« Guilty of Madness » ft. Ray Palmer

_____En mettant les pieds dans cette académie, je savais que l’accueil serait mitigé. Je connaissais ma réputation en Amérique et le mandat d’arrêt qui planait au-dessus de mon crâne. Quand je suis revenu chez moi, je savais que mon innocence serait compliquée à prouver. Certains ont pensé que j’avais collaboré de mon plein gré, d’autres ont suggéré la folie, je ne pouvais pas les blâmer. La vérité est compliquée à entendre. Tôt ou tard, je finirais par leur faire entendre raison, à prouver mon innocence.
Avant de trouver ces preuves, il a fallu que je trouve un refuge, un endroit où même les autorités ne penseraient pas fouiller. John Constantine est arrivé au bon moment pour me proposer son aide. Quand j’y repensais, je me demandais même si la coïncidence n’était pas trop grande. Il m’avait offert l’endroit idéal pour me protéger et protéger les autres du démon qui vivait en moi, Amy. Ces techniques de méditation semblaient plutôt efficaces pour m’aider à reprendre le contrôle de mon corps. Derek a rapidement pris la suite en m’apprenant à me battre et à contrôler mes pouvoirs grandissants.

C’est là qu’il m’a proposé de rejoindre la Justice League Academy. Au début, je ne me sentais pas prêt à faire face au monde. J’ai conscience des actes qu’Amy a commis à travers moi, même si je n’en garde aucuns souvenirs. Je partais déjà avec un handicap en étant le fils de Deathstroke mais le simple fait d’être en plus un collaborateur du régime de Degaton aurait probablement souillé la réputation de l’Académie avant même qu’elle n’est vu le jour.
J’ai pourtant saisi cette chance, j’ai tâté le terrain, à de nombreuses reprises. Je me suis fais le plus discret possible tout en restant entouré par des personnes de confiance. Je ne m’attendais pas à une intégration aussi réussie, même si je n’étais pas l’élève le plus présent. Je ne vivais pas là-bas, je m’y rendais lorsque j’étais certains d’être maître de mon propre corps. Même si aucune personne ne s’était réellement opposée à ma présence dans les salles de classe, je les sentais. Les regards mauvais à mon égard, les quelques bousculades dans les couloirs, je ne leur en tiens pas rigueur. J’aimerais clamer mon innocence mais mes mots ne sont pas assez forts pour compenser les actes que j’ai commis en Europe.

J’ai ignoré et pour limiter les dégâts, je rarifiais mes passages à l’académie. L’isolement me gave mais c’est ce que qui maintiens ma pseudo liberté. Cela faisait bien une semaine que je n’avais pas pointé mon nez à l’académie. La Maison des Mystère me facilitait le trajet, y sortir ne me fera pas de mal pour la journée. Je me suis levé du mauvais pied ce matin, victime d’un énième cauchemar, des brides de souvenirs qui me tourmentaient à chaque fois que je voulais me reposer.
La matinée a commencé par un cours théorique. Jusqu’ici, je n’avais pas encore croisé de visage familier. Je pouvais déjà m’estimer heureux qu’Amy n’est pas encore ouvert sa gueule aujourd’hui, c’était même très surprenant de ne pas l’entendre juger mes moindres faits et gestes. Cet endroit te représente bien, Joseph. Tiens, en parlant du loup. … chiant comme la mort. Je l’ai ignoré, essayant de garder ma concentration sur le cours, mais Amy ne semblait pas vouloir rester une seule minute de plus dans cet amphithéâtre.

Les contractions musculaires, les mouvements incontrôlés du démon qui profitaient de mes moments de distraction pour me prendre par surprise. Ma décision de rester à l’académie semblait le contrarier et il le faisait savoir. J’ai essayé de maintenir mes positions, gesticulant sur ma chaise. Mon crayon se promenait entre mes doigts avant de se briser en deux suite à une perte de contrôle. En sentant que ce connard n’allait pas me lâcher, j’ai saisi mon sac avant de quitter rapidement la classe, sans discrétion. J’ai au moins essayé de ne pas claquer la porte trop brutalement derrière moi.

C’est bon ? T’es content ? T’as fini de pourrir mon existence ? Pas de réponse, je parcourais les couloirs du bâtiment, accélérant le pas tant qu’il n’y avait encore personne. Ma bonne conscience me suppliait de rentrer avant qu’il ne fasse du mal à quelqu’un mais je ne voulais pas perdre ce duel entre lui et moi. Je me suis arrêté, à proximité de mon casier. Là, j’y avais stocké mes médicaments. La plupart sont des antidouleurs de différentes marques, plus ou moins efficace et plus ou moins addictif, le reste était des neuroleptiques, ultime recours en cas de perte total de contrôle. J’ai attrapé la première boite d’antidouleur pour la glisser dans mon sac. J’ai hésité plusieurs secondes avant de prendre une seconde boite…

« Il paraît que le fasciste fait l’école buissonnière. » J’ai sursauté, la boite s’est décidée à m’échapper des mains pour venir s’effondrer sur mes baskets et répandre son contenu sur le sol. Agacé, j’ai claqué la porte de mon casier pour finalement observer mon interlocuteur, Hank Hall, un ancien membre des Titans. Nos routes se sont rarement croisées mais je savais qu’en tant que fils de Slade, il ne pouvait pas m’encadrer.

« Pas le temps. » signais-je froidement. Je sais qu’il ne comprenait probablement pas ce que j’étais en train de dire alors autant ne pas m’épuiser à signer des phrases inutilement. J’étais déjà assez agacé de voir mes gélules piétiner par ces bottes. « Dois y aller. » J’aurais pu prendre le temps de les ramasser mais je sentais à travers cette voix menaçante qu’il ne fallait pas que je traîne davantage. Sa main s’est brutalement collée à ma poitrine pour m’arrêter dans ma tentative peu subtile de fuite.

« Les gens sont peut-être dupes, mais il ne faut pas me prendre pour le dernier des tocards. Tu reviens comme une fleur après avoir massacré des innocents en plaidant la folie et tu espères qu’on va te croire ? »

« Pas fou. Tu ne peux pas comprendre. Plus compliqué. Lâche-moi » Comme si mes mots avaient la moindre importance pour lui. Je ne sais même pas s’il les comprend, alors j’ai répondu en le forçant à retirer cette main de ma poitrine. Un pas sur le côté pour me dévier de son chemin, il fait de même. J’ai essayé de garder mon calme.

« Ils t’offrent le bénéfice du doute, mais pas moi. As-tu au moins le moindre remord ? Tes nuits sont agitées, tu ne dors plus ? Mon pauvre chou. Heureusement que Derek est là pour te tenir la main. »

« STOP. Ne veux pas parler avec toi. Tu ne comprends rien. »

« Après tout ce que tu as fait, à San Francisco, en Europe, Raven n’aurait jamais dû te ramener à la vie. T’aurais dû rester empaler par la lame de ton connard de père. »

La goutte d’eau qui fait déborder le vase et me voilà en train d’écraser mon poing au visage d’un ancien collègue. Il avait attendu cela, que je porte le premier coup pour pouvoir répliquer. Très vite, c’est mon impulsivité qui prend le dessus et j’ai enchainé les attaques en oubliant les hématomes qui teintaient ma peau pâle, un cadeau qu’Amy m’offrait chaque matin.
J’étais devenu une putain de machine en pilotage automatique, écrasant mes poings et mes coudes sur sa face et ses clavicules. Plus fort. La vue du sang qui s’échappait de ses narines ne m’avaient pas ralenti pour autant. Sa masse musculaire était bien supérieur à la mienne et lorsqu’il écrasa involontairement son pied sur une partie de mon corps déjà blessé, mon corps s’est mécaniquement plié en deux par la douleur. Fais lui payer son affront. Cette dernière n’avait pas réussi à me ramener à la raison, j’en avais même profité pour lui foncer dessus et le plaquer brutalement au sol. PLUS FORT. Même après avoir pris le dessus sur lui, mon calme n’était pas réapparu et je laissais toute ma haine s’exprimer en écrasant mes jointures sur son visage jusqu’à le repeindre de sang. Tue-le. Mes mains ont commencé à entouré sa gorge. Avais-je réellement conscience de ce que j’étais en train de faire ? Serre fort.

_____J’ignore jusqu’où j’aurais été capable d’aller. Après l’avoir immobilisé avec le poids de mon corps, mes doigts entouraient sa gorge et refusaient de lâcher prise. Mon attention était tellement focalisée sur Hank que je n’avais même pas remarqué cette foule qui commençait à nous encercler pour nous improviser un ring en plein milieu du couloir. Je l’ai senti se débattre, ses jambes se tortiller sous les miennes. Ses poings se sont écrasés sur mes bras pour tenter de se libérer la gorge. Sa respiration était de plus en plus difficile, je pouvais sentir ses voies respiratoires se boucher par la force de mes doigts.
Une force invisible m’a projeté à plusieurs mètres. Par reflex, j’ai lâché prise pour éviter d’emporter la tête de Hank dans ma course. Les spectateurs se sont reculés au dernier moment pour ne pas faire obstacle à ce vol plané. J’ai atterri, le cul par terre à plusieurs mètres de mon adversaire. Ce violent coup a finalement fait obstacle à cette rage qui me contrôlait. La douleur s’est progressivement réveillée. D’abord au niveau de mes jambes, elle a fini par remonter pour parcourir mes côtes, mes épaules puis mes bras.

En me redressant doucement, quelques gouttes de sang se sont échappées de mes narines pour tâcher le sol du couloir. C’est là que j’ai pris conscience de la puissance de Hank et les dégâts qu’ils avaient causé à mon corps, comme si les altérations provoquées par Amy ne me suffisaient pas. J’ai pris plusieurs secondes supplémentaires avant de me redresser. Mes yeux se sont arrêtés sur Ray Palmer qui était probablement le responsable de cette brutale séparation entre Hawk et moi.

« C’est pas fini. » protesta Hank en me pointant du doigt de manière menaçante. J’ai eu le temps de me redresser sur mes deux jambes et de répondre par un petit geste de la main provocateur, taquin. Il ne me faisait pas peur. Ce crétin n’avait même pas besoin de comprendre le langage des signes pour en comprendre la signification.

Les élèves se sont dispersés, Hank a tourné les talons, il ne restait plus que le directeur des lieux, Ray Palmer. Malgré le mouvement de foule et le chaos que je venais de générer, volontairement ou non, je n’ai pas senti le moindre sentiment de colère ou de mépris à mon égard. Je ne m’attendais pas à ce sourire qui se dessinait sur son visage. Il m’invita à rejoindre ce couloir futuriste pour m’emmener à l’infirmerie. J’ai passé le plat de ma main au-dessus de mes lèvres pour ralentir la cascade de sang qui s’échappait de mon nez.
Sans me poser davantage de questions sur les intentions de Ray à mon égard, je lui ai emboité le pas après avoir ramassé mon sac à dos. Tu n’as même plus besoin de moi pour te mettre dans une mauvaise posture. Le silence s’était installé dans ce couloir qui me semblait presque interminable. Entre quelques pas, ma main encore libre s’est glissée dans la poche de mon pantalon pour en sortir mon téléphone. Celui-ci avait résister sans mal à la bataille pour faciliter la communication entres nous. Que va-t-il advenir du pauvre Joseph Wilson ?

« Ce n’est pas nécessaire. » La voix s’échappait des haut-parleurs du téléphone, une voix synthétique mais assez naturelle. « D’ici quelques heures, la plupart de mes hématomes auront disparu. »

Cadeau de Papa, la régénération. La mienne n’est pas aussi efficace que celle de mon géniteur mais elle m’a permis de survivre à la puissance destructrice de mon démon intérieur. J’entendais ses paroles, mais répondre à ses provocations ne fera que l’encourager à pourrir mon existence. Mes yeux se sont baissés quelques secondes pour observer l’état de mes jointures, griffées, éraflées et brûlées, démontrant toute la rage exprimée derrière ce combat. Je ne vais pas m’inventer des excuses. Ray ne cherchait pas à en savoir plus, pour l’instant mais je savais que, tôt ou tard, on aurait cette discussion alors j’ai préféré prendre les devants.

« Ce n’est pas Hank qui a commencé, c’est moi qui l’est frappé en premier. » avouais-je. « Je n’ai pas aimé la façon dont il m’a traité, je me suis emporté. S’il devait y avoir sanction, j’en prendrais l’entière responsabilité. »

Quel saint ! Encore un énième sarcasme. Non, je ne cherchais pas à me faire passer pour un martyr, ni un saint. J’avais pleinement conscience de ce que j’avais fait, j’ai laissé la colère qui m’habitait s’exprimer, avec les conséquences qui vont avec. Si c’était à refaire, je le referais surement.

« J’ai conscience des efforts que tu fais à mon égard en me laissant entrer dans ton établissement. Je sais que ma réputation est probablement la pire de l’académie et que ce que j’ai fait ne va en rien l’améliorer, je n’ai juste pas aimé la manière dont il m’a traité. »

_____Ray Palmer a des yeux partout, j’avais presque l’impression qu’il avait été témoin de la scène bien avant que la bagarre ne commence. Il savait que j’avais porté le premier coup et pourtant, je ne décelais pas la moindre colère à mon égard. Hank m’avait provoqué, j’ai frappé et je me suis acharné. Tôt ou tard, il y aura sanction mais le directeur de l’académie préférait pour l’instant panser mes plaies. Ce petit moment de tranquillité m’avait permis de faire redescendre la pression.
Une fois avoir atteint l’infirmerie, mes yeux se sont baladés sur chaque recoin de la pièce. J’avais suffisamment confiance en Ray pour savoir que ce n’était pas un piège, pourtant ce reflex me hantait. Même si ce dernier savait que j’étais capable de me régénérer, il n’avait nullement envie de me laisser saigner. J’ai saisi les compresses pour m’occuper de mon visage. J’ai suivi ses ordres, je me suis installé sur la chaise à côté de moi sans poser davantage de question. J’ai laissé mon sac s’adosser à l’un des pieds de la chaise avant de voir Ray s’installer à côté de moi pour commencer à me soigner.

« Je sais, je n’aurais pas dû m’acharner. Je ne sais pas ce qui m’a pris. » Bien sûr, j’ai regretté mon acharnement, mais je ne regrettais pas encore le premier coup que je lui ai porté. « Hank ne m’a jamais réellement apprécié, quand je suis rentré dans les Titans. Après tout, je suis le fils de Deathstroke. » Mais ce n’était pas réellement ça qui a déclenché cette bagarre.

Je me suis accordé quelques secondes de silence, mon téléphone se débrouillait bien pour retranscrire mes pensées. J’ai observé Ray qui commençait à panser mes blessures et je l’ai aidé en écartant les manches de mon t-shirt pour en dévoiler d’autres. Certaines venaient de ma bagarre avec Hank, d’autres étaient un peu plus vieille et était déjà en cours de guérison. D’autres blessures se trouvaient encore sous mes vêtements, j’ai arrêté de les compter. C’est à croire que j’étais victime de violence constante à la Maison des Mystère ou à l’académie. Je n’osais même plus me regarder dans le miroir dans cet état.

« J’ai un mandat d’arrêt contre moi pour crime contre l’humanité, j’ai attaqué la ville de San Francisco juste avant, j’ai été traité comme un malade mental, beaucoup pensent que je suis assez cinglé pour collaborer volontairement avec Degaton et son régime. » J’ai levé mes yeux vers Ray. « Je ne sais pas quel est ton avis sur cette histoire, mais Hank avait un avis bien tranché sur celle-ci. » J’ai laissé échapper un soupir. « Il m’a traité de fasciste, il m’a bien fait comprendre que je n’aurais jamais dû revenir d’entres les morts, que je n’avais causé que du mal autour de moi avec cette deuxième vie. Ça m’a mis hors de moi et j’ai frappé. »

Je ne perdais rien à jouer carte sur table avec Ray. Si je n’en parlais pas au directeur de l’académie lui-même, alors à qui pourrais-je me confier ? Être dans cette académie était une sorte de chance pour moi, une façon de montrer aux autres héros que je n’étais pas un héros déchu qui a simplement perdu la tête. Malheureusement, je venais probablement d’empirer ma réputation en répondant par la violence. Sur l’instant, c’était extrêmement satisfaisant de lui éclater la gueule, mais les conséquences seront probablement terribles.

« Ce que je veux dire c’est que… le simple fait de n’avoir aucune preuve de mon innocence dans cette affaire me pèse depuis tout ce temps. Certains comme toi, mon colocataire, mes anciens partenaires arrivent encore à me croire. Pour les autres, c’est une autre histoire. Je savais que cette situation arriverait, tôt ou tard mais je ne pensais pas être habité par autant de colère. » J’ai laissé échapper un soupir. « Je sais que j’ai fais du mal à ces gens, directement, indirectement. J’ai tué, j’ai lavé des cerveaux mais je ne me souviens de rien. Pourtant… toutes les nuits j’en fais des cauchemars sans exception. Tout ça… ne m’aide pas réellement à contenir toute ma rage, voilà ce qui se passe. » J'ai laissé échappé un sourire légèrement moqueur en prévoyant ce qu'il allait dire quant à mon état. « Je sais, je me régénère mais mes blessures arrivent plus vite que la guérison. C'est moche, hein ? »

_____Les gestes du professeur Palmer était calme et plutôt bien maitrisé. Je ne ressentais pas la moindre douleur lorsqu’il pansait mes plaies. Durant les quelques secondes de silence, je l’ai regardé faire, limitant mes mouvements pour ne pas le déranger dans sa tâche. Ces paroles se montrent aussi très rassurante autour des héros et de leurs bavures. Il me rappelait que personne ne pouvait être parfait, même pas les héros qui peuplaient ce monde. Au fond, je savais que rien n’était perdu, que je pouvais encore rattraper mes erreurs et prouver que je n’étais pas ce que les médias prétendaient.
Un léger sourire, se dessina sur mon visage, un symbole d’espoir. Le fait de me confier à Ray Palmer semblait m’avoir fait plus de bien que je ne l’aurais pensé. Je l’ai écouté sans l’interrompre et j’ai vite compris qu’il avait déjà traversé cela, bien avant moi. Peut-être même qu’il s’était mis à ma place quand tout m’est tombé dessus et que c’est pour cela, qu’il m’a ouvert les portes de son établissement. Malheureusement, ma bagarre avec Hank et mon comportement l’avait probablement déçu.

« J’aimerais pouvoir me pardonner de tout ça, si seulement j’avais le moindre souvenir de ce qu’il s’est passé là-bas. » J’ai baissé légèrement les yeux, comme pour chercher des brides de mon histoire en Europe. Malheureusement, même les souvenirs de mes cauchemars se sont estompés aux fils de heures. « Je ne sais pas à quelle échelle j’ai causé du tort, comment, combien de personnes. Sont-ils encore en vie, à quel niveau ai-je détruit leur vie ? J’ignore si je dois prendre mon amnésie pour une chance ou une malédiction. Je sais que j’ai commis des actes ignobles, mais lesquels ? »

Ray finit par détourner la conversation pour mentionner les problèmes que j’accumulais, aussi bien à l’académie qu’à l’extérieur. Ces yeux, remplis de détermination se sont plongés dans les miens juste avant de mentionner le parasite. Au début, j’étais légèrement surpris qu’il soit au courant de cette histoire mais avec un peu de recul, j’ai pensé que Derek avait fait passer le mot avant ma rentrée. Il faut dire que c’était probablement le plus dangereux d’entres nous deux. Je vois que ma réputation me précède. Cela semblait presque l’amuser de voir que les gens finissaient par reconnaître que la schizophrénie ne m’avait pas encore atteint. Encore un qui va mordre la poussière.

« Lui ? » mon index se posa sur l’une de mes tempes. « Il s’appelle Amy. Il te voit, il t’entend. Je n’ai pas encore trouvé le moyen de le sortir de ma tête mais j’y travaille. » Je laissai échapper un léger sourire. « Je suis déjà soulager qu’il n’est pas encore semé le chaos dans l’académie. L’issue de ce combat aurait été… plus dramatique. » Mais les progrès sont là, mes efforts ne sont pas vains. « John Constantine n’a pas réellement de solution à mon problème mais ces techniques de méditation fonctionnent plutôt bien jusqu’à ce que je m’endorme. » Car la nuit, c’est une autre histoire. Plongé dans le monde des cauchemars, je ne suis jamais réellement parvenu à l’empêcher de prendre le contrôle de mon corps. « La nuit… il se réveille et il provoque tout ça. Il s’en prend aux gens autour de moi et il me laisse quelques traces de son passage, physiquement et mentalement. »

Mes yeux se sont glissés vers ma peau meurtrie. Sa force démoniaque était bien trop puissante pour mon corps humain, c’est comme foutre un éléphant dans un magasin de porcelaine et lui demander de ne rien casser. Je pouvais au moins m’estimer heureux qu’il ne m’est pas brisé accidentellement la nuque. Encore un petit malin qui veut te venir en aide ? Qu’est-ce qu’il va faire ? Te jeter de l’eau bénite en plein visage ?

« Je pense que c’est lui qu’Arcane cherchait en m’amenant en Europe. Il est plus fort, plus résistant il maîtrise mes pouvoirs comme s’il était né avec et il ne s’épuise jamais. Il était un bien meilleur candidat pour le régime de Degaton et pour l’atteindre, ils ont dû me briser. » J’haussa les épaules. « Il n’a pas réellement de remords sur ces agissements, si tu te poses la question. »

Pourquoi en aurais-je ? Amy semblait intrigué par Ray. Quoi qu’il puisse avoir derrière la tête, ce n’était rien de sain.

« Je pense que… Je pense que si je veux sortir de ce cercle vicieux et arrêter de me cacher, il faudrait que je trouve des preuves. Je ne cherche pas à reporter la responsabilité de mes actes uniquement sur Amy mais je veux simplement des preuves qui montrent que j’ai été contraint, et que je ne suis pas cinglé… »

_____Des aveux, oui. Le simple fait de ne plus être considéré comme une personne accusée de crime contre l’humanité serait déjà un premier pas vers la résolution de mes problèmes. Je n’ai jamais eu le culot de lui demander, après tout c’est un démon et il ne semblait pas réellement me porter dans son cœur. Des aveux, hein ? Tu peux toujours essayer en me suppliant à genoux. Il s’amuse, ma vie n’est qu’un jeu pour lui. Ray ne le connait pas encore mais semblait éprouver suffisamment de mépris envers lui pour ne pas l’appeler par son nom, chose qui avait irrité l’être démoniaque. Oh je ne suis pas sûr que tu auras le même discours lorsque tu me feras face. Je ferais taire ton arrogance. Il s’adressait directement à Ray mais ce dernier était incapable de l’entendre.

« Je crois, je crois qu’il n’apprécie pas vraiment l’idée des aveux. Le contraire m’aurait étonné. » J’essayais de retranscrire cette voix qui errait dans mon esprit. « Je crois que tu l’as un peu agacé. »

Une simple synthèse, inutile de lui porter trop d’attention, même si ce dernier est la principale source de mes problèmes. Ray faisait preuve de beaucoup d’empathie face à ma situation. Je n’ai pas eu besoin de tout lui raconter pour qu’il comprenne. J’ai hoché tristement la tête pour approuver cette peur constante que je vivais. C’est pour cette raison que j’ai refusé de vivre à l’académie. Je ne comptais plus le nombre de fois où, dans un sommeil agité, je me suis réveillé en train d’agresser John. Je sais que ce n’est pas moi qui est derrière cette agressivité mais je ne pouvais pas m’empêcher de m’en vouloir.

« Si j’ai agi seul, c’est parce que j’ai conscience du mal qu’il peut faire à mes amis, à toi et aux autres élèves. » J’ai baissé doucement les yeux. « Quand j’ai demandé de l’aide, les autorités de San Francisco m’ont pris pour un fou. La seule aide que j’ai reçu, c’est celle des neuroleptiques et des amphétamines pour combler les effets secondaires. C’était efficace, je ne l’entendais plus, mais je n’étais plus que l’ombre de moi-même, dépendant de ses pilules. Je ne voulais plus revivre ça. » Je prends une légère pause. « Alors je me suis isolé »

Oui, c’était un réflexe de Wilson. J’ai fui le repaire lorsque les jeunes héros m’ont sauvé des griffes d’Arcane. J’ai cherché à régler mes problèmes seuls, en m’isolant pour éviter que mes proches ne soient accusés de complicité pour m’avoir aidé, même si c’était de bon cœur. J’ai pourtant, plus tard, accepté l’aide de John Constantine qui était tombé au bon endroit, au bon moment. D’un côté, je serais probablement mort si je n’avais pas accepté son aide. Ray me tendait la main mais j’étais encore retissent sur certains détails.

« J’ignore ce qu’il y a entre toi et Papa mais… si tu pouvais éviter de dire à mon père où je vis et surtout avec qui, je te serais redevable. » Je savais qu’il y avait quelque chose entre John et Slade, mais je n’avais pas réellement tous les éléments. Dans le doute, je préférais éloigner ces deux personnes. J’espérais désespérément pouvoir retarder l’inévitable. « Laissons-le en dehors de cette histoire. »

Pour me venir en aide, le directeur de l’établissement avait déjà prévu quelques pistes pour m’aider à maîtriser davantage le parasite qui m’habitait. Jason Blood, ce nom m’était légèrement familier. Sans l’avoir côtoyé, je connaissais sa particularité. Ce nom avait fait réagir Amy. J’ai senti mes poils se hérisser les premières secondes, puis les muscles de mes épaules et de ma nuque se sont soudainement contractés. L’idée de Ray Palmer ne semblait pas lui plaire et il me le faisait savoir. Mon corps a commencé à me faire souffrir. J’ai essayé de dissimuler la douleur de ses violentes contractions, mais mon visage était déjà défiguré par cette souffrance. Des spasmes ont commencé à apparaître au niveau de mon épaule droite.
Dans cette situation, je ne devais surtout pas perdre mon calme. J’ai fermé les yeux, j’ai essayé de contrôler et de me focaliser sur ma respiration. Je me suis accordé quelques minutes de silence, coupant brutalement ma discussion avec Ray Palmer. Tu as fait une grosse erreur en posant le pied dans cette académie. Je l’ai ignoré, c’était la seule solution pour faire taire les spasmes. Tu m’entends ?! Lorsque j’ai rouvert mes yeux, mon corps s’est à nouveau détendu, sa voix s’est évaporée pour quelques temps.

« Je… je suis désolé. Je dois… garder le contrôle. » Je laissais échapper un léger sourire timide. « Je commence à me débrouiller, un peu. » Après ce petit écart, j’ai fini par me redresser de ma chaise pour reporter mon attention sur notre conversation. « Je ne sais pas comment te remercier pour cet aide que tu m’apporte. Je suis prêt à rencontrer ce Jason Blood. John m’a déjà parler de lui, nous partageons beaucoup de points communs avec lui et son démon, Etrigan, c’est ça ? »

J’ai laissé de côté la solitude pour répondre favorablement à l’aide que voulait m’apporter Ray. Si je voulais que cette aide soit utile et non superficiel, je devais jouer davantage carte sur table avec ce qu’il s’était passé en Europe, sur ce que je savais.

« Il y a peut-être autre chose. » J’ai détourné les yeux de Ray pour finalement observer un coin de la pièce avec un regard légèrement déconnecté. « Il y a peut-être quelque chose qui pourrait m’innocenter. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs mais je sais qu’il existe des archives sur les expérimentations que j’ai subis, mais aussi le mal que j’ai commis. Ils sont là, quelques parts en Europe. Je me suis dis que si je trouvais le moyen de mettre la main dessus, je pourrais me libérer de ce fardeau… m’innocenter ou m’enfoncer davantage. Mais je ne sais pas si j’étais prêt à lire et me souvenir de tout ça. J’ai peur de perdre le peu de santé mentale qu’il me reste en découvrant tout ça, tu comprends ? »

_____Je ne peux qu’approuver les paroles de Ray sur les agissements de mon parasite. Il ne l’avait pourtant jamais réellement croisé auparavant mais il savait déjà de quelle manière il arrivait à me pourrir la vie. S’il avait pu me cacher son existence quelques mois de plus, il l’aurait fait. Les informations, je les ai obtenues au fil des rencontres et après l’évolution de mes pouvoirs. J’ai hoché silencieusement la tête avant que la conversation ne s’oriente sur mon père. Je savais que malgré son sale caractère, il lui arrivait parfois d’avoir de bonne intention à mon égard, je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer le scénario catastrophe.

« Oui il pourrait aider mais… je ne peux pas m’empêcher d’imaginer le pire, ses dérives. Il a déjà fait du mal à des gens qui ont essayé de m’aider. Je ne veux pas » J’ai détourné le regard. « Toutefois je… je suis prêt à te faire confiance. »

C’est peut-être une confiance timide, celle d’un désespéré qui ne sait plus où chercher pour sortir de sa misère. Avec Ray Palmer, peut-être que le scénario que j’imaginais serait différent avec lui. Je crois qu’au point où j’en étais, je n’avais plus réellement le choix et que je devais saisir les mains qui m’étaient tendus sans trop hésiter. Mon regard a commencé à se promener nerveusement dans toute la pièce. Je n’avais même pas remarqué ce mouvement soudain de mon épaule droite qui s’est étiré, accompagné d’un léger mouvement de tête.

« Je n’ai jamais eu l’occasion de le rencontrer. Je suis un peu nerveux, là… » D’où l’arrivée de ces mouvements incontrôlé et de ce regard fuyant. Mes émotions sont toujours difficiles à dissimuler. « Il va venir là ? Maintenant ? Je. »

Grave erreur. Le sourire de Ray Palmer, cette satisfaction sur son visage, avait énervé mon parasite. Je sentais que, tôt ou tard, il viendrait mettre son grain de sel dans le plan parfait du directeur, mais je ne pensais pas qu’il agirait aussi vite. J’ai commencé par jeter des petits coups d’œil derrière moi, comme si je m’attendais à ce que ce fameux Jason Blood se la joue Batman et décide d’apparaître par surprise. Je ne me suis pas rendu compte de l’absurdité de mes actions qui allaient s’empirer de seconde en seconde.
Mes paupières se fermaient régulièrement et presque mécaniquement, mes yeux se sont progressivement écarquillés. Mon épaule à recommencer à se mouvoir sans me demander mon avis. Une fois, deux fois, mon être ne semblait même pas notifier cette perte de contrôle des mouvements de mon corps.

« Je ne suis pas sûr. C’est peut-être pas une bonne idée. Ce Jason Blood, il est pas comme moi, nan ? » Ses paroles, est-ce que se sont vraiment les miennes ? Mon esprit s’égare. « On est différent. » Ma tête observait les environs, mes muscles ont commencé à se crisper de nouveau. « Etrigan est différent. Leurs esprits ne communiquent pas. Non, ce n’est pas une bonne idée, tu perds ton temps. » Mes lèvres se mettent à trembler. Je ne veux pas changer d’avis, mais je suis confus. Mes phrases ne se suivent pas et ont commencé à perdre de leur sens. Je ne comprenais pas encore ce qu’il me prenait. « Tu perds ton temps, tu ne peux pas m’…appeler. Non, c’est pas ce que je voulais dir… tu es inutile, tu fais le malin, mais ton plan tombe à l’eau. Non, c’est faux. Oh mon dieu, je fais tellement de mal… j’ai détruis la vie de gens… Pourquoi tant de mal… »

Les tics se sont amplifiés, mes paroles sont devenues de plus en plus incompréhensible et mon téléphone commençait à montrer des signes de faiblesse pour retranscrire mon discours incohérent. Les pensées se sont soudainement bousculées dans ma tête, provoquant cette désorientation et cette détresse psychologique. Amy foutait le bordel dans ma psychée et il en avait profité de ma perte de contrôle pour prendre le dessus, quelques secondes. Le sclère de mes yeux s’est soudainement noircit, un regard froid s’est planté sur Ray Palmer.

« JE VAIS RETIRER CE SOURIRE DE TA GUEULE DE CON. TU TE CROIS MALIN MAIS TU NE PEUX RIEN FAIRE. TU ENTENDS ? RIEN. » L’espace d’un instant, lorsqu’Amy a pris le contrôle de mon corps, mes tics ont disparu. Malgré ma perte de lucidité, je suis parvenu à reprendre le dessus avant qu’une nouvelle bagarre n’éclate. « Non, n’essaye pas de m’embrouiller ! »

_____J’ai essayé de reprendre le contrôle de mon corps, mais la rage d’Amy s’était montré beaucoup plus fort. Le sclère de mes yeux noircit renforçait cette haine qu’il pouvait éprouver envers Ray Palmer. Dès que quelqu’un osait me venir en aide, il avait le droit au mépris de mon parasite. Ils avaient le droit à son lot de moquerie, insultes et lorsque je perdais complètement le contrôle, il laissait s’exprimer cette violence surhumaine qui le caractérisait. Heureusement, Amy n’aura pas l’occasion de faire du mal au directeur de la Justice Academy.
Ray avait été un homme vigilent. Sous les semelles de mes baskets, un symbole mystique capable de confiner le démon. Ce dernier n’avait même pas essayé de sortir un pied hors du pentagramme pour comprendre sa situation. Cette situation ne fait qu’accroitre sa colère, qui se transforma rapidement en moquerie suite au discours de son geôlier.

« Bien joué pour le petit tour de passe-passe. Tu as trouvé ça tout seul, comme un grand ou c’est Google qui t’a aidé ? » répliqua-t-il ironiquement. « Tu crois que cela suffira pour m’arrêter. Nan, je te ferais ravaler ton sourire lorsque tu t’y attendras le moins. Parce que tu crois pouvoir faire quoi contre moi ? Rien. Je peux faire tout ce que je veux avec ce gamin. J’ai le droit de vie ou de mort sur lui et tes gadgets n’y changeront rien. »

L’ancien héros avait fait appel à un peu d’aide pour parvenir à me débarrasser du démon. Jason Blood et moi partageons un destin plus ou moins similaire. Il avait répondu à l’invitation. La voix de l’invité semblait étrangement familière aux oreilles d’Amy. Ma nuque s’orienta vivement vers lui, un geste brutal accompagné de violent craquement de mes os essayant tant bien que mal de rester entier avec cette force démoniaque à contenir. Très vite, mon regard froid et radioactif s’est orienté vers Jason pour le défigurer pendant de longues secondes avant de rire aux éclats.

« Oh je ne pensais pas te voir de sitôt. » ria Amy. La présence de l’invité ne semblait pas réellement le perturber, il commençait à devenir plutôt bon acteur quand il sentait que quelqu’un pouvait nuire à ses ambitions. Il faisait son maximum pour dissimuler une partie de ses émotions. « Nous n’avons que rarement eu l’occasion de nous croiser en enfer. En quoi puis-je vous aider ? »

« Tu as volé un corps qui ne t’appartient pas et on m’a appelé pour que cela cesse. »

« Oh, rien que ça ? » Il s’interrompit et se mit à rire. « Eh bien, fait ton travail de héros, sauve le gamin et ramène-moi d’où je viens. Même ton grand copain Constantine n’a pas osé faire quoi que ce soit pour se débarrasser de moi. Ma compagnie lui est pourtant désagréable »

« Nous ne sommes pas amis. » réponda-t-il séchement. « Tu m’as l’air bien sûr de toi. Qu’as-tu donc fait pour atterrir dans le corps d’un jeune adulte invalide ? »

« Oh, il est spécial, enfin pas lui spécifiquement, c’est un pleurnichard. Ces pouvoirs sont spéciaux, et bourrés de potentiels. » Ce sourire moqueur défigurait mon visage, mes yeux écarquillés fixaient Jason et mes paupières refusaient de se fermer. « Alors, qu’est-ce que tu attends ? Sauve-moi mon héros. Sauve-moi des griffes du méchant démon »

Jason était resté muet, il gravitait autour de moi sans me lâcher du regard. Amy continuait à se moquer des deux hommes qui essayaient de m’aider. Un sourire narquois, quelques ricanements de sa part. Même confiné dans le champ mystique, il ne peut s’empêcher de bouger ma nuque, mes épaules, de jouer avec ce même champ en essayant de le frôler avec le bout de mes doigts. Il se brûlait mais ma peau ne présentait aucune blessure, des indices qui permettent à Jason Blood de mieux comprendre ma situation.

« Ce n’est pas une possession classique. » Jason s’était rapproché de Ray pour que ses paroles ne parviennent pas aux oreilles d’Amy. « Leur âme ont l’air d’être reliés entres eux. Si on essaye de les séparer, il faudrait déjà des ustensiles spécifiques, un sorcier puissant. Les probabilités de survie de Joseph seront très faibles. »

« C’est qu’il est intelligent celui-là. Tu l’as dégoté où ? » se moqua Amy en se tournant soudainement vers Ray.

« Je ne suis pas réellement porteur de bonnes nouvelles. C’est une analyse encore vague, il faudrait que j’interroge Joseph sur sa cohabitation avec son parasite mais je crains qu’Amy ne détériore sa santé mentale. »

« Tu profères de grosses accusations à mon égard, mais tu n’as pas la moindre preuve de ce que tu avances. J’ai sauvé le gamin plus d’une fois, il me doit la vie mais vous pouvez toujours essayer de vous raccrocher au destin, nous séparer et croire en votre bonne étoile. J’aimerais savoir ce que vous direz à son cher père lorsqu’il apprendra que vous avez entraîné la mort de son fils. Si même l’arrogance de John n’a pas souhaité relever le défi, c’est qu’il doit être bien périlleux pour votre propre vie, non ? »

_____Amy jouait avec les nerfs de Ray Palmer. Il cherchait à tâter le terrain, à trouver les limites de son principal adversaire dans cette académie. La présence de Jason Blood ne l’impressionnait pas, en apparence, même si la masse musculaire d’Etrigan était bien supérieure à la sienne. Il savait que l’invité de Ray était impuissant face à ce cas bien spécifique de possession. Il ne relâchait pas ce sourire qui défigurait mon visage.
Dans le petit espace où il était retenu prisonnier, il avait fini par s’asseoir sur le sol, jouant les spectateurs de son propre procès. Les insultes de Ray à son égard ne faisait qu’accroître ces mimiques moqueuses. Comparer la fusion de nos âmes à l’union entre deux personnes qui s’aiment semblait l’amuser.

« Oh, mais tu es jaloux, chérie ? » se moqua Amy en rapprochant mon visage contre la barrière invisible qui le retenait captif. « Allons, fais-moi mal. Fait de ton pire. J’en connais beaucoup qui ont essayé en Europe, je suis plutôt rôdé dans la résistance mystique. »

Amy a laissé le directeur de l’académie parler. Mes pupilles radioactives ont fini par se tourner vers Jason Blood qui semblait bien impuissant pour l’instant. Bien évidemment, l’imprévisibilité de Ray Palmer ne rassurait pas mon démon intérieur mais il était un excellent comédien. Je pouvais ressentir, cette émotion d’incertitude quant à la suite de ses plans, ses ambitions. La seule chose qui pouvait ralentir le professeur était la faible probabilité que je survive aux expérimentations pour séparer nos âmes.
Un autre invité fait son entrée en scène, un être mystique qui avait déjà croisé la route du démon, à San Francisco. Khalid, il ne l’avait pas oublié ce magicien et il ne le portait pas dans son cœur. Je crois qu’il ne portait aucune version de Fate dans son cœur. Ce dernier avait grandi, murit, il était devenu beaucoup plus puissant, peut-être la bonne personne pour me sortir de cette situation. La peur d’Amy s’est accrue mais il n’en montrait aucun signe dans le monde réel. Au contraire, il continuait de rire et il se permettait même de défier Khalid du regard quelques secondes avant de se tourner de nouveau vers Ray.

« Tu tiens tellement à parler à ton petit protégé ? Tu penses que cela arrangera tous ces maux ? Bon sang, tu n’as pas la moindre idée de ce que je suis capable de faire. Moi aussi, j’ai évolué depuis ces nombreux mois. J’ai également eu le droit à ma part d’alliée qui m’ont offert quelques dons supplémentaires. Dois-je t’en faire la démonstration ? »

Mes paupières se sont mécaniquement refermées pour s’ouvrir soudainement au bout de quelques secondes. Je mets un peu plus de temps à comprendre que j’ai repris le contrôle de mon corps. Ma vision s’est troublée quelques secondes pour observer les alentours. J’ai mis quelques secondes supplémentaires à comprendre comment j’avais atterri ici. En baissant les yeux en direction du pentagramme sur lequel j’étais assis, j’ai fini par comprendre ce qui venait de m’arriver.

« Est-ce que je viens… de perdre connaissance ? » Mon téléphone fonctionnait de nouveau correctement et j’avais retrouvé mes esprits. « Oh mon dieu, c’est pas ce que je voulais…Je suis désolé »

« Vous êtes Joseph, n’est-ce pas ? » l’inconnu brun à la mèche blanche a fait un pas en avant vers moi. J’ai reconnu immédiatement l’hologramme que Ray m’avait présenté quelques minutes auparavant. Doucement, je me suis redressé et j’ai légèrement dévié du pentagramme. Amy était sensible à sa magie, pas moi. Le bouclier qui l’avait retenu captif n’avait aucun effet sur moi.

« Oui, oui c’est bien moi. » Je me suis légèrement gratté la tête, toujours un peu hébété. « J’ai perdu le contrôle, je pensais que j’y arriverais, mais j’ai échoué. »

« Ce n’est rien Joey, on va te sortir de cette merde ! T’as confiance en nous, non ? »

Mon regard s’est d’abord tourné vers Ray. Il s’était bien préparé à faire face à mon départ intérieur, c’était plutôt rassurant pour l’établissement. Mes pupilles se sont orientés ensuite vers le deuxième invité. Je suis resté figer, mon corps s’est soudainement raidit. Au lieu de voir un vieil ami, une personne qui m’avait autrefois sauvé la vie. La silhouette est floue, je ne parvenais pas à mettre un visage familier sur ce dernier.
Les secondes ont défilé et mon corps à commencé à se crisper. Mes lèvres ont commencé à trembler, mes yeux s’écarquiller, mes muscles sont de nouveaux crispé. J’ai commencé à avoir chaud, à perdre le peu de lucidité que j’avais retrouvé. Non, ce n’est pas possible.

« Non… ça ne peut pas… non non non, c’est impossible. Tu ne peux pas être là. » Car la seule chose que je parvenais à voir, c’est l’un de mes pires cauchemars. « Tu ne peux pas être là, tu ne peux pas… Ray m’avait promis… il m’avait promis que je serais en sureté. »

J’ai reculé d’un pas, puis un autre. En face de moi, je n’avais pas des héros, mais les reflets d’un souvenir que je pensais disparu, enfouit dans ma tête depuis que j’ai quitté l’Europe. Jason était resté muet, cherchant à comprendre mon comportement lunatique. Je peux faire tout ce que je veux.

« Faites-le sortir d’ici. FAITES-LE PARTIR !! » Le visage et la silhouette d’Arcane remplaçait celui de Khalid. J’avais à faire à un véritable cauchemar éveillé qui prenait le contrôle de mon corps et de mes émotions « Je ne veux pas le voir ici !! Reste loin de moi. M’approc… M’APPROCHE PAS. »

J’ai tendu la main, paume en avant droit devant moi pour générer un bouclier psychique pour me protéger d’une menace inexistante. Amy jouait avec des souvenirs que je pensais disparu. Il semblait avoir les pleins pouvoirs sur des mémoires traumatisantes et les diffusait à sa guise pour arriver à ces fins. Pour l’heure son objectif était clairement de m’éloigner de Fate, un sorcier assez puissant pour lui mettre de véritable bâton dans les roues.

« Joseph. Vous n’êtes pas vous-même. Personne ne vous fera de mal. » soutenait Jason en essayant de se rapprocher de moi.

« MENTEUR. »

« Rappelez-le. Rappelez Amy. Il ne vous arrivera rien. »

« NON. »

Mon inconscient, terrorisé par l’idée de revivre les évènements de l’Europe s’est automatiquement défendu contre l’homme de paille. D’abord le bouclier pour me protéger, une onde psychique frappa directement Blood en pleine poitrine pour le forcer à reculer pour me laisser une distance de sécurité raisonnable entre mes adversaires. Je t’avais dit qu’ils étaient toxiques.

« Je veux partir… partir… Je veux sortir d’ici ! »

_____En l’espace de quelques secondes mon esprit s’était disloqué en millions de morceaux. Je ne voyais pas Khalid comme un allié mais comme un cauchemar éveillé qui venait de stimuler mes traumatismes les plus profond. Sa silhouette ressemblait trait pour trait à l’individu qui m’avait brisé. Sur le moment, mon esprit était bien trop torturé pour que je mette un nom sur le visage qui remplaçait celui de Khalid.
Ces hallucinations, qu’importe d’où elle provenait réveillait, dans mon subconscient les pires émotions que je pouvais ressentir à l’égard d’une personne. J’éprouvais énormément de haine envers cet individu qui m’avait poussé à commettre le pire, mélangé à une peur incontrôlable, la peur que le scénario se répète. Je ne pensais pas que je pouvais ressentir et cumuler autant de colère, de haine et de peur envers une seule personne. Les souvenirs se bousculaient dans me tête dans une bouillie d’horreur sans réelle cohérence entres eux.

Je l’ai repoussé, j’ai laissé mon téléphone hurler jusqu’à endommager ces haut-parleurs. Mon instinct de survie avait même réveillé mes pouvoirs pour générer un bouclier psychique gravitant autour de moi. J’avais peur, j’étais pétrifié, mon cœur s’est emballé, mes jambes ont tremblé et les muscles de mes bras s’étaient crispés par l’énergie psychique que je générais. A vrai dire, je ne savais pas vraiment si j’étais réellement moi-même.

« VA T’EN. » criais-je à la voix de Ray comme si ce dernier venait de commettre l’ultime trahison. « TU M’AVAIS PROMIS. »

J’ai fermé les yeux pendant une fraction de secondes qui ont suffi pour me téléporter dans un endroit complètement irrationnel. Pourtant, ce n’est pas l’environnement qui me surprendra en premier. Les hallucinations se sont soudainement évaporées pour laisser apparaître le visage de Khalid. Le mien s’était figé pendant que ma cervelle cherchait à comprendre ce qui venait de lui arriver, moi-même je n’en étais pas réellement certain. Doucement, j’ai redressé ma colonne vertébrale et laisser mes doigts se détendre pour laisser le bouclier psychique s’évaporer. Mes émotions négatives s’étaient dissipées en même temps que les hallucinations. J’ai pris conscience des paroles que j’avais laissé sortir.

« Je ne pensais pas sur ce que j’ai dit, je suis désolé. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé. J’ai vu des choses qui n’était pas réelle mais qui me semblait, effroyablement familière. »

« Tout va bien, vous êtes en sécurité maintenant. » Jason Blood a pris les devants, il s’approcha de moi pour essayer de comprendre ce qui m’avait mis dans cet état. « Est-ce que vous vous souvenez de ce que vous avez vu ? »

« Oui… » mais plus j’essayais d’y repenser, plus mes souvenirs se dissipaient pour ne former qu’un brouillard de vide et d’incompréhension. J’ai essayé, de toute mes forces de me souvenir de cette silhouette mais tout semblait s’être dissipé lorsque j’ai retrouvé la raison. « Non, je n’y arrive plus. » J’ai baissé la tête, je me sentais ridicule d’être incapable de me remémorer ce qui m’avait effrayé. « Je ne sais plus. » J’ai chassé avec mon poignet les quelques larmes qui venait de s’échapper de mes yeux alors que je montrais aucun signe de tristesse.

« Prenez votre temps, ne vous brusquez pas. » La voix de Jason Blood était très froide mais avec un soupçon d’empathie à mon égard. Il essayait de comprendre ce qui me hantait. « Si vous ne pouvez pas vous souvenir de ce qui vous a mis dans cet état, pouvez-vous au moins nous dire ce que vous avez ressentis ? »

« Oui j‘ai ressentis beaucoup d’émotions négatives… » J’ai levé mes yeux vers Khalid. « Elles se sont concentrées sur Khalid, je crois. J’ai ressenti beaucoup de colère envers lui, de la haine qui cachait une peur indescriptible…comme s’il m’avait fait énormément de mal à un point que je n’arrive pas à décrire… Puis je me suis senti trahi par Ray, la colère a empiré et… le black-out. »

Même si je savais qu’Amy n’était pas complètement innocent à mon changement d’attitude, mes émotions n’avaient pas été trafiqué par son influence et sa magie. Au contraire, ces émotions étaient aussi puissantes car elles étaient surtout sincères. TU ESPERES TE DEBARASSER DE MOI SI FACILEMENT ? Le refuge de Fate semblait avoir coupé tout contact entre moi et mon démon intérieur. C’est bien, c’est apaisant de ne plus l’entendre me hurler dans la cervelle. Je sais que tu m’entends Nabu.

« Bien, c’est utile, merci. Savez-vous si ce que vous avez ressenti a un rapport avec ce que vous avez vécu ? Une partie de votre vie ? Des souvenirs lointains ? »

« J’en ai… j’en ai aucune idée. Je vous assure, je n’arrive pas à comprendre ce qui m’a mis dans cet état »

« C’est magique, Joseph. Vous n’êtes pas amnésique, vos souvenirs traumatiques ont été retiré de votre mémoire dans un but que nous devons cernés. Faites un effort, vous souvenez vous de ce que vous avez fait il y a plusieurs mois. »

Tu as la puissance pour nous séparer mais seras-tu assez bon pour le maintenir en vie ? Tu peux apaiser sa conscience quelques instants, mais tu ne peux rien faire de plus, pas sans risque. Tu le sais, hein ? Oh oui, tu le sais, ça t’énerve et tu acharnes sur moi. Bel esprit.

« Je ne me souviens pas de ce qu’il m’est arrivé en Europe… de tout le mal que j’ai fait. J’ai pensé… que c’était un reflex de survie de mon subconscient, pour me protéger mentalement. J’ai pensé qu’Amy était responsable de ça. »

« Impossible, un démon de son rang est incapable d’utiliser une telle magie. » Il orienta son regard sur Ray. « La situation est plus compliqué que prévu. Il semblerait que son parasite est accès à des souvenirs qui ont été arraché mystiquement de la mémoire de votre ami. Au vu des réactions fortes auxquelles nous avons assistés, le démon semble avoir un contrôle total sur la santé mentale de Joseph. »

« Je ne suis pas fou. »

« Pour l’instant, mais les risques sont importants »

« Je ne veux pas devenir fou »

Des souvenirs d’un séjour trop long aux côtés des esprits les plus malsains, à faire pâlir les enfers. Oh ils se sont bien amusés avec le pauvre Joseph. Tu aurais dû voir cette coquille de chair vide, morte à l’intérieur. Il a eu la chance, ou la malchance de rencontrer une âme maladroitement charitable qui s’est contenté de simuler une amnésie pour protéger sa santé mentale et de cacher les souvenirs douloureux sous le tapis. Maintenant ? Maintenant, elles sont à moi et tu ne peux pas me les arracher.

_____Je crois que Ray semblait aussi perdu que moi. Jason Blood était là pour éclairer le flou mystique qui m’habitait. J’avais senti dans sa voix que les nouvelles n’avaient rien de réjouissant. Le démon qui parasitait mon esprit n’était pas mon seul problème. Très vite, j’ai compris que ma situation était beaucoup plus critique que je ne le pensais. Le fait de partager une partie de mon âme avec un démon semblait être le cadet de mes soucis à l’heure actuelle.
J’ai l’impression de m’engouffré dans une spirale cauchemardesque sans parvenir à trouver la moindre issue. Le directeur de la Justice Academy avait probablement remarqué cette mine attristée qui commençait à défigurer mon visage. Il a fait un pas vers moi, a su trouver les mots pour me réconforter. Je ne pouvais pas leur fournir des réponses concrètes mais les quelques informations que j’avais pu donner sur mon ressenti, mes émotions et mon mal-être suffisait à les mettre sur des pistes qui pourraient m’aider.

« Oui, je n’entends plus Amy depuis que j’ai atterrit ici. C’est plutôt relaxant de se sentir seul, dans sa tête. » ai-je avoué avec un léger sourire qui se dessinait sur mon visage malgré les mauvaises nouvelles qui s’enchainaient. « J’ai l’impression qu’il est loin de moi, sans qu’il puisse épier mes moindres faits et gestes. Ça fait du bien. »

Ray s’était montré très empathique à ma situation et son léger sourire était contagieux. Ses paroles réconfortantes et cette sensation de bien-être ont pu me faire oublier, l’espace d’un instant, les problèmes que j’accumulais. Je n’étais pas seul dans cette lutte et malgré les obstacles qui devenaient de plus en plus infranchissable, l’ancien héros ne baissait pas les bras.

« Je ne sais pas comment te remercier pour tout ce que tu fais pour moi. » Je me suis également retourné vers Jason. « Et vous aussi, merci d’être venu également. »

« Nous n’avons pas encore toutes les pistes, mais nous progressons. » Jason se montrait beaucoup plus fermé, mais son aide était sincère et bienveillante et c’est tout ce qui comptait pour moi.

« Et Khalid ? Pourquoi a-t-il cessé de bouger. Est-ce qu’il… est-ce qu’il va bien ? »

« Je crois que votre ami est en train de se charger de notre ennemi commun. C’est aussi pour cela que vous vous sentez si bien. Je suis navré de vous annoncer que cela ne sera que de courte durée. Etes-vous certains de n’avoir aucune idée de la personne qui est responsable de votre amnésie ? »

« Non, tout est trop flou. J’ai beau me concentré… je n’y arrive pas. Toutes les nuits je fais les mêmes cauchemars mais je ne parviens pas à m’en souvenir. Les souvenirs s’effacent à une vitesse… plus j’essayais de me rappeler et plus ma mémoire se transformait en bouillie. Ces rêves… ils sont contrôlés par Amy. C’est lui qui me fait tant de mal chaque nuit… ? »

« Il n’est pas impossible que les deux soient liés, oui. Dites-moi quel est votre dernier souvenir, le dernier moment dont vous vous souvenez avant votre trou de mémoire ? »

« Je me souviens, je crois... » Il me faut plusieurs secondes pour essayer de me rappeler de ce qu’il s’était passé avant l’Europe. « Mes médicaments ont également troublé mon esprit mais je me souviens que j’étais de sortie dans un parc de San Francisco. Une femme est venue me faire la conversation. Elle avait quelques années de moins que moi, style gothique, je ne me souviens plus de son nom. Elle travaillait pour le régime, on s’est battu et… j’ai demandé de l’aide à Amy avec les dernières forces qu’il nous restait. Inutile de préciser la finalité de ce combat… »

« Cette femme maîtrisait les arts mystiques, non ? »

« Je crois… » Le souvenir est flou et lointain. « Je ne suis pas certain, je ne suis sûr de rien. »

« Est-ce qu’il n’y aurait pas quelqu’un qui pourrait nous éclairer sur les personnes qui pourraient être responsable de votre état en Europe ? »

« Mon père. » J’ai levé les yeux vers Ray Palmer. « Mon père a travaillé pour eux. Il a peut-être des informations à ce sujet, même s’il s’est retiré avant ma captivité. Sa mémoire sera toujours plus éclairée que la mienne. Je suis désolé. J’essaye. »

Amy s’est doucement extirpée de la pénombre pour faire face à Nabu, piégé dans un monde psychique qu’il avait lui-même créer. Les cornes du démon reflètent les flammes de la torche mystique de Fate. Le sorcier pouvait l’observer sous sa véritable forme, silhouette impressionnante, grande taille, peau verdâtre, une longue langue de vipère qui se promenaient sur ses lèvres.

Je suis un tas de chose, j’ai de nombreux noms, de nombreuses formes, mais certains aiment m’appeler Parasite.

Le démon n’avait pas l’air effrayé par la présence d’un magicien aussi puissant que Fate à ces côtés. Il est conscient qu’il ne peut pas faire grand-chose contre l’apparition de Fate. Ici il ne pouvait ni utiliser mes pouvoirs, ni les siens. Khalid pouvait martyriser la créature comme il le souhaitait mais montrer la moindre peur ne ferait qu’accroitre son plaisir. Très vite, les muscles du démon se crispèrent à leur tour. Les lois de ce monde psychique semblaient se plier aux ordres du Dr Fate pour le plus grand malheur. Amy s’immobilisa pour limiter la douleur qu’il ressentait.

Tu veux me faire souffrir mais cette séance de torture ne libèrera pas Joey du mal qui l’atteint. Des questions, tu peux m’en poser, cher Nabu. Cependant, je ne suis pas certaines que les réponses vont te plaire.

_____J’ai essayé de creuser au fin fond de mes pensées, pensant que j’y dénicherais sous le tapis, un détail, un bride de souvenir égaré. Tout s’est envolé sans laisser la moindre miette, un indice qui aurait pu faire la différence. Je sais que je ne peux rien faire pour contrer la malédiction mystique qu’on m’avait infligé mais je ne supportais pas de me sentir si impuissant. Je commençais à peine à reprendre le contrôle de mon corps, à vaincre une partie de l’emprise que pouvait avoir le démon sur mon être. J’ai fini par comprendre qu’il avait plus d’un tour dans son sac, des plans de plus en plus dangereux pour ma santé mentale.

En sentant les difficultés que je rencontrais à essayer de me remémorer des souvenirs obscures, traumatisant, Ray a fait un pas vers moi pour me prendre dans ses bras, une étreinte amicale pleine de sincérité. Elle est surprenante de la part et inattendu mais elle se montre surtout réconfortante. J’ai laissé mes mains se poser sur son dos pour répondre à ce geste amical, plein de bonne volonté et apaisant. Ce geste, c’est probablement ce dont j’avais le plus besoin à l’heure actuel et qui me faisait presque oublier le mal qui m’habitait. Mécaniquement, mes yeux ont commencé à s’humidifier et une larme à commencer à s’échapper, puis une autre. Au moment où Ray s’est reculé, j’ai chassé cette eau salée de mes joues en répondant à son sourire timide par un autre sourire.

« Je ne sais pas comment te remercier Ray… pour tout ce que tu fais pour moi. Je sais qu’entre toi et ma famille, on est pas forcément partie du bon pied mais tu es, tu es un homme bon. Merci. »

Jason Blood n’est pas réellement un homme sensible. Fermé émotionnellement, il est là pour me débarrasser d’un démon, pas pour devenir mon ami. Il s’était montré plutôt indifférent aux étreintes amicales de Ray Palmer. Cependant, le manque d’information sur les personnes responsables de mon mal-être semblait le frustrer.

« Votre père est-il réellement le seul qui pourrait nous donner plus d’éléments ? » A croire que Jason Blood était certain que je cherchais à dissimuler quelque chose, ou plutôt quelqu’un.

« Je n’ai pas plus de souvenirs. » Mais à vrai dire, je connais quelqu’un d’autre, quelqu’un qui préférait se faire passer pour mort, quelqu’un qui fuyait le sujet quand j’essayais de l’aborder. D’un côté, je ne pouvais pas lui en vouloir après tout ce qu’il avait vécu là-bas également. « Je suis vraiment désolé. »

« Ce n’est rien. » sa voix est sèche, à croire qu’il savait que je mentais, sans insister davantage sur la question. « Profite de ce moment de répit, car il va vite s’estomper. »

Des paroles froides mais réalistes. J’ai laissé échapper un soupir silencieux et triste avant de me tourner mes pupilles radioactives en direction de Ray. Je pouvais facilement mentir à un inconnu comme Jason Blood, mais pas à Ray, pas après tout ce qu’il avait fait pour moi et ce qu’iil continue de faire. Ce monde mystique n’est pas le mien, encore moins le sien. Pourtant, il est encore là et il est prêt à m’épauler malgré tout.
Lorsque mon regard a croisé celui du directeur, je n’ai eu besoin que de quelques secondes pour établir un contact télépathique. Heureusement, je m’étais assez entrainé dans ce domaine pour ne plus provoqué de violente migraine lorsque j’essaye de me la jouer télépathe.

« Tu es le seul à entendre ça. » Mes yeux ne quittaient pas les siens pour ne pas rompre le lien invisible qui me permettait de communiquer dans la tête de Ray. « Je suis désolé si c’est inconfortable pour toi, je n’avais pas d’autres options. Je crois que John préfère encore jouer le mort encore quelques semaines de plus. J’ai essayé d’aborder le sujet de l’Europe avec lui mais il fuit la discussion, à chaque fois. Je ne sais pas s’il sera d’une grande aide mais… c’est une autre piste. »

Amy est un ancien habitant des enfers. Il veillait autrefois à son bon fonctionnement et avait de nombreux soldats à sa solde, il ne craignait pas les prochaines minutes qu’il allait endurer. Il ne comptait pas accorder au magicien le moindre cri de douleur, cela pourrait lui donner satisfaction et ce n’est pas ce que la créature souhaite.

Oh, même pas une question, tu n’es même pas un peu curieux ? Nabu, Khalid quel que soit ton nom, la situation te dépasse complètement et te rend impuissant. Tu pourras me faire autant de mal que tu le voudras, pour masquer ta frustration, cela ne changera rien.

Amy posa ces mains sur les deux murs qui commençaient à se renfermer sur lui. Il ne craignait pas de transpercer la paume de sa main sur les nombreux pics qui décoraient le mur, espérant ralentir leur progression. Le sang s’écoulait, le visage du démon commençait à se défigurer, mais ce sourire malsain qui s’était dessiné sur son visage refusait toujours de partir.

Rien n’est réelle, aucune des blessures que tu m’infliges ne marquera ma peau. Moi ? Je peux rendre la vie de ton pote encore plus difficile. Je peux faire de ces nuits un enfer. Les copains de Degaton ont tellement rongé son esprit qu’il aurait probablement eu le droit à sa place réservé dans un asile psychiatrique s’il n’avait pas été miraculeusement rendu amnésique. As-tu vraiment envie de réveiller de si mauvais souvenir ? Alors calcule bien tes gestes, jeune magicien car je peux faire ce que bon me semble et changer votre relation à jamais. Et toi, tout ce que tu peux faire, c’est torturé une âme, même pas fait de chair ou de sang, une satisfaction illusoire.

_____Mon coeur s’est arrêté de battre lorsque Jason Blood a senti que quelque chose avait changé dans le refuge de Khalid. Je n’ai pas eu le temps de dire à Ray de ménager John, lui qui en avait suffisamment baver, en Europe et avec Amy. Mon regard s’est détourné de lui pour s’orienter mécaniquement vers Jason, brisant le lien télépathique que j’avais créer quelques minutes plus tôt. Lorsque le sorcier m’avait dit de profiter de mes derniers instants de répit, je ne pensais pas qu’ils seraient aussi courts.
La pénombre avait envahi la tour et une voix effrayante venait de me glacer le sang. L’espace d’un instant, j’ai cru que cette voix s’adressait à moi. Mais j’ai fini par comprendre que c’était Khalid qui s’était attiré des ennuis en voulant m’aider. Il avait réussi à établir un contact avec Amy. Je ne savais pas réellement ce qu’il s’était passé entre eux. Mon démon intérieur l’avait probablement provoqué, assez pour qu’il en vienne aux mains et qu’il tente de faire le faire souffrir, jusqu’à s’attirer des ennuis.

Tout ce qui vient de se passer, c’est ma faute, pas vrai ? J’ai essayé de ne pas y penser, culpabiliser n’arrangera pas la situation. Un clignement d’œil a suffi pour nous ramener à l’académie. Seul absent, Khalid, je ne pouvais même pas m’excuser en personne pour les ennuis que je lui avais attirés. Je n’ai même pas eu le temps de comprendre complètement ce qu’il venait de m’arriver, qu’une migraine forte a commencé à m’envahir. Comme prévu, le soulagement n’est que de courte durée.
La douleur a été tellement soudaine et violente que mon corps s’est automatiquement plié en deux. Mes deux mains se sont collées contre mes tempes pour essayer de contenir cette souffrance. Allons, tu cherchais à te débarrasser de moi ? Ce n’est pas aussi simple petit. J’espère que je t’ai manqué, au moins. Le ton ironique de sa voix me rendait malade et ne faisait qu’accroitre les mauvaises émotions qui m’envahissaient. Si je me laissais encore submerger, je vais finir par perdre de nouveau le contrôle.

« Respirez. » Jason est directement intervenu. Son ordre est sec mais les secondes comptes. « Redressez-vous, ne laissez pas le démon reprendre le contrôle de votre corps. Cette douleur n’est que superficielle. »

J’ai fermé les yeux, j’ai ralenti ma respiration pour la rendre plus longue et plus bruyante. Mes paupières se sont fermé quelques secondes pour que je puisse faire le vide dans le bordel qu’était devenu mon esprit après le retour d’Amy. Ne sois pas en colère envers toi-même, tu as fait de ton mieux pour.. Pleurnicher dans les bras de tes petits copains et ils se retrouvent dans la merde maintenant. Tout ce qu’il cherche, c’est me provoquer, me faire craquer une nouvelle fois. Je n’ai pas répondu à ses provocations, mais mes migraines continuaient à me faire souffrir.

« Tout va bien ? »

« Oui… ouais ouais, j’ai mal au crâne. Je l’entends à nouveau, lui et ces provocations. J’ai besoin, j’ai besoin de rentrer chez moi. »

J’avais prévu de passer la journée à l’académie, une journée de cours après avoir joué les absentéistes en début de semaine. Malheureusement, je crois que je ne pourrais pas tenir ma bonne résolution aujourd’hui. Ce mélange d’émotions fortes, ma perte de contrôle m’avait épuisé. Mon regard honteux s’est porté sur Ray.

« Je suis désolé. Je crois que je pourrais pas tenir le reste de la journée. Je veux… je veux rentrer chez moi. » Quand je parlais de chez moi, je voulais bien dire la chambre que John m’avait offert à la Maison des Mystères, un refuge magique capable de contenir le démon dans son intérieur lorsque je perdais le contrôle. « Je rattraperais mon retard, c’est promis. J’ai besoin… j’ai besoin de m’allonger un peu. » Ne te trompes pas de lit cette fois. « Je pourrais repasser demain si tu veux. »