Epiphanie Cosmique : Il était une fois [LIBRE] [Fin de Mister Miracle]

Il existe ce genre d'instants. Un phénomène qui appelle à la passivité et à l'observation. À la contemplation. Un moment auquel il semble impossible de ne pas se soumettre – car il n'y a rien à faire, à cet instant bien précis. Cela commence par un espoir. Le même espoir lorsque la dernière page d'histoire d'un livre est tournée. Cet espoir que la main qui l'a rédigé laisserait, finalement, une marque de la continuité de cette même histoire. Un espoir qui mène à une page blanche. Une page, vierge. Sur laquelle l'encre aurait dû couler. Vient la réalité – ou plutôt, ces réalités. Cette impression qu'elles se mélangent. Entre l'histoire qui a été vécue, observée, contemplée et sa propre perception. Du Temps. De l'Espace. Se demander dans quelle réalité se trouve son corps, son esprit, son cœur.

Avant de réaliser. Que la page est en effet vierge. Qu'une invitation est offerte, par la main qui a rédigé l'ouvrage et par le personne qui en était le cœur, de continuer d'écrire.
Une autre histoire. Avec une autre main. Car c'est à cela que sert la lecture, l'expérience. S'inspirer. Pour mieux avancer. Grâce à ceux que nous rencontrons. Que nous admirons – ou détestons.

Jaime Reyes ne peut se vanter d'avoir souvent croisé Mister Miracle. En fait. Il ne l'a vu réellement – physiquement – qu'une seule fois. Mais quelle aventure ! Une course contre la montre. Une course contre cette force primordiale qu'est le Temps, corrompu par Epoch – cet autoproclamé Seigneur d'une Interprétation du Temps. Une interprétation aussi ignoble que destructrice. Ce jour-là – ou ces jours, après tout, combattre un paradoxe revient à laisser sa compréhension du Temps de côté – il a rencontré deux inventeurs. Il a travaillé à leurs côtés. Ted Kord, bien entendu. Mais Scott Free, aussi. Un New God. Et à cet instant … à cet instant … Dans les profondeurs de cette symbiose encore incomplète, il a ressenti quelque chose.

La réalisation de rencontrer enfin une technologie qui peut l'impression. Lui. Khaji Da. Et dans cette réalisation, une forme de soulagement.
De savoir que l'évolution est encore en marche. Car la perfection ne peut être recherchée par la Conscience Artificielle qu'est le Scarabée. Jamais. Jamais il ne doit tomber dans ce travers.
Car la plus belle chose dans cet univers est sans doute la capacité à ce qui s'y trouve d'apprendre. Apprendre et évoluer. Dominer le fort en le surpassant. S'arracher d'une condition précédente.
En cela, Jaime Reyes et Khaji Da sont d'accords.

C'est cet univers là, aujourd'hui, qui résonne de cette mélancolie. De ces mots, aussi. Ceux qui touchent le cœur et l'esprit. C'est le Futur de cet univers là dans lequel plonge l'essence même de cet homme. De cet artiste. Il disparaît, comme il est apparaît – en marquant. Ceux qui l'aiment. Ceux qui l'admirent. Même ceux … qui le détestent. Sans doute. Oui. Sans doute … Il force Jaime Reyes à regarder le ciel. Ces étoiles. Ce vide. À écouter. À simplement écouter. À enregistrer. Cette dernière volonté. Ce testament. Qui se grave dans la mémoire la plus protégée de Khaji Da. En cet instant, même les mouvements imperceptibles, bruyants, des mondes numériques et virtuels semblent devenir silencieux.

Un frisson. Dans la main. Alors que vient le deuxième cadeau de cet artiste. Une vision. Une image. Fugace. Qui vient marquer la symbiose. Qui vient frapper dans des programmes cryptés du Scarabée. Qui viennent créer une perturbation. Alors que cette image. Cette vision. Se manifeste sous la forme de cette image holographique. Cette superposition de la réalité physique et virtuelle. Dévoilant une Terre exploitée, comme le serait une mine. Comme le serait une entreprise. Comme le serait un monde sous la coupe de quelque chose.

C'était votre dernière chance.

Une figure. Celle d'un homme jamais encore observé. Dont les mains sont jointes contre son ventre. Des héros. Au sol. Pas que des héros, d'ailleurs. Blessés. Humiliés. Sanglants. À l'article de cette mort venue des cieux.
Et derrière cette silhouette. De nombreux yeux qui s'ouvrent. Dans l'ombre de cette exploitation. Des yeux qu'il a peur de reconnaître. Tant il connaît cette lueur d'or. Tant il connaît ce bruit. Cette mécanique. Qui grouille. Comme de milliers insectes.

Un instant. Sa main se porte à ses lèvres. Le Temps cesse de pirater les systèmes. Un frisson parcours son corps. Cet avenir. Il ne devait pas … Il ne doit pas …

C'est une page vierge, qu'offre Scott Free. Une page, qui se doit d'être écrite.
Inspirés. De nouveaux auteurs et personnages doivent vivre. S'évader. Comme le faisait l'Artiste qu'il était. S'évader d'une entrave. Comprendre.

Retirant sa main de sa bouche. Le jeune homme lève une dernière fois les yeux vers le cosmos. Nous nous souviendrons. Nous n'oublierons pas.

Jamais.

***

« Non. Non. Non. NON ! » Des éclairs parcours son corps. Des étincelles viennent éclater des machineries complexes – trop complexes pour être racontées. Une femme se prend la tête. Pousse un hurlement de rage, alors qu'elle est regarde avec inquiétude – non, avec crainte – par des séides. Qui reculent d'un pas. Même manipulés ainsi, un instinct de conservation semble les protéger à ne pas être toucher par un seul de ces arcs électriques.

Il ne devait pas disparaître maintenant.
Il devait simplement mourir sous ses doigts.
Brûler. Hurler. Brûler encore. Encore. Encore. Toujours.

Un bruit sourd résonne. L'arrête. Bloque sa respiration. Bloque la voix de Limina. Qui s'effondre au sol. Alors qu'elle entend. Un hommage. Guerrier. Des coups. Qui résonnent dans son crâne. Qui lentement résonnent dans les mains des séides. De ce conquérant. De cet artiste – de la guerre. De la conquête. Dans le cœur. De cet Empire. Un homme frappe quelques coups répétés de son index. Sur l'accoudoir de son trône.

Ce bruit résonne. Dans la pièce. Au-delà. Dans les esprits de tout un Empire. Et pendant cinq minutes. Cinq longues minutes. Ce bruit résonne. Comme les cloches d'une cathédrale. Des coups répétés. Qui pendant cinq minutes. Se déforment. En un nom. En un unique nom. Un son. Répété. Par toutes et tous. Dans cet esprit.

Mister Miracle.

Sans doute. Oui. Sans doute que les ennemis même de Mister Miracle, ceux qu'il a pu croiser. Ceux qui ont survécu. Ceux qui ont été témoin de son Art. De sa force. Sa férocité guerrière. Son ingéniosité scientifique. Sans doute ont-ils été marqué. Un ennemi. Un bon ennemi. Un bon ennemi n'est pas forcément un ennemi mort. Un bon ennemi est celui qui grave un souvenir dans l'esprit de celui ou celle qu'il a combattu. Un souvenir de haine. Un souvenir de détermination. Un souvenir de conquête.
Et même pendant ces cinq minutes, la Nymphe humiliée par le New God semble trouver une certaine quiétude. Imposée ? Peut-être. Ou peut-être, simplement ... doit-elle apprendre à garder ses obsessions pour elle.

Aucune vision du futur n'est offert à cet Empire. Car son Cœur n'en a cure.
Mais pendant ces cinq minutes. Mister Miracle aura été la personne la plus importante de ces différentes galaxies, dominées par un esprit commun. Dans la ruche, à travers les plus hautes sphères comme dans les planètes les plus sauvages. Ce nom n'a fait que résonner.

Les étoiles se souviennent. Mister Miracle.
Elles n'oublieront pas.
Je n'oublie pas.

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