Retour au Microvers [Joey Wilson]

_____C’est une sensation très particulière qui parcourait tout mon corps, une satisfaction assez agréable, une impression de liberté que beaucoup connaisse sans jamais la savourer. Quelques jours après la fin du procès, j’ai pu sortir de ma prison en tant qu’homme libre ou presque. Après avoir passé plus d’un an à me cacher aux yeux du monde, je n’ai plus peur de me cacher. Le verdict n’avait pas été accepter par tout le monde mais le principal est là. C’était un soulagement, un poids qui s’était libéré de mes épaules et dont je profitais à chaque seconde, comme si j’avais l’étrange sensation qu’elle ne serait pas éternelle.
Mes premières journées en tant qu’homme libre se sont avérés moins festives que prévu. Les conditions de mon verdict m’ont rappelé à l’ordre à base de papier administratif à remplir et de contrepartie à respecter. Je ne lutte pas, j’obéis sans broncher. Ils sont tous surpris de constater que je ne suis pas la bête féroce qu’on a diabolisé pendant tout ce temps. Ils n’ont pas lésiné sur les moyens pour me surveiller. Je suis repartie avec un mensuel à respecter, des rendez-vous médicaux, des examens psychiatriques à effectuer et à ne manquer sous aucun prétexte. Je relativise, je sais que c’est pour mon bien et pour le bien de tout le monde.

Une fois m’être débarrasser de mes rendez-vous, il me restait encore quelques affaires à régler avec certaines personnes avant de me poser les bonnes questions sur ce que je comptais faire en tant qu’homme libre. J’ai joué carte sur table avec John, sans lui cacher ma déception face à ses mensonges. J’avais profité de mon petit tour à la Maison des Mystères pour rassembler quelques affaires. Au fond de moi, mon subconscient me criait de tout plaquer pour recommencer à zéro. Ce passé m’a bouffé pendant des mois, des années, je méritais un nouveau départ, non ?
Entre deux rangements, je me déconcentrais quelques secondes sur mon téléphone. Je n’avais pas eu l’opportunité de croiser Ray au tribunal et après. Je sais que je lui dois beaucoup. C’était probablement grâce au dossier qu’il avait volé à Arcane que la vérité a éclaté. J’ai été déclaré victime de cet homme qui avait pourri mon existence, et bien plus que ça. De fil en aiguille, notre conversation a finalement dérivé sur les prochaines missions de Ray. J’avais eu le culot de me proposer comme volontaire, en tant que Jericho, il a accepté. Sa réponse m’avait agréablement surpris.

Dans les cartons que j’avais ramené de la Maison des mystères, ma combinaison Ikon, un cadeau qui m’avait été offert par Isherwood avant son trépas, un don qui m’était cher. Elle avait été endommagée lors d’un combat contre Sinestro, une énième rencontre qui avait tenté d’exploiter mes dons. Malgré des fonctionnalités manquantes, je suis resté attaché à cet uniforme qui caractérisait Jericho, autrefois héros membre des Titans. A l’intérieur de ma ceinture se trouvait quelques gadgets ainsi que des médicaments prescrit sous ordonnance par le médecin qui m’avait été assigné. Je les prenais, sans protester. Elles permettaient de soulager mes douleurs et de limiter mes interactions avec Amy. Cela semblait efficace, pour l’instant.

Ray m’avait envoyé les coordonnées du point de rencontre. Je m’étais équipé de ma combinaison, d’une veste en cuir et de mon téléphone chargé pour rejoindre l’un des chemins qui reliait l’Académie à cette étrange repaire que cachait le directeur Palmer. J’avais rarement eu l’occasion de venir dans la Batcave, mais j’avais assez de souvenirs vagues d’elle pour penser que c’était une sorte de copie. J’ai ralenti mon allure pour observer avec un regard curieux les différents appareils présents dans cette cave. Mon visage était à découvert et on pouvait observer mes yeux grands ouvert, un enfant fasciné par le monde qui l’entourait.
Le directeur Palmer se tenait un peu plus loin, encerclés par de nombreux écran qui le dissimulait complètement. J’aurais pu mettre des heures à le trouver si je n’avais pas repéré ses deux jambes fixées au sol qui ont machinalement captivé mon attention. Je me suis rapproché pour le rejoindre dans le plus grand des calmes, il semblait concentré sur quelque chose.

« Palmer ? » J’ai osé le perturber dans son travail. Mon téléphone était toujours actif pour retranscrire mes pensées. C’était plus facile pour attirer l’attention que le langage des signes.

J’ai fait quelques pas de plus pour le rejoindre lorsque j’ai réussi à capter son attention. Mes émotions ont rapidement pris le dessus. Cet homme, je lui dois beaucoup, je lui dois la vie. Il a pris soin de moi, malgré mon parasite, bien plus puissant que lui. Il m’a hébergé malgré les risques. Il a veillé sur moi, jusqu’au bout. Je ne pouvais pas me contenter d’un simple « Merci ».
J’ai attendu quelques secondes avant de le prendre dans mes bras, dans une étreinte amicale et sincère. J’en avais besoin, c’était ma façon de m’exprimer et de partager mes émotions. La parole n’est pas toujours aussi simple lorsque c’est une voix avec un accent robotique qui retranscrit les paroles en écartant les émotions qui vont avec mais peut-être qu’il n’était pas aussi tactile ?

« Je ne savais pas comment exprimer ma gratitude autrement. Je. Hm. Bref. Je vous ai déconcentré ? »

J’ai reculé de quelques pas pour permettre à Ray de souffler un peu. Je craignais d’être un peu envahissant. Mes yeux radioactifs ont commencé à me balader sur chaque écran. Tous ces visuels m’étaient particulièrement inconnu. Le monde mystique m’était déjà étranger des années auparavant, je découvre maintenant le microvers, un autre univers qui semblait assez effrayant, tout aussi menaçant ?

« Qu’est-ce que c’est ? »

_____Je n’ai pas cherché à insister davantage sur toute la gratitude que j’éprouvais envers Ray. Au fond, je pense qu’il était conscient que je lui serais éternellement reconnaissance pour tout ce qu’il a fait pour moi. Il avait répondu à mon étreinte avec la même bienveillance que je commençais à bien connaître avant de reculer légèrement. J’ai reporté mon attention sur les raisons de ma venue dans cet endroit pourtant interdit aux étudiants de l’Académie. C’était comme un privilège que je ne pouvais pas gâcher. J’avais envie d’être à la hauteur des attentes de Palmer.
J’ai reporté mon attention sur les nombreux écrans qui gravitaient autour de Palmer, sans compter l’écran holographique qui se trouvait sur son bras. Avec John et mes mésaventures avec mon parasite, j’avais découvert le monde mystique et ses cauchemars, un monde que je préférais ignorer pour ma propre sécurité. En revenant à la vie, j’ai également découvert un autre monde particulier et beaucoup moins matériel. Le monde psychique était un univers particulier avec des règles que je pouvais façonner à ma manière, grâce à mes dons. Je n’en avais exploré que la surface mais ce monde me rappelait à quel point mes pouvoirs étaient puissant, les dégâts qu’ils pouvaient causer entre de mauvaises mains.

Maintenant je découvre le Microvers. Mes yeux radioactif se sont baladés sur chaque écran pour capter la fascination et la peur que ces images provoquaient chez moi. L’idée de savoir qu’un si petit univers pouvait contenir autant de chose me donnait le vertige, j’en avais des frissons. J’ai croisé le regard de Ray lorsqu’il fit un commentaire amusé sur ma scolarité désastreuse dans son académie. Je n’avais pas l’occasion de suivre tous les cours et Jason Blood s’était chargé de mon entrainement personnel. J’étais un élève particulier et les rares fois où je me permettais d’être aux côtés des autres élèves, les regards se méfiaient, d’autres devenaient plus violent et accusateur dans leurs propos. Il ne faut pas compter également les moments où je m’éclipsais pour me détendre avec quelques substances.

« Si ma mère avait découvert ce bulletin de note imaginaire, je serais déjà mort. » Maman pouvait se montrer aussi sévère que mon père. Après tout, c’était elle sa supérieure hiérarchique fut un temps.

J’écoutais attentivement les explications de Ray concernant le Microvers. Cet univers, il la connaissait comme sa poche. Il avait l’air d’avoir passé une bonne partie de son existence à étudier ce monde qui était étranger pour beaucoup de personne, dont moi. J’appréciais sa dévotion, la passion qui l’animait lorsqu’il m’expliquait le fonctionnement de cet univers. J’étais attendri par cette passion, un sourire se dessinait machinalement sur mon visage pendant que mon regard se baladait un peu partout.

« Tu veux dire que le Microvers est ici, partout autour de nous mais qu’il est si infiniment petit que nous ne le remarquons pas ? Est-il aussi vaste que notre univers mais à son échelle, encore plus grand ? » J’ai penché la tête sur le côté. « Ça veut dire que le temps défile beaucoup plus lentement dans ce monde que dans notre monde, non ? Y’a-t-il un impact ? »

Mon regard s’est porté en direction de cette sphère qui me faisait penser à une légendaire saga cinématographique. L’étoile de la Mort semblait être notre destination, un endroit qui faisait froid dans le dos. Je ne regrettais pas d’avoir proposer mon aide à Palmer, je craignais seulement de ne pas être à la hauteur ou de surestimer ma résistance. Mon traitement médical est nouveau, il a l’air efficace en apparence mais je n’étais pas à l’abris d’une mauvaise surprise. Non, je ne devais pas repenser à ça, je devais surtout me concentrer sur la mission et ne pas remettre en doute mes compétences. Je suis plus fort, bien plus fort qu’il y a un an et je vais le prouver.

La sphère de la mort, l’Atom-World, Ray m’explique brièvement l’origine de sa création. L’explication est un peu vague et fait probablement réveiller des souvenirs douloureux chez lui que je ne cherchais pas à réveiller. J’ai déduit que ce voyage pouvait ne pas être qu’une petite sortie scolaire amusante. Je le savais déjà, mais je ne m’attendais pas réellement à ça.

« Et cette femme, Preon, c’est ça ? Tu as réussi à la stopper ou elle est toujours en train d’errer dans le Microvers ou… ici ? Tu penses que ta présence va attirer de mauvaises personnes ? Je veux dire… ça fait combien de temps que tu n’as pas été là-bas ? »

Je pouvais difficilement cacher la stupeur qui déformait mon visage. Mes paupières s’étaient levées d’un bond, mes bras s’étaient croisés, mon regard observait un point fixe à quelques centimètres de Palmer. Mes yeux se sont promenés de gauche à droite, je semblais presque remettre en doute mon idée de le suivre.

« Non non non, ça c’est TON mardi habituel. » affirmais-je en le pointant du doigt. « Les miens sont un peu moins dynamique que ça… »

Mes mardis sont bien différents, dans un autre sens du terme. Je pouvais parler de mes mardis en prison lors de mon procès, des mardis que j’avais oublié suite à un traumatisme, de mes mardi à l’académie où je tentais tant bien que mal d’être à la hauteur. Je n’avais pas envie de penser à ça, j’ai chassé ses pensées de ma tête avant de me concentrer sur l’instant présent.

« Je t’ai proposé mon aide, ce n’est pas pour reculer. Je suis un piètre ingénieur mais si je peux être utile pour quoi que se soit, tu sais que je ne reculerai pas. C’est une promenade de santé pour toi, non ? »

_____Ma vie à l’académie était particulière. Je n’étais pas réellement comme tous les autres étudiants. J’étais ce qu’on pouvait appeler, un étudiant du dimanche. Je venais lorsque mon état de santé morale et physique me le permettait, lorsque j’étais certains de pouvoir le contrôler. Ma réputation me collait à la peau et j’aurais besoin de plus de temps pour faire disparaître les actes les plus horribles qui planent au-dessus de mon nom. Je ne pensais pas avoir un bulletin de note à proprement parler. Malgré tout cet endroit m’avait permis d’apprendre à contrôler mes pouvoirs dans un lieu sain, avec des personnes de confiance. Je suis conscient d’avoir encore beaucoup de chemin à faire, mais les progrès sont là.
Ray me taquinait lorsque j’ai mentionné ma famille, ma mère. C’est elle qui m’a élevé et elle pouvait se montrer intransigeante quand elle s’y mettait. Elle aurait probablement remis en question tous les choix que j’ai fais dans cette seconde vie, de mon aventure avec Constantine jusqu’à mon entrée dans cette académie.

« Elle aurait été fière de savoir que je me suis battu avec l’un de mes anciens camarade, fier que son fils soit devenu le petit soldat dont elle a toujours rêvé. » Nerveusement, je mordais l’ongle de mon pouce, le regard pensif tourné vers les écrans. « … mais tu sais que je n’en suis pas fier de tout ça. »

Mais j’ai préféré oublier ce qu’il s’était passé pour me concentrer sur le présent, l’exploration d’un autre monde qui avait ses propres règles que j’essayais tant bien que mal de comprendre. J’ai écouté les explications avec une grande attention, craignant d’oublier un détail qui pourrait me transformer en boulet de service. Je voulais aider, rendre le soutien que Ray m’avait apporté pendant ces longs mois, les risques qu’il a prit pour moi.
Juste avant notre départ, Ray m’a confié une de ces armures Atom, combinaison qu’il jugeait nécessaire que je porte pour le voyage. J’ai acquiescé avec un hochement de tête avant de l’observer d’un œil curieux sur toute ses coutures. Je ne suis pas un brillant ingénieur, j’étais incapable de recréer ce bijou de technologie. Je me suis accordé quelques minutes pour observer chaque couture du vêtement avant de l’enfiler par-dessus ma combinaison Ikon. J’ai également déposé mon téléphone dans un creux de mon armure, au niveau de mon poignet pour pouvoir continuer à communiquer avec Ray de la manière la plus simple.

Lorsque j’ai terminé mes préparatifs, j’ai entendu Ray me presser un peu pour rentrer à l’intérieur du vaisseau et commencer l’exploration. Il voyait ça comme un jeu, un moment d’amusement. J’ai laissé échapper un sourire avant de le rejoindre d’un pas actif dans le véhicule.

« J’arrive, j’arrive ! »

Je ne m’attendais pas à autant d’impatience de sa part mais j’y répondais avec le même enthousiasme. Je m’étais installé à proximité de Ray, sur le siège du co-pilote. Adolescent, j’étais un excellent pilote. Ma mère m’avait entraîné à conduire des véhicules divers et varier. Piloter ce type de vaisseau serait presque un jeu d’enfant pour moi mais je me suis laissé porté par Ray. J’ai eu à peine le temps de m’installer qu’il avait déjà fait ronronner les moteurs. Le départ a fait basculer mon corps en arrière, le collant contre le dossier de mon siège alors que je tentais tant bien que mal de me trouver une position un peu plus confortable sur ce dernier.

« Oh oh oh ! Je ne pensais pas que tu étais aussi pressé ! »

Lorsque j’ai réussi à me trouver une place dans ce siège, j’ai pu balader mon regard vers les différentes baies vitrées qui s’offraient à moi. Heureusement, je n’avais pas le mal des transports et je pouvais savourer pleinement le monde qui s’offrait à moi. Un mélange de couleur, de forme et de matière que je ne parvenais pas à décrire avec des mots. Pendant une partie du trajet, je suis resté silencieux. Mes yeux pétillaient d’enthousiasme et de fascination face à tout ce que je découvrais. Lorsque le véhicule me paraissait un peu plus stable, je me suis levé de mon siège pour pouvoir me rapprocher un peu plus des vitres.

« J’ai… j’ai pas les mots. J’ai l’impression… d’être dans un trip sous acide, de ne pas avoir pris mes médicaments. »

C’est encore un peu difficile pour moi de comprendre que c’est la réalité, une autre réalité. Mes yeux avaient continué de se balader dans tous les sens. Durant les dernières minutes de voyage, je me suis réinstallé sur mon siège pour calmer mon enthousiasme et me focaliser ailleurs et laisser Ray se concentrer sur la route. Mon attention s’était arrêtée sur un petit objet métallique que je tenais sur la paume de ma main. C’était un exercice que je réalisais une trentaine de minute tous les jours. En jouant avec les ondes psychiques que je générais, je pouvais simuler une sorte de télékinésie. J’étais encore un parfait amateur, j’avais besoin de beaucoup de concentration pour pouvoir faire léviter l’objet à quelques centimètres au-dessus de ma main. Mes yeux sont focalisés sur lui, j’effectuais des petits mouvements au niveau de mes phalanges pour le garder en équilibre jusqu’à l’inévitable. J’ai perdu le contrôle, la gravité l’a rattrapé en le jetant sur le sol.

« Putain ! » J’ai poussé un juron de frustration avant de me lever pour ramasser ce que je venais de faire tomber.

Lorsque j’ai redressé le haut de mon corps, j’ai pu apercevoir du coin de l’œil, à travers les vitres, une sphère qui se rapprochait de nous. Elle ressemblait à celle que Ray m’avait montré à travers ses hologrammes.

« On est arrivé ? C'est ton Etoile de la Mort ? »

_____J’ai le sang chaud des Wilson, lorsque quelque chose m’énerve, je ne peux pas me contrôler, il faut que la frustration sorte, par des jurons ou par la violence. Amy pouvait soulever des arbres avec cette télékinésie et je ne parvenais pas à soulever un petit objet métallique plus d’une minute. Je faisais des progrès, des gros progrès mais c’était beaucoup trop lent. Je me suis levé de mon siège pour récupérer l’objet de ma colère, un mouvement qui attira mécaniquement l’attention de Ray. Il se permet de me donner quelques astuces pour me faciliter la vie, mon regard s’orienta vers lui et un fin sourire s’était dessiné sur mon visage au moment où j’ai récupéré l’objet.

« C’est vrai, ça serait une bonne idée. » J’ai reposé l’objet dans l’une de mes poches avant de me tourner vers lui. « J’essaye de découvrir de nouvelles techniques. On m’a dit qu’Amy était capable de télékinésie. En jouant avec les ondes psychiques, je peux faire léviter des objets. Ça demande beaucoup de concentration et d’énergie mais… j’aimerais faire plus que soulever un ridicule petit objet. Amy était capable de déraciner un arbre. »

Je veux être fort, plus fort que celui qui m’a volé mes pouvoirs. C’est peut-être une question de fierté. J’étais malheureusement conscient que je n’avais pas la force d’un Superman, ni celle d’un démon. En tant qu’humain, je ne pourrais pas déraciner un arbre par la seule force de mon esprit. Mes boucliers étaient probablement bien plus efficaces.
Mais mes pouvoirs n’étaient pas le centre d’intérêt de cette mission dans le Microvers. L’imposante structure attira mon attention en direction des baies vitrées. Atom a pu se détacher de son siège conducteur car désormais, nous étions tractés en direction de l’imposant satellite artificielle. Je ne pouvais pas dire que la situation ne me rendait pas nerveux, au contraire. J’observais chaque vitre pour vérifier que tout allait bien. Ray semblait si détendu à côté de moi.

« J’ai l’impression d’être dans un des films de Star Wars. Tu serais Obi-wan Kenobi et je serais Luke Skywalker ! »

L’humour parvenait toujours à détendre un peu l’atmosphère, même si j’étais le seul qui avait besoin d’être calmé dans l’histoire. Je me suis redressé de mon siège au moment où le vaisseau avait décidé de s’arrêter et d’atterrir. Forcément, j’ai laissé passer Ray en premier qui trépignait d’impatience de rejoindre ses copains.

« Copains ? »

Je suis descendu quelques secondes après Atom tout en gardant une oreille attentive à ce qu’il pouvait me dire sur ce monde, l’Atom-World. A la vue des androïdes qui saluèrent leur créateur, mes yeux s’écarquillèrent. Par reflex, j’ai cru que ces robots étaient des ennemis. Mécaniquement, je me tenais en position défensive, bras plié devant mon visage, poings serrés. J’ai fini par me calmer automatiquement lorsque Ray avait commencé à leur parler, comme on parle à un vieil ami qu’on a pas vu depuis des mois. C’était un reflex défensif, mon subconscient était encore assez traumatisé pour croire que l’inconnu vous veut forcément du mal. Mon rythme cardiaque s’est affolé et il a besoin de plus de temps pour revenir à la normale. Malheureusement, leur regard mécanique se sont tous posé sur moi, faisant r réapparaitre mon anxiété. Je me suis senti menacé, mais je me devais de garder mon calme pour éviter de montrer des gestes suspects.

« Heuuu… Ray je sais pas quoi dire je… ils vont pas me carboniser ? »

« Identité non spécifié. »

« Ok, ok. Mon nom est Jericho et je suis l’un des élèves ou assistant d’Atom II, peu importe mon titre. Je suis venu découvrir ce monde. Voyez moi comme un espèce d’explorateur, nan ? »

_____Mon visage était pratiquement défiguré par le doute, l’incompréhension. C’est un monde nouveau, dépaysant, j’avais la sensation d’être redevenu un enfant qui avait tout à apprendre. Mais malgré mes doutes, je me suis laissé porté par Ray et j’ai essayé de faire face à un androïde. Ce sont des êtres particuliers, qui ne sont pas doté de conscience. Il paraît que je n’ai pas la capacité de prendre le contrôle de leur corps. C’est une théorie que je n’avais jamais essayé de mettre en pratique. Peut-être aurais-je l’opportunité d’en faire l’expérience un jour mais pas cette fois, j’étais trop nerveux.
Cette nervosité était finalement inutile, ils m’ont reconnu et j’ai laissé échapper un soupir de soulagement avant de me tourner vers Ray qui semblait légèrement se moquer de ma réaction, une mauvaise blague. C’était un programme qu’il avait réalisé par défaut mais ses méthodes étaient clairement discutables sur le moment.

« Hey ! Mais je n’ai jamais osé me moquer de tes pouvoirs moi ! J’ai eu peur ! »

Bien évidemment, je ne comptais pas réellement lui en tenir rigueur. Je me mets à sa place et je pense que j’aurais été pleinement capable de faire ce genre de blague. Je n’ai laissé échapper qu’un petit agacement amical avant que je sente sa main se poser sur mon épaule pour changer rapidement de sujet et m’inviter à le suivre en tant que Luke Skywalker. J’ai laissé échapper un sourire avant de lui emboiter le pas, sans rancune.
Je l’ai suivi, la curiosité m’a rapidement fait accélérer la cadence jusqu’à atteindre une sorte d’avant-poste ultra moderne. Mon regard se promenait un peu partout aux alentours, comme un enfant qui découvrait pour la première fois Disneyland. Ray a profité de notre courte promenade pour aborder l’histoire de mes pouvoirs et des risques qu’il pouvait emmené en voulant les entraîner. Je comprends ses craintes et je me suis tourné vers lui.

« Je sais qu’Amy sera toujours… plus fort que moi. Il utilise mes pouvoirs grâce à la magie, une source d’énergie quasi illimité. Moi, je ne suis pas un homo magis, j’utilise ma force vitale pour utiliser mes pouvoirs. Il faut que j’apprenne l’équilibre, à ne pas utiliser toute mes forces ou… il réapparaitra, oui. » J’ai levé mes yeux vers Ray. « Me cacher de mes doutes, de mes craintes seraient une erreur et j’ai pleinement confiance en toi. Je n’hésiterais pas à t’en faire part. » J’ai observé mes doigts que je faisais danser. « Je ne sais pas encore si je dois accorder toute ma confiance envers les experts qui traitent mon dossier mais ils fournissent de bons médicaments, aux bonnes doses. »

Nous arrivons rapidement à destination. Ray me fait découvrir son monde et j’ai pris le temps de m’éloigner un peu de lui pour découvrir un peu plus cet endroit dont j’ignorais tout. Je l’ai laissé faire ses vérifications pendant que j’explorais les alentours en gardant une oreille attentive aux réponses de cette intelligente artificielle.
J’ai fini par me retourner lorsque Ray s’est plongé dans un mutisme anormal. J’ai finalement pu apercevoir cet hologramme qui était apparu en plein milieu de la pièce. Cette main était d’une taille que je ne pouvais pas décrire. Je ne pouvais pas prendre conscience de sa taille. Mes yeux se sont écarquillés et ils ont croisés ceux de Ray avec une certaine nervosité.

« Je… Je. Quand tu m’avais dit qu’il n’y avait que quelques réparations à faire. Est-ce que tu prenais en compte qu’un… qu’une espèce de dieu galactique viendrait troubler ce monde… cet endroit ? »

Mille et une pensées ont commencé par me traverser l’esprit. Cette vision m’a effrayé et je ne pouvais pas cacher cette soudaine angoisse qui avait envahit mon esprit et mon corps. Je ne savais pas réellement ce que cette menace représentait mais mon instinct imaginait déjà le pire.

« Qu’est ce… qu’est ce qui se passe ? »

_____Je suis resté immobile, observateur. Mes yeux se sont baladés entres les différents écrans holographiques et le visage peu serein de Ray Palmer. J’étais perdu, je ne savais pas réellement toutes les conséquences que cette nouvelle avait apporté avec elle. J’ai levé les yeux vers lui au moment où il avait rompu le silence pour son attention sur moi. Malheureusement, nous allions devoir reporter nos conversations à plus tard et il semblait désolé pour cela. J’ai hoché négativement la tête avant de me rapprocher de lui.

« Tu n’as pas à t’excuser, on peut remettre cette conversation à plus tard, ok ? » Ce n’était pas réellement une priorité. J’ai laissé échapper un petit sourire pour le rassurer et lui affirmer qu’il n’y avait rien de mal. Nous n’étions pas venus ici pour parler de mes histoires autour de ma santé mentale et de mes pouvoirs encore mystérieux.

J’ai laissé Ray reporté son attention sur son intelligence artificielle étrangement familière dans son langage. Au bout de quelques secondes, de nouvelles images ont commencé à apparaître pour laisser apparaître une silhouette humanoïde. Progressivement, je fais la découverte du peuple qui vit dans cet univers. Ayant fait partie des Titans une partie de mon adolescence, j’avais l’habitude de côtoyer des aliens, des individus issus d’autres univers, de planète, cela n’était pas si dépaysant que ça, ou presque.
Un scientifique un peu trop obsédé par les mystères de l’origine de l’Univers et de la Vie, une histoire beaucoup trop familière pour Ray qui avait déjà dû arrêter cet homme, Krona. Cet homme s’était allié à d’horribles personnes pour arriver à ses fins. Cette histoire était glaçante et même si elle semblait s’être bien fini, il restait encore des mystères qui n’avaient pas été résolu, comme la disparition de cet homme de science.

« Tu penses qu’il a quelque chose à voir avec cette histoire de main… gigantesque ? Tu penses qu’il a recommencé ces expériences dans son coin ? Qu’il est parvenu à revenir dans notre présent ? »

Une nouvelle image de cette main beaucoup trop imposante pour en comprendre immédiatement sa grandeur était apparu. C’était assez angoissant comme vision. L’Atom-World était capable de beaucoup de chose, des capacités similaires aux miennes. Accédez aux souvenirs des gens, d’un simple regard c’est également l’un de mes nombreux talents. Comme le disait si bien Ray, c’était efficace mais moralement discutable.

« Je suis plutôt bien placé pour savoir qu’accéder aux souvenirs des gens c’est… parfois discutable, mais je ne vais pas te blâmer pour avoir utilisé ça. »

Ray me fait part de ces théories. Cette main est apparue lorsqu’il a rompu la barrière entre la Réalité, notre réalité ? et le Microvers. Pensait-il être responsable de l’apparition de cette main divine ? Il pensait que cette main n’était qu’une espèce d’illusion et quelqu’un de bien plus petit en tirait les ficelles. Il n’était certains de rien et incompétent dans le domaine, je n’étais pas réellement d’une grande aide et j’en étais désolé.
Le directeur de l’Académie craignait de me faire courir un risque bien trop grand. Il souhaitait me renvoyait dans notre monde, me poussant à le laisser seul affronter cette chose, quelle qu’elle soit. Mon cœur s’est serré d’un coup, je ne pouvais pas l’abandonner comme ça, même s’il voulait faire ça pour ma sécurité. Je ne savais pas réellement ce qu’on était en train d’affronter et si cela pouvait être dangereux pour moi et ma santé mentale, mais je ne pouvais pas me permettre de lui tourner le dos alors que je lui avais proposé mon aide.

« Hey ! Non. Il est hors de question que je te laisse tomber comme ça. » affirmais je en posant ma main sur l’un des bras de Ray, sans me montrer violent dans mon geste. Je me montrais plutôt bienveillant en voulant aider un ami. « Je t’ai proposé mon aide Ray, ce n’est pas pour faire demi-tour aussi rapidement. Tu m’as aidé tellement de fois avec Amy, avec le procès et j’en passe. Laisse moi au moins te rendre la pareille. » Je sais qu’il s’inquiétait pour moi. Je devais peut-être me montrer un peu plus rassurant. « J’ai conscience d’être encore un peu fragile, mentalement et psychiquement mais, si ça devait dérapé, je te promets que je ne rechignerais pas à me mettre à l’abris si tu me l’ordonnes. En attendant, laisse moi venir avec toi, laisse moi une chance. »

_____Je sais qu’il n’appréciait pas réellement cette idée, pour de nombreuses raisons. Il veut me protéger, comme beaucoup de personne, il avait conscience de cette fragilité qui me collait à la peau. Il jugeait ma décision comme une grosse connerie, j’ai laissé échapper un rictus sur le coin de mes lèvres, je ne pouvais pas dire le contraire. Je connaissais mes limites, mes craintes concernant mes pouvoirs et mon parasite qui, même s’il se manifestait rarement, restait une menace potentielle et attendait le moindre faux pas de ma part pour prendre le contrôle.
Sachant bien la réponse mitigée de Ray, j’avais déjà mis en place, dans un coin de ma tête une sorte de compromis qui semblait plus ou moins lui convenir. Effectivement, je ne savais pas vraiment dans quoi je m’embarquais et lui non plus, mais il avait plus de mal à le reconnaître que moi. Bien sûr, je peux être une sacrée tête de mule et j’aurais insisté plus que cela s’il avait refusé mon aide.

« Je ne t’aurais pas laisser l’occasion de me renvoyer sans avoir pu au moins servir à quelque chose dans cette exploration, tu sais ? »

Malheureusement, le déplacement ne se fera pas dans l’Atom-Mobile. Il fallait que je m’adapte beaucoup plus rapidement que prévu. C’était un peu plus imposant que ma combinaison Ikon mais je n’avais pas réellement de mal à m’adapter à la technologie en étant entouré d’Isherwood, puis de Ted et Ray. J’ai hoché mécaniquement la tête pour acquiescer suite aux questionnements de Palmer. Je vais clairement pas faire demi-tour parce que je suis pas fichu de contrôler une armure. J’ai continué à hocher la tête jusqu’au moment où on était prêt à sortir. Ray me rappela les fonctions principales de cette combinaison avant de partir devant et de s’élancer dans l’espèce de vide spatial qui nous attendait.

Je n’étais pas très loin derrière, un peu à la ramasse les premières minutes avant de finalement m’adapter au fonctionnement de l’armure Atom que l’on m’avait confié. J’ai accéléré pour me retrouver à proximité de Ray pour observer les alentours. Les couleurs étaient assez irréalistes, c’était un véritable bal de création improbable et difficilement identifiable. J’en venais à me demander si tout ça était bien réel et que je n’étais pas victime d’hallucination. Ray s’est montré rassurant à sa manière avant de me prévenir que je devais laisser mes mains curieuses dans mes poches pour éviter de me faire tuer.

« Oh. Heuum… ok c’est noté. Je reste éloigné de toutes ses couleurs… » Ma voix artificielle sonnait directement dans le casque de Palmer. « Ça me fait penser à ce que j’avais commencé à voir quand j’étais petit, d’abord les voix, ensuite les choses irréels qui paraissent si vrai. J’ai cru que mon traitement avait cessé de faire effet. »

Nous avons continué à nous rapprocher de cette main géante, sa grandeur avait failli me donner le vertige. J’ai ralenti mon déplacement pour pouvoir l’observer dans toute sa grandeur. Elle se rapprochait de nous suffisamment lentement pour qu’on puisse anticiper ces mouvements. Je n’ai pas osé l’approcher davantage de peur de l’exploser.

« Je ne pense pas que c’est aussi simple de se rapprocher de ce truc mais… maintenant qu’on est un peu plus près, est-ce que tu as remarqué de nouveaux éléments ? quelque chose ? Je ne sais pas pourquoi mais j’ai la sensation d’être épié. »

_____J’ai ralentis mon vol lorsqu’on a commencé à se rapprocher de cette main géante qui attirait toute mon attention tant sa grandeur me donnait le vertige. Mon émerveillement ainsi que ce sentiment de crainte que je ne pouvais pas réellement dissimuler semblait amuser Ray. J’ai pris quelques secondes supplémentaires pour redresser ma nuque et regarder au-dessus de moi l’immensité qui se trouvait juste en face, avant de reporter mon attention sur mon camarade.

« Ne t’en fais pas, le Microvers ne t’empêcheras pas d’être toujours plus petit que moi ! »

J’aimais bien taquiner de temps en temps. Dans la famille, on est plutôt grand et je suis pourtant le plus petit des garçons Wilson. Même si l’atmosphère était particulière et déstabilisante pour moi, cela ne m’empêchait pas de donner quelques pics de temps en temps. Toutefois, mon instinct avait commencé à se mettre en alerte et craindre de plus en plus une présence qui épiait nos faits et gestes. Malgré mes sens en alerte, la technologie de l’ancien Atom n’était pas parvenue à détecter le moindre signe de vie.

« Je suis devenu beaucoup plus sensible à un danger suite… suite à Arcane. Je sentais sa présence, quelques minutes avant qu’il ne débarque. Je ne sais pas comment j’ai développé ça. »

Même si la douleur était encore présente, j’en parlais avec un certain détachement. Je ne préférais pas réveiller d’autres souvenirs effrayants. Ray semblait perturber par autre chose, mon regard s’était arrêté sur lui et son vocabulaire. Quelque chose clochait mais je n’étais pas assez fin connaisseur pour comprendre ce qui choquait autant le directeur de l’académie.
Malgré le manque de pesanteur et de gravité, j’ai senti le poids de Ray me repoussé brutalement après avoir tenter de m’avertir. Je me suis laissé entraîner sur le côté avant de ralentir ma dérive pour me tourner vers l’origine des craintes de Ray.

Des piliers se sont créés entre nous. On aurait dit que le dieu de ce monde cherchait à nous ralentir d’une manière assez original en créant ces structures à partir de rien. Je ne savais pas comment c’était scientifiquement possible mais je crois que Ray non plus ne serait pas capable de me fournir de réelles réponses à mes questions. Une fois que je suis parvenu à reprendre le contrôle de mon vol et de mon armure, je me suis retourné vers Ray.

« Ouais, ça va. » Je venais à peine de me remettre de mes émotions soudaines.

J’ai baladé ma nuque un peu partout autour de moi, sentant bel et bien que quelque chose me perturbait. C’était ce bourdonnement, ce petit bourdonnement qui vibrait à l’intérieur de mon esprit. Je ne savais pas si c’était l’effet du choc ou un effet secondaire de mes médicaments mais il devenait de plus en plus intense. J’ai posé le plat de ma main sur l’une de mes tempes pour essayer de calmer ce bourdonnement qui devenait incessant et particulièrement désagréable.

« …en fait, je ne suis pas sûr. Qu’est-ce que… ça bourdonne, c’est horrible. »

J’ai entendu Palmer me hurler dessus de nouveau. J’ai brutalement lever la tête pour voir des monstres surgirent de derrière les piliers fraichement construits et nous foncés directement dessus, des créatures semblables à des insectes. Je suis légèrement déstabilisée par l’écho du bourdonnement dans mon esprit que je ne parvenais pas à calmer et Ray semblait avoir senti cela car il avait saisi mon bras pour me guider et m’inviter à fuir les créatures qui nous fonçaient dessus.
Une fois que j’ai remis les pieds sur Terre, pour ainsi dire, j’ai suivi Ray qui nous rapprochait vers une structure beaucoup plus familière pour moi, mais qui semblait le perturber.

Malheureusement, nous n’étions pas assez rapide pour les insectes et les premiers ont essayée de transpercer nos armures ATOM. Je me suis tourné vers la horde pour générer un bouclier psychique, une orbe verdâtre transparente qui nous enveloppa, assez large pour protéger son créateur et Ray. Il y a des mois de cela, j’étais à peine capable de générer un bouclier complet et il y a des années, j’ignorais que j’étais capable de créer de telle chose. Le bouclier était assez efficace pour empêcher les créatures de nous attaquer. Elles étaient trop nombreuses pour qu’on puisse les attaquer et je n’oserais même pas plonger ma conscience dans l’une d’entres elle sans prendre de risques.

« Ce bouclier nous protégera jusqu’à notre arrivé dans la station. Je peux tenir… une dizaine de minutes sans m’épuiser donc on ne va pas trop trainer. Reste près de moi. »

Ouais je donnais des ordres à mon directeur, parce qu’il ne fallait pas qu’il s’échappe du bouclier que j’avais généré, sous peine de se retrouver seul face à une horde d’insecte enragée. Certains se cognaient contre le bouclier sans parvenir à le briser. Je sursautais légèrement lorsque je sentais un choc imprévu contre la paroi. Je ressentais tout et les attaques soudaines pouvaient me déconcentrer, perturber mon esprit qui risquerait de créer des failles dans le bouclier.
Nous étions parvenu à nous poser sur le toit de la station spatiale mais le groupement d’insecte continuaient à graviter autour de mon bouclier protecteur, attendant que je faiblisse pour attaquer. Mes bras sont toujours tendus pour garder le bouclier fonctionnel. Ray aurait aimé que je puisse identifier des présences à l’intérieur de la station. Malheureusement, entre les bourdonnements toujours présent et le bouclier, je ne parvenais pas à discerner quoi que ce soit.

« Je suis désolé… Je n’y arrive pas. Les insectes doivent libérer des ondes psychiques qui me désorientent et le bouclier me demande beaucoup de concentration. Il faut qu’on trouve une entrée. Je peux les repousser en générant une onde psychique assez puissante pour les envoyer un peu plus loin, le temps qu’on entre. Je pourrais peut-être cerner des présences à l’intérieur de cette base mais si tu veux déjà une petite idée, j’ai toujours cette mauvaise intuition qui plane dans mon esprit. Presque… comme si c’était un piège et qu’on nous poussait volontairement à nous jeter tête baissée au pire endroit… »

J’ai continué à légèrement léviter au-dessus du toit jusqu’à trouver une trappe sous nos pieds. C’était la porte de sortie. Même si j’avais cette étrange intuition, nous n’avions pas réellement le choix. J’ai levé les yeux vers Palmer.

« Dès que c’est bon, j’abandonne le bouclier, je repousse les bêtes et on fonce dans la gueule du loup. Prêt ? »

_____C’était la première fois que Ray Palmer pouvait voir une partie de mes pouvoirs en action. Mes capacités les plus connus sont liés à la télépathie, à ma capacité de manipuler l’esprit et le corps humain sans la moindre difficulté ou presque. Ce sont des pouvoirs que convoitent beaucoup de personne et qui me poussait à rester sur mes gardes. J’étais capable de faire bien plus et Amy me l’avait prouvé en utilisant toutes mes capacités sans aucunes difficultés, comme s’il était né dans ce corps. J’essayais de l’imiter, mais il avait des facilités supplémentaires avec ses origines mystiques et démoniaques. Mes pouvoirs pouvaient faire des ravages mais il pouvait aussi me permettre de protéger les miens, grâce à ce bouclier qui avait permis de nous protéger de la horde d’insectes
Ray n’avait pas assisté à tous les entrainements et il ne connaissait pas tous les nombreux talents que je cachais. C’est vrai, j’aurais pu le prévenir avant mais la vitesse de nos ennemis m’avait obligé à prendre les devants pour une fois et à nous protéger mutuellement. J’ai laissé échapper un petit sourire sur le coin de mes lèvres lorsqu’ils m’affirmaient qu’il était fier de moi.

« J’ai plus d’un tour dans mon sac, hein ? Désolé, il fallait que je fasse vite, sinon d’autres insectes allaient tenter de nous empaler avec leur dard. »

Mais j’avais un autre plan pour nous protéger et rentrer dans cette station spatiale, un plan approuvé par Ray. Je lui ai laissé le temps d’ouvrir la trappe qui se trouvait sous nos pieds pendant que je maintenais ma concentration sur mon bouclier jusqu’à ce que la voie soit dégagé. Lorsqu’il me fit signe, j’ai concentré mes forces sur mes mains et est libéré le bouclier dans un choc psychique assez brutal pour repousser mes ennemis à quelques mètres de moi avant de bondir à l’intérieur de la station. Avant qu’aucun insecte ne puisse nous rattraper, j’ai pu refermer la trappe derrière moi à la dernière seconde. Mon plan avait fonctionné, j’ai laissé échapper un soupir avant de mécaniquement observer les alentours. Ray avait déjà commencé à explorer les lieux, il débordait de curiosité, c’était amusant à voir malgré tout ce que je venais de traverser. J’avais également remarqué que le métal qui nous protégeait avait atténuer les ondes psychiques qui me torturaient l’esprit. Les bourdonnements étaient toujours là, mais ils étaient beaucoup plus supportables. Une fois qu’on était un peu plus tranquille, j’ai relancé la discussion concernant mon sixième sens.

« Ce n’est pas aussi poussé que celui de Raven et ça ne le sera probablement pas, mais je développe. Je ne suis pas un empathe. Je peux ressentir des présences dans un champ défini. Je peux aller plus loin avec une projection astrale mais il faut que je protège mon corps. J’peux aussi jouer avec les ondes psychiques, en générer comme tu as pu le voir et m’en servir pour faire un peu de télékinésie aussi. Le reste, tu connais. En fait, j’essaye un peu d’imiter Amy, j’ai simplement beaucoup moins de ressource que lui, et je suis moins endurant, je ne peux pas puiser d’énergie mystique pour utiliser mes pouvoirs. »

Au moins maintenant, il ne pourra pas dire qu’il n’avait pas été prévenu au sujet de mes nouveaux dons. Après cela, je suis passé à l’exploration également. Même si je n’étais pas de cette époque, j’avais vu assez de film des années 80 pour confirmer que c’était bel et bien terrien. Je me baladais d’un pas lent, sans oser toucher le moindre mécanisme de peur de faire une grosse bêtise. Je suis resté vigilant, restant plus ou moins proche de Palmer qui cherchait une explication à l’apparition de cette station.

« Hmmm… Peut-être qu’il s’est perdu dans… une faille ? C’est possible ? » Je donnais des hypothèses sans réellement savoir si mes théories pouvaient être cohérente ou si je racontais juste des grosses conneries pour ne pas être simplement l’acolyte de service.

Une voix attira mécaniquement mon attention. Je redressa immédiatement la tête pour me mettre sur mes gardes. A plusieurs mètres de moi, je pouvais observer un homme camouflé sous une combinaison d’astronaute bien trop vieille. Par reflex, j’ai essayé de penché légèrement ma tête pour essayer d’apercevoir un semblant de visage, un contact visuel pour peut-être rentrer dans son esprit. Malheureusement, je n’avais pas la moindre ouverture. Ray a tenté de faire le premier pas vers lui mais une explosion a retenti.
J’ai manqué d’être complètement déséquilibré par l’explosion, mais j’ai su rester debout. Je me suis accroché à la mécanique rustique de la station. Les dégâts étaient plus ou moins considérable, générant un trou dans le toit de notre refuge et créant une aspiration d’air qui aurait pu m’entrainer avec lui si je ne m’étais pas retenu. J’aurais pu générer un bouclier mais il me demanderait beaucoup trop d’énergie et j’allais rapidement me retrouver vulnérable.

Par panique, j’ai commencé à appuyer sur tous les boutons qui se trouvait près de moi, les manettes, les molettes, tout ce qui pouvaient me permettre de nous protéger de ce trou. Finalement après quelques secondes d’acharnements, j’étais parvenu à fermer une porte qui allait nous protéger quelques temps.
Je me suis redressé, soupirant de soulagement avant d’observer les alentours. De nouvelles explosions se sont fait ressentir, des explosions internes qui démarrèrent un incendie. J’ai paniqué, cherchant désespérément la présence de Ray qui semblait avoir disparu de mon champ de vision suite au déluge.

« Ray ? Ray ! Où est-ce que tu es ? » Il pouvait entendre ma voix à travers son casque, grâce à la connexion entre les deux armures Atom.

Je ne parvenais malheureusement pas à trouver la moindre trace de Ray. Les explosions m’avaient effrayé et je pouvais ressentir le bourdonnement reprendre et recommencer à me déstabiliser. Je ne pouvais pas me laisser crever ici, je me suis redressé, enjambant les différents débris pour continuer l’exploration à la recherche de forme de vie humaine. Des insectes volatiles avaient commencé à me barrer la route. Cette fois, j’ai utilisé l’armure que Ray m’avait confié pour générer une lame à proximité de mon poignet qui déchiquetait avec facilité la chair des bestioles qui me barraient la route.

« Bon sang Ray, je m’inquiète… réponds moi. Tu vas pas me laisser seul dans cet endroit ? hein ? »

J’ai pourtant continué ma route malgré les obstacles. Il était plus probable que je retrouve la trace de Ray si j’étais mobile que si je pleurais dans mon coin. Le bourdonnement était encore constant dans mon esprit et achever les créatures qui provoquaient ce mal être ne semblait pas atténuer la gêne pour autant. Il fallait que j’oublie quelques instants mes pouvoirs pour me concentrer sur la technologie de Palmer et elle se montrait plutôt efficace.

J’ai fini par croiser le chemin du cosmonaute que nous cherchions. Il était allongé sur le sol encerclé par de petites flammes que je parvenais à enjamber, il avait probablement perdu connaissance suite au choc de l’explosion. Je me suis naïvement rapproché de lui, je ne pouvais malheureusement pas communiquer avec lui, ma voix se limitait à la communication que nous avions établit entre les armures Atom et je ne parvenais pas à distinguer le moindre regard pour établir un lien télépathique. Paniqué de retrouver un cadavre, je me suis agenouillé à ses côtés pour essayer de le réanimer, posant mes mains sur son casque pour tenter de le retirer.

_____Je n’avais pas la prétention de connaître quoi que ce soit de ce monde mais je pouvais sentir lorsqu’une personne était en détresse. Ce cosmonaute n’avait pas l’air menaçant, il était surement aussi perdu que moi et son vaisseau en était la preuve. Perdu dans le temps, dans l’espace, dans un monde complètement inconnu. Pour pouvoir le soigner, je devais lui retirer ce casque qui m’empêchait de voir quel mal était en train de le ronger. Au moment où j’ai essayé de m’occuper de cet homme, il s’est immédiatement éloigné de moi, comme pour me protéger de quelque chose. Malheureusement, je ne pouvais pas lui poser la moindre question, j’étais coincé dans mon mutisme et je ne pouvais rien faire et dire pour l’empêcher de s’éloigner de moi.
Malgré cela, je l’ai entendu essayer de me prévenir de quelque chose. Sa voix était légèrement basse, il souffrait mais je parvenais à l’entendre, même si je ne comprenais pas réellement le sens de ses paroles. Qu’est-ce qu’était la Noirceur ? Walker et Grey, il y avait encore des survivants dans cette station spatiale ? La main avait créé quelque chose ?

Je suis resté immobile, j’aurais aimé lui poser mille questions mais j’ai senti son dernier souffle, la vie se retirer. Je n’ai malheureusement rien pu faire et je n’étais pas au bout de mes surprises. Son corps venait de bouger pendant que mon corps s’est figé d’un coup. Lorsque j’ai aperçu la forme inhumaine qui se trouvait désormais à la place de l’astronaute, mon corps s’est figé d’un coup face à l’horreur que je venais de voir.
De centaines d’émotions avait traversé mon esprit mais la peur était celle qui m’avait complètement paralysé. Mon visage était figé par un mélange de stupeur et de terreur mais pas que. Mon esprit était paralysé par une peur. Un traumatisme s’est réveillé, un souvenir douloureux qui me glaçait le sang et m’empêchait de réagir. Je n’avais même pas entendu les premières phrases de Ray Palmer lorsqu’il apparut derrière mon dos. Mes yeux ne pouvaient pas se détacher de cet homme jusqu’à ce que la voix rassurante du directeur me parvienne jusqu’aux oreilles. Par reflex, je me suis retourné vers lui et je me suis senti obligé de me justifier, comme si j’étais certains qu’il allait directement penser que j’étais à l’origine de cette chose.

« C’est pas moi…. J’ai pas fait ça, je te jure. J’ai simplement voulu l’aider et il s’est éloigné de moi pour me dire des choses que je ne comprends pas… C’est la vérité, je t’assure, je ne voulais pas lui faire du mal. Il s’est transformé dès qu’il a rendu l’âme… »

Malheureusement, je n’aurais pas le temps de lui expliquer en détail ce qui venait d’arriver. Les murs ne tenaient plus et les insectes ont commencé à entrer dans la station. Ils étaient nombreux, trop nombreux pour que je puisse faire quoi que ce soit. Grâce à Palmer, je me suis redressé et j’ai finalement ouvert la marche pour un rempli stratégique. S’il n’avait pas été derrière moi pour me ramener à la maison, j’aurais déjà fini dans l’estomac de ces insectes depuis longtemps.

Je n’étais pas réellement dans un bon état d’esprit pour générer un bouclier qui aurait pu nous protéger des insectes. J’ai opté pour nous enfoncer davantage dans la station spatiale et éviter les trous qui permettraient aux insectes de nous attaquer sur tous les fronts. Je me suis dirigé vers un couloir qui ne semblait pas avoir été touché par les différentes explosions. J’ai jeté un rapide coup d’œil derrière moi pour vérifier que Palmer était derrière moi.
J’ai atterri dans une petite salle et j’ai remarqué la porte qui pouvait se verrouiller de l’intérieur. J’ai attendu que Palmer rentre dans la pièce pour refermer la porte derrière lui et la fermer comme je le pouvais. Je sentais mes mains encore tremblantes perdre une partie de leur force initiale. Lorsque je collais mon visage contre la porte, je pouvais encore entendre leur bourdonnement de rage et de frustration mais pour l’instant ils ne pouvaient pas nous atteindre.

Un silence s’était ensuite installé dans cette partie de la station spatiale qui était encore intacte. Un chemin s’ouvrait droit devant nous mais je n’avais pas la force de l’explorer tout de suite. J’ai laissé ma colonne vertébrale se coller contre le mur métallique le plus proche avant de me laisser glisser jusqu’au sol. J’avais besoin d’un peu de temps pour me remettre de mes émotions et repenser à ce qu’il s’était passé quelques minutes auparavant. Ray n’avait pas eu le droit aux explications.

« J’ai… j’ai essayé de l’aider. Je l’ai trouvé inconscient, je pensais qu’il avait besoin d’aide alors j’ai essayé de l’aider. Il m’a repoussé et il m’a parlé de ses collègues je crois, deux personnes Walker et Grey. J’ignore s’ils sont encore en vie mais il a parlé de quelque chose qu’il appelle la Noirceur. Il pense que c’est la Main qui l’a créée. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, je n’ai pas pu l’aider. » J’ai plié mes jambes pour les rapprocher près de mon corps. « Et quand il a rendu son dernier souffle il était comme ça et j’étais pétrifié, mort de peur… J’avais l’impression d’être dans un mauvais rêve. Je crois… j’ai cru voir un mauvais souvenir, j’ai cru voir Arcane et ça m’a terrorisé. » J’ai laissé échapper un rictus nerveux. « Juste un mauvais rêve, hein ? Je suis désolé, j'ai pas géré sur ce coup-là. »

_____C’était un genre de reflex, quelque chose qui me poussait à justifier mes actes, à penser que Ray allait forcément me croire coupable d’avoir tuer cet homme quand il avait le dos tourné. On m’avait accusé de tellement de chose que je finissais par me justifier pour tout et n’importe quoi. Personne n’aurait pu penser que j’étais capable de changer un homme en mort vivant sur pattes mais je me sentais obligé de convaincre Palmer que ce n’était pas moi. Je suis resté assis sur le sol un moment, essayant de me remettre de mes émotions tout en débriefant rapidement avec Ray qui n’avait pas été témoin de ce que j’avais vu.
La voix de Ray était super douce et très rassurante. Il savait comment me parler dans ces circonstances, avec compassion et bienveillance. J’ai laissé échapper un sourire lorsqu’il m’a rappelé tout de ce que je venais de faire et les informations précieuses que j’avais récolté. Il m’avait même remercié, lui qui il y a quelques temps, aurait eu du mal à accepter l’aide de quelqu’un, encore moins d’un de ses élèves qui a encore beaucoup à apprendre.

« Finalement, je ne suis pas aussi rouillé que je le pensais. J’ai encore… mes vieux réflexes de Titans. » J’ai hoché légèrement la tête, sans prendre la peine de me relever. J’avais gardé de vieux réflexes mais ce n’était plus comme avant et mes vieux démons me rattrapaient au moment où je m’y attendais le moins. « …mais si tu n’étais pas intervenu, je crois que je serais resté pétrifié sur place. J’essaye de vaincre cette peur, mais elle arrive toujours… quand… » Je n’arrivais pas à trouver mes mots. « …enfin tu vois le truc. »

Ray a finalement observé les alentours avant de prendre conscience que nous étions tombé au bon endroit. Il arracha un morceau de mur à proximité pour récupérer quelques câbles et récupérer les données présentes dans cette station spatiale. Jusque-là, je n’ai pas bougé de ma place, j’avais besoin de reprendre mes esprits et d’économiser mes forces pour les prochains adversaires qui se mettront en travers de notre route. Toutefois, ma tête s’était orientée vers Ray pendant qu’il utilisait son génie pour en apprendre plus sur ces hommes étrangers au Microvers.

« C’est un autre de mes super pouvoirs ça : L’instinct psychique, un autre de mes nombreux talents ! » J’ai laissé s’installer un silence avant de me mettre à rire. « Nan en fait, je me fous de ta gueule, j’ai pas ce genre de don mais ça aurait été cool, ça m’aurait éviter bien des problèmes. »

Au même moment, Ray était parvenu à récupérer les enregistrements de l’homme que j’avais essayé de sauver. J’ai suivi l’hologramme des yeux en essayant de faire des liens avec ce qu’il avait pu me dire. Malheureusement, mon esprit était encore confus par ma soudaine crise post-traumatique et même si je parvenais à faire quelques combinaisons simples, le reste me demandait plus d’effort et mon esprit finissait par s’embrumer. J’ai besoin de plus de temps pour faire parler mes sens de détective.

« Je… Je ne suis pas sûr. Je cro… »

Je n’ai pas vraiment le temps pour exprimer ma réflexion. J’ai senti la main de Palmer se poser sur mon épaule. Je me suis instinctivement relevé pour me retourner vers la porte qui venait d’être enfoncer par les deux collègues morts-vivants de l’astronaute. Heureusement, la présence de Ray m’a empêché de rentrer dans une nouvelle crise de panique. J’ai pris mes jambes à mon cou et j’ai emboité Ray dans sa course sans me poser de question. Je n’avais pas réellement envie de me battre contre ces personnes, même si elles semblaient déjà mortes.

Au bout du couloir, nous avons ralenti pour apercevoir une autre plateforme aux couleurs pratiquement surnaturelle. Je me suis retourné vers Palmer, sachant pertinemment que nous n’avions pas le choix, vu ce qui était en train de nous poursuivre juste derrière nous. J’ai simplement hoché la tête. Un peu plus en arrière par rapport à Ray Palmer, je me suis vivement retourné lorsque j’ai senti la présence des deux zombis astronautes juste derrière moi. L’un d’entres eux s’était jeté sur moi et m’avait saisit par le poignet, une zone où l’armure ATOM avait une couche beaucoup plus fine.
Un choc m’a soudainement traversé de part en part. J’ai senti une noirceur m’envahir au bout de quelques secondes pour finalement être plongé dans l’obscurité. J’ai perdu le contrôle de mon corps, une faille qui avait permis à un vieil ami de prendre le dessus et de leur faire regretter leur geste.

« Dégage de là. Cet esprit est déjà corrompu. » rétorqua froidement Amy avant d’envoyer un coup de poing suffisamment puissant pour détruire le scaphandre et écraser ma main sur le squelette du mort-vivant le plus costaud.

Amy est habitée par une rage beaucoup plus forte que d’habitude. Après avoir été maintenu au silence pendant plusieurs jours, incapable de trouver la moindre faille, il avait saisit la plus petite des opportunités pour prendre les devants et exprimer toute sa frustration, mais pas que. Sa première cible était les deux astronautes qui avaient été corrompu, comme s’ils leur avaient fait du mal et qu’ils devaient payer le triple de ce qu’ils ont fait.
Il repoussa directement le second avec une onde psychique et l’envoya valser contre un mur. La créature s’était heurtée contre un mur assez fragile, fraichement détruit par les récentes explosions et encore sensible. La colère d’Amy déclencha une nouvelle explosion, puis une autre qui était suffisamment forte pour nous projeter directement dans cette plateforme.

Mon corps a été projeté, tout comme probablement celui de Palmer. Je n’étais pas conscient mais j’ai pu ressentir la brutalité du choc lorsque mon corps s’est fracassé contre la plateforme. Sous le choc, Amy a perdu le contrôle de mon corps et je me suis retrouvé à devoir subir un corps endolori, des tympans bourdonnant et des paupières qui avaient encore du mal à s’ouvrir. Mon corps était allongé sur le sol, mes muscles encore endoloris.

« Hmm… qu… »

_____J’ai perdu mes esprits pendant quelques secondes, un laps de temps restreint qui m’avait suffit pour perdre Palmer de vue. Amy était parvenu à prendre le contrôle de mon corps l’espace de quelques secondes. Une faille s’était installée dans mon esprit et il n’avait pas traîner pour en saisir l’occasion. Le traitement médical et mystique que l’on me faisait prendre était suffisamment puissant pour maintenir la créature démoniaque a bonne distance du contrôle de mon corps et de mon esprit mais il n’était pas infaillible pour autant. Quelque chose ou quelqu’un lui avait permit de prendre le dessus sur mon corps mais son premier reflex à été de nous protéger des astronautes possédés.
Mes paupières se sont lourdement redressées. J’ai senti en une fraction de secondes mon corps endolori par la chute et les coups qu’avaient porté mon parasite. Mon bras droit me faisait souffrir, je ne serais pas surpris d’apprendre qu’il m’avait probablement fracturé un os. Il fallait beaucoup de force pour détruire le crâne de l’astronaute. J’ai redressé doucement mon regard pour essayer de retrouver la trace de l’ancien Ray. Je suis malheureusement seul avec ma conscience dans un monde complètement étranger et qui veut ma mort.

Qu’est-ce qui s’est passé…? Je me raccrochais à ce qu’il me restait. Amy avait été présent durant ces quelques secondes d’inconscience. J’espérais qu’il serait un peu plus coopératif en se sentant également aussi perdu que moi. Quelque chose a essayé de prendre le contrôle de ton esprit et je l’ai chassé. Ne me remercie surtout pas. Je ne suis pas toujours certain qu’il disait complètement la vérité. Il a toujours l’habitude de me faire croire qu’il me protège et qu’il voulait mon bien. En cette occasion si particulière, je pouvais lui accorder le bénéfice du doute, surtout après ce que j’avais ressenti. Où est Ray ? Est-ce qu’il va bien ? Comme si j’en avais quelque chose à faire. J’ai redressé doucement mes yeux pour faire face au dernier astronaute possédé. Je suis resté pétrifié par la peur. J’étais toujours couché sur le sol, le ventre à terre, dans une position peu confortable. Il me faudrait plusieurs secondes pour me redresser et me tenir sur mes deux jambes pour pouvoir encaisser de nouveau les coups.

Ces paroles sont énigmatiques et sont toujours aussi effrayantes mais il n’y avait pas que ça qui était flippant. Peu à peu, il s’est métamorphosé devant mes yeux, générant une quantité d’énergie assez forte pour me tétaniser lors de sa transformation. La créature semblait générer de l’énergie psychique, Amy pouvait également sentir cette énergie qui le déstabilisait aussi. Il dégageait tellement d’énergie qu’elle était parvenu à m’aveugler quelques instants. J’ai protégé mes yeux en plaçant mon bras intact juste devant mon visage.
Lorsque j’ai senti que l’intensité lumineuse avait diminué, je me suis permis de retirer mon bras pour faire face à un monolithe assez sombre pour absorber la lumière et les couleurs autour de lui. Il se tenait en face de moi, comme s’il s’était matérialisé pour me voir. Je ne sentais même pas les astronautes autour de moi en train de le vénérer, je ne sentais pas leur présence, je ressentais juste celle de cet énorme monolithe qui me glaçait le sang.

« Est-ce... est-ce que je suis en train de rêver ? » Même si nous étions séparer, Ray pouvait toujours entendre ma voix synthétique dans son casque.

Mon esprit était tellement embrumé que je ne parvenais pas à savoir si j’étais égaré dans l’esprit de quelqu’un, si j’étais en train de rêver ou si j’assistais à la réalité. Honnêtement, j’en sais trop rien. Même Amy semblait aussi perdu que moi. J’ai essayé de me relever mais mon corps ne voulait même plus répondre à mes ordres. Cette Noirceur bloquait mes mouvements mais elle ne s’était pas contenté que de ça. Cette chose inhumaine n’avait pas besoin de globe oculaire pour pouvoir entrer dans mon esprit. Je la sentais, je ressentais tout. Quelle étrange âme égarée Je pouvais sentir sa présence dans une partie de mon esprit. Il essayait surement de s’installer dans ma boite crânienne pour pouvoir en prendre le contrôle. Cependant, il avait l’air d’avoir du mal à y parvenir. Amy possédait une partie de mon esprit et se montrait assez territorial pour ne laisser personne d’autres que lui corrompre mon esprit. Le traitement antipsychotique je prenais devait peut-être ralentir la progression, un mélange de facteurs unique et improbable qui rendait mon cas difficile à manipuler.

« Qu…qu’est ce que vous me voulez… ? »

Mes yeux ne pouvaient pas se détacher du monolithe et une partie de mon corps était paralysé par une énergie étrangère, je ne pouvais même pas prendre mes jambes à mon cou pour m’enfuir. La Noirceur tentait toujours de prendre le contrôle de mon esprit mais échouait à chaque fois pour des raisons obscure. Je ne luttais pas, je ne savais pas comment lutter contre cet être. Je supposais qu’Amy faisait son travail de chien de garde mais j’avais l’esprit beaucoup trop confus pour comprendre ce qui était en train de m’arriver. Laissez-vous porter, ne lutter pas, cela sera moins douloureux. Une voix assez rassurante qui tentait de bercer mon esprit embrumé. Mes muscles se sont crispés et mes yeux ne dégageaient que de la terreur. Non…non non non non

« Qu’avez-vous fait de… Ray ? »


Car j’avais beau avoir l’esprit embrumé par cette Noirceur qui essayait de me bouffer de l’intérieur pour obtenir le contrôle absolu de mon corps et de mon esprit, je savais que je n’étais pas venu seul. Amy l’avait vu se faire emporter par une créature géante mais il n’avait rien pu faire pour empêcher cela. En avait-il réellement envie ? Pas vraiment mais il était conscient que s’il voulait rentrer sur Terre, il devait garder le directeur de l’académie en vie.
Ray avait essayé de me protéger contre la Noirceur et ses disciples mais une horreur abominable, deux à trois fois plus gros que les insectes que nous avions affrontés quelques minutes plus tôt. La créature le projeta en dehors de la salle, me laissant seul pendant qu’il se précipitait vers Ray pour l’attraper avec sa mâchoire impressionnante et ses crocs noyés dans la noirceur. Avant de s’attaquer directement à son adversaire, il cherchait avant tout à l’éloigner de moi, l’emportant avec lui dans cet Espace vide et énigmatique.

« Tu ne pourras pas sauver cet enfant. Il appartient désormais à La Noirceur. »

La créature géante tenta de lacérer et de déchirer l’armure ATOM avec l’aide de ses crocs. A première vue, difficile de croire que cette bestiole était capable de parler. Ces menaces sonnaient dans l’esprit de Ray Palmer qui commençait progressivement également à subir la corruption de la créature surhumaine qui générait tant de chaos dans le Microvers. De son côté, la bestiole cherchait directement à s’en prendre à Ray, détruire son bouclier pour essayer de le déchiqueter comme une friandise.