"Everybody should move on. Some do, but not us." [Joey Wilson]

_____Je n’aurais pas cru me remettre aussi rapidement de mes blessures. La personne qui m’avait soigné avait affirmé que mes blessures étaient plus impressionnantes visuellement que dangereuse pour ma vie. L’hémorragie cérébrale qui avait probablement été provoqué par l’attaque psychique du Chroniqueur avait été stoppé avant de faire plus de dégâts. Grace à mes pouvoirs, j’avais pu me relever assez rapidement mais le médecin m’avait conseillé de me reposer et de ne pas reprendre l’entrainement psychique tout de suite. Aucun neurone n’avait été atteint ou détruit durant cette attaque mais le docteur Mid-Nite préférait rester prudent sur son diagnostic.
Il ne connaissait pas mes dons, leurs manières de fonctionner, il savait seulement qu’elle était alimentée grâce à mon énergie vitale. Lorsque je me suis réveillé, Rose était encore à mon chevet elle était restée assez longtemps pour s’endormir sur le fauteuil. Elle l’avait glissé près du lit pour veiller sur moi, c’était adorable de sa part. Elle avait beau être la plus petite de la famille, c’est elle qui veillait sur moi.

J’ai suivi les instructions du médecin en évitant les entrainements quelques jours, par précaution et j’ai levé le pied tout en restant à l’académie pour être à la disposition du médecin en cas de besoin. Malheureusement, je devais aussi camoufler ma petite aventure aux experts qui me collait au cul depuis ma sortie au tribunal. Avec tout ce qui m’était arrivé, il m’était encore difficile de faire confiance à des inconnus. Ils sont nombreux à vouloir me manipuler pour arriver à leurs fins et je ne devais pas baisser ma garde. Je préférais donc garder cette expédition secrète. C’est pour cela que j’ai préféré demander à Rose de nous trouver quelqu’un de confiance pour me soigner, quelqu’un qui connaissait mes pouvoirs et leur fonctionnement comme sa poche, ou presque.

J’avais encore ma chambre à l’académie mais je n’aimais pas réellement rester entre quatre murs éternellement. C’était une source d’angoisse que je ne voulais pas subir. Ce jardin était comme un deuxième repaire pour moi, un endroit assez grand pour ne croiser personne tout en apercevant du monde lorsqu’on baladait son regard de gauche à droite.
J’utilisais cet endroit pour mes séances de méditation. C’est John qui m’avait appris ça, il pouvait se montrer utile lorsqu’il n’avait pas le nez dans ses alcools fort. La méditation m’aidait à contrôler mes émotions, à en apprendre plus sur moi-même et au fonctionnement de mon propre corps, de mes pouvoirs. Je pouvais connaître mes limites grâce à ses séances et cela me permettait aussi de penser à autre chose. J’étais agenouillé sur le sol synthétique, les jambes croisées en tailleur, les poignets délicatement posé sur mes rotules. J’avais gardé mes yeux fermés pendant plus d’une heure maintenant, explorant mon propre esprit et le façonnant comme bon me semblait.

Malgré ma totale concentration, j’étais capable de sentir une présence et une voix familière se rapprocher de moi. J’ai ouvert une première paupière, avant d’apercevoir une silhouette imposante juste devant moi. Elle venait des airs et elle avait doucement se poser sur le sol. Je n’ai pas mis longtemps avant de reconnaître Superman, les couleurs ne trompaient pas. Pourtant, je n’étais pas certain qu’il soit réellement là, en face de moi, ça semblait irréaliste et je ne m’attendais pas vraiment à sa présence. Qui espérerais voir l’idole de son enfance venir aux nouvelles ?

« Su…Superman ? » Lorsque mes deux yeux se sont ouverts, j’ai créé un lien télépathique entre nous. « C’est toi, c’est bien toi ? J’ai l’impression que c’est un rêve. »

J’ai attendu quelques secondes, le temps que mon esprit fasse disparaître les dernières illusions pour ne laisser apparaître que le monde réel. C’était la vrai Superman en face de moi, qui est venu aux nouvelles. Je ne pensais pas qu’il se souciait autant de moi. Je suis pratiquement resté bouche bée pendant un moment.

« Je… J’ai eu envie d’étriper personne quand Papa est mort. Je suppose que c’est une bonne chose. Je peux facilement m’emporter mais… je suppose que les médicaments que je prends m’empêchent de surréagir. J’ai eu tellement de chose à penser que… je n’ai pas réellement prit le temps de prendre conscience de tout ce qui se passait. En plus, j’ai une petite sœur cachotière qui refuse de m’impliquer dans la paperasse… probablement parce que je ne peux pas réellement toucher le moindre document administratif sans avoir mon tuteur derrière mon dos. Je… quelque chose s’est passé ? »

_____Je me suis progressivement redressé pour faire face au grand Superman. J’aurais eu besoin de quelques centimètres supplémentaire si je voulais l’égaler physiquement mais c’était déjà impressionnant, pour le petit enfant qui sommeillait en moi, de faire face à son idole. Il s’est montré extrêmement bienveillant, sa voix était douce et il semblait sous-estimé sa réputation de héros. J’ai laissé échapper un sourire gêné lorsque j’ai eu la maladresse de le confondre avec mon imagination. Il faut dire que la situation était assez inattendue.
Je ne peux pas dissimuler ma stupeur lorsque Superman me fait comprendre qu’il n’était pas seulement là car la situation l’avait guidé jusqu’à moi. J’aurais dû comprendre qu’il se faisait réellement du souci pour moi. Il était resté à mon chevet lorsque j’étais au plus mal et menacer par Waller. Il était également venu aux funérailles de mon père, je pensais que c’était seulement pour rendre hommage à un vieil ennemi. Maintenant il était là, devant moi et je ne savais pas quoi dire sur ces mots.

« Tu… non je pense que tu ne veux désespérément pas savoir ce qu’il se passe dans ma tête et dans mes cauchemars. » répliquais-je avec un ton légèrement amusé.

Oh je ne faisais pas référence à des rêves érotiques ou bizarroïde, loin de là. Mon esprit était malheureusement beaucoup trop fragile et détruit pour imaginer ce genre de chose. Comme beaucoup de psychique, j’ai la capacité de modifier mes rêves et de les contrôler comme bon me semble. Malheureusement, mes traumatismes reviennent au galop et transforment mes rêves en cauchemar. Ce n’est pas quelque chose que des médicaments peuvent soigner.
Superman me confirme qu’il est en étroite relation avec Ray et que c’est probablement lui qui lui donnait des nouvelles de ma situation. J’aurais pu prendre mal le fait qu’il divulgue des informations sur ma vie privée mais il s’agissait de Superman, je pardonne quand il s’agit de Superman ! J’ai laissé échapper un autre petit sourire timide sur mes lèvres avant d’hocher la tête pour acquiescer à sa demande.

« Discuter ? Ouais, ouais j’adorerai ! » affirmais-je avec toute l’enthousiasme possible. « T’en fais pas pour les médocs, j’ai appris à vivre avec, en quelques sortes. »

Il était inutile de rester planter là, immobile comme deux idiots. L’endroit était assez grand pour être explorer et Superman avait ouvert la marche. Je lui ai emboité le pas très rapidement. Il faisait l’éloge de cet endroit caché et paradisiaque. J’ai laissé échapper un rire, oui j’aimais cet endroit. Il est calme, reposant et il n’est pas blindé d’étudiants.

« Ouais, c’est l’endroit idéal pour la méditation. Je m’y rends de temps en temps, ça permet de reforger un peu mon esprit et… réparer les dégâts psychiques. J’ai besoin de calme et… d’un endroit où je me sens en sécurité. »

Parce que j’avais besoin de repos, de sérénité, de me sentir en sécurité. Je sais ma santé mentale fragile et je connais également mes pathologies. Même si j’étais entouré de personnes compétentes, je devais également y mettre du mien et agir de mo côté, seul, devenir plus fort. Cet endroit semble également des souvenirs chez Superman, des périodes de sa vie que j’ignorais complètement. Je pouvais lister les ennemis qu’il a vaincu, mais je n’avais pas entendu parler de cette forteresse.

« Quoi ? Tu as une sorte de repaire ? Comme Batman ? Oh ! tu as volé l’idée à Batman ou c’est lui qui s’est inspiré de toi ? A quoi te sert donc cette Forteresse ? Wonder Woman, Green Lantern, ils connaissent cet endroit ? Je veux entendre tous les petits ragots de la Justice League »

Je suis curieux, très curieux. J’aimais entendre les derniers ragots, apprendre comment vivait les héros qui avaient bercé mon enfance, des héros bien plus grands que moi. J’étais peut-être un peu trop intrusif sur la vie privée de héros qui ne me connaissaient qu’à travers les médias et ma mauvaise réputation en tant que fils de Deathstroke et celle qu’on me renvoyait. J’avais fini par m’y faire et à ne plus trop accordé d’attention sur ça, ça ne ferait que me rendre plus malheureux.
Ray avait également fait part de ma première aventure dans le Microvers avec lui. Cette dernière s’était montré relativement dangereuse à mon égard et Ray s’en était voulu pour ce qui m’était arrivé. Heureusement pour moi, je m’en suis tiré avec plus de peur que de mal

« Je sais qu’il s’en veut beaucoup mais il n’a pas à s’en faire. Je m’en suis remis, je vais bien. C’était tellement inattendu comment aurait-il pu prévoir tout ça ? » J’ai dévié mon regard vers lui. Des étoiles sont apparues dans mes yeux et un sourire sincère s’était dessiné sur son visage. « Et puis, ouah c’était incroyable de découvrir ce monde ! »

Je ne pouvais pas être plus sincère face à cette expérience. Même si elle m’avait effrayé sur certains points, je me souvenais surtout des bons moments, de ces paysages improbables qui gravitaient autour de moi. Pour une fois je me suis à nouveau senti comme un Titans, une sensation que je n’avais pas connu depuis ma résurrection. C’était un mélange de sentiment contradictoire mais le positif finissait toujours par revenir au galop dans mon esprit.
L’orientation de la conversation s’est rapidement tournée vers moi. Superman semblait réellement intéressé par mon cas et voulait savoir comment je me portais, comment je réagissais à tout ce qui m’arrive et m’est arrivé. Il s’est montré très sincère dans ses paroles, des paroles qui ont fini par me toucher. Lentement, notre marche nous avait directement mené directement dans la bibliothèque des Jardins, un endroit qui semblait fasciné Superman.

« Hmm… Vaguement. Tu sais, mon esprit est malheureusement un peu trop occupé pour se concentrer sur la littérature. Mais… ouais il fut un temps où je me suis aventuré d’ici. C’était mes premiers jours à l’académie. Je… je cherchais une solution à mon principal problème à cette époque. »

J’ai commencé à m’éloigner de Superman pour faire les cent pas dans cette bibliothèque. A cette heure de la journée, il n’y avait personne dans cette pièce et nous étions seul. Que nous soyons seul ou non ne changeait pas grand-chose grâce au canal télépathique que j’avais créé. J’étais devenu plutôt bon dans ce domaine. Mon attention s’est tourné en direction de Superman pour revenir au cœur du sujet de la conversation, moi.

« Je… je ne sais pas. Oui, oui je vais mieux. Je suis dans une meilleure situation que tout ce qu’il s’est passé depuis que je suis revenu d’entres les morts. Je ne suis plus considéré comme un terroriste mais cette réputation sera toujours un poids sur mes épaules. Je suis libre mais j’ai l’obligation d’être suivi par des personnes que je ne connais ni d’Adam ni d’Eve et je dois leur raconter toute ma vie, mon existence, mes émotions. Je suis obligé de prendre un traitement pour avoir l’esprit clair. Je ne sais pas encore comment me débarrasser de mon parasite et je ne sais pas si c’est une bonne chose de me le retirer étant donné la liste des pathologies mentales qui me pendent au nez. J’ai des pouvoirs incroyables, mais dangereux et j’ai l’impression de ne pas avoir l’esprit assez fort pour les contenir. On a toujours cherché à m’exploiter pour ce que ce don pouvait offrir, le contrôle de masse, la manipulation… » J’ai haussé les épaules avant de laisser échapper un léger sourire. « J’essaye de prendre la vie du bon côté, ce n’est pas toujours facile mais je tiens bon. J’ai des gens autour de moi, des professionnels, parfois des connards qui ont un semblant de bon fond derrière leurs paroles crades, des héros, des gens qui croient en mon innocence, ma famille. Oui, je vais bien mais je mentirais si je disais que TOUT va bien. Je suis encore… un peu perdu. »

_____Confier ses craintes et ses doutes à son héros d’enfance est bien plus facile qu’à mon psychiatre. Je ne pensais pas que ça serait aussi facile. Je ne suis pas une chauve-souris, je ne cherche pas à dissimuler mes émotions, je n’en ai pas honte. Je ne suis pas un mur de brique, comme mon père ou ma mère. J’ai finalement dévoilé ce que j’avais sur le cœur, sur mes doutes face à mes pathologies, ma réputation et mon parasite. Bien sûr, nous n’avons pas parler que de ça. Ma curiosité m’a poussé à lui poser quelques questions au sujet de ses collègues, Batman et la Justice League.
Je ne m’attendais pas à ce qu’il me propose un badge pour entrer dans le Hall de Justice. Je me suis retourné vers lui, soudainement immobile, les yeux écarquillés. Je me suis pratiquement retrouvé bouche bée, sans avoir les mots pour répondre à cette proposition. Je pense que pendant un instant, le canal télépathique que j’avais crée entre nous deux. Je ne m’attendais pas à une proposition pareille.

« Je… tu es sûr ? Je veux dire… Ouais ça serait ouf d’en avoir un mais… tu es sûr qu’ils accepteront ? Je comprendrais s’ils refusent, je ne suis peut-être pas assez digne de confiance pour avoir ce privilège. Tu ne penses pas ? »

Son clin d’œil me fait souffler du nez, j’en rigole. Oui ça m’arrive d’être à l’affut des petites histoires de super-héros, des histoires relationnelles et compagnies. Pour autant, je savais que ma réputation était un frein pour atteindre le sommet dans le monde des super-héros. Peut-être qu’au fond, je ne voulais pas être à leur échelle, seulement un petit héros du dimanche, celui qui se contente de sauver la veuve et l’orphelin. Je ne pensais pas avoir plus d’ambitions que cela.
Pour autant, Superman m’a remercié pour m’être livré à lui. C’était pourtant plus facile pour moi de parler à un idole d’enfance, j’avais confiance en lui. J’avais peut-être tort d’être aussi ouvert avec lui alors que j’ignorais une bonne partie de sa vie, son existence, son caractère. J’ai peut-être laissé ma naïveté l’emporter.

« C’est beaucoup plus facile de me confier à toi qu’avec le psychiatre qu’ils m’ont collé. Je ne sais même pas s’il se soucie réellement de moi ou s’il se contente de compléter mon dossier médical. Il n’a pas vraiment de sympathie pour moi, je crois même qu’il a peur de moi. En fait, il me prescrit juste mes médicaments, c’est tout. Je me sens… un peu plus à l’aise en parlant de ce que je ressens à quelqu’un que j’estime digne de confiance et… tu as bercé mon enfance. C’est, c’est comme si tu avais fait partie de ma famille, en quelque sorte. »

Superman m’estimait assez mature pour poser mon diagnostique. Avec les jours d’isolements, les méditation, j’avais apprit à avoir un peu de recul sur mon existence. Ce n’était pas une situation catastrophique mais je savais que je n’étais toujours pas tiré d’affaire. J’étais encore un peu perdu, égaré par des questions sans bonnes réponses. J’ai laissé échapper un sourire pour le remercier de ce compliment. J’ai baissé la tête de manière plutôt humble, même si je prenais le compliment, je ne pensais pas mériter les bonnes paroles de Superman.
Ensuite, il s’est ouvert à son tour pour me partager sa théorie autour de mes doutes, mes craintes et mon environnement. Clark avait grandi dans un endroit, une famille beaucoup plus saine que la mienne. Je ne pouvais que valider ce fait, la violence physique et morale était présente, que ça vienne de mon père ou de ma mère. Chacun avait leur manière d’être toxique et Grant a malheureusement commencé à adopter le même caractère en voulant se protéger. J’avais été une exception à la règle Wilson mais ça n’avait pas été sans conséquence. Je ne pouvais pas dire que j’étais sorti indemne de cette expérience.

« Oui, je n’ai pas grandi dans un environnement favorable. Tu sais, quand Papa a découvert mes pouvoirs, j’ai pensé qu’il allait m’engueuler, que j’allais passer un sale quart d’heure. Il n’a pas été violent mais il m’a fait comprendre que ce don allait attiré beaucoup de convoitise, des personnes mauvaises qui allaient me faire du mal pour exploiter mes pouvoirs. Sur ce coup-là, je ne peux pas dire qu’il n’avait pas raison, pas après tout ce que j’ai vécu jusqu’à aujourd’hui. Ma mère a vu une opportunité de dépoussiérer sa carrière d’espionne avec moi. J’avais le talent idéal pour ça. Finalement, je me suis dis que ce don pouvait servir à aider autrui et avec les crimes de mon père… c’est comme ça que j’ai fait partie des Titans et que je suis devenu Jericho. Ma mère avait une autre idée derrière la tête mais elle a accepté ma voie, malgré ses ambitions. »

Désormais, l’identité de Superman avait été dévoilé au grand jour. La mienne n’avait jamais réellement été un secret, j’étais le fils de Deathstroke. Avec le procès, il n’y avait plus de mystère entre Jericho et Joseph Wilson. Nous étions plus ou moins dans le même bateau. Il s’était installé sur un des poufs en hauteur. De mon côté, je me suis contenté de continuer mon exploration de la bibliothèque. Il fut un temps où j’avais passé des heures à chercher des solutions pour me débarrasser de mon démon. Plus le temps passait et plus je me demandais si c’était une bonne idée de le rejeter. Même si je ne supportais pas sa présence, son aura mystique protégeait mon esprit et ma santé mentale de mes pathologies et une partie de mon stress post-traumatique.

« Et il n’y a pas que mon environnement. Très rapidement, Maman a senti que j’avais parfois un comportement… différent à force d’entrer dans l’esprit des gens. Elle m’a confié à des spécialistes, à Arthur Vilain qui possédait une technologie suffisante pour se rendre compte que mon cerveau avait des prédisposition pour la schizophrénie. J’ai caché ça aux Titans, j’avais peur qu’on me prenne pour des fous. Avec tout ce que j’ai vécu jusqu’ici, de nouvelles pathologies se sont cumulés, syndrome de stress post traumatique… Si l’aura mystique d’Amy ne me protégeait pas, je serais déjà… dans un hôpital psychiatrique. »

J’ai repensé aux paroles de Superman, me proposant un environnement beaucoup plus positif et favorable pour guérir de mes troubles. C’est une certitude, j’avais besoin de m’éloigner du stress, de cette paranoïa qui était ancré dans mon esprit.

« Oui, j’ai besoin d’un environnement où je peux être sûr qu’un Anton Arcane ne me saute pas à la gorge pour me torturer ou m’exploiter. J’ai… besoin d’être entouré de personne de confiance, positive pour réduire tout le stress et l’anxiété que j’ai accumulé en Europe. Ce n’est pas parti, c’est toujours là et j’ai peur que ça reste. »

Superman a reporté son attention sur un ouvrage qu’il avait trouvé dans l’une des bibliothèques, un livre sur une étude psychologique concernant le justicier de Gotham. J’ai abandonné très rapidement mon activité pour galoper en direction de Clark pour me mettre à sa hauteur et avoir un regard sur le contenu de l’œuvre.

« Nan ? Sérieux ?! LE BATMAN ? Le gars avec les oreilles pointues qui te jugent à travers son masque ? » J’ai signé les oreilles de Batman avec l’index de mes mains au-dessus de mon crâne. « Qu’est ce qu’ils ont bien dû trouver ? Une soif de vengeance inlassable ? Un deuil qu’il n’a jamais réussi à faire ? »

_____J’ai laissé mon regard se balader dans toute la bibliothèque avant de reporter mon attention sur Superman. Je peux sentir à travers son regard un visage bienveillant, quelqu’un qui veut sincèrement m’aider et qui semblait désolé de ne pas pouvoir faire plus que de prononcer de simple parole. Mon canal télépathique n’est pas toujours stable et il arrive que des informations me parviennent sans que je le veuille. Je n’osais pas dire ce que je découvrais et j’essayais de les oublier. Je ne voulais pas apprendre ce genre de chose sans le consentement de la personne. Cela me rappelait des mauvais souvenirs et je ne voulais pas le faire.
J’ai chassé ces idées de la tête lorsque Superman a répondu à mes interrogations concernant la Justice League. Je ne pensais pas être capable de rejoindre des héros aussi grand mais les paroles de Clark me vont droit au cœur.
J’ai été membre des Titans mais je n’étai pas un élément important. Je venais en aide à mes amis lorsqu’ils avaient besoin de moi. A côté, j’essayais de suivre mes études et de faire le bien auprès d’association. En tant qu’élève de la Justice Académie, je n’étais pas le meilleur élève. J’étais un étudiant à mi-temps. Je manquais la plupart de mes cours à cause de mes parasites et des effets secondaires des médicaments. Pourtant, cela n’a pas empêché Superman de me confier son badge pour aller au Hall de Justice. J’ai observé le badge avec des yeux écarquillés, je ne m’attendais pas vraiment à cela, j’ai même pensé que c’était une fausse. Timidement, j’ai saisi la carte pour l’observer de plus près.

« Je… je ne sais pas si je le mérite. C’est… c’est à toi. Je ne peux pas me permettre de… Je ne sais pas quoi dire c’est improbable et… incroyable. »

Superman a confiance en moi, c’est quelque chose d’improbable. Au fond de moi, j’avais l’impression qu’il commettait une erreur car je ne pouvais pas maîtriser les actes de mon parasite. Même s’il avait de moins en moins d’influence sur moi, il n’en restait pas moins une menace. J’avais peur de le mettre dans l’embarras, l’entrainer avec moi dans ma chute mais il semblait si sûr de lui que je n’ai pas oser faire opposition de son offre.

« Je la garderai précieusement. Je ferais… de mon mieux pour que tu n’es pas à regretter cette décision. »

Puis je me suis confié sur mon enfance, ma vie et une partie de mes pathologies. Aujourd’hui elles ne sont pas visible grâce à l’aura mystique de mon parasite et les médicaments que je prenais avec grande précaution. Doucement, il déporta son attention du magazine qu’il lisait pour se tourner vers moi avec un regard sincère et un sourire doux. Il me remerciait pour la confiance énorme que je lui apportais, alors qu’il venait de me donner quelques minutes plus tôt la clef pour se rendre au Hall de Justice. J’ai toutes les raisons de lui accorder cette confiance, surtout après l’aide indirect qu’il m’avait donné lors de ma plus tendre enfance.
Il est fier de ce que je suis devenu, de ma résistance et de ma capacité à me relever de tout ou presque. Avec du recul, certaines personnes seraient déjà détruit par tout ce qui m’était arrivé. Moi, je suis encore là, la même personne ou presque. J’essayais comme je le pouvais de faire bonne figure, la magie et les réflexes de mon cerveau m’avaient permis de ne pas finir complètement fou et détruit.

« Je suis détruit mentalement. Les mensonges, Arcane, le procès, tout ça m’a détruit mais je fais semblant que tout va bien. J’essaye de recoller les morceaux comme je le peux. Ça prendra du temps, beaucoup de temps mais je tiens le cou et je suis optimiste. »

Je n’ai pas pu m’empêcher de rougir lorsque Superman m’a montré toute sa reconnaissance et sa fierté à mon égard. C’était assez troublant et déstabilisant comme révélation. Je ne savais pas où me mettre et si je méritais toujours cela, mais je prenais les compliments avec le sourire.
C’est au tour de Clark de se confier. Il me parlait de ses parents qui n’étaient malheureusement plus de ce monde, comme les miens. Il était beaucoup plus proche de son père que moi. Mon père m’a enseigné la violence, ma mère la manipulation. J’imaginais bien comment pouvais fonctionner une famille normale et j’enviais presque la famille de Clark.

« Je pense que, peu importe où ils se trouvent maintenant, ils doivent être fier de ce que tu es devenu et du bien que tu apportes à chaque personne présente sur cette Terre, malgré ta nature kryptonienne. En plus, ça ne doit pas être évident de… ne jamais avoir connu ces parents biologiques. »

Puis il me fait une autre proposition. Clark a des idées derrière la tête et, en plus de vouloir m’aider souhaitant que je fasse partie de son projet. J’étais tellement surpris que je venais de faire tomber le badge que je triturais nerveusement avec mes mains depuis plusieurs longues minutes sans m’en rendre compte. J’ai laissé échapper une grimace de gêne avant de ramasser l’objet et de le glisser dans ma poche pour ne pas le perdre une nouvelle fois.

« Ouah heuum… tu veux vraiment d’un Super-Jericho dans tes rangs ? Ce que j’ai dit pour la Justice League, c’est aussi valable pour… ton projet. J’ai peur que ma mauvaise réputation te fasse faux bond. Mais… ouais, ouais je veux bien de ton aide et je suis prêt à t’aider. Aider Superman c’est… ouah, c’est énorme ! J’arrive pas à le croire. Tu… tu pourrais m’en dire plus sur ton projet ? »

« J’arrive toujours au bon moment ? »

Une voix familière, celle d’Arthur Vilain. Superman l’avait déjà croisé une première fois, il n’était malheureusement pas du bon côté à cette époque. Comment était-il arrivé jusqu’ici ? C’est moi qui avais fait appel à ses services. Même s’il avait une moralité bancale, il connaissait ma santé mieux que personne et je lui accordais une confiance aveugle. C’était le médecin de Papa avant son décès, le médecin de la famille, en fait. J’étais entouré de médecin, techniquement je n’avais pas besoin de ses services mais c’était Rose qui m’avait convaincu de le faire revenir, de lui confier ma santé et lui partager les prescriptions. Elle semblait avoir des doutes envers ses professionnels, j’ignorais pourquoi et elle se contentait de me dire que son instinct lui avait parlé.

« Clark, ne t’inquiète pas. Je… c’est moi qui lui ai demandé de venir. J’ai quelques migraines la nuit. Il vient juste pour des contrôles médicaux. Ma sœur ne fait pas confiance à mes médecins. Il me connait depuis que je suis petit. Rose est censé avoir mis Palmer au courant mais… je ne sais pas si elle l’a vraiment fait. » C’était un canal télépathique entre lui et moi, Arthur ne pouvait pas entendre mes paroles.

« Nous nous sommes rencontrés dans des circonstances… mauvaises mais je ne suis pas là pour veiller sur l’état de santé mentale et physique de Joseph. Contrairement à ce que vous avez pu entendre, je ne lui veux pas de mal et il m’accorde sa confiance. »

« En… en quelques sortes. Il me connait depuis que je suis plus petit. »

« A l’époque où vous teniez encore votre figurine Superman lors d’une prise de sang ? Oui, il n’était pas bien grand, ça doit faire quelque chose de rencontrer son idole ? »

« C’est… embarrassant. » rougissais-je en me souvenant de cette figurine que je devais encore avoir dans un de mes cartons. « Arthur n’a pas la meilleure moralité du monde mais oui, il me connaît et veille sur ma maladie et sur les effets de mon parasite sur mon système nerveux. Il est spécialiste en neurologie et génétique. C’est pour ça que je l’ai dans mes contacts, il est facilement disponible… tu vois ? »

« Je dérange ? Souhaitez vous également un bilan médical Monsieur Kent ? Je suis navré que votre identité ne soit plus un secret mais c'est une chose difficile à garder de nos jours, vous ne pensez pas ? »

_____La présence d’Arthur avait légèrement refroidi l’atmosphère. Clark était assez rancunier suite à leur première rencontre et je devais faire en sorte que la situation ne dérape pas. Malgré ma méfiance à son égard, j’avais le regret d’avouer que j’avais besoin de lui et de son expérience. Il le savait, plus ou moins et je crois qu’il prenait un malin plaisir à taquiner Superman. Je pouvais m’estimer heureux que la situation n’est pas dégénérée dans les premières minutes. Si je ne me considérais pas comme un homme de combat, Arthur l’était encore moins. Il pouvait être catégorisé comme vilain mais ce n’est pas lui qu’on retrouverait en première ligne. Il sait mieux manier les mots, c’est peut-être pour cela qu’il arrivait à avoir la sympathie de ma mère, même si c’était un collègue proche de son ex-mari qu’elle haïssait tant. Elle l’avait gardé dans ses contacts et il avait plus ou moins veillé sur moi durant toute mon enfance.

Je savais que Superman n’était pas du genre à se laisser emporter par la colère, mais je me suis forcé de calmer le jeu avant qu’un feu ne se déclenche. Je n’aurais pas pu convaincre Arthur de ranger les armes, mais Clark avait surement suffisamment de noblesse pour comprendre que je ne voulais pas de bagarre dans l’académie. Si les choses dégénéraient, je craignais que la faute me soit reproché car j’avais emmené une mauvaise personne dans l’enceinte de l’établissement.

Merci Clark, par pitié, ne le tue pas. J’ai vraiment besoin de lui.

Arthur laissa échapper un léger rictus satisfait sur le coin de ses lèvres. J’ai préféré me détourner de la conversation et ouvrir la marche pour les guider jusqu’à la salle prévue à cet effet. Ray m’avait laissé une salle pour mes examens médicaux. Je suis resté devant pour éviter d’avoir à raconter que j’étais tellement fan de Superman que j’avais bien plus qu’une figurine pour dormir la nuit. Clark n’avait pas besoin de savoir tout ça.

« Jericho est une figure proche du peuple. Ce n’est pas un alien, un gosse de riche qui a le droit de s’amuser avec les derniers jouets high-tech de son père. C’était un ado comme les autres qui a dû surpasser son handicap et il a montré à beaucoup de gens que ça ne l’empêchait pas d’être un justicier. C’est une situation honorable. »

« Je suis muet, pas sourd. J’entends votre conversation. Malheureusement, ma réputation n’est plus la même depuis un moment. »

Mais je n’ai pas réellement envie de participer à la conversation. Je suis plutôt concentré sur un but précis, celui d’avoir mes réponses à mes questions sur mon état de santé. Je donnais une confiance aveugle aux experts qui gravitaient autour de moi, des personnes pseudo qualifié qui avait été choisi par la justice pour veiller sur moi. Rose avait beau essayé de me cacher son inquiétude, je la connaissais comme ma poche et ses sentiments avaient fini par m’atteindre. Moi aussi j’avais des doutes quant à leur honnêteté. Arthur avait laissé échapper un nouveau rictus juste avant que l’on atteigne la salle en question.

« Ne soyez pas aussi dur avec vous-même. J’ai l’impression d’entendre votre père. »

La pièce était plutôt grande, la technologie se concentrait au centre de cette dernière. C’est moi qui m’occupais d’allumer les appareils et de les paramétrer. Je faisais en sorte qu’Arthur est le moins besoin de manipuler les machines, car je savais que Ray s’en méfiait grandement. Je ne voulais pas déclencher une autre guerre alors j’essayais de limiter ses interactions avec la matériel de Ray. Arthur aussi était également méfiant, il avait emmené son équipement, notamment son ordinateur portable. Ce dernier contenait des données précieuses, notamment mes rapports médicaux depuis mes douze ans. Il refusait de les partager pour des raisons que je n’avais pas osé demander. Pendant que je terminais les branchements, Arthur se tourna vers Superman une fois la machine démarrée.

« Heureux de savoir que vous vous portez au mieux, Monsieur Kent. » J’ignorais si c’était sincère ou non. « Il est fort dommage que vous ne souhaitiez pas partager vos connaissances avec un homme de science et tout ce que votre race alien peut cacher. N’avez-vous jamais partagé des échantillons de votre ADN ? Votre activité cérébrale est-elle différente de celle d’un humain ? Monsieur Wilson serait-il capable de vous posséder ? Nous pourrions en apprendre tellement plus sur la vie extraterrestre. »

« Laissez-le tranquille, je vous prie. »

Je ne savais pas s’il y avait des attentions malveillantes à la curiosité scientifique d’Arthur mais je préférais rester méfiant. Je suis revenu vers les deux hommes lorsque le matériel était prêt à être utiliser. Il ne manquait plus qu’un dernier accessoire. Arthur sortit de sa sacoche une tiare de métal avec plusieurs branches contenant de multiples capteurs pour enregistrer mon activité cérébrale. Sur la tête, ça me donnait un air presque souverain et j’en ai profité pour apaiser l’atmosphère.

« Sa majesté Jericho 1er s’en va se reposer sur son trône. J’ai toujours eu l’impression d’être un roi lorsque je portais ça. Comme si c’était un jeu… »

« Souhaitez-vous que Monsieur Clark reste dans la pièce ? »

« Oui, sans problème. J’ai envie qu’il reste. »

« Vous avez mis au courant Monsieur Kent de vos problèmes ? »

« Oui, c’est Superman après tout. J’ai confiance en lui. »

« Votre mère n’apprécierait pas ça. » Je me suis contenté de l’ignorer, m’allongeant sur l’espèce de siège réservé au patient. J’avais tellement l’habitude de cet examen que je répétais mécaniquement les gestes. « Soit, Monsieur Kent, le but de cet examen n’est pas de griller les neurones de notre patient comme vous devez probablement le penser à travers vos neurones kryptoniens, mais de vérifier si le traitement qu’on donne à Joseph l’apaise réellement. Je doute que la justice américaine veuille le bien de Joseph Wilson. Je suis simplement là pour le prouver. »

« Je ne sais pas trop quoi dire… »

« Que prenez vous en ce moment ? Vous suivez correctement votre traitement. »

« J’ai pas vraiment le choix. Je prends des anxiolytiques, des neuroleptiques, surtout des antipsychotique je crois. »

« Vous respectez le dosage cette fois ? Vous n’utilisez pas d’autres alternatives médicales du genre… »

« Des plantes vertes magiques qui défoncent grave ? » me moquais-je avec un grand sourire. Il était parfaitement au courant de ma consommation certes un peu plus rare qu’avant, mais toujours là. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans cette académie.

« Ne faites pas l’enfant, le surdosage peut avoir de grave conséquence sur votre état de santé mentale. » Arthur se tourna vers Superman. « Je vais avoir besoin d’une prise de sang, c’est dans vos cordes ou vous préférez épier mes moindres faits et gestes devant mes écrans jusqu’à ce que vous trouviez un geste suspect de ma part ? Monsieur Wilson a malheureusement des penchants toxicomanes et il prend cela à la rigolade. »

« Je ne rigole pas… » J’ai perdu mon sourire, Clark n’était pas au courant de ça et je me sentais soudainement mal à l’aise de le savoir au courant de tout ça. « Je veux dire… c’est pas aussi simple. » J’essayais de me justifier mais je ne trouvais pas les mots.

_____Arthur avait été un peu trop loin dans sa curiosité scientifique malsaine. Il s’était permis des questions indiscrètes à l’égard du kryptonien. Dans les premiers instants, je n’avais pas osé intervenir, estimant que Clark avait les compétences pour décliner ses propositions. Malheureusement, j’avais senti l’arrière-pensée derrière ses interrogations et j’étais intervenu pour lui demander d’arrêter. Il l’avait fait sans réellement réagir, préférant se tourner vers les nombreux écrans qui se trouvaient à sa portée. J’étais soulagé qu’il m’écoute un bref instant, jusqu’à ce que ça soit la goutte de trop. Clark m’avait prévenu avant de s’emballer et je n’ai pas osé l’arrêter.
Au moment où Superman avait balancé ses quatre vérités, j’étais confortablement installé sur le siège médical, prêt pour mon examen. Ils étaient un peu trop loin de moi pour que je puisse intervenir. Si j’avais été un peu plus brute, j’aurais probablement généré une onde psychique pour arrêter leur conversation très rapidement. Malheureusement, je n’avais pas osé faire quoi que ce soit, d’autant plus que j’ignorais comment allait réagir Clark face à mes pouvoirs psychiques. Je n’ai également pas osé faire quoi que ce soit car je savais qu’Arthur n’hausserait pas le ton.

Tout en pianotant sur le clavier de son petit ordinateur portable, Arthur laissa Clark parler sans oser le couper.

« Je prends acte de votre refus, Monsieur Kent, inutile de vous emporter. Je ne suis pas un milliardaire chauve qui a comme seul hobbit d’anéantir votre existence. Je cherchais seulement à vous ouvrir au pôle scientifique. Votre organisme pourrait sauver des vies, qui sait ? » Il n’a pas voulu en dire plus. Il prit un temps de pause pour terminer son paramétrage sur son ordinateur avant de changer de sujet. « Je comprends parfaitement l’idée que Joseph souhaite prendre à la légère ce genre de chose. Malheureusement son état de santé ne lui fera pas de cadeau. Si vous étiez neurologue, vous seriez que la prise de cannabis et autre stupéfiant peu drastiquement augmenter les risques de crises schizophréniques. Pour l’instant, Monsieur Wilson n’a que très peu d’effet secondaire mais cela pourrait très vite changer empirer avec les épisodes traumatiques qu’il a vécu. Auriez-vous oublié ce qu’il s’est passé à St-Roch ? »

Je n’ai pas vraiment osé protester. D’un côté, je savais parfaitement qu’il y avait une grande part de vérité dans le discours d’Arthur. Il ne s’inquiétait pas réellement pour ma santé mais il était conscient des conséquences et du suivi de ma santé mentale. Quand j’avais besoin de me détendre, il arrivait de prendre quelques plantes, rien d’addictif pour l’instant. Je savais que ce qui m’empêchait de faire des crises d’hallucinations, c’était l’aura mystique de mon parasite présent dans mon esprit. Il était devenu, sans le vouloir, le gardien de ma santé mentale, empêchant la maladie de progresser.

« Un épisode de stress intense comme un enlèvement, à l’âge de treize ans à réveiller la maladie de Joseph. Je ne suis pas psychiatre mais au vue des rapports, la maladie semblent stagner depuis sa résurrection, mais tu n’es pas à l’abris pour autant. »

« Je sais mais… ça me détend. Je peux dormir en paix avec ses plantes. »

Finalement, mon regard s’est tourné vers Superman qui s’était transformé en toupie l’espace de quelques secondes pour se métamorphoser en infirmier. Pris par la magie de cette métamorphose, j’ai laissé échapper un sourire sincère et amusé face à la situation. Je l’ai laissé s’approcher de moi pour préparer la prise de sang. Malgré la colère et son manque d’empathie envers Arthur, il souhaitait quand même obéir à ses demandes pour me venir en aide. Je n’ai pas pu m’empêcher de laisser échapper un rire sincère face à cette situation improbable.

« Hahahaha ! Bon sang, si j’avais su qu’un jour, Superman viendrait jouer les infirmiers pour moi, je n’y aurais pas cru. Mon âme d’enfant aurait aimé voir ça. »

J’ai finalement tiré légèrement ma manche pour laisser mon bras nu au service de Clark. Le spectacle n’était pas réellement beau à voir. En retroussant mes manches, on pouvait apercevoir quelques endroits où la peau étaient plus blanches qu’ailleurs, des cicatrices, des traces d’automutilation. Il y avait aussi encore les marques de piqures des sbires d’Arcane qui ont été très brute dans leur manière de faire.

« T’inquiète ça… ça ne fait plus mal. »

Le généticien et neurologue avait déjà commencé la séance d’examen. Il analysait mon activité cérébrale, et faisait ses recherches sur les médicaments qu’on m’avait prescrit. Il avait quelques doutes sur la liste et n’étaient malheureusement pas complètement un expert dans le domaine. Il pouvait simplement vérifier que mon activité cérébrale était la même qu’il y a des années, avant mes nombreux accidents.

Je suis désolé pour tout ce qu’il a pu te dire. Il a toujours eu une éthique assez douteuse mais il n’a jamais fait quoi que ce soit avec moi, rien de méchant. Je crois qu’il craint toujours le fantôme de mon père ou qu’il n’a pas envie que je cherche un autre médecin proche. Nous, moi, papa et Rose, on est le fruit d’une expérience militaire foireuse…

« Vous développez de la télépathie Monsieur Wilson ? » demanda Arthur en examinant les écrans qui renvoyaient mon activité cérébrale.

« Heum… » avais-je réellement envie de tout lui dire ?

_____Je me suis permis de jeter un rapide coup d’œil en direction d’Arthur lorsque Superman a commencé à jouer les infirmiers pour me prendre un échantillon de mon sang. J’avais tellement l’habitude de ce rituel médical que j’avais fini être complètement désensibilisé. Il y a quelques mois, je n’arrivais pas à maîtriser mes émotions et je me suis mis à paniquer, même si c’était fait par des gens de confiance. Cette évolution de mon self-control me rendait heureux, je redevenais peu à peu la personne que j’étais avant que toute cette histoire me tombe sur la gueule.
Arthur avait laissé échapper un léger rictus sur le coin de ses lèvres, amusé par le fait que Superman ne veuille décemment pas lui accorder la moindre confiance. La seule chose qui empêchait Clark de chasser cet homme, c’était probablement moi. Au moins, il était parvenu à faire diversion car Arthur avait découvert une nouvelle activité cérébrale qu’il était en train d’enregistrer en pianotant quelques actions sur son clavier.

« Je ne pense pas être le pire des hommes, Monsieur Kent et vous le savez très bien. » Il haussa les épaules. « J’ai participé à l’expérience qu’à subi Slade et je l’ai accepté son offre de m’occuper de lui, de ses enfants, de sa famille. Son père aimait la discrétion et j’étais assez efficace dans le domaine, ce qui a probablement sauvé la vie de votre ami ici présent. L’armée aurait probablement tuer s’il avait su que leur petite expérience foireuse avait créer des êtres aussi… incroyables. »

Mon regard s’est légèrement baladé en direction de Superman qui avait remarqué les marques peu discrètes de mutilation. Certaines venaient de mon mal-être, d’autres venaient d’Amy et les dernières étaient des souvenirs d’Arcane. Même si je n’avais plus de nouvelles de lui, il avait laissé sa marque dans mon corps et surtout dans mon esprit.

« Touchant. » rétorqua simplement Arthur lorsque Superman déclara qu’il serait à mes côtés quoi qu’il arrive. J’ai laissé échapper un sourire d’émerveillement, touché par ses mots qui avaient rendu Arthur si indifférent. Il venait de récupérer son échantillon de sang et s’était concentré sur ce dernier pour obtenir rapidement ces résultats au plus vite. « Si vous voulez un conseil, ce n’est pas de scientifique dont Monsieur Wilson a besoin, ce sont des psychiatres. Joseph a un pouvoir psychique puissant mais une très mauvaise santé mentale, cela pourrait le détruire. »

Je ne sais pas… Je te fais confiance entièrement confiance Clark mais… j’ai développé une peur, la peur qu’on cherche à jouer avec mes sentiments, qu’on me manipule à nouveau. J’ai fait confiance à beaucoup de gens, des gens qui avaient l’air de vouloir m’aider en apparence, je leur ai confié tellement de chose et… j’ai eu le droit aux mensonges et à la manipulation. Il y a tellement de chose qui m’ont fait du mal et… quand on me fait du mal… je m’emporte.

Arthur leva légèrement un sourcil, l’activité cérébrale avait reprit au moment où j’avais communiqué télépathiquement avec Superman. Il n’était pas stupide, il savait que je lui cachais quelque chose mais il n’a pas osé me poser de nouveau la question. Je crois qu’il s’était contenté de rajouter une ligne sur son rapport avant de reporter son attention ailleurs.

J’ai Ray, j’ai… les médecins qu’on me donne, même s’ils ne sont pas tendres. J’ai Arthur je… A une époque j’aurais fait confiance à n’importe qui tant qu’il pouvait me débarrasser de mon parasite. Mais maintenant… j’ai tellement peur de me faire avoir. Ça me fait peur. Si des gens m’ont trahi, ils peuvent te trahir…

Mon cœur s’est accéléré. J’ai beau avoir retrouvé un peu de mon self-control, mon corps est marqué par les mauvaises expériences et je ne peux pas tout garder pour moi. Mes yeux sont humides et mon rythme cardiaque a continué à paniquer alors que je me trouvais dans un lieu sain, entouré de personne de confiance en apparence. La supervision de Clark pouvait analyser cet état de stress, chose qu’Arthur ne semblait pas réellement remarqué ou il s’en moquait, ce n’était pas son but.

« Je n’ai plus aucune intimité avec cette supervision, hahahaha ! » riais-je nerveusement sans pour autant être gêné par cette nouvelle analyse de Superman.

« Vous avez l’air en excellent état Monsieur Wilson. Les résultats sanguins sont plutôt bons, rien d’alarmant. Vous avez l’air également d’avoir une activité cérébrale plus importante qu’avant, une meilleure endurance et résistance psychique. Vos pouvoirs psychiques semblent se développer de plus en plus rapidement et vous avez l’air de les maîtriser. » Arthur laissa échapper un rictus. « Mais je ne vous apprends pas grand-chose pour certaines choses, mais votre traitement médical n’a pas l’air de vous faire de mal. »

« Vous êtes sûr ? »

Les analyses de Superman révèleront d’autres éléments que la technologie d’Arthur ne pouvait pas forcément trouver. Mon activité cérébrale était plus importante mais les neurones envoyaient des messages contradictoires, des activités neurologiques microscopiques incohérentes qui pouvaient entraîner des conséquences sur mon comportement, embrouiller mon esprit. C’étaient des conséquences de mon traitement médicale, volontaire ou non ? Difficile pour Clark de savoir, seuls les professionnels qui m’avaient prescrit les médicaments avaient cette réponse.
En ce qui concernait mon état de santé, elle était meilleure. Mon parasite semblait avoir faiblit et me provoquaient que quelques bleus superficiels, beaucoup moins grave que ce qu’il avait pu faire auparavant.

« Vous avez l’air dubitatif face à ses résultats. Pensez-vous que je dénicherai une anomalie ? Etes vous sûr que tout va bien Monsieur Wilson ? »

« Si, si… c’est juste que… je ne suis pas habitué à ces bonnes nouvelles. »

« Je n’en ai pas que des bonnes, Monsieur Wilson, mais je pense que vous êtes clairement conscience de votre état de santé mentale. L’arrêt de substance illicite est primordial pour vous. Votre parasite vous épargne les hallucinations auditives et visuels mais c’est temporaire. Si vous êtes en excellent état, c’est bien parce que votre parasite et son aura mystique vous protège volontairement ou non. »

« Je… je crois que je m’en doutais un peu. Je suis désolé. »

« Si vous vous en séparer, les conséquences seront terribles et l'équilibre que vous êtes en train de créer va s'autodétruire. J'ai bien peur que si vous y survivez physiquement, vous n'y survivrez pas mentalement »

« Mais vous n'êtes pas mystique, ni psychiatre. »

« Je crois entendre votre père. Ne vous voilez pas la face parce qu'un héros vous vend des personnes dignes de confiance, des expert, des miracles. Votre esprit est malade et les évènements que vous avez vécu ont empiré les choses. »

_____A force de rester allongés sur ce siège, j’allais finir par me faire embarquer par Morphée. Au bout d’un moment, seul Superman arrivait encore à me faire garder les paupières ouvertes. Arthur était focalisé sur ses recherches et mon activité cérébrale. Même s’il avait de grandes connaissances sur certains domaines, il restait limité pour me poser un véritable diagnostique. Parfois il arrivait à assembler les morceaux du puzzle par je ne sais quel miracle. D’autres fois, c’était un peu plus compliqué et cela demandait de communiquer avec d’autres experts dignes de confiance ce qu’Arthur n’avait pas réellement sous le coude. C’est surement pour cela que Papa avait choisit cet homme comme son médecin traitant, il était discret, solitaire et débrouillard. Il se moquait bien de son éthique et de sa morale tant qu’il se montrait efficace pour soigner les blessures que sa régénération ne pouvait pas soigner.

Superman commençait à avoir de plus en plus de mal à supporter la présence d’Arthur, ces paroles finissaient par dépasser sa pensée et elle glaçait presque le sang. J’ai essayé de ne pas lui montrer que ces propos m’avait légèrement perturbé mais je n’avais pas le sang froid de mon père, j’étais très expressif et parfois, cela me trahissait. Après quelques secondes, j’ai laissé échapper un léger sourire lorsque Clark s’est excusé d’avoir activé sa supervision pour moi. Je m’étonnais presque de la bienveillance et de l’attention que me portait ce grand héros, comme si j’en avais perdu l’habitude.

« Non je… tu n’as pas à t’excuser, tu veux juste m’aider et ça ne me dérange pas. En fait, je crois que j’ai perdu l’habitude qu’on me demande mon consentement pour de nombreuses choses. C’est… c’est assez effrayant. J’en prends conscience que maintenant. »

J’étais légèrement déboussolé par ce que je venais de comprendre. Depuis de nombreuses années, je n’étais plus réellement maître de mon corps. Je ne décidais pas réellement du traitement que je devais prendre, de ce que je devais faire de mon don et je ne parle même pas du parasite qui dictait mes mouvements quand j’avais le dos tourné. Cette période de ma vie ne concernait pas uniquement que mon passif en Europe, mais bien celle que j’ai vécu une bonne partie de ma vie. J’ai laissé échapper un frisson d’effroi pendant que Clark était une nouvelle fois en train de régler ces comptes avec Arthur qui n’avait même pas daigné croiser son regard.

« Cela me convient. » se contenta de dire le médecin. Il ne dégageait pas réellement d’émotion, la présence du héros ne semblait pas réellement l’agacer. Il était probablement trop focalisé sur ses découvertes pour être intimider par Superman en personne. Quand on a travaillé toute sa vie aux côtés de Deathstroke, plus rien ne nous choque ?

Finalement, Superman fait quelque chose qui titilla son égo et poussa ses yeux à se détacher de son petit écran. Tout comme son ancien patient, Arthur ne dégageait pas beaucoup d’émotion, difficile de savoir ce qu’il pouvait penser à travers sa boîte crânienne scientifique. Il hocha légèrement la tête, semblant approuver les paroles de Clark.

« Je n’ai jamais eu l’occasion de traiter un parasite doté d’une conscience mais je ne dis pas le contraire. Joseph a besoin de se débarrasser de ça mais je ne suis pas la bonne personne pour parler de ça. Malheureusement, il faut prendre en considération que s’il parvient à s’en libérer et qu’il survit à son extraction, d’autres problèmes arriveront, du point de vue santé mentale et psychique et ils sont incertains. Je ne peux pas les prédire mais vous ne devez pas ignorer cela. Ce parasite fait beaucoup de mal mais il protège son foyer qui est la santé mentale de Joseph. Pour la partie physique, c’est une autre histoire car ce parasite n’a pas la notion de corps physique et provoque de nombreux hématomes. Que Joseph décide de le garder ou non, aucun des solutions ne sera meilleur que l’autre. »

Mais c’est la suite des paroles de Clark qui ont poussé Arthur à détacher complètement son attention de son ordinateur. Ces analyses étaient complètement différentes de celle que la tiare que j’avais sur la tête avait enregistré. A vrai dire, il semblait que les pouvoirs de Clark était bien plus précis que sa technologie. Sur son regard, je ne voyais pas de la jalousie ou de la colère, mais de la fascination en plus d’un peu d’incompréhension. Il était suffisamment intelligent pour ne pas remettre en doute l’analyse du kryptonien, bien au contraire.

« Fascinant… » avait-il marmonné en reprenant sous la main la liste des médicaments qu’on m’avait prescrits. « Je n’avais pas remarqué ça… »

Pendant que son regard se baladait dans son bureau, Superman s’est tourné vers moi et m’a fait de nouveau sa proposition en posant sa main sur l’une de mes épaules. Son geste était tellement bienveillant et amicale qu’il apaisa toutes les micro-tensions que je pouvais ressentir dans mon fort intérieur.

« Oui… ça ne peut pas me faire de mal, enfin je crois. J’ai peur de tout c’est dingue. Est-ce que tu seras là ? »

Arthur s’est légèrement détaché de son bureau pour se rapprocher de moi, la feuille contenant la liste de mes prescriptions médicale dans sa main. Il essayait de trouver une hypothèse à ce disfonctionnement mais ne semblait pas réellement trouver la moindre piste. Il s’est rapproché de moi et de Clark pour me poser quelques questions.

« Vous me confirmez que vous n’avez pas prit d’autres substances illicites ces derniers jours ? »

« Hmmm, non ? »

« Dernière consommation de cannabis ? »

« C’était juste après ma sortie du tribunal, il y a des semaines de ça, donc. Je ne suis pas addict à ce genre de chose. J’en prends de temps en temps pour me détendre. »

« Je n’allais pas te juger là-dessus. » Il reporta son attention sur Clark. « On est encore loin de ce type de conséquence encore mais oui, si ça persiste, cela peut-être plus grave. Malheureusement je ne parviens pas à trouver d’où ça vient. Son traitement a l’air cohérent par rapport à ces symptômes. Cela peut être la conséquence de la prise de nombreux neurostimulants pour booster ces compétences. C’est ce qu’avait fait le régime de Degaton et ce n’était pas beau à voir. C’est peut-être des résidus de certaines drogues artisanales qu’on lui a fait prendre, difficile de savoir. Ce genre d’informations récupéré par Palmer est désormais jalousement gardé par la justice et les professionnels qui entourent Joseph. » Il haussa les épaules. « Il y a également une autre théorie. Quelqu’un cherche peut-être à modifier l’activité cérébrale de Joseph, à embrouiller son esprit pour un but précis. Ces médicaments vous sont donnés en main propre ? »

« Oui, dès que ma séance est terminée, ils me donnent tout. »

« Ils peuvent être modifié alors, mystiquement ou scientifiquement, c’est une autre théorie. »

« Je… on me voudrait du mal ? »

« Je l’ignore, c’est peut-être aussi l’influence de votre parasite. S’il est capable de vous créer des hématomes, ça ne serait pas étonnant qu’il agisse aussi sur votre système nerveux, volontairement ou non. Ce qui peut avoir d’autres conséquences. »

« Je veux qu’il sorte de ma vie. »

« Je sais, mais je ne peux rien pour toi. Cela dépasse mes compétences. » Il leva les yeux vers Superman. « Je vous conseillerai de remonter au cœur du problème. C’est l’Eglise de Sang qui a ressuscité notre patient. Raven n’a fait qu’emmener le corps de Joseph dans l’un de leur puit. Peut-être trouverez-vous quelque chose pour lui venir en aide. » Il fit demi-tour pour retourner vers son bureau « En attendant, je vais faire un mot. La façon la plus efficace de surveiller votre état de santé mentale et psychique est de vérifier vos temps de sommeil. Vous, Clark vous recharge votre force grâce aux rayonnement solaire. Joseph se recharge en dormant. Il faut simplement vérifier que ses heures de repos sont proportionnel au niveau d’énergie psychique ou physique utilisés. Si vous détectez des anomalies régulières, c’est là qu’il faudra réellement s’inquiéter. »

« Je dors bien, je vous assure ! » Pourquoi ai-je soudainement envie de bailler ? « C’est juste que cette position... me donne très envie de piquer le meilleur roupillon de ma vie, c’est pas pareil. »

« Je n’en doute pas. »

_____La réponse positive de Superman m’a redonné le sourire. Je savais que Superman et Clark Kent était deux hommes occupés, que mon existence ne valait peut-être pas la peine de charger son emploi du temps. Il avait des vies à sauver, une vie de famille à gérer. Je ne pouvais pas lui demander autant, mais je m’étais permis de lui poser la question, car la peur et l’anxiété prenait le dessus sur ma raison. Je ne voulais pas être de nouveau confronté à l’inconnu et aux étrangers qui peuvent se permettent d’analyser le moindre centimètre de ma peau.
J’ai ressenti un énorme soulagement, comme un poids qui se retirait de mes épaules. J’avais énormément besoin de ne plus me sentir seul face à un train de vie semé d’embuche. Les quelques personnes qui gravitaient autour de moi, qui prétendait m’aider mais en qui je ne pouvais donner aucune réelle confiance. Je faisais ce qu’on me demandait, je prenais les traitements qui m’étaient donné seulement parce que je n’avais pas réellement le choix. Si j’écoutais mon instinct, j’aurais agi autrement.

J’ai senti son geste amicale et bienveillant, ses doigts sur l’une de mes mains, sa chaleur humaine. J’avais besoin de ça et ce sourire qui s’était dessiné sur mon visage ne s’était pas évaporé malgré les minutes qui défilaient. Je n’avais pas besoin de communiquer pour lui montrer ma gratitude et je savais qu’il la ressentait pleinement sans que je me permette de dire un mot. La télépathie, c’est bien, c’est badass et c’est hyper pratique pour mon handicap mais cela demandait de l’énergie, comme Arthur l’avait dit. Superman avait une source d’énergie inépuisable, ce qui n’était pas mon cas. Si je devais me comparer à quelque chose, en ce moment, je me comparerais avec la batterie d’un téléphone déjà âgé.

« Si la justice avait un peu de cœur, peut-être qu’elle aurait mieux fait de vous nommer comme tuteur. » rétorqua simplement Arthur, les yeux rivés sur ses papiers. « Si vous espérez vouloir garder une bombe à retardement comme Joseph et ses pouvoirs, il vaut mieux l’apaiser plutôt que l’envoyer dans un environnement stressant et garantir les instabilités du patient. »

Même si Arthur n’était pas réellement un grand protecteur dans l’âme, il avait bien son petit mot à dire concernant ma situation sociale. Il ne se dévouera pas corps et âme pour me sortir de cette situation mais peut me donner quelques conseils quand il en a le cœur. Il tenait plus ou moins à garder sa clientèle. Toutefois, il tenait quand même à faire partager ses hypothèses sur ce dysfonctionnement neurologiques. Il avait pu le dénicher grâce à Superman, la moindre des choses est de lui rendre la balle.
La mention de l’Eglise de Sang m’a provoqué un léger frisson. J’ai lâché doucement la main de Superman pour chasser certaines pensées effrayantes de mon esprit et je me suis progressivement débarrasser des appareils de tests sur mon corps. Je les avais déjà confronté au moment de ma renaissance. Je n’avais pas réellement de souvenir précis de ce qu’il s’était passé à ce moment-là.

« J’ai entendu parler de leur ascension. Je ne pense pas qu’ils aient un intérêt particulier pour Jericho hormis être un réceptacle puissant pour leur être mystique. Malheureusement, la situation dans laquelle il se trouve empêcherait ce genre de plan de se réaliser. En plus, L’Eglise de Sang n’oserait pas lui faire du mal. Ils essayent de se faire bien voir du gouvernement et Joseph est protégé par ce même gouvernement. Ils n’oseront pas se le mettre à dos, même pour un artefact si puissant. Enfin… si j’étais à la place de leur leader, je ne prendrais pas le risque. Même Waller ne veut pas prendre le risque. Toutefois, je sais que ce sont eux qui ont permis sa renaissance. Ils ont peut-être des éléments qui permettraient de sortir de cette situation. »

Superman se permit poliment de demander un service à Arthur. Après avoir été froidement accueilli par le héros, il aurait très bien pu refuser, l’envoyer chier. Même lui savait qu’il n’y avait rien de bon de se mettre le plus grand héros de Métropolis à dos. Vilain ne cherchait pas à se faire des ennemis, il cherchait des contacts, des opportunités, tout ce qu’il pouvait pour mener ses expériences sans rencontrer d’embuche. Heureusement, je ne faisais pas réellement partie de sa liste de cobaye, il n’aurait pas osé, car il craignait toujours le nom de mon père malgré sa mort, pour une raison que j’ignorais encore. Au fond, j’avais l’impression qu’Arthur me cachait quelque chose à ce sujet.

« Je peux vous faire la liste des médicaments qui agissent sur le système nerveux et que Joseph a ingéré à un instant T de sa deuxième vie et ceux qui peuvent être susceptible d’avoir été altéré. Je n’ai pas encore de preuve de ce que j’avance. Soit c’est son parasite, soit c’est un acte volontaire d’embrouiller l’esprit de Joseph pour qu’il ne puisse plus prendre de réelle décision. » Il s’arrêta pour refermer son ordinateur portable. « Si c’est volontaire, il n’est pas improbable que les doses soient augmentées dans les prochaines semaines. Peut-être que la régénération de notre patient atténue également les effets de ce dysfonctionnement... Nous ne pouvons être sûr de rien. » dit-il en tendant un morceau de papier. « Voici votre liste, antipsychotique, neuroleptique et neurostimulant. Vous pouvez trouver certain en pharmacie, d’autres en hôpital psychiatrique. » Il jeta un coup d'oeil vers moi. « ... Ne t'endors pas pour autant. »

« Mais c'est si confoortable ! » marmonais-je avant de me forcer à me redresser, laissant échapper un bâillement. « La télépathie, c'est aussi très énergivore vous savez ? Surtout créer un canal télépathique entre trois personnes. »

« Je te donne un dernier conseil. Même si ces nouveaux experts sont des amis de votre héros d'enfance, tâcher de rester méfiant et de ne pas leur donner une confiance aveugle. Que tu le veuilles ou non, tu es vulnérable et tu dois en prendre conscience et agir avec prudence. »

« Je... Je ne suis plus si vulnérable que ça. » En tout cas, je n'en avais pas envie.

« Vraiment ? » Il était plus dubitatif que moi.

_____Arthur avait entendu parler de cette méfiance qui s’était installé avec les péripéties qui s’étaient accumulés contre Superman. Le généticien doutait que cette raison est suffi pour ne pas retenir le héros dans la liste des potentiels candidats pour devenir mon tuteur. Le sujet était tellement délicat et encore frais, je ne me suis pas réellement permis de rentrer dans la conversation car elle m’était inconfortable. Je suis resté dans mon mutisme, gigotant légèrement dans mon siège car je commençais à me lasser de tous ces tests. J’avais déjà abandonné cette espèce de tiare métallique de ma tête et je m’étais permis de me redresse pour laisser mes jambes pendre à quelques centimètres au-dessus du sol. Je suis resté dans cette position, tel un enfant qui attendait patiemment qu’un adulte responsable lui donne l’autorisation de prendre congés sans risque de représailles. Arthur appréciait le fait que je n’ai jamais essayé de m’enfuir comme un voleur après les examens, comme mon père l’aurait fait.

« Votre réputation vacillante est effectivement un frein pour avoir le droit au titre de tuteur de Jericho. Je ne pense pas que c’était prévu. Je pense que sa tutelle était voulue depuis le début et qu’ils ont prit quelqu’un qui leur paraissait digne de confiance, mais ce ne sont encore que des suppositions. »

Peu importe la décision de ce juriste à la con, Clark semblait déterminé à ne pas me laisser tomber et ça m’allait droit au cœur. Nous échangions des sourires sincères tout le deux. J’avais besoin de me sentir protéger, de ne plus me sentir seul dans cet océan de ténèbres qui continuait de me bouffer de l’intérieur, même loin de l’influence d’Arcane et de son sadisme. C’était toujours là, ça me hantait et j’étais conscient que cela influençait aussi mon comportement déjà instable. Avoir une main charitable, de la lumière au bout du tunnel me poussait à me surpasser et à devenir meilleur chaque jour, même si Arthur avait encore des doutes à ce sujet.

« Nous ne sommes pas amis, Kent mais je ne suis pas pour autant votre ennemi, ni l’ennemi de Joseph. Je fais ce qu’on m’avait demandé depuis des années, veiller sur les enfants de Slade. »

Il commença à ranger ses affaires, j’ai vu un signe de tête qui m’a permis de m’évader de ce siège et d’essayer de retrouver un peu d’énergie. Quelques minutes de plus allongé et je me retrouvais dans les bras de Morphée. Superman commença a planifié un semblant d’organisation entre les spécialités et Arthur en voulant créer un dossier virtuel commun sécurisé pour mes rapports médicaux. J’ai hoché la tête, approuvant l’idée sans pour autant savoir si cela aboutira à quelque chose un beau jour.

« Je vous remercie pour ce geste et je remercie également Joseph pour sa confiance. Je le laisse entre des mains plus expérimenté que les miennes dans certains domaines. Nous nous reverrons surement dans quelques semaines pour observer l’évolution. N’oublie pas de surveiller tes temps de sommeil »

Je me suis contenté d’un mouvement de tête pour acquiescer, je n’avais pas besoin de plus. Ce n’est pas la première fois qu’il rentrait dans l’académie, il connaissait le chemin de la sortie. Je sais qu’il partagera les rapports médicaux qu’il venait de faire, mais je sais également qu’il gardera jalousement les rapports un peu plus intéressants, ceux qui dataient de mon adolescence, d’avant ma mort. J’ai reporté mon attention vers Superman qui ne cessait de me complimenter. J’ai laissé échapper un nouveau sourire.

« Je me taperais bien une bonne sieste ! »

« Joseph… »

« Une blague, toute petite. »

Arthur avait levé les yeux au ciel avant de quitter la pièce pour nous laisser seul. Ce n’était pas un grand amateur d’humour. Il restait toujours professionnel, même quand j’étais un gamin au bord des larmes, hanté par des hallucinations soudaines et traumatisantes. J’avais l’habitude de son comportement et son manque d’humour ne m’atteignait pas. Bien sûr, je n’avais pas puiser toute mon énergie vitale, je pouvais encore tenir quelques heures avant de commencer à somnoler. Je pouvais enfin reprendre la conversation que j’avais laisser en suspens avec Clark.

« Ouais, je vais profiter du reste de ma journée. Peut-être pour aller me promener, faire quelques croquis, je ne sais pas encore. » J’ai levé les yeux vers lui. « Mais avant tout, merci pour tout ce que tu fais pour moi. Je sais que je te l’ai déjà dit mille fois, mais je voulais te le dire une énième fois. Ça me tient à cœur. Et pour ce qui est de la Maison Superman, ça serait avec grand plaisir. Je veux te rendre tout ce que tu fais pour moi. »

Bien sûr, je me suis montré très reconnaissant et je n’ai pas pu m’empêcher de prendre Clark dans mes bras. J’avais besoin de lui montrer toute ma gratitude, tout mon amour et ma bienveillance à son égard par cet étreinte amicale.

« Merci… »