« Another one bites the dust » ft. Ray Palmer - Kent Nelson

_____Calme, tout est parfaitement calme. C’est une sensation assez bizarre, celle de remarquer à quel point ta vie est bien calme lorsque tu jettes un œil derrière toi. Tout ce chaos, cette voix dans ma tête qui cherchait à réveiller le pire au fond de moi, les nombreuses blessures que mon corps s’infligeait en essayant de lutter contre sa force surhumaine. Les cauchemars, les migraines, les médicaments, les effets secondaires, la narcolepsie, j’épargne les détails, car tout est calme.
Ça faisait plusieurs jours que je n’étais pas rentré à la Maison des Mystères. Il m’arrivait d’y passer en coup de vent pour signaler à l’homme qui me servait de colocataire que j’étais encore en vie. Un sms aurait suffit, mais sur le chemin, je prenais le temps pour récupérer quelques affaires. Je sais que je reviendrais me cloîtrer ici quand le pire arrivera mais lorsqu’il y a un brin de ciel bleu dans ma vie, j’essayais d’en profiter au maximum.

Un ou deux jours s’étaient écoulés sans entendre sa voix. Je me suis réveillé en ne ressentant quelques légères courbatures supportables. Pendant un instant, je me suis demandé s’il n’avait pas juste décidé de prendre ses valises et de quitter ma tête. C’était le rêve parfait, mais je sentais toujours sa présence lorsque je me concentrais un peu. Je n’avais pas cherché à attirer son attention, ni même à engager la discussion. Non, j’étais heureux quand il fermait sa gueule et je comptais bien en profiter, le temps que ça dure.
J’avais été un élève exemplaire aujourd’hui. Je suis arrivé à l’heure, avec des yeux qui n’étaient pas cernés de noir. Je ne m’étais pas endormi pour terminer ma nuit. En fait, j’avais passé une journée tout ce qu’il y a de plus classique pour un étudiant. C’était bizarre, mais agréable. J’aurais peut-être du me méfier à ce changement soudain d’attitude, ça m’aurait peut-être épargné la suite. Je crois que je me sentais tellement bien entouré, que si Amy tentait quoi que se soit de stupide, il échouerait.

Il a tenté quelque chose de stupide, un soir. Ma chambre est assez isolé dans le quartier résidentiel de l’académie. C’était un souhait de ma part, je ne voulais pas faire de mal aux autres. Quand je me laissais porter dans le royaume des songes, rien ne pouvait l’empêcher de prendre le contrôle de mon corps. Avec le temps, je commençais à comprendre comment Amy fonctionnait et comment il parvenait à prendre le dessus sur moi.
Je savais que des protections avaient été installé pour limiter ces déplacements et prévenir de son réveil. Je n’en avais pas spécialement connaissance, cela aurait suffit pour mettre mon démon au courant. J’avais accepté de me plier à une certaine surveillance, du moment que je ne retrouve pas une caméra dans ma salle de bain. Il faudrait que je vérifie un jour, dans le doute. Amy sentait les quelques protections magiques qui le maintenait prisonnier dans ma chambre étudiante.

Cette soirée, il s’était réveillé en réalisant son rituel nocturne. Aux alentours de deux à trois heures du matin, il redressait mon corps en manquant de faire craquer mes os. Mes premiers mouvements semblaient désynchronisées, comme s’il réapprenait à chaque fois, à contrôler un corps humain. Il observait mécaniquement les alentours. La pénombre ne semblait pas être un problème pour lui. Il marcha en direction de la salle de bain, alluma la lumière pour qu’elle puisse éclairer une partie de ma chambre.
Son attention se porta mécaniquement sur le placard où je rangeais mes médicaments. C’était une véritable pharmacie où les boites d’antidouleurs et de neuroleptiques étaient rangés de manière peu ergonomique. Je jouais les docteurs, j’en prenais quelques uns, beaucoup. Même si la journée avait été agréable, cela ne m’a pas empêché de consommer quelques antidouleurs, dans le doute. Amy en saisit une boite, ceux-là était puissant. Il attrapa trois, quatre gélules dans le creux de ma main avant de me faire avaler le contenu.

« Peut-être un de plus… J’ai besoin de plus de temps » marmonna-t-il.

Dans le doute, il me fit avaler une gélule supplémentaire. Amy avait sans aucun doute un plan en tête, un plan qui nécessitait à ce que je reste endormi pendant de longues heures. Il garderait le contrôle absolu de mon corps pendant tout ce temps, sans craindre une interruption. Tout était déjà prêt, il avait déjà répété le scénario une dizaine de fois.
Avant de quitter la salle de bain, il s’était permis de fouiller dans mes affaires pour prendre un de mes rasoirs jetables. En quelques mouvements de main, il était parvenu à retirer les lames de l’étui en plastique. Ces gestes avaient été un peu maladroit, la peau de mes doigts s’en est sortit avec quelques séquelles. Il ne garda qu’une lame qu’il pinça entre mes deux doigts ensanglantés.

Il s’était installé au centre de la chambre, assis en tailleur. Le peu de lumière présent dans la pièce éclairait le sol et une partie du haut de mon visage. Il patienta quelques temps, quelques minutes ne temps que les médicaments fasse effet. Il ne pouvait pas en ressentir les effets mais il s’était fixé une fourchette de temps suffisante avant de passer à l’action. Il redressa soudainement mon bras jusqu’à mon visage. La lame trancha mon bras pour descendre progressivement et profondément.
La douleur aurait pu me réveiller mais rien ne se produisait. Amy observa le sang s’écouler doucement sur le sol, tâchant mes vêtements. Je crois qu’il ne prenait pas réellement conscience des dégâts conséquent qu’il venait d’infliger à mon corps. Il n’en prêtait pas attention, il misait probablement sur ma régénération pour me soigner.

Il coupa la cascade de sang avec les doigts de mon autre main. Il s’en servit pour dessiner sur le sol quelques symboles dont j’ignorais la signification. Les protections mystiques installés par Fate empêchait Amy de sortir de l’endroit, peut-être même qu’ils l’empêchaient d’utiliser mes pouvoirs à l’intérieur. En réalisant ce rituel, il espérait bien entrer en contact avec ces derniers alliés, dans les tréfonds des enfers, si tenter qu’ils parviennent à répondre à son appel. Les secondes passèrent, sans succès, Amy continuaient de dessiner quelques symboles supplémentaires pour se protéger, car il le sait, la cavalerie arrive.

_____Le sang continuait de s’écouler le long de mon bras. La douleur infligé par Amy arrivait parfois à m’extirper du monde des songes pour reprendre le contrôle de mon corps. Cette fois, même la sensation de la lame qui tailladait profondément ma peau ne parvenait pas à me réveiller. J’étais incroyablement détendu, loin du bordel qu’Amy avait foutu dans ma chambre. Je crois que je n’étais pas prêt à découvrir ce que le démon s’était amusé à faire avec mon propre sang. Pour préparer son œuvre, le démon avait besoin de beaucoup de temps et de ne surtout pas être dérangé. Je ne le savais pas encore à ce moment mais, il m’avait drogué, avec beaucoup d’anti-douleur, peut-être même un peu trop. Je ne sais pas s’il se rendait compte que j’étais à deux doigts de l’overdose. En fait, je crois qu’il s’en moque.

Amy était trop occupé à gérer les renforts qui était sur le point d’arriver. Il se savait surveiller. Certaine nuit, malgré l’impossibilité de sortir, Amy faisait le tour de ma chambre, cherchant des indices sur la façon dont les membres de cette académie arrivait à nous surveiller. Je ne savais pas réellement ce qu’il avait trouvé mais il n’avait pas oublié de se préparer à une éventuelle attaque. Autour de sa tentative d’appel, il avait commencé à créer quelques runes de protection autour de mon corps, en espérant que cela arrêterait les magiciens qui oserait l’interrompre.
Malheureusement pour lui, ce n’est pas un mage qui est venu l’interrompre en premier, mais le directeur de l’Académie lui-même. Amy dessinait avec le bout de mes doigts les derniers symboles qui aurait pu le protéger. Mon bras meurtri laissait traîné une marre de sang sur le parquet pour venir trempé mes jambes et teindre mon pantalon. J’ai espéré que ma régénération fasse effet avant que je ne perde tout mon sang.

Un poing vient s’écraser sur mon visage, j’aurais aimé qu’il me réveille. Ma corps fut violemment repoussé et même la force surhumaine d’Amy fut obligé de laisser ma nuque pivoter sur le côté au risque de la briser. Le démon ne ressentait aucune douleur physique, un large sourire illumina mon visage pour se moquer de l’acte de désespoir de Ray. Il était parvenu à passer entre les runes grâce à une habile stratégie. Amy laissa échapper un rire avant de redresser ma tête pour observer le directeur droit dans les yeux.

« Allons, calme-toi mon vieux, tu vas nous chopper une syncope en te mettant en colère comme ça. » Amy se moquait, car il sentait qu’il avait clairement le dessus sur le directeur de l’Académie et il comptait bien en profité. « Malheureusement, j’ai peur que Joseph ne réponde pas à ton appel. » Il orienta mes yeux quelques secondes sur le côté, comme pour faire semblant « J’ai bien peur qu’il en est… un peu trop pris. Trois, quatre… peut-être plus. Après tout, ce n’est pas un très bon médecin. Il ne se réveillera pas, il ne reprendra pas le contrôle cette fois. Je fais ce que je veux, de lui. »

Amy s’amusait, Atom pouvait continué de frapper, il n’obtiendrait rien. Quelque chose attira mécaniquement son attention, une mélodie que je ne pouvais entendre, mais qui semblait avoir fait perdre son sourire. Mon visage commençait à se défigurer par la frustration, puis par la colère. Le rituel qu’il venait d’effectuer ne servait plus à rien. Les quelques liens qu’il pouvait encore effectuer avec les enfers venaient de se rompre. Il connaissait probablement le coupable de cet affront. Il ressentait cette magie nauséabonde qui l’handicapait dans chacune de ces tentatives.

« RAAAAAAH. » Un hurlement de frustration.

Il souilla avec le sang qui s’écoulait encore de mon bras, le dessin qu’il avait effectué pour tenter d’entrer en communication avec ses derniers alliés, désormais inutile. Non, il n’avait pas préparé tout ça pour que tout tombe à l’eau. Il orienta son regard en direction de Ray. Il était impuissant, non ? Amy essaya de cacher sa frustration pour tenter autre chose, pour jouer avec les sentiments du directeur de l’académie.

« Tu tiens à cet homme, n’est-ce pas ? Je peux arrêter l’hémorragie, je peux même accepter quelques soins avant que les médicaments ne lui détruisent les organes. » Il se tourna vers la porte de ma chambre, piéger par une puissance mystique qui l'empêchait de sortir de cet endroit, pas sans une aide extérieure. « Ouvre cette PUTAIN de porte. »

_____Son plan était tombé à l’eau, pourtant Amy voyait une opportunité de quitter le bâtiment. Il aurait bien plus de faciliter à quitter à retrouver la liberté en passant par l’académie plutôt que la Maison des Mystères. Même si la présence du directeur et la magie de Fate l’avait ralentit, il avait déjà prévu un plan de secours. La colère qui défigurait mon visage s’était atténué en quelques secondes pour laisser échapper un léger sourire amusé suite aux réponses de Ray. Revenir en enfer, c’était bien dans ces cordes et ça serait probablement un comble pour l’ancien Atom de lui venir en aide. Un nouveau sourire moqueur illumina mon visage, il pencha ma tête sur le côté. La petite musique lui procurait une douleur constante qu’il essayait d’ignorer.

« Allons, il avait besoin de dormir, non? » Amy se moquait de Palmer, lui faisant payer tout le mal qu’il avait pu lui faire en le titillant. Il devait probablement croire qu’il ne pouvait rien faire face à lui. « Vos examens sont relativement stressant, je lui ai simplement donné de quoi se détendre. » Il haussa mes épaules avec un rire amusé, prendre soin de mon état physique et mental était loin de ses habitudes. Il savait que cela sonnait faux mais il s’amusait « … Juste de quoi faire de beaux rêves pendant un moment... » Il hésita un instant, comme s’il avouait qu’il venait de mentir. « ...ou pas. »

Amy n’était pas réellement agressif. Il aurait pu sauter au cou de Ray Palmer pour le forcer à ouvrir cette satanée porte qu’il refusait d’ouvrir. Il pensait probablement que son moyen de pression était suffisamment efficace pour qu’il garde ces positions. La technologie du directeur intriguait cependant le démon, peu habitué à du matériel aussi poussé. De temps en temps, il semblait laissé échapper des petits tics, des mouvements de tête incontrôlés, de l’agacement lié à cette musique qu’il ne pouvait pas faire taire. En plus d’être présent aux côtés de Palmer, il semblait également occupé par autre chose.
Il put observer les petits insectes se libérer et rapetisser de plus en plus. Même si, lorsqu’il était proche de mon corps, il ne pouvait plus les voir, il tenta d’en arrêter certains en les emprisonnant . J’ignorais si c’était utile, lui aussi. Les androïdes étaient parvenu à entrer dans mon organisme et commençait déjà à nettoyer les toxines pour m’éviter l’overdose. Amy avait perdu son sourire.

« Non, il est à moi. Tu ne le réveilleras pas comme ça. » Son regard se tourna mécaniquement vers Ray. « FILS DE CHIEN. »

Il généra un puissante onde psychique pour essayer de détruire les quelques androïdes qui se promenaient dans mes organes et mes vaisseaux sanguins. Le choc avait probablement réussi à en tuer quelques uns, mais pas tous. Difficile pour Amy de savoir s’il avait été efficace sur ce coup là. Cette action l’avait rendu beaucoup plus agressif. En me soignant, je risquais bien de me réveiller et faire définitivement échoué les plans du démon.

L’onde psychique avait également touché Ray. Amy fonça dans sa direction pour venir écraser mon poing contre sa cage thoracique. Sa puissance démoniaque se faisait ressentir à chaque coup qu’il envoyait dans le corps de Ray. Il le saisit ensuite par la gorge avant de rapprocher mon visage du sien. Il ne souriait plus, il était remplit de colère, et ne retenait pas sa force contre le directeur de l’académie.

« Tu veux me pourrir l’existence ? Bien, fais le ! C’est tout ce que tu PEUX FAIRE pour soulager ta conscience parce que tu ne peux RIEN faire. Toi et tout tes POTES vous ne pouvez rien faire. Vous aurez beau essayé de me mettre des bâtons dans les roues, je continuerais d’avancer. Sache que je continuerais à pourrir son existence également. Tu sais que j’ai les moyens de lui faire du mal. » Il laissa échapper un sourire provocateur. « Avec moi, il fait de beaux rêves, mais tu le sais probablement déjà. »

D’un coup, un son étrangement familier et douloureux le força à lâcher Ray et à reculer d’un coup. Mes mains se collèrent contre mes oreilles. La souffrance avait été soudaine et désagréable. Le démon laissa échapper un cri de rage lorsqu’il reconnu le son du diapason de Fate. Il était là, proche de la chambre mais il était incapable de le localiser.

« RAAAAAAAAAAAAAAH. »

Un hurlement de rage. Ma colonne vertébrale se plia. Le son devait être particulièrement insupportable. Il s’était débattu pendant quelques secondes, secouant ma tête pour essayer de chasser ce son désagréable et les violentes migraines qu’il provoquait. Au bout d’un moment, Amy céda, la douleur était trop forte. Il répondit aux exigences de Ray Palmer et finit par laisser sa place. Mes muscles s’étaient détendu, mes jambes ne me retenaient plus et je me suis écroulé sur le sol, mon corps baignant dans mon propre sang.
J’ai repris conscience, mais je n’étais pas certains d’avoir reprit le contrôle de mon corps. Mes paupières se sont doucement ouvertes, j’étais épuisé avec une étrange sensation d’avoir été réveillé en pleine nuit pour une raison obscure. Je crois que je ne prenais pas réellement conscience de ce qu’il s’était passé. Ma tête commençait doucement à se mouvoir pour observer les alentours. C’est de l’eau, ou du sang qui tâchait mes vêtements ? J’observais l’imposante blessure sur mon bras qui laissait échapper mon sang, sans prendre conscience du mal que ça pouvait engendrer.

« ... »

Je n’avais pas les idées claires, probablement à cause des médicaments qu’Amy m’avait fait ingéré. Mon regard finit par croiser celui de Palmer. Mes lèvres se sont mises à bouger, comme si je cherchais à dire quelque chose, sans comprendre qu’aucun son n’allait en sortir. Je crois que même sans avoir l’esprit clair, je savais qu’Amy m’avait libéré bien rapidement, trop rapidement pour qu’il n’est pas quelque chose derrière la tête.

« ... »

_____Mes paupières étaient incroyablement lourdes, mais mon instinct m’invitait à les garder ouvert. Je crois que c’était une question de vie ou de mort, à ce moment-là, je n’avais pas l’esprit suffisamment clair pour comprendre ce qui était en train de m’arriver. Mon corps effectuait mécaniquement le travail pour que je reste éveillé. J’ai commencé à faire bouger ma tête pour tenter de comprendre où est-ce que je me trouvais. Ma vision était encore troublée, je ne parvenais pas à reconnaitre ma propre chambre.
Pendant quelques secondes, ma tête s’est glissée sur le côté pour observer le sang qui s’échappait de mon entaille. Pas la moindre réaction, je n’ai pas paniqué en voyant tout mon sang se rependre au sol. Même si j’étais absent psychologiquement, mes yeux cherchaient mécaniquement quelque chose, un repère sur lequel je pouvais me rattacher. Une voix familière attira mon attention, mes yeux se sont légèrement détachés de ma blessure pour se tourner vers une silhouette humaine qui se tenait non loin de moi.

Je n’ai pas reconnu Ray Palmer, je n’étais pas en état. Pourtant, sa voix m’offrait une sorte d’apaisement. En sachant cette voix proche de moi, je me sentais soudainement en sécurité. Ma tête avait arrêté de bouger pour me focaliser sur cette personne, quel qu’elle soit. Je ne suis pas certain de comprendre tout ce qu’elle essayait de me dire mais je voulais entrer en contact avec elle. En remarquant un peu sa gestuelle, j’ai rapidement compris qu’Amy lui avait fait du mal, physiquement. Je m’en suis voulu. Mes lèvres se sont mises à bouger, sans qu’aucun mot n’en sorte. Je ne sais pas réellement si je voulais m’excuser pour mon démon, répondre à sa question ou tout simplement stimuler les muscles de mon corps pour rester éveiller.

« … »

Une autre silhouette s’approcha rapidement de moi. Mon cœur s’est soudainement emballé quelques secondes, mes jambes se sont pliées, préparant une possible fuite. Malheureusement, j’étais beaucoup trop faible pour me relever. En comprenant qu’il ne cherchait qu’à me soigner, mon instinct de survie a finit par se calmer et laisser l’individu faire. Bien évidemment, il fallait que tu te pointes. La voix d’Amy, elle résonnait au fond de mon crâne et arrivait même à me filer la migraine. Je pouvais ressentir sa frustration et sa colère comme si c’était la mienne. Mon visage s’était légèrement déformé par la douleur, comme si mon bras ne suffisait pas. Il n’avait plus de moyen de pression sur eux. S’il parvenait à reprendre le contrôle de mon corps, il ne tiendrait pas deux minutes avant de se faire renvoyer à son tour. Pour m’avoir à sa portée, il aurait fallu que je perde connaissance, mais je faisais de mon mieux pour ne pas produire ce scénario.

Je me suis laissé transporté par le médecin, ou quel qu’il soit. Je n’avais de toute façon pas l’énergie pour me débattre. J’étais comme une espèce de légume, je concentrais mes forces sur mes paupières pour éviter qu’elle ne se ferme. Pourtant, de temps en temps, ma tête se mettait à bouger pour chercher la silhouette rassurante. J’avais besoin de la savoir près de moi pour être certain que je ne craignais rien entre les mains du médecin. Tu as besoin de te reposer. La fausse bienveillance d’Amy qui m’invitait à laisser mes paupières se fermer. Je continuais de lutter, mais le combat me semblait interminable. Allons Joseph, de quoi as-tu peur ? Tu ne veux vraiment pas t’accorder une pause ? J’essayais d’ignorer ses paroles, mais elle était ancrée dans mon esprit.

Je crois avoir fermé les yeux quelques secondes, pas plus. Ils se sont soudainement ouvert lorsque j’ai atterri sur le lit. J’ai commencé à bouger un peu plus, tâchant de sang les draps du lit. Le haut de mon corps avait commencé à s’agiter. Mes yeux sont restés fixés sur Ray, comme si je cherchais son aide pour apaiser mes maux. Au fur et à mesure, je commençais un peu à comprendre ce qu’il se passait autour de moi. La technologie autour de moi, les sons familiers, l’odeur ambiant, j’ai fini par comprendre qui était les deux personnes qui avaient pris soin de moi. Le docteur Kent prenait soin de moi et soignait ma blessure tout en me donnant de quoi me rebooster.

Bientôt, Amy n’aura plus d’opportunité pour s’en prendre aux autres. Il lui fallait un plan de secours. Pendant que Kent était en train de soigner l’énorme entaille que j’avais sur le bras, la petite voix de mon démon brisa ce silence, dans ma tête. Tu vas les laisser te faire du mal encore longtemps ? Cette question m’avait interpellé. Ma nuque s’était soudainement crispée pour se redresser nerveusement. Lorsque mon regard s’était tourné en direction de Kent, ce n’était plus la même personne. Sa peau était effroyablement effrayante, la pièce était soudainement devenue lugubre. En continuant de me soigner, Kent pouvait sentir mes muscles se crisper nerveusement, contrôlé par une peur irrationnelle qui commençait à s’emparer de moi. Au début, il était assez difficile de le remarquer, même le panneau sur lequel j’étais branché ne distinguait rien d’anormal.

Tu vois ce qu’il se passe, ce qu’ils sont réellement en train de te faire. Kent s’était éloigné pour s’occuper de Ray. J’ai essayé de me calmer, pendant ce temps en observant la poche de sang. Mes paupières devenaient de moins en moins lourd, mais tout ce que je voyais autour de mois était une source de cauchemar. Je n’étais pas suffisamment lucide pour paniquer. Est-ce la réalité, un effet secondaire ou l’œuvre d’Amy lui-même ? Ce ne sont pas tes amis. C’est une illusion. C’est eux qui t’ont drogué et tu les laisse te faire du mal, encore.

Au fur et à mesure que le produit commençait à faire effet, je commençais à bouger mes jambes, puis le reste de mon corps se mit à doucement gesticuler sur le lit. Ma vision devenait de plus en plus nette mais ce que je voyais, autour de moi, n’avait rien de rassurant. Des instruments de torture recouvert de sang. J’ai essayé de te defender, mais tu ne m’as pas laissé suffisamment de temps. J’aurais pu nous sauver. L’histoire est en train de se répéter pour toi. Je voyais des choses, des objets, une version complètement horrifique de l’infirmerie. Tout était si réaliste, comme issue d’un souvenir qui me hantait mais dont je ne parvenais pas à me remémorer.
Ce n’est pas la première fois que mes souvenirs d’Europe se mélangeait à la réalité. Tout cela, c’était l’œuvre d’Amy qui, non content d’être parvenu à entrer en contact avec ces derniers alliés à cause de Kent et de Palmer. Il se contentait simplement de mettre sa menace à exécution, me détruire psychologiquement pour me forcer à faire quelque chose qu'il ne pouvait pas faire à ma place, me battre contre mes propres alliés.

J’ai commencé à paniquer. Mon rythme cardiaque s’est soudainement accéléré et mon corps s’est mis de plus en plus à gesticuler. Mon regard commençait à cherchait une issue de secours. Plus mes pupilles se baladaient et plus les environs devenaient de plus en plus morbides et détaillé. Amy reconstruisait petit à petit mes souvenirs d’Europe. La machine qui vérifiait l’état de mon cœur commençait à s’exciter à son tour. J’étais en train de la confondre avec un autre appareil utilisé pour des séances d’électrochoc. Mon visage se retrouvait décomposé par la terreur. Tu dois te defendre, avant qu’il ne te fasse du mal. Le haut de mon corps s’est redressé soudainement. Oui, il fallait que je me défendre contre eux. Ma peur me suppliait de me servir de mes pouvoirs, de les détruire, de leur faire mal avant que l’inverse. Bats-toi. Ma tête se tourna vers Ray et Kent, sous la forme d’un soldat du régime et d’Anton, mes poings se sont serrés, mes yeux se sont noyés de larmes de terreur. Pourquoi… pourquoi est-ce que j’hésite à leur faire du mal ?

_____C’était comme vivre un cauchemar éveillé, sans avoir la possibilité d’en échapper. Avec le temps, j’ai pensé que j’allais m’y faire, que mon cerveau allait commencer à s’habituer aux horreurs psychologiques que me faisait vivre mon parasite. Malheureusement, je ne parvenais toujours pas à contrôler mes émotions. J’avais beau savoir, au fond de moi, que tout ce qui se trouvait autour de moi n’était pas réel, rien n’y fait. La peur qui animait mon corps était si forte qu’elle en arrivait à me faire oublier les douleurs qui me parcouraient tout mon organisme.
Le traumatisme était si grand que, face à deux hommes qui me voulaient du mal, j’étais prêt à me défendre. Il était hors de question qu’ils m’approchent. J’avais pourtant reconnu le directeur Palmer et le docteur Kent quelques minutes auparavant. Mon cerveau avait rapidement oublié cette information. Plus rien ne comptait, hormis l’horreur que mon esprit était en train de construire autour de moi. Ce sont des illusions, basés sur mes souvenirs, recopiant le réel en rajoutant une touche de cauchemar, des visages familièrement terrifiantes.

En plus des traumatismes, je pouvais entendre Amy m’encourager à faire le pire, à m’en prendre à eux. Ray était avait pris la forme d’un soldat sous la solde de Degaton, quant à Nelson, il ressemblait à mon ancien tortionnaire. Le choix des rôles avait été calculé par mon démon. Lorsque j’ai glissé mon regard effrayé en direction du heaume, celui-ci avait prit la forme d’une tête décapitée dont le sang continuait encore à couler le long de la table. Prouve que tu n’es pas faible, avant qu’il ne s’en prenne à toi. J’ai envie, mon instinct en meurt d’envie. Mon corps bouillonnait d’énergie psychique, un simple ordre, un regard, suffisait pour tout déclencher.

Malgré tous les signes de menace, j’étais incapable de lever la main sur eux. Au fond, je savais que c’était un piège. Au fond, j’essayais seulement de contrôler mes émotions et leurs conséquences. Mes lèvres étaient entrouvertes, suivant un rythme de respiration rapide, séquencée et incontrôlable. Je sentais des gouttes de larmes glissés le long de mes joues.
Les supplices d’Amy sont douloureux et difficiles d’y échapper. Je commençais à en avoir l’habitude. Les méditations de John me permettaient de ramener ses souvenirs là où il devrait être, au fond de ma mémoire. Entre quelques respirations, je pouvais entendre quelques paroles qui m’étaient adressés. Les mots parvenaient jusqu’à moi, mais je ne parvenais pas à comprendre leur signification. Pendant quelques secondes, j’ai tenté de reprendre le contrôle de ma respiration, fermant de temps en temps mes yeux pour essayer de retrouver mon calme. Je commençais à connaître la technique que John m’avait enseigné, mais Amy aussi commençait à en comprendre les ficelles. Non, pas cette fois.
Malgré mes efforts, les machines continuaient à s’emballer, tout comme mon propre corps qui contrôler par la peur, m’ordonnait de leur faire du mal. L’illusion ne fait que s’intensifier, et une migraine commence à apparaître. Je sais que tout est faux, je ne suis pas prisonnier, je ne suis pas torturée, mais tout est si réelle… Mes deux mains se posèrent sur mes tempes, ma tête se balança pour se rapprocher trop près du mur. Pour fuir le problème, l’autre échappatoire que je pouvais trouver était de m’assommer. Sur le court terme, cela pouvait se montrer efficace, mais cela n’empêcherait malheureusement pas Amy de jouer avec mes souvenirs.

Te voir t’infliger des souffrances en espérant que je t’épargne est un spectacle bien satisfaisant à regarder. Je me frappe la tête contre le mur, une fois, deux fois. Tu es pris au piège, admets-le. Non, je ne voulais pas l’admettre. Je sentis un filet de sang s’échapper sur le haut de mon front. Si je me cognais une nouvelle fois contre le mur, je risquais bien de perdre connaissance.
Soudainement, il me vient une idée, une idée suicide dont j’ignorais l’ampleur des conséquences. Je n’avais pas réellement le temps de les mesurer, mais c’était mon seul espoir pour m’échapper de son emprise. Mon regard, remplis de détermination, s’est tourné vers les deux hommes qui étaient restés légèrement à l’écart. Je ne parvenais toujours pas à distinguer Ray et Kent, mais je me suis tourné vers le moins effrayant des deux, le soldat de Degaton, plus connu sous l’identité de Ray Palmer. Mon regard, remplis de détermination a croisé le sien et mon âme s’est détaché de mon corps pour rejoindre le sien. Les machines médicales se sont calmées et mon organisme, dépourvu de conscience, s’écroula sur le lit. Tout était redevenu soudainement calme.

C’est un sprint, une ligne droite où je tentais de fuir l’impossible. Au bout du tunnel, j’ai commencé à discerner une silhouette familière, celle de l’âme de Ray. Un sentiment de soulagement m’atteint et j’accéléra ma course pour sauter dans ses bras, en ne prenant pas complètement conscience du mal que j’allais causé. Ray c’est moi, Joey. Je suis désolé, j’ai eu si peur. Tu n’imagines pas à quel point je suis… heureux de te voir. C’était horrible… Ma voix raisonnait dans sa tête. Je continuais de le serrer dans mes bras, à défaut de pouvoir le faire avec son enveloppe physique, pour l’instant.
J’étais heureux de le revoir mais pourtant, ma voix ne pouvait pas dissimuler une certaine culpabilité sur ce que je venais de faire. Je ne me sentais pas réellement coupable de m’être réfugié dans l’esprit de Ray, mais je me sentais coupable de ce que j’avais emmené avec moi. C’était le seul moyen que j’ai trouvé pour… pour qu’il n’est plus accès à mes souvenirs… Je suis désolé… c’était ma seule issue, je suis tellement désolé… Mes souvenirs douloureux sont liés à mon corps charnel mais Amy est lié à mon âme. Si j’étais parvenu à entrer dans l’esprit de Ray, mon parasite aussi. C’était une si mauvaise idée, je suis désolé… Je… je vais te protéger…

Amy:

Juste derrière moi, une ombre se rapprocha doucement de nous. Elle prenait son temps, elle ne semblait pas effrayée par l’inconnu. Je n’ai pas besoin de la voir de plus près pour connaître son identité. Sa taille imposante, ses longs cheveux, les cornes sur le haut de son crâne, sa peau sombre et ses doigts crochus, Amy s’approchait dangereusement de nous. Il laissa échapper un rire amusé avant de frapper ces mains, un applaudissement sarcastique. C’est probablement le geste le plus stupide que tu es commis, Joseph. Le désespoir humain m’impressionnera toujours. Je ne me laissais pas impressionner. Je m’approchai d’un pas avant d’écarter mes bras, paume vers le ciel, un geste me permettant de générer un bouclier psychique, protégeant l’esprit et la santé mentale de Ray pour une période indéterminée.
Amy ne pouvait pas faire du mal ou influencer Ray avec ce bouclier. Sa force est supérieure à la mienne, même dans le monde psychique. Pourtant, je peux nous faire gagner un peu de temps. Tu crois que tu arriveras à me ralentir avec ça ? Le bout de son doigt effleurait le bouclier psychique émeraude avec son ongle. Il dessinait aléatoirement sur la surface du bouclier, rapprochant son visage du mien. Tu seras au premier loge pour assister à la descente aux enfers de ton cher professeur, seul responsable de sa chute. Il salua Ray d’un signe de la main, presque respectueux s’il n’y avait pas ce sourire sadique sur son visage. Je peux le ralentir. Va chercher de l’aide ! Le docteur ! De l’aide ? J’aime te voir te débattre. Tu aurais pu implement m’écouter et leur donner quelques gifles, mais tu as souhaité me simplifier la tâche. Ces doigts commencèrent à pénétrer dangereusement la surface du bouclier psychique, mais je tiens bon, le temps qu’il faudra.

_____Lorsque je me suis réfugié dans l’esprit de Ray, je ne pensais pas immédiatement aux graves conséquences que cela aurait pu avoir sur lui. J’avais simplement cherché à fuir les manipulations malsaines de mon parasite. J’ai tenté de m’excuser de nombreuses fois auprès de Palmer, honteux de l’avoir ramener jusqu’ici. J’avais fait de mon mieux pour protéger le directeur, créer un puissant bouclier psychique pour empêcher Avnas de nuire à la santé mentale de Ray. Le démon s’était arrêté au plus proche du bouclier, s’amusant à le titiller pour en déceler les failles. Il s’amusait, me taquinait, tel un prédateur jouant un peu avec sa proie juste avant de la bouffer.
Malgré mes conseils, Ray avait refusé de me laisser seul face à mon parasite. Sous la panique, j’avais probablement sous-estimé ses capacités psychiques. J’ignorais tout de cette petite formation en compagnie de J’Onn. Je connaissais les martiens et leurs incroyables capacités psychiques et télépathiques, je les enviais presque. Il y a quelques mois de cela, j’avais déjà essayé de demander de l’aide auprès de l’une d’entre eux. Malheureusement, même eux était incapable de trouver une solution à mon problème. Mon regard se porta quelques secondes sur Ray, un petit air surpris mais soulagé. Je n’avais finalement pas eu une si mauvaise idée en me retranchant dans la psychée de mon directeur.

Hey, tu aurais pu me dire que tu étais capable de… faire ça dès le début ! Ce n’est pas un reproche, j’étais plutôt rassuré de savoir ça, une chose qui ne semblait pas surprendre Amy. Tu es prêt ?

Oh oui, il l’est. Je sais qu’il en meurt d’envie, je sais qu’il a envie de s’en prendre directement à mon parasite. Dans le monde réel, peu de personne arrivaient véritablement à blesser Amy. En général, c’était toujours moi qui bouffais. Ça va, j’ai les os solides, je commençais à avoir l’habitude. Ici, c’était l’occasion rêver pour lui faire sa fête, même si j’en avais rarement eu l’occasion. Je pourrais détruire le bouclier psychique qui protège la psychée de Ray mais je ne voulais pas craindre une attaque surprise de la part du démon.
Il était en face de moi, il m’observait, attendant de dénicher la première faille de mon bouclier. Il leva les yeux, un instant en direction de Palmer avant de laisser échapper un sourire provocateur. La griffe qui lui servait d’ongle continuait d’effleurer le mur qui nous séparait.

A quel moment as-tu pensé que cet accoutrement ridicule allait m’impressionner ?

J’hésite quelques secondes de plus avant de rabaisser doucement mes mains. Je lui fais confiance, je laissais le bouclier s’éteindre lentement pour finalement donner l’opportunité à Amy d’entrer dans l’espace mental de Ray. Tant que j’étais là, il ne pourrait pas lui faire de mal, non ? Je ne devais pas me sous-estimer, une perte de confiance pourrait entraîner le pire et je ne veux pas transformer mon professeur en légume. Amy passa à travers le bouclier, juste à côté de moi, il faisait pratiquement le double de ma taille, sa force l’était tout autant.

Je suis resté immobile, dans un premier temps, j’ignorais pourquoi. Peut-être que je laissais une occasion à Ray de se venger de tous les coups qu’il s’était pris, sans pouvoir les rendre, oui c’est sûrement ça. Il s’approchait d’un pas lent vers Ray, attendant que ce dernier soit le premier à attaquer. Sous ses pieds, le sol dégageait une chaleur insupportable. J’ai voulu faire un pas en avant pour épauler Ray, mais il l’avait très vite remarqué.

Allons, laisse les grands jouer un peu, tu veux ? Retourne pleurer sur ton sort.

Mais il avait rapidement compris le petit manège. Fate était désormais la seule personne encore consciente, et accessoirement la seule personne qui pouvait influencer mystiquement ma santé mentale, reprendre ce qui m’avait été volé par mon parasite. Mes souvenirs et traumatismes sont essentielle à mon parasite pour obtenir ce qu’il voulait de moi, ou presque. En détournant quelques secondes son regard de Ray, il s’était trahit. Il avait bien envie de détruire la santé mentale du directeur, mais ces souvenirs avaient bien plus d’importance.

Petit malin. T’essayes de me doubler.

En quelques sortes…

Amy serra les dents, il était furieux. Contre moi ? Contre tout le monde. Il ne pouvait pas revenir, pas sans moi, il le savait. Il pourrait le faire par la force mais je n’avais pas peur de lui, pas avec Ray à mes côtés. Le démon décida de frapper fort d’un seul coup en détruisant le sol qui nous retenait tous les trois. D’immenses fissures se dessinèrent sous chacun de nos pieds pour nous entrainer rapidement dans une chute sans fin.
Je n’avais pas prévu ça, la descente me fit perdre la raison quelques secondes, assez pour perdre Ray et Amy de mon champ de vision. Le démon avait profité de l’effet de surprise pour se jeter sur le directeur de l’académie. Il attrapa Ray par le col pour venir frapper violemment le visage sous la fureur. Ces griffes tentaient de lasserez son visage en même temps.

Tu crois pouvoir faire quelque chose contre moi ? Tu te crois plus fort parce qu’on est chez toi ? Non, je vais détruire cet endroit jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de toi, misérable bestiole.

Pendant ces quelques minutes où je me retrouvais seul face à un monde en ruine, j’ai ralenti ma chute avant d’apprendre de nouveau mon corps psychique à voler pour atterrir sur un morceau de sol qui semblait plus stable que ses voisins. Une fois avoir retrouvé un semblant d’équilibre dans un monde où la gravité venait d’être réduit à néant par mon parasite, j’observais mécaniquement les alentours pour retrouver Ray.

Ray ! RAY ! T’es où ?

Pas la moindre trace d’eux. Ce monde est aussi vaste que je le pensais ? Si Amy était aussi loin de moi, il ne pourrait pas retourner dans mon corps, une bonne nouvelle ? Non, le savoir seul avec Ray ne m’aidait pas à rester serein. Même s’il a des compétences, je ne pouvais pas rester les bras croisés. Malheureusement, je n’allais pas rester seul trop longtemps. Amy devait intervenir rapidement pour arrêter fate, mais il était trop occupé avec Palmer. Une main saisit mon cou, sa force était si imposante qu’elle manqua de me faire perdre l’équilibre. Cette main m’est familière, beaucoup trop.

« Si tu refuses de revenir à ta place, je t’y ramenerais de force, même si je dois briser tous les os de ton corps, fiston. »

Amy n’avait pas besoin d’avoir accès à mes souvenirs pour savoir que Papa était loin d’être un bon souvenir. Pendant qu’il s’occupait de Ray, il s’était permis de créer un familier, sous l’apparence de Slade, pour tenter de me ramener à ma place, dans mon corps. Malheureusement pour lui, ça fait bien longtemps que je n’ai plus peur de mon paternel.

* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

Dans le monde réel, tout semblait beaucoup plus calme en apparence. Mon corps était inanimé, comme si je venais d’embarquer dans un profond sommeil, si on exclut les paupières grandes ouvertes qui fixait le corps immobile de Ray. Ouais, je ressemblais plus à un cadavre dont les pupilles étaient camouflées par un voile blanc transparent. Mes muscles étaient détendus, mon corps ne répondait à aucun signal et mes oreilles ne captaient pas les paroles de Fate. Personne ne pouvait interrompre l’opération, enfin presque.

Au bout de quelques minutes, de premiers sursauts apparaissent aux extrémités de ton corps. Ils sont anodins, presque invisible au début. C’est au tour de ma nuque de se raidir, le temps d’une dizaine de secondes. Ma colonne vertébrale se plia soudainement pour se détacher du matelas, l’arrière de mon crâne s’écrasait sur ce dernier. Mon visage se défigura mécaniquement pour décrire un mélange de rage et de peur. Une force surhumaine tira sur les sangles qui me maintenaient prisonnier pour tenter de sauter à la gorge de Fate. Amy parvenait partiellement à prendre contrôle de mon corps. Malgré ça, il parvenait à avoir assez de puissance pour mettre en difficulté le cuir des sangles et entailler ma peau jusqu’au sang.

Ils ne sont pas tes amis. C’est un piège, c’est toujours un piège. Tout ce qu’ils veulent, c’est te nuire et te faire du mal, Joseph. Pourquoi est-ce que tu n’écoutes JAMAIS ? La voix d’Amy était saccadée, difficile à entendre car je faisais de mon mieux pour rester dans la tête de Palmer, avec lui. Il montrait mes dents à Fate, comme s'il s'apprêtait à vouloir mordre le magicien en pleine opération. Tu crois que ça suffira ? C'EST A MOI, A MOI.

_____J’ai senti tout mon corps se crisper soudainement, en plus de cette main qui serrait ma gorge et qui parvenait à couper mes voies respiratoires. Ce n’était qu’une illusion, un mirage qui ne m’effrayait plus depuis longtemps maintenant. Amy n’avait plus ses ressources à porter de mains pour me faire peur. Dans le monde réel, ma respiration était saccadée et mes poumons peinaient à se remplir, un comportement incohérent que Fate avait rapidement remarqué. Mais je ne devais pas me déconcentrer au risque de perdre connaissance et de me retrouver dans le monde des songes.

Mes pieds avaient commencé à se détacher du sol, du moins ce qu’il en restait. Je parvenais de moins en moins à garder les idées claires avec le manque d’oxygène. Mon regard foudroie mon agresseur, ou plutôt l’arme qu’il avait invoquée pour me vaincre pendant qu’Amy se battait avec Ray. J’ai commencé à gigoter les jambes pour me débattre, me laissant emporter par la panique. Je ne pouvais pas le laisser faire, Ray et le docteur Fate comptais sur moi.

Tu n’es pas réel, rien de tout cela n’est réel. J’ai plus peur de toi, je n’ai plus peur de mon père. Je ne veux plus… te laisser me faire du mal.

Je me suis concentré quelques secondes. Je suis dans un monde psychique et j’ai assez de compétences et de pouvoir pour matérialiser ce que je veux, tout comme Amy. J’ai fermé les yeux, jusqu’à ce qu’une épée apparaisse dans ma main. Elle n’est pas réelle, elle a un aspect fantomatique, une lueur verte s’en dégage. J’ai encore beaucoup de progrès à faire pour le côté réaliste mais j’espérais que cela suffirait pour atteindre le mirage.
Dans un cri de rage, j’ai enfoncé brutalement ma lame dans le thorax de mon père, l’obligeant à libérer ma gorge pour que je puisse respirer. L’effet est immédiat, mon corps retrouve un rythme normal et je pouvais enfin passer à l’offensive. Mes coups sont violents et ils sont impactant, ils touchaient mon adversaire sans qu’une goutte de sang ne s’écoulent. Dans ce combat, je ne réfléchissais pas, j’enchainais les coups de manière méthodique, comme on me l’avait enseigné. Je ne dois pas laisser mes sentiments prendre le dessus sur son combat. Je ne devais pas oublier que rien n’était réel.

Je suis plus fort que toi ! DISPARAIT. HORS DE MA VUE.

Lorsque je porte le coup final, le corps de Slade se dispersa en un espèce de tas de poussière flottant qui m’aveugla quelques secondes. Mécaniquement, mon épée disparu quelques secondes après. Je ne devais pas perdre mon objectif. Palmer avait besoin de mon aide, je le savais. Je me concentrais pour reprendre mon envol et tenter de retrouver, dans ce monde beaucoup trop vaste et presque infini, l’ombre d’un Ray Palmer ou d’un parasite démoniaque.

Amy se retrouvait temporairement seul avec Ray. Il le provoquait, beaucoup de parlotte pour emmener son adversaire à commettre une erreur. Effectivement, il était beaucoup plus fort qu’il le pensait. Ray était entrainé, suffisamment pour ne pas faiblir dès que le démon détruisait tout ce qu’il créait. Avec l’aide de Fate, et sans qu’Amy ne le sache, Ray avait toutes les cartes en main pour le vaincre. Ce dernier laissa échapper un grognement avant de passer à l’action.
Ray Palmer était le premier à attaquer, Amy possède mes pouvoirs et il se débrouillait bien mieux que moi pour les maitriser. Avec un peu d’effort et de concentration, il pouvait modifier leur environnement et les créations de Ray. Pourtant, il ne put rien faire face à cette épée qui était sous le point de le toucher. Pourtant, le démon tenta de lever sa main au-dessus de la lame pour protéger ses cornes et le haut de son crâne. Il pensait probablement faire un mouvement badass en arrêtant l’arme dans son élan à la simple force de ses mains. Grâce à la magie de Fate, la lame réussit à fendre une partie de sa main, créant une énorme entaille de plusieurs centimètres de long entre deux de ses griffes.

Qu’es… qu… Quoi ?!

Son visage était défiguré par l’étonnement, elle se transforma progressivement en douleur. Autour de la plaie, la peau commençait tranquillement à brûler, laissant dévoiler une chair beaucoup plus rose. Du sang, d’une couleur beaucoup trop sombre pour être humain s’en échappait. Peu à peu, la douleur se transforma en colère.

TU NE PEUX PAS ME VAINCRE.

Le sol devenait soudainement brûlant, plus chaud que la porte des enfers. Il se servait de sa force surhumaine pour attaquer de nouveau l’ancien Atom en essayant d’esquiver cette épée qui semblait enchanté par une magie. La déduction d’Amy est plutôt rapide, Fate est derrière tout ça mais il ne peut rien faire pour l’en empêcher, du moins pour l’instant. Il devait d’abord vaincre Ray pour passer à l’étape suivante et il n’était pas au bout de ses surprises. Au moment il où tenta d’enfoncer ses griffes, devenu soudainement beaucoup trop long, dans la chair du directeur, un mur fantomatique l’arrêta en plein élan.

Il n’est pas seul. Enfin ! J’avais enfin trouvé Ray. Je me tenais à quelques mètres au-dessus de sa tête, planant calmement en fixant mon parasite blessé. C’était bien tenté mais tu es loin de ta zone de confort ici. J’orientais mon visage vers Ray Pas vrai ?

Bon sang, tu es toujours aussi stupide. Tu décides, encore, de t’en prendre aux mauvaises personnes. Tu la sens cette douleur ? Celle qui te crispe et t’empêche de dévoiler ton plein potentiel ? Il leva les yeux vers Ray. Cet homme a une confiance bien trop aveugle envers ce Dr Fate. Ton cas est unique Joseph, tu es une bête de foire, un chiot que l’on rêverait de disséquer pour en comprendre le fonctionnement. Tu penses qu’il t’aide, mais il ne fait qu’expérimenter sur ton cas. Il foutrait en l’air notre équilibre sans remord si ça pouvait enrichir son savoir. Il ne vaut pas mieux qu’Arcane, ou un John Constantine. J’essaye de nous protéger, mais tu n’en fais qu’à ta tête comme à chaque fois.

Arrêtes de t’enfoncer, ça ne marche plus. Ça n’a jamais marché. Tu as passé ton existence à me faire du mal et à leur faire du mal.

Car c’est la seule solution que j’ai trouvé pour nous sortir du merdier dans lequel tu nous as foutu.

J’ai un doute, pendant un instant, j’ai peur qu’une partie de son monologue soit vrai. Il y a rarement eu de cas de possession aussi délicat. J’aurais dû mourir, pas fusionné mon âme avec lui. Je remets en cause leur savoir mystique et j’avais si peur de revivre un enfer. Je n’allais pas abandonner Palmer pour autant mais, pendant un instant, j’ai douté de la sincérité de Nelson, un doute suffisant pour permettre à Amy de passer sa main à travers le mur et tenter d’attaquer Ray en plein visage.

PROUVE MOI QUE J’AI TORT AVANT QUE JE TE REDUISE EN CHARPI POUR TON AFFRONT.

NON !

_____Je me suis laissé déconcentré et cela a bien failli couter la vie de Ray. Je le sens, tout comme Amy pouvait le ressentir, il puisait dans ces dernières forces mentales. Il faiblissait mais heureusement pour lui nous ne nous sommes pas des empathes. Les émotions de Ray ne nous parvienne pas instinctivement. Il faudrait avoir accès à ses souvenirs pour en déduire toute la peine qu’il pouvait ressentir en générant ces brides de mémoire.
Lorsqu’Amy tenta d’attaquer Ray, j’ai essayé de générer un autre bouclier pour l’empêcher de s’en prendre de nouveau à mon ami. J’avais perdu ma concentration et ma détermination, rendant mes murs fantomatiques beaucoup plus fragile. Amy n’aura aucun mal à les briser d’un simple revers de la main.

Tu es faible. Tu puises dans tes dernières forces. Je le sais, je le sens… Un sourire malicieux se dessinait sur son visage cauchemardesque. La magie de Fate ne pourra pas t’aider à récupérer tes forces. Dommage pour toi. .

Pourtant, malgré ses faiblesses, il n’avait pas peur de lui et il bondit même vers lui. Par reflex, je fais disparaitre d’un geste de la main le mur qui donnait l’illusion de séparation. Je suis complètement dépassée par les évènements et je n’osais pas intervenir de peur de tout gâcher. Amy avait également fait beaucoup souffrir Ray, physiquement. Je voulais lui laisser l’occasion de se venger à sa manière, même si je craignais qu’il ne soit pas à la hauteur de la force brute de mon parasite.
Amy n’avait jamais développé des compétences de combattant. Il se servait de sa simple force surhumaine et de mes pouvoirs pour vaincre ses ennemis. Il n’avait pas besoin de plus. Par miracle, il était parvenu à esquiver la première attaque de Ray. Il s’était généré deux poignards au creux de ses mains pour préparer sa défense.

L’intense énergie psychique permettait à Ray Palmer d’être à force égale avec le démon. La seconde attaque se retrouva difficile à esquiver et une première lame de poignard se brisa en plusieurs morceaux. Amy laissa échapper une grimace avant de se prendre une nouvelle entaille au niveau de l’avant-bras gauche. Il saignait, il souffrait, mais il essayait de cacher cette douleur jusqu’au bout. Malheureusement, plus les coups s’enchainaient et plus la colère du démon s’amplifie. Je ne pouvais pas le laisser faire plus longtemps.
Au moment où Amy laissa échapper un cri de rage et fonça en direction de Ray pour porter un coup puissant, beaucoup trop puissant pour son âme psychique. Bras tendu en direction de mon parasite, mes yeux se sont recouverts d’un vert radioactif pour laisser sortir du sol brûlant, au-dessus de mes pieds, une longue chaine qui s’entoura autour du poignet menaçant du démon. Cette dernière était, cette fois, assez résistance pour retenir cette force mystique. J’avais besoin de beaucoup d’énergie pour contenir la puissance du démon. Tout comme Ray, je n’avais pas un stock illimité et je venais d’en dépenser beaucoup.

Je ne te laisserais pas faire du mal à un de mes amis !

Tu penses pouvoir faire quelque chose contre moi, gamin ?

Cette fois, hors de question de me laisser intimider par Amy. J’ai pris sur moi, j’ai serré les dents et j’ai tendu mon autre bras pour générer une nouvelle chaine métallique pour immobiliser son dernier bras. Mon corps s’est crispé, je pouvais sentir mes muscles se raidirent, comme une crampe qui se répandait progressivement sur tout le corps. Dans le mon réel, Fate pouvait remarquer ce petit détail, mes membres se crisper et tenter de se libérer des sangles qui me tenaient sur le lit. Peu importe, malgré la douleur, j’ai refusé de céder.

Maintenant Ray !

De l’autre côté, le docteur continuait son œuvre. Ma psyché était complètement vide, laissant le temps à Fate d’explorer les alentours pour récupérer la source de mes traumatismes. J’ai appris que les souvenirs enfouis peuvent prendre plusieurs formes selon le porteur. Un objet familier, un livre ancien ou, tout simplement, une boule de crystal colorée, tout dépendait de la personnalité de chacun. Pour moi, il s’agissait d’un simple livre corrompu par les goûts horrifiques de mon parasite. Des runes y étaient dessiné, empêchant quiconque de mettre la main dessus sans se brûler. Une aura verdâtre s’échappant du sol protégeait le manuscrit, installé confortablement autour des restes de ruines du royaume d’Amy. En notre absence, Fate n’avait aucune difficulté à nettoyer l’influence du démon dans ma psyché. Heaume sur la tête, il aura malheureusement besoin de plus de temps pour récupérer l’artefact. Dans le monde réel, il tentait d’entrer en contact avec Ray.

« J’ai besoin de plus de temps, continuer à le distraire mais n’essayez pas de le tuer. On ne connaît pas les conséquences d’un tel acte sur Joseph. » Il tourna sa tête dans ma direction, observant mes yeux dissimulés derrière un voile blanc. « J’y suis presque, mais ça risque d’être douloureux pour toi. »

Et effectivement, au fur et à mesure que Fate entamait le désamorçage des pièges qui l’empêchait de récupérer mes souvenirs, je pouvais ressentir des picotements désagréables, des brûlures qui se promenaient dans tout mon corps. La douleur commençait à se lire sur mon visage sans compter ma fatigue mentale qui s’installait tout doucement. Mais je ne voulais pas lâcher, pour Ray, pour lui montrer que son enseignement et ses efforts n’ont pas été vain.

_____Je ne savais pas réellement d’où me venait cette force. Je n’ai jamais su comment vaincre ce parasite. Il avait toujours un train d’avance sur moi. Il puisait sa puissance d’une source qui semblait le rendre invulnérable, infatigable. La magie lui permettait de ne jamais faiblir. Je ne pouvais pas utiliser cette source pour mon propre intérêt, mais lui si. Il suffirait de le couper de cette source mystique pour l’affaiblir davantage mais étais-ce réellement si facile ?
Quoi qu’il en soit, j’avais l’esprit bien trop concentré sur l’esprit de Ray pour me poser autant de question à ce moment précis. Mes forces sont limités mais je savais que je pouvais faire bien plus que je le pensais. Amy ne faisait qu’exploiter mes pouvoirs et, s’il était capable de faire, alors moi aussi. J’avais simplement besoin de prendre plus confiance en moi, de ne pas craindre de blesser quelqu’un. Je gère, non ? Ray ne craint rien, absolument rien.

A quelques mètres au-dessus de la scène, j’avais encore assez de force pour retenir mon parasite. Je pouvais le sentir résister, se débattre, mais je ne lui laisserais aucune chance de s’en tirer. Les chaines tenaient bon malgré toute la force qu’il pouvait mettre, et moi aussi. Je tenais le coup, pour Ray. Toujours en plein vol, je tendais mes mains vers lui pour renforcer l’emprise que je pouvais avoir sur Amy, ce qui avait le don de le mettre en rage. Je fis signe à Ray qu’il pouvait profiter de la situation pour frapper une dernière fois.
Ray avait rassemblé ces dernières forces psychiques pour ramener du monde contre le démon, des souvenirs. Elles avaient tous chargé en direction de l’ennemi, avec Ray, tous soudé. Je ne pouvais pas intervenir pour leur venir en aide mais je ne pouvais pas les épauler, du moins pas directement. Mon parasite a cherché à lutter. Ce n’était pas un grand combattant mais il essayait de se défendre comme il le pouvait avec le peu de mouvement qu’il pouvait encore faire. Je faisais de mon mieux pour le retenir, mais plus les secondes défilaient et plus il se débattait. La colère finissait par prendre le dessus et c’était beaucoup plus difficile pour moi de le contenir.

Sous un cri de colère, Amy réussit à briser une chaine qui le retenait prisonnier. D’un coup, j’ai senti l’un de mes bras basculer brutalement vers l’avant. J’ai manqué de perdre complètement l’équilibre, je me suis ressaisit à temps. Il ne restait plus qu’une chaine et elle devait tenir jusqu’à la fin. J’ai essayé d’en générer une nouvelle pour qu’elle s’entoure autour de son poignet mais il ne se laissera pas avoir une seconde fois. Amy généra une lame pour briser la seconde chaine que j’avais tenter de générer. J’ai ressenti une vive douleur qui a commencé à me déconcentrer. Il a profité de ce moment de distraction pour éliminer quelques ennemis qui lui faisait du mal avec le tranchant de sa lame. Je devais trouver une autre solution pour ralentir Amy, nous rendre plus fort que lui. Ma deuxième main était toujours tendue vers lui et la dernière chaine tenait encore, mais cela ne suffirait pas.

J’ai eu une idée plutôt vague, je ne pensais pas qu’elle serait réalisable mais j’ai tenté le tout pour le tout. Si je ne pouvais pas atteindre directement Amy et si les troupes de Ray perdait du terrain, alors je devais les renforcer, pour les rendre plus puissant. Je me suis concentré. Mes yeux se sont soudainement recouverts d’une lueur verte et les âmes qu’Amy avait détruite se sont soudainement relevé. J’ai donné toutes les cartes à Ray, renforcé son esprit pour lui permettre de vaincre plus fort qu’un esprit humain.

Je t’ai dit… je t’ai dit que j’étais plus fort que toi… marmonnais-je difficilement alors que mon corps entrais dans une sorte de transe qui bloquait mes voies respiratoires.

La troupe de Ray était devenu plus fort et leurs épées, leur lance, leurs armes étaient capables de trancher la peau du démon qui se retrouvaient complètement submergés. La colère défigurait son visage, il ne pouvait pas esquiver les attaques et se retrouva bientôt affaiblit par toutes ces blessures. Même si nos âmes étaient liées, je ne ressentais aucune douleur à son égard. J’aurais pu savourer ce moment si je n’étais pas dans un état second.

Je pouvais entendre la voix de Fate résonner au fond de mon crâne, et probablement celui d’Amy également qui avait posé un genou à terre. J’entendais sa voix essayer de me rassurer. Dans le monde réel, je peux sentir mes muscles se tétaniser et mes poumons se bloquer. L’air avait du mal à rentrer dans mes poumons mais je tenais bon. Je sentais comme des aiguilles se planter à des endroits différents, au fond de ma cervelle. Rien d’agréable, c’était très douloureux et je n’arrivais pas à exprimer cette souffrance.

Fate avait encore besoin de quelques secondes. Il parvenait à faire quelques allers retours entre mon esprit et le monde réel, vérifiant l’état de santé psychique et physique de nos corps. Voyant mon corps réagir à des spasmes et des tremblements aux extrémités, Fate décida de ralentir un peu la cadence pour ne pas entraîner la réaction de trop.
Une fois le dernier piège désamorcé, le magicien se rapprocha pour prendre entre les mains le livre maudit, regroupant mes pires souvenirs entres les mains de Degaton. Il observa l’objet psychique avec une certaine fascination. Au fur et à mesure qu’il le tenait entre ces deux mains, l’aspect du livre changea progressivement pour adopter une apparence beaucoup moins horrifique.

« J’ai récupéré les souvenirs de Joseph. » affirma Fate à Ray, en espérant que je puisse entendre également, mais mon esprit divaguait beaucoup trop. « Il est sain et sauf mais son corps n’a pas l’air d’être stable. Est-ce que tout va bien, Palmer ? Avez-vous besoin d’aide là-bas ? »

Amy, lui semblait parfaitement avoir entendu la mauvaise nouvelle. Pris au piège, genou à terre, il laissa échapper un cri de fureur. Il venait de perdre une arme de dissuasion redoutable. Son regard, rempli de haine se tourna vers l’un des responsables de ce vol, Ray entouré de ses vieux souvenirs. De mon côté, je faisais encore mon possible pour garder Amy prisonnier, mais je perdais progressivement de l’altitude. Mes yeux étaient encore recouverts de cette lueur verdâtre alors que le sang du démon abattu se répandait sur le sol.

C’ETAIT A MOI. QUI VOUS PERMETS DE VOLER MES SOUVENIRS ? VOUS PENSEZ ENCORE POUVOIR ME TENIR TETE ? Il tenta de reprendre son souffle mais lui aussi, semblait avoir quelques difficultés pour respirer. Tu ne pourras rien faire de plus… au risque de lui faire du mal. Tu ne peux pas… me tuer.

_____Je n’avais jamais été aussi loin dans mes limites. Sur ce coup-là, avoir Ray Palmer à mes côtés à me surpasser pour vaincre mes démons, c’est le cas de le dire. Mes yeux s’était recouvert d’un voile couleur radioactif. J’étais concentré sur ma tâche, ralentir Amy pour laisser à mon allié, le soin de se défouler et de se venger de tout le mal qu’il lui avait fait. Je n’avais pas été témoins des scènes, mais je le connaissais assez pour savoir jusqu’où il pouvait aller pour nuire mon entourage. Mon esprit était occupé et ne parvenait pas à entendre la voix du docteur Nelson affirmant au directeur que la mission était remplie. Malheureusement, cette voix était parvenue jusqu’aux oreilles du démon. Ce dernier s’était emporté et avait laissé exprimer une colère noire qui manqua de me déstabiliser.

Ray Palmer commençait à montrer des signes de fatigue, moi aussi. Je ne lâcherais pas, jusqu’à a dernière seconde et lui non plus. Il finit par sortir une ultime métamorphose pour vaincre notre ennemi commun. Il y a tant de chose que j’ignorais sur la vie de Ray. Il s’était transformé en Indigo Lantern, lui offrant des pouvoirs suffisamment puissants pour immobiliser Amy, un temps. La colère prenait le dessus sur lui. Tout ses plans étaient en train de tomber à l’eau et il ne pouvait rien faire, pas même attraper la gorge de Ray pour l’étriper sur place. Ces deux yeux vert luisant le fusillait du regard. Il n‘était qu’à quelques centimètres de son visage. Il aurait pu le mordre s’il avait eu assez de force pour lutter contre ces chaines. Le temps était compté, Ray m’ordonna de fuir avant qu’il ne se libère mais je ne pouvais pas le laisser seul face à ce monstre.

Nous sommes liés, Ray. Si je m’enfuis, il sera contraint de me suivre. Je ne peux pas le fuir, mais je peux l’empêcher de te faire du mal, de nuire à ta santé mentale. J’hésitais quelques instants. Mon corps descendait tout doucement jusqu’à toucher le sol, pour être çà la hauteur de Ray. Suis-moi, je vais nus guider vers un endroit plus sûr…. Chez moi. Fate nous y attend, non ?

Je lui ai doucement pris la main pour guider son âme vers la mienne. Un flash lumineux l’aveugla et, quelques secondes plus tard, il se retrouva dans un univers complètement différent. Tout était néant et seulement nos reflets sur le sol ramenait un peu de lumière dans cet endroit glacial. C’est mon univers, un monde psychique que je personnalisais selon mon humeur. Aujourd’hui, j’étais bien trop faible pour matérialiser quoi que ce soit, ou presque.
Après quelques pas sur le sol recouvert d’une fine pellicule d’eau transparente, une arche mystique apparu au milieu du néant pour laisser apparaître Fate, toujours présent dans ma psyché. Il se trouvait en plein milieu de l’arche, tenant entre ces mains un livre, mes souvenirs enfouis. Mon cœur frappait violemment ma poitrine. Au fond, je ne me sentais pas prêt à les affronter. Rien que d’imaginer tout ce que j’avais vécu là-bas me donnait la chair de poule.

« Tout est là, il ne manque rien. Il ne pourra plus te faire de mal. » affirma Fate. Lorsqu’il mentionna mon parasite, je finis par me rendre compte de son absence. J’observais les alentours, mécaniquement, je ne sentais pas sa présence.

Où est Amy ?

« Il contrôle ton corps. Il essaye de nous tuer, mais les sangles le retiennent. » je ne savais pas si c’était une bonne novelle ou non. Mon visage était légèrement paralysé par la peur. Fate se tourna vers Ray. « Il n’est pas encore prêt à récupérer ces souvenirs. Je vais les protéger pour que personne ne puisse les toucher, sauf lui quand il sera prêt et s’il le souhaite. »

Fate tendit le bouquin vers moi. Cette arche, c’est lui qui l’avait créé pour protéger mes souvenirs. Je l’ai pris, avec grande timidité. Une fois posé sur mes mains, le livre se matérialisa en une espèce de boule de cristal teintée de sang qui ne présageait rien de bon. Mon corps psychique en avait des frissons et tétanisait rien qu’en les ayant entre les mains. Je me suis empressé de les déposer sur le socle avant de reculer vivement.

Je… Je ne savais pas comment formuler mes mots. Cet enchaînement d’émotion m’avait complètement déstabilisé.

« Joseph est trop faible pour reprendre le contrôle de son corps face à son démon. » confirma Fate avant de se tourner vers Ray. « J’ai encore besoin de calmer son parasite. Vous pensez avoir encore un peu de force pour le gérer ? Nous devons limiter ces dégâts sur le corps de Joseph. »

Mon regard se tourna un moment vers Ray. J’avais hoché doucement la tête pour confirmer à Ray que tout allait bien, de mon côté et qu’il pouvait suivre Fate pour retourner dans le monde réel. Fate sentis que j’étais épuisé, difficile de le cacher. Pour l’heure, je n’avais pas assez de force pour les suivre.
Amy poussa un cri de rage à travers ma gorge. Ma nuque s’était tétanisée, le haut de mon crâne s’était collé contre le coussin du lit. Il utilisait toute sa force démoniaque pour faire pression sur chaque os de mes bras. Les sangles me clouaient au lit, elles étaient assez solides pour retenir cette puissance. Lorsque Ray avait retrouvé ses esprits il sentit une fatigue soudaine l’atteindre. Amy lui avait demandé beaucoup d’énergie, et il ne semblait pas avoir fini de le nuire. Ma nuque craqua et mon visage se tourna rapidement vers Ray. La rage ‘Amy défigura mon visage.

« Tu crois que ça suffira ? Je suis plus fort que vous, je suis plus fort que toi. JE DETRUIRAIS TOUT CE TU ESSAYES DE REPARER. JE BRISERAIS TOUT CE QUI TE CONSTITUE JUSQU’A CE QUE TU ME SUPPLIE D’EPARGNER CE QU’IL TE RESTE. » hurla Amy en essayant de se détacher, rongeant ma peau jusqu’au sang, craquant mes os à deux doigts de se fracturer. Tu sais que j’en suis capable. VIENS TE BATTRE.