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Mourir hier, puis se recroiser demain - Zatanna Zatara

John Constantine
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John Constantine
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Situation : Officiellement mort, commence lentement à ressurgir
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Depuis récemment, une seringue de sang infusée de magie démoniaque très fortement semblable à celle Trigon.
Shadowpact
Mourir hier, puis se recroiser demain - Zatanna Zatara Ven 29 Oct 2021 - 21:48





Le 187 Monroe Street, Est End, Gotham, était vide. Il se tenait à l’angle de deux rues presque abandonnées, piquetées par des lampadaires dont personne ne s’était occupé depuis longtemps. Presque tous les bâtiments du quartier étaient vides, leurs fenêtres placardées de planches de bois ou obscurcies par un énorme panneau « A VENDRE » vieux de plusieurs années. Le 187 ne faisait pas exception à la règle. Il montait sur deux étages de vieux béton, percé régulièrement de fenêtres cassées ou murées. Au rez-de-chaussée, une vieille enseigne à la peinture écaillée avait mis la clef sous la porte depuis longtemps : au-dessus, on ne trouvait que des appartements vides au linoleum éventré.

Le quartier était habité. Soit par des gens incapables d’aller ailleurs, qui se serraient les uns contre les autres dans des coins de rue qui auraient pu sembler décents en plein jour, soit par des gens qui profitaient du premier toit qui les abriteraient de la pluie et des flics, quitte à le partager avec des courant d’airs et des rats. Pour tout le monde, cela dit, le grand immeuble d’angle était abandonné depuis des années. Aucun squatteur n’y mettait les pieds, aucun SDF ne s’asseyait sur son trottoir, et à vrai dire tout le monde s’attendait à se lever un matin et à voir les murs lézardés perdre leur antique duel face à la gravité, rayant bêtement l’immeuble de la rue.

La lumière du lampadaire le plus proche grésilla.

Au cours des dix dernières années, le magasin au rez-de-chaussée avait tour à tour été une épicerie, un point-presse, une boulangerie et une boutique de chaussure. Rien ne semblait pouvoir y prendre racine : au bout d’un moment, le commerçant trouvait meilleur ailleurs ou se trouvait écrasé sous ses dettes. De longs stores métalliques rouillés et couverts de graffitis barraient l’entrée de l’immeuble depuis la rue : sur le côté, cependant, une petite porte dans le mur menait à une cour privée, pensée pour les habitants des appartements.

Personne n’entendit la serrure de cette porte cliqueter, ni le grincement de ses gonds lorsqu’on l’ouvrit et qu’on la referma presque aussitôt.

Dans la cour, deux choses au ras du sol détallèrent à toute vitesse pour se cacher sous une vieille benne à ordure poussée contre le mur. D’autres graffitis avaient été tagués dessus – des graffitis qui évoquaient étrangement ceux des stores dans la rue. Deux portes ouvraient sur le bâtiment : une pour l’arrière-boutique, une autre pour les étages supérieurs. La deuxième était ouverte. De toute évidence, quelqu’un en avait enfoncé la serrure il y a bien longtemps – une brute en colère, un détachement des forces d’interventions ou le cartel local, impossible à dire.
Le bois des marches était éraflé, comme les murs. Des pans entiers de papiers peints pendaient dans la cage d’escalier, décollés par l’âge ou déchiré par main humaine. L’escalier était étroit, menant autant aux étages qu’au sous-sol. Une vieille cage d’ascenseur à grille offrait les mêmes services, mais son état déplorable et l’odeur d’urine qui s’en dégageait n’avait rien de très engageant. De l’entrée, on pouvait voir la porte du premier appartement : elle était entrouverte, grinçant au rythme du vent froid qui la poussait d’avant en arrière.

L’appartement commençait par un petit vestibule donnant sur une pièce à vivre et n’avait rien d’avenant. Le linoléum était sale, brûlé par endroit, arraché à d’autres. Comme en témoignait des gonds solitaires, une porte avait isolé l’entrée, fut un temps. Les deux pièces étaient plongées dans la pénombre : il faisait nuit, et seule la lumière des lampadaires filtraient en lames jaunâtre à travers les planches qui barraient les fenêtres. Il y eut un petit clic, puis la lumière crue d’une lampe torche fendit l’obscurité.

John Constantine inspecta rapidement le vestibule, puis la pièce à vivre. De ce qu’il en voyait, la porte tout au fond de la pièce principale donnait sur une cuisine étriquée : celle sur la gauche, sur un couloir plongé dans l'ombre. Le Britannique avançait silencieusement, choisissant consciencieusement où poser ses pieds. Tout était décrépi à souhait: chaque pas menaçait de lui faire traverser le plancher, et un vent froid passait à l’occasion par le cadre vide des fenêtres donnant sur la rue. L’endroit semblait sérieusement abandonné. Constantine n’aurait pas été là si ça avait été le cas.
Il s’avança un peu plus, balayant l’endroit du faisceau de sa lampe, inspectant le canapé en vinyle défoncé qui semblait lentement fondre contre le mur, les canettes et les conserves éparpillées sur le sol. Il se pencha : certains restent de nourriture n’avait pas encore moisi. La poussière n’avait pas entièrement recouvert les coins du canapé utilisable. Quelqu’un avait occupé l’endroit récemment. Un squatteur que personne n’aurait remarqué ? Peut-être.

Constantine n’était pas spécialement là pour l’inspection immobilière, et il ne pourchassait pas les sans-abris. Il traquait depuis plusieurs années le Culte de la Flamme Froide (récemment devenu le Culte du Sang Gelé). C’était une organisation vaste, puissante, et très discrète, qui s’était récemment mise à faire du bruit. Suffisamment pour que Constantine retrouve une piste, qui l'avait mené jusqu'ici.

Il y eut un bruit, en bas, dans la cour.

Constantine tourna la tête d’un geste sec, sans pour autant bouger sa lampe. On lui avait dit que l’endroit serait vide. Si quelqu’un avait fait ce bruit, autant ne pas lui montrer avec un grand éclat de lumière qu’il y avait du monde. Il se tint un moment au milieu du salon, retenant sa respiration, tendant l'oreille.

Il y eut un nouveau bruit. Un bruit de pas sur le goudron.

Le magicien balaya la pièce du regard à toute vitesse. L’opercule d’une boite de conserve ? Trop proche, ce serait risquer s’exposer beaucoup trop. Le pied de la table basse ? Même chose, si c’était un costaud, ça ne pouvait pas être son seul moyen de défense. Il jeta un regard à la cuisine. Pesa le pour et le contre, puis haussa imperceptiblement les épaules. Constantine coupa prestement sa lampe et se dirigea d’un pas aussi rapide et discret que possible. Si l’inconnu montait et entrait, il l’attendrait. Derrière la porte. Prêt à lui éclater une chaise sur le crâne.
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Re: Mourir hier, puis se recroiser demain - Zatanna Zatara Sam 30 Oct 2021 - 19:28


Mourir hier, puis se recroiser demain
John & Zatanna
Garde le sourire plus rien est grave, tant qu'il nous reste une seconde de souvenir dans le crâne. Nos deux corps pourraient mourir j'ai déjà fait le deuil. Maintenant pars loin de moi, une larme cachée dans l'œil.
Do American girls usually fall for that accent?


Ses talons sonnent bizarrement sur le goudron sale, elle jure dans le paysage torturé de Gotham. Son regard se promène sur les ruelles environnantes, deux trois camés, un chat noir, c'est pas le genre d'endroits qu'elle a l'habitude de fréquenter. Pas de scène en bois vernis ici, pas de projecteurs, de paillettes et d'applaudissements, Zee déteste Gotham. Elle a toujours eu l'impression que cette ville broie les rêves, broie les gens, broie les rêves des gens et les rend toujours plus sombres, toujours plus froids. Elle n'y vient que peu, pour Bruce le plus souvent. Des visites de courtoisie qui n'ont rien à voir avec sa présence ici, Zee frisonne. Tout pourrait s'écrouler dans cette rue, elle n'aurait qu'à prononcer quelques mots à peine intelligible pour raser le quartier, peut-être même la ville. Rien n'est solide à Gotham, tout est voué à disparaitre, les gens comme les tags sur les murs, les canettes de soda qui pourrissent dans les coins. Elle déteste ça. Le ciel est bas, ses talons claquent jusqu'à l'entrée du batiment en question, elle le sent d'ici. Toute cette noirceur, toute cette moisissure. Ça colle à ses fringues, lui colle à la peau, elle ne rêve que de fuir, partir et jamais revenir. Soupir en poussant la porte, ce serait trop facile.

L'endroit semble désert.

Elle perçoit un peu d'agitation non loin, elle se dit que ce sont les rats. Qui ça pourrait être d'autre, si ce n'est eux ? Que ce soit les rongeurs ou les adeptes du culte qu'elle surveille plus ou moins, rien d'autre que des rats. Elle plisse le nez, toujours immobile. Ce n'est pas vraiment pour le monde qu'elle le fait, peut-être un peu mais beaucoup pour elle. C'est son père qui a l'origine de cette organisation, en partie. Elle ne sait pas vraiment si c'est pour empêcher que sa mémoire ne soit entachée qu'elle y tient à ce point, ou si c'est parce qu'elle se sent responsable. Peut-être un peu des deux, Zee fait un pas en avant. Ils étaient là, elle le sait. C'est plus fort encore qu'un pressentiment, elle ressent toutes les énergies néfastes qu'ils dégagent.

Il y a quelqu'un.

Ça aussi elle le ressent, un rongeur ne fait pas autant de bruit. La magicienne inspire, elle n'est pas à sa place ici, ne se sent pas en danger pourtant. Y a une certaine familiarité, quelque chose qu'elle reconnait sans savoir pourquoi. Des effluves de cigarettes peut-être, de bourbon.

- Etseg nu sulp.

La formule sonne et résonne, peu importe qui se trouve ici, rongeurs ou humains, ils sont condamnés à ne plus bouger jusqu'à ce qu'elle l'ait décidé. Zee attend un instant, peut-être une seconde avant de rentrer dans la pièce. C'est comme recevoir une gifle à partir de là, comme un coup entre les côtes, sa respiration reste bloquée. Elle l'a cherché. Elle l'a cherché si longtemps. Elle a presque cessé d'espérer. Elle a voulu oublier. Elle a songé à le forcer, à effacer son image de ses pensées, à l'annihiler de son esprit quitte à en devenir folle, quitte à se se souvenir de rien, à devoir tout recommencer. Elle avait peur de rien tant elle souffrait, rien ne pouvait être pire, rien ne pouvait être grave à partir de là. C'était la douleur d'un lien perdu et jamais vraiment consommé, à la fois le plus important et le plus détesté.

- Toi.


Lui. Elle s'était dit qu'elle passerait l'éponge sur tout si elle le retrouvait, la seule chose dont elle avait envie à ce moment là était de le projeter contre un mur, de laisser l'immeuble s'écrouler sur eux et les enterrer pour de bon. Lui.

- Vivant.

Elle le savait. Elle avait cette curieuse croyance que lorsque quelqu'un que l'on aimait vraiment mourrait, on le savait. Au fond de soi, on le ressentait. Elle l'aurait su si Constantine avait réellement quitté la surface de la terre, c'est sûrement ce qui lui a permis d'entretenir cette mince mais réelle lueur d'espoir.

- Imbécile.

Son sortilège se rompt en un mot, suffisamment brusquement pour déstabiliser le magicien, ou en tout cas c'est ce qu'elle espère. Y a ces deux forces qui se battent en elle, celle qui veut l'avoir au plus près pour s'assurer qu'il s'agit bien de la réalité et celle qui veut simplement lui faire payer.

- Je t'ai cherché. Partout. Pourquoi ?


Pourquoi t'es resté loin de moi ? Elle se demande si ça fait longtemps qu'il aurait pu revenir, ça la flingue. Elle se demande aussi s'il lui en veut de ne pas avoir aidé quand elle aurait pu. Pathétique, faut croire que ça n'en finira jamais.
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John Constantine
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Re: Mourir hier, puis se recroiser demain - Zatanna Zatara Mer 10 Nov 2021 - 13:57





Les pas montèrent les marches grinçantes l’une après l’autre, lentement. Le britannique réajusta sa prise sur les pieds de la chaise qu’il tenait brandie au-dessus de sa tête, concentré sur sa respiration et prêt à assommer le nouvel arrivant. Qui que ce soit, en vérité, Constantine n’avait aucune intention de le laisser conscient : si c’était un cultiste, ça serait un ennemi de moins. Si c’était un sdf, il l’empêcherait de fouiller l’endroit comme convenu. Même chose si il s’agissait d’un flic.
La présence s’immobilisa sur le pallier, devant la porte de l’appartement. Il y eut un temps de latence, qui sembla s’étirer comme si le monde entier retenait son souffle en une pause absolue, qui ne laissait plus que Constantine et l’intru du pallier, entourés de silence et du bruit discret de leurs battements de cœur. Il leva un tout petit peu plus la chaise, prêt à bondir, et attendit.

- Etseg nu sulp.

La réalisation le frappa plus vite que le sortilège. Une phrase à l’envers, qu’il retraduisit par pur automatisme. Une voix qu’il n’avait que trop entendu dans sa propre tête ses derniers mois, au milieu de ses remords et de ses cauchemars. Une voix qui, la dernière fois qu’elle avait véritablement sonné dans l’air, n’était chargée que de colère contenue, de douleur et de chagrin. Une voix qu’il aurait tout fait pour réconforter, si il avait pu.
Lorsqu’elle entra dans la pièce et qu’elle tira la porte pour révéler la silhouette cachée derrière, John ne bougeait plus. Son corps était complètement figé, amorçant un tourbillon de métal et de vieux plastique bloqué en plein élan. Son visage s’était arrêté sur un air de surprise marquée, yeux écarquillés. Il ne pouvait rien dire, seulement la suivre du regard.

Oh non. Non non non non non non non...

- Toi. Vivant.

Zee. En chair et en os, chapeau haut de forme sur la tête, dardant sur lui un regard qui trouerait du béton armé. Ses yeux bleus myosotis lançaient des éclairs, et John aurait été bien incapable de décider si son poing tremblait sous le coup de la tristesse, de la colère ou d’un savant mélange des deux.
Ça n’aurait pas dû se passer comme ça. Il avait prévu quelque chose - autre chose, tout mais pas ça ! Il serait venu au-delà des étoiles pour voir son spectacle. Déguisé, bien sûr, mais juste assez pour qu’elle le remarque un peu dans la foule. Il se serait présenté avec des roses et une adresse de restaurant à sa loge, il lui aurait tout dit. Combien il était désolé. Ce qu’il avait vécu, pourquoi ça l’avait fait réfléchir. Il avait tout prévu, et tout prévu autrement – ailleurs, à un autre moment. Il n’avait juste pas eu le temps de le mettre à exécution.
Voilà. Pas eu le temps. Et puis la voilà au milieu d’un taudis, à Gotham, le prenant par surprise. Il n’avait pas encore eu le temps de venir la voir, mais ça serait venu. Il suffirait de lui dire, de poser la chaise et de parler un peu.
Ses lèvres étant encore magiquement soudées, il se tut. Mais à travers le sortilège, ses yeux écarquillés changèrent un tout petit peu, comme le font les yeux qui se préparent à retenir des larmes.

- Imbécile.

Le sort se rompit d’un coup sec, prenant le magicien par surprise. Il manqua de trébucher, réajusta in extremis sa posture mal pensée pour tenir debout – et instinctivement, il baissa un peu la chaise. Juste assez pour ne plus avoir l’air de menacer la porte avec, pas assez pour ne pas sembler s’en servir de bouclier contre Zatanna.

- Je t'ai cherché. Partout. Pourquoi ?

John haussa très légèrement les sourcils, l'air honnêtement pris de cours. Il observa la lèvre de la jeune femme qui tremblait un peu, la tempête bleue dans ses yeux, la colère qui vibrait dans l’air autour d’elle. Il n’avait pas besoin d’être télépathe pour savoir qu’elle était à un cheveux de lui lâcher l’immeuble tout entier sur la tête, et cette pensée l’attendrit plus qu’il ne s’y attendait. Tu m'as cherché ?
Il avait beaucoup de choses à lui dire. Combien elle lui avait manqué, si terriblement manqué ; combien il regrettait tout, combien il aurait voulu l’arracher à Faust, il y a une éternité, combien il aurait dû, combien il était si, si désolé. Et peut-être aurait-il pu raconter ce qui s’était passé – pourquoi elle le croyait mort, pourquoi il était encore là.

Ça ne dura qu’un battement de cil. John ouvrit la bouche, cherchant visiblement ses mots – et pendant un très court instant, les mots vinrent effleurer ses lèvres. Des excuses pour eux deux, des sentiments confus, douloureux, paniqués, des souvenirs qu’il ne voulait pas inspecter. Ses pensées se bousculèrent en un cri douloureux et muet qui ne quitta pas le fond de ses yeux. C’était trop, et trop d’un coup.
Il posa la chaise au sol, avec un petit bruit sec. Il s’appuya sur le dossier, baissa les yeux. Sa voix était rauque, mais l’ombre qui était passée sur son visage pendant ce très bref battement de cœur avait disparu. Il raccrocha le regard de la magicienne.

- Qu’est-ce que tu fais ici, Zee ?

Il y avait quelque chose, dans son expression ou son attitude, qui disait « pas maintenant ». « S’il-te-plaît, pas maintenant ». Un message difficile à voir dans l’ombre ou en colère.
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Re: Mourir hier, puis se recroiser demain - Zatanna Zatara Ven 10 Déc 2021 - 14:05


Mourir hier, puis se recroiser demain
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Ça, c'est tout lui.

Mourir et revenir frais comme un gardon avec les compliments du Diable, débarquer au beau milieu de nulle part, ne lui donner aucune explication pour justifier sa récente résurrection et oser lui demander ce qu'elle fout là. L'espace d'un instant, un bref instant, elle considère à nouveau l'idée de le transformer en lapin/crapeau/chaton/rat de laboratoire/veuillez rayer la mention inutile afin de le mettre dans son chapeau pour ne plus jamais l'en libérer. Un très court instant.

- Ce que je fais, moi, ici ? Vraiment ?

Elle comprend le message, pas maintenant, pas ici, pas comme ça. Elle n'est pas sûre de vouloir respecter l'injonction, la tête toujours embrumée et les veines toujours bouillonnantes. Certaines choses ne changent pas, les sentiments contraires que font naître leur relation et leurs interactions chaotiques en font partie. Elle a beau essayé de comprendre, elle ne parvient pas à saisir comment tout ça est possible. Toujours incertaine, elle pense tout de même à poser les questions qui font mal même si ce n'est ni le lieu ni le moment. Après tout, si ce n'est pas maintenant, quand ?

- Je dératise la zone, je pensais que c'était plutôt évident.

La magicienne chasse du talon une boite de conserve qui gisait là depuis trop peu de temps pour qu'elle appartienne au reste des débris. Sa mâchoire se serre, elle ferme les yeux. Il faut laisser les flammes retomber pour ne devenir que de toutes petites étincelles à peine perceptibles, il faut contrôler. Elle contrôle toujours tout, sauf ça. Sauf lui. Ça non plus, ça ne changera jamais. Zee fait de son mieux pour se concentrer sur la scène qu'elle a sous les yeux et essayer de recoller les morceaux, la noirceur lui colle toujours à la peau.

- Et j'ai encore du boulot visiblement.

L'italienne pivote légèrement pour lever un sourcil accusateur en sa direction, qu'est-ce que tu fais là ? C'est bas mais c'est sa manière de réagir à la surprise de le voir là, parfaitement en vie et parfaitement loin d'elle. Elle a l'impression que tout un monde les sépare, une décennie au moins et qu'ils n'existent jamais au bon endroit, au bon moment, en même temps. La colère redescend comme elle est montée, particulièrement vite et sans prévenir. Il ne reste plus grand chose maintenant, juste un fond de ressentiment déjà déclaré absent, un peu de fatigue et de désillusion.

- Je pourrais te poser la même question.


Avec le recul, la situation lui parait presque risible. Après tout, ça leur ressemble de se retrouver là au milieu d'une ruine pour leurs retrouvailles. Elle pourrait lui poser mais elle ne le fera pas, au fond elle pense savoir pourquoi. S'ils se retrouvent ici au même endroit, c'est parce qu'ils cherchent la même chose, comme d'habitude. Soupir,
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Re: Mourir hier, puis se recroiser demain - Zatanna Zatara Lun 17 Jan 2022 - 16:45





Zee ferma les yeux, prenant une inspiration sifflante – John, lui, en profita pour se rappeler qu’il pouvait et devait respirer. C’était plus facile quand il ne devait pas affronter le regard brûlant et furieux de la magicienne en même temps.

- Je dératise la zone, je pensais que c'était plutôt évident.

- Le côté fulminant est assez révélateur, oui.

- J'ai encore du boulot visiblement.

La remarque arracha un sourire mince au magicien. Il semblait fatigué. L’obscurité ambiante accentuait ses traits tirés, et la tristesse logeait dans ses yeux n’aidaient pas à le présenter sous son meilleur jour. Pour autant, la blague le faisait sourire – peut-être un peu moins que si Zee n’avait pas été en mesure de le ratiser d’un claquement de doigt rageur. Son regard dévia un peu, balayant la pièce entière. Trouver un autre sujet. Il fallait trouver un autre sujet, et vite.

- Je pourrais te poser la même question.

- Même chose, trésor. Je traque des rats – des rats nombreux, armés jusqu’aux dents, magiciens et qui vénèrent le diable.

Il entra dans la pièce, la contournant légèrement pour explorer un peu l’endroit. Il y eut un nouveau clic, puis le faisceau de sa lampe-torche trancha l’obscurité.

- Je les suis depuis un moment. Ils étaient discrets… jusqu’à maintenant.

De sa lumière, il indiqua la place sans poussière sur le canapé et les conserves relativement récentes. Quelqu’un avait occupé cet endroit, il n’y a pas si longtemps. Supposément, l’endroit servait de cache pour les Cultistes. Restaient à savoir si c’était vrai, et si il restait des informations qui pouvait mener quelque part.
Constantine n’était pas mauvais pour rassembler des infos, mais c’était souvent plus facile si lesdites infos pouvaient s’obtenir autour d’une bière ou en faisant chanter quelqu’un. Le bâtiment était vide, pour le moment : les informations qui resteraient tiendraient aux restes de magie, aux symboles cachées ou aux infos dissimulées ici et là. Ça lui prendrait du temps. Ou du moins, ça lui en aurait prit beaucoup plus si une Homo Magi en bonne et due forme n’avait pas rejoint son équipe sur un coup de pouce de la Providence.

- Ils préparent quelque chose. Ils ont volés certains manuscrits à Prague. On a retrouvé un guide assassiné à Lyon, en France. On a vu réémerger des cas de changelins depuis quelques mois seulement. C’est trop fragmenté pour que je sache ce qu’ils font exactement, mais ils se passent quelque chose de trop gros pour qu’ils parviennent à rester discrets.

Constantine évitait de croiser le regard de Zee. Il était occupé à étudier chaque débris, chaque chose qui passait sous ses yeux. Doucement, il jeta un regard par la fenêtre, à travers les planches, au cas où la vue révélerait quoi que ce soit. Il sembla hésiter un bref instant, le regard perdu dans la rue. Il n'y voyait rien d'intéressant - des trottoirs sales, des lampadaires grésillants. Constantine n'observait pas grand chose, en vérité: il cherchait ses mots.

- Je ne dirais pas non à ton aide, Zee, laissa-t-il échapper dans un murmure.

Il lui lança un regard. Un seul, bref, accompagné d’un petit sourire pour se donner une contenance. Peut-être qu’il lui parlerait. Peut-être pas. Il ne savait pas encore, mais il ne voulait pas qu’elle parte tout de suite.
Le salon n’avait rien à apprendre : il était sale, sens dessus-dessous, et pas très grand. Les murs de la pièce avaient été tapissés, il y a très longtemps : depuis, le papier peint étaient tombé en ruine, couvrant encore les murs par endroit, exhibant des murs de plâtre sale à d’autres. Par endroits, des graffitis avaient été peints, évoquant un peu ceux de la cour et ceux de la boutique. Dans l’ombre, tout cela formait une fresque complexe de tâches, d’éraflures et de motifs effacés qui se mêlait au point d’être indistinguables.
Le magicien releva sa lampe vers la cuisine, et s’y dirigea doucement. Zee était là pour une raison précise, aussi ne partirait-elle probablement pas tout de suite. Il l’espérait, du moins.
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Re: Mourir hier, puis se recroiser demain - Zatanna Zatara Lun 7 Fév 2022 - 18:25


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Zee ne comptait pas réellement le ratiser.

L'idée lui est peut-être rapidement passé par la tête mais n'a jamais été envisagée sérieusement. Elle en sourirait presque tant la situation parait improbable, inattendue. Si elle avait su qu'elle se retrouverait en face de John Constantine aujourd'hui, elle aurait sûrement évité de le chercher aussi longtemps. En écoutant les réponses à ses questions, elle fait le choix particulièrement pragmatique de mettre ses sentiments de côté pour le bien de cette mission. Ce qu'ils sont tous les deux venus chercher ici. Ça ne l'empêche pas de tiquer légèrement sur le surnom, ni d'être passablement outrée par son ton si nonchalant. Une petite voix particulièrement sournoise lui souffle néanmoins que cette attitude qui rend tout le monde taré, c'est ce qui lui plait le plus. Zee chasse ces pensées. Rester professionnelle, elle sait faire. Jouer la comédie, elle connait aussi. Plus qu'à allier les deux.

- Sdner sel secart ed eigam selbisiv.
*Rends les traces de magie visibles.

Très vite, des trainées verdâtres s’allument autour d'eux, sortes de petites guirlandes fluorescentes flottant en l'air qui n'ont cependant aucun intérêt décoratif. Tout ce à quoi elles servent, c'est montrer que de la magie a bel et bien été utilisée ici. Et surtout, où elle va.

- On a manqué la fête de peu, il semblerait.


Zee hausse un sourcil, les traces de magie sont puissantes et surtout récentes, une semaine, peut-être plus. Quelques jours, peut-être moins. En d'autres termes, impossible de le savoir précisément. Tout ce que Zatanna sait, c'est que son pressentiment était correct lorsqu'elle est entrée. Ils étaient bien ici et leur magie est particulièrement détestable. Elle frisonne, fuit toujours le regard de John en suivant la trainée verte jusqu'au pied de l'escalier. S'il y a bien quelque chose qui l'énerve - en dehors de Constantine - c'est ceux qui utilisent la magie pour servir leurs propres intérêts. Des intérêts qui souvent, ne reluisent pas de bienveillance.

- As-tu des hypothèses ? Sur ce que tout ça signifie.


Il lui avait déjà confiait qu'il ne savait pas précisément ce que le groupuscule préparait, mais elle savait qu'il supposait certainement d'autres choses. Zee lui lance un regard, un seul, pour se reconcentrer par la suite sur les murs gorgés d'humidité, à moitié friables, au papier peint presque décollé. Ça brille derrière elle, elle s'en rend compte à ce moment là.

- Il y a quelque chose d'écrit. Juste là.

La magicienne s'empare d'un pan de papier peint qu'elle fait glisser sans effort jusqu'au sol. Une bonne dizaine d'inscriptions se trouvent dessous, qu'elle peine à déchiffrer. Tout ça ne lui plait pas, autant les émotions qu'elle refoule que celles qui viennent la trouver et qui ne sont pas les siennes. Cet endroit est empreint de leur magie et si elle s'écoutait, elle le quitterait.
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Mourir hier, puis se recroiser demain - Zatanna Zatara
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