques instant et cette femme serait sauvée!
Jon n’eut pas le temps de le remarquer, mais alors qu’il s’élançait à travers les flammes, une équipe de journaliste venait d’arriver pour commenter l’événement en direct sur toutes les chaînes de Gotham...

Quand Jon parlerait plus tard de son exploit, expliquant comment il avait pu absorber des flammes pour la première fois, il décrirait la chose de la façon suivante « c’est comme le super-souffle, mais à l’envers. ». Certes, cela n’aida pas vraiment son auditoire à comprendre comment fonctionnaient les super-pouvoirs de l’enfant, mais superboy ne voyait pas réellement comment décrire cela autrement. Il l'avait fait, voilà tout.
Cependant, ses pouvoirs étant toujours aussi fluctuants, Jon réussit bien à absorber les flammes du couloir, mais pas celles de l’appartement. La porte était d'ailleurs bloquée, et Jon du utiliser un peu de sa super-force pour la forcer, ce qui, il le comprit ensuite, ne fut pas une très bonne idée.
La femme était là, proche de la fenêtre, un bébé pleurant serré dans ses bras. Au dessus-elle, une poutre ébranlée par la secousse qu’avait causé superboy s’apprêtait à tomber. Dans un réflexe purement idiot, Jon - pris de panique à l’idée que la femme se fasse écraser - décida de souffler sur la poutre. Cette dernière s’envola alors avant de perforer le mur qu'elle emporta dans sa chute, sous la forme d'une centaine de briques, qui allèrent s'écraser plusieurs mètres plus bas.
Inquiet à l’idée d’avoir causé des dégâts, le jeune garçon s’approcha du nouveau trou qu’il venait de faire pour regarder en dessous d’eux, et fut rassuré de voir que personne ne semblait avoir été écrasé par sa maladresse. D’ailleurs, tandis qu’il regardait en bas, Jon remarqua tout de suite quelque chose qui sortait de l’ordinaire, et qui lui semblait familier.
Mais un problème à la fois, d’abords, l’évacuation.

« Bon, au moins on a notre sortie. » Dit-il en se tournant vers la femme, un sourire gêné au visage, tandis qu’elle le regardait avec un mélange de stupeur et de soulagement. Il venait quand même de casser un pan de mur entier devant elle, Jon pouvait comprendre. « Je vais vous amener en sécurité, m’dame, v’nez ! » Tenant toujours fermement son bébé, la femme approcha, regardant avec intérêt l’enfant, cherchant sûrement à comprendre comment il comptait s’y prendre pour la porter, elle et son enfant...
Après quelques secondes d’efforts de la part de tout le monde - notamment pour ne pas s’appesantir sur le ridicule de la situation, tandis que l'enfant tenait dans ses bras une femme deux fois plus grande que lui - Jon sauta à travers le trou qu’il avait fait, pour tomber de nouveaux dans la rue de laquelle il avait été chassé quelques minutes plus tôt. Bien qu’interloqué de les voir là, l’équipe de secours furent réactifs et vinrent récupérer les victimes de l’incendie pour les amener près d’une ambulance de premier secours. Le regardant une dernière fois la dame, soulagée d'être saine et sauve, le remercia avant de disparaitre.

Maintenant que sa mission était achevée, Jon s’intéressa de nouveau à ce qui avait attiré son attention depuis la-haut, à savoir un portail ouvert en plein milieu de la rue, juste devant un adolescent en costume avec un tuyau de pompier. Jon connaîssait ce costume. Il ne l’a plus vue depuis un moment, mais leur rencontre fut bien assez marquante pour que Jon ne puisse pas l'oublier.
D’un saut, le voilà à côté de son aîné, qu’il regarde faire avec intérêt, des étoiles dans les yeux, comme à chaque fois que quelque chose de "super" se passait sous ses yeux. « Someway ! »… Non, un instant, ce n’était pas ça. Jon fronça les sourcils, fouillant dans sa mémoire et ses souvenirs pour se rappeler comment les autres héros l’avaient appelé. Il se rappela de la forteresse attaqué, de la panique, de la peur, mais il ne s’y focalisa pas dessus. Non, il chercha les silhouettes, pas celle de son père à terre, blessé, en danger, mais celles qui criaient le nom du héros pour attendre une action de sa part... « Midway ! » Non… Toujours pas. « Sid, mid... Bon attend. » Jon disparaît d’un saut, et revient à peine quelques secondes plus tard avec un chien légèrement roussi dans les mains, le posant à terre en enlevant de la poussière de briques sur son épaule. « Sidebar ? » Ah, il se rapprochait de quelque chose. Un chaton sortit des flammes plus tard il continua sa recherche. « Dis pas hein, j’vais m’en souvenir ! Speedway ? C’est pas mal speedway. Ca fait speed. C'est cool speed. » Jon avait l’impression d’être proche du truc, tout en manquant l’essentiel, tandis que le jeune chien qu’il venait de récupérer lui lèchait les mains. Jon lui le calina un peu avant de le donner à un secouriste. « C’est pas Seaway, j’en suis sûr, ça serait bizarre... » Murmura-t-il pour lui-même alors qu’il amènait son index replié devant sa lèvre inférieur, comme pour réfléchir. Ayant terminé le sauvetage des animaux en détresse, il prend un instant pour réfléchir Side... Oui, ça commencait par Side. « Sideway ? C’est ça, j’ai trouvé ?! »

« Wouah » C’est la seule chose que trouva à dire Jon, alors qu’il regardait l’immense portail qui venait de s’ouvrir, déversant bien plus d’eaux que n’auraient pu le faire les pompiers en toute une nuit. Le bruit est impressionnant, assourdissant. Le bois craque, mais ne cède pas, la pierre tremble mais tient bon. Les flammes en revanche, dans un crépitement écrasé par le torrent d’eau, rendent l’âme et laissent enfin le bâtiment en paix, sauvé, bien que quelque peu mouillé.

L’eau s’éleva en vapeur chaude dans le ciel de Gotham, tandis que les foules, amassées et attirées par l’agitation et l’héroïsme, vient regarder, en masse curieuse, l’événement. Certains prirent des photos, d’autres se contentèrent simplement de regarder, la bouche à demi-ouverte. Jon, lui, il exulta, tout simplement. « C’est trop génial ! » Il ne cache rien de son enthousiasme, trop admiratif de cela, alors qu’il sautille sur place, tout excité qu’il est par les démonstrations de pouvoirs de grande envergure.

La brèche se referme, et avec elle, l’intérêt du petit garçon pour le ciel s’amoindrit, et il se retourne vers le héros de la soirée, qui vient de lui faire remarquer, de la plus discrète des manières, un petit oubli. «Sideways-SssSss. » Répète Jon en tirant la langue sur la fin, un poil taquin, avant de rire lui-même de son erreur. « Je ne savais pas que tu étais à Gotham ! Je ne pensais pas que c’était ta ville. » Étrangement, Jon imaginait très peu d’autres héros - hormis les chauves-souris - vivre ici. Allez savoir pourquoi. Il y avait quelque chose en Gotham, peut-être dans son architecture, peut-être dans sa nature, qui aux yeux du petit garçon avait du mal à aller avec la mine amicale de Sideways. Si Jon imaginait très bien Damian être comme un poisson dans l’eau dans cette ville, tout comme le père de ce dernier, il avait l’impression qu’elle était rapidement suffocante, pour d’autres. N'était-elle pas "La ville où le crime ne dort jamais"? En quelque sorte, savoir qu'elle était sienne rendait Sideways encore plus impresionnant aux yeux de Jon, qui se demanda pendant un instant à quoi pouvait bien ressemblait la vie de quelqu'un, quand il grandissait à Gotham...

« Enfin, moi j’suis bien là et j’n’suis pas vraiment de Gotham. » Fit-il remarquer, comme si quelqu’un pouvait ignorer que superboy était forcément affecté à Metropolis. La ville de son père. « Ok j’habite à coté, mais bon… En vrai, tu sais, tout est de la faute de Robin.» Le drame, l'accusation. La vérité éclate enfin. « C'est lui, il voulait qu’on vienne ici, comme quoi c’est plus la vrai vie, parce que Metropolis c’est trop calme. Je lui ai dit que je sais pas si ma mère serait d'accord, mais il a insisté, comme quoi il fallait essayer différents types de terrains pour être un vrai héros, blablabla. Je pouvais que ceder, sinon il allait continuer comme ça toute la nuit. Il est devenu vachement causant depuis qu’on travaille ensemble. Papa dit que c’est positif, que c'est une "bonne" influence, mais on voit bien que ce n’est pas lui qui doit écouter ses monologues. » Metropolis? "Trop calme"? C’est assez ironique de dire ça d’une ville qui avait failli presque entièrement être rasée.

Jon croisa les bras, l’air un peu agacé, comme à chaque fois qu’il parlait de Robin. Qu’on se le dise, c’était son meilleur ami, à n’en pas douter… Pour autant, certains jours Jon aurait donné cher pour l’envoyer directement sur la lune d'un seul coup de poing bien placé. Sa mère disait que c’était le coté "bat" de la famille qui faisait ça, que son père s'était aussi beaucoup disputé avec Batman, avant qu'ils ne deviennent amis, mais que si son père avait appris à passer outre, elle ne doutait pas que Jon y arriverait aussi... Un jour. « Et puis voilà qu’il reçoit un appel "bat-urgent", comme quoi on a besoin de lui, et que je peux pas venir avec lui parce que "c’est pas une mission pour les enfants". On a que trois ans de différence. Trois! Il abuse, nan ? Moi je pense qu'il abuse. Il fait ça parce qu’il est jaloux, parce qu'en taille j'le dégomme. » Sur ce point, Jon n’en démordait pas: Damin faisait tout un fromage de trois années. Robin prenait un malin plaisir à lui rappeler que lui, il était un adolescent, tandis que Jon, n’était qu’un enfant. Foutaise, Jon avait bien regardé, il était pré-adolescent. Pré-adolescent ! Ce n’est plus être un enfant, enfin ! S'ils avaient ce débat régulièrement, Damian n'en restait pas moins intraitable à ce sujet, au point que cela commençait à ronger quelque peu Jon. Oui, il était jeune, mais n’était-il pas capable pour autant ? « Mais heu… Le truc, c’est que maman et papa m’ont demandé de ne pas partir jouer les héros tout seul. Et j’ai promis, tu vois, alors je ne peux pas faire autrement… Mais il reste deux avant le couvre-feu. Et c'est les vacances en plus... » Certes, il avait vu un incendie, et il avait foncé sur l’urgence du moment, mais maintenant que la situation semblait se régler, ses obligations morales se rappelaient à lui. Il avait promis, et Jon ne trahissait jamais ses serments, quand bien même ils l’embataient. Ce n'était pas une question de savoir si sa mère ou son père allaient le savoir - de toute façon, ils savaient tout - mais plus le fait que Jon ne voulait pas les décevoir. Il avait promis, alors il s'y tiendrait... Cependant, s'il y avait un tout petit moyen de contourner le problème, pourquoi ne pas tenter quelque chose? Il hésita un instant, se grattant la tête, tandis qu'il levait de nouveau les yeux vers Sideways.

L’air un peu gêné, la mine piteuse, Jon commençait à se triturer les mains pour cacher son stress. Non, Jon n'était en rien un manipulateur, et cela se voyait. « Alors heu… Et toi, tu fais quoi de beau sinon ? Tu dois te sentir seul dans cette grande ville. Le crime, les incendies, c'est beaucoup pour une personne et heu... Tu n’aurais pas besoin d’un peu de compagnie ?» Dit-il en souriant nerveusement de toutes ses dents. Au moins, il n'aura aucun regret : tout aura été essayé pour retarder l'inévitable retour à Metropolis.

Tandis que Jon négociait avec "tact" pour devenir le Sidekick - de deux heures - de Sideways, ses yeux furent interpelés par la masse de curieux qui continuaient à s’agglutiner autour d’eux, tout en gardant une prudente distance, comme s’ils observaient des bêtes sauvages qu’ils avaient peur de faire fuir. Ils avaient beau chuchoter dans un brouhaha intangibles, Superboy les entendait aussi distinctement que s’ils criaient.
Jon arrivait désormais à concentrer son attention, à n’écouter que l’essentiel, mais certains soir, quand la ville de Metropolis lui semblait hostile et que sa ferme lui manquait, cela semblait plus difficile. Le bruit, c'est la chose dont il avait le plus de mal à se faire avec les villes. Ça et les odeurs. Il y avait toujours trop de tout, et parfois, Jon avait juste l'impression qu'il suffoquait. S'il n'en disait rien, jouant les grands garçons, il ne se passait cependant pas un jour sans qu'il ne pense à Hamilton...

Néanmoins, comme son père lui avait appris - et malgré son malaise, - Jon prit le temps de sourire à la foule, l’air un peu pincé, avant de les saluer de la main, faisant s’exciter quelques flashs. Superboy deuxième du nom était encore très peu connu, et ses apparitions assez rares pour qu’elles attirent l’attention, manifestement… Certains avait bien lu dans la presse à super-héros que superman avait un fils, mais pour beaucoup, cela relevait encore du mythe. Un mythe qu’ils découvraient, doucement, et qui leur souriait avec toute la maladresse du monde…

Superboy avait encore quelque peu du mal à dissocier sa vie de tous les jours, celle de Jon, à celle qu’il menait sans ses lunettes et avec un super-sweat de héros. Le plus dur, avait été de faire attention aux noms de codes de chacun. Si avec son père, la question avait vite été réglé ("papa", ce n’est pas très indicatif), le problème c’était légèrement plus fait sentir avec Damian, qu’il avait à quelques occasions appelé par son prénom devant des ennemis.
Maintenant que l’affaire des noms de code commençait doucement, mais sûrement, à rentrer, restait tout le reste : Jon devait comprendre qu’il y avait certaines choses dont on ne parlait pas devant des caméras et une foule de yeux curieux braqués sur soi, un concept qui n’était ni habituel, ni simple à appréhender. Lâchant un petit « oups... » Il plaça une main sur sa bouche, comme pour se taire, tandis que son aîné ouvrait un nouveau portail d’un claquement de doigts, l’empruntant avec l’aisance de l’habitude. Cela devait être presque aussi commun pour lui que marche… À l’inverse de Superboy. La dernière fois qu’il en avait pris un, le petit garçon avait fini par rendre tout ce qu’il avait englouti avant d’arriver à la forteresse de solitude… Mais pour autant, et ne manquant pas de courage, Jon se décida tout de même à suivre Sideways.

Il n’a vomi pas.
Bon, il ne fut pas vraiment à l’aise avec le passage magico-techologique, mais au moins, cette fois-ci, il garda son hot-dog bien au chaud dans son estomac, ce qu le soulagea quelque peu. Savoir que quelque chose vous rend malade n’est jamais amusant, plus encore quand ça vous rend honteux devant d’autres personnes.
« Cool ! » Courant vers un des rebord du toit, Jon pouvait voir la scène où ils avaient été, il y a encore quelques instants. Le portail lui n’y était plus, mais la foule elle restait autour, surprise par ce rien, essayant probablement de le comprendre. Bon, peut-être que ça le rendait malade, mais la téléportation, ça restait trop cool, quand même...

Presque aussi vite qu’il était parti observer la scène, curieux, le petit garçon fut de retour auprès de l’adolescent, qui, les bras croisés, intimida un peu Jon, ce dernier retrouvant alors ses élans de malaise, tandis qu’il attrapait un bout de sa cape pour jouer avec, occupant ainsi ses mains. Il ne fallait pas grand-chose, en vérité, pour intimider Jon, avouons-le, et les adultes (ou presque adulte) y arrivaient en général sans trop de difficulté. Heureusement, le ton, plus doux, du héros calma un peu les tensions du plus jeune, tandis qu’il hochait de la tête, pour répondre par l’affirmatif aux questions qu’il lui posait.
Oui, il lui restait deux heures avant son retour...

Deux heures.
Généralement, le temps qu’il finisse ses devoirs – quand il ne les remettait pas à plus tard – et qu’il s’occupe de ses corvées – quand il ne les oubliait pas – Jon pouvait sortir sur les coups de dix-neuf heures, rejoignant ainsi Damian en ville, généralement à quelques immeubles de chez lui. Après quoi, les deux garçons pouvaient vaquer à leurs occupations de héros jusqu’à vingt-deux heures, ou Jon était attendu, tandis que Damian, lui, continuait sa vie nocturne à Gotham.
Si cela pouvait sembler peu, à regarder par des yeux d’adulte - et plus encore quand on se comparait sans cesse au fils de Batman - Jon trouvait agréable de pouvoir avoir un temps pour être lui-même, sans avoir besoin de se restreindre ou se contraindre. Depuis l’apparition de ses pouvoirs, tout était devenu plus compliqué, demandant plus de soin, plus de prudences. Avec la perte de la ferme et des espaces tranquilles et vides qui allaient avec, trouver un autre terrain où Jon pouvait s’épanouir et s’exercer était devenu primordial, plus encore alors que son aversion pour la ville continuait à le rendre ronchon depuis l’aménagement.
Certes, Jon avait accepté le déménagement bon gré mal gré, mais ce n’est pas pour autant qu’il aimait leur nouvelle vie. Il comprenait, il entendait les arguments de ses parents.. Mais Hamilton lui manquait. Tous les jours…
Cependant, parfois, plus encore lors de soirées comme celle-ci, le manque semblait presque s’effacer, au profit de la curiosité face à de nouvelles expériences. Au profit de la joie face à des nouvelles rencontres.

Enfin… "Nouvelles expériences", rien n’était assuré pour l’instant, car Sideways n’avait pas rien accepté, pour le moment. À vrai dire, il lui avait dit d’attendre, faisant languir sa réponse et depuis, il tapait sur son téléphone, tranquille. À qui est-ce qu’il envoyait un message ? À un autre coéquipier ? À son équipe ? Sans penser à mal de lui, Jon voyait très bien l’adolescent refuser la demande maladroite qu’il venait de formuler. Après tout, superboy s’improvisait dans sa soirée sans crier gare : il y avait tout de même de grande chance qu’il ait d’autres projets, des projets n’incluant pas la garde de mini-héros...
Heureusement, le faux supplice de Jon prit vite fin, alors que Sideways se mit à rire, faisant redescendre d’un cran la pression. Il acceptait. Il acceptait ! « Trop génial ! Je promets que tu ne le regretteras pas, on va trop faire une super équipe !» Disant cela, le voilà qui fait un saut de bien deux mètres, avant de retomber sur le sol, tout heureux comme un chiot découvrant un nouveau compagnon de jeu. Trépignant d’impatience, le voilà qui sautille presque devant lui, son impatience s’accentuant même à l’évocation de boissons en fin de soirée. « Tu crois qu’ils auront des smoothies ? J’en veux trop un à la banane. » L’affaire et doublement génial : d’un, il vient de gagner deux heures héroïques, et de deux, à la fin il aura même droit à une boisson.
Prends-toi ça dans les dents, Damian.

Soudainement, l’oreille alerte, le voilà qui tourne la tête à l’opposé de l’incendie, se figeant un instant, avant de pointer le doigt vers un parc un peu plus loin. « Ah là-bas ! J’entends quelqu’un qui demande de l’aide ! »Un sac à main à rattraper ? Un chat coincé dans un arbre ? Une petite vielle s’étant cassé la hanche ? Tout est possible, tout est imaginable, et c’est probablement pour cela que, beaucoup trop excité, Jon n’attend pas le top départ et bondit de l’immeuble, faisant un saut de géant à travers la ville. Certes, il ne vole pas, mais sa technique de saut de puce a été largement entraînée et améliorée. Saviez-vous qu’il peut désormais sauter au-dessus des immeubles??Non ? Alors il se fera un plaisir de vous le montrer. Encore. Et encore.
C’est qu’il est fier de ses progrès, le superboy.

Il n’avait suffi que d’un instant, une seconde d’inattention pour que le jeune garçon saute, disparaissant dans les airs à une vitesse et à une distance qu’aucun autre garçon de son âge ne pourrait atteindre, un grand sourire figé sur sa bouille de gamin s’amusant beaucoup trop, alors que le vent filant dans ses cheveux lui donnait envie de rire. Certains disaient qu’on pouvait s’habituer à tout, mais pour sa part, Jon restait toujours aussi grisé par ses compétences, du moins quand il pouvait les utiliser… Le reste du temps, il avait l’impression d’être un éléphant dans un monde de porcelaine à qui l’on demandait de jouer les souris. Difficile, faisable, mais difficile.

À peine superboy finit-il son petit saut à travers le quartier qu’un portail s’ouvrit à ses cotés, qu’un Sideways croisant les bras avec le plus de fermeté possible vint se mettre devant lui, lui rappelant que dans le principe de patrouille à deux, il fallait rester deux, et de surcroît attendre son partenaire. Gêné d’être pris ainsi en flagrant délit d’impatience, le jeune garçon ne cacha pas son embarras, alors qu’il passait une main gêné dans la tignasse – en pleine rébellion contre la gravité - lui servant de cheveux. Il était tout prêt à s’excuser platement d’ailleurs, ne voulant pas faire mauvaise impression, mais heureusement Sideways s’adoucit alors, cessant de le regarder de haut pour se baisser à sa hauteur, une position qui fit relever les yeux de Jon, qui les fixa dans le masque lui faisant face. Les Superways ? Voilà qui raviva un franc sourire sur le visage de superboy, alors que le nouveau nom que venait de trouver Sideways à leur équipe était répété en boucle dans sa tête pour voir s’il sonnait bien. « Désolé, les habitudes. Et Maintenant, les Superways en route par… Là ! »

« Et c’était trop cool quand t’as fait le truc avec les portails pour attraper le sac de la dame ! » La petite cloche à l’entrée tinta pour annoncer l’arrivée des deux héros, dont l’un, le plus jeune, ne semblait ni à court de mots ou d’énergie. « Riiift riiift et riiift encore et boom, le sac dans les mains de sa propriétaire, merci bonsoir, et hop rift qui dépose les vilains au CGPD. » Il ne se calma pas non plus quand il fut temps de commander devant le comptoir, s’arrêtant un instant pour dire un rapide « Smoothie à la banane s’ilvouplaitmerci !» avant qu’il ne continue à parler, ne semblant pas tarir d’éloge pour son aîné, bien qu’il fit l’effort de baisser un peu le timbre de sa voix pour ne pas déranger le patron du bar, continuant alors dans un murmure à peine étouffé, qui ressemblait plus à une voix basse. « C’est vrai que c’est quand même plus risqué Gotham, je ne pensais pas qu’on verrait quelqu’un essayer de voler une voiture, et le coup des braqueurs ! Ouais, Les braqueurs! Riiift bim bam, et un boom dans leur face, hop, je veux trop pouvoir faire pareil que toi! » Attrapant sa boisson, il attendit cependant patiemment que son ami ait récupéré sa - superbe - paille à poney pour avancer avec lui vers une table, continuant son sempiternel bavardage sur leurs exploits jusqu’à ce qu’ils aient trinqué et que, entamant de boire sa boisson, il se taise pour boire, enfin.

Profitant de l’occasion, Sideways prit à son tour la parole pour l’interroger sur ce que ça faisait d’être… Eh bien le fils de superman. Tout en continuant à vider sa boisson en une longue – très longue – gorgée, Jon leva un sourcil derrière son verre, regardant son ami, avant de reposer son verre – vide – dans une longue expiration. Non, il n’avait pas vraiment soif, mais c’était rudement bon et Jon était on ne peut plus gourmand… « Baaaaah, je ne sais pas. » Dit-il en haussant des épaules, profondément sincère dans cette réponse simple et dénudé d'artifices. « C’est mon papa, alors c’est difficile de le comparer avec s’il ne l'était pas, parce que… Bah, je n'ai pas d’autre papa. Après j’ai pas toujours su qu’il était superman, mais quand j’ai commencé à faire des trucs… Un peu spécial, j’ai compris, hein, alors ils ont tout dit. Ils ne voulaient pas me mentir seulement… Seulement que les choses restent simple le plus longtemps possible. » Le jeune garçon haussa des épaules, comme si cela ne le touchait pas, comme si cela ne le perturbait pas, alors que son regard fuyant disait tout le contraire, tandis qu’il posait sa tête dans une de ses mains, songeur. « J’veux dire, enfin si, c’est cool d’être son fils, méga cool même… Mais ça met un peu la pression, aussi, en fait. Tu vois, j’crois pas que j’puisse être un moins bien que lui. C’pas tant la sensation que mes parents attendent ça de moi, mais… Mais le monde, les gens… J-je ne sais pas. » En vrai Jon avait souvent peur. Il faisait beaucoup d’erreurs, des erreurs qui parfois étaient filmés, des erreurs graves mêmes, qui auraient pu coûter la vie à d’autres, s’il n’avait pas eu la chance de recevoir l’aide ou le chaperonnage d’autres héros. Il faisait de son mieux, c’est vrai. Et était entouré, c'est vrai... Mais parfois, ce n’était pas assez. Parfois, à vouloir trop bien faire, il faisait mal, et alors, il ne savait plus comment réagir, ayant trop peur de décevoir ses parents pour en parler. C’était tellement plus gratifiant de réussir que d’avouer avoir échoué. Est-ce que superman échouait, lui ? Jon n’en avait pas l’impression, en tout cas. « C’est un truc de porter ce symbole, en vrai. Beaucoup de responsabilités, je crois. J’sais que p’pa et m’man font de leur mieux pour que ça ne se sente pas trop, mais on sait tous les trois que ça arrivera plus tôt qu’on le voudrait. Parce que c’est comme ça, hein ? On est des héros, toi, papa ou moi, non ? Comme dit toujours papa, "les bonnes personnes s’impliquent". Alors on a plus qu'à s'impliquer à fond, hein? » Dit-il en relevant la tête, un brin fier en faisant un grand sourire, retrouvant presque aussi vite sa bonne humeur intarissable.
C’était inévitable, oui, c’était une question d’héritage, bien sûr, mais de moralité surtout, d’éthique. Jon devait être un héros, pouvoir faire ce que les autres ne peuvent pas faire, porter sur ses épaules le poids d’un monde pour que chacun puisse dormir paisibles, en paix, car c’était un poids qu’il pouvait porter, qu’il pouvait endurer, pour que d’autres n’aient jamais à le faire. Jon n’arrivait pas encore vraiment à conscientiser totalement cette idée, qu’il laissait n’être qu’un futur assez lointain et imagé de bonne grâce. Mais il le savait là, non loin de lui...
Restons encore un peu dans l’enfance, juste un peu, avant qu’elle ne cesse pour de bon.

Jon écoutait avec intérêt, tout en avalant par gorgée régulière son smoothie, essayant de faire durer le plaisir le plus longtemps possible, tandis qu’il écoutait les conseils de son nouvel ami, Sideways, riant naïvement à sa blague sur son débit de parole.

C’est vrai qu’ils n’avaient pas le même chemin à parcourir. Là ou Jon allait devoir apprendre à se détacher de l’ombre de son parent tout en ne pouvant nier son héritage, Sideways était… Unique. Jon aussi, dans sa condition de métisse, mais tel qu’il se ressentait depuis plusieurs mois, à devoir contrôler chacun de ses mouvements avec précision pour ne pas briser quelque chose, ou quelqu’un par erreur, à devoir faire attention avant de traverser non pas pour lui, mais pour la voiture… Oui, Jon était désormais chargé de son héritage Kryptonien, et si c’était un honneur, cela n’en restait pas moins un fardeau, certains jours… Mais pas des jours comme celui-ci, pas quand cela lui permettait d’apprendre de nouvelle chose, de comprendre ce qui se cachait derrière le symbole et qui était plus important que tout. Avant d’être super, boy ou man, Jon devait simplement apprendre à être Jon, un enfant de valeur, un homme d’honneur. D’abord le cœur, ensuite la tête. Maintenant, il lui fallait atteindre une certaine maturité qui ne pouvait pas attendre le nombre de ses années, hélas.

« Tu sais, j’suis quasi sûr que papa voudra bien te donner un S si tu le voulais, comme ça, on oublierait plus de t’appeler Sidewayssssssssss. » Ajouta Jon en riant dans son verre, finissant sa boisson par la même occasion, avant que ses yeux ne se posent sur l’horloge du restaurant. Plus que quelques instants et l’horloge sonnera son glas. Jon soupire, un peu frustré par les limites de son âge et de ses parents, mais il s’y plie quand, même, finissant son smoothie banane, en un instant, avant de se tourner vers Sideways, un peu timide. « J’espère qu’on se reverra à l’occasion hein, envoi moi un message sur instagram si jamais, moi, c’est Superboy_deux. » Dit-il en se levant à toute vitesse, faisant un rapide au revoir à son ami, au barman, avant d’ouvrir la porte et de disparaître dans la nuit en quelques sauts de puces, traversant la distance entre Gotham et Metropolis, arrivant ainsi juste dans les temps, alors que pointait vingt-deux heures, la maison familiale ou sa mère l’accueilli en le félicitant, tandis que son père… Tandis que Superman était encore occupé à sauver le monde.
Un jour, peut-être que les rôles s’inverseront, et ce jour-là, est-ce que son père sera aussi fier de lui que Jon l’était d’être son fils ? Probablement que cette réponse se trouvait dans le fond des prunelles d’un père inquiet mais heureux de voir son enfant s’épanouir.