[Terre-38] Une petite pincée d'espoir [PV. Atom, Power Girl & Blue Beetle]

Opal City

- M'sieur Ralph, vous savez bien que je peux pas rester les bras croisés !

Dix petits pas inquiets vers la droite.
Petit demi-tour plein de colère.
Dix petits pas flippés vers la gauche.
Et on recommence ! J'en aurais bien fait plus si le salon de la maison Dibny avait été plus large, mais comme on dit, faute de Superman, on mange des Batman. Ou un truc dans le même genre, vous voyez l'idée.
Mon petit manège fait froncer un sacré sourcil à mon ductile mentor (il peut déformer son visage un peu fort des fois, c'est assez bizarre), posé qu'il est dans son grand fauteuil. Je sais pas pourquoi, mais son immobilité m'agace prodigieusement, là. Comme si le monde entier faisait pareil, sans se préoccuper des malheurs qui se produisent, là maintenant ! ... c'est pas très juste, en vrai. M'sieur Ralph a vécu pas mal de choses difficiles à encaisser ces dernières semaines, et c'est mieux qu'il prenne un peu de temps pour lui. Et pour moi, aussi. Il veut me voir réussir mes épreuves finales... que j'oublie bien trop souvent, à mon grand désarroi.
MAIS QUAND MÊME. Ça m'agace.

- Calme toi Derek.

Oui, calme toi Derek !
Arrête de paniquer comme un poulet à qui on aurait coupé la tête !
C'est ce que je me hurle dans la tête depuis tout à l'heure. Mais mon corps refuse de répondre. Pas depuis l'annonce de Luthor. Pas depuis le ravage de la Terre-38. C'était pas le monde dont Tempus m'a le plus parlé, donc j'ai pas un énorme attachement. En revanche, c'était un des plus stables, un des plus prolifiques. Un exemple, un peu. Bien sûr, c'est celui là que l'autre chauve a choisi...

- Mais je suis calme ! Bon, en fait non, je suis énervé. Enervé mais sacrément déterminé, m'sieur !

Mes bras partent tous seuls. Ils se balancent librement, presque un peu trop, pour exprimer tout ce qui bouillonne dedans. Au fond de moi. On dirait surtout une diva à qui on annonce qu'il n'y aura pas de masque de beauté aux trois extraits essentiels de banane dans sa chambre d'hôtel/palace de luxe/château fort en or massif plaqué chocolat noir.
Un peu ridicule, hein ?

- Et tu envisagerais quoi, dis moi ?

Ah.
Euh...
Oui. Ce que j'envisage.
Bon, ça doit être le moment où je dévoile mon plan génial avec douze failles à chaque étape.

- Ça fait quelques mois que je travaille sur un nouveau genre de portail. Un que j'ai encore jamais réussi tout seul, sans aide.

C'était pas prévu pour cette situation à la base, m'enfin...
Ça "tombe bien".

- Hum hum.

Petite grimace.
J'arrive jamais à interpréter ces "hum hum."
Dans le doute, continuons.

- Un portail pour voyager dans d'autres dimensions.

- Hum hum ?

Oh... d-de l'intérêt ?
Ou en tous cas un questionnement ?
Aurais-je titillé quelque chose dans la fibre héroïque de...
OH SON NEZ REMUE.
IL REMUE !
IL VIENT DE FAIRE UNE DÉDUCTION.
JE SUIS FOUTU.
ALORS TANT PIS, JE BALANCE TOUT, JE TENTE !

- Pour aller aider la Terre-38 !

Grand sourire !
Peut-être un peu crispé le sourire.
Un tout petit peu.

- Hum... oh.

C'est... tout ?
Alors perds pas de temps Derek !
Enchaîne, assène des coups assommants, profite de l'incapacité de ton adversaire pour lui infliger un coup critique avec tes arguments massue +3 en super-héroïsme !

- J'ai ce qu'il faut pour voyager, maintenant, m'sieur hein ! Mais tout seul... ça me semble dangereux. 70% sécurité, comme on disait. Alors j'ai réfléchi à une petite équipée, et...

Je vois dans ses yeux qu'il a immédiatement abandonné l'idée de me dissuader.
C'est une victoire... ou... une semi-défaite ?
Dur dur de savoir.

- Et il te manque quelqu'un pour la compléter.

Très fort.
Très très fort.
M'enfin, ça je le sais.
On serait pas amis sinon. Je serais pas devenu un meilleur héros (j'espère) sinon.
Ca me laisse un poil baba quand même.

- ... tout juste.

- Je suis... très pris, Derek. Mais j'ai quelqu'un à te conseiller.

Toujours deux trains d'avance sur tout le monde, le M'sieur Ralph !
Avec un grand sourire, qui va d'une oreille à l'autre, je viens m'assoir sagement près de lui, pour écouter la prochaine sagesse qui va sortir de sa bouche.

- Oh ! Qui ?


Kord Industries


Qui ?
Theodore Kord, le Blue Beetle qui a succédé à Dan Garrett.
Un esprit génial, avec des capacités physiques dans le top de ce qui se fait dans le milieu héroïque. Récemment ressuscité. Récemment revenu d'une balade temporelle un peu bizarre. Touche-à-tout qui s'intéresse aux mystères de... bah de tout. Potentiellement quelqu'un qui va pouvoir me filer un coup de main. Ou en tous cas venir se perdre avec moi dans une autre dimension. D'après m'sieur Ralph, je cite: "Hmmm, Ted alors, les ennuis il adore ça !". C'est... rassurant, je suppose ?

M'enfin, mon choix s'est fait, et pis voilà.
Advienne que pourra !

RFFFFFFFFFFFFFFFFT

En plein milieu de l'après-midi, j'émerge d'un de mes portails en plein milieu du bureau du PDG, un peu surpris. Faut dire que je m'attendais à trouver un intérieur... bien plus luxueux ? Ouais, luxueux, genre entreprise de multi-milliardaire qui en archi-jette. Là, ça va. C'est beau, c'est propre, sans être... bling-bling. Grosse surprise. Mais j'essaie autant que possible de ne rien en montrer, pour me concentrer sur la raison de ma venue. Déterminé, je pose mes poings sur mes hanches, face à Mr. Kord, et:

- M'sieur Beetle ? J'ai besoin de votre aide.

Parfait Derek.
Parfait.


Atom Building


Bon, là, je suis en terrain connu.
C'est mon... hrm... quatrième chez moi, un truc comme ça. Après Gotham, Opal, San Francisco, voilà Ivy Town ! En espérant qu'elle abrite également la réussite de mes futures études... mais c'est pas encore le moment de penser à ça, je vais paniquer. Et si je panique, ce sera impossible de convaincre qui-vous-savez de m'accompagner pour ce voyage peut-être un poil dangereux. Un tantinet risqué.

RFFFFFFFFFFFFFFFFT

Et mon instinct ne m'a pas trompé.
Il est là.
Ray Palmer est là.
J'en reviens toujours pas...
Mais il est temps de prendre son courage à deux mains, pour pas remettre à demain, et:

- Professeur ! J'suis navré de vous embêter, mais c'est important.


Manhattan


Pour cette personne là, tu n'a demandé à personne, Derek. Parce que très vite, ça t'a paru être une évidence. Pour visiter le Multivers en toute sécurité, il te faut un Kryptonien. Mais comme tu as sacrément embêté Superman ces dernières semaines, en activant sans faire exprès ta super-montre, et avec l'histoire de Perrus, bah tu te dis que trouver quelqu'un d'autre ce serait bien. Et le premier nom qui t'est venu, c'est Power Girl. Parce que... elle dégage quelque chose qui déménage. C'est une force de la nature, et c'est de ça dont tu as besoin.
...
Oui, je vous vois venir. NON, C'EST PAS PARCE QUE MES HORMONES ME CHATOUILLENT. Un peu de respect, et pour moi et pour la super-dame de fer qui pourrait me plier en deux si mes yeux oscillent un peu trop.
Maintenant que j'ai chassé cette hideuse pensée de votre occiput décadent, revenons au sujet principal: rencontrer Power Girl. J'admets, il m'a fallu utiliser mon système de traque spatiale pour la retrouver. D'habitude, j'évite, parce que c'est pas très très cool de suivre les gens à la trace, mais disons que ce coup là ça m'a évité de perdre des jours en enquête, comme m'sieur Ralph m'a appris à faire.

RFFFFFFFFFFFFFFFFT

Je déboule... dans un appartement.
...
Mon instinct casse pas trois pattes à un canard, mais ça me paraît risqué d'entrer dans l'intimité de quelqu'un qui a une super-force et qu'on connaît pas. Alors je perds pas une seconde, et je m'annonce, histoire de chasser tout risque d'ambiguïté.

- Euh... salut. Bonjour. Bref, hello ! J'm'appelle Sideways. Je suis un... apprenti héros, et vous êtes ma seule chance d'aider la Terre-38...


Branefold Interior


Bon.
Ca a pas été de tout repos, mais au moins c'est fait. J'ai réussi à regrouper ma fine équipe au complet, au cœur de l'étrange espace entre les mondes qu'habitent les Fuginautes. Accès libre pour Derek James et ses amis, Tempus m'a dit. Il évite d'ailleurs soigneusement de se pointer, pour s'épargner les innombrables questions qu'il pressent déjà; mes... collègues (?) sont trois énormes cerveaux de ma planète, après tout.
M'enfin, le moment est venu de parler, Derek !
Illustre toi, et marque l'histoire de ton éloquence !
Dépasse ta peur, vaincs la, et deviens meilleur !

- Bonjour à tous... je... hum... merci d'être venu.

Ca commence bien...
Pfff...

- Lex Luthor a ravagé des univers, vous êtes au courant. Notamment la Terre-38. Eh bien voilà pourquoi je suis venu vous chercher: on va aller là-bas, voir ce qui s'y passe et sauver tout ce qu'on peut y sauver. Les super-héros se serrent les coudes et se lâchent pas, qu'ils soient ou non du même monde !

Mieux.
Quelques trémolos dans la voix, mais mieux.
Allez, petit effet pyrotechnique pour ponctuer la punchline.

RFFFFFFFFFFFFFFFFT

Un rift de bonne taille s'ouvre entre ce trio surprenant et moi.
Un rift qui dévoile un paysage terrible, qui me serre immédiatement la gorge.


Une ville, grande, ravagée, brisée, dont seules les cendres fument encore.
New-York City, de Terre-38. Après le passage de Lex Luthor, et la mise à mort des héros.
Mais des gens vivent encore, là-bas. Au milieu des ruines. Des héros ont survécu. Tout n'est pas perdu, je le sais. Oui, je le sais.

- Alors... d-des questions ?

Foutus trémolos.

- Degaton va te le faire payer saloperie d'alien ! hurla le type alors que j'arrachais la portière défoncée de son véhicule.

Encore un... Lorsque ma main vient chercher sa veste en cuir, il commence à se débattre malgré sa jambe tordue par l'accident ; ça lui apprendra à regarder la route plutôt qu'à essayer de tirer par la fenêtre conducteur. Son passager se débat avec son air-bag, derrière un type a la crâne défoncé sur la vitre. Le coffre ouvert vomi un portrait du "voyageur" et des munitions qui auraient sans doute servies à une triste fusillade...

La police arrive sur les lieux alors que notre fou du volant essaie d'haranguer la foule.

- Vous allez voir, il va sauver le monde ! Il va nous protéger de Luthor ! Et me touche pas espèce de s***** !

Okay, il a gagné. Je le balance entre les bras de la police et m'envole alors qu'un chapelet d'insultes me suit. La foule est attérée. Quelques rues plus loin les secours s'occupent des deux policiers sur lesquels notre "charmant" fasciste a tiré plus tôt.

Je crois que je vais faire un crochet par une boulangerie... ah ?

Un braquage... encore ? Sérieusement ? Deux types camés d'un quartier tiennent une pauvre épicière en joue. Ils n'ont pas le temps de finir leurs menaces que leurs armes finissent en boule entre deux rayonnages. Cellule de dégrisement, je dois attendre deux heures au poste de police pour qu'un fonctionnaire puisse taper la déposition.

Oui, on oublie souvent ce détail de la vie "héroïque", lorsque l'on affronte un Darkseid ou une menace cosmique, il n'y a pas de paperasse, mais les voyous, les drogués et autre criminel de "droit commun", si vous les arrêtez sans policier à disposition et bien, vous étiez bonne pour attendre dans le commissariat pour faire enregistrer une déposition. Donc, deux maaaaagnifiques heures à attendre sur une chaise, les bras croisés, en costume. Les policiers comme les passants sont lourds. Deux-trois égoportraits. Ah, une alerte...

Je m'envole. Je reviens. Un accident, une nacelle de nettoyeur de vitre qui s'était détachée.

Je commence à avoir faim. 11h30. Un policier arrive pour commencer la déposition. Enfin ! Le type tape à deux à l'heure et regarde plus mon décoleté que son écran. Lorsque ma main s'incruste dans mon accoudoir et que le métal se tord, il redevient concentré.

12h45... okay, là je passe vers...

Ma montre sonne. J'ai une réunion... Mon estomac attendra. Puis, signature de transfert de fond, validation de congés... Je sors du travail.

Alarme en mer... Gros pétrolier au large qui a visiblement très mal manoeuvré. Je me plaque contre l'un de ses flancs pour essayer de le stabiliser. Gros tonnage, équipage en panique. J'entends le capitaine hurler des ordres dans la cabine. La mer n'aide pas beaucoup. De larges vagues frappent contre son flanc. Un homme d'équipage passe par dessus le bastingage alors qu'une énorme rafale de vent pousse d'avantage le bâtiment. Je l'attrape d'une main tandis que mon autre s'enfonce un peu dans la coque sous l'effort.

Je sens le pétrolier commencer à se redresser. Le marin est éberlué et se tait sous la surprise, voyant les tonnes et les tonnes de métal ne m'opposer aucune résistance. Bientôt le navire retrouve une assiette convenable. Je repose le marin dans la cabine, le capitaine me balbutie quelques remerciements et indique que tout devrait bien se passer maintenant.

Retour à New York.

Cris d'appel à l'aide désespérés...

De ma super-vue j'essaie de repérer le problème et découvre... une jeune femme et son copain avec un appareil photo... Demi-tour. Un coup de feu retentit dans un appartement non loin. Je file, des cris viennent en sus. Des insultes. Je passe par la fenêtre ouverte, une femme tremblante pleure, une arme fumante entre les mains. Son compagnon ou mari est en face, blême tandis qu'une deuxième femme se tient dans un coin, apeurée. Le type, en caleçon se tourne instinctivement vers moi. Je lis dans son regard de la peur, de l'angoisse, de la lâcheté aussi.

Je soupire et vais vers la femme armée. Je lui enlève sans violence et sans aucune résistance son arme. Le mur en face est troué. Tout ceci reste une tentative de meurtre... J'emporte l'épouse, à moins que ce ne soit la maîtresse ou la concubine trahie en larme dans mes bras et sors. Pas une parole. Je n'ai pas à juger la nature humaine, pas à juger les motifs. Je ne connais rien de leurs vies, rien de leur histoire. Mais elle a tiré...

Elle est prise en charge par la police et un psy, mais il faut une déposition... encore.

17h00, l'homme qui s'avère être le mari arrive avec sa maitresse, ils vont ajouter les éléments manquants.

19h00, je retrouve l'air frais, loin de ce drame aux multiples victimes.

Retour à l'appartement, enfin. Je sens l'eau de mer, le varech, la sueur et ! j'ai ! faim !

Je referme la fenêtre derrière moi. Mes deux bottes volent dans l'appartement et j'enlève mon costume poisseux. Il émet un bruit dégoûtant alors que j'enlève mon premier bras, mais la sensation de l'air frais sur ma peau est une bénédiction. Alors que je libère ma poitrine, je saisis mon portable. Je compose le numéro d'un traiteur chinois qui livre.

Le téléphone sonne tandis que je termine de me déshabiller.

"Oui ? L'Impérial, j'écoute ?" fait mon portable.

Alors, soudainement, j'entends derrière moi la réalité s'ouvrir. Je tourne uniquement la tête et découvre le jeune Sideway qui me balance son laïus de "jeune héros en plein apprentissage".

"Allô ?"

Dos à ce jeune... ce... ouh ! uniquement vêtue de mes gants et de mon portable, je ne pus rien dire, ma voix aurait sans doute gelé un volcan et mes yeux faisaient déjà passer n'importe quel trou noir pour un amas de neige.

A super-vitesse je rejoignais ma salle de bain. Je pris une douche malgré - enfin surtout à cause de - mon envie de briser ce petit... ce... ouh. Je me frottais comme si je désirais poncer ma peau et mes dents ne se déserrèrent pas une seule seconde. Rajoutez la faim et vous aviez le cocktail pour que je veuille équarrir le premier type qui passait. Passage dans ma chambre où je mettais un autre exemplaire de mon costume, ma paire de bottes de rechange et de nouveaux gants. Je saisis rageusement ma deuxième cape et une ceinture propre.

Lorsque je revenais dans le salon où il était apparut, mes yeux étaient glaçants. Silencieusement je fis un crochet par le congélateur que j'ouvrais sèchement, je trouvais alors le bac où je gardais mes glaces vide... désespérément vide. Ma main voulut se contracter sur la porte.

- On passe d'abord à une pizzeria, ordonnai-je avec un ton qui faisait passer mon congélateur pour un four.

Pas de discussion, pas de négociation.


Le lieu où nous réunit le jeune imbécile était remarquable. Je porte une part de pizza à ma bouche alors que l'univers paraît littéralement liquide. Je me tourne pour voir un peu mieux l'endroit où nous nous trouvons. C'est franchement impressionnant. Je n'osais imaginer toute l'étendue que représentait cet espace. La logique - ou en tout cas la modélisation logique que nous faisions de notre réalité physique - paraissait abolie au profit d'autre chose de beaucoup plus métaphysique.

Bientôt le jeune Sideway prend la parole tandis que le fromage chaud fond dans ma bouche. Trop bon. Les discours c'est sympathique, mais même quand ils sont bons, ils m'ennuient généralement. Les paroles sont souvent un parfait rideau à l'inaction. Il ponctue ses déclarations en ouvrant un passage directement vers la ville de New York, mais en ruine. New York-38 pour ainsi dire.

J'observe un temps le profil déchiqueté des gratte-ciels en ruine tandis que des nuages de poussières ont envahi l'atmosphère. Rien que depuis cette petite lucarne la destination ne fait pas rêver.

Atom apparaît alors et joue au professeur. Il réprimande, puis s'adoucit mais pas question visiblement pour lui de faire machine arrière, un scientifique malgré tout, piqué par la curiosité et par l'héroïsme qui l'anime. Je termine mon dernier morceau en regardant le spectacle.

Puis Palmer se pose et invite le reste de l'auditoire à le rejoindre.

- Je m'en voudrais de lui interdire l'utilisation d'un siège pour plusieurs mois, même si l'enive ne m'en manque pas, répondis-je en réduisant le carton de ma pizza en un petite boule que je glissai dans l'un de mes gants. Dur ? Peut-être, mais je ne vois pas une seule personne ici qui n'aurait pu lui résister, je dirais qu'il a bien choisi les têtes brûlées qui pourraient l'accompagner.

Je croisais les bras et regardais en biais Sideway. J'avais toujours envie de le baffer.

- J'en connais des vieux qui sont tout aussi dangereux, commentai-je en le détaillant vertement. et sans doute aussi inconscient, passionné, honnête, courageux et téméraire à l'excès... Cocktail explosif.

" Par contre je te contredis tout de suite Sideway, par rapport à ta présentation à New York... y'a pas d'apprenti de notre côté de la ligne, on te le fait peut-être croire pour alléger ta peine ou la pression, tu as peut-être un mentor et des gens qui t'aident à progresser, mais lorsque ça pète, y'a pas de joker "stagiaire" qui puisse te sauver la peau.

" Tu as peut-être moins d'expérience, tu es peut-être plus jeune, mais ici et maintenant, tu n'es ni un inférieur, ni un apprenti, ni un "jeune prodige". J'ai pas l'intention de pouponner ou te prendre par la main, par contre je sais travailler en équipe et j'espère que toi aussi sinon tu l'auras ta fessée.

Allez savoir ce qui relevait du compliment... Mais ce portail qui donnait vers un autre univers m'intriguait trop... j'y entrevoyais aussi, même si je ne pensais pas m'en ouvrir, la possibilité de voir l'univers où j'étais née, l'univers qui avait connu ma Krypton...

En attendant, il avait choisi de nous réunir, il avait pris une décision lourde de conséquences, comme le rappelait Atom et j'entendais bien à ce qu'il assume ses responsabilités, ses choix et qu'il aille jusqu'au bout. On pouvait dire qu'il s'était fait une fière équipe en acier trempée. Manquait plus que Carter et il aurait eu le tiercé dans l'ordre.

- Avant qu'on aille plus loin, je veux savoir quelques petits trucs. Un : où on est ? Deux : Sans toi j'imagine qu'on est bloqué ici ? Trois : Tu as intérêt de bien choisir le restaurant où on mangera après cette mission.

Oui, j'avais encore faim. Une pizza, c'est un encas !

- Quatre : As-tu la moindre idée de par où commencer tes recherches ? Parce que je veux bien utiliser ma super-vision et mes rayon-X, il me faudra un peu de temps pour scanner toute la planète. Cinq : j'espère sincèrement qu'il y aura au moins un truc sur lequel taper. Dans ton intérêt.

Il ne fallait effectivement pas que le jeune homme prenne la grosse tête trop vite. Et je ne voulais pas qu'il croit que j'avais passé l'éponge si vite et pour seulement cinq dollars quarante-cinq. Nous étions peut-être des justiciers et des héros, mais nous avions nos vies, notre intimité et elles méritaient toutes deux d'être respectées. Il était jeune, fougueux, maladroit, peut-être inexpérimenté en matière d'action de groupe, mais sincère, courageux et solidaire. Autant dire un justicier.

Depuis quelques jours, Ivy Town est calme. Ce n’est pas pour déplaire à Ted Kord, qui commence à manquer de temps pour remplir les objectifs de la journée. Il lui arrive de laisser le costume héroïque accroché pour se concentrer sur le reste de ses occupations… Mais jamais bien longtemps. Particulièrement depuis son retour parmi les vivants, il essaie d’être quasiment partout. Dès qu’une catastrophe amorce le début des hostilités, attentif à la prochaine apparition de Lex Luthor ou même si une alerte est donné par un collègue, il redécouvre tout de suite les réflexes d’une époque qu’il pensait révolue. Être présent et utile à quelque chose, redonner du sens aux couleurs du Blue Beetle, c’est quelque chose auquel il tient. Mais, il se rend compte de ses limites… Et il sait qu’il est bien plus proche d’elles qu’il veut bien le faire croire. C’est pour cette raison qu’il contacte régulièrement Jaime Reyes, le tout nouveau Beetle, l’héritier de Khaji-Da. Il veille sur lui, ce que doit faire un prédécesseur … un mentor ? Oui… Parce qu’un jour, il sait qu’il va prendre sa place.
En pensant au garçon, Ted sourit. Levant le nez de ses papiers, il se détend un peu… Ces derniers jours, Jaime est resté silencieux… A-t-il enfin repris contact avec sa famille ? A-t-il bien récupéré du voyage temporel ? Ils n’ont pas pris le temps d’en discuter… Tout ce qui est arrivé là-bas est, disons… resté là-bas.
Allez, c’est ainsi. Ressasser le passé n’est pas bon. Regarder vers l’avenir, les nombreuses possibilités et tout ce qui reste encore à inventer, ce sont des objectifs plus encourageant et qui donne envie ! J’ai beaucoup à faire et il sera temps de penser à céder le titre de Blue Beetle, un peu plus tard, lorsque je-

RFFFFFFFFFFFFFFFFT

« Que… ?! »

Qu’est-ce que c’est ?!
Il n’a jamais entendu pareil bruit jusqu’à aujourd’hui… Il devine qu’il s’agit d’une sorte de passage. Alors dans un réflexe maîtrisé (Faux. Dans la panique plutôt), il s’est levé de son siège et a reculé jusqu’au mur, mettant plus de distance entre lui et… ce… jeune homme ? Qui est-ce ?!
Il n’a jamais vu ce costume… Ce doit être un des jeunes de la Young Justice. Il ne paraît pas très vieux, bien que c’est difficile de juger avec le masque intégral. A contrario, le garçon sait parfaitement à qui il s’adresse… « Mon aide ? ... »
Ted lève les mains, en gage de paix et parce qu’il a besoin d’un petit temps pour mettre de l’ordre dans ce qu’il vient de se passer. Il note dans un coin de sa tête qu’il n’est définitivement pas en sécurité dans son bureau, entre Hawkman qui a failli passer par la fenêtre et ce jeune homme qui scie l’air (?!) en deux parties pour ouvrir une porte… Ensuite, il a voulu poser ses questions, notamment connaître au moins le nom héroïque du jeune et les raisons qui le pousse à mettre en danger l’identité secrète du Blue Beetle.
Mais Derek, présenté comme le héros Sideways, a un débit de parole sacrément élevé.
Terre-38.
Luthor.
Voyager à travers les dimensions
Aller aider.
Je peux pas y aller tout seul.
Il faut faire quelque chose parce que nous sommes des héros.
Ralph m’a conseillé de vous en parler.
« Attends il a dit quoi ?! »
J’aime les ennuis ?! Je vais te tuer, Ralphie…
Et derrière le jeune Derek est… parti. Aussi vite qu’il est venu, si facilement que ça en est déroutant. Mais cette fois-ci, son portail reste ouvert. Ted le fixe, sans bouger, pendant de longues secondes. Je vais… Hmm… le faire ?
Il plisse les yeux et jette un coup d’oeil à son planning… Hrm… Tracy va me détester…
Encore une journée très compliquée pour sa secrétaire qui doit se démener comme une acharnée lorsque son patron décide de s’absenter. Ralph a peut-être raison, en fin de compte… Il aime les ennuis. Ou c’est l’inverse, allez savoir…
Céder le titre hein…
L’aventure. Cette drogue dure.


Il faut un peu plus de temps à Blue Beetle pour arriver… Enfiler le costume, préparer son équipement, retourner à l’endroit où le portail est resté ouvert et s’engouffrer dedans pour… pour atterrir dans cet endroit absolument fantastique ! Il se perd dans la contemplation du Branefold Interior alors qu’il approche de Sideways et les deux autres héros qu’il a choisi pour participer à ce voyage dans le Multivers. Rien que cette idée soulève déjà beaucoup de questions et d’intérêts chez l’ingénieur en costume bleu. Bon, par contre, le jeune va devoir apprendre l’art et la manière de monter une équipe, même improvisée.
Cependant, l’intention est noble. Se rendre sur la Terre-38, récemment ravagée par Lex Luthor, pour venir en aide aux plus démunis, est totalement louable. Après son petit discours, le jeune ouvre un portail plus impressionnant (Mais comment il fait ça ?!) sur… la ville de New York-38, en ruine. Bon dieu…
Non, il a dû s’absenter pendant que les pires horreurs se sont déchaînés sur ces pauvres gens… De la part d’un homme qui ne vient même pas de leur monde.

Parmi les personnes qui se trouvent dans le Branefold Interior, Atom prend la parole en premier. Leader de l’actuelle JLA et scientifique de renom, le professeur Ray Palmer réprimande le jeune héros. Ce qu’il dit est juste… Ils n’ont aucune idée des dangers qui les attendent, alors qu’ils passent largement après Lex Luthor. Il a manqué de prudence en ouvrant ces diverses portails, surtout le dernier. Mais comme le dit si bien Ray, puisque c’est fait, autant aller jeter un oeil… Comme pour appuyer son accord pour participer à ce voyage assez dingue, il envoie en reconnaissance l’une de ses créations.
Juste à côté d’eux, après avoir fini sa part de pizza, Kara enchaîne. Il est vrai que Sideways a le don de choisir les personnes qui … sont des mordus de l’aventure ! Power Girl est tout aussi dur qu’Atom, mais pas moins juste dans ses propos. Elle le met en garde, car lorsque l’on se trouve en terrain hostile, il n’y a plus de “jeune” ni de “débutant” qui tiennent… Le danger n’épargne personne et s’en prend bien souvent à ceux qui font le moins attention… Blue Beetle en sait quelque chose. Ils sont tous passés un jour par la case jeune héros débutant et casse-cou. Et combien de fois ils se sont exposés à des situations vraiment dangereuses ? Ils ont eu l’âge de Sideways… Et le coeur de ce gosse est déjà si vaillant qu’il en est admirable. En tant que héros plus expérimentés, ils sont là pour veiller à ce qu’il apprenne à être un bon justicier.
Et il commence sacrément fort sa carrière...

Ted jette quelques regards vers Kara, alors qu’elle pose les bonnes question à Derek Jaimes. Il finit par reposer ses yeux sur le portail de la Terre-38, se sentant responsable en voyant cette désolation, sachant que c’est leur Luthor qui l’a provoqué… Jusqu’à maintenant discret et silencieux, Blue Beetle racle enfin sa gorge pour à son tour la parole.
« En tout cas, on ne peut pas t’enlever que tu es sacrément couillu ! »

Il les regarde avant de les saluer timidement d’un geste de la main. Blue Beetle pose un sac sur le sol, sortant quelque chose qu’il commence à attacher dans son dos.
« Je suis du même avis qu’eux, mais je sais que tu es conscient du danger. Sinon tu serais parti seul… Et là tu aurais mérité bien plus qu’une fessée ! »

Ted Kord connaît la personne qui a envoyé le jeune dans son bureau. Il est dû genre à donner de précieux conseils et à être un excellent pédagogue. Alors il espère au moins qu’il a enseigné certaines notions au p’tit Derek et que ce dernier est juste encore dans sa période téméraire.
« Tu as choisi les bonnes personnes pour t’accompagner, même si cet endroit majestueux et rempli de roches très intéressantes me donne plus envie que la destination de la Terre-38. »

Il grimace un sourire. Ted ne peut pas s’empêcher de plaisanter, surtout lorsqu’il est nerveux. Et la perspective d’aller dans un monde ravagé n’est pas super attrayante. Mais en son fort intérieur, s’il avait été capable d’ouvrir des portails dans tous les sens, il aurait agi exactement comme Derek Jaimes… Ces gens ont besoin d'assistance. Des civils sont peut-être encore en danger… Alors qu’il s’agisse de leur Terre ou d’une autre, le crime mérite d’être stoppé tout pareillement !
Blue Beetle finit de s’équiper avant d’ajouter :
« Nous devrions peut-être établir le contact avec les héros de cette Terre avant d’agir, s’ils… en restent de vivants, pour savoir par où commencer. J’ai les moyens d’établir le contact… Je peux tenter de me connecter à leur réseau, une fois sur place… »

Il vérifie s’il a bien tout ce qu’il lui faut. Ceinture équipée, son BB-Gun, les recharges, il a apporté un seul B-Bug, celui qui se trouve dans son dos, bien plus gros que tous ceux qu’il a pu créer jusqu’à maintenant … Il n’est pas là pour rigoler, dans le cas où ils rencontrent déjà des ennemis sur leur route, dès qu’ils passeront le portail. Et puisqu’ils ont mis l’accent sur la prudence, Blue Beetle part du principe qu’ils vont avoir des ennuis. Pessimiste, quand tu nous tiens…
« Par contre, tu veux sauver le plus de monde possible. Bien… Mais il faudra trouver un endroit pour les mettre en sécurité. Un détail en passant ! »

Quitte à faire quelque chose, autant y aller à fond et prévoir tout. En tout cas, cela signifie que Ted est prêt à faire son possible pour soutenir cette initiative. Même s’il craint d’être un poids pour le coup… Les voyages dans le Temps c’est une chose, passer les portes vers d’autres mondes parallèles c’en est une autre. Et disons que ses derniers actes héroïques n’étaient pas très … fameux. Autant dire un échec...
A cette pensée, il jette à nouveau un regard gêné vers Power Girl.

Je... mais... je...
C'est dur de trouver les mots...
Je m'attendais pas à ça, mais alors genre pas du tout. Je... les films d'action ont dû me laver un peu trop fort le cerveau, ou un truc du genre, parce que sur le coup, ouais ça me semblait pas fin comme moyen de regrouper l'équipe... m'enfin à ce point... La honte m'étouffe, alors que sous mon masque, une larme menace de pointer le bout de son nez. Trop de stress, trop d'erreurs, trop de... de tout, en fait.
Trop de réprimandes, Derek. Mais pas venant d'eux. Ils semblent quand même apprécier certains trucs. Non. Des réprimandes venant de toi. Tu as merdé, un peu, c'est vrai. Pleurer ça changera rien à ça. Chouiner non plus. Là, t'es dans le Branefold Interior en compagnie de deux des plus grands cerveaux de l'humanité et d'une Kryptonienne au moins aussi intelligente. T'es dans une situation de héros, de vrai héros, et ces gens attendent de toi un comportement spécial. Sideways, mon gars, Sideways. Le p'tit super qui voyage dans le temps et les dimensions, qui a aidé Elongated Man et Superman, le jeune dans la Young Justice. Et devine quoi ? T'es lui. Alors inspire, expire, et c'est parti mon pote.

Oui, c'est ça.
Inspirer.
Expirer.
Et causer.

- Alors ok, oui, c'était pas top, je m'en rends compte. C'était même très mauvais.

Faut dire que sur le coup, tu savais pas trop comment t'y prendre.
Et il n'y a pas mort d'homme non plus. Juste, faudra pas recommencer ça deux fois. Respect, calme. La Terre-38 n'est pas à la minute près non plus.
J'me tourne vers Power Girl.
La grande et impressionnante Power Girl.
Que j'ai failli surprendre dans son... dans sa... hrm bref.

- Surtout, je... Je m'excuse encore m'dame... je... je toquerai la prochaine fois...

La pizza suffira pas à racheter ce mauvais départ.
C'est un début quand même. Il aurait pas été 19h, je serais même allé chercher une petite margherita à Naples, chez ce vieux pizzaïolo moustachu sympa comme tout. En évitant les petits vandales et leurs cailloux.
Je sais toujours pas ce que veut dire "stregone", d'ailleurs.
Mais te laisse pas distraire garçon ! Le plus dur reste à venir, là. Faut te défendre face à ton Prof, à qui tu as promis d'être irréprochable. Et tu l'as presque été, dans les faits, malgré ta maladresse. Maintenant, faut le montrer.

- Et non. NON. A-Atom, cette question de légitimité, elle est juste... juste irrecevable. A partir du moment où on met un masque, et qu'on accepte le poids de tout ça, les pouvoirs, l'image publique, les vies qui sont en jeu, toutes les barrières sautent ! Et si jamais vous me dites qu'elles sautent pas, de quel droit vous pourriez décemment aller aider à Londres, à Central City ou ailleurs ? Vos pouvoirs vous y autorisent ? Ou votre intelligence ? Des-des bêtises, oui. Je pense que la légitimité, elle vient des intentions, et de la manière qu'on a de les transformer en vraies choses. Et mon intention, c'est d'aller aider ces pauvres gens de Terre-38.

Quelle est la première mission du héros ? Se mêler de choses qui ne le regardent pas.

- Et non, encore non, je vous ai pas mené dans un potentiel piège. Ici, c'est le Branefold Interior, l'espace entre les espaces, à l'abri de toutes les menaces. Lex Luthor est pas le seul capable de voyager dans le Multivers, et certainement pas le meilleur. Grâce aux Fuginautes, j'ai appris à jeter un œil dans les dimensions, avant d'ouvrir mes portails. Et si mes facultés sont sans doute moins précises que votre armure, jamais je vous aurais mis en péril sans regarder. Pas comme ça.

Non mais.
Il va quand même pas croire que je suis inconscient A CE POINT LA ? C'est pas un secret, je suis une source totale et absolue de méfiance pour lui, mais quand même ! C'est... un peu vexant oui.
Dans un souffle, d'une voix plus grave que voulue, je lâche:

- M'sieur Ralph et vous, Pr. Atom, vous m'avez appris mieux que ça.

Pas de déprime Derek !
Oublie pas ce qu'on vient de dire ! Tiens debout, bien droit, et continue. Montre que tu as compris. Montre que tu vas bosser en équipe comme il faut ! Fais tes preuves, et débarrasse toi de cette peau de newbie qui te colle bien trop.

- Et d'accord, j'entends. Pas de jeune héros qui tienne. C'était pour pas décevoir... pas tromper sur la marchandise, quoi. Déjà que... que je commence pas par le plus important en venant demander votre aide...

Puis, conclues avec ça, pour amadouer comme il se doit les ventres et les âmes.
Prévoir le réconfort avant l'effort, ça donne du cœur à l'ouvrage ! Papy Amos l'a toujours dit, et c'est là que tu comprends toute la force de ce petit adage.

- Oh et ce sera cuisine maison, si vous voulez ? J'aime bien... cuisiner.

Voilà.
Retour à l'essentiel désormais.
La mission, sérieuse, un peu construite, avec des bases simples et, espérons le, solides. Faudrait pas aggraver les choses sur Terre-38, ils ont déjà bien assez souffert comme ça. Tempus m'a parlé un peu de ce monde aux lignées héroïques marquantes, entremêlées, sources de merveilles et de drames. C'est un peu le bazar, mais une fois bien dedans, on comprend tout.
Ou en tous cas, on comprenait tout, avant que Luthor ne vienne mettre son grain de sel.

- M'enfin... maintenant, si on est d'accord sur ces points, bah on-on reprend.

Des faits.
Des observations.
Des conclusions un tout petit peu réfléchies.
Pour le moment, y a besoin de rien de plus.

- Je sais que Gotham et Metropolis ont été complètement rasées. Les réseaux informatiques se sont effondrés sur toute la côte Est. Les survivants ont fui, et se sont réfugiés ici, à New-York. Sous la protection d'une Kryptonienne. Enfin, j'suppose. C'est une jeune femme brune qui vole avec une cape, et un S sur la poitrine.

Je m'approche du portail pour montrer du doigt des directions, ci-et-là. Un parcours se dessine très rapidement, formant un périmètre autour d'une zone bien distincte.

- Elle établit un circuit aérien à peu près régulier, deux fois par jour. On pourrait peut-être entrer en contact avec elle ?

Là, je m'en remets à l'expérience de plus grands héros que moi.
Sinon, j'y serais allé tout seul, même si les questions du Blue Beetle et de Power Girl trouvent un écho assez similaire, dans ma tête.

- Si vous êtes coincé sans moi ici, dans le Branefold Interior, un Fuginaute vous ramènera chez vous. C'est prévu. Il servira également de zone de transit pour les réfugiés que nous pourrions être amenés à sauver.

Conclusion: normalement, tout va bien ici.

Une voie interrompt la scène de réprimandes. Celle de Théodore. Je l'observe, essayant de ne pas trop le détailler. Lorsqu'il nous adresse son salut ; je pince les lèvres et détourne la tête. Il mériterait un signe plus enthousiaste, ou en tout cas moins froid mais... non, là... non.

Ted est factuel, précis, il parvient à ne froisser personne tout en faisant passer le message que Sideways n'est pas un inconscient. Lorsqu'il commente les pierres de la zone, j'observe les alentours. Atom et Ted feraient des merveilles dans un endroit pareil, nous pourrions sans doute y passer une vie.

J'observe brièvement l'équipement qu'il se colle sur le dos après avoir prononcé les seules paroles réconfortantes à l'adresse du jeune voyeur. Sacré Blue Beetle avec ses inventions. Lorsqu'il me regarde de nouveau, je soutiens son regard. Il a l'air gêné, je ne dois pas voir l'air plus à l'aise, surtout pas depuis... enfin bref. Je respire un grand coup et me tourne vers le jeune Derek qui visiblement prend les devants de nos introductions musclées, pour y répondre à sa manière.

Le jeune lion sort les griffes, mais avec discernement, préférant s'excuser auprès de moi. J'étais cependant toujours un peu en rogne et n'arrivais pas à aimer les gens qui contractaient les mots. Si on a la flemme de les articuler, on ne les prononce pas. Aurais-je été de meilleure humeur, il y a fort à parier que ma phrase suivante eut été plus aimable.

- C'est "madame". Et à moins d'avoir une excellente mutuelle j'apprécierai l'effort. La prochaine fois, si tu es pressé, prends mon numéro à la J.S.A. et envois au moins un SMS.

Inflexible, dure, sans compromis. On aurait dit le tiercé de la super-méchante de série B, mais je détestais que l'on viole mon intimité. Le reste de mes réponses étaient pour le moment du même acabit. Je contredisais même Atom sur un point.

- Les intentions importent peu. Prenez un Zod, un Zoom, un Luthor ou un Degaton et je suis sûre que vous pourriez en extraire des intentions qui feraient fondre le coeur des plus purs. Les "moyens", c'est une autre histoire.

Je fis naître un léger sourire en coin en soulevant un sourcil à son adresse.

- Mais on est pas là pour philosopher, surtout que niveau "moyens", Sideways tu as à ton actif "enlèvement" et "voyeurisme".

Mais bon, on allait pas passer des heures à bavasser dans ... comment il l'appelait ? Branefold Interior avec tous ces.. Fuginautes ? Bon bref, le plus important venait d'être prononcé à l'instant. Le repas qui suivrait cette opération.

- Si tu promets qualité et quantité, ça devrait pouvoir le faire, fis-je moins froidement.

S'en suit un rapide tour des lieux de Earth-38 et... la présence d'une kryptonienne. Alors, oui, dans le Multivers, les kryptoniens ne sont pas vraiment une race en voie d'extinction, il y en a partout, même si Krypton a souvent une destinée tragique de ce que j'en ai compris. Mais savoir qu'il existait quelqu'un qui pouvait, de près ou de loin avoir un morceau de culture commune avec moi, ça me donnait envie de hurler de joie et de la retrouver.

Bon, elle venait de perdre sa dimension, des amies et des proches, des raisons d'être heureuse, il s'agissait de ne pas faire sa touriste du multivers. Mais tout de même.

En résumé.
Zone de repli : Branefold Interior.
Objectif : prendre contact avec celle qui arborait le blason des El et sauver un "maximum" de monde.

Atom montra quelque chose. Une carte.

- Un ticket de métro spatio-temporel ? commentai-je avec un sourire désinvolte pour dédramatiser un peu l'éventualité que l'on ne revienne pas ensemble. Ray ne laissait pas de place au doute, hélas, lorsque l'on jouait avec le temps ou l'espace, rien n'était acquis.

Je me décidai à adresser quelques paroles à Ted, même si cela représentait pour moi une violence très particulière, comme si j'avais dû escalader l'Himalaya en portant un sac de kryptonite sur le dos.

- Si seulement on pouvait choisir le lieu de notre devoir, lui dis-je avec sincérité.

La phrase pouvait paraitre abrupte, mais elle ne l'était pas. Elle était plutôt teintée d'une forme de résignation. "Jouer" les justiciers c'était amusant au début, après quelques années, c'était un "travail", celui de s'occuper de menaces plus grandes chaque jour, plus terribles et toujours plus changeantes. Il suffisait de tracer l'évolution de Lex Luthor et de regarder sa tête qui donnait l'impression de voir un sous-Darkseid avec son armée de créatures pour illustrer le propos.

L'heure d'aller rencontrer notre kryptonienne avait sonné.

- Puisqu'il n'y a pas de danger apparent... déclarai-je en plongeant dans le portail à la suite d'Atom.

C'était comme de plonger au travers d'un rideau d'eau glacée, la sensation humide en moins.

Earth-38 était encore plus triste une fois plongée en son sein. Immeubles dévastés, rues éventrées dont les trottoirs tels des rochers sortant d'une mer de cadavres formaient un macabre relief accidenté. Il n'y avait plus guère d'eau qui jaillissait des bornes à incendie défoncées. Les vitrines n'étaient qu'un souvenir, au même titre que la majorité des fenêtres. On lisait sur les murs le passage des bizarros en décryptant les lignes roussies de leurs visions calorifères.

Ici et là, des cadavres étaient fichés dans les murs de béton. Des hommes, des femmes et des enfants abattus en pleine course, de dos ou de face, sans distinction émaillaient mes premières observations. Les égouts n'étaient pas en meilleur état.

J'effectuais un scan de la zone avec ma vision à rayon-X pour compléter les apports de nos deux scientifiques.

Je distinguai la silhouette de la justicière un peu plus loin. Brune, une tenue très année 30 sur le dos, mais surtout le blason de la famille sur le torse. Je levai une main qui se voulait amicale.

- Kara Zor-L, alias Power Girl, m'annonçai-je en espérant que sa super-ouïe lui permette de distinguer les sons. Je viens avec des amis en paix.

Espérons juste qu'elle n'ait pas été traumatisée par Mars Attack...

Le p’tit jeune prend sur lui, sacrément bien. Si bien qu’il fait sourire Ted Kord. Le justicier en bleu et grosses lunettes jaunes observe Derek, qui argumente et répond aux deux autres héros. Atom et Power Girl ont eu les mots justes, peut-être durs mais nécessaires. Blue Beetle est intervenu un peu comme le tonton sympa dans cette réunion. Mais chacun d’entre eux, qu’ils soient expérimentés ou non, jeunes ou plus âgés, ils ont tous signé en bas d’une feuille avec des petites clauses minuscules illisibles. Enfin… de façon imagée. “Mettez le masque et devenez le héros de demain ! (et en tout petit : par contre prépare ta pommade, tes bandages et attends toi à souffrir !)”. Ouais. Ce n’est pas très vendeur, d’un coup…

Mais il a de la chance, ce gosse ! Parce qu’il est conscient de cet aspect de la vie héroïque, du poids de la responsabilité et de savoir prendre des risques. On ne nous apprend jamais assez à faire attention lorsqu’on s’envoie corps et âme en mission pour arrêter des fous dangereux. Nul part il est indiqué à quel moment vous prendrez une balle d’un ennemi… ou bien celui d’un allié. Le mot Justice perd tout son sens si les héros détournent les yeux alors qu’un monde vient d’être ravagé par Lex Luthor… Mais dans ce cas, existe-il une limite d’action ? A quel moment doivent-ils s’arrêter … ?
Le doute n’est pas quelque chose qu’il faut avoir lorsque l’on s’apprête à embarquer dans une aventure à la fois scientifique et dangereuse, où un monde entier a besoin de soutien… Mais Ted fait parti de ceux qui doutent toujours d’eux-même. Les autres peuvent t'accorder ou te donner leur confiance, mais ta propre estime ne dépend que de toi.
Blue Beetle jette un coup d’oeil vers Power Girl… avant de se reconcentrer sur le jeune Derek.

Le Branefold Interior ? C’est donc le nom de cet endroit qui défie toutes les lois de la gravité... Surprenant ! Sideways est donc un voyageur, lui aussi, mais pas comme Booster Gold. Il passe par un autre chemin, des portails qui s’ouvrent sur les autres dimensions… C’est fascinant. Ted écoute d’une oreille distraite, alors que son regard bifurque vers les éléments rocheux… Peut-il seulement repartir avec un bout pour l’étudier, hein ? Pour le bien de la Science, évidemment ! Non ?
Ted secoue doucement la tête, portant une pleine attention aux prochains mots de Sideways. Il lui apporte des réponses qu’il a craint… : Les villes de Gotham City et Metropolis ne sont plus. Les principaux réseaux sont détruits. La plus grande concentration de survivants se trouve dans cette New-York quasiment en ruine… Scénario catastrophe. « Hmm… » Mais il reste encore une héroïne sur place, une Supergirl. Tout n’est donc pas totalement perdu… « Je peux … éventuellement, si j’ai la puissance, me servir du p’tit Bug pour rétablir un réseau, au moins le temps d’essayer de contacter les structures mondiales encore debout... »
Du moins, si Luthor n’a pas rasé toutes les capitales d’Europe et d’Asie, en plus de celles de la côte Est d’Amérique…

A la mention du nom “Fuginaute”, Blue Beetle tressaille un peu. Il parle bien du gigantesque bonhomme, chapeau bizarre doré, yeux bleus à vous percer l’âme du regard, un gros bâton à la main et une voix qui porte sur plusieurs mètres ? Tout à fait le genre d’entité à ne pas contrarier… Ted l’a très vite deviné, alors que Time Blue est passé proche d’envoyer tous les Univers dans l’effondrement temporel…
Il est bon de savoir que cet “être” est du côté de Sideways et donc du leurs. C’est également rassurant que cet endroit peut accueillir les réfugiés. Alors… l’entrepreneur de Kord Inc. se détend. Pas aussi vite qu’il le veut, alors qu’il croise le regard de Karen. Ils sont silencieux alors qu’Atom assure à tout le monde ici présent qu’ils ne vont perdre personne ! Et s’ils n’ont pas accès aux portails de Sideways, le Micro-Héros a plus d’un tour dans sa manche. La Time Pool… encore une des nombreuses curiosités que l’ingénieur ne peut pas assouvir.

Ils sont donc prêts à partir. Tout est sécurisé et le monde où ils vont atterrir semble respirable. C’est déjà ça… Ils vont revenir de ce voyage, hein… Il faut parce qu’il a laissé trop de choses sur le feu, façon de parler et puis l’idée d’un bon repas fait maison est attrayant. Blue Beetle voit Atom passer le portail et disparaître à petite taille. Il tourne la tête vers Kara… et croise son regard… Sous ses lunettes, il fronce les sourcils, mais son sourire est quelque peu triste alors qu’il répond à Power Girl : « On peut difficilement être partout... »
Choisir, c’est possible…
Mais même avec la super-vitesse, comment faire pour être là où le devoir les appelle ?
Quelle est la limite… ?
L’esprit légèrement préoccupé, Blue Beetle traverse le portail à la suite de Karen. Il tombe d’un mètre sur un sol craquelé de toutes parts. Et il voit… la ville… New York est dévastée. Là où il pose son regard, il ne voit que le désastre, la destruction et la mort. Beaucoup… de morts. De nombreux cadavres sont encore sur le sol, figés dans les dernières choses qu’ils ont faites, vus, entendus. C’est à dire fuir un monstre, un assassin… qui ose se prétendre “humain”. Un homme… peut-il faire consciemment tout ça ? « Nom de Dieu... »

Trois mots qui traversent sa gorge serrée par une profonde rancœur envers le mégalomane chauve.
Blue Beetle lève les yeux au ciel et il aperçoit Atom et Power Girl. L’héroïne est directement allée vers la Supergirl de Terre-38. Ted se déplace pour rester le moins loin possible, courant dans ce nouveau monde… qui a pris des airs de “Guerre des Mondes”. Il cherche au passage du regard s'il ne voit pas des survivants, restés bloqué dans les gravats de la ville...

Bon.
Déjà, les gros nuages de colère ont cessé de crépiter, et la foudre du mécontentement de Power Girl, Atom et Blue Beetle semble s'éloigner tranquillement. Ma propre tension retombe, apaisée notamment par les sourires du Pr. Palmer et de Mr. Kord, et l'acceptation finale de la mission par cette grande dame blonde qui me file plus les chocottes que prévu. Va juste falloir que j'assure niveau cuisine. DÉFI RELEVÉ ! Je leur ferai le plus gros et grand banquet (que j'ai) jamais vu ! J'espère juste que les Kryptoniens ont pas un appétit à la hauteur de leur force légendaire... un truc simple mais bon, en quantité... on va éviter les pizzas, le Prof va plus pouvoir les voir en couleur, mais à part ça... la cuisine française, ça pourrait être sympa. M'sieur Ralph m'a fait découvrir quelques spécialités là-bas, je pourrais m'en inspirer.
...
QUOI ?
J'ai le droit de réfléchir à de la bouffe pendant qu'on se prépare à sauver les survivants d'un monde ravagé, nan ? Bon, je verrais ça plus tard. Reprenons.

Une fois la légitimité de cette mission posée, et les questions prononcées, vient l'action. Logique !
On saute tous dans le rift, modulé pour permettre un atterrissage en douceur sur le bitume martelé et brûlé de ce New-York apocalyptique. C'est la première fois que je pose le pied sur ce monde, et j'avoue avoir déjà envie de partir. L'odeur est horrible, et l'impression de danger permanente. A croire que des vilains yeux de Bizarros nous observent depuis les décombres... mais non, c'est qu'une impression.
Enfin je crois.
Enfin j'espère.
Enfin voilà, faut avancer.
Même si on a le temps de faire que quelques petits pas.
Parce qu'attirée par les mots de Power Girl, la Kryptonienne à la cape bleue descend en piqué depuis le ciel, droit vers nous. Franchement, ça donne sacrément envie de savoir voler, ça. Mais l'image d'un Derek en pyjama en train de voler fait "ploup" dans ma tête. Pas une bonne idée, du tout du tout.
Et, dans un lourd nuage de poussière, interrompant mes bêtises, la Supergirl/woman/lady s'arrête devant nous.
Ouais, Supergirl, vu les traits du visage.
Elle fait... jeune. Pas autant que moi, mais quand même.


- En paix ?

Ouhlà, ça sent pas bon.
Mayday, mayday, décrochez, décrochez !
On va se faire pilonner par ses yeux plein de reproches et de colère à peine dissimulés par son immense peine !

- Quelle paix ? Celle que le Luthor de votre monde nous a apportée ? Sacrée paix, oui.

Ah.
On est grillé direct.
C'est quoi ? L'odeur de propre ? Une aura cheloue ? La vibration particulière de nos molécules ? Ou bien c'est juste logique que des gens du même monde que le vilain chauve se ramènent ensuite ? Faudra que je demande à Tempus comment identifier les gens des différentes dimensions...

- Que voulez-vous ?

Une ouverture.
Que je saisis, tant bien que mal.

- Vous... aider ?

- Et comment, hein ? Il est impossible de revenir en arrière.

Ha ha. Ho ho. Hi hi. Comment dire ? On a trois personnes plus ou moins qualifiées dans le voyage temporel ici, alors "impossible de revenir en arrière", c'est pas ce que j'aurais dit, instinctivement. Même si là, il me semble que ce serait pas la meilleure des idées du monde.

- Hrm... si, mais disons que ce n'est pas forcément souhaitable...

Ouais, calme le jeu Derek, adoucis le ton, et garde le contact avec la madame.

- Souhaitable ?

Aïe.
Ses yeux rougissent.
Ils chauffent.
De colère, de chagrin.
Un peu plus affuté encore, et son mot me transperçait de part en part, sans rencontrer la moindre résistance. Quelle andouille en même temps... aller titiller cette corde sensible alors que ça fait quoi... même pas quelques semaines que Luthor est venu faire mumuse avec ces héros...

- J'v... je veux dire que ça pourrait causer plus de malheurs que de bienfaits !

Je me tourne, dépité, vers mes génies d'alliés.
J'y arrive pas. Là, ça marche pas. J'ai besoin d'aide. De gens expérimentés, intelligents, capables. Des vrais sauveurs, comme Power Girl, Blue Beetle et Atom. Pas comme Sideways. Pas encore comme Sideways, tout du moins.
J'ai pas d'idées, et je me sens... gosse, en fait. Parce qu'il s'agit pas d'empêcher un crime ou une horreur de s'accomplir: il faut ramasser et recoller les morceaux, autant que possible. Et à bientôt 19 ans, je sais pas faire, ça. J'ai réussi par chance avec mon père, mais là...
Heureusement que j'ai mon équipe.

Ted lança une parole qui n'avait l'air de rien, mais qui donnait toute la mesure de notre propre limite. Alors que le mal paraissait croître partout, en tout lieu et toute heure, nous étions à la traîne, cherchant, enquêtant, jouant les bons samaritains. Nous n'étions sans doute jamais au bon endroit, ou trop tard... Je n'osais pas tourner la tête vers lui alors que je lui répondais.

- Si c'était le cas j'irais faire avaler sa guitare à un musicien d'opérette...

Plus tard, sur place, la justicière s'emporte et se révèle moins ouverte qu'espérée. Blessée et en colère, avec des paroles dures et un jugement brouillé. Rien que de très normal après un tel cataclysme, qui sait comment je réagirais moi-même à sa place ? Ce que je sais par contre c'est que Sideways a beaucoup, mais alors beaucoup de chance que l'on ne soit pas uniquement tous les deux dans cette affaire parce qu'il aurait déjà pris une mandale, joue ou arrière de la tête, dur à dire car il doit avoir fait le tiercé des boulettes dans l'ordre. Il bégaie, laisse entrevoir un possible voyage dans le Temps, sous-entend que leur planète est mieux comme ça... Bon sang, même Wildcat est plus délicat.

Heureusement Atom intervient pour calmer le jeu, ça fait au moins un diplomate dans l'affaire. De mon côté, je ne réagissais pas de suite, ne pouvant m'empêcher d'imaginer que cette Supergirl puisse être ce que... ce que j'aurais pu être dans cet univers de primo-justiciers. Quiconque m'aurait parlé comme elle l'avait fait aurait eu droit à une soufflante - même petite - mais j'éprouvais une étrange empathie. Je reconnaissais des traits dans cette juvénile apparition qui me rappelait ce que j'étais jadis.

Un nouveau justicier verdoyant débarqua. Je ne m'adressais toutefois pas à lui en premier, ne pouvant me résoudre à laisser bouillir cette pauvre fille, pas après les cabrioles de notre maladroit téléporteur.

- Ta planète est encore debout, lui lançai-je. Meurtrie, violentée, blessée, prise par surprise, mais elle est encore là. Luthor est responsable de ce qui s'est passé ici et du désespoir qu'il a répandu mais...

Je pointai un index vers le "S" qui trônait sur la poitrine de la justicière. Ce symbole qui, qu'importe l'Univers semble avoir un porteur, plus qu'un signe, de...

- ... l'espoir et l'avenir, c'est l'affaire de ceux qui portent cet emblème.

Bon sang, voilà que Kal déteignait sur moi... Et quelle belle inspiration venant d'une femme qui ne porte justement pas de signe sur elle.

- On ne prétend pas savoir ce qui s'est passé, ni ce que tu peux ressentir, mais on sait ce qu'est le Devoir et le notre est ici, à vos côtés, contre ce Luthor et son armée.

Il ne fallait pas la laisser ruminer un espoir de vengeance, mais plutôt lui faire comprendre que l'union face au malheur était un chemin préférable ; sinon qu'espérer de l'avenir ? Une kryptonienne qui prend cette voie risque de faire plus de dégâts qu'un fou furieux chauve qui voyage dans les dimensions. Et surtout, quelle victoire pour lui ; je n'allais pas lui laisser un tel cadeau.

Je me tournai finalement vers le Kyle qui venait d'atterrir, un justicier plus posé, peut-être plus à même de nous écouter de façon dépassionné.

- L'avantage des mains tendues et des coups de poings, c'est qu'ils se rendent assez bien.

Je gratifiais alors la Supergirl d'un clin d'oeil pour dédramatiser un peu cette introduction Sidewayesque*. Face à ces deux jeunes justiciers et flanqué par un non moins débutant, je commençai à me sentir vieille, ne me restait plus qu'à espérer obtenir un peu de sagesse au passage...

* Un cran en dessous d'une Boosteriade.

La réplique de Karen pique. Mais pas seulement… Ce qu’il a sous ses pieds trouble tout autant Blue Beetle. Toute cette destruction, les ruines à perte de vue et probablement autant de mort en dessous ou ailleurs. Impossible de savoir à quel point ce monde a perdu. Ils ont sous les yeux New York, mais qu’en est-il du reste du monde ?
Il n’est guère étonnant d’entendre la réplique de la Supergirl de Terre-38. Elle est blessée de ne pas avoir pu sauver son monde… Elle a de la peine, elle est même en colère. C’est normal… C’est…
Revenir en arrière…
Pourquoi est-ce que c’est une idée aussi tentante ?
Sideways défend de faire une chose pareille et il a raison, même si … Aïe, il faut lui apprendre la délicatesse à ce jeune intrépide héros. Mais le petit a de bons réflexes, il évite d’imaginer un plan fou pour sauver ces gens de la destruction. Pourtant, l’esprit inventif de Ted Kord s’est mis à réfléchir à tout ce qu’ils peuvent faire... avec une capsule temporelle. Au moins pour empêcher Luthor de passer d’un monde à l’autre et de l’arrêter avant qu'il n'atteigne cette Terre ? Mais d’expérience, il ne faut pas toucher au Temps. Non… Il vaut mieux le laisser tranquille.

Blue Beetle s’approche un peu plus et finit par se tenir non loin d’eux. Il entend les mots justes d’Atom et de Power Girl. Ils sont ici pour les aider, pas pour annuler ce qui a été fait. Ce monde est encore debout, des survivants ont besoin d’aides… Ils ont besoin d’espoir. Beetle lâche un léger sourire. Il est capable de les suivre, eux, ces trois héros, même le plus jeune, partout dans ce monde qui leur est étranger. Mais pas si différent du leurs. C’est là leur devoir. Ted s’éclaircit la voix après l’arrivé de… C’est… ce jeune Lantern… Kyle Rayner ?!
La ressemblance est troublante mais il évite de le fixer trop longtemps. Ah, au moins un héros sur deux qui acceptent les mains tendues pour les aider. Ils vont peut-être pouvoir discuter plus calmement.
« Nous devrions… discuter ailleurs, au calme, non ? »

Des regards se sont tournés vers lui, ce qui a pour effet de lui faire grimacer un léger sourire. Après des paroles aussi puissantes que celles de Ray ou de Kara, c’aurait été de trop de sortir une blague, même pour essayer de détendre l’atmosphère. Il est moyennement enclin à s'y essayer surtout lorsqu’il voit les regards presque abattus des héros de Terre-38, qui ont sans doute perdu bien plus qu’un monde… Peut-être des personnes qui leur sont proches…
« Et vous êtes ? »
« Oh, euh… Blue Beetle ! »

Maintenant qu’ils sont arrivés ici, autant qu’ils fassent tout leur possible pour les aider. Soutenir ce qu’ils ont déjà dû commencer ou ce qu’il reste à faire. Être aux côtés de ces héros, qui à défaut d’avoir eu de l’aide au moment de l’attaque de Luthor, en recevront pour rebâtir. Parce que c’est ce que font aussi les héros, lorsqu’ils le peuvent encore...

Très franchement, je remercie tout ce que je peux remercier d'avoir eu la présence d'esprit minimale de partir en compagnie d'ainés aussi expérimentés que le Pr. Palmer, Mr. Kord et Power Girl ! Vu comment ils ont su gérer la conversation après moi (et mes innombrables échecs, disons le même si ça fait mal), on pourrait aisément qualifier cette idée de meilleure du Multivers, à défaut d'en connaître d'autres.
Moins d'ego, plus d'écoute mon bon Derek.
Ouvre tes yeux et tes oreilles.
Rien que le fait que tu te parles à toi-même est une preuve que tu gères pas, alors tais-toi andouille !

La Supergirl semble s'apaiser, un peu. D'abord, le Professeur calme les tensions et détend l'atmosphère avec des mots d'une justesse totale. Puis, on la gagne à notre objectif, quand NOTRE kryptonienne à nous se met à causer ! Ca se voit, à ses épaules, à son visage, à ses bras, m'sieur Ralph m'avait montré ce genre de détails. Après, ça se comprend bien. Faut dire qu'elle en impose, notre Power Girl, avec... tout ce terrible vécu. Ce dont elle parle, ça vibre comme la vérité, juste comme elle devrait être. Ce Green Lantern étrange, différent, semble le voir aussi. Et lorsque Mr. Kord propose de bouger, il regarde consciencieusement son anneau.
Ses traits se tirent, directement.

- Hum. Suivez-nous. Ils vont bientôt revenir.

En haussant les épaules, je lui emboîte le pas.
Enfin le vol.
Enfin la lumière.
Bref. Petit regard en direction de mon équipe.
Si c'est un piège, au moins, on sera ensemble.
J'espère. Parce que si ils me plantent là, j'aurais l'air bien idiot.
La curiosité se mêlant à l'inquiétude, je ne peux que demander ensuite:

- Qui va revenir ?

Immédiatement, la Supergirl lâche:

- Les Bizarros.

Ah.
L'armée de Lex Luthor.
Pas bon ça, pas bon.
Mon regard croise celui d'Atom, en quête de... presque de réconfort.
C'est la plus proche personne que j'ai ici, alors zut, j'ai bien le droit !
Le Green Lantern reprend:

- Nous parcourons la ville à la recherche de survivants, depuis... vous savez. Mais leur nombre diminue chaque jour. A chaque passage de ces monstres.

Son hésitation fait très mal au coeur. Son ton est plus posé, ses mots plus doux, sa voix plus calme, mais je mettrai ma main à couper qu'il a perdu tout autant de gens que miss Supergirl ici présente. C'est admirable, et un peu flippant aussi.
Est-ce que c'est juste une question de volonté, ou une autre façon de faire son deuil ? Eh bien vous savez quoi ? Cette fois, je vais juste fermer ma grande bouche et éviter de causer un incident diplomatique. Enfin, vous voyez ce que je veux dire.

- Et on affronte que leur arrière-garde...

Rassurant ? PAS DU TOUT !

On traverse les gravats fumants de cette ville jadis florissante (je reconnais quelques bâtiments qu'on trouve chez nous, c'est fou !), avant de s'enfoncer sous terre, dans un tunnel de métro. C'est sombre, étouffant, j'ai qu'une envie c'est ressortir, mais il nous faut continuer. Pour aider ces gens, pour les sortir de cet enfer. Le Green Lantern illumine les couloirs obscurs de sa lumière verte, tandis que moi j'active mon énergie riftique autour des mes bras. Ca fait doré et vert. Ce serait presque joli, si nous ne croisions pas ci et là des corps ravagés, brisés; des fuyards qui pensaient pouvoir survivre ici, loin des visions glacées et des souffles brûlants.


Enfin, nous arrivons dans une salle plus grande, éclairée, dans laquelle la végétation a gagné beaucoup de terrain. Les arbres camouflent un peu une IMMENSE porte de métal, sûrement aussi lourde qu'elle a l'air résistante. D'innombrables marques de poing la décorent, comme si des centaines de boxeurs surpuissants s'étaient entrainés contre.
Image saisissante, clairement.


Sans un mot, la Supergirl s'avance, et un bras mécanique équipé d'un œil sort du métal. Il nous observe tous avant de se rétracter. Un long grincement se fait alors entendre, et la porte s'ouvre. Je suis jamais allé en Enfer (Atom, Power Girl et Blue Beetle l'ont peut-être fait, j'en sais rien), mais si on me disait que ça, c'était l'entrée, je pourrais avoir des doutes.
Après quelques secondes, une silhouette se détache.
Une silhouette étrange, bizarre... mécanique !
Un robot. Mais un robot dans le crâne duquel flotte... un cerveau.
Beurk.
Beurk beurk beurk.


- Lara. Je ne les ai pas dans mes bases de données. Qui sont-ils ?

Malgré les cybersonorités, aucun doute.
Cette voix, je l'ai entendu dans mes cauchemars toute cette dernière année.
Les horreurs survenues récemment sont sa faute.
L'être dans ce robot ne peut être que Lex Luthor.
Instinctivement, je serre les poings, prêt à me battre.
Mais quelqu'un d'autre arrive avant que je ne puisse faire quoi que ce soit. Quelqu'un que je ne vois pas tout de suite. Parce qu'elle passe derrière moi à toute allure, plus vite que ce que mon oeil ne saurait voir. Une Flash. Avec un grand sourire, malgré la situation. A croire que c'est une qualité non-négociable quand on s'associe à la Speed Force !


- Heysalut ! Cafaitplaisirdevoirdenouvellestêtes !

La surprise me bloque net.
Bart s'est quelques fois amusé avec des blagues comme ça, mais ce petit bout de soleil roux au milieu de la morosité apocalyptique ambiante me fait tout drôle.
Le Green Lantern, bras croisés, lui répond doucement, véritable contraste avec cette pile électrique:

- Carrie. Ils ne viennent pas d'ici.

Ce qui semble la stopper net, quelques secondes.

- Oh.

J'en profite pour prendre la parole, et avoir l'air bien plus assuré que quelques minutes plus tôt !
Le masque cache mon visage rougissant, bien heureusement.
Mes genoux qui s'entrechoqueraient presque, c'est moins sûr.

- On vient de Terre-0. Pour vous aider. Pour vous secourir. D'une manière ou d'une autre !

Promis, j'ai mis toute ma bonne volonté, toute mon envie d'aider, toute mon âme de héros dans cette phrase ! Ca me rend même un peu fier d'avoir en moi suffisamment de chaleur pour sortir ça aussi spontanément, une fois l'angoisse passée.

- Ah ! Ou nous détruire. Comme votre Luthor.

Émerge de l'ombre une figure... célèbre. Super célèbre. Super... bat. Mais... mais il est pas sensé être mort ? Luthor a dit que Batman était mort ! Qu'est-ce qu'il fait là, debout, devant nous... c'est un successeur ? Un successeur bien ronchon, dans tous les cas. Qui prend son rôle très au sérieux, en nous dévisageant avec beaucoup de méfiance et de colère.


- Mais... mais non ! Je suis Sideways, et c'est Atom, Power Girl et Blue Beetle ! On est des... des héros. Ca fait un peu prétentieux dit comme ça, je suis pas habitué. Mais on veut vous aider. Parce qu'on en a le pouvoir !

Je lâche rien.
Au moins au nom de mes... collègues (?) !

Les Bizarros ?!
Blue Beetle grimace. Evidemment… Lex Luthor n’a pas pu mettre une planète entière en ruine à lui tout seul, encore moins de s’attaquer à plusieurs d’entre elles à travers le Multivers. Il a une armée… Des soldats obéissants, tout aussi balaises que la toute nouvelle forme de l’homme qui se fait appeler le Prédateur suprême.
Ted suit les autres et écoute les quelques échanges… Apparemment, les Bizarros sont déjà revenus plusieurs fois dans les parages, d’après les informations apportées par le Green Lantern de cette Terre… Plus le temps passe, plus ils viennent ravager ce qu’ils restent du peu de survivants suite à l’attaque de Luthor. Les poings du justicier se serrent. C’est lâche. C’est terrible… Ils doivent trouver une solution. Il s’agit d’une autre Terre, oui, mais des vies innocentes sont en dangers. Ils n’ont pas à payer les erreurs commises des héros qui n’ont pas pu arrêter à temps la folie d’un Luthor qui n’est même pas de leur monde.

Il ne reste plus grand chose de la ville de New York et personne n’est surpris qu’ils soient tous cachés sous le sol. Les métro, c’est probablement l’un des derniers endroits qui peut tenir le choc d’un assaut. Mais les lieux sont lugubres… Cela doit faire pas mal de temps qu’ils sont dans cet état, par obligation et tout simplement parce qu’ils n’ont pas vraiment le temps de s’en occuper plus que de nécessaire. Cela renvoie chez Ted une crainte qui fleurit depuis toujours dans son imagination… La crainte de voir toutes technologies, tout un monde avancé, s’effondrer, comme ça, du jour au lendemain. C’est arrivé ici… Quand Terre-0 sera la prochaine ?
Blue Beetle garde le silence tout du long et posant un regard sur les structures détériorées et sur les quelques personnes qu’ils croisent… Trop peu, comparés au nombre de corps abandonnés… Dieu…
Ted détourne les yeux et croise le regard de Power Girl. Ça ne doit pas être facile… de voir tout ça. Il observe ensuite Atom qui reste tout aussi silencieux. Puis enfin… Sideways. A quoi peut-il penser, comment se sent-il, là ? Il est le plus jeune… Pourtant, il tient le coup. C’est… admirable. Ted Kord était à peine plus vieux que lui lorsqu’il a décidé de respecter la demande de Dan Garrett et d’endosser le costume du Blue Beetle.

La végétation a déjà repris ses droits, ce qui est assez surprenant… Mais étrangement, malgré le contexte apocalyptique, on en vient presque à trouver cette partie du sous-sol beau… Lorsque la porte s’ouvre devant eux, une silhouette se détache des ombres. Ted fait une légère grimace de dégoût lorsqu’il se rend compte que c’est un vrai cerveau qui se trouve à la place de la tête sur le robot qui s’avance. Il finit par froncer les sourcils lorsqu’il reconnaît à son tour la voix qu’utilise cette machine… Est-ce que c’en est réellement une d’ailleurs ou une construction très avancée d’un être humain qui a perdu tout l’aspect chair et os… mais dont la conscience a été sauvegardé ?
Pas le temps d’argumenter, ni de poser des questions. Pas le temps… Oui justement, c’est un peu le truc chez les Speedsters. Ils courent beaucoup plus vite que le Temps lui-même. C’en est intriguant, mais tout aussi effrayant. Blue Beetle sursaute lorsque la jeune Flash, aux codes couleurs assez différents de ce qu’il connaît, déboule devant eux après avoir fait le tour (mais combien de fois ?!)
Le Green Lantern calme un peu le jeu, Derek ajoute d’où ils viennent et leur but… Aussi vaste soit-il. Et dans cette assemblée, comme on peut s’y attendre lorsqu’on est habitué à côtoyer des héros, il s’en trouve toujours un à l’écart de autres. Plus sombre, plus froid, mais dont la présence a tendance à laisser chez les autres cette espèce de confiance. Une personne que Blue Beetle a toujours respecté… Alors le voir, lui, ici, parmi eux... ça fait tout drôle. « Batman ?! »
Batman. Le Chevalier Noir.
Bruce Wayne… Mais pas celui qu'ils connaissent...
Il s’est tourné vers Ted. Ce regard… Il n’a jamais su réellement déterminé à quoi peut bien penser Bruce lorsqu’il le regarde ainsi.
« Pardon je… » … A quoi pense-t-il là ? « Vous… ressemblez beaucoup à un ami. »

Ted reste un peu à l’écart, alors que le jeune Derek James argumente et les défend tous les quatre. Ils sont des héros, venus d’une autre Terre et qui ont la prétention de pouvoir les aider. Connaissant le tempérament de Batman (une probable constante à travers tout le Multivers), il doit énormément douter d’eux, méfiant comme toujours. Les autres héros de Terre-38 semblent un peu plus enclin à les écouter… Au vu de leur situation, ils ont raison de se montrer prudent.
Le premier à parler, riche en propositions, est ce bon vieux Ray Palmer, dont le génie scientifique n’est plus à démontrer. Il l’est. Un cerveau brillant. L’appareil qu’il sort attire un regard très curieux chez Blue Beetle qui ne peut pas s’empêcher de s’approcher, jetant un coup d’oeil par dessus l’épaule de Ray, qui continue ses explications… Qui propose quelque chose en faite : Couper le lien de Terre-38 à la Plaie, le couloir dimensionnel qui fait le lien entre toutes les dimensions.
Des Univers connectés les un aux autres grâce à un couloir… Gnhnn…
Blue Beetle se gratte quelques instants le crâne. Il … sait, plus ou moins, sans avoir vraiment trop de détail, que plusieurs Terres existent, bien sûr. Il sait aussi qu’il peut exister des versions alternatifs d’eux-même selon comment bouge le Temps et l’Espace. Il est ami avec un voyageur temporel, il a vu de ses propres yeux l’Essence du Temps et par dessus tout, il vient de poser les pieds sur une planète qui n’est pas du tout la sienne. Si Ted Kord peut parfois être assez ouvert aux découvertes, il a parfois besoin de reconnecter son cerveau sur quelque chose où il se sent vraiment le plus à l’aise. Et lui son truc c’est inventer... et bien des trucs.
« Hmm … »
Lances-toi, Teddy, ils viennent tous de se tourner vers toi… Si tu laisses un blanc, tu vas passer pour un con…
« Construire un mur impénétrable, en faite… Ce n’est pas une mauvaise idée. »

Atom n’a que de très bonnes idées… Mais il a soulevé un problème qu’il vaut mieux régler. Et Blue Beetle est plutôt le genre à solutionner lorsque l’occasion est favorable à recevoir une invention qui est faisable.
« Nous pouvons peut-être créer un dispositif pour garder un lien… Une machine, jumelée avec une autre pour connecter nos deux mondes.
Nous pourrions retrouver Terre-38 en gardant sous la main ce dispositif en question qui fera une ouverture, recréant une nouvelle connexion. Il nous faut les bonnes coordonnées et une grande quantité d’énergie… Mais vous seriez isolé du reste du Multivers, tout le temps, sans être totalement coupé de notre Terre. »

Ted sent déjà un regard dur venant du Batman. A ce moment là, Blue Beetle réagit toujours de la même manière… Il s’applique à montrer au mentor qu’il n’est pas un si mauvais élève.
« Nous vous proposons d’empêcher l’armée des Bizarros de venir, mais aussi de pouvoir vous reconstruire en paix, en recevant notre aide, du mieux que nous pouvons… Il est vrai que c’est depuis notre Terre que les problèmes sont arrivés… Mais je connais des gars qui sont prêts à veiller que cela ne se reproduise jamais. »

Blue Beetle jette un coup d’oeil vers le jeune. Vers ce futur prodige. Parce qu’il va arriver le temps où les héros comme lui vont devoir céder et passer la main à cette nouvelle génération. Et … Il a foi, il croit en ces jeunes. Jaimes Reyes est de ces exemples dont il est fier de voir qu’il porte l’héritage du Blue Beetle et il est convaincu qu’il va faire un bon justicier. Derek James est déjà un héros aux capacités extraordinaires.
Il le prouve en mettant le pied ici, avec ses intentions nobles. Les trois autres qui l’accompagnent sont présents pour lui apporter ce qu’il a voulu qu’ils apportent : l’expérience.



(HJ : comme prévu j'inverse nos places avec Kara pour ce tour-ci ^^ )

La Terre 38 tremble encore du choc. Les justiciers se terrent dans des souterrains, essayant de panser les plaies et les blessures, reconstituant les restes de leur civilisation meurtrie. Entre colère, espoir et peur, ils craignent les razzias d'une armée de Bizarro. Rien que cela. Quelle folie pouvait bien prendre un type pour qu'il en vienne à s'entourer d'une armée aux cerveaux aussi endommagés ? Cela expliquait les dégâts et l'efficacité globale d'une dévastation irréfléchie. Avec des légions aussi tarées il n'était clairement pas question de conquête, pour cela il fallait laisser quelque chose. Luthor s'était fait une colonne infernale visant à ruiner le Multivers et la stratégie surprise avait porté ses premiers fruits.

Un décor par trop familier que j'observai désormais d'une façon affreusement distanciée. Encore des morts, de la destruction et cette odeur de fin de bataille mêlant poussière et sang. Je balayai de temps à autre les environs avec ma vue à rayon-X et ma super-vue pour tenter de trouver une âme. Mes oreilles ne détectaient que de la vermine encore vivante et des animaux en fuite. Rien de positif. Je croisai le regard de Ted avant de m'en détourner rapidement.

Le balais des nouvelles continua et avec lui l'oppressante impression que ce monde n'était plus qu'une mécanique grippée, un disque rayé où les discours se heurtaient tantôt à l'indifférence, tantôt à l'amertume de la désillusion. Sideways justifiait sa présence, encore. Le pauvre. On avait pas été très tendres avec lui et on avait assurément beaucoup joué pour le mettre sur la défensive, mais là il allait falloir le mettre au devant et lui faire assumer un meilleur rôle que le-justicier-qui-s'excuse-d-être-là. Kyle était sans doute compréhensif, je doutais que la Supergirl le soit par contre, elle était toujours vive et prête à frapper.

La flash qui apparaît est un souffle d'énergie pure. Joyeuse, enlevée, palpitante d'une vie propre aux speedster et une sorte de boîte de conserve mécanique qui reléguait L-Ron au rang d'oeuvre d'Art - ne lui répétez jamais. La voix qui sortait, même modulée et modifiée était clairement celle de Luthor. Je serrais un poing instinctif. Alors nous on avait droit à un comité d'accueil arctique, et d'un autre côté ils faisaient affaire avec le cerveau-parallèle de leur ennemi ? Okay.

Déboule alors le seul justicier dont le super-pouvoir était la paranoïa : Batman. Excellent détective, le meilleur assurément, mais parfois une telle tête à claques que l'on rêvait qu'il soit pris en défaut par un coup de vent dans sa cape ou un morceau d'épinard entre les dents, juste pour briser cette armure insupportable dont il se drapait et qui vous laissait croire que vous étiez en permanence un second couteau. Je devais vérifier qui était sous le masque car Bruce Wayne était sensé être mort - même si cet état était au niveau d'un rhume pour lui - et utilisai ma vision à rayon-X pour tenter de l'identifier.

Atom et Blue Beetle sortirent ensuite tour à tour de leur réserve pour présenter un plan : mettre Earth-38 dans un sachet hermétique avec quelques trous histoire qu'ils puissent espérer respirer. Les couper du reste du multivers, un peu comme mettre une réalité sous embargo "pour leur bien". Je serrai les dents. Atom était un scientifique froid dans le fond, même s'il tentait d'y mettre quelques formes et Blue Beetle jouait les ingénieurs, il cherchait une solution en l'aménageant un peu pour faire passer la pilule. J'avais pour ma part beucoup de mal à accepter un plan qui consistait à mettre des gens hors jeu. Je sais qu'elle aurait été ma réponse à leur place et ce n'était pas juste une affaire de fierté. C'était une affaire de principe, il y avait plus à gagner à communiquer avec le multivers que de s'enfermer dans un deuil aussi total et pesant. Luthor était une exception, pas une règle.

Nous devions cependant nous montrer uni. Mieux valait être silencieuse et laisser la discussion se faire que de semer encore plus de confusion.

Je posai donc une main ferme sur l'épaule de Sideways, comme pour le soutenir face à toute cette méfiance latente et aussi pour dire sans un mot à nos interlocuteurs qu'ils devraient se calmer un peu parce que ma patience était à sa limite.

- On va commencer aussi par un échange de bon procédé, lançai-je notamment au "Batman". Ni vous ni nous n'avons réussi à canaliser le "Luthor" qui a dévasté votre monde, alors on va éviter de faire croire que l'on est d'un côté comme de l'autre capable de donner des leçons à l'autre camp. Ce qui vous est arrivé aurait pu nous arriver, vous étiez un symbole et vous avez été frappé les premiers. Point.

" Donc, les petites piques et la colère, on va les garder pour les Bizarros s'ils ont le malheur de venir nous interrompre. En attendant on vous propose une alternative à l'annihilation. Qu'est-ce que vous en dites ?

Je me tournai vers Blue Beetle. Je n'aurais pas pensé que lui adresser la parole, même fouettée par mon intervention, soit finalement si facile.

- J'ai deux trois nano-usines fonctionnelles à Starware si tu as besoin de générer des composants électroniques de précisions.

Je regardai plus en détail les alentours et détaillait la cachette temporaire des survivants, les fondations et les chapes de bétons étaient fragilisées.

- On a aussi un peu de matière grise pour reconstituer quelques infrastructure clefs et vous aider à rebâtir votre monde si besoin, voire solidifier un peu votre quartier-général. ça vous intéresse ?

- Vous parliez des Bizarros, hein.

La voix du Green Lantern interrompt les merveilleuses idées que mes scientifiques d'alliés viennent d'exposer. Une proposition du Professeur Palmer, développée, magnifiée par Mr. Kord et Power Girl ! Une solution qui m'a l'air indiscutablement, impartialement, totalement bonne. Et pas du tout parce que ce sont mes propres "recrues", hein ! Mais pas forcément au goût de toutes les personnes présentes, vu leurs mines dépitées.
J'aimerais bien leur dire que ça va, y a pas mort d'homme; y a quelque chose, chais pas quoi, qui m'aide à me retenir. Ah si, j'ai mis le doigt dessus: mon instinct de survie !

Bien que sur le bout des lèvres, les critiques n'ont cependant pas le temps de fuser; le regard glacé d'inquiétude du porteur d'anneau nous cueille sans préavis. Je me sens comme cette fois à la Forteresse de Solitude, lorsque l'espèce de monstre chelou a tout détruit et que j'ai rencontré le petit Jon. Sauf que là, c'est pas un colosse qui nous attend, mais dix, vingt, trente, cent !

- Les voilà. Ils nous ont trouvé. Tous.

A peine a-t-il le temps de finir sa phrase que ça commence.
Les coups.
Contre la porte.
Contre les murs.
Contre le plafond.
Partout. Le sol tremble, la poussière tombe.
Putain.
Oui putain, je dis des gros mots quand la situation est grave.
Et là, elle est foutument catastrophique !

BLOM BLOM BLOM

Derek, du calme.
Ce n'est que comme la fois où ton père tambourinait contre la porte alors qu'une étrange vidéo d'un étrange site internet étrangement ouvert sur ton étrange ordi finissait de tourner. L'urgence totale. C'est ça le sentiment. Quelque chose d'irrépressible et d'incontrôlable.
Comme moi, quelque part.
Irrépressible et incontrôlable le Derek !
Comme mes petits doigts agiles, qui commence déjà à briller d'une intense lueur dorée:

- Bon, je vous propose qu'on aille se mettre en sécurité, aill...

Tout en parlant, je rifte.
...
Je rifte j'ai dit.
...
J'essaie de rifter ?
...
J'arrive pas à rifter.

RFFFFpppfff...

- ... ailleurs.

Allez ! Faut pas me laisser tomber maintenant hein !
Ca fait des mois et des mois que je m'entraîne sans relâche pour maîtriser ces capacités, et pile le jour où elles seraient utiles pour la survie d'un monde, pouf. On me laisse tomber. C'est pas un peu du foutage de tronche, là ? On dirait Janine, ma lampe.
Qui a survécu aux égouts en compagnie de l'agent Blakedugécépédé: même si en bon état, elle a toujours des soucis aux moments où ça peut être le plus dramatique ! Allez mon vieux, force un peu ! FOOOOOOOORCE !

RFFFFpppfff...

- ...

J'en reste bouche bée, incapable d'articuler un mot avant de me tourner vers mes camarades d'infortune, en vraie difficulté.
Épaules haussés, grimace totalement gênée sous le masque.

- On dirait le coup de la panne, mais promis, je fais vraiment pas exprès là.

Mais genre vraiment pas.
Un petit rire retentit dans la pièce en proie aux coups de butoir. Un rire qui fait se tourner toutes les têtes. La jeune coureuse, avec sa mèche rousse et ses yeux pétillants, n'a pu s'en empêcher, malgré la situation de crise.
Eh bah, c'est surprenant !

- Hu hu hu !

Un élan de sympathie me gagne immédiatement.
Ouaip, ça aurait clairement pu m'arriver. Ouaip, je suis content que ce soit quelqu'un d'autre qui attire l'attention. Ouaip, j'en profite pour essayer de renforcer mes rifts, mais rien n'y fait. Le portail s'ouvre une seconde, une seule, avant de s'évaporer en chuintant.
Y a une espèce de dysfonctionnement, et mon petit doigt spatio-temporel me dit que ça a rapport avec l'arrivée des Bizarros. Avec leur passage à travers la Plaie.

- Pardondésoléexcusezmoi...

La Flash rougit à vitesse grand V.
C'est chou.
Enfin, non, ce serait chou si c'était pas une héroïne confirmée avec une expérience mille fois supérieure à la mienne. Respect Derek !
Mais c'est chou quand même...
Ce qui est moins chou, en revanche, c'est le rappel robotique qu'un Luthor nous observe. Qu'un Luthor travaille avec nous. Qu'un Luthor compte mettre les mains dans l'énergie qui m'habite. Dit comme ça, ça fait dégueulasse, mais ça doit vous donner une petite idée du plaisir que je prends en imaginant la chose.

- Je m'occupe de la stabilisation des flux.

BLOM BLOM BLOM

Les chocs redoublent d'intensité.
Les tremblements aussi.
Ils vont réussir à entrer, j'en suis sûr. D'une manière ou d'une autre, ils vont passer, pour nous tuer. Ce n'est plus qu'une question de minutes, avec optimisme, de secondes, avec pessimisme. Un mouvement de cape attire mon regard. Le Batman déploie ses ailes et plane jusque devant la porte, accompagné par le Green Lantern et la Flash remise de son rire nerveux.
Les yeux blancs de la chauve-souris nous fixent, et me glacent.

- Finissez. Nous allons les occuper.

Je croise ensuite le regard de mon équipe.
On est pas encore très très proches, même si le Prof et moi on commence à se connaître, mais la communication se fait d'un coup: on a besoin d'un génie supplémentaire pour seconder Luthor, et de forces de frappe pour contenir les Bizarr...

CRASH

Ils sont là.

Ray Palmer grimace, alors que les événements se succèdent.
Se bousculent.

« Ha. »

Son attention se fixe devant lui.
Sur les discussions. Sur les personnes présentes. Sur les rebondissements.
Alors que ses doigts filent.
Alors que son corps agit, et réagit ; et poursuit le codage des éléments, sur son engin portatif.

Deux choses en même temps.
Il arrive à le faire.
Au moins pour l’instant.

« Il… va falloir encore plusieurs minutes, oui. Et même si je sais que vous êtes courageux et formidables, oui, je… suis au regret d’émettre des doutes sur la suite.
Parce qu’il va falloir plus que vos forces – pour les arrêter. »

Le Lex Luthor robotique s’acharne sur d’autres engins.
Atom se rapproche, et connecte son appareil aux installations locales ; pour transférer les données, et lui offrir l’accès à tout.

« Cela… va être juste. Même si nous réussissons, je crains que tout ceci, que notre localisation ici, ressemble rapidement à un pi… »

« … ège ? »

Une voix interrompt soudain Ray Palmer, et complète son mot.
Le scientifique relève la tête.
Et effectue soudain une action surprenante, rare chez lui, surtout dans le milieu professionnel ; il sourit.

« Oh. »

Parce qu’il reconnaît cette voix. Parce qu’il sait qui c’est.
Parce que… ça peut aller mieux, maintenant.

« Tu… »

« Je t’invite à poursuivre ta formidable œuvre, Raymond. Et je me permets de m’immiscer dans votre formidable voyage.
Enfin… formidable.
Je note ici la présence d’une super-héroïne qui vient d’un autre Univers ; d’un super-héros qui a affronté et vaincu le Temps pour vivre ; d’un jeune super-héros en lien avec le Multivers Noir ; et d’un vieux d’la vieille, qui a deux résurrections à son actif. »

« Hey ! »

Ray sourit, en continuant ses tâches ; il sourit toujours.

« Pensiez-vous que cela allait rester discret ? Pensiez-vous que je n’allais pas le remarquer ?
Allons !
J’ai élu domicile dans la Plaie, voyons ! Le canal entre les Univers ! Au cœur du Multivers !
Pensiez-vous que je n’allais pas voir votre passage ? Ou que je n’allais pas détecter vos petits copains blêmes et énervés ?
Mes chers amis… voilà un beau piège dans lequel vous êtes. »

Atom active une ancienne commande, et réussit à rétablir un écran, branché sur une caméra donnant sur l’extérieur.
Ils voient, alors.
Ils voient ce qu’il s’y passe.

Une armée de Bizarros qui fonce, qui ravage vers eux.

… et quelqu’un avec eux.

Quelqu’un qui fonce sur eux. Quelqu’un qui les attaque ; les pique. Les provoque. Les gêne.
Les énerve.


Mister Miracle.
Le seul, l’unique. Heureusement.

« Et si… je vous en sortais ? Mmh ? »

Kyle prit encore la parole à bon escient et précèda de peu les premiers coups. La tension monta immédiatement et l'air s'électrisa d'appréhension. Les hommes et les femmes qui nous entouraient s'agitèrent, s'éloignèrent des portes qui vibraient, des murs et des plafonds qui tremblaient.

C'étaient des coups puissants. Le sol s'ébranlait même par instant. Mes bras étaient toujours croisés. Je sentais dans notre ex-auditoire que la peur des attaques passées les assaillait aussi sûrement que la présence même de nos ennemis.

Les bizarros. Une armée capable de rivaliser avec des kryptoniens, qui avaient dévasté leur monde avec facilité. Face à une telle menace, la fuite sautait immédiatement à l'esprit de notre entourage et Derek le premier. Mais ça ne fonctionna pas comme il l'avait visiblement prévu. Il lanca une boutade pour détendre l'atmosphère, la Flash perdit un peu pied, nos actions maintenant cadencées par des coups de plus en plus réguliers et forts imposaient une réflexion rapide et une prise de décision qui ne souffrait aucun délais.

L'ennemi ne venait pas juste pour ébranler le courage des gens, il venait finir un travail commencé avec une efficacité redoutable. Ma mâchoire se serra. Combat inéquitable mais pas de quoi avoir peur ou trembler. Les lézardes devinrent des failles dans le béton de l'installation. Je restai droite, comme pour montrer que tout ceci ne m'angoissait pas même si l'adrénaline montait. Je soutins le regard de Sideways alors qu'il cherchait de l'aide.

- On assure les arrières, lui lançai-je avec un hochement de tête.

Un mur se brisa, puis un autre, des blocs poussiéreux craquèrent et plurent sur une partie des installations. Je verrouillais un premier Bizarro et profitais d'un début d'effet de surprise pour lui lancer une droite à pleine puissance. Enfin un peu d'action ! Super-vitesse, un deuxième. Je harcelais pour le moment plus que je ne blessais et terrassais, mais c'était pour voir comment ces brutes réagissaient. Jusqu'au moment où l'improbable se produisit.

Glissant sur deux aérodisques dont l'origine ne laissait aucun doute, lançant avec l'aisance les répliques d'un artiste voué à capter lumière et attention sur ses exploits, champion de l'évasion : le bien nommé Mister Miracle apparut.

Je n'accueillais pas son arrivée comme il se devait car déjà deux créatures déformées m'encadraient. Je saisis un premier poing qui tenta de m'assomer, balançai un coup de pied en arrière, une rotation, une volte, un coup de coude dans la tête, une balayette. Les bizarros tentaient de frapper pour tuer le plus rapidement possible. Des moissonneuses-batteuses de la fin des temps. Heureusement, ils restaient lents pour des types avec de la super-vitesse.

Un enchaînement de coups de poings made in Wildcat, un morceau d'entraînement de Sandman et hop, l'un d'eux vola et vint s'écraser sur l'autre.

J'étais à puissance égale avec eux, seule la technique pouvait m'aider. J'esquivai un rayon calorifère et répondis. Il étaient si nombreux que tous ne pouvaient pas l'esquiver. Un nouveau s'approchai trop : souffle givrant. Ils étaient coriaces et nombreux.

Faire gagner du temps, c'était l'objectif, le but n'était pas de tous les mettre au tapis, mais... ça allait demander plus d'énergie.

L'un d'eux me donna un coup à l'arrière du dos. Mon genoux touche le sol dans un grognement.

Mamie t'a appris mieux que ces cabrioles !

Voilà que ça recommençait... Fichue pression.

Super-vitesse, mais face à des monstres qui n'étaient pas moins rapide ça relevait plus de l'habitude que de la tactique. L'un d'eux attrapa ma cape.

Les beaux uniformes de votre mamie ne doivent pas être abîmés ! Pas les vêtements ! C'est la règle !

Mon poing se ferma et cogna l'outrecuidante créature. Le choc était puisant mais cette laiteuse abomination tenait bon. Un deuxième... un troisième. Son nez étaitbrisé, ses joues tuméfiées. Je décidai alors de passer aux oreilles et frappais avec force. Trois autres choses s'approchèrent de nous.

La mort n'est pas un cadeau ! Les morts n'apportent pas les récompenses qui reviennent à Mamie !

- Toi, ferme-là ! hurlai-je en achevant un nouveau coup.

Mon adversaire tituba en lâchant ma cape. Je tournoyais sur moi-même pour essayer de déstabiliser mes ennemis proches. Lorsque je m'arrêtai, je pris enfin le temps de prendre en considération cet allié de circonstances qui nous aidait en harcelant les légions adverses.

- Et si au lieu de parler vous agissiez ! lui balançai-je. Parce que là... Mamie... on a besoin d'aide !

Si Atom et Blue Beetle ont voulu apporter une solution assez rapidement pour éviter que cette Terre-38 ne finisse en miette définitivement, il est vrai qu’ils n’ont sans doute pas pensé aux réactions de chacun… Même si Ted a mis les formes, la solution consiste ni plus ni moins de couper leur monde de celui du Multivers… Il peut comprendre que l’idée en chauffe certains. Dont Kara.
L’ingénieur en costume bleu se ratatine un peu sur lui-même et grimace alors qu’elle les écoute et pose un long regard sur eux. Elle finit par prendre la parole à son tour et dégage l’assurance et la force qui lui vont bien. Elle met un terme aux quelques réticences de la part de ceux qui ont dû mal à leur faire confiance… Blue Beetle sourit doucement en l’écoutant et se crispe d’un coup dès qu’elle s’adresse à lui. « Oh ! Oui c’est… Ces composants seront utiles ! » Il se ressaisit, histoire de ne pas passer pour un c*n devant toute l’assemblée de héros. « Je peux me mettre au travail quand vous voulez ! »

Mais il se rend bien compte que certains veulent argumenter. Alors il patiente, jetant un coup d’oeil vers Atom, celui qui a sorti cette idée… celui qui saura expliquer plus en avant. Ceci dit, si le monde tient encore debout…
L’avertissement du Green Lantern tend tout le monde. Les coups contre la porte et les murs leur envoie un bon gros stress. Ted recule de plusieurs pas, mettant une bonne distance entre la menace et lui. Ceux qui sont en train de frapper n’ont même pas besoin de se montrer pour dire à quel point la bataille qui va suivre va être d’une violence inouïe ! Alors Blue Beetle est déjà sous une pression énorme. « Merde... »
Il jure dans sa tête alors que les coups s’intensifient. Ils viennent couvrir ses propres battements de coeur, qui s’emballe un peu. « Bordel… ! »
Il se tourne vers Atom et Power Girl, puis vers le jeune Sideways qui semble vouloir les sortir de là avec ses pouvoirs. Mais…
Il essaye, mais…
Puis il réessaye… Mais… « Sérieux, buddy… ? »
C’est la merde. Alors là, c’est la bonne merde.
Un rire s’exprime dans la pièce. La jeune fille rougit de s’amuser de cette situation dramatique… Mais à son tour Ted Kord lâche un léger rire bien plus nerveux.
« Le coup de la panne, ça marche toujours... »
Bravo, Teddy, bel exemple pour la jeunesse…

Attendez, ils vont faire quoi ? Les occuper ? Oh bien sûr… Ils sont combien en face à frapper comme des sourds, hm ? Déjà qu’un seul Bizarro est très dangereux, alors plusieurs d’un seul coup, voilà qui est un défi de taille pour un Batman. Mais lorsqu’il croise ce regard sans expression, Ted ne peut qu’acquiescer… Il est le Batman, après tout. Ceci dit, Ray n’a pas totalement tort sur ce point. Il va leur falloir plus que ça pour stopper l’armée qui leur tombe dessus… Genre là !
« Wouoh ! »


Tout explose. La porte, le mur qui la tenait… Et l’affrontement commence. Blue Beetle s’est écarté vivement pour éviter les débris et s’est mis à l’abri pour éviter un Bizarro. Ted jette un regard vers un son, celui d’un puissant coup de poing. C’est Power Girl, à n’en point douter. Puis, il entend Ray… avant qu’il ne soit interrompu par… « Scott ? »
Mister Miracle ?!
Alors ça, c’est fichtrement une bonne nouvelle !
Atom allume un écran et ils peuvent constater le nombre de Bizarro qui leurs arrivent dessus… Mais aussi la présence de Scott Free ! « Content de te voir, Scottie ! »

Il lui aurait bien ajouté quelque chose mais il n’a à la place qu’un hoquet de surprise avec que deux Bizarro prennent en chasse le Blue Beetle. Il se propulse dans les airs avec l’aide du mur et fait une pirouette pour passer au dessus du premier avant d’asséner un bon coup de poing au second.


Le Bizarro se tourne vers lui et ne semble pas être très affecté par ça... « Uh… Oh… »
Une roulade pour éviter un coup mortel. Il est bien trop humain pour se permettre de prendre un coup de ces créatures. Alors il déploie son arsenal. Réglant son BB-Gun à puissance maximale, il tire et envoie voler les deux Bizarro… Un troisième se dirige vers lui et il se reçoit une puissance décharge électrique de la part de son scarabée télécommandé !
Entre deux souffles, Blue Beetle s’adresse directement à celui qui tente de les rejoindre :
« Scott… Si tu as une solution dans ta botte… J’crois qu’on est preneur ! »

Il se tient prêt à tirer une seconde fois, dès que son arme sera prête. En attendant, il laisse son drone faire le travail du mieux qu’il peut. Il se rapproche d’Atom et du Luthor robotisé.
« Besoin d’aide par ici ? »

Il sursaute en entendant un cri. Kara semble gérer mais… Son comportement a quelque peu changé. Ceci dit, les lieux sont devenus suffisamment dangereux pour que tout deviennent difficile à interpréter ! Blue Beetle vise dans la direction des Bizarro qui arrive dans le dos des héros et tire à nouveau.

- AAAAAAAAAAAAAH !

- AAAAAAAAAAAAAH !

- AAAAAAAAAAAAAH !

En temps normal, j'aurais envie de dire qu'il y a de l'écho. Ou qu'il y a une fausse note dans ce choeur angélique. Quelque chose, une blague nulle, pour détendre l'atmosphère quoi. Mais comme je suis un des trois gugusses qui hurlent à s'en arracher les poumons, c'est pas trop le moment de faire le mariole.
Au milieu des Bizarros, la (jolie) Flash, le Green Lantern et moi nous effondrons comme des sacs à patates, avec au moins autant de classe en tous cas, à la merci des assauts des monstrueux clones.
Parce qu'intenable.
La douleur est intenable.
On m'arrache les tripes au fer rouge, c'est pas possible autrement ! Mais en rouvrant des yeux pleins de larmes, je vois ce qui se passe, même si je comprends pas encore le pourquoi du comment: mes foutus pouvoirs se font la malle, comme attirés, aspirés ! Une intense lumière dorée s'échappe de mes mains... ET CA ME RUINE COMPLETEMENT ! Comme ça a l'air de ruiner les deux autres, d'ailleurs. Foudre et lumière se mêlent à mes pouvoirs, au bénéfice de...

- Merc1 p0ur l'app0rt énergét1que. La Speed F0rce, le Spectre Em0t10nnel et cette f0rm1dable s0urce mult1verselle m'0nt été b1en ut1les p0ur 0uvr1r ce p0rta1l.

Le RoboLex prend la parole.
Ils nous pompe. L'air, mais pas que !
Une de ses étranges machines, une espèce d'antenne, attire à elle le flux de nos pouvoirs et canalise le tout. C'est ça qu'il voulait dire, par stabiliser les flux ? C'est vachement douloureux, il aurait pu prévenir mer... credi ! Mince ! Zut ! Flûte ! Que ça s'arrête !
Juste, que ça s'arr...
Ca s'est arrêté.
Enfin.
Aussi simplement que ça a commencé.
Mais je suis laissé exsangue de pouvoirs riftiques, je le sens.
Foutu LexBot ! Foutu robot mal foutu ! Foutus pouvoirs qui peuvent être captés par une simple antenne de télé ! Foutus...



Et là, boom, l'impensable se produit. Un grand et magnifique portail s'ouvre ! Notre salut à tous !
J'ai rien dit ! VIVA LE DIVIN ROBOT CHAUVE ! Gloire lui soit rendue ! On va pouvoir fuir, ensemble, et trouver des solutions !
...
Comment ça je suis trop naïf ?

- Ma1s je cra1ns que v0us ne pu1ss1ez pas me su1vre.

Oh crotte.
Y en a marre des montagnes russes émotionnelles.
La carcasse mécanique s'approche du portail, laissant les autres se battre contre l'armée de Bizarro, bien affaiblie par l'arrivée miraculeuse de... ça va si je dis "cet hurluberlu de Mr. Miracle" ? On va dire que oui. Et faut pas oublier les efforts surhumains de tous les autres, notamment Power Girl qui semble... déchirer la mêlée avec une puissance peu commune. Hrm...
Mais concentrons nous sur le vilain de cette affaire. Encore et toujours le même, peu importe le monde visité.

- Ce n'est pas c0ntre v0us, ma1s... 1l ne faut pas d'autre surv1vant que Lex Luth0... bzzzzt !

La machine tombe à genoux, et une silhouette apparaît derrière pour la bloquer. Pour la restreindre. Pour l'empêcher d'agir, de partir et de refermer le portail.
Le Batman.
Qui broie la réplique de Luthor d'un simple:

- Non.

Son regard sévère repère une ouverture, une percée dans le combat, et d'un mouvement de tête, il indique aux gens encore debout de saisir les blessés pour s'enfuir. Par le même portail qui aurait dû nous condamner à mort si notre allié-devenu-ennemi avait réussi à mettre son plan à exécution.

- N0N.

Luthor, d'ailleurs, se débat, et parvient à faire lâcher prise au Chevalier Noir de ce monde. Une seule seconde suffit pour que les bras mécaniques attrapent le corps de chair du héros encapé, et l'envoient se briser contre un mur. Une seule seconde. Et ni la Flash, privé de Speed Force, ni le Green Lantern vidé d'énergie ne peuvent agir. Les autres sont trop loin.
Ah.
Un moment de vérité, alors.
Chouette.

Dur dur de se relever.
Mais je pousse sur mes jambes, et m'élance aussi sec vers le cyborg, pour l'entourer d'une étreinte d'acier, venant renforcer la prise du Batman, et ancrant notre ennemi commun au sol. Nos regards se croisent. On sait tous les deux ce qui nous attend. Et on hoche la tête, actant qu'on restera là, jusqu'au bout.

- Allez-y, on le tient Batman et moi ! Passez ! VITE !

- M1SERABLE PET1T...

SCHPUKLONK

Allez hop, coup de boule sur son émetteur vocal !
Le métal s'enfonce sous mon front, et même si ça fait mal, ce sera moins désagréable que d'écouter un mot de plus de ce triste sire.

Spoiler:

"Nos petits jeux"... qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre... rageai-je intérieurement alors que l'haleine fétide d'un Bizarro m'agressait de trop près. Coup de tête.

Ca sonnait. Trois autres remplacèrent mon précédent adversaire qui se tenait le nez en criant "ça faire du bien !!!!!". Ils étaient agressifs et leur désorganisation n'aidait pas à prévoir leur prochaine action. J'esquivai un coup de poing alors que les discussions allaient bon train dans mon dos. Pas le temps de me concentrer dessus plus que ça hélas. L'un d'eux voulut me ceinturer mais je glissai en m'envolant. Un autre attrapa ma cape. Un quatrième déboula et fonca droit vers mon ventre, les deux poings bien fermés en avant. Pas le temps de faire autre chose que de croiser les avants-bras devant moi pour me prémunir du choc. Je n'avais pas l'équipement de Wonder Woman, mais j'espèrais bien parvenir à encais...

Le contact fut violent. Je sentis mes bras me hurler des insultes dans une langue oubliée ; l'onde générée nous écarta les uns des autres. Au moins je gagnai de la distance.

Je quittai le sillon que mon atterrissage avait creusé dans le béton et découvris tout d'un coup Sideways en train de frapper une carcasse métallique. Qu'est-ce que qu'il s'était passé là ? Un tunnel ouvert, Miracle qui parlait de tunnel-boom et de synchronisation...

Un mur s'effondre et un nouveau panache de poussière camoufla l'avancée d'un nouveau groupe de Bizarro.

Rayon calorifère pour les retarder un peu

Tout le monde se regoupa alors que la structure des lieux commençait à dangereusement vaciller. Je vis des lézardes devenir des failles béantes. Des coulées de terre poussiéreuse commencèrent à s'engloutir certaines zones. Des poutres en acier chargées de soutenir des pans entiers grincaient et se tordaient. Les réfugiés civils crièrent alors qu'ils essayaient de rester près des justiciers encore debouts.

Je volai rapidement vers le robot-luthor et lui arrachais la tête. Il fallait que nous soyons tous concentrés sur l'évacuation, pas faire de la dentelle. Nouvelle course à super-vitesse pour contrer un Bizarro qui allait écraser un enfant en larmes.

Laisse faire la chose...

Le superman version débile força pour essayer de finir son mouvement mais je tenais sa jambe et n'entendais pas la laisser finir son mouvement, même si quelque chose en moi désirait ardemment voir le résultat. L'enfant fut récupéré par une adolescente ou une jeune mère, je n'avais pas bien vu. Je fut alors projeté par un puissant coup de pied qui vint martyriser mon dos. J'emportai une poutre qui se trouvait malheureusement dans ma trajectoire. Un morceau du plafond s'effondra sur moi et une poignée d'ennemis qui étaient trop proches.

Pas le moment de finir enterrée vivante...

Mais je fatiguais. Sous terre, sans l'apport du Soleil, avec des bras et un dos maltraités, la tête bourdonnante de mon contact récent avec la poutre et le toit, je commençai à manquer d'énergie.

Laisse faire mamie...

Un flash. Elle qui étranglait un guerrier à main nu. Elle qui volait dans les cieux et traversait de part en part un vaisseau de guerre. Elle qui givrait une procession diplomatique... Moi qui grillais le cerveau d'un général qui présentait une reddition...

Soudainement, j'étais debout sous la Terre. Mon sang bouillais tandis que je puisais dans une réserve d'énergie que j'aurais aimé garder cachée. Lorsque mon poing transperça la plaque de béton qui me servait de tertre, de multiple blocs vinrent pleuvoir autour de moi.

Les Bizarros... leur seule vue m'emplissait de haine et de colère... des ennemis qui m'avaient défiée... Cette fois-ci l'heure était venue de...

... tuer.

D'abord la nuque du plus proche ennemi.

Leur peau était résistante, leurs os aussi. Mais mes doigt parvinrent à passer l'épiderme comme s'il n'était qu'un tissu de velours trop fragile.

J'empoignai la colonne vertébrale et je tirai d'un coup sec.

Le bruit, l'odeur, le corps qui glissait sans vie devant moi... C'était délicieux, mais les larmes qui coulèrent sur mon visage ne furent pas des larmes de joies...

Faites qu'ils arrivent rapidement à évacuer... songeai-je alors que j'observai impuissante mon corps agir...

[HRP]
- Désolé du temps de réponse !
[/HRP]

Blue Beetle entend trois cris… Ou un seul ? Difficile à dire avec tout ce capharnaüm dans ses oreilles. Mais lorsqu’il se retourne, il constate avec effroi que trois de ses alliés se sont fait avoir par… Le Lex Luthor. Evidemment… Comment ont-ils pu penser que ce cerveau puisse être différent de ses autres versions du Multivers, hein ? Visiblement, il a profité d’avoir accès à l'énergie de ces trois héros pour ouvrir un portail qu’il compte prendre tout seul. Ted braque son BB-Gun vers le robot-Luthor mais ne peut pas tirer sans toucher la Flash, le Green Lantern et Sideways en même temps. Il paye son hésitation en se faisant repousser par une explosion sur le côté. Un nouveau mur s'effondre... La poussière balayée par le combat fait pousser le justicier. Il fait une roulade pour éviter le pied d'un Bizarro qui ne l'a même pas vu... Dans le même mouvement il se relève et se tourne de nouveau vers le robot... qui est fort heureusement maîtrisé par un allié. Le très discret Batman de ce monde empêche le traître de s’enfuir.
« Direct et efficace, comme d’habitude, Bat’ ! »

Le justicier en bleu peut donc décharger son pistolet sur des Bizarros autour d'eux. Ils ont l'air bien trop désintéressé par ce tout nouveau portail, d'après les mots qu'ils beuglent... Et dans le fond, Ted entend quelque chose qu'il capte comme la phrase la plus censée de tout ce qui lui arrive dans les oreilles dans ce maudit sous-terrain ! Allez-y ... ?
« On part tous ensemble, Sideways ! »

Ted aide Green Lantern à se lever, qui lui-même soutient Flash. Il les couvre, en tirant tout ce qui lui reste de munitions, pour permettre aux autres de se dégager et de se rassemble vers le portail. Les Bizarro sont repoussés par les rafales d’air qu’il envoie, mais ça ne sera jamais suffisant pour les arrêter… Ted fait au mieux pour aider Kara, qui s'est retrouvée dans la mêlé avec ces brutes... La force qu'elle déploie pour se dégager est colossale, voir même effrayante… Le traitement qu’elle leurs fait subir dépasse l'entendement... Nom de Dieu…
En voyant autant de violence, Blue Beetle perd un peu ses moyens. Il secoue la tête et essaye de tirer... Rien ne se passe.
« Merde... ! »
Il est à sec.
« Ray, Scott… On est prêt à partir mais est-ce qu’on sait seulement où mène ce portail ? »
Ted entend le désagréable son d’une nuque que l’on fait craquer avant de percevoir celui de… Qu'est-ce qu'elle vient de ... ?!
« Kara ?! »
Bordel…
« K-Kara, on dégage d’ici ! Maintenant ! »

Kord réfléchit à toute vitesse. Peu importe où mène ce foutu portail, du moment qu’ils s’en sortent tous. Parce que rien ne sera jamais pire que ces lieux de chaos total ! Et il n'est pas question de rester dans cette mêlée sanglante une seconde de plus. Blue Beetle se concentre sur les derniers mots de Ray... et surtout ceux de Mister Miracle.
« Cet endroit s’effondre, mais il doit bien y avoir quelque chose pour provoquer une explosion après notre départ. Si cela peut permettre de repousser les Bizarro dans ton Tunnel-Boom, Scott ? Je peux te faire ça ! »

Il reste pas mal de ressources dans cette planque qui peuvent brûler et les ordinateurs peuvent faire l’affaire pour être court-circuités. Une fois les Bizarro envoyés ailleurs, le bouclier d’Atom fera l’affaire pour empêcher des nouvelles attaques sur cette planète… Et peut-être qu’ils auront plus de temps pour réfléchir à une solution pour revenir plus tard. S’ils s’en sortent vivants...
On va s'en tirer...
Ted se prépare à agir de concert avec les autres. Pour qu'ils puissent tous s'en aller, sain et sauf.







[HJ : à mon tour de m'excuser pour cet affreux retard pour un post franchement moyen :/ /HJ]

Le combat est... un gros bazar, faut se le dire.
Avec la technologie de Mister Miracle, les tirs énergétiques de Blue Beetle et l'effrayante force brute de Power Girl, l'ancien QG des survivants de la Terre-38 ne ressemble plus à grand chose... si ce n'est un champ de bataille jonché de corps de clones brisés, abattus, et de quelques civils qui n'ont pas eu de chance. Mais malgré notre résistance héroïque, nous n'allions pas pouvoir tenir dix minutes de plus. Pas après tout ce qui vient de nous arriver.
Mais ça tombe bien, nous n'avons pas à le faire ! Car à peu près au même moment, le portail finit de se stabiliser (sans que le LuthBot décapité ne puisse assister au spectacle) et la technologie d'Atom se calibre avec la fréquence universelle pour déclencher le bouclier isolationniste; ils seront peut-être presque seuls, mais en sécurité, et c'est bien le plus important avec ce maboule de Lex Luthor encore dans la nature !

Les survivants passent vite à travers la faille dimensionnelle, tout droit vers notre monde.
Flash, Green Lantern, Supergirl ne posent pas souci. Batman, un peu plus. Alors je l'y pousse, sans ménagement... j'ai... poussé... Batman. Je le sais, je le sens... je vais le regretter. Mais pour le moment, on a d'autres chats à fouetter. Dans le cas présent, des Bizarros ! Qui, comme attirés par l'univers derrière le portail, s'élancent en masse vers nous !
Tout le monde passe, et il ne tient plus qu'à moi...
...de...
...fermer un truc alimenté par la Speed Force, le Spectre Emotionnel et ma propre énergie !
Allez Derek, force un coup... force un coup... ils... se... rapprochent...
Ca brûle dans mes bras, ça brûle dans mes poumons, alors que j'extraie difficilement ma force de cette spirale dimensionnelle... et... ENFIN ! Dans un chuintement terrible, l'ouverture se ferme, et... urgh. Quelque chose est quand même passé.

- Oh. Un bras...


Un bras de Bizarro.
Je me tourne vers mes coéquipiers, peu sûr de ce que je dois faire, et... je hausse les épaules.
On va bien trouver une utilité à ce matériel génétique déviant.

Trois heures plus tard...


Une cuisine.
Technologique. Chromée. Bois et marbre noir.
Un feu s'allume. Il brûle. Il s'agite. Il sourit quand une plaque de métal vient le couvrir, comme pour l'étouffer. Parfois, quand je la vois danser comme ça, je me sens un peu coupable...
Mais je ne m'arrête pas pour autant. Une mission sacrée doit être accomplie !

PSCHHHHHHHH

La cuisson de la viande pour le repas promis à Power Girl après la mission.
Evidemment !
Et quitte à faire ça, autant partager avec tous les membres de cette petite équipée sauvage, hein. Bon, le temps qu'on puisse les renvoyer chez eux, les exilés de Terre-38 ont été installés, avec leur accord, à Mosaic City. Toute une zone de la cité alien s'est transformée en accueil pour fuyards dimensionnels, au moins le temps qu'on mette la main sur la cause de toute cette pagaille. Mais à part ça, c'est sûr maintenant; leur monde est isolé, et les Bizarros ont été réduits en poussière par l'énergie spatio-émotionno-speedique dégagée par le portail quand il s'est refermé. Merci Robot Lex Luthor, finalement ! J'ai eu bien mal, mais ça a sacrément servi.
Une main sur la poignée de ma sauteuse anti-adhésive, je tourne la tête vers mon équipe, l'air penaud depuis maintenant de trèèèès longues dizaines de minutes.

- Je suis encore désolé d'avoir été aussi... hrm... abrupt ? Indiscret ? Intrusif ! Voilà, intrusif !

Oui, j'ai du mal à trouver mes mots.
Mais en même temps, j'ai parmi les plus grands génies de la planète dans la cuisine de la YJ Tower, et je leur prépare un repas du feu de Tempus en même temps ! C'est légitime de cafouiller un peu, là.


Hop hop hop, on fait sauter la viande, on la fait revenir dans la petite sauce, on poivre, on sale, on assaisonne, on sort les assiettes et on dresse rapido presto pour les ventres affamés qui attendent à table ! Et on oublie surtout pas de relancer une tournée derrière pour ceux... ou celle... qui auraient encore faim après ce début de repas copieux.

- Mais j'ai quand même trouvé les meilleures personnes pour cette folle aventure ! J'aurais pas pu espérer mieux.


J'apporte sur la table les premiers plats, et verse du soda dans tous les verres; je sais où Joey planque une bouteille ou deux, mais déjà ce serait pas très sympa de piocher en douce, et pis j'ai que dix-neuf ans, moi. Après, en bon héros, faudrait que j'aille me dénoncer à la police, et indiquer que c'est la faute de Joey, et tout...
Que je n'ai pas revu depuis un bout de temps, quand même...

Mais on verra ça en temps et en heure.

Parce que là, c'est le moment de lever son verre à la réussite de cette aventure étrange, en d'étranges contrées ! Je brandis donc mon petit soda, et lance avec beaucoup d'enthousiasme:

- Aux sauveteurs de la Terre-38 !

Spoiler: